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Chapitre 1
Anatomie et physiologie appliquées à la pharmacologie oculaire

1.1. Rappels anatomiques généraux

A. Daruich

Introduction
L'œil est l'organe de la vision. Il mesure environ 23 mm de diamètre et présente un volume de 5 ml chez l'homme. L'œil peut être divisé en deux segments : le segment antérieur et le segment postérieur. Le segment antérieur occupe le tiers antérieur de l'œil et comprend la cornée, la conjonctive, l'humeur aqueuse, l'iris, le corps ciliaire et le cristallin. Le segment postérieur comprend la sclère, la choroïde, la rétine et l'humeur vitrée.
L'œil possède également des annexes : l'orbite, les six muscles oculomoteurs, les paupières et les glandes lacrymales principales.
La nature superficielle de l'œil permet une administration topique de médicaments. Cependant, des barrières oculaires statiques et dynamiques s'opposent à leur pénétration [1]. Au niveau du segment antérieur, aux barrières tissulaires que constituent la cornée, la conjonctive et le corps ciliaire, s'ajoutent la barrière hémato-aqueuse et les protéines d'efflux exprimées à la surface des cellules ainsi que les flux sanguins et lymphatiques, le flux directionnel opposé de l'humeur aqueuse et la production de larmes. Au niveau du segment postérieur, les barrières statiques comprennent la sclère, la membrane de Bruch, la barrière hématorétinienne (BHR) et les protéines d'efflux. Le flux sanguin et lymphatique de la choroïde constitue la principale barrière dynamique.
La compréhension de l'anatomie de l'œil, de la nature des barrières oculaires et de la dynamique des liquides oculaires est la clé pour établir une pharmacothérapie ophtalmique réussie.
Segment antérieur
Cornée
La cornée est fine, transparente, lisse, avasculaire et hautement innervée. Elle est convexe, de forme asphérique et directement exposée à l'environnement extérieur.
La cornée se comporte comme une barrière mécanique multicouche qui empêche les substances exogènes, y compris les médicaments appliqués localement, de pénétrer plus profondément dans les tissus oculaires. Le tissu cornéen est 15 à 25 fois moins perméable que la conjonctive et la sclère [ 1].
La cornée participe en avant (1/5 e) à la constitution de la tunique fibreuse externe de l'œil qui se continue par la sclère en arrière (4/5 es). La jonction de la cornée avec la sclère forme le limbe sclérocornéen. Le limbe est très vascularisé et contient des cellules souches pluripotentes. La surface cornéenne est imprégnée par le film lacrymal et sa surface interne est directement en contact avec l'humeur aqueuse.
L'épaisseur et la courbure de la cornée augmentent progressivement du centre vers la périphérie. La cornée est la première lentille rencontrée par la lumière dans son trajet optique et représente deux tiers du pouvoir réfractif de l'œil. Les propriétés optiques de la cornée sont déterminées par la régularité de sa surface, sa transparence et son indice de réfraction. Le stroma cornéen possède un arrangement homogène et uniforme de fibres de collagène. La disposition des fibres permet aux rayons lumineux de traverser la cornée sans interférence. La régularité de la surface cornéenne est maintenue par l'épithélium cornéen et le film lacrymal.
Histologiquement, la cornée est composée de six couches : l'épithélium cornéen, la couche de Bowman, le stroma, la couche de Dua, la membrane de Descemet et l'endothélium.
L' épithélium cornéen est constitué de cinq à six couches de cellules épithéliales stratifiées et squameuses non kératinisées. Les différentes couches épithéliales de la cornée comprennent deux à trois couches de cellules superficielles et alaires et une seule couche de cellules basales, seules cellules épithéliales cornéennes capables de subir une mitose.
Ces cellules, lors de la différenciation, s'aplatissent progressivement à mesure qu'elles se déplacent vers la surface cornéenne. Les cellules épithéliales superficielles sont renouvelées tous les 7 à 10 jours par les cellules souches pluripotentes situées au niveau du limbe sclérocornéen [ 2]. Les cellules plus âgées sont déchargées après avoir rompu leurs jonctions serrées dans le film lacrymal. La présence de jonctions cellulaires serrées entre les cellules épithéliales, telles que les occludines, ZO-1 et ZO-2 (zonula occludens 1 et 2), les rend très imperméables [3]. L'épithélium cornéen est hautement lipophile. Les propriétés physicochimiques d'une molécule médicamenteuse, la constance d'ionisation et le pH jouent un rôle important dans la perméabilité oculaire à travers l'épithélium cornéen.
La membrane de Bowman est une bande amorphe de 8 à 15 μm d'épaisseur, fibrillaire, présente en dessous des cellules épithéliales cornéennes basales. Cette couche non régénérative forme une frontière entre le stroma et les cellules épithéliales et maintient la forme cornéenne. La couche de Bowman contient de courtes fibrilles de collagène de type I dans une matrice de protéoglycanes.
Le stroma cornéen se situe entre la membrane de Bowman et la membrane de Descemet, et représente 95 % de l'épaisseur de la cornée. Le stroma est constitué de kératocytes, de cellules fibroblastiques, de tissu neural et de cellules de Schwann. La majeure partie du stroma est constituée de fibrilles de collagène, principalement du collagène de type I [4], hautement organisées. Le stroma est hydrophile et se comporte comme une barrière limitante pour les molécules liposolubles entravant leur pénétration oculaire plus profonde.
La couche de Dua est une couche solide, acellulaire et bien définie, présente au-dessus de la membrane de Descemet [5].
La membrane de Descemet a une épaisseur de 10 μm et représente la membrane basale de l'endothélium cornéen.
L' endothélium cornéen est la monocouche de cellules la plus interne, non mitotique et en contact direct avec l'humeur aqueuse. L'endothélium cornéen forme une barrière cellulaire entre le stroma et l'humeur aqueuse. Son intégrité et sa fonction déterminent l'état de déturgescence du stroma. Cette monocouche a une perméabilité limitée au flux d'ions, ce qui est nécessaire pour établir un gradient osmotique.
La cornée est fortement innervée par des terminaisons nerveuses, avec une densité 300 à 400 fois supérieure à celle de la peau (tissu le plus sensitif du corps) [1]. L'innervation sensitive de la cornée dépend des nerfs ciliaires, longues banches du nerf nasociliaire, branche ophtalmique de la V e paire crânienne. Leurs branches forment des plexus destinés à l'innervation de l'épithélium cornéen et du stroma antérieur.
La cornée n'a pas de vaisseaux sanguins. Elle reçoit des nutriments sanguins des artères de la région limbique. L'humeur aqueuse apporte du glucose et de l'oxygène à la cornée. La majeure partie de l'apport d'oxygène à la cornée provient de l'exposition à l'air, où l'oxygène absorbé dans la couche lacrymale se diffuse vers les cellules épithéliales cornéennes.
Conjonctive
La conjonctive est un tissu fin, très vascularisé, semi-transparent et sécrétant du mucus. Elle est fortement innervée et possède un tissu lymphoïde.
La conjonctive peut être divisée en trois parties : conjonctive palpébrale, conjonctive bulbaire et fornix. Les paupières supérieures et inférieures sont tapissées par la conjonctive palpébrale. La conjonctive bulbaire tapisse la partie antérieure de la sclère. Les conjonctives palpébrales et bulbaires sont reliées par les fornix. Histologiquement, la conjonctive est composée d'un épithélium superficiel multicouche et d'un stroma sous-jacent [ 1]. Au sein de l'épithélium conjonctival se trouvent des cellules caliciformes, des glandes muqueuses, les glandes de Manz et les cryptes de Henlé. Les cellules caliciformes sécrètent des électrolytes, du liquide et du mucus pour former le film lacrymal [6]. Le stroma conjonctival se trouve entre l'épithélium antérieur et la sclère postérieure. Cette couche est riche en vaisseaux sanguins et lymphatiques ainsi qu'en terminaisons nerveuses.
Les propriétés de barrière de la conjonctive peuvent être attribuées à sa résistance électrique transépithéliale et à la présence de jonctions serrées entre les cellules épithéliales. D'autres facteurs qui réduisent l'absorption d'un médicament comprennent le mucus produit par les cellules caliciformes, et la présence de vaisseaux lymphatiques et d'un système vasculaire qui favorisent la perte systémique. Cependant, la conjonctive est plus perméable aux molécules hydrophiles que la cornée. D'autres propriétés conjonctivales qui augmentent l'absorption d'un médicament comprennent une plus grande surface (17 fois celle de la cornée chez l'homme) et une plus grande taille de pores [ 1].
Film lacrymal
Le film lacrymal est constitué par trois couches : la couche superficielle lipidique, sécrétée par les glandes de Meibomius de la marge palpébrale, qui permet de réduire l'évaporation du film lacrymal; la couche intermédiaire aqueuse, sécrétée par les glandes lacrymales contenant des enzymes et d'autres antibactériens (tels que la lactoferrine), et la couche profonde, riche en mucus, sécrétée par les cellules caliciformes de la conjonctive, qui assure la lubrification et la protection de la surface cornéenne. Des nombreux glycosaminoglycanes, mucopolysaccharides et autres molécules sont également responsables de l'intégrité du film lacrymal [ 7].
Le film lacrymal est une structure dynamique du fait de son renouvellement [8]. Le renouvellement du film lacrymal est le principal facteur qui limite le temps de résidence d'un médicament administré par voie topique dans le cul-de-sac. Une grande fraction (environ 90 %) du médicament est perdue en raison du drainage lacrymal dans les canaux lacrymonasaux et la circulation systémique. Le volume du film lacrymal est d'environ 7 μl. Le volume d'un collyre peut atteindre 50 μl et celui du cul-de-sac 30 μl [9]. Un tel excès de dose administrée sera perdu par déversement ou par drainage par le canal lacrymonasal. Le renouvellement normal des larmes chez l'homme est de 16 % min –1 . L'augmentation du larmoiement due à l'instillation de gouttes entraîne une augmentation du renouvellement jusqu'à 80 % min –1 . Par conséquent, la demi-vie d'un médicament n'est que de 4 minutes, même avec un renouvellement normal [9]. Le clignotement augmente également le drainage car la contraction des muscles de la paupière favorise l'écoulement des larmes dans le canal lacrymonasal. D'autres facteurs qui contribuent à réduire la concentration d'un collyre dans le cul-de-sac comprennent la dilution dans le film lacrymal et la liaison du médicament aux protéines du film lacrymal. Le film lacrymal dilue les collyres instillés par voie topique dans les 15 à 30 premières secondes, entraînant une réduction significative du temps de contact et réduisant la biodisponibilité oculaire (< 5 %).
Humeur aqueuse
L'humeur aqueuse est un liquide optiquement clair et légèrement alcalin formé en continu (environ 2,5 μl/min chez l'homme) à partir du plasma par l'intermédiaire des cellules épithéliales du corps ciliaire. L'humeur aqueuse est sécrétée dans la chambre postérieure et passe à travers la pupille vers la chambre antérieure. Elle est ensuite drainée au niveau de l'angle iridocornéen via le réseau trabéculaire et le canal de Schlemm vers la circulation sanguine veineuse. Environ 5 à 10 % de l'humeur aqueuse est drainée par voie uvéosclérale. Il a été estimé que toute l'humeur aqueuse est remplacée en 100 minutes environ [ 1].
L'humeur aqueuse contient relativement moins de protéines, d'albumine et de globulines que le plasma. Du glucose, de l'acide lactique, de l'acide ascorbique et de l'immunoglobuline G sont également présents [ 10]. L'humeur aqueuse participe aux apports nutritionnels et élimine les déchets de la cornée et du cristallin. Elle joue un rôle important dans le maintien de la forme du globe oculaire ainsi que dans la pression intraoculaire.
Le flux de l'humeur aqueuse a une direction opposée à l'entrée d'un médicament appliqué topiquement. Les médicaments qui traversent la barrière épithéliale cornéenne antérieure peuvent être davantage limités par le flux d'humeur aqueuse et être évacués par le réseau trabéculaire dans le canal de Schlemm, occasionnant des niveaux sous-thérapeutiques dans les tissus oculaires [11].
Iris et corps ciliaire
La tunique intermédiaire vascularisée de l'œil, l'uvée, est formée par l'iris et le corps ciliaire en avant (un tiers) et la choroïde en arrière (deux tiers).
L'iris sépare les deux chambres du segment antérieur et présente un diaphragme circulaire central, la pupille, qui permet de réguler la quantité de lumière traversant vers la rétine.
Sa face antérieure forme la limite postérieure de la chambre antérieure, qui répond en avant à l'endothélium cornéen. En périphérie, l'iris participe à la formation de l'angle iridocornéen.
Sa face postérieure forme la limite antérieure de la chambre postérieure. Au niveau de la pupille, il est en contact avec le cristallin et en périphérie il forme, avec le corps ciliaire, le sulcus ciliaire. Histologiquement, il est composé du stroma antérieur, riche en mélanocytes, et de l'épithélium pigmenté postérieur. Il possède deux muscles, le muscle sphincter de l'iris (système parasympathique) et le muscle dilatateur (système sympathique). L'iris est richement vascularisé par des artères issues du grand cercle artériel de l'iris, notamment les artères iriennes qui forment le petit cercle artériel de l'iris. Il présente également une riche innervation par les nerfs ciliaires courts et longs, et une innervation autonome.
Le corps ciliaire se situe à l'union des segments antérieur et postérieur de l'œil. En coupe transversale, il s'agit d'un triangle, dont l'apex pointe en arrière vers l'ora serrata et la base donne naissance à l'insertion de l'iris. Le corps ciliaire s'applique par sa face externe à la sclère. Sa face interne regarde vers l'intérieur du globe. Deux parties sont classiquement décrites, la pars plana en arrière et la pars plicata en avant. La pars plana représente une zone lisse, relativement avasculaire, qui s'étend de l'ora serrata à la pars plicata. La pars plicata, richement vascularisée, est composée d'environ 70 plis radiaux, les procès ciliaires, responsables de la sécrétion d'humeur aqueuse et sur lesquels est insérée la zonule, ligament suspenseur du cristallin. Le muscle ciliaire s'insère sur les procès ciliaires et l'éperon scléral. Sa contraction permet l'accommodation par les changements de forme du cristallin transmis par la zonule.
La vascularisation du corps ciliaire dépend du grand cercle artériel de l'iris formé par les artères ciliaires longues postérieures, branches de l'artère ophtalmique, et les artères ciliaires antérieures, branches des artères musculaires qui naissent de l'artère ophtalmique.
Barrière hémato-aqueuse
La barrière hémato-aqueuse est située entre les cellules endothéliales des capillaires et les cellules épithéliales de l'iris et du corps ciliaire. Cette barrière formée par des jonctions serrées au niveau cellulaire régule les échanges entre les segments antérieur et postérieur de l'œil. Ainsi, elle empêche l'entrée de certains médicaments dans le segment postérieur. Il a été estimé que les médicaments appliqués de manière topique sont dilués d'un facteur compris entre 250000 et 1000000 dans le vitré, le plus souvent en dessous des seuils thérapeutiques [12].
Les protéines d'efflux sont activement impliquées dans l'efflux des xénobiotiques exogènes et la protection de la cellule. La glycoprotéine de perméabilité (P-gp) et la protéine de multirésistance (MRP) sont deux protéines d'efflux qui jouent un rôle clé dans l'efflux des médicaments au niveau cellulaire.
Cristallin
Le cristallin est transparent, avasculaire et non innervé. Il s'agit d'une lentille flexible, biconvexe et convergente qui détermine un tiers du pouvoir réfractif de l'œil. Le cristallin est amarré aux procès ciliaires par la zonule, et se situe en arrière de l'iris et de la pupille. Il est en contact avec l'humeur aqueuse dans sa face antérieure et avec le vitré dans sa face postérieure. La membrane du cristallin (appelée capsule) régule l'échange passif de substrats métaboliques et de déchets par simple diffusion. Le cristallin se compose de quatre parties distinctes : la capsule, l'épithélium, le cortex (masse des cellules fibreuses) et le noyau.
La capsule est une membrane basale solide, transparente et élastique ininterrompue encapsulant l'ensemble du cristallin et fournissant un support structurel. L'épaisseur de la capsule antérieure varie de 25 à 30 μm par rapport à la postérieure qui est de 2 μm [ 1]. Elle compartimente le cristallin du contact direct avec les tissus oculaires environnants et les liquides aqueux, et constitue une barrière protectrice contre les attaques microbiennes. Elle est également un réservoir de facteurs qui favorisent le développement et la différenciation des cellules du cristallin. Une monocouche épithéliale cylindrique haute est présente sous la capsule antérieure du cristallin. Elle est absente dans la partie postérieure du cristallin. Le cortex du cristallin est composé de fibres récemment formées qui contiennent des organites cellulaires avec un noyau. Avec l'âge, les fibres se déplacent vers le centre du cristallin et perdent leurs organites et leur noyau, ce qui entraîne la transparence du cristallin. Le noyau du cristallin est hautement protégé par son emplacement. Il contient 63 % d'eau et est formé par le dépôt d'anciennes cellules qui se déplacent vers le centre depuis la périphérie [ 1].
Segment postérieur
Sclère
La sclère est un tissu élastique, avasculaire, présent sous la conjonctive et qui se continue en avant avec la cornée. Dans sa face externe s'insèrent les muscles oculomoteurs et leurs aponévroses, l'épisclère, la capsule de Tenon et la conjonctive. L'épisclère fournit les nutriments nécessaires à la sclère.
Sa face interne est en rapport avec la suprachoroïde, la supraciliaire et le muscle ciliaire qui s'insère sur l'éperon scléral. Dans son bord postérieur se trouvent les orifices pour les éléments vasculonerveux de l'œil, notamment le nerf optique qui sort au travers d'un tissu fibreux densément entrelacé appelé la lamina cribrosa.
La sclère est composée d'un réseau désordonné de fibres de collagène, d'où son opacité. L'épaisseur de la sclère diminue du limbe vers l'équateur. En raison de son épaisseur, la sclère postérieure a une très faible perméabilité aux molécules médicamenteuses [9].
Il s'agit de la plus résistante des tuniques de l'œil. Elle le protège des traumatismes et soutient sa structure. Elle empêche l'entrée de substances exogènes dans les tissus oculaires postérieurs. La perméabilité à travers la sclère dépend principalement de certains paramètres de la molécule pénétrante, tels que le rayon moléculaire, les propriétés physicochimiques et la charge de surface. La perméabilité à travers la sclère diminue progressivement avec l'augmentation de la lipophilie et du rayon moléculaire. Les molécules chargées positivement pénètrent mal la sclère, car elles restent piégées dans les pores de la sclère chargés négativement et la matrice de protéoglycanes [ 9].
Choroïde
La choroïde se situe entre la sclère à l'extérieur et l'épithélium pigmentaire de la rétine (EPR) à l'intérieur. Il s'agit d'un tissu hautement vascularisé et innervé contenant des mélanocytes. Le système artériel choroïdien se forme principalement à partir des artères ciliaires courtes postérieures, branches de l'artère ophtalmique, qui pénètrent le pôle postérieur autour du nerf optique. Il existe aussi un apport antérieur par les artères récurrentes du grand cercle artériel de l'iris.
La choroïde est constituée de trois parties de l'extérieur vers l'intérieur : la suprachoroïde, la couche vasculaire, ou choroïde proprement dite, et la membrane de Bruch.
La suprachoroïde est constituée de 6 à 10 couches, d'environ 30 μm d'épaisseur. Elle se continue en avant avec l'espace supraciliaire et s'étend en arrière jusqu'au nerf optique. Cette région est très innervée, mais il n'y a pas de système vasculaire. De fines fibres lamellaires, en apposition les unes aux autres, relient la choroïde et la sclère. Cet arrangement détermine la formation de l'espace suprachoroïdien ou périchoroïdien.
La couche vasculaire se compose de trois couches de vaisseaux, entourées de mélanocytes pigmentés et de fibrocytes noyés dans un stroma choroïdien. Ces trois couches de vaisseaux choroïdiens sont : la couche de Haller avec des vaisseaux externes de plus grande taille, la couche intermédiaire de Sattler avec des vaisseaux de taille moyenne, et la choriocapillaire, plus profondément localisée, avec des vaisseaux de petit diamètre. La choriocapillaire est fenêtrée, ce qui améliore les échanges métaboliques, mais contribue également à la perte des molécules.
La membrane de Bruch est la dernière et la plus interne des couches de la choroïde qui se trouve au-dessus de l'épithélium pigmentaire (EP). Il s'agit d'une structure mince, pentalamellaire, élastique, semblable à une membrane acellulaire. La membrane de Bruch s'étend du nerf optique à l'ora serrata. Cette membrane sépare l'EP de la choriocapillaire. Elle est impliquée dans la régulation des échanges de nutriments, de liquides, de déchets métaboliques, d'oxygène et de biomolécules entre la circulation sanguine choroïdienne et la rétine.
