La dégénérescence astéroïde du vitré est-elle associée à des pathologies systémiques ?

Fenolland Jean-Rémi
Rousseau Antoine

Revue de la presse de février 2021

Auteurs : Jean-Rémi Fénolland, Antoine Rousseau
Coordination : Marc Labetoulle

Revues sélectionnées :
Ophthalmology, JAMA Ophthalmology, IOVS, Progress in Retinal and Eye Research, Current Opinion in Ophthalmology, Survey of Ophthalmology, Journal of Cataract and Refractive Surgery, American Journal of Ophthalmology, British Journal of Ophthalmology, Retina, Cornea, Nature, Lancet, NEJM, Science.

 


La dégénérescence astéroïde du vitré est-elle associée à des pathologies systémiques ?

La dégénérescence astéroïde est une affection touchant les adultes de plus de 50 ans, le plus souvent unilatérale et sans retentissement visuel, dans laquelle des dépôts lipido-calciques se forment sur les fibrilles de collagène du vitré. Si l’âge est unanimement reconnu comme un facteur de risque de cette entité bégnine et fréquente, sa relation avec les pathologies systémiques fait débat.
En effet, les grandes cohortes ophtalmologiques ont retrouvé des résultats contradictoires à cet égard. La Beaver Dam Eye Study, sur près de 5000 adultes âgés de 43 à 86 ans, examinés entre 1988 et 1990 dans le Wisconsin, retrouvait une association significative avec le sexe masculin, le surpoids et la consommation d’alcool, mais pas avec le diabète ni avec les dyslipidémies.1 Dans une étude coréenne plus récente (la Yonsei eye study), menée sur 9050 patients en 2006, l’hypertension artérielle, les dyslipidémies étaient, en plus de l’âge, les facteurs de risque les plus significatifs.2
Enfin la Blue Mountain Eye Study, menée en Australie sur 3654 volontaires âgés de 49 à 97 ans retrouvait l’âge et le sexe masculin, mais aucune association significative avec des conditions systémiques, notamment le surpoids ou la consommation excessive d’alcool.3
Les européens (en l’occurrence nos collègues allemands) viennent ajouter une pierre à l’édifice avec une étude qui surclasse ses prédécesseures en termes d’effectifs. La Gutenberg Eye Study a inclus plus de 15 000 participants âgés de 35 à 74 ans, dont plus de 12 000 ont été examinés jusqu’au terme du suivi prévu, soit 5 ans après l’inclusion. Ils avaient tous bénéficié d’un examen ophtalmologique complet avec 3 photographies du fond d’œil, ainsi qu’un examen systémique avec analyse des facteurs de risque cardio-vasculaires et recherche de diabète quand celui-ci n’était pas connu. En revanche, et c’est un peu dommage, il n’y avait pas de recueil anamnestique ou d’examen biologique visant à dépister les dyslipidémies. Il en ressort que la prévalence de l’affection est de 0,5%, avec une incidence cumulative de 0,2% à 5 ans. L’âge (risque relatif de 1,13 par année) et le sexe masculin (risque relatif de 1,7) confirment leur position, mais aussi le diabète (risque relatif de 2,25). En revanche, la consommation excessive d’alcool, l’HTA et les antécédents cardiovasculaires n’étaient pas significativement associés à la survenue de l’anomalie vitréenne. Les auteurs suggèrent que les troubles de la perméabilité capillaire associés au diabète pourrait faciliter l’extravasation des phospholipides et du calcium nécessaires à la formation des dépôts.

1 Moss SE, Klein R, Klein BE. Asteroid hyalosis in a population: the Beaver Dam eye study. Am J Ophthalmol. 2001 Jul;132(1):70-5

2 Kim JH, Roh MI, Byeon SH, Koh HJ, Lee SC, Kwon OW. Prevalence of and risk factors for asteroid hyalosis in Seoul, Korea. Retina. 2008 Nov-Dec;28(10):1515-21.

3 Mitchell P, Wang MY, Wang JJ. Asteroid hyalosis in an older population: the Blue Mountains Eye Study. Ophthalmic Epidemiol. 2003 Dec;10(5):331-5.

Elbaz H, Schuster AK, Nickels S, Nagler M, Ponto KI, Münzel T, Wild PS, Beutel ME, Schmidtmann I, Lackner KJ, Pfeiffer N, Peto T. Epidemiologic analysis of asteroid hyalosis and associations: the Gutenberg health study. Ophthalmology. 2021 Feb;128(2):328-330.

ReviewerAntoine Rousseau, thématique : vitré / rétine / épidémiologie