Les conséquences des lésions cérébrales traumatiques légères et des commotions cérébrales liées au sport constituent un défi pour les cliniciens, les joueurs, les entraîneurs et les parents d'enfants pratiquant des sports de contact. Des modifications des couches rétiniennes ont été signalées dans de nombreuses maladies neurodégénératives mais ont peu été documentées à ce jour dans le domaine sportif et notamment dans les sports à collision . L'objectif de cette étude (On-Rugby NCT03958110) était d'étudier longitudinalement les changements d'épaisseur de la rétine en SD-OCT et leur association avec les commotions cérébrales pendant une saison chez des rugbymen professionnels
Name
Évaluation longitudinale des biomarqueurs rétiniens dans une équipe professionnelle de rugbymen : la rétine comme biomarqueur de commotion cérébrale ?
Introduction
Matériels et Méthodes
Il s'agit d'une étude de cohorte prospective longitudinale. Tous les patients étaient membres de l'équipe de rugby du Racing 92 (Paris, France). La première visite ophtalmologique a été effectuée avant le début de la saison, puis une seconde visite était prévue l'année suivante juste avant le début de la saison . Pendant la saison, les participants ont été suivis par le personnel médical de l'équipe et le nombre de commotions cérébrales a été rapporté. Lors de chaque examen ophtalmologique, une SD-OCT et une OCT-angiographie ont été réalisées chez tous les participants permettant d'obtenir les mesures des épaisseurs péripapillaires et maculaires ainsi que l'estimation de la densité vasculaire maculaire.
Résultats
Parmi les 59 rugbymen inclus au départ, 36 ont été suivis pendant un an et ont eu une visite finale après la saison. L'épaisseur de la couche de fibres nerveuses de la rétine (RNFL) a diminué de manière significative entre la visite initiale et la visite finale (102,65 ± 7,01 µm contre 101,46 ± 7,14, p=0,0001). On a également constaté une diminution significative du volume moyen de la couche des cellules ganglionnaires (GCL) (1,16 ± 0,08 contre 1,14 ± 0,09 mm3, p<0,0001) et de la densité vasculaire maculaire (19,71 ± 3,01 contre 19,36 ± 3,03 %, p = 0,0002). Parmi ces 36 patients, 5 (13,9 %) ont subi au moins une commotion cérébrale pendant le suivi. La perte moyenne de RNFL était significativement plus élevée chez les rugbymen ayant subi au moins une commotion pendant le suivi (n=5, -3,9 1 µm) par rapport à ceux n'ayant subi aucune commotion (n=31, -0,8 1,2 µm) (p = 0,0008). Aucune corrélation n'a été trouvée entre le nombre de commotions et la position du rugbyman dans l'équipe.
Discussion
La perte de RNFL et du GCL était significative chez les rugbymen professionnels, après seulement une saison, et était significativement plus élevée dans le groupe commotion, montrant l'intérêt de l'évaluation SD-OCT pour évaluer les conséquences d'un traumatisme crânien
Conclusion
La surveillance du RNFL et du GCL par OCT pourrait être utile pour la gestion des commotions cérébrales chez les rugbymen.