La choroïde et l'EP sont pigmentés et riches en mélanine. La mélanine se lie aux radicaux libres et à d'autres molécules par les forces de Van der Waals, ou par simple transfert de charge. La liaison des médicaments à la mélanine est particulièrement importante dans l'administration transsclérale de médicaments. Un médicament non lié est la force motrice de la pénétration du médicament. Le médicament lié agit comme un réservoir qui est libéré progressivement dans les cellules environnantes et, par conséquent, sa libération est prolongée [9].
La circulation sanguine dans la choroïde est relativement élevée par rapport aux autres tissus oculaires et au cerveau. La circulation sanguine choroïdienne permet l'apport de nutriments et la diffusion d'oxygène dans la rétine externe. Le flux sanguin et lymphatique choroïdien est une des principales barrières dynamiques à l'entrée d'un médicament dans l'œil. Les molécules médicamenteuses lipophiles peuvent être activement drainées dans la circulation choroïdienne et systémique, empêchant la pénétration des molécules dans les tissus plus internes [9].
Rétine
La rétine représente la tunique interne sensorielle de l'œil. Il s'agit d'un tissu fin et transparent, légèrement rosé. Elle s'étend de l'ora serrata en avant jusqu'au nerf optique au pôle postérieur du globe oculaire. L'ora serrata est la zone où la limite antérieure de la rétine est en continuité avec l'épithélium non pigmenté de la pars plana du corps ciliaire. La face externe de la rétine est en rapport avec la membrane de Bruch et la choroïde, par l'intermédiaire de l'EP. Sa face interne est au contact du corps vitré. Le vitré est solidement attaché à la rétine au niveau de la base du vitré, de la papille, de la macula et au-dessus des vaisseaux sanguins rétiniens.
On peut distinguer plusieurs zones anatomiques : la papille optique ou tête du nerf optique, visible sous la forme d'un disque, la macula et la périphérie rétinienne. La macula représente la zone centrale de la rétine postérieure, de 5,5 mm de diamètre. Son centre est situé à 4 mm en temporal et 0,8 mm en inférieur par rapport au centre de la papille. La fovéa représente une zone centrale de 1,5 mm de diamètre formant une dépression. Son centre (mesurant 0,35 mm) est la fovéola. C'est la zone la plus mince de la rétine, très riche en cônes et pigments maculaires (lutéine et zéaxanthine : pigment xantophylle). Son fond est reconnu comme le point central ou umbo. La fovéa et sa périphérie (une zone d'environ 0,5 mm de diamètre) sont dépourvues de capillaires rétiniens (zone avasculaire centrale).
La rétine est vascularisée par deux systèmes vasculaires différents : le réseau capillaire rétinien et le réseau choroïdien. Le réseau capillaire rétinien assure la vascularisation directe des couches rétiniennes internes. Il dépend de l'artère centrale de la rétine, branche de l'artère ophtalmique (carotide interne). Le réseau choroïdien assure de façon indirecte la vascularisation de la rétine externe, puisque la rétine externe ne comporte pas de réseau capillaire.
L'anatomie microscopique de la rétine distingue l'épithélium pigmentaire de la rétine (EP) de la rétine neurosensorielle. L'adhésion entre ces deux structures est peu solide.
L'EP est une monocouche constituée de 4 à 6 millions de cellules hexagonales et prolongé en avant par l'épithélium pigmentaire du corps ciliaire. L'EPR occupe une situation stratégique, séparant les photorécepteurs (à sa face interne) de la membrane de Bruch et la choroïde (à sa face externe). L'EP est impliqué de façon active dans l'adhésion rétinienne, la formation de la barrière hématorétinienne externe et le renouvellement des articles externes des photorécepteurs, indispensables à la phototransduction. Il sécrète un grand nombre de facteurs de croissance et de cytokines immunomodulatrices [13].
La rétine neurosensorielle est constituée de six types de cellules neuronales – deux types de photorécepteurs (les cônes et les bâtonnets), les cellules horizontales, bipolaires, amacrines et ganglionnaires – ainsi que trois types de cellules gliales – les cellules de Müller, les astrocytes et les cellules microgliales. Classiquement, on distingue de l'extérieur vers l'intérieur du globe oculaire les couches suivantes :
  • les segments externes et internes de photorécepteurs;
  • la membrane limitante externe;
  • la couche nucléaire externe, composée des corps cellulaires de photorécepteurs;
  • la couche plexiforme externe, composée des synapses entre les photorécepteurs et les cellules bipolaires;
  • la couche nucléaire interne, composée des noyaux des cellules horizontales, des cellules bipolaires, des cellules amacrines et de cellules gliales de Müller;
  • la couche plexiforme externe, composée de synapses entre les axones de cellules bipolaires et les dendrites de cellules ganglionnaires;
  • la couche de cellules ganglionnaires, contenant les noyaux des cellules ganglionnaires;
  • la couche des fibres nerveuses constituée des axones des cellules ganglionnaires qui forment le nerf optique;
  • la membrane limitante interne.
Barrière hématorétinienne
  • La barrière hématorétinienne est classiquement divisée en interne et externe.
  • La barrière hématorétinienne interne est constituée par un complexe neuro-glio-vasculaire formé par les jonctions serrés (zonulae occludens) et adhérentes entre les cellules endothéliales des capillaires rétiniens, les péricytes, les astrocytes, les cellules rétiniennes gliales de Müller et la microglie [14].
  • La barrière hématorétinienne externe est principalement formée par des jonctions serrées et des jonctions adhérentes situées entre les cellules de l'EPR, les jonctions serrées de l'endothélium vasculaire choroïdien et la limitante externe. Les principaux groupes de protéines formant les jonctions serrées sont les claudines et les occludines [ 13].
En dehors de l'existence de structures moléculaires jonctionnelles, les barrières sont aussi maintenues par des mécanismes actifs comme les transports vésiculaires sélectifs et les protéines d'efflux. La barrière hématorétinienne sert à la protection et à l'homéostasie de la rétine et du vitré, et s'oppose à la pénétration des molécules à l'intérieur du globe, nécessitant l'administration systémique de doses élevées pour atteindre des concentrations thérapeutiques dans l'œil ou des injections intravitréennes [15]. Au niveau cellulaire, les protéines d'efflux sont activement impliquées dans la réduction des concentrations intracellulaires de médicaments et agissent comme une barrière majeure.
Humeur vitrée ou vitré
Le vitré remplit la cavité vitréenne. Il est en rapport avec le cristallin, la zonule et la pars plana du corps ciliaire en avant, et avec la membrane limitante interne de la rétine en arrière. Il s'agit d'un gel viscoélastique transparent composé de 99 % d'eau, de fibrilles de collagène, de glucides, d'acide hyaluronique et d'ions. Il constitue en volume 80 % du globe, soit 4 ml. Au fur et à mesure du vieillissement, le vitré perd de sa viscosité et des lacs de liquide apparaissent à l'intérieur [16]. Les ponts entre les fibrilles de collagène se rompent dans certaines parties et les fibrilles s'agrègent dans d'autres [16]. Ce manque d'uniformité peut affecter la distribution d'un médicament. Les mouvements oculaires peuvent également modifier la distribution d'un médicament dans le corps vitré.
1.2. Vascularisation de l'œil

P. Eymard

L'essentiel
  • La vascularisation du segment antérieur de l'œil est assurée par les artères ciliaires.
  • La cornée, tissu avasculaire, a ses échanges métaboliques via la vascularisation limbique à sa périphérie, le film lacrymal à sa face antérieure et l'humeur aqueuse à sa face postérieure.
  • La rétine possède un double système vasculaire : le réseau rétinien qui vascularise la rétine interne et le réseau choroïdien qui assure les apports à la rétine externe.
  • La circulation rétinienne est autorégulée pour maintenir son débit constant. Une barrière hématorétinienne interne limite et contrôle les échanges entre les capillaires rétiniens et la rétine neurosensorielle.
  • La circulation choroïdienne est la plus importante du débit sanguin oculaire. Elle assure l'apport de nutriments et d'oxygène à la rétine externe, l'élimination des déchets métaboliques vers la circulation générale et assure un rôle de dissipation de chaleur locale.
  • La circulation choroïdienne n'a pas d'autorégulation, mais un contrôle neurogénique indirect par les fibres parasympathiques, sympathiques et sensorielles provenant en partie du nerf trijumeau.
Vascularisation du segment antérieur
Anatomie de la vascularisation du segment antérieur
L'artère ophtalmique naît généralement de la face antéromédiale de l'artère carotide interne. Elle se dirige vers l'orifice intracrânien du canal optique, a un trajet intracanalaire, puis pénètre dans le cône orbitaire en traversant la bandelette supéromédiale du tendon de Zinn.
Les artères ciliaires postérieures sont issues le plus souvent de l'artère ophtalmique. Les deux artères ciliaires postérieures longues (latérale et médiale) pénètrent dans le globe oculaire autour du nerf optique, cheminent dans l'espace suprachoroïdien jusqu'au corps ciliaire et participent à la formation du grand cercle artériel de l'iris en s'anastomosant.
Les artères ciliaires antérieures sont issues des branches musculaires. Elles traversent la sclère en avant de l'insertion des muscles droits et participent également à la constitution de ce cercle anastomotique. Des collatérales partent du grand cercle artériel de l'iris : des artères récurrentes pour la partie antérieure de la choroïde, des artères ciliaires pour le corps ciliaire et des artères iriennes qui s'anastomosent entre elles au niveau de la collerette irienne pour former le petit cercle artériel de l'iris [ 17].
Les artères ciliaires antérieures assurent la vascularisation de la conjonctive bulbaire et du limbe. Elles forment les artères conjonctivales antérieures à 2 mm du limbe, dont les rameaux les plus antérieurs forment un plexus péricornéen. Les veines vont vers le corps ciliaire, puis cheminent dans l'espace suprachoroïdien pour rejoindre les veines vortiqueuses.
Fonctions de la vascularisation du segment antérieur
La cornée est un tissu transparent avasculaire. Elle est irriguée à sa périphérie à partir des vaisseaux sanguins conjonctivaux, épiscléraux et scléraux. Son oxygénation et ses échanges nutritifs proviennent du limbe, du film lacrymal et de l'humeur aqueuse. La vascularisation très riche au niveau limbique assure la nutrition de la périphérie cornéenne.
Vascularisation du segment postérieur
Circulation sanguine rétinienne
Anatomie de la vascularisation rétinienne
La rétine a un double système vasculaire : la rétine interne est vascularisée par le réseau vasculaire rétinien et les couches externes de la rétine (en particulier les photorécepteurs) sont vascularisées par le réseau vasculaire choroïdien. L'artère centrale de la rétine (issue de l'artère ophtalmique) se sépare en quatre branches au niveau du nerf optique, chacune vascularisant un quadrant rétinien. Elles se divisent ensuite en artérioles de plus petit calibre. Chez 10 à 20 % des individus, une artère ciliorétinienne, issue de la circulation ciliaire, vascularise un territoire de rétine interne au niveau interpapillomaculaire. Le réseau capillaire rétinien est organisé en deux complexes :
  • le complexe vasculaire superficiel qui comprend le plexus capillaire superficiel ( superficial vascular plexus [SVP]) et le plexus capillaire radiaire péripapillaire ( radial peripapillary capillary plexus [RPCP]). Le SVP est situé dans la couche des cellules ganglionnaires. Le RPCP suit les axones des fibres nerveuses rétiniennes. Au niveau maculaire, le SVP forme un anneau entourant la zone avasculaire centrale fovéale. Le complexe vasculaire superficiel est entouré par les astrocytes et les cellules gliales de Müller;
  • le complexe vasculaire profond qui comprend le plexus capillaire intermédiaire ( intermediate vascular plexus [ICP]) et le plexus vasculaire profond ( deep vascular plexus [DVP]). L'ICP est situé au-dessus de la nucléaire interne et le plexus capillaire profond ( deep capillary plexus [DCP]) en dessous. L'organisation des capillaires de l'ICP et du DCP est lobulaire [18]. Le complexe vasculaire profond est entouré uniquement par les cellules gliales de Müller [19].
Les capillaires du DCP convergent vers des veinules collectrices qui remontent à travers les couches rétiniennes pour rejoindre les veines rétiniennes, puis la veine centrale de la rétine . Au niveau de la fovéa, il existe une zone avasculaire centrale, entourée par des terminaisons capillaires formant un cercle irrégulier. Sa taille est variable d'un individu à l'autre; elle a un diamètre moyen de 362 μm verticalement et 410 μm horizontalement [ 20] (fig. 1-1
Fig. 1-1
OCT-angiographie (Optovue®, EBC Europe) de la macula sur 3 mm × 3 mm montrant le complexe vasculaire superficiel (a) et le complexe vasculaire profond (b).
Il existe une zone avasculaire centrale (ZAC) au niveau de la fovéa, dépourvue de réseau capillaire rétinien, entourée par une couronne anastomotique de capillaires.
).
Fonctions de la vascularisation rétinienne
Il existe une barrière hémato-oculaire interne, constituée par les jonctions serrées entre les cellules endothéliales des capillaires rétiniens (non fenêtrés), les péricytes et les pieds des cellules macrogliales rétiniennes (cellules de Müller et astrocytes). Elle contrôle de façon très efficace la pénétration de molécules de la circulation systémique vers la neurorétine [ 20 , 21]. Les capillaires rétiniens sont entourés de péricytes et la rétine a le plus important ratio cellules endothéliales/péricytes de l'organisme (1 cellule endothéliale pour 1 péricyte) [ 22]. Une barrière hématorétinienne externe est également présente, formée par les cellules de l'épithélium pigmentaire de la rétine (EP). Elle permet une régulation des échanges hydriques, ioniques et métaboliques entre la choriocapillaire et la rétine externe, et participe au privilège immunitaire de l'œil (voir chapitre 1.3 ).
Régulation de la vascularisation rétinienne
La circulation rétinienne est autorégulée, ce qui permet d'assurer un apport sanguin relativement constant au tissu rétinien malgré des variations de paramètres hémodynamiques. Le diamètre des vaisseaux rétiniens est influencé par la pression artérielle, la pression artérielle en oxygène et en CO 2 , la demande métabolique et le flux sanguin. La barrière hématorétinienne est maintenue par des signaux moléculaires provenant des cellules rétiniennes. Hypoxia inducible factor-1 (HIF-1) est un facteur de transcription qui a un rôle dans la régulation de l'homéostasie en oxygène de la rétine, dans le développement embryonnaire et en situation post-natale physiologique ou pathologique. Son activité dépend du niveau de sa sous-unité alpha intracellulaire. En situation d'hypoxie, HIF-1 active la transcription de gènes de facteurs de croissance angiogéniques, de facteurs de survie angiogéniques, d'enzymes, etc. Un des gènes activés par HIF-1α est le VEGF-A ( vascular endothelial growth factor A ), qui participe à la régulation de l'angiogenèse et de la perméabilité vasculaire [22].
Circulation sanguine choroïdienne
Anatomie de la vascularisation choroïdienne
La choroïde est un tissu richement vascularisé situé entre la rétine et la sclère. Elle s'étend du nerf optique à la pars plana où elle se poursuit antérieurement par le corps ciliaire. Il s'agit de la portion la plus postérieure de l'uvée. En histologie, elle est composée de cinq couches qui sont, de la plus interne à la plus externe, la membrane de Bruch, la choriocapillaire, la couche de Sattler, la couche de Haller et l'espace suprachoroïdien. Elle comporte trois couches vasculaires : la choriocapillaire, la couche de Sattler et la couche de Haller [ 23]. Les trois couches sont discernables uniquement au pôle postérieur. Le débit sanguin choroïdien est l'un des plus élevés de l'organisme par gramme de tissu; il est estimé à 800 ml/min et représente 85 % du débit sanguin oculaire. Rapporté au poids, il est supérieur à celui mesuré dans la substance grise cérébrale, le cœur ou le rein. La circulation choroïdienne a également un faible taux d'extraction de l'oxygène; la teneur en oxygène du sang veineux choroïdien est très élevée, environ 95 % de la teneur en oxygène du sang artériel choroïdien. La vascularisation choroïdienne est organisée en lobules fonctionnels, dont la forme et la taille dépendent de leur localisation. La vascularisation choroïdienne provient des artères ciliaires postérieures, qui sont issues de l'artère ophtalmique. Les artères ciliaires postérieures longues pénètrent dans l'œil dans un cercle autour du nerf optique, et les artères ciliaires postérieures courtes vascularisent chacune un territoire s'étendant du pôle postérieur à la périphérie de forme triangulaire à base périphérique. Le drainage des veines choroïdiennes se fait vers les golfes des veines vortiqueuses. Les veines vortiqueuses mesurent environ 0,5 mm de diamètre et sont visibles à leur sortie trans-sclérale du globe oculaire, 2 à 3 mm postérieurement à l'équateur (fig. 1-2
Fig. 1-2
Représentation schématique des vaisseaux de la choroïde (a) et des veines vortiqueuses (b).
1. Artères ciliaires postérieures supérieures. 2. Artères ciliaires postérieures temporales. 3. Artères ciliaires postérieures nasales. O : ora serrata; E : équateur; V : veines vortiqueuses.
Source : Behar-Cohen F., Kowalczuk L., Keller N., et al. Anatomie de la rétine. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Ophtalmologie, 21-003-C-40, 2009.
). Le nombre de veines vortiqueuses pour un œil est variable, allant de trois à dix. La majorité des individus ont entre 4 et 5 vortiqueuses [24]. Les veines vortiqueuses supérieures se drainent dans la veine ophtalmique supérieure et les veines vortiqueuses inférieures dans la veine ophtalmique inférieure. La choriocapillaire est une monocouche de capillaires formés de cellules endothéliales à jonctions serrées, mais pourvues de larges fenestrations (60–90 nm) diaphragmées, située sous la membrane de Bruch, qui mesure 15 à 30 μm d'épaisseur en rétrofovéolaire. Les capillaires choroïdiens ont un diamètre 3 à 4 fois plus important que les capillaires rétiniens. Le passage de protéines de la choriocapillaire dans le stroma est hautement régulé, car responsable du maintien d'un gradient oncotique qui contribue à l'homéostasie des transports de liquides entre la rétine et la choroïde. La choriocapillaire est organisée en unités lobulaires fonctionnelles hexagonales irriguées par des artérioles indépendantes, sans anastomoses évidentes. Elles ont une taille comprise entre 200 μm et 1 mm. Les lobules les plus grands sont localisés en rétine périphérique et les plus petits au niveau du pôle postérieur. La consommation d'oxygène est plus élevée au niveau de la macula qu'au niveau du reste de la rétine, du fait de l'activité cellulaire. Dans la choriocapillaire, les espaces intercapillaires augmentent en taille avec l'âge et certaines pathologies (hypertension artérielle, myopie forte, dégénérescence maculaire liée à l'âge) [ 25]. Au niveau de la région maculaire, les espaces intercapillaires sont plus petits et le flux de la choriocapillaire est plus élevé (probablement en lien avec la densité plus élevée de photorécepteurs). Au niveau du stroma choroïdien, la couche de Sattler est composée de vaisseaux de petit et moyen calibres, et la couche de Haller, plus externe, comporte des artères et des veines de plus gros calibre. Le tissu extravasculaire comporte des fibres de collagène, des fibres élastiques, des fibroblastes, des cellules musculaires lisses et des mélanocytes. Il existe également de nombreuses cellules immunitaires : macrophages, mastocytes, cellules dendritiques et cellules microgliales.
Fonctions de la vascularisation choroïdienne
Le réseau vasculaire choroïdien apporte des nutriments et de l'oxygène aux cellules de la rétine externe, notamment aux photorécepteurs et à l'épithélium pigmentaire [25]. La choroïde apporte la totalité des nutriments et de l'oxygène au niveau de la région fovéolaire, qui ne dépend pas du réseau vasculaire rétinien. Elle permet l'élimination des déchets métaboliques de la rétine externe. Elle contribue également à l'apport sanguin de la portion du nerf optique en avant de la lame criblée. La circulation choroïdienne possède un rôle de régulation thermique local, en permettant une dissipation de la chaleur avec le flux sanguin. Entre un quart et un tiers des photons transmis à la rétine sont ensuite absorbés par l'épithélium pigmentaire et par la choroïde, ce qui produit de la chaleur. Elle permet une dissipation de chaleur grâce à son flux sanguin au débit élevé. Elle a également un rôle dans la modulation de la pression intraoculaire via la voie uvéosclérale. Enfin, la choroïde absorbe les photons transmis par la sclère et la rétine afin d'éviter leur réflexion postérieure.
Régulation de la vascularisation choroïdienne
La circulation choroïdienne possède un contrôle neurogénique indirect. Une stimulation sympathique entraîne une diminution du flux choroïdien, lié à la libération de noradrénaline et de neuropeptide Y. Une stimulation parasympathique entraîne une dilatation vasculaire choroïdienne et une augmentation du flux vasculaire choroïdien. Le tonus vasculaire choroïdien est médié par l'acétylcholine, le vasoactive intestinal polypeptide (VIP) et la libération de monoxyde d'azote (NO) par les terminaisons nerveuses parasympathiques [26 , 27]. Il existe également des mécanismes myogéniques qui contribuent à compenser les variations de la pression sanguine systémique sur la choroïde avec un changement de la contraction des muscles lisses de la paroi artérielle. La réponse adaptative choroïdienne à des variations de température semble médiée par les fibres sensorielles du trijumeau. La substance P et le calcitonin gene-related peptide (CGRP) sont contenus dans les fibres sensorielles provenant du trijumeau [27]. Les mécanismes de régulation vasculaire de la choroïde restent imparfaitement connus.
