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391 - Quelle place pour les antibiotiques topiques dans la prévention de l’endophtalmie post-injection intra vitréenne ? Revue Générale

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Orateurs :
Dr Marie AZAR
Auteurs :
Dr Marie AZAR
Dr Jean Francois KOROBELNIK
Meran Rohan
Darbar Archie
Lanzetta Paolo
A. Okada Annabelle
P. Hunyor Alex
Committee On Behalf Of The Vision Academy
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Résumé

Introduction

Les collyres antibiotiques sont encore souvent utilisés en pré ou post injection intra-vitréenne sans preuve évidente de leur efficacité dans la réduction du risque de complications graves telles que l’endophtalmie, leur utilisation s’accompagnant souvent d’effets indésirables. A travers cette revue de la littérature, le comité d’experts de la Vision Academy a fait le point sur les connaissances sur l’antibioprophylaxie locale dans le protocole des injections intra-vitréennes.

Patients et Methodes

Une analyse de la littérature a été réalisée permettant de synthétiser les données sur l’antibioprophylaxie topique en pré ou post injection. L’émergence d’antibiorésistances, les modifications de la flore microbienne induites par l’antibioprophylaxie locale, la biodisponibilité des antibiotiques dans l’œil et leur impact sur la fréquence de survenue d’endophtalmies post injection ont aussi été étudiés.

Résultats

L’utilisation d'un collyre antibiotique pourrait sembler plus rationnelle avant l’injection car l’endophtalmie est provoquée par l’inoculation de micro-organismes dans l’œil lors de l’injection. Cependant, aucune étude prospective ne montre que les antibiotiques administrés avant injection réduisent le risque d’endophtalmie. Au contraire, l’utilisation d'un collyre antibiotique pendant trois jours et l'instillation de povidone iodée immédiatement avant l’injection s’accompagne d’un doublement du taux de cultures bactériennes positives par rapport à l'instillation de povidone iodée seule. De nombreuses études rétrospectives non plus n’ont pu démontrer de bénéfice de l’antibioprophylaxie locale post injection dans la prévention des endophtalmies, des larges séries rapportant même une augmentation significative de leur incidence. Par ailleurs, l’utilisation répétée d'un antibiotique local, notamment une fluoroquinolone, augmente le risque d’antibiorésistance et modifie la flore commensale conjonctivale avec une colonisation par des bactéries plus virulentes et une proportion plus élevée d’infections à streptocoque de plus mauvais pronostic. Enfin, la pénétration des collyres antibiotiques a essentiellement lieu vers l’humeur aqueuse et très peu vers le vitré, ce qui réduit l’efficacité dans la prévention des endophtalmies.

Discussion

Malgré un rationnel théorique en faveur de l’utilisation d’antibiotiques topiques pour la prévention de l’endophtalmie post-injection intra-vitréenne, de nombreux arguments plaident aujourd'hui en faveur de leur non utilisation prophylactique. Ainsi, en cas d'instillation de collyre antibiotique on observe une augmentation du taux d’endophtalmie allant à l‘opposé de l’objectif recherché, une émergence de bactéries résistantes et bien sûr une majoration des coûts de la prise en charge. En France, les nouvelles recommandations de l'ANSM ainsi que les RCP des anti-VEGF ne retiennent plus leur utilisation avant ou après les injections intra-vitréennes. Une modification des habitudes pourrait donc être envisagée en révisant les notices des médicaments et les recommandations émanant des autorités locales et des associations professionnelles.

Conclusion

En tenant compte de l’absence de bénéfice et des effets délétères possibles, il reste à vaincre l’inertie des cliniciens pour abandonner l’utilisation prophylactique des antibiotiques topiques en faveur de l’utilisation systématique de la povidone iodée et du port d’un masque nasal lors de la réalisation d’injections intra-vitréennes.