La mise en place d’un implant intraoculaire dans un œil présentant un défaut de support capsulaire reste potentiellement toujours un défi pour les chirurgiens. Les méthodes chirurgicales sont nombreuses (implants clippés à l’iris, suturés à la sclère ou fixés mais non suturés à la sclère). De plus, chacune de ces méthodes présente des variantes afin de s’adapter à la situation de chaque patient. Il n’existe pas à ce jour de consensus sur l’attitude thérapeutique optimale à adopter, les principales études étant rétrospectives et de courte durée. C’est pourquoi, nous avons souhaité évaluer le profil de sécurité et l'efficacité de la chirurgie des implants rigides en polyméthacrylate de méthyle suturés à la sclère (Type 81B, Morcher®, Allemagne).
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Les implants intraoculaires suturés à la sclère : étude rétrospective monocentrique sur l’efficacité et les complications de cette méthode chez les patients opérés entre 2008 et 2022
Introduction
Matériels et Méthodes
Nous avons mené une étude observationnelle rétrospective sur 61 yeux opérés dans un centre hospitalier universitaire français entre 2008 et 2022 pour mise en place d’un implant suturé à la sclère du fait d’un défaut de support capsulaire fiable et d’une contre-indication (relative) aux implants clippés à l’iris (pathologie irienne et/ou cornéenne avec faible réserve endothéliale). Tous les patients ayant un suivi inférieur à 6 mois ont été exclus. Au total, 54 yeux de 51 patients opérés selon la même technique (2 passants par haptique + 1 volet scléral par haptique) par 2 opérateurs expérimentés ont été analysés.
Résultats
Le recul était en moyenne de 2,3 ans (min 0,5-max 10,0, SD±2,3). Les principales indications opératoires ont été les traumatismes (51,9%), suivis des complications peropératoires de chirurgie de cataracte (22,2%) et enfin les ectopies congénitales du cristallin (16,7%). L’acuité visuelle s’est significativement améliorée en moyenne passant de 0,86±0,77 logMAR en préopératoire à 0,56±0,75 logMAR à un an postopératoire (p < 0,01) et s’est maintenue dans le temps. Il n’y a pas eu de glaucome secondaire. Les résultats réfractifs ont été significativement améliorés avec un équivalent sphérique moyen de +3,32±7,28 dioptries en préopératoire contre -1,34±2,40 dioptries en postopératoire (p< 0,01). Les complications ont été relativement peu fréquentes : 13% d’œdème maculaire; 5,6% de décollement de rétine survenu dans 2 cas sur 3 sur des yeux présentant un syndrome de Marfan; 7,4% de décompensation endothéliale survenu sur des yeux multi-opérés ou traumatisés avec une faible réserve endothéliale; 1,9% de capture irienne. Aucun implant n’a été luxé/subluxé secondairement. Aucune modification de transparence du matériau, ni aucune rupture de fil de suture de l'implant n'ont été retrouvées.
Discussion
L’amélioration des résultats réfractifs est concordante avec les données de la littérature. Concernant la pression intraoculaire, 6 patients sur les 7 ayant une pression supérieure à 21mmHg en postopératoire présentaient un glaucome avant la chirurgie. Aucune complication n’a été directement liée aux implants suturés à la sclère.
Conclusion
Malgré la difficulté technique opératoire et une récupération plus lente que d’autres techniques d’implantation secondaire, les implants rigides suturés à la sclère constituent un profil très sécuritaire et un rapport bénéfice/risque très favorable à long terme.