1.3. Barrières oculaires

F. Behar-Cohen

L'essentiel
  • Les barrières oculaires sont constituées de différents éléments qui agissent de façon coordonnée :
    • des jonctions spécialisées entre les cellules de différents tissus, qui ont des spécificités leur conférant une grande étanchéité. La formation et le maintien de ces structures dépendent de signaux moléculaires solubles et de signaux physiques reçus par d'autres cellules;
    • des transporteurs spécifiques qui contrôlent le passage de l'eau, des ions et des macromolécules;
    • la structure des tissus qui constituent des obstacles sélectifs et des pores de passage pour les molécules;
    • des pompes d'efflux qui rejettent et éliminent des toxines, des métabolites ou des médicaments.
Les barrières limitent la biodisponibilité oculaire des médicaments, mais permettent aussi un traitement purement local, en limitant les éventuels effets indésirables systémiques.
  • Barrières situées dans le segment antérieur :
    • ce sont les paupières et le film lacrymal, les jonctions serrées de l'épithélium cornéen et conjonctival, des vaisseaux de l'iris et de l'épithélium ciliaire non pigmenté;
    • les obstacles à la pénétration de principes actifs résultent également de la structure de la cornée et de la sclère antérieure ainsi que des pompes d'efflux;
  • Barrières situées dans le segment postérieur :
    • ce sont les jonctions serrées de l'épithélium pigmentaire, des capillaires de la choroïde et de la rétine, les membranes limitantes interne et externe;
    • les obstacles à la pénétration de principes actifs résultent également de la structure de la membrane de Bruch, des membranes limitantes interne et externe, de la sclère et des couches rétiniennes, des pompes d'efflux et des mouvements de convection dans le vitré.
Concepts généraux
L'œil est un organe isolé du reste de l'organisme et de l'environnement extérieur grâce à des barrières.
Ces barrières résultent d'éléments structuraux, dynamiques et fonctionnels qui protègent l'œil de l'extérieur et de la circulation générale. Elles se forment au cours du développement embryonnaire, et leurs intégrité et fonctionnalité peuvent évoluer en fonction de pathologies, mais aussi du vieillissement. Les barrières sont essentielles pour protéger les structures visuelles d'agressions mécaniques, chimiques, métaboliques et des agents pathogènes. Elles sont indissociables de l'activité des transporteurs actifs et contrôlés qui préservent la transparence des tissus et des milieux oculaires, et maintiennent la composition des compartiments oculaires et parfois même de micro-environnements intratissulaires.
L'un des rôles majeurs des barrières consiste à préserver le privilège immunologique de différents compartiments oculaires comme la cornée, l'humeur aqueuse ou l'espace sous-rétinien.
Si les barrières garantissent l'intégrité et les fonctions des tissus oculaires, elles sont un obstacle à la pénétration des principes actifs et représentent donc une cible d'intervention pour le développement de formulations ou de dispositifs visant à augmenter la biodisponibilité des médicaments dans l'œil. Mais les barrières limitent aussi significativement le passage systémique de molécules administrées dans le globe oculaire, permettant une véritable administration locale, largement utilisée pour le traitement des maladies de la rétine, par exemple.
Connaître et comprendre le fonctionnement des barrières oculaires est un prérequis à la prescription de médicaments sous une forme galénique adaptée au site ciblé et un prérequis au développement de médicaments bénéficiant d'une biodisponibilité oculaire optimisée.
Dans ce sous-chapitre, nous exposons les connaissances actuelles sur les barrières oculaires en insistant plus particulièrement sur les aspects liés à l'administration des médicaments, plus que sur les aspects immunitaires, qui peuvent être consultés dans d'excellentes revues récentes [28].
La description se fera de l'extérieur vers l'intérieur en séparant le segment antérieur du segment postérieur puisque les formes galéniques utilisées dépendent du segment ciblé.
Constituants moléculaires des barrières tissulaires
Les barrières tissulaires résultent non seulement de jonctions entre les cellules qui les composent et qui représentent un élément structurel majeur, mais également de la superposition ou de l'assemblage de structures de natures physicochimiques spécifiques qui forment des obstacles à la pénétration de certains composés (membranes cellulaires lipidiques, filtres moléculaires formés par des fibrilles de collagène, répulsion électrostatique, etc.). Les films moléculaires formés de glycosaminoglycanes qu'on appelle les glycocalyx, ainsi que le film lacrymal contribuent aux barrières tissulaires. Enfin, les protéines d'efflux jouent un rôle essentiel dans la fonction des barrières tissulaires. Les systèmes immunitaires innés et adaptatifs et le système nerveux autonome, notamment par ses efférences sensitives et mécaniques, régulent également les propriétés et la fonction des barrières tissulaires (fig. 1-3
Fig. 1-3
Éléments anatomiques et fonctionnels constituant les barrières tissulaires.
).
Il faut se représenter la barrière tissulaire comme un système dynamique, en mouvement permanent, qui reçoit des signaux du micro-environnement et dépense de l'énergie pour maintenir son intégrité. Nous résumons ici brièvement les constituants des jonctions cellulaires et les protéines d'efflux. Pour plus de détails, le lecteur peut se référer à des revues spécialisées.
Protéines de jonction
Protéines transmembranaires
Famille des claudines
Ce sont des protéines transmembranaires tétraspaniques qui jouent un rôle crucial dans le contrôle du transport paracellulaire en formant des barrières et des pores sélectifs pour les ions. En interagissant avec un domaine PDZ de ZO-1, les claudines (de 1 à 27) se connectent au cytosquelette d'actine. Dans la rétine, les cellules endothéliales vasculaires expriment les claudines 1, 2 et 5, mais les claudines 3, 4 et 23 sont exprimées dans la couche des cellules ganglionnaires de la rétine, les claudines 4 et 12 dans la couche plexiforme externe et la claudine 23 a été trouvée dans la couche nucléaire interne. Leur rôle n'est pas encore élucidé.
Protéines à domaine MARVEL
Les protéines à domaine MARVEL ( MAL and related proteins for vesicle trafficking and membrane link ) associées aux jonctions serrées regroupent l'occludine, la tricelluline et la protéine MARVELD3. Ces protéines contiennent toutes un domaine MARVEL avec quatre domaines transmembranaires conservés. L'occludine (ou MARVELD1) est une protéine d'environ 60 kDa, dont l'extrémité cytoplasmique N-terminale interagit avec des partenaires qui régulent sa dégradation et son endocytose, et l'extrémité C-terminale se lie aux protéines d'échafaudage ZO-1, ZO-2 et ZO-3. Les recherches actuelles plaident davantage en faveur d'un rôle régulateur de l'occludine sur la barrière et les transports vésiculaires que d'un rôle dans la structure des jonctions serrées. L'adressage de l'occludine à la membrane et ses fonctions sont fortement dépendants de systèmes de phosphorylation par des kinases spécifiques.
Superfamille des immunoglobulines (Ig)
Cette superfamille comprend la famille des JAM ( jonction-associated molecules ), les ESAM ( endothelial selective adhesion molecule ) et les CAR ( coxsackievirus-adenovirus receptor ). Les JAM contiennent au moins un domaine IgG à leur extrémité N-terminale extracellulaire et leur extrémité cytoplasmique interagit avec ZO-1 et le cytosquelette. Les JAM ne forment pas de brins de jonction serrée, mais facilitent plutôt l'assemblage jonctionnel. Colocalisé avec PAR-3 aux jonctions intercellulaires de l'épithélium pigmentaire, JAM-A favorise la localisation de ZO-1 et de l'occludine aux contacts cellule-cellule, conduisant à la formation des barrières. Les JAM contribuent à la migration cellulaire, l'infiltration des cellules immunitaires et l'angiogenèse.
Protéines cytoplasmiques
Les protéines au domaine PDZ (ZO-1, -2, -3, MAGI-1, -2, -3, MUPP-1, PAR-3, PAR-6, PALS-1, PATJ, mDlg, Scrib, afadin) sont des protéines d'échafaudage qui relient les protéines transmembranaires au cytosquelette et jouent un rôle important dans l'organisation des jonctions serrées. En l'absence de toutes les isoformes de ZO (zonula occludens), la formation des jonctions serrées est altérée et les claudines ne se polymérisent pas.
Autres protéines
On retrouve aussi les protéines suivantes : cinguline, symplekine, heterotrimeric G protein , Rab3b, Rab13, ZONAB, huASH1, GEF-H1, aPKC, PP2A, PTEN, Pilt, CRB3, LYRIC, CASK/LIN-2, merline, angiomotine/JEAP, TAZ/YAP, etc.
Jonctions serrées (ou zonula occludens)
Dans les coupes ultrafines de cellules, les jonctions serrées apparaissent comme des points de contact d'apposition étroite, ou kissing points , où les deux bicouches lipidiques sont indiscernables, situées spécifiquement du côté apical de la membrane polarisée. Dans les barrières endothéliales, plusieurs points de contact sont localisés le long de l'espace paracellulaire (fig. 1-4
Fig. 1-4
Les jonctions intercellulaires.
a. Représentation schématique des différentes formes de jonctions intercellulaire. 1. Zonula occludens. 2. Zonula adherens. 3. Macula adherens (desmosome). 4. Gap junctions (connexons). b. Image de microscopie électronique à transmission de deux cellules de l'épithélium pigmentaire de la rétine montrant une jonction serrée en 1 et une jonction adhérente en 2. Image en microscopie électronique de gap jonctions entre deux cellules gliales de Müller (3). Image en microscopie à force atomique des connexons formés avec de l'aquaporine zéro dans un cristallin humain. c. Représentation schématique des constituants moléculaires des jonctions serrées (1). d. Représentation schématique des constituants moléculaires des connexons (4).
Source : Cyrille Martinet.
).
Les jonctions serrées remplissent deux fonctions principales : une fonction de porte, qui limite le passage des molécules dans l'espace paracellulaire, et une fonction de barrière, qui confère la polarité cellulaire en empêchant le mouvement des lipides et des protéines entre la membrane plasmique apicale et basolatérale. Cependant, d'autres rôles des jonctions serrées dans plusieurs processus de signalisation cellulaire, tels que la prolifération cellulaire, l'expression génétique et la différenciation, ont été décrits.
Au niveau moléculaire, les jonctions serrées sont constituées de plus de 40 types de protéines, classées en protéines transmembranaires (l'occludine, les claudines, les JAM, etc.) et en protéines d'échafaudage cytoplasmique (ZO, PAR, etc.) connectées au cytosquelette d'actine (voir fig. 1-4c
Fig. 1-4
Les jonctions intercellulaires.
a. Représentation schématique des différentes formes de jonctions intercellulaire. 1. Zonula occludens. 2. Zonula adherens. 3. Macula adherens (desmosome). 4. Gap junctions (connexons). b. Image de microscopie électronique à transmission de deux cellules de l'épithélium pigmentaire de la rétine montrant une jonction serrée en 1 et une jonction adhérente en 2. Image en microscopie électronique de gap jonctions entre deux cellules gliales de Müller (3). Image en microscopie à force atomique des connexons formés avec de l'aquaporine zéro dans un cristallin humain. c. Représentation schématique des constituants moléculaires des jonctions serrées (1). d. Représentation schématique des constituants moléculaires des connexons (4).
Source : Cyrille Martinet.
). La localisation correcte des différentes protéines, en particulier leur adressage à la membrane, dépend de leur état de phosphorylation.
Jonctions adhérentes (ou d'ancrage ou zonula adherens)
Au microscope électronique, ces jonctions apparaissent comme des épaississements au niveau de la membrane plasmique. Un plus fort grossissement permet de visualiser des ponts entre les membranes.
Ces ponts sont constitués de molécules transmembranaires, les cadhérines, au niveau de la tête desquelles il existe un système de reconnaissance homophile (voir fig. 1-4a, b
Fig. 1-4
Les jonctions intercellulaires.
a. Représentation schématique des différentes formes de jonctions intercellulaire. 1. Zonula occludens. 2. Zonula adherens. 3. Macula adherens (desmosome). 4. Gap junctions (connexons). b. Image de microscopie électronique à transmission de deux cellules de l'épithélium pigmentaire de la rétine montrant une jonction serrée en 1 et une jonction adhérente en 2. Image en microscopie électronique de gap jonctions entre deux cellules gliales de Müller (3). Image en microscopie à force atomique des connexons formés avec de l'aquaporine zéro dans un cristallin humain. c. Représentation schématique des constituants moléculaires des jonctions serrées (1). d. Représentation schématique des constituants moléculaires des connexons (4).
Source : Cyrille Martinet.
).
Les jonctions adhérentes jouent un rôle essentiel dans l'adhésion cellule-cellule, la polarité cellulaire, l'inhibition du contact et la régulation du transport paracellulaire. Les jonctions adhérentes de la barrière hématorétinienne (BHR) interne comprennent la cadhérine (VE), une protéine d'adhésion cellulaire transmembranaire Ca 2+ -dépendante avec une queue cytoplasmique conservée qui se lie à la β-caténine.
Desmosomes (ou liaison d'ancrage)
Les desmosomes sont des structures en forme de disque d'environ 0,1 à 0,5 μm de diamètre et 0,1 μm d'épaisseur. Ils assurent les liaisons intercellulaires par des molécules transmembranaires de la superfamille des cadhérines. Ces molécules sont en relation avec la plaque desmosomale qui contient en particulier de la plakoglobine et des desmoplakines.
Jonctions communicantes (ou gap junctions )
La jonction communicante est un assemblage de quelques dizaines à quelques milliers de canaux (connexons) qui traversent les deux membranes cellulaires, en formant des plaques jonctionnelles. Chaque connexon est un hexamère de six protéines transmembranaires (de type connexines) qui forment un canal hydrophile de 2 nm de diamètre, laissant passer les molécules solubles de taille inférieure à ce diamètre (ce qui correspond à peu près à des molécules de poids moléculaire relatif inférieur à 1200 Da), comme les ions, les acides aminés et certains métabolites. Dans le cristallin, l'aquaporine 0 forme un ensemble très dense de canaux par lesquels les échanges peuvent se faire entre l'humeur aqueuse et le cristallin au travers des cellules épithéliales (voir fig. 1-4b
Fig. 1-4
Les jonctions intercellulaires.
a. Représentation schématique des différentes formes de jonctions intercellulaire. 1. Zonula occludens. 2. Zonula adherens. 3. Macula adherens (desmosome). 4. Gap junctions (connexons). b. Image de microscopie électronique à transmission de deux cellules de l'épithélium pigmentaire de la rétine montrant une jonction serrée en 1 et une jonction adhérente en 2. Image en microscopie électronique de gap jonctions entre deux cellules gliales de Müller (3). Image en microscopie à force atomique des connexons formés avec de l'aquaporine zéro dans un cristallin humain. c. Représentation schématique des constituants moléculaires des jonctions serrées (1). d. Représentation schématique des constituants moléculaires des connexons (4).
Source : Cyrille Martinet.
).
Passage sélectif des barrières en conditions physiologiques
Le transport paracellulaire et transcellulaire à travers les barrières fait intervenir six mécanismes finement régulés [ 29] (fig. 1-5
Fig. 1-5
a, b. Passage sélectif des barrières en conditions physiologiques.
Source : Cyrille Martinet.
) :
  • diffusion paracellulaire passive : c'est le seul transport qui ne nécessite pas de consommation d'énergie, car c'est la jonction serrée qui limite le passage à des gaz comme le dioxyde de carbone ou l'oxygène et à des molécules lipophiles de moins de 400 D. L'eau ne franchit pas ces jonctions;
  • diffusion cellulaire facilitée : des transporteurs membranaires permettent le passage de substances en solution suivant un gradient de concentration. Le transport du glucose par le transporteur de glucose 1 (GLUT1) en est un exemple;
  • transport actif : les transporteurs membranaires consomment de l'adénosine triphosphate (ATP) pour déplacer des substances dissoutes contre un gradient de concentration ou pour établir des gradients électrochimiques qui entraînent un transport vectoriel (par exemple Na + /K + -ATPase);
  • transcytose : les membranes cellulaires s'invaginent au niveau de radeaux lipidiques pour former des vésicules qui, par fusion, peuvent former de véritables canaux transitoires. La fusion avec la membrane opposée libère le contenu vésiculaire de l'autre côté de la cellule. Les invaginations peuvent être médiées par des récepteurs spécifiques uni- ou multiligands. L'albumine traverse les cellules endothéliales et épithéliales pigmentaires par un mécanisme de transport vésiculaire. La protéine GP60 permet à l'albumine de se lier à la membrane qui s'invagine et forme des vésicules (ou caveolae ) médiées par la cavéoline-1 (voir fig. 1-5b
    Fig. 1-5
    a, b. Passage sélectif des barrières en conditions physiologiques.
    Source : Cyrille Martinet.
    );
  • modification de solutés : pendant leur transport, les molécules peuvent être dégradées ou transformées. Par exemple, dans l'épithélium pigmentaire, le rétinol pénètre par sa face basale par endocytose médiée par des récepteurs et est libéré dans des microsomes, où le rétinol est transformé en cis-rétinal. C'est alors le cis-rétinal qui traverse la monocouche apicale et est endocyté par les photorécepteurs et lié à l'opsine. Le CO 2 est un autre exemple; il est converti en HCO 3 lorsqu'il est transporté du côté apical vers le côté basal de la monocouche cellulaire;
  • protéines d'efflux : l'efflux est un mécanisme par lequel les cellules rejettent vers l'extérieur des composés intracellulaires ou des composés qui auraient pénétré par diffusion passive. C'est un transport actif, énergie-dépendant, assuré par des pompes d'efflux qui éliminent ainsi des toxines, des médicaments, des substances chimiques, et qui régule le passage de molécules lipophiles comme les corticoïdes, le cholestérol, les phospholipides ou des rétinoïdes. Les mécanismes d'efflux contribuent à l'émergence de résistances à différents traitements pharmacologiques, comme la résistance aux antibiotiques ou aux chimiothérapies anticancéreuses.
La glycoprotéine P, principale pompe d'efflux chez l'homme, est membre de la famille des transporteurs ABC, elle-même subdivisée en sept sous-familles de protéines codées par 49 gènes impliqués par une grande diversité de substrats, endogènes et exogènes. Ces mécanismes sont en général unidirectionnels, du cytoplasme vers le milieu extracellulaire. Certains d'entre eux ont des fonctions physiologiques essentielles, telles que l'excrétion de toxines par le foie, les reins ou le tractus gastro-intestinal, ou la limitation de la pénétration de molécules toxiques dans des organes vitaux comme le cerveau ou l'œil. À ce titre, les pompes d'efflux sont une partie intégrante des barrières oculaires.
Description des barrières oculaires
Barrières dans le segment antérieur
Paupières et film lacrymal
Les paupières constituent une barrière mécanique à la pénétration d'agents bactériens, de corps étrangers et de toute agression extérieure. Le clignement réflexe, activé entre autres par l'innervation sensitive de la cornée, est un facteur majeur de l'élimination des gouttes instillées, puisqu'on estime que 10 à 20 % du volume instillé est éliminé par le clignement. Celui-ci est majoré par l'utilisation de formulations dont le pH est acide ou basique, facteur de mauvaise tolérance immédiate. Le film lacrymal représente une barrière par ses propriétés physicochimiques ainsi que par les enzymes et protéines antibactériennes et anti-inflammatoires qu'il contient. Le film lacrymal est formé de trois couches : la couche superficielle, lipidique, est sécrétée par les glandes de Meibomius; la couche intermédiaire, aqueuse, est sécrétée par les glandes lacrymales; et la couche profonde, mucinique, est sécrétée par les glandes muqueuses et les cellules glandulaires de la conjonctive. La couche superficielle limite l'évaporation naturelle des larmes (couche aqueuse) et maintient ainsi l'osmolarité des larmes dans la normale (290–340 mOsm/kg) [ 30]. La couche intermédiaire, aqueuse, permet l'humidification de l'œil, le transport d'oxygène, de dioxyde de carbone, et contient les substances solubles qui assurent la défense anti-infectieuse et antioxydante (lysozyme, lactoferrine, défensines, IgG, A, etc.), ainsi que des facteurs de croissance ( epidermal growth factor [EGF], nerve growth factor [NGF], etc.) indispensables au maintien de l'intégrité de la barrière épithéliale. La lactoferrine, en quantité importante dans les larmes [31], est reconnue comme un agent fortement protecteur du SARS-CoV-2, agent de la Covid-19 [ 32], pouvant expliquer en partie la faible pénétration du virus par voie oculaire. La couche profonde, mucinique, forme un film légèrement visqueux, qui participe aussi à la barrière contre les agents pathogènes en limitant leur adhésion et en favorisant leur élimination. Les cellules épithéliales de la cornée et de la conjonctive produisent des mucines associées à la membrane (MAM), notamment MUC1, MUC4, MUC16, qui sont les principaux constituants du glycocalyx, et les cellules gobelets produisent de la mucine gélifiante (essentiellement MUC5AC). Ce biofilm, essentiel à la défense anti-infectieuse, contribue à éliminer les agents pathogènes et les corps étrangers. Le volume normal du film lacrymal, de 8 à 10 μl, contient non seulement des substances anti- infectieuses et antioxydantes, mais aussi des enzymes capables de métaboliser des médicaments (promédicaments) et/ou de les inactiver [30].
