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Chapitre 15
Anti-infectieux

15.1. Antiseptiques

S. Charles-WeberR. MazetC. ChiquetF. Chast

Introduction
Les antiseptiques sont des médicaments « biocides» utilisés sur des surfaces biologiques, la peau, les muqueuses, etc., et qui doivent être distingués d'une part des désinfectants, également biocides mais qui sont utilisés sur des surfaces inertes, et d'autre part des antibiotiques qui sont utilisés pour détruire des bactéries localisées à l'intérieur de l'organisme, même s'il existe des préparations antibiotiques à usage externe, collyres, pommades, etc.
On retrouve, dans la famille des antiseptiques, de véritables germicides, capables de détruire les microbes (bactéricides), tandis que d'autres ne sont que bactériostatiques et ne font qu'empêcher ou réduire leur croissance. On privilégie, bien sûr, les antiseptiques bactéricides.
Certains antiseptiques sont utilisés dans le traitement d'infections oculaires courantes, en prescription essentiellement extrahospitalière, mais, à l'hôpital, l'emploi des antiseptiques est effectué dans le cadre de la prévention des infections liées à un acte chirurgical, au bloc opératoire, ou lors d'activités ophtalmologiques invasives comme les injections intravitréennes.
Est proposée au lecteur la distinction entre antiseptiques médicaux (dont l'emploi est essentiellement effectué en ville) et les antiseptiques chirurgicaux, essentiellement la povidone iodée, dont l'usage est plutôt hospitalier.
Antiseptiques médicaux
Ammoniums quaternaires
Les ammoniums quaternaires sont des cations poly-atomiques de formule générale NR 4+ . Leur structure contient au moins une chaîne hydrocarbonée hydrophobe (C n H 2n+1 où n = 8, 10, 12… atomes de carbone), chaîne liée à un atome d'azote chargé positivement, et d'autres groupes alkyle qui sont, pour la plupart, des substituants à chaîne courte tels que des groupes méthyle ou benzyle.
Parmi les ammoniums quaternaires utilisés en ophtalmologie, on trouve le bromure de céthexonium, le chlorure de cétylpyridinium et le chlorure de benzalkonium (fig. 15-1
Fig. 15-1
Structure du chlorure de benzalkonium.
) [1].
Leur activité antiseptique ou antimicrobienne repose sur plusieurs mécanismes d'action : l'inactivation des enzymes productrices d'énergie, la dénaturation des protéines cellulaires essentielles et la rupture de la membrane cellulaire.
Ces composés sont fongicides ( Candida albicans et Aspergillus fumigatus ), bactéricides (surtout à l'égard des bactéries à Gram positif), mais faiblement ou non virucides [ 2 , 3].
Bromure de céthexonium
Le bromure de céthexonium est indiqué dans la prévention des kératoconjonctivites liées à Acanthamoeba [ 4]. Cependant, son efficacité est réduite en présence de matières organiques, de substances anioniques (savons), d'eau dure ou de composés non ioniques [2] (tableau 15-1
Tableau 15-1
Bromure de céthexonium.
SpécialitéPrincipