Les anévrismes du segment carotido-ophtalmique de la carotide interne sont peu fréquents et peuvent toucher au pronostic vital et visuel immédiat. L'ophtalmologue peut en être le premier contact médical lorsqu'ils sont révélés par des signes de compression directe des voies optiques, et de façon plus rare par un tableau d'hypertension intracrânienne lorsqu'ils sont rompus. Nous décrivons et illustrons ici le cas d'une patiente porteuse d'un volumineux anévrisme carotido-ophtalmique gauche rompu, découvert sur une baisse d'acuité visuelle unilatérale, une paralysie oculomotrice et un oedème papillaire bilatéral.
Name
Oedème papillaire bilatéral révélant un volumineux anévrisme carotido-ophtalmique gauche rompu : à propos d'un cas
Introduction
Patients et Methodes
Il s'agit d'une patiente de 44 ans, ayant consulté initialement aux urgences ophtalmologiques devant une baisse d'acuité visuelle de l'oeil gauche associée à une diplopie binoculaire horizontale et des céphalées rétro-orbitaires évoluant depuis 5 jours. Le scanner cérébral met en évidence une hémorragie sous arachnoïdienne au niveau de la citerne carotido-ophtalmique gauche, avec découverte d'un volumineux anévrisme sacciforme de l'artère carotido-optalmique gauche de 12 mm associé à un second anévrisme de l'artère carotide interne gauche de 5mm.
Résultats
L’examen clinique met en évidence une ésotropie de l'oeil gauche, avec une limitation oculomotrice dans le territoire VI gauche. Les pupilles sont isochores, réactives ; on note par ailleurs un déficit pupillaire afférent relatif de l'oeil gauche. L'acuité visuelle est évaluée à 10/10 à l'oeil droit et à 6/10 à l'oeil gauche. Le fond d'oeil retrouve un oedème papillaire bilatéral associé à des hémorragies en tâche superficielles au pôle postérieur.
Après découverte de l'hémorragie méningée et des deux anévrismes intracrâniens, la patiente est hospitalisée en neurochirurgie. L'anévrisme carotido-ophtalmique gauche est traité par embolisation endovasculaire. Le second anévrisme bénéficie d'une surveillance simple compte tenu de sa taille et de sa localisation intracaverneuse.
La patiente est revue en ophtalmologie 3 mois plus tard, elle n'a alors plus de diplopie ni de céphalées. L'acuité visuelle est à 10/10 à droite et 8/10 à gauche. Le fond d'oeil est normal à droite et montre une atrophie optique à gauche. Le champ visuel retrouve déficit caeco-central à gauche.
Discussion
Les anévrismes carotido-ophtalmiques représentent environ 5 % de tous les anévrismes intracrâniens et ont un risque de rupture faible. On retrouve dans la littérature une prédominance féminine marquée (jusqu'à 90%) et une association fréquente à des anévrismes intracrâniens multiples (45%). Du fait de leur localisation, ils peuvent atteindre des proportions importantes avant la rupture. Lorsqu'ils sont rompus, leur prise en charge passe par les clips chirurgicaux ou l'embolisation endovasculaire, avec des résultats qui semblent comparables.
Le cas décrit ici montre qu'ils peuvent entraîner une hypertension intracrânienne (paralysie du VI, oedème papillaire bilatéral, hémorragies rétiniennes) et des signes de compression directe des voies optiques (baisse d'acuité visuelle unilatérale, atrophie optique séquellaire).
Conclusion
Un anévrisme carotido-ophtalmique rompu peut être révélé par des signes de compression directe du nerf optique et un tableau plus général d'hypertension intra-crânienne. L'hémorragie méningée anévrismale est une urgence neurochirurgicale pouvant affecter le pronostic vital, imposant une imagerie cérébrale en urgence devant toute suspicion diagnostique.