Conjonctive
Les cellules conjonctivales sont liées par des jonctions serrées limitant les mouvements paracellulaires des grosses molécules et des agents pathogènes [33]. Les jonctions serrées sont formées par des claudines (1, -2, -4, -7, -9 10 et -14), l'occludine, la JAM-A et la tricelluline. Elles sont liées au cytosquelette par ZO-1, ZO-2 et ZO-3. La résistance de l'épithélium conjonctival est cependant faible (d'environ 1500 Ω.cm 2). Il est admis que le poids moléculaire limite pour la pénétration conjonctivale se situe entre 20 et 40 kDa [ 34]. Cependant, la pénétration intraoculaire des molécules à travers la conjonctive est limitée par la dégradation enzymatique et par le drainage vasculaire rapide. Après une injection sous-conjonctivale, l'albumine migre vers les ganglions lymphatiques cervicaux en moins de 6 minutes, et des molécules de petit poids moléculaire qui auraient franchi la barrière conjonctivale sont, pour la plupart, éliminées encore plus rapidement par le drainage vasculaire et lymphatique, n'atteignant ni la sclère postérieure, ni la rétine [35]. Ainsi, 40 à 80 % des molécules diffusent par voie systémique [36]. Le vieillissement, l'hyperosmolarité (en particulier liée à l'hyperglycémie), la réduction du mucus ou l'instabilité du biofilm influent sur la pénétration des médicaments à travers la barrière conjonctivale.
Cornée
La barrière épithéliale constitue 90 % de la résistance à la pénétration cornéenne des molécules de poids moléculaire inférieur à 500 D. Constituée de jonctions serrées faites d'occludine et de claudines (-2, -3, -4, -7, -9 et -14) au pôle apical des cellules superficielles de l'épithélium et de claudine 1 au pôle basolatéral [ 33], la barrière épithéliale forme une résistance élevée (environ 7500 Ω.cm 2), comparable à celle de l'intestin. La structure « sandwich» de la cornée, composée de couches lipidique (épithélium), aqueuse (stroma) et lipidique (endothélium), constitue aussi un obstacle à la pénétration de molécules hydrophiles (du fait de l'épithélium) ou hydrophobes (du fait du stroma). L'exemple type est la fluorescéine qui reste à la surface d'un épithélium sain, mais pénètre le stroma en cas d'érosion cornéenne, ou d'altération de la structure du glycocalyx [ 37]. Les médicaments lipophiles peuvent pénétrer dans l'épithélium et y être stockés. Ainsi, seuls passent dans l'humeur aqueuse à travers la cornée les principes actifs amphiphiles et les bases ou les acides faibles en solution à un pH physiologique. En dehors de ces deux types de principes actifs qu'il est possible de formuler en solution sans conservateurs, l'absorption par voie transcornéenne requiert l'addition d'excipients qui déstabilisent la barrière cornéenne ou des formulations particulaires [38].
Iris et corps ciliaire (barrière hémato-aqueuse)
La barrière hémato-aqueuse est constituée de l'épithélium non pigmenté du corps ciliaire et de l'endothélium capillaire, étanche de l'iris (fig. 1-6
Fig. 1-6
Barrière hémato-aqueuse.
Source : Cyrille Martinet.
), car le corps ciliaire est vascularisé par des capillaires fenestrés et perméables alors que les capillaires iridiens contiennent des jonctions serrées dont la perméabilité est plus élevée que celle des capillaires rétiniens internes du fait d'un transport transendothélial intense. Au niveau du corps ciliaire, les cellules de l'épithélium pigmentaire sont en contact avec les capillaires de la choroïde, tandis que la membrane basolatérale de l'épithélium non pigmenté est en contact avec l'humeur aqueuse. Les cellules pigmentées et non pigmentées communiquent par des jonctions de type gap . Des jonctions serrées sont présentes dans les cellules épithéliales non pigmentées, mais pas dans les cellules pigmentées. Ainsi, la barrière physique à la pénétration des principes actifs à travers le corps ciliaire est l'épithélium non pigmenté (fig. 1-6
Fig. 1-6
Barrière hémato-aqueuse.
Source : Cyrille Martinet.
). La concentration en protéines de l'humeur aqueuse est faible. Une fraction d'entre elles provient du plasma. En effet, le passage dans la chambre postérieure des protéines plasmatiques qui ont franchi les capillaires fenêtrés du corps ciliaire est bloqué par l'épithélium non pigmenté du corps ciliaire. Leur passage dans la chambre antérieure est, quant à lui, bloqué par les capillaires de l'iris. Cependant, les protéines plasmatiques qui passent par les capillaires fenêtrés du corps ciliaire peuvent diffuser du stroma du corps ciliaire vers le stroma de l'iris au niveau de la racine de l'iris, puis diffuser dans la chambre antérieure en fonction d'un gradient de concentration. Les petites protéines diffusent assez rapidement dans l'humeur aqueuse, reflétant quantitativement les concentrations plasmatiques. En revanche, les grosses protéines diffusent beaucoup plus lentement dans l'humeur aqueuse, de sorte qu'il n'y a plus de corrélation claire entre les taux de protéines dans le plasma et dans l'humeur aqueuse [ 39]. La limitation et le contrôle à la pénétration des médicaments du sang vers l'humeur aqueuse ne se réduisent pas aux seules barrières physiques. En effet, l'iris et le corps ciliaire expriment une variété de transporteurs de médicaments et de pompes d'efflux. Les transporteurs de médicaments de la famille SLC ( solute carriers ) comprennent les transporteurs d'anions organiques, les polypeptides de transport d'anions organiques, les transporteurs d'acides biliaires, les transporteurs de cations organiques et les transporteurs de peptides. Ces transporteurs de médicaments dans l'iris et le corps ciliaire réduisent le passage des médicaments du sang vers l'humeur aqueuse, réduisant ainsi la biodisponibilité des médicaments oculaires, et sont également impliqués dans l'élimination active des médicaments de l'humeur aqueuse [40].
Sclère
La sclère est constituée de chaînes de collagène et d'élastine qui créent une matrice de fibres où le diamètre des pores et l'espace intracellulaire peuvent déterminer le mouvement des macromolécules [41]. L'épaisseur moyenne de la sclère humaine est de 0,53 mm au limbe, de 0,39 mm à l'équateur et de 0,9 à 1,0 mm près du nerf optique. Avec une surface totale moyenne de 16,3 cm 2 , la sclère offre une porte d'entrée importante pour l'administration de médicaments [ 42]. Mais si, lors de mesures ex vivo, la sclère est perméable aux macromolécules de 150 kDa [ 43], cette propriété diminue de manière exponentielle avec l'augmentation du poids moléculaire des médicaments. Elle est plus importante à l'équateur et dans le quadrant postérieur supérotemporal, permettant le passage de molécules allant jusqu'à 185 kDa et 9,67 nm de diamètre [ 44 , 45]. Le rayon d'Einstein-Stokes (ou rayon moléculaire chargé) semble mieux prédire la perméabilité sclérale que le poids moléculaire, les protéines globulaires étant plus perméables que les dextrans linéaires de même poids moléculaire (fig. 1-7
Fig. 1-7
Barrière hématorétinienne.
a. Section longitudinale schématique du globe oculaire et limite supérieure des poids moléculaires (en kDa) des PI franchissant les différentes barrières. Les flèches jaunes indiquent la voie de passage trans-sclérale antérieure. Sur la coupe histologique de rétine : CG : cellules ganglionnaires, NI : nucléaire interne, NE : nucléaire externe, LE : limitante externe, SI : segment interne, SE : segment externe, EPR : épithélium pigmentaire de la rétine. b. Représentation schématique des jonctions entre les expansions des cellules gliales de Müller (en jaune) et des segments internes des photorécepteurs (ici un cône en bleu). TJ : tight junction (jonction serrée), ZO : zonula occludens, JAM : junction associated membrane, AJ : jonctions adhérentes. c. Épithélium pigmentaire de la rétine jointif par des jonctions serrées (TJ) et des jonctions adhérentes (AJ), équipé de multiples transporteurs ioniques et aqueux qui assurent un transport sélectif. Des villosités apicales permettent un contact étroit avec les segments externes des photorécepteurs. À droite, un montage à plat de l'épithélium pigmentaire de la rétine met en évidence la structure hexagonale des cellules liées par des jonctions serrées, marquées ici par l'occludine. d. Barrières hématorétiniennes.
Source : Cyrille Martinet.
et voir fig. 1-6
Fig. 1-6
Barrière hémato-aqueuse.
Source : Cyrille Martinet.
). Avec l'âge, l'épaisseur sclérale reste stable, mais la perméabilité de la sclère humaine diminue du fait de la réticulation et de la glycation du collagène, qui réduisent la compliance sclérale, son hydratation [46] et augmentent sa rigidité, en particulier en cas de dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) [47]. La réduction de la distance interfibrillaire influe essentiellement sur la perméabilité macromoléculaire.
L'effet sur la perméabilité sclérale de traitements physiques, tels que l'hydratation, la modification de la composition de la matrice, la cryothérapie, le cross-linking (réticulation), le laser à diode transscléral et l'amincissement chirurgical, a été évalué. Chez le lapin, la perméabilité aux macromolécules augmente avec une hydratation accrue des tissus; chez l'homme, l'amincissement chirurgical augmente la perméabilité aux macromolécules. Cependant, ni la cryothérapie, ni l'application transsclérale d'un laser à diode n'ont eu d'effet [48 , 49]. Le cross- linking réduit la perméabilité sclérale à plus de 200 μm de la zone traitée [50].
Physiologiquement, les protéines de la choroïde suivent une élimination transsclérale très rapide (moins de 1 heure) vers les vaisseaux lymphatiques conjonctivaux [51], ou le long du réseau vasculaire et des nerfs qui traversent la choroïde. Ce mouvement sortant de protéines est très important pour maintenir le gradient oncotique entre le vitré et la choroïde qui est dépourvue de vaisseaux lymphatiques.
Barrières dans le segment postérieur
Choroïde
La choroïde est formée d'un réseau vasculaire organisé comprenant des artères, des veines et des capillaires (choriocapillaires), des cellules immunitaires telles que les mastocytes et les cellules microgliales, des mélanocytes, des fibroblastes, des cellules musculaires lisses, ainsi que d'un réseau dense de nerfs sympathiques et parasympathiques. Les vaisseaux choroïdiens participent à la barrière hématorétinienne externe, protégeant la rétine à l'égard de substances circulant dans les vaisseaux choroïdiens dans lesquels le débit est parmi les plus élevés de tous les organes. Les vaisseaux de la choriocapillaire humaine sont constitués de cellules endothéliales à jonctions serrées, mais pourvues de larges fenestrations diaphragmées. Il existe également de telles fenestrations dans le rein, par exemple, mais elles ne sont diaphragmées qu'au cours du développement et non chez l'adulte. Contrairement aux endothéliums fenêtrés qui tapissent d'autres lits vasculaires, ces diaphragmes restreignent considérablement le passage de molécules de haut poids moléculaire (rayon d'Einstein-Stokes > 3,2 nm). Les protéines peuvent être retenues non seulement en raison de leur taille, mais aussi par une répulsion électrostatique due à la charge négative et à une forte densité anionique à la surface de l'endothélium capillaire [52]. Les fenestrations forment des pores de 60 à 80 nm de diamètre, mais les cavités formées par le diaphragme réduisent cette taille d'environ 10 fois. Le nombre des fenestrations et l'ouverture des diaphragmes sont sous la régulation du VEGF qui assure la production et la fonction de la protéine plasmalemma vesicle-associated protein (PLVAP), constituant essentiel des fenestrations [ 53 , 54]. D'autres systèmes de transport permettent le passage contrôlé de protéines du compartiment vasculaire vers l'épithélium pigmentaire (EP), en particulier les cavéoles qui ont un diamètre de 60 à 80 nm et sont responsables du passage de l'albumine et d'autres macromolécules; les organites vésiculo-vacuolaires (0,12-0,14 mm) et les canaux transendothéliaux qui seraient des assemblages de caveolae. Il a été montré que les caveolae assurent, au moins en partie, le passage de l'albumine et de toutes les molécules qui y sont liées de l'endothélium choroïdien capillaire vers l'EP.
Membrane de Bruch
La membrane de Bruch (MB) est constituée de cinq couches. De l'EP vers la choroïde, on distingue histologiquement les couches suivantes : la membrane basale de l'EP, la couche collagène interne, la couche d'élastine, la couche collagène externe et, enfin, la membrane basale de la choriocapillaire. La MB agit comme un filtre semi-perméable, passif et acellulaire pour l'échange réciproque de biomolécules entre la rétine et la choroïde. La diffusion à travers la MB dépend de sa composition moléculaire, qui est influencée par plusieurs facteurs tels que l'âge et la localisation dans la rétine. La couche élastique présente la plus grande taille de pores entre les fibres organisées de façon plus ou moins aléatoire et la plus grande conductivité de l'eau. La couche collagène interne présente les pores les plus petits et la conductivité la plus faible. La perméabilité à l'eau de la MB est influencée par la réticulation du collagène liée à l'âge et par l'accumulation de lipides hydrophobes (paroi lipidique) et de débris membranaires qui augmentent avec l'âge [ 55]. La diffusion à travers la MB dépend également de la pression hydrostatique de part et d'autre de la MB ainsi que du maintien des gradients de biomolécules spécifiques et d'ions anorganiques. La structure et la composition moléculaire de la MB varient de la macula à la périphérie. La perméabilité de la MB à des protéines dont le poids moléculaire peut atteindre 150 kDa a été démontrée [ 56]. Mais, chez l'homme, la perméabilité de la MB aux protéines plasmatiques diminue tout au long de la vie, avec une relation linéaire significative entre la perméabilité aux protéines de plus faible poids moléculaire et l'âge. La conductivité hydraulique basale de la MB décline de façon exponentielle avec l'âge, avec une demi-vie de 19 ans. De plus, cette réduction de la perméabilité est significativement plus importante au niveau de la macula, atteignant jusqu'à 90 % pour des macromolécules de 20 kDa. Chez des patients atteints de DMLA, la limitation de transport peut encore être accrue [ 46 , 57]. La MB entrave aussi le transport des solutés lipophiles, en particulier des solutés cationiques, plus que des solutés hydrophiles. La réduction du transport à travers cette barrière physiologique est directement liée à la fixation du soluté sur le tissu [58]. Ainsi, la pénétration de molécules de haut poids moléculaire, comme les anticorps anti-VEGF, pourrait être réduite chez les sujets les plus âgés atteints de DMLA.
Épithélium pigmentaire de la rétine
L'EP a été considéré comme le constituant unique de la barrière hématorétinienne externe du fait qu'il est caractérisé par des jonctions serrées. Mais l'EP n'est que l'un des constituants de la barrière externe qui inclut les vaisseaux de la choriocapillaire, la MB et la limitante externe. La résistance des jonctions serrées de l'EP humain adulte est d'environ 40 Ω.cm 2 , ce qui fait de l'EP un épithélium à faible résistance. L'EP ne se divise pas en situation physiologique et une perte d'environ 2 % de l'EP par décennie de vie est mesurée sans diminution dans la région fovéolaire du fait de probables réorganisation et migration de la périphérie vers le centre. L'EP assure une fonction majeure de régulation des concentrations de potassium dans l'espace sous-rétinien au cours de la phototransduction grâce à la présence de pompes apicales (Na + /K + -ATPase) et de cotransporteur Na + /K + -2Cl basolatéraux. Il joue un rôle essentiel dans la gestion du volume sous-rétinien en éliminant activement de l'eau de l'espace sous-rétinien à raison de plusieurs microlitres par centimètre carré par heure, grâce à la présence de protéines transmembranaires formant des canaux à eau (aquaporine 1) et au gradient sortant de Cl . Ce mouvement ionique est alimenté par le gradient de Na + qui est maintenu par la pompe électrogénique Na + /K + -ATPase. L'ion chlorure (Cl ) sort à travers la membrane basolatérale via une conductance de chlorure modulée par la concentration en calcium intracellulaire. Le transport du bicarbonate (HCO 3) peut également donner une impulsion à l'élimination des liquides. L'efflux de HCO 3 à travers la membrane basolatérale est suivi d'un transport de liquide de l'espace sous-rétinien vers la choroïde (voir fig. 1-7b
Fig. 1-7
Barrière hématorétinienne.
a. Section longitudinale schématique du globe oculaire et limite supérieure des poids moléculaires (en kDa) des PI franchissant les différentes barrières. Les flèches jaunes indiquent la voie de passage trans-sclérale antérieure. Sur la coupe histologique de rétine : CG : cellules ganglionnaires, NI : nucléaire interne, NE : nucléaire externe, LE : limitante externe, SI : segment interne, SE : segment externe, EPR : épithélium pigmentaire de la rétine. b. Représentation schématique des jonctions entre les expansions des cellules gliales de Müller (en jaune) et des segments internes des photorécepteurs (ici un cône en bleu). TJ : tight junction (jonction serrée), ZO : zonula occludens, JAM : junction associated membrane, AJ : jonctions adhérentes. c. Épithélium pigmentaire de la rétine jointif par des jonctions serrées (TJ) et des jonctions adhérentes (AJ), équipé de multiples transporteurs ioniques et aqueux qui assurent un transport sélectif. Des villosités apicales permettent un contact étroit avec les segments externes des photorécepteurs. À droite, un montage à plat de l'épithélium pigmentaire de la rétine met en évidence la structure hexagonale des cellules liées par des jonctions serrées, marquées ici par l'occludine. d. Barrières hématorétiniennes.
Source : Cyrille Martinet.
). Les protéines ne franchissent pas un EP intact par voie intercellulaire [59], mais l'albumine pourrait pénétrer dans l'EP par des transports vésiculaires dépendant des cavéolines. De nombreuses études ont analysé la pénétration transépithéliale de protéines qui passent à travers la sclère comme facteur dérivé de l'épithélium pigmentaire (PEDF, 50 kDa), l'ovalbumine (45 kDa) ou le récepteur I soluble du facteur de croissance endothélial vasculaire (VEGFR-I ou tyrosine kinase-1 soluble de type Fms : sFlt-1, 110 kD), montrant que l'EP constitue une barrière à la pénétration des protéines de haut poids moléculaire. En utilisant des dextrans de 4 à 80 kDa marqués à l'isothiocyanate de fluorescéine (FITC), il a été démontré que la perméabilité entrante et sortante de l'EP diminue de manière similaire et exponentielle avec l'augmentation du rayon de la molécule. En général, les protéines de 50 à 75 kD pénètrent bien dans la choroïde, mais pas dans la rétine (résumé dans [34]) (voir fig. 1-7b
Fig. 1-7
Barrière hématorétinienne.
a. Section longitudinale schématique du globe oculaire et limite supérieure des poids moléculaires (en kDa) des PI franchissant les différentes barrières. Les flèches jaunes indiquent la voie de passage trans-sclérale antérieure. Sur la coupe histologique de rétine : CG : cellules ganglionnaires, NI : nucléaire interne, NE : nucléaire externe, LE : limitante externe, SI : segment interne, SE : segment externe, EPR : épithélium pigmentaire de la rétine. b. Représentation schématique des jonctions entre les expansions des cellules gliales de Müller (en jaune) et des segments internes des photorécepteurs (ici un cône en bleu). TJ : tight junction (jonction serrée), ZO : zonula occludens, JAM : junction associated membrane, AJ : jonctions adhérentes. c. Épithélium pigmentaire de la rétine jointif par des jonctions serrées (TJ) et des jonctions adhérentes (AJ), équipé de multiples transporteurs ioniques et aqueux qui assurent un transport sélectif. Des villosités apicales permettent un contact étroit avec les segments externes des photorécepteurs. À droite, un montage à plat de l'épithélium pigmentaire de la rétine met en évidence la structure hexagonale des cellules liées par des jonctions serrées, marquées ici par l'occludine. d. Barrières hématorétiniennes.
Source : Cyrille Martinet.
). Un travail a déterminé la perméabilité bidirectionnelle de huit médicaments de petit poids moléculaire et du bévacizumab (environ 149 kDa) à travers l'EP-choroïde bovin isolé. La perméabilité des petites molécules est de 10 –6 à 10 –5 cm/s. La plupart des médicaments de faible poids moléculaire passent aussi bien de la face apicale vers la face basale que dans le sens inverse. Cependant, les molécules les plus hydrophiles ont une perméabilité 5 à 6 fois inférieure à celle des molécules les plus hydrophobes. La ciprofloxacine et le kétorolac montrent un passage accru sortant vers la face basolatérale (respectivement 6 et 14 fois supérieure à celle qui est dirigée vers l'intérieur), ce qui pourrait indiquer un transport actif. En revanche, seuls 3 % de la clairance intravitréenne du bévacizumab s'expliquent par un passage transépithélial, confirmant la faiblesse du transport des protéines à travers l'EP [ 60]. Lors de circonstances pathologiques ou au cours du vieillissement, les jonctions serrées des cellules de l'EP peuvent être altérées, ce qui modifie de manière significative la migration des protéines à travers la couche épithéliale. Dans une lignée cellulaire d'EP humain prématurément sénescent, l'expression des protéines de jonctions est altérée et la perméabilité de l'EP est augmentée [ 61]. Le facteur de croissance placentaire peut perturber les jonctions serrées des cellules de l'EP par l'intermédiaire du VEGFR1 [ 62], et au cours du diabète, les jonctions de l'EP sont altérées [63]. Par conséquent, dans différentes pathologies, la perturbation focale de l'EP peut modifier le passage des macromolécules à travers la barrière de cet épithélium. L'existence de propriétés ou de dynamiques spécifiques des jonctions serrées au niveau maculaire n'a pas été étudiée. L'EP est également le site central du métabolisme des xénobiotiques dans l'œil. Les enzymes lysosomales dans les lysosomes et les mélanosomes peuvent provoquer l'hydrolyse de diverses protéines et générer la formation de produits de dégradation de plus faible poids moléculaire dans un environnement acide. Cette activité pourrait également diminuer avec le vieillissement.
Rétine
Dans la rétine, la membrane limitante externe (MLE), les couches plexiformes et la membrane limitante interne (MLI) constituent autant d'obstacles à la libre diffusion des molécules. En fonction de leur poids moléculaire, de leur structure et de leur charge, les protéines peuvent également subir une limitation de leur migration latérale.
Membrane limitante externe (MLE) et couches plexiformes
Dans la rétine des vertébrés, les extrémités apicales des cellules gliales de Müller ( retinal Müller glial cells [RMG]) sont attachées entre elles et aux segments internes des photorécepteurs par des jonctions serrées hétérotypiques, particulièrement entre les cônes et les RMG et qui constituent la MLE [64]. La MLE forme une barrière sélective à la diffusion des protéines de diamètre supérieur à 35 Å, qui correspond au diamètre de l'albumine. Dans les modèles de décollement de rétine, la diffusion des molécules de l'espace sous - rétinien vers le vitré est ralentie au-delà de cette taille [ 59 , 65] avec des protéines de haut poids moléculaire qui restent sous la rétine pendant plusieurs jours. Les couches plexiformes forment également des barrières à la diffusion des protéines et de l'eau à travers la rétine [66]. En utilisant la chambre d'Ussing, la limite de perméabilité de la rétine aux composés de haut poids moléculaire a été mesurée autour de 80 kD à la fois chez l'homme, le porc, le bœuf et le lapin, avec des résistances plus élevées dans les couches plexiformes internes (IPL) et externes (OPL), en accord avec des résultats précédents obtenus chez le singe montrant que l'OPL était une barrière à la diffusion de la peroxydase [67].
Membrane limitante interne (MLI)
La MLI est constituée de la lame basale des RMG. Dans les rétines du singe et de l'homme, la MLI est constituée de trois strates distinctes : la lamina rara interna , immédiatement adjacente aux pieds terminaux des RMG; la lamina densa ; et la lamina rara externa , qui est contiguë du cortex vitréen. La morphologie de la MLI varie topographiquement dans la rétine des primates : la lamina densa de la rétine périphérique est mince, mais elle devient de plus en plus épaisse et convolutée dans la rétine postérieure, sauf le long de la fovéa et là où de gros vaisseaux sont juxtaposés à la surface interne de la rétine. Chez le singe et l'homme, la MLI s'épaissit avec l'âge. Des résultats contradictoires ont été rapportés concernant l'entrave de la MLI à la diffusion des protéines après injection intravitréenne (IVT). Certaines études ont montré que des protéines ayant un poids moléculaire aussi élevé que 150 kDa sont capables de passer à travers la MLI; d'autres indiquent que la MLI empêche la diffusion de substances de plus de 4,5 nm de rayon moléculaire, c'est-à-dire des molécules de plus de 40 à 70 kDa, selon leur forme et leur rayon d'Einstein-Stokes (revue dans [ 34]). De même, des anticorps monoclonaux humanisés recombinants marqués à l'iode 125 I (rhuMAb) contre le récepteur 2 du facteur de croissance épidermique humain (HER2; rhuMAb HER2, 148 kDa) et des fragments Fab de rhuMAb contre le VEGF (rhuMAb VEGF Fab, 48 kDa) ont été injectés par voie intravitréenne à des macaques rhésus. Alors que rhuMAb VEGF Fab est uniformément distribué dans toutes les couches de la rétine, rhuMAb HER2 s'accumule au niveau de la MLI et ne pénètre pas dans les couches plus profondes de la rétine quel que soit de temps de l'examen [68]. Ces études ont servi de base au développement de Fab anti-VEGF spécifiques d'un poids moléculaire plus faible. Cependant, d'autres rapports ont montré que le bévacizumab (149 kDa; Avastin®, Genentech), un rhuMab complet dirigé contre le VEGF humain, pouvait diffuser dans toutes les couches de la rétine après IVT chez différentes espèces, notamment les yeux de singes. Chez les lapins albinos, 24 heures après IVT de bévacizumab (2,5 mg dans 0,1 ml), le bévacizumab a été détecté non seulement dans toutes les couches de la rétine, mais aussi dans l'espace sous-rétinien [69]. Chez le singe, le bévacizumab, initialement localisé dans les couches internes de la rétine, s'est accumulé dans les segments externes des photorécepteurs à une semaine et jusqu'à 14 jours, étant au moins en partie conduit par les RMG [70]. Dans la fovéa, le bévacizumab s'accumule préférentiellement dès la 24 e heure après l'injection IVT [ 71], ce qui suggère que la pénétration rétinienne puisse différer dans la macula par rapport aux autres zones de la rétine. Plus récemment, il a été montré que le CNTF (23 KDa) pénètre très faiblement dans les couches rétiniennes les plus externes à travers la MLI [72]. La pénétration rétinienne des vecteurs associés à un adénovirus ( adeno-associated virus [AAV]) a aussi été étudiée après IVT. Alors que, chez la souris, il a été possible de transfecter des cellules rétiniennes après IVT de rAAV2, cette administration s'est révélée inefficace chez le rat en raison de la présence de la MLI [73], dépourvue de récepteur d'adhésion. La digestion (même limitée) de la MLI par des protéases augmente, en revanche, la pénétration et la transduction de cellules de la rétine après administration de certains types d'AAV, en particulier l'AAV 5 qui n'adhère pas à la MLI intacte, mais pourrait pénétrer dans la rétine en l'absence de MLI ou en cas d'altération de celle-ci [ 74]. La migration transrétinienne des protéines peut ne pas dépendre uniquement du poids et des structures moléculaires, mais peut également être régulée par des transports actifs et spécifiques par les cellules RMG. L'existence de récepteurs spécifiques et/ou de protéines d'efflux au niveau des pieds des cellules RMG reste à démontrer. Des techniques visent actuellement à combiner l'injection des vecteurs viraux par voie intravitréenne avec un pelage (une abrasion) de la MLI [75], ou à réaliser une injection sous la MLI [76]. Comme la MLI présente des caractéristiques de structure spécifiques au niveau de la fovéa, les études de pénétration réalisées chez les rongeurs ou les lagomorphes ne peuvent pas être extrapolées à l'œil humain.
Barrière hématorétinienne interne
La barrière hématorétinienne interne (BHRI) est constituée par les jonctions serrées endothéliales, les péricytes très denses (un péricyte pour une cellule endothéliale), les astrocytes et les pieds terminaux des cellules RMG qui entourent les capillaires rétiniens. Toutes ces structures sont nécessaires à la formation et au maintien de la BHRI. Les jonctions serrées, présentes uniquement dans les endothéliums des vaisseaux de la rétine et du cerveau, sont composées d'un complexe de jonctions serrées en forme de ceinture, formant une résistance transendothéliale d'environ 1500 à 2000 Ω.m 2 , comparable à celle de la barrière hémato-encéphalique. Ces jonctions contiennent de la claudine 5 en majorité, des claudines 1 et 2, des JAM-A et des protéines ZO-1, 2 et 3. Les cellules endothéliales sont non fenestrées dans les conditions physiologiques et les capillaires sont imperméables aux protéines, qui peuvent cependant traverser leur membrane par transcytose, en particulier au cours du développement. Le VEGF augmente la perméabilité endothéliale, essentiellement par l'augmentation de la transcytose, mais il peut aussi induire une phosphorylation des protéines de jonction, ce qui induit leur translocation nucléaire. L'activation d'une kinase de la famille des Rho-GTP-ases désorganise le cytosquelette et donc les jonctions par un mécanisme de constriction du réseau d'actine. Des cytokines pro-inflammatoires comme l'interleukine 1 (IL-1) et l'IL-6, le TNF-alpha et ICAM-1, l'hyperglycémie chronique, l'activation du complément et le stress oxydatif affaiblissent aussi la BHRI, ce qui contribue à la formation d'œdème maculaire [ 77].
Vitré
Le vitré est principalement constitué d'eau (98 %) contenant une faible concentration de protéines solubles, des ions et des solutés de faible poids moléculaire. Les deux principaux composants structurels sont le collagène (40-120 μg/ml) et l'acide hyaluronique (100–400 μg/ml), mais le vitré contient également du sulfate de chondroïtine et éventuellement du sulfate d'héparane. Le vitré est un réseau tridimensionnel complexe qui peut particulièrement restreindre la diffusion de grosses molécules. In vitro, le vitré réduit en effet l'absorption cellulaire de FITC-dextrans de 44 kDa à 77 kDa de 65 % à 100 %. In vivo, la mobilité des grosses molécules, en particulier celles chargées positivement, serait théoriquement limitée au sein de l'humeur vitrée, mais la diffusion par convection, qui résulte des mouvements des yeux, représente environ 30 % du transport intravitréen total des médicaments chez l'homme. Cet effet pourrait être encore plus important pour les composés de poids moléculaire élevé, qui diffusent plus lentement [ 78]. Le flux d'eau, du vitré antérieur vers le vitré postérieur, doit également être pris en compte. En utilisant un modèle informatique développé pour décrire le transport tridimensionnel convectif-diffusif d'un médicament libéré par une source intravitréenne à libération contrôlée, on a découvert que le rapport entre la quantité de médicament atteignant la rétine et la quantité de médicament éliminée par l'humeur aqueuse est de 2,4 pour une petite molécule, mais de 13 pour les grosses molécules [79]. Une grande partie des macromolécules sont éliminées par voie antérieure. Au cours du vieillissement et de circonstances pathologiques, mais aussi après des IVT répétées, la structure du vitré peut être désorganisée et modifier significativement la diffusion des composés injectés depuis le site d'injection jusqu'à la rétine. Compte tenu du fait que les macromolécules, en fonction de leurs charges, peuvent ne pas diffuser librement dans le vitré, le site de l'aiguille pendant l'injection peut influencer la biodisponibilité de la protéine active injectée ciblant les cellules rétiniennes.
Spécificités de la macula
L'épaisseur de la limitante interne augmente de la périphérie, où elle mesure environ 400 nm jusqu'à la macula, où elle atteint 2 à 4 μm. En revanche, au niveau de la fovéa, la limitante interne est très amincie, jusqu'à atteindre 40 à 100 nm. Devant la macula, le vitré forme un espace appelé « bourse prémaculaire», que l'on peut décrire comme une moufle, dont la partie du pouce serait située au début du canal de Cloquet sur le nerf optique, la partie du doigt sur la macula, et le poignet et le bras faisant leur chemin vers l'avant de l'œil, se terminant derrière le cristallin. Il y aurait donc un vrai « passage» possible de l'avant de l'œil vers la région maculaire par cet espace.
La spécialisation maculaire fonctionnelle est associée à des spécificités anatomiques : forte densité de cônes, zone avasculaire centrale et déplacement centrifuge des axones des cônes et des cellules de Müller, qui atteignent plusieurs centaines de micromètres suivant une trajectoire en forme de « Z». Le long de cette trajectoire, les axones des photorécepteurs et les cellules de Müller sont associés par des protéines de jonction telles que ZO-1 ou claudine 5, empêchant les protéines de s'accumuler dans cette région spécifique [ 80 , 81]. De plus, l'AQP4 localisée dans les extrémités périvasculaires des astrocytes, mais aussi autour des cellules de Müller de la macula, fournit des voies à faible résistance pour le mouvement des liquides entre les espaces paravasculaires et l'interstitium, créant un « système de type lymphatique» pour le drainage des solutés et des protéines interstitiels.
Ces observations pourraient suggérer qu'un flux permanent de substances dissoutes, créé par les canaux AQP4, formerait un chemin hydraulique le long des cellules RMG dans la fovéa, à travers les fibres de Henlé, vers la tête du nerf optique. Au niveau de la tête du nerf optique, des études précédentes ont identifié un défaut d'intégrité de la barrière hématorétinienne, permettant le drainage des protéines de la rétine [77]. Ces voies de drainage peuvent avoir des implications pharmacocinétiques importantes dans des conditions normales ou pathologiques.
Conclusion
Les barrières oculaires sont essentielles au maintien des milieux (homéostasie) et des micro- environnements oculaires. De nombreux travaux ont mis au jour le fonctionnement des barrières, leur structure et leur régulation; mais beaucoup reste encore à découvrir et à comprendre. Le fonctionnement et la structure des barrières sont modifiés au cours du développement, du vieillissement et lors de divers processus pathologiques, même si cela n'est pas cliniquement décelable avec les méthodes habituelles d'exploration. Ces modifications ont des conséquences certaines, parfois ignorées, souvent sous-estimées, sur la pharmacocinétique oculaire et la biodisponibilité des médicaments, ce qui doit encourager à la réalisation d'études cinétiques sur des modèles pathologiques et chez l'homme.
1.4. Milieux oculaires

J.-L. Bourges

Introduction
L'œil est un organe composé de tissus très différents. La nature de chaque milieu oculaire influe sur la distribution et l'effet des médicaments. On comprend aisément que chaque tissu oculaire possède sa propre sensibilité à un principe actif thérapeutique, sa propre pharmacodynamie. Chaque milieu oculaire détermine aussi la pharmacocinétique du principe actif thérapeutique. Cela signifie qu'il impose à l'action du principe thérapeutique ses propriétés biologiques et physiques propres, très différentes par exemple pour un tissu oculaire solide ou fluide. L'œil est composé des deux. Sa pharmacodynamique et sa pharmacocinétique sont influencées directement par le type de milieu oculaire. Bien sûr, sa composition et sa structure mais aussi la dynamique des fluides qui traversent les tissus ont un rôle pivot dans l'effet thérapeutique. Enfin, les altérations sénile ou pathologique qui modifient les milieux oculaires influent directement sur les propriétés pharmacologiques d'un traitement.
Les fluides
Pour l'œil, les fluides biologiques qui interagissent avec les principes thérapeutiques sont les larmes, l'humeur aqueuse, le sang et la lymphe. Les deux premiers milieux sont volontiers qualifiés d'oculaires, tandis que les deux derniers sont ubiquitaires. Tous ces milieux fluides sont de nature très différente, mais ils interagissent directement les uns avec les autres dans leur dynamique. Aucun d'entre eux ne possède une composition constante. Il est possible d'inventorier quelques composés d'intérêt particulier constamment présents dans leur phase liquide, sans pouvoir être exhaustif d'une manière générale (tableau 1-1
Tableau 1-1
Origine et composition courante des fluides oculaires.
FormationFluxCompositionFonctionRef
TissuLocalisationMode de productionÉvacuationInconstante, varie sensiblement dans le temps
LarmesGlandes de Krause et de Wolfring; origine ectodermiqueCuls-de-sac conjonctivaux et espace sous conjonctival prétarsalPhase aqueuse; sécrétion constanteVoies lacrymale, évaporationEau, stérols, protéines, acides gras à courtes chaîne oxydés ou non, protéines, hydrocarbones, mucines libres, facteurs de croissance (EGF ++), hormones, cytokines (TGF-b ++), immunoglobulines (Ig dont IgA ++), ions électrolytiques (Na+, K+, Mg++, Ca++, Cl, HCO 3, phosphates), cellules immunocompétentes, produits de desquamation Homéostasie, couverture, pouvoir optique, solubilisation[82]
Glande lacrymale principale; origine ectodermiqueIntraorbitaire dans le quadrant supéro-externePhase aqueuse; sécrétion réflexe (V, et cholinergique)Voies lacrymales, évaporation, larmoiementEau, protéines, IgA, lysozyme, lactoferrine, cystatine, lipocalineProtection, nettoyage, dilution, élimination[82]
Glande de Meibomius; origine ectodermiqueTarse palpébralPhase lipidique; sécrétion constante et mécaniqueVoies lacrymalesCires, cholestérol estérifié, diglycérides, triglycérides, phospholipides, sels, chaînes hydrocarbonées, lipocaline, protéines lipoprotéines de transfert Pouvoir optique, barrière à l'évaporation[82]
Cellules caliciformes conjonctivales; origine ectodermiqueConjonctive bulbaire et prétarsalePhase mucineuse; sécrétion constante et réflexe cholinergiqueVoies lacrymalesGel muqueux et mucines libres composés de glycosaminoglycanesNeutralisation et élimination des germes, lubrification, régulation de pénétration [82]
Humeur aqueuseCellules épithéliales du corps ciliaire; origine neuroectodermique Procès ciliaireTranssudation puis excrétionVoie trabéculaire, 60-80 %
Voie uvéosclérale, 20-40 %
Composition métabolomique proportionnelle au sérum avec concentrations différentes de certains composés sans excéder un rapport de 1 à 5 (exemple : acide ascorbique ×2; glutamate-lactates ×4; acides aminés/2) Métabolisme et hydratation des tissus intraoculaires, pression intraoculaire, privilège immunitaire [83]
). De ce fait, leur interaction avec les médicaments varie dans le temps et selon les conditions de l'organisme à un instant donné.
Larmes
Les larmes sont le premier milieu avec lequel entre en contact un médicament instillé par voie topique. Elles se composent du film lacrymal de production basale homogène, auquel s'additionne une production lacrymale réflexe.
Le film lacrymal mesure 7 μm d'épaisseur. Bien que composées de 98,2 % d'eau, les larmes sont élaborées par trois structures distinctes qui produisent leurs trois composantes. Les paupières produisent la phase lipidique des larmes, qui est sécrétée par les glandes tarsales de Meibomius. L'expression lipidique est principalement déclenchée par la contraction orbiculaire et le clignement. Les lipides des larmes préviennent l'évaporation des larmes et assurent leur étalement sur l'aire cornéoconjonctivale. Les glandes lacrymales principale et accessoires produisent la phase aqueuse des larmes. En plus d'une production basale, elles sont sollicitées pour la sécrétion lacrymale réflexe. La phase aqueuse hydrate la cornée et la protège tout en nettoyant la surface oculaire. Enfin, les cellules caliciformes conjonctivales élaborent en permanence les mucines libres solubilisées dans la phase aqueuse qui en assurent sa consistance et les mucines membranaires épithéliales qui lient le film lacrymal aux microvillosités épithéliales cornéennes.
En plus des trois composantes de phase classiques, s'ajoutent dans la composition des larmes de nombreux autres solutés, en particulier des immunoglobulines, des cytokines, des facteurs de croissance, des électrolytes, des enzymes, des protéines actives, ainsi que des composantes cellulaires à compétence immune ou produits de desquamation. Les propriétés rhéologiques des larmes sont donc différentes d'un liquide purement aqueux et sont évolutives dans le temps [84]. La concentration des composés osmotiquement actifs ou non dans les larmes est d'environ 310 mEq. Le pH physiologique varie entre 7,1 et 7,5, principalement dépendant du milieu extérieur.
Le volume du film lacrymal est d'environ 7 μl [85]. En comparaison, celui d'une goutte varie entre 30 et 50 μl. L'élimination lacrymale a été évaluée autour de 16 % par minute [86]. Elle se fait par évaporation ou évacuation au travers des voies lacrymales vers les fosses nasales (fig. 1-8
Fig. 1-8
Modèle d'évacuation des larmes et de leurs composantes.
Les larmes s'évacuent par les voies lacrymales vers les fosses nasales (1), par évaporation et larmoiement (2). Une partie de leur contenu franchit la barrière épithéliale cornéenne et pénètre dans le globe oculaire (3). Enfin, une partie rejoint la circulation générale (4).
Source : Cyrille Martinet.
). Certains composés en solution dans les larmes peuvent franchir la barrière épithéliale cornéenne et ses jonctions serrées pour pénétrer les tissus oculaires. Leur pénétration intrastromale est approchée par le modèle très incomplet de la pénétration de la fluorescéine instillée dans les larmes et de sa diffusion dans le stroma. Le flux transépithélial cornéen a été estimé entre 0,05 nm/s à 0,32 nm/s chez l'humain in vivo [ 87 , 88]. Enfin, une partie des solutés lacrymaux est éliminée par larmoiement ou pénètre dans la circulation générale.
Le volume et la composition des larmes sont modulés physiologiquement par le milieu environnant, avec ses stimulations végétatives, nociceptives ou thermiques, ainsi que l'hygrométrie, la température, comme toutes les conditions influant sur l'évaporation ou encore les particules ambiantes. Au premier plan influent aussi le statut hormonal et l'âge du sujet, conditions qui se combinent à l'adolescence et à la ménopause par exemple.
Un défaut de qualité ou de quantité des larmes est responsable d'un syndrome sec, avec toutes ses complications potentielles.
Les larmes et le film lacrymal sont particulièrement sensibles aux modifications environnementales anormales (par exemple lentilles de contact, immersion, aérosols). De même, de nombreuses pathologies font varier le statut lacrymal. On citera de manière non exhaustive les pathologies générales inflammatoires, endocriniennes, les collagénoses, les pathologies immunoallergiques ou auto-immunes. Les affections locales jouent évidemment un rôle primordial. On évoque en premier lieu les blépharites et dysfonctions meibomiennes ainsi que les affections conjonctivales fibrosantes.
Puisque la sécrétion lacrymale est en partie contrôlée par le système végétatif, il faut mentionner le rôle majeur de certains composés chimiques dans la modulation de la production lacrymale. Les substances cholinergiques et anticholinestérasiques augmentent la production (acétylcholine, pilocarpine, curares, nicotine, etc.). À l'inverse, les substances à effet anticholinergique diminuent la production lacrymale (atropine, antidépresseurs, anxiolytiques, antiparkinsoniens, etc.) et créent un syndrome sec iatrogénique.
Humeur aqueuse
L'humeur aqueuse (HA) est composée d'eau et de produits dérivés du sang. Elle est produite au niveau des procès ciliaires du corps ciliaire. Elle provient du flux sanguin artériel issu du cercle artériel majeur de l'iris, irrigué par les artères ciliaires longues postérieures. À la jonction iridociliaire, s'opère la transition entre capillaires non fenestrés iriens et capillaires fenestrés ciliaires. Les capillaires fenestrés permettent l'exfiltration de protéines qui établissent une pression oncotique indispensable à la production d'HA. La pression artérielle ciliaire est estimée entre 70 et 100 mmHg selon la position, tandis que la pression veineuse est similaire à la pression intraoculaire (PIO). Au niveau capillaire, cela se traduit par un différentiel de pression artérioveineuse autour de 6 mmHg, en retenant des pressions artérielles aux alentours de 23 mmHg et veineuses de 17 mmHg pour une PIO normale moyenne de 15 mmHg [89]. L'estimation du flux de production de l'HA est de 2,75 μl/min [90 , 91]. Cela correspond au renouvellement d'un peu plus de 1 % de la chambre antérieure chaque minute. Le flux de production diminue environ de moitié entre la période diurne et la période nocturne [92 , 93].
Les produits dérivés du sang tels que les protéines, les ions, l'eau et les nutriments transitent dans le stroma ciliaire vers les cellules pigmentées puis non pigmentées du corps ciliaire sous les effets conjugués de la pression hydrostatique et oncotique. Ils pénètrent dans ces cellules par leurs jonctions étroites et des protéines transmembranaires, principalement les aquaporines 1 et 4. Ils en sont activement ultrafiltrés vers la chambre postérieure, en particulier par l'effet de pompe ionique (sodium/potassium et bicarbonate) basolatérale de l'épithélium ciliaire non pigmenté. L'épithélium ciliaire sécrète des composés qui s'ajoutent aux protéines plasmatiques, comme des glycosaminoglycanes entrant dans la structure vitréenne. La production épithéliale de l'HA est consommatrice d'énergie mitochondriale ADP/ATP-dépendante et est soumise pour une partie à l'activité de l'anhydrase carbonique. L'HA contient principalement des ions, du glucose, des antioxydants dont le glutathion, des hydrates de carbone, de l'urée, des acides aminés, des protéines, des immunoglobulines, des facteurs de croissance (par exemple VEGF, TGF), des enzymes (par exemple collagénases), les gaz physiologiques (azote, O 2 , CO 2) et de l'eau [94]. Les éléments de l'HA sont proches de ceux du plasma sanguin, mais en concentration différente. Par exemple, la concentration protéique est 200 fois moindre dans l'HA comparativement au plasma, celle du glucose au 4/5 es , alors que la vitamine C est 20 à 50 fois plus concentrée.
La production d'HA émane donc de la circulation sanguine vers la chambre postérieure par un triple mécanisme hydrostatique, oncotique et osmotique [93 , 95].
Le corps ciliaire est innervé par des contingents ortho- et parasympathiques, ainsi que par un contingent sensitif du V1 trijumeau. L'influence de cette innervation sur la production immédiate d'HA n'a pas été évaluée chez l'homme. On sait cependant que les variations circadiennes de production de l'HA ne semblent pas dépendantes du tonus végétatif, ni de l'imprégnation hormonale ou de mélatonine.
L'HA transite ensuite dans le globe oculaire :
  • d'une part vers la cavité vitréenne où elle participe à l'hydratation et au métabolisme du vitré;
  • d'autre part à travers la pupille vers la chambre antérieure (CA). Dans la CA, le courant physiologique passif d'HA s'oriente vers le bas dans la portion rétrocornéenne plus froide de la CA. Il s'oriente vers le haut dans la portion précristallinienne de la CA. On observe une convexion thermique intracamérulaire de l'HA [96]. L'HA pénètre passivement à travers l'endothélium cornéen. Elle hydrate, nourrit et purge le stroma cornéen de ses métabolites, avant d'être activement pompée en sens inverse vers la CA par les cellules endothéliales cornéennes.
Elle s'élimine ensuite avec un flux équivalent à sa production par deux voies :
  • la voie trabéculaire. Le trabéculum est le filtre naturel au travers duquel passe l'HA pour se collecter dans le canal limbique circonférentiel de Schlemm, puis s'évacuer dans les veines aqueuses radiaires du canal. L'HA se mélange ensuite dans le réseau veineux épiscléral auquel s'abouchent les veines aqueuses. Cette voie représente entre 40 et 80 % de l'évacuation totale de l'HA. Sa proportion augmente avec l'âge par réduction des autres voies de filtration. L'élimination trabéculaire normale de l'HA dépend de la bonne filtration trabéculaire, de la PIO et du flux veineux épiscléral;
  • la voie uvéosclérale [ 97]. Elle représenterait 50 à 20 % de la filtration totale de l'HA chez l'humain, selon que l'organisme est jeune ou âgé. L'HA infiltre les matrices extracellulaires au niveau de la racine de l'iris et dans l'espace suprachoroïdien. Avec l'âge, la filtration uvéosclérale diminue, de même que la production d'HA, alors que la résistance trabéculaire augmente. Cette filtration est très dépendante du nyctémère. Elle diminue de plus de 90 % dans le cycle nocturne [92].
Les voies trabéculaire et uvéosclérale s'associeraient en condition pathologique à un efflux supplémentaire au travers de néovaisseaux lymphatiques dans le corps ciliaire, alors qu'ils n'y sont pas présents en condition physiologique. Cela définirait alors une voie de filtration uvéolymphatique [98].
Sang, lymphe et barrières hémato-oculaires
Ces fluides circulent physiologiquement dans, et au travers de, l'iris, le corps ciliaire, la neurorétine, la rétine pigmentaire et la choroïde. À l'état physiologique, la cornée n'héberge pas de vaisseaux lymphatiques ou sanguins [ 99].
Entre le sang et les tissus oculaires s'interposent des barrières physiologiques, les barrières hémato-aqueuses antérieure et postérieure, et les barrières hématorétiniennes interne et externe [ 100]. Elles autorisent le passage de substances d'un compartiment à l'autre, mais les sélectionnent et les régulent.
Ces barrières sont matérialisées par :
  • des tight junctions intercellulaires qui régulent la perméabilité;
  • des transporteurs membranaires qui facilitent la diffusion en générant un gradient de concentration dont certains sont actifs, dépendant de l'ATP, à l'origine de gradient électrochimique, et d'autres passifs comme les aquaporines;
  • des phénomènes d'endocytose permettant la métabolisation des composés.
Les péricytes régulent aussi la perméabilité de la barrière hématorétinienne interne par transcytose, bien que ce mécanisme semble circonscrit à ces cellules pour les barrières hématorétiniennes [ 101 , 102].
Les barrières hémato-aqueuses (BHA) sont matérialisées d'abord par l'endothélium vasculaire des capillaires, puis par les épithéliums postérieurs iriens (BHA antérieure) et ciliaires (BHA postérieure). Les flux se font essentiellement par transcytose et perméabilité jonctionnelle sélective paracellulaire. Il n'existe pas d'obstacle significatif aux flux de molécules dans le stroma ou les muscles iriens antérieurs. Il faut noter que les capillaires ciliaires sont fenestrés au niveau du stroma ciliaire et irien, mais sont étanches et non fenestrés au niveau musculaire. Cela explique que la production d'HA soit localisée au niveau des procès ciliaires et non du muscle. Cela explique aussi qu'il existe une diffusion privilégiée des protéines dans le stroma ciliaire. Puisque l'épithélium postérieur ciliaire est étanche (BHA postérieure), les protéines diffusent préférentiellement vers la chambre antérieure. Le gradient osmotique participerait ainsi au flux aqueux de la chambre postérieure vers de la chambre antérieure [ 103].
Les barrières hématorétiniennes (BHR) protègent la rétine des stress métabolique et oxydatif.
La BHR interne est l'obstacle représenté par l'endothélium, les muscles lisses et les péricytes gliaux des vaisseaux rétiniens qui nourrissent les deux tiers internes de la rétine [104]. La BHR interne est proche de celle observée au niveau hémato-encéphalique, bien que plus perméable. Les cellules qui la composent sont réactives aux hormones, cytokines, facteurs de croissance, substances vasoactives et à certains métabolites comme le lactate. Sa perméabilité dépend donc fortement du micro-environnement.
La BHR externe est l'obstacle représenté par trois structures de perméabilité croissante de l'intérieur vers l'extérieur :
  • les cellules de l'épithélium pigmentaire rétinien réunies par des tight junctions [105];
  • la membrane de Bruch [ 106];
  • la couche choriocapillaire avec ses capillaires sanguins fenestrés [107].
Tissus oculaires
Origine
La cornée possède des origines embryologiques différentes selon ses couches. L'épithélium est d'origine ectodermique. Le stroma matriciel est d'origine mésodermique, comme les tissus musculaires intraoculaires iriens et ciliaires. Cependant, les kératocytes et l'endothélium sont dérivés de cellules devenues mésenchymateuses, mais provenant à l'origine des crêtes neurales, donc initialement neuro-ectodermiques.
Le trabéculum partage la même origine embryologique que l'endothélium. Il faut cependant comprendre que la formation du canal de Schlemm et des procès ciliaires est sous l'influence directe des vaisseaux hyaloïdiens primitifs qui forment une tunique capillaire éphémère péricristallinienne.
Le cristallin est d'origine ectodermique par invagination vésiculée (vésicule cristallinienne). Ces cellules et fibres sont donc de nature épithéliale.
Le vitré est d'origine mésenchymateuse, structuré lui aussi par la présence des vaisseaux hyaloïdiens primitifs provenant de la tige neurale à travers l'espace primitif lentorétinien.
Les vaisseaux neurorétiniens sont d'origine mésoblastique, progressivement entourés par le neuroectoderme de la tige optique pour former les vaisseaux hyaloïdiens primitifs, puis les veines et artères rétiniennes. Les deux feuillets rétiniens internes (neurorétine) et externes (épithélium pigmentaire [EP]) sont les parois des pôles médial et latéral de la vésicule optique qui se rejoignent en s'incurvant et s'allongeant en cupule optique. L'EP est donc un « neuroépithélium». La choroïde est issue de cellules mésodermiques, dérivant elles aussi des crêtes neurales dans le mésenchyme à la face externe de la cupule optique.
La fermeture de la fissure de la tige optique vers la rétine et vers le cerveau constituera le futur nerf optique. Cependant, la lumière de la tige optique garde sa continuité initiale avec la cavité de la vésicule optique et la cavité neurale. Cela formera in fine l'espace sous-rétinien, et expliquera la continuité des gaines neuro-optiques avec les espaces ventriculaires cérébraux.
Le tissu musculaire intraoculaire du stroma ciliaire, le sphincter constricteur et le dilatateur pupillaire sont issus de la cupule optique d'origine neuroectodermique. Le muscle constricteur ciliaire, lui, est d'origine mésodermique environnante. Les muscles extraoculaires sont dérivés des somites neuroectodermiques, ce qui explique leur innervation dépendante de nerfs crâniens. Comme ils sont issus de somites différents, les nerfs crâniens qui les commandent sont multiples.
La sclère est d'origine mésoectodermique, constituée progressivement par les cellules provenant de la crête neurale céphalique, à l'instar des os de la face.
Structure, composition et physiodynamique
L'œil est la somme de tissus et de milieux de natures particulièrement variées dont chacun possède ses cellules spécifiques et ses propre composantes. Si ses parois sont principalement constituées de collagène et de glycosaminoglycanes, la cornée, la conjonctive/Tenon, le cristallin, l'iris, le corps ciliaire, la rétine, la choroïde ou le vitré se distinguent totalement dans leur structure, leur épaisseur et leur composition (fig. 1-9
Fig. 1-9
Rapport d'épaisseurs entre la cornée, la conjonctive, la sclère et le complexe choriorétinien, représentés à la même échelle.
).
Conjonctive
La conjonctive représente les 4/5 es de la surface oculaire. Elle est formée de plusieurs couches cellulaires. À l'extérieur, ses cellules superficielles pavimenteuses partagent la surface avec des cellules caliciformes à mucus. On estime la densité épithéliale autour de 2300 cellules conjonctivales /mm 2 et environ 150 à 300 cellules caliciformes/ mm 2 [ 108 ]. Les cellules progénitrices conjonctivales sont localisées principalement aux fornix (culs-de-sac) [109]. Les couches moyennes pavimenteuses conjonctivales contiennent de nombreux lymphocytes dont la densité varie entre 8 et 165 cellules/mm, majoritairement CD8, et des plasmocytes. On y recense aussi des fibrocytes, des mélanocytes et des cellules de Langerhans. Au sein de l'épaisseur conjonctivale et aux marges palpébrales se trouvent des glandes lacrymales accessoires. À l'intérieur de l'épithélium conjonctival, les cellules basales sont très adhérentes à leur membrane basale grâce à des protéines d'adhésion. L'épithélium conjonctival possède des glycoprotéines transmembranaires et des canaux qui favorisent les messages et échanges intercellulaires. À sa surface, s'expriment de nombreux récepteurs, dont ceux des hormones stéroïdiennes. Il recouvre un tissu chorial lâche qui est constitué de fibroblastes, et d'une trame de soutien faite de fibres élastiques, de collagènes de types I et III et d'électrolytes. Y cheminent de nombreux vaisseaux sanguins issus du réseau ciliaire antérieur, des nerfs végétatifs amyéliniques, des nerfs sensitifs trigéminés et un important réseau lymphatique de tous diamètres. Le diamètre moyen d'un vaisseau sanguin conjonctival et de 30,4 ± 8,4 μm [ 110], mais 5 % des vaisseaux dépassent 120 μm de diamètre et la moitié mesurent moins de 8 μm. Le flux sanguin conjonctival bulbaire est estimé à 0,50 ± 0,15 mm/s de base. Il augmente d'environ 10 % en cas d'irritation locale [111]. L'instillation d'un composé sur la surface oculaire ne persiste que pour 10 % de son volume initial pendant 2 à 6 minutes, le reste étant éliminé [ 112]. L'absorption du composé est principalement effectuée dans les culs-de sac conjonctivaux, où s'exerce l'activité la plus intense de transport ionique et hydroélectrolytique [113].
Cornée
La cornée externe est le siège des échanges entre le liquide lacrymal et l'épithélium cornéen. Dans les larmes, les substances hydrophiles se solubilisent et sont en contact avec l'épithélium cornéen. À l'opposé, la membrane plasmique des cellules épithéliales, composée de phospholipides, est donc lipophile. La pénétration des substances lipophiles est favorisée. Les cellules épithéliales, agencées en multiples couches comme pour la conjonctive, sont jointes par une jonction serrée, avec des protéines d'adhésion ZO-1 et ZO-2 étanches et continues. Les échanges se font donc principalement par passage actif paracellulaire, transcytose et endocytose médiée par transporteurs. Lorsque l'épithélium est lésé, dans le cadre d'une toxicité iatrogène ou à l'extrême par un ulcère par exemple, le passage des composés devient anormalement passif. L'enchevêtrement du collagène des membranes basale épithéliale et endothéliale (membrane de Descemet) ainsi que la couche de Bowman n'est pas un obstacle à la pénétration cornéenne des composés. Le stroma cornéen, lui, est hydrophile. À la face interne de la cornée, la couche endothéliale laisse passer passivement l'HA vers le stroma au travers de jonctions serrées qui sont discontinues, donc perméables. La pompe osmotique endothéliale attire activement l'HA dans le sens inverse, assurant la déturgescence permanente de la matrice stromale [ 114]. En vieillissant ou par dysfonction génétique, l'endothélium peut perdre son efficacité de déturgescence.
Iris
L'iris antérieur est composé de cryptes à la surface desquelles sont disposés des fibroblastes. Leur distribution irrégulière laisse passer les éléments cellulaires du compartiment sanguin dans certaines zones, mais seulement les molécules plasmatiques dans d'autres. Le corps irien, ou stroma, est composé de collagène fibrillaire, de fibroblastes sans mélanine ou avec (chromatophores), de macrophages pigmentés, et parcouru par de nombreux vaisseaux et nerfs. Dans sa partie antérieure périphérique se trouve le muscle dilatateur de l'iris, avec ses myofibrilles disposées en faisceau radiaire. Dans sa partie plus postérieure centrale, on observe le muscle lisse du sphincter irien et ses fibres nerveuses myélinisées. La partie moyenne du stroma est gorgée d'HA. L'iris postérieur est tapissé d'une monocouche cellulaire très pigmentée, unie par de nombreux desmosomes et des jonctions serrées, et qui repose sur une membrane basale. La vascularisation irienne est riche. Elle alimente aussi par un réseau anastomotique le corps ciliaire et la choroïde périphérique. Ses capillaires ne sont pas fenestrés. Le sang veineux chemine dans le corps ciliaire et se jette dans le réseau vortiqueux. Avec le temps, la densité cellulaire irienne et la pigmentation diminuent.
Cristallin
Le cristallin est constitué de fibres épithéliales cristallinienne qui perdent leur noyau et leurs organites dans leur processus de maturation. Celles-ci contiennent une phase protéique de cristallines particulièrement concentrées (0,32 g.ml −1) et de protéines chaperonnes qui les préserve de l'agrégation, les heat shock proteins . Des protéines filamenteuses, CP49 et CP115, participent au maintien de l'architecture cristalline en lien avec les parois fibrillaires, et filtrent les longueurs d'ondes entre 295 nm et 400 nm, dans les UV. De nombreux échanges se font entre le cristallin et l'HA afin de satisfaire la balance métabolique des fibres et de gérer le stress oxydant. Ces flux sont possibles grâce aux connexines, dont les aquaporines 0, 1 et 5 [ 115]; elles établissent une réseau microtubulaire de canaux transmembranaires intercellulaires. En particulier, les cellules cristalliniennes produisent des composés antioxydatifs circulant, comme la glutathione S-transférase, les protéines de classes p et a, l'aldolase, le GRP78, la péroxirédoxine. Au cours du vieillissement, l'oxydation locale augmente, les protéines changent de conformation et s'agrègent. Leur phase libre diminue de 12 % par an, ce qui augmente les phénomènes diffractifs [116]. Dans le cas du diabète, le Ca 2+ et le sorbitol s'accumulent dans le cristallin et précipitent la cataractogenèse. Lorsque les récepteurs aux glucocorticoïdes sont surstimulés, par exemple avec une corticothérapie chronique, le métabolisme des fibres change. Leur prolifération est accélérée, tandis que l'élimination de leurs organites est inhibée. Il se constitue une cataracte polaire postérieure (« sous-capsulaire postérieure»).
Vitré
Le vitré est un tissu viscoélastique lâche qui remplit la cavité postérieure du globe oculaire. Il se compose principalement d'HA, c'est-à-dire surtout d'eau (entre 98 et 99,7 %), de collagène de type 2, de glycosaminoglycanes dont l'acide hyaluronique (65 à 400 mg/ml) [ 117]. Il comporte quelques cellules fibroblastiques, les hyalocytes. Il possède des adhérences focales avec les pieds des cellules de Müller qui forment la limitante interne. Il possède une osmolalité autour de 290 mOsm/kg [118]. Il semble que sa composition chez l'humain soit assez différente de celle des animaux couramment disponibles pour l'analyse. Il agit comme une substance réservoir physiologique, en particulier pour l'oxygène rétinien, le glucose, la vitamine C (acide ascorbique), de nombreuses cytokines, des facteurs de croissance, etc. Il a aussi une fonction d'évacuation des déchets métaboliques des tissus adjacents. Il est composé du spectre général des constituants ioniques, métalliques et protéiques de l'HA ou du sang dans des proportions différentes, mais relativement proportionnelles. Par exemple, sa concentration en glucose augmente au cours de l'hyperglycémie, en lactate au cours de l'ischémie ou des périodes postopératoires, de potassium après le décès. Sa consistance évolue avec l'âge de l'œil. Très cohésif chez l'enfant, il se liquéfie progressivement en son centre tandis que sa périphérie devient plus dense et fibrillaire.
Rétine
La rétine comporte deux feuillets : un feuillet neurosensoriel, la rétine neurosensorielle (RNS), et un feuillet pigmentaire, l'épithélium pigmentaire (EP). La RNS est constituée de plusieurs types cellulaires [ 119] : les photorécepteurs (environ 100 millions) composés de cônes et de bâtonnets, les cellules bipolaires, les cellules horizontales ganglionnaires et associatives et les cellules amacrines. Ce feuillet de RNS est parcouru par les fibres optiques des cellules neurorétiniennes, organisées en plusieurs couches denses et parcourues par les vaisseaux intrarétiniens. Les jonctions endothéliales des capillaires rétiniens sont serrées et ils sont entourés d'une glie variable selon qu'ils sont superficiels ou profonds. Bien plus qu'un support biomécanique à la RNS, les cellules gliales rétiniennes que sont les cellules de Müller, l'astroglie et les cellules microgliales participent à l'homéostasie de la RNS et à son fonctionnement au travers d'échanges intenses. Les cellules de Müller et les photorécepteurs sont liés par des desmosomes et des jonctions adhérentes pour former la « membrane» limitante externe. Leur pieds sont en contact les uns avec les autres, formant la « membrane» limitante interne. La membrane limitante interne représente un obstacle entre le vitré et la RNS [ 100]. Les barrières à la pénétration transrétinienne des composés ont été exposées dans le paragraphe traitant des fluides. Les deux principaux facteurs de pénétration transrétinienne d'un composé sont son poids moléculaire et sa lipophilie. La macula possède le privilège d'une zone avasculaire « centrale», d'une disposition anatomique différente du reste de la RNS ainsi que d'un soutien glial spécifique. Enfin, l'EP, feuillet externe rétinien, est une monocouche de cellules réunies par des jonctions serrées étanches. Il possède de nombreux canaux ioniques lui conférant, à l'instar de l'endothélium cornéen, un rôle de pompe osmotique. Il contient une importante concentration en mélanine et de nombreux organites. En plus de ses fonctions physique et dans la transduction du signal visuel, il joue un rôle intense métabolique, antioxydatif et de phagocytose.
Chroroïde
La choroïde possède une structure adaptée à ses quatre principales fonctions : la nutrition rétinienne, sa thermorégulation, l'adaptation positionnelle du point focal maculaire et la production de facteurs de croissance [ 120]. Son épaisseur physiologique varie entre 300 et 500 μm, diminuant avec l'âge ou certains génotypes, dont celui de la myopie forte. Elle est constituée majoritairement par un réseau vasculaire. On distingue schématiquement deux plans de vaisseaux larges et moyens dans son stroma. Les artères (50-100 μm de calibre) et artérioles choroïdiennes communiquent par des artérioles nourricières et des veinules avec la couche choriocapillaire, la plus interne. La choriocapillaire est faite d'anastomoses hexagonales de capillaires fenestrés. Elle est constituée d'une à deux couches de capillaires périphériques épais de 15–30 μm de diamètre et quatre à cinq couches centrales, organisée en lobules de 300 à 1000 μm de surface avec un drainage veineux centrifuge [121]. La perméabilité de ces capillaires est 50 fois supérieure à celle des capillaires musculaires [122]. Le réseau choriocapillaire est maintenu structurellement par des colonnes collagènes tendues entre son rapport interne, la membrane de Bruch, et son rapport externe, la couche des vaisseaux moyens. La vitesse de circulation choriocapillaire des hématies est réduite au trois-quarts seulement de celle des vaisseaux rétiniens en raison de sa surface cumulée plus vaste. La choroïde est cependant le siège d'une circulation sanguine particulièrement intense. Le flux sanguin total rétinien varie entre 30 et 80 μl/min selon les méthodes de mesure employées [123]. L'OCT-Doppler, qui semble fiable en comparaison avec des mesures expérimentales fiables mais invasives sur primates, propose des valeurs similaires entre 30 et 50 μl/min pour des calibres vasculaires jusqu'à 30 μm. La vitesse artérielle globale des hématies est estimée de 7 à 35 mm/s, tandis que la vitesse intracapillaire des leucocytes est estimée autour de 0,3 à 1,5 mm/s [ 124]. Les vitesses veineuses varient considérablement selon le calibre luminal. Les flux varient aussi selon l'aire choroïdienne ou choriocapillaire étudiée. Le stroma choroïdien héberge des mélanocytes, des fibroblastes et les cellules musculaires lisses périvasculaires. La matrice non vasculaire du stroma contient des fibres de collagène, des fibres élastiques et des protéoglycanes de structure au milieu de lacunes lymphatiques. À l'opposé de la choriocapillaire, la couche la plus externe est le réseau suprachoroïdien. Il en contact avec la sclère interne. L'innervation choroïdienne est à la fois vasomotrice, faite de plexus végétatifs ortho- et parasympathiques, et sensorielle trigéminée qui participe aussi à moduler le flux sanguin.
Sclère
La sclère représente 22 % de la paroi du globe oculaire, la cornée complétant le reste. Son épaisseur varie significativement de 300 μm en arrière des insertions musculaires à 1 mm autour du nerf optique. Elle est principalement constituée de collagène 1 organisé en matrice multilamellaire grâce à des glysosaminoglycanes (GAG), de fibres élastiques et de quelques fibroblastes et fibrocytes parfois pigmentés [ 125]. Avec l'âge, les GAG se densifient et les fibres élastiques de raréfient. La densité en collagène peut diminuer, en particulier dans la forte myopie. La sclère n'est pas un obstacle en soi à la pénétration des composés. Elle permet chez le porc une diffusion passive de composés de grande taille, de son pôle postérieur à la périphérie, principalement dépendante de son épaisseur [ 126]. La cornée, en comparaison, est 10 fois moins perméable aux molécules de taille moyenne (entre 200 et 1000 kDa) que ne l'est la sclère, et 2 fois moins que la conjonctive [84].
Conclusion
L'œil se décompose en milieux liquides et en milieux solides viscoélastiques dont la structure histologique et biochimique impacte très différemment le comportement pharmacocinétique et pharmacodynamique des composés thérapeutiques. Cela explique pourquoi chaque voie d'administration, chaque posologie, chaque propriété physicochimique d'un composé et chaque quantité administrée d'un agent thérapeutique possèdent une action différente vis-à-vis de chaque tissu oculaire.
1.5. Les transporteurs et leur influence sur la pharmacologie oculaire

F. Behar-Cohen

Généralités
Les mécanismes d'absorption, de distribution et d'excrétion des médicaments font généralement intervenir des transporteurs transmembranaires permettant le passage des molécules au travers des différents compartiments de l'organisme. Ils peuvent favoriser l'entrée dans un compartiment (on parle d'influx), ou au contraire favoriser la sortie (on parle alors d'efflux). L'activité de ces transporteurs peut influencer l'efficacité thérapeutique et/ou la toxicité des médicaments et être impliquée dans des interactions médicamenteuses. Plus de 15 % des gènes du génome humain codent pour environ 4500 transporteurs membranaires. Les transporteurs transmembranaires sont des protéines membranaires qui assurent le passage de xénobiotiques (médicaments) à travers une membrane plasmique ou les membranes des organites intracellulaires. Un transporteur prend en charge plusieurs substrats endogènes ou des xénobiotiques et un substrat peut être transporté par plusieurs transporteurs. Il y a donc une redondance et une faible spécificité par rapport au substrat. Chaque tissu exprime un ensemble de transporteurs qui le caractérisent et reflètent sa fonction. Dans les cellules polarisées, la distribution des transporteurs est fortement régulée et spécifique du pôle apical ou basolatéral.
Les transporteurs de médicaments sont rattachés à deux superfamilles : les transporteurs SLC ( solute carriers ) et les transporteurs ABC ( ATP binding cassette ) (fig. 1-10
Fig. 1-10
Représentation schématique des différents types de transports transmembranaires.
).
Transporteurs SLC
Les SLC assurent une diffusion passive facilitée de molécules hydrophiles, et le transport actif secondaire couplé à des ions ou des métabolites selon leur gradient, soit dans une seule direction (symport), soit dans les deux directions (antiport). Les transporteurs ABC assurent un transport ATP-dépendant.
Les SLC comportent 458 protéines classées en 65 familles [127] (tableau 1-2
Tableau 1-2
Les différents transporteurs de médicaments de la famille SLC (solute carriers) et leurs substrats.
Type de SLCNomSubstrat
SLC 1A1EEATGlutamate
SLC 2A1 à 11GLUT1 à 11Hexoses
SLC 5A1/A2SGLT ½Hexoses
SLC 7AsL, A, N, etc.Acides aminés
SLC 15A1/A2PEPT1/T2Di-tripeptides
SLC 16A1 à 6MCT1 à 6Acides carboxyliques
SLC 21As (SLC0)OATPAnions organiques
SLC 22AsOATAnions organiques
SLC 22AsOCT, OCTN1/2Cations organiques
SLC 29AsENTNucléosides
). Ce sont des transporteurs physiologiques pour les ions, les sucres, des acides aminés, des vitamines, des nucléotides, des métaux, des ions inorganiques, des anions organiques, des oligopeptides et des médicaments, mais qui n'utilisent pas d'ATP. Ces protéines agissent comme des transporteurs facilitateurs passifs ou des transporteurs actifs secondaires au travers des membranes cellulaires. Le transport « facilitant passif» fait référence au passage d'une seule molécule dans une direction thermodynamiquement favorable. Le transport actif secondaire couple le passage de deux substances ou plus. L'un des substrats suit son gradient électrochimique, ce qui fournit l'énergie libre pour entraîner le transport du ou des autres substrats. Ces transporteurs actifs secondaires peuvent être soit des symporters , qui transportent leurs substrats dans la même direction, soit des antiporters , dans lesquels les substrats traversent la membrane dans des directions opposées.
Les transporteurs OATP, OAT et OCT ont pour substrat des médicaments tels que les statines, les sartans, des antiviraux, le méthotrexate et des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).
Transporteurs ABC
Les transporteurs ABC utilisent l'ATP comme source d'énergie pour effectuer le transport. La famille des transporteurs ABC humains comprend 48 membres répartis en sept sous-familles. Parmi les transporteurs ABC, les membres des sous-familles ABCB, ABCC et ABCG effluent une large variété de médicaments et de métabolites de médicaments hors des cellules. Le transporteur ABC de médicaments le plus étudié est l'ABCB1, connu sous le nom de protéine 1 de résistance aux médicaments multiples (MDR1) ou de glycoprotéine P (P-gp). ABCB1 induit l'efflux de nombreux médicaments tels que des anticancéreux (doxorubicine, paclitaxel, vincristine), des antibiotiques (érythromycine), des immunosuppresseurs (ciclosporine et tacrolimus), des anti-inflammatoires (dexaméthasone, colchicine), des inhibiteurs calciques (vérapamil), des antalgiques (morphine, oxycodone, méthadone), des antiprotéases du VIH, etc. Certains médicaments inhibent la P-gp tels que le vérapamil, la quinidine, le tamoxifène, la chlorpromazine, le kétoconazole. Il existe par ailleurs des polymorphismes génétiques de la P-gp qui sont responsables de variations pharmacocinétiques.
D'autres transporteurs ABC sont impliqués dans la translocation d'une grande variété de médicaments. Il s'agit notamment des protéines associées à la multirésistance ( multidrug resistance-associated proteins [MRP]; membres de la sous-famille ABCC) et de la protéine de résistance au cancer du sein (BCRP; ABCG2). Comme leur nom l'indique, ces transporteurs ont été associés à la résistance aux médicaments dans les cellules cancéreuses, où ils sont souvent surexprimés. Cependant, ces transporteurs sont aussi largement exprimés dans les tissus sains. En fonction de la localisation des transporteurs dans ces cellules polarisées, ils peuvent affecter l'élimination des médicaments en faisant passer les médicaments et leurs métabolites des cellules dans la lumière intestinale, la bile ou l'urine, ou encore dans la circulation sanguine.
De plus, MDR1 et BCRP sont tous deux exprimés dans l'endothélium capillaire de la barrière hémato-encéphalique, où ils empêchent l'entrée des médicaments dans le cerveau.
Contrairement aux transporteurs ABC humains, qui sont tous des transporteurs d'efflux, les protéines SLC aident principalement à l'absorption cellulaire des médicaments.
L'effet de l'activité des transporteurs sur la biodisponibilité oculaire des médicaments n'est pas bien compris, même si l'expression des transporteurs oculaires a fait l'objet de nombreuses études. Presque toutes les études sur la pharmacocinétique des médicaments oculaires sont réalisées chez les animaux, principalement chez les lapins et les rongeurs, mais l'expression des transporteurs et la reconnaissance des substrats peuvent différer d'une espèce à l'autre (tableau 1-3
Tableau 1-3
La superfamille des protéines ABC*.
Composée de sept familles de transporteurs dont une cinquantaine de « membres» ont été identifiés.
NomsABCAABCBABCCABCDABCEABCFABCG
Anciens nomsABC1MDR
P-gp
MRPALDOABPGCN20BCRP
Membres1411134135
).
Transporteurs dans les tissus de la surface oculaire
Cornée
Plusieurs transporteurs de médicaments sont présents dans l'épithélium cornéen avec des variations selon les espèces. Chez l'homme, MRP1, 2, 4 et 5 et BSRP, MCT1 et 4 sont présents.
Dans des études chez l'animal, MDR1 et 2 jouent un rôle sur l'efflux de médicaments instillés. L'impact de MDR1 et MDR2 sur la pénétration transcornéeene de l'érythromycine a été déterminé grâce à l'utilisation d'inhibiteurs connus de MDR1 (testostérone, ciclosporine, quinidine et vérapamil), qui augmentent les taux d'érythromycine de 2 à 5 fois dans l'humeur aqueuse [ 128]. Les taux d'acyclovir sont aussi augmentés par des inhibiteurs de MRP2 et 5, démontrant le rôle d'efflux de ces transporteurs [ 129]. Tous les analogues de la prostaglandine et leurs formes acides libres sont des substrats de MRP1, MRP2 et MRP5. Le bimatoprost interagit également avec la P-gp. Le bimatoprost et le travoprost auraient une affinité similaire mais plus élevée pour les pompes d'efflux que le latanoprost, suggérant une possibilité de moduler les pompes d'efflux pour augmenter leur biodisponibilité [130].
Peu d'études ont démontré la fonctionnalité des transporteurs d'influx, pourtant exprimés dans l'épithélium de la cornée. La perméabilité de l'acide benzoïque était 12 fois plus élevée dans la direction de l'épithélium vers l'endothélium que dans la direction opposée dans des cornées de lapin isolées. Cette directionnalité, réduite par l'acide valproïque, indique un transport médié par les transporteurs MCT1 et MCT4, détectés dans les cellules épithéliales cornéennes humaines et de lapin. Le transport actif d'acides aminés (L-alanine, L-phényl alanine et L-arginine) et d'acides nucléiques a été démontré dans des cornées isolées, indiquant l'existence probable de transporteurs d'acides aminés fonctionnels [131]. La technologie des promédicaments modifie les médicaments d'origine qui sont des substrats des protéines d'efflux ou pour utiliser un transport d'influx. Une augmentation de 12 fois a par exemple été observée lorsque les transporteurs d'acides aminés et de peptides dans la cornée ont été ciblés pour l'administration du promédicament d'ester dipeptidique du ganciclovir [ 132].
Cependant, il faut noter que les médicaments ophtalmiques appliqués par voie topique ont une perméabilité passive très faible, suggérant que la modulation des transporteurs d'influx n'a qu'une influence globale mineure sur l'absorption cornéenne des médicaments [133].
Conjonctive
L'expression de MDR1 a été confirmée sur la face apicale de la conjonctive (fig. 1-11
Fig. 1-11
Différents transporteurs présents dans la conjonctive et la cornée.
Les protéines d'efflux MDR1 et MRP1 sont présentes dans la conjonctive, et MDR1 et MRP1, 2, 4 et 5 sont présents dans la cornée. Les transporteurs MCT, PEPT1 et OCT3 sont identifiés dans la cornée.
Source : Cyrille Martinet.
). Les substrats de MDR1, la ciclosporine A et le propranolol, ont montré un transport 2 à 9 fois plus élevé dans la direction basolatérale-apicale que dans la direction opposée dans les cellules primaires de conjonctive de lapin. Des transporteurs d'acides aminés et de dipeptides sont également présents dans l'épithélium conjonctival. Une absorption active de L-carnosine a été observée dans des cellules épithéliales conjonctivales primaires de lapin en culture, avec une absorption 5 fois plus élevée à partir du côté apical des cellules, mais la protéine responsable du transport n'a pas été identifiée [ 134].
L'impact du transport actif dépend de plusieurs facteurs, tels que l'affinité envers le substrat du médicament (Km), la concentration du médicament dans les larmes ou dans l'humeur aqueuse, le taux de perméation passive du médicament et le niveau d'expression du transporteur.
Dans l'ensemble, l'impact clinique du transport actif sur la perméabilité cornéenne aux médicaments in vivo semble être assez faible.
Transporteurs dans la barrière hémato-aqueuse
La barrière hémato-aqueuse se compose de l'endothélium capillaire de l'iris et des vaisseaux du muscle ciliaire, ainsi que des couches de cellules épithéliales non pigmentées du corps ciliaire et de l'iris postérieur.
Les transporteurs d'efflux (MDR1, MRP) situés au niveau de la membrane apicale de la couche cellulaire de l'épithélium non pigmenté du corps ciliaire participent au maintien de la barrière oculaire (voir chapitre 1.3 ) (fig. 1-12
Fig. 1-12
Différents transporteurs présents dans l'uvée antérieure.
EP : épithélium pigmentaire; ENP : épithélium non pigmenté du corps ciliaire.
Source : Cyrille Martinet.
). Ils empêcheraient les médicaments et autres xénobiotiques qui diffusent à partir des capillaires ciliaires fenêtrés de traverser la couche épithéliale.
Chez le lapin, la distribution dans l'humeur aqueuse de rhodamine 123 administrée par voie intraveineuse a été nettement augmentée par l'administration topique de quinidine, un inhibiteur de MDR1, de manière dose-dépendante [ 136]. L'implication de la protéine d'efflux MDR1, prédite par l'utilisation de ses inhibiteurs (quinidine, vérapamil et digoxine), a été confirmée par des études pharmacocinétiques menées sur des rats invalidés génétiquement pour le gène Mdr1 [137]. D'autres protéines d'efflux sont exprimées et sont actives dans l'épithélium ciliaire, comme cela a été montré par des étude in vitro et ex vivo. En particulier, Mrp2, Mrp4, Bcrp, Oat1 ( organic anion transporter ) et Oat3 sont fonctionnels dans l'épithélium ciliaire non pigmenté et contribuent à la barrière hémato-aqueuse [138].
Des transporteurs d'influx d'anions organiques (OATP) forment une famille de transporteurs d'influx importants pour la pharmacocinétique de médicaments comme les statines et la ripaglidine, car des polymorphismes génétiques dans les gènes codant pour ces protéines sont associés à des variations de réponse aux traitements [139]. Plusieurs types d'OATP (1A2, 1C1, 2B1, 3A1 et 4A1) ont été identifiés dans l'épithélium du corps ciliaire (pigmenté et non pigmenté) chez l'homme, mais leur rôle exact est encore méconnu [ 140].
Transporteurs dans la rétine neurale
Les transporteurs d'absorption qui pourraient potentiellement affecter l'accumulation des médicaments dans les cellules ont été détectés dans différents types de cellules de la rétine neurale. Chez l'homme, la BCRP ( breast cancer resistant protein ) a été identifiée dans la couche des fibres nerveuses, tandis que MRP1 et MRP5 n'ont pas pu être détectés dans la rétine neurale [141]. L'expression des transporteurs d'anions organiques OATP1A2, OATP1B3 et OATP2B1 et du transporteur de cations organiques OCT3 a été étudiée dans des tissus humains par immunohistochimie [140 , 141]. OCT3 est exprimé dans les photorécepteurs et OATP1A2 a été trouvé à la fois dans la membrane plasmique des corps des photorécepteurs dans la couche nucléaire externe et dans la couche nucléaire interne, où il est très probablement exprimé dans le soma des cellules amacrines, ainsi que dans la couche des cellules ganglionnaires. OATP1B3 n'a pas été détecté, mais OATP2B1 a été localisé dans les processus proximaux des cellules amacrines dans la partie la plus interne de la couche nucléaire interne et dans les processus neuronaux de la couche plexiforme interne. Chez le rat, deux orthologues d'OATP1A2, Oatp1a4 et Oatp1a5, ont été détectés dans la couche nucléaire interne et les cellules ganglionnaires ainsi que dans les couches plexiforme interne et des cellules ganglionnaires, respectivement [142]. Le transporteur d'acides aminés neutres, LAT1, est exprimé dans les cellules ganglionnaires et les cellules de la couche nucléaire interne [143].
Les transporteurs de monocarboxylates, ou MCT, sont une famille de transporteurs membranaires plasmiques qui transportent des molécules ayant un groupe carboxylate, telles que le lactate, le pyruvate et les cétones, à travers les membranes biologiques. Le transporteur de monocarboxylate Mct1 a été trouvé dans la rétine neurale des rats, dans les microvillosités des cellules de Müller et dans les segments internes des photorécepteurs, alors que Mct2 a été localisé dans les couches plexiformes interne et externe [144-145-146]. Ces transporteurs jouent un rôle essentiel dans le métabolisme de la rétine et dans l'homéostasie des micro-environnements contrôlés des différentes couches de la rétine. Leurs rôles dans le transport ou l'accumulation de médicaments ou substances toxiques dans des cellules de la rétine sont peu connus.
Transporteurs dans la barrière hématorétinienne
Protéines exprimées dans les cellules constituant les barrières
Plusieurs pompes d'efflux ont été caractérisées au niveau de l'endothélium des vaisseaux rétiniens, étant des éléments constituants de la barrière hématorétinienne. Par ailleurs, les transporteurs d'influx basolatéraux pourraient améliorer l'absorption de médicaments substrats de la circulation systémique, et pourraient être ciblés pour délivrer des médicaments pour traiter les maladies de la rétine.
Les données sur l'expression de MDR1 au niveau des barrières hématorétiniennes sont à interpréter en fonction du contexte clinique. Récemment, une étude a été réalisée chez l'homme, utilisant des scanners TEP (tomographie par émission de positons) pour déterminer l'absorption oculaire du vérapamil, un substrat de MDR1 [147]. Si le rôle de MDR1 sur le transport à travers la barrière hématorétinienne est indéniable, sa signification clinique est faible et l'inhibition de MDR1 a un effet moindre sur la distribution rétinienne que sur la distribution cérébrale, tant chez les rongeurs que chez les humains [ 135] (fig. 1-13
Fig. 1-13
Transporteurs connus au niveau de la barrière hématorétinienne interne vasculaire et des cellules de l'épithélium pigmentaire qui constituent la barrière hématorétinienne externe.
Le sens des flèches indique le sens du transport. Les transporteurs dont la localisation membranaire n'est pas connue sont représentés au niveau intracellulaire. MLI : membrane limitante interne; CFN : couche des fibres nerveuses; CCG : couche des cellules ganglionnaire; CPI : couche plexiforme interne; CNI : couche nucléaire interne; CPE : couche plexiforme externe; CNE : couche nucléaire externe; MLE : membrane limitante externe; EP : épithélium pigmentaire de la rétine; CHOR : choroïde.
Source : Cyrille Martinet, d'après [135].
).
BCRP ne semble pas avoir une grande influence clinique pour la distribution oculaire des médicaments, car les souris knockout Bcrp ou l'inhibition de Bcrp n'ont pas entraîné une augmentation du taux d'entrée d'un substrat étudié de Bcrp, la mitoxantrone [148].
La présence et l'impact des MRP ( multidrug resistance-associated proteins ) au niveau de la barrière hématorétinienne sont plus clairs. La phamacocinétique de la fluorescéine, qui est un substrat des MRP, témoigne de l'importance clinique de ces protéines. La perméabilité de la fluorescéine était d'environ 10 −5 cm/s dans le sens vitré-sang, alors qu'elle est de 10 −7 à 10 −6 cm/s dans le sens opposé chez les singes et les humains [149 , 150]. Au niveau de la barrière externe, la perméabilité de la fluorésceine est 11,3 fois plus élevée dans le sens rétine-choroïde [151] et cette directionnalité est annulée par le probénécide, un inhibiteur de MRP, indiquant l'expression des transporteurs MRP du côté basolatéral de l'épithélium pigmentaire.
Chez le rongeur, une étude en microcopie confocale a montré que la P-gp et la BCRP étaient exprimées dans les vaisseaux intrarétiniens, mais absentes du pôle basolatéral des cellules de l'épithélium pigmentaire où, en revanche, Mrp1 et Mrp4 étaient localisées. La P-gp, la Bcrp, la Mrp1 et la Mrp4 seraient donc exprimées de manière différentielle au niveau des barrières hématorétiniennes externe et interne, ce qui entraîne une capacité différente de limiter la distribution du substrat dans la rétine [ 148].
L'activité des transporteurs d'influx sur la perméabilité des médicaments au niveau de la barrière hématorétinienne interne n'est pas aussi bien établie que celle de l'efflux de transport, même si l'absorption médiée par le transporteur pour plusieurs substrats a été identifiée.
Un transport actif, médié par Oct et Oatp1a4 (un orthologue rongeur de l'OATP1A2 humain) respectivement, est suggéré par son expression dans l'épithélium pigmentaire humain. De même, la captation active de la L-leucine, de la L-carnitine et du nicotinate a été attribuée à LAT-1, MCT1 et OCTN2, respectivement [ 152 , 153]. Les niveaux d'expression de LAT1, RFC1, MCT1 et MRP4 sont similaires à ceux rapportés pour les microvaisseaux de la barrière hémato-encéphalique humaine, tandis que les autres transporteurs ont des taux inférieurs au seuil de détection dans le cerveau. En revanche, le niveau d'expression des transporteurs d'efflux MDR1 et BCRP était beaucoup plus élevé dans la barrière hémato-encéphalique [154].
Évaluation de l'impact du transport actif au niveau de la barrière hématorétinienne
L'impact clinique et pharmacocinétique de l'activité des transporteurs rétinien n'est pas encore éclairci. En général, on peut supposer que les transporteurs auraient un impact moindre sur l'élimination du médicament après une administration intravitréenne, car les concentrations de médicament sont relativement élevées et peuvent saturer le transport actif. Les concentrations de médicament étant beaucoup plus faibles dans le sang, les transporteurs peuvent avoir une plus grande influence sur la perméabilité dans la direction choroïde-rétine.
Il est important de noter qu'en plus de sa fonction de barrière, l'épithélium pigmentaire (EP) lui-même est une cible médicamenteuse et les protéines efflux exprimées à sa surface peuvent avoir un impact significatif sur l'exposition aux médicaments de l'EP, même si l'impact sur la distribution globale des médicaments dans le segment oculaire postérieur serait faible.
En effet, les protéines d'efflux à la surface de l'EP peuvent avoir un impact majeur sur l'exposition au médicament dans l'EP en limitant l'accès au médicament et/ou en améliorant son élimination du compartiment de l'EP. Le taux de transport actif peut ainsi définir si le médicament atteint sa cible dans l'EP. Les meilleurs candidats pour traiter les maladies de la rétine ne doivent pas être transportés par les protéines d'efflux, car celles-ci peuvent affecter l'exposition du médicament dans l'EP lors d'une administration systémique ou intravitréenne. Par exemple, la spironolactone administrée par voie systémique est une cible connue de la P-gp.
Lors de la conception et de la sélection des médicaments candidats optimaux, il est important de rechercher s'ils sont des substrats des transporteurs d'influx ou d'efflux. Les médicaments cationiques lipophiles augmentent les transporteurs d'influx au niveau de la barrière hématorétinienne.
Pharmacogénétique des transporteurs oculaires
De nombreuses protéines de transport sont associées à des maladies rares, qui sont causées par des mutations affectant l'activité d'un transporteur. Des mutations dans le gène ABCA4 provoquent la forme la plus courante de la maladie de Stargardt ainsi que d'autres maladies cécitantes affectant la rétine [155]. Des mutations du gène MRP6 ont été associées au pseudoxanthome élastique, une maladie héréditaire rare qui peut se compliquer de pathologie maculaire [156]. Des mutations dans le gène codant le transporteur de sodium, SLC4A11 , ont été liées à la dystrophie endothéliale héréditaire congénitale et à la dystrophie de Fuchs [157 , 158].
Outre les mutations pathogènes, de nombreux polymorphismes de transporteurs sont connus, mais l'impact sur le traitement médicamenteux n'est pas encore bien caractérisé pour la majorité d'entre eux. Pourtant, certains variants cliniquement importants ont été identifiés, comme le polymorphisme OATP1B1 521T b C (SLCO1B1*5) qui est associé à des effets indésirables dans le traitement par statine [159].
En plus d'affecter l'exposition systémique, les polymorphismes des transporteurs peuvent affecter les concentrations tissulaires. L'effet des polymorphismes de MRP4 sur la réponse au latanoprost qui est utilisé comme traitement du glaucome a été étudié récemment. Les porteurs d'un variant génétique de MRP4 (rs11568658) présentent une pression intraoculaire significativement plus faible après un traitement au latanoprost, ce qui indique que MRP4 influe sur l'absorption du latanoprost [160]. De même, des variants génétiques d'OATP2A1 (rs4241366) et de MDR1 (3435c N T, rs1045642) sont associés à l'abaissement de la pression intraoculaire après instillation de latanoprost chez les patients atteints de glaucome [161].
Les polymorphismes peuvent également entraîner des effets indésirables, comme le montrent certains polymorphismes MRP2 qui ont été associés à la toxicité du méthotrexate [162]. La toxicité intestinale du melphalan, utilisé pour traiter le rétinoblastome pédiatrique, peut être majorée par un polymorphisme LAT1 [163].
Conclusion
De nombreux médicaments ophtalmiques sont connus pour interagir avec les transporteurs de médicaments, mais l'implication sur la pharmacocinétique et la pharmacodynamique des médicaments oculaires dépend de l'expression et de la localisation des transporteurs au niveau des barrières, qui peuvent être modifiées par les pathologies.
À ce jour, l'existence des transporteurs facilitant ou limitant le passage des médicaments au travers des barrières oculaires est peu prise en compte dans la réponse thérapeutique. Pourtant, une connaissance plus poussée permettrait d'adapter les traitements et de mieux comprendre certaines réponses thérapeutiques.
1.6. Rôle de la mélanine dans la pharmacologie oculaire

F. Behar-Cohen

L'essentiel
  • La mélanine est abondante dans les tissus oculaires de l'uvée, de la choroïde et dans les cellules de l'épithélium pigmentaire.
  • La mélanine est un polyanion qui lie des substances toxiques et certains médicaments.
  • La rétention des médicaments par la mélanine dans les mélanosomes influe sur la concentration de leurs formes libres actives.
  • Des effets prolongés, retardés ou des pics d'activité des médicaments peuvent être observés.
  • Des effets différentiels des médicaments selon la couleur de l'iris peuvent survenir.
  • L'accumulation de substances toxiques ou de médicaments dans les mélanosomes peut induire une toxicité à long terme, dont les mécanismes restent mal compris.
Introduction
La mélanine est un pigment polyanionique qui colore les phanères et les yeux. La neuromélanine, de structure chimique très proche, est produite dans des neurones de la substantia nigra dans le système nerveux central. Certains médicaments et produits chimiques se lient à la mélanine et à la neuromélanine, et sont retenus dans les cellules pigmentaires pendant de longues périodes. C'est un mécanisme de protection des neurones contre les substances toxiques. Cependant, la rétention prolongée et importante dans les cellules pigmentées du système nerveux central de pesticides, métaux, solvants et d'autres produits chimiques a été incriminée dans la pathogenèse de maladies neurodégénératives et en particulier dans la maladie de Parkinson [164].
Au niveau oculaire, des médicaments peuvent s'accumuler dans les tissus pigmentés, au niveau des cellules de l'uvée (iris, corps ciliaire, choroïde), dans l'épithélium pigmentaire (EP) et dans les mélanocytes oculaires du fait de leur liaison à la mélanine très abondante dans ces cellules. Cette accumulation a des conséquences sur la pharmacocinétique et la pharmacodynamique oculaire après administration locale ou systémique des médicaments.
Des études comparatives ont démontré que de nombreux médicaments atteignent des niveaux de 1 à 2 ordres de grandeur plus élevés dans les tissus pigmentés que dans les tissus d'animaux non pigmentés [165]. De plus, la liaison à la mélanine est souvent associée à une rétention prolongée du médicament dans les tissus pigmentés, associée à des effets prolongés ou retardés des médicaments.
Mélanine
La mélanine oculaire est synthétisée dans deux types de cellules d'origine développementale différente : les cellules épithéliales, dérivées du neuroectoderme, et les mélanocytes uvéaux (stroma de l'iris, stroma ciliaire et choroïde) qui dérivent de la crête neurale. Les tissus oculaires contiennent des concentrations extrêmement élevées de mélanine, sous forme d'eumélanine brun-noir et de phéomélanine jaune orangé (fig. 1-14
Fig. 1-14
Structure chimique de l'eumélanine.
et 1-15
Fig. 1-15
Structure chimique de la phéomélanine.
). Les deux molécules sont issues de réactions enzymatiques à partir de tyrosine et de L-DOPA. Le ratio entre eumélanine et phéomélanine dépend de l'activité de la tyrosinase et des concentrations de tyrosine et de cystéine. Dans les tissus oculaires, l'eumélamine est largement majoritaire par rapport à la phéomélanine (fig. 1-16
Fig. 1-16
Biosynthèse des mélanines à l'intérieur du mélanosome.
Sous le contrôle d'enzymes oxydatives telles que la tyrosinase (TYR) qui transforme la tyrosine en dopaquinone, précurseur des mélanines. DCT : DOPAchrome tautomérase; Tyr : tyrosinase; TYRP : tyrosinase related protein 1 .
).
L'absorption de la lumière est la fonction la plus importante de la mélanine dans l'œil. Elle absorbe efficacement les photons de l'ultraviolet (UV) à l'infrarouge, protégeant ainsi de l'excès de lumière et de la réflexion postérieure de la sclère par absorption dans la choroïde. La deuxième fonction de la mélanine est une action antioxydante en piégeant les radicaux libres réactifs (oxydants ou réducteurs), mais aussi en inhibant la génération de radicaux libres oxygénés par la chélation des ions métalliques. Des niveaux significatifs de certains métaux, tels que Ca, Cu, Fe et Zn, s'accumulent en effet dans les mélanosomes de l'EP et de l'uvée, ce qui suggère un rôle régulateur important de la mélanine dans l'homéostasie cellulaire des métaux [166].
L'âge affecte la teneur en mélanine de l'œil. D'après des études épidémiologiques, une diminution de la mélanine est observée dans l'EP vieillissant. En outre, le vieillissement, l'exposition à la lumière et le photoblanchiment altèrent les propriétés antioxydantes de la mélanine, au point que la mélanine devient un pro-oxydant, en particulier quand elle se combine avec la lipofuscine pour former de la mélanolipofuscine [ 167].
Interactions entre médicament et mélanine
Toutes les molécules basiques et lipophiles peuvent se lier à la mélanine. La liaison des médicaments à l'eumélanine est une combinaison d'interactions électrostatiques et hydrophobes assez peu spécifiques qui dépendent du pH [ 165]. La fixation des médicaments à la mélanine peut augmenter significativement leurs concentrations (différences de 1 à 3 ordres de grandeur) dans les tissus pigmentés par rapport aux tissus non pigmentés. Dans certains cas, la rétention (par exemple chloroquine ou brimonidine) et la durée d'action du médicament (par exemple atropine) peuvent changer radicalement dans les tissus pigmentés (allongé de semaines ou plusieurs mois). La liaison à la mélanine prolonge les concentrations de médicament libre dans les cellules de l'EP d'autant plus que sa perméabilité membranaire est faible, ce qui démontre qu'il existe une interaction entre la perméabilité de la membrane plasmique et la liaison à la mélanine. Une rétention longue avec une élimination lente de la chloroquine sont observées car sa perméabilité membranaire est faible. La chloroquine est ainsi retenue dans les tissus oculaires pigmentés pendant des mois. Seule une fraction mineure (< 1 %) de la chloroquine est sous forme libre dans les cellules de l'EP. D'après les simulations, l'interaction entre la liaison à la mélanine et les autres processus de transport dans les cellules détermine le profil de concentration du médicament libre dans les cellules. Cette interaction peut expliquer le fort impact de la liaison de la mélanine sur les concentrations de timolol et de chloroquine dans les tissus pigmentés in vivo [168 , 169].
Conséquences de la liaison à la mélanine sur la pharmacocinétique des médicaments
Les premières études rapportant des différences dans les effets pharmacologiques des médicaments oculaires chez les animaux pigmentés et albinos ont été publiées dans les années 1970. Salazar et Patil [ 170] ont étudié la réponse de la pupille à l'atropine administrée par voie topique chez des lapins albinos et pigmentés. La mydriase durait significativement plus longtemps chez les animaux pigmentés (demi-vie de 96 heures et 43 heures chez les animaux pigmentés et albinos, respectivement). De même, des réponses différentes à la pilocarpine [171] et au timolol [172] administrés par voie topique ont été rapportées chez les animaux albinos et pigmentés. Le myosis était plus durable chez les animaux pigmentés alors que l'effet du timolol était réduit chez les animaux pigmentés. De même, un pic d'activité est observé une heure après instillation du timolol chez les patients à iris clair, mais pas chez les sujets à iris foncé [173]. Ces résultats suggèrent que, dans le cas de l'atropine et de la pilocarpine, l'effet du médicament est prolongé par le réservoir intracellulaire de médicament lié à la mélanine dans les cellules pigmentées qui entraîne une élimination plus lente. La fraction liée à la mélanine est lentement libérée et le médicament libre peut ainsi atteindre sa cible pharmacologique après un certain temps. Dans le cas du timolol, la liaison à la mélanine diminue les concentrations de médicament libre, conduisant à une réponse pharmacodynamique réduite. Cela souligne l'importance de l'interaction entre la pharmacocinétique et la pharmacodynamique in vivo, et justifie de réaliser les études pharmacocinétiques oculaires sur des animaux non albinos.
Effets indésirables de la liaison à la mélanine des médicaments
De nombreux médicaments, administrés par voie systémique, comme la chloroquine, la chlorpromazine, la thioridazine et le tamoxifène , ont une forte affinité pour la mélanine et peuvent présenter une toxicité oculaire, en particulier rétinienne [174], mais il n'est pas démontré de façon formelle que leur toxicité oculaire résulte de leur liaison à la mélanine [175]. Les résultats d'études portant sur de nombreux médicaments se liant à la mélanine, tels que les antipsychotiques phénothiazines (chlorpromazine et thioridazine), les antibiotiques de type quinolone (ciprofloxacine, ofloxacine et loméfloxacine) et les antipaludéens (chloroquine et hydroxychloroquine), ne sont pas formels ni toujours cohérents, ce qui suggère que de nombreuses propriétés physicochimiques des médicaments, la durée de l'exposition au médicament et le type de tissu cible peuvent influer sur la toxicité. Afin de clarifier le rôle de la liaison à la mélanine dans la toxicité oculaire, des études comparatives avec des modèles animaux et cellulaires avec différentes teneurs en mélanine ont été réalisées. Par exemple, Zemel et al. [176] ont étudié la toxicité rétinienne induite par la gentamicine chez des animaux albinos et pigmentés, montrant que la mélanine oculaire protégeait l'œil contre les effets toxiques de la gentamicine en réduisant les niveaux de gentamicine libre dans la rétine.
Alors que la toxicité de la chloroquine est plus importante dans des cellules de l'EP primaires pigmentées que dans des cellules de l'EP non pigmentées en culture [177], ces résultats n'ont pas été confirmés dans des études in vivo [178]. Pour les antipaludéens, la liaison à la mélanine affecterait l'activité lysosomale des cellules de l'EP, interférant avec les fonctions de piégeur de métaux et de radicaux libres, et entraînant ainsi des conséquences délétères indirectes sur la fonction rétinienne [ 179].
Un autre mécanisme potentiel de toxicité lié à la liaison des médicaments à la mélanine est la phototoxicité . Les réactions phototoxiques se produisent lorsque le médicament absorbe la lumière, provoquant des dommages cellulaires en induisant une génération d'espèces réactives de l'oxygène et un stress oxydatif dans les cellules, comme les quinolones, la chlorpromazine ou l'oxytétracycline [180 , 181]. Ces mécanismes ont davantage été démontrés dans les mélanocytes cutanés exposés aux radiations UV que dans les cellules pigmentées oculaires.
Conclusion
La liaison des médicaments à la mélanine est un facteur important qui doit être pris en compte dans la pharmacocinétique et la conception de stratégies d'administration de médicaments. La liaison de la mélanine peut conduire à l'accumulation du médicament dans l'épithélium pigmentaire, la choroïde, et l'iris et le corps ciliaire, et à la prolongation des effets du médicament lorsque celui-ci est libéré progressivement du dépôt de mélanine, à des pics d'activité, à des activités réduites ou encore à une toxicité. Des travaux sont menés pour utiliser la liaison à la mélanine comme une méthode de prolongation des effets des médicaments oculaires [182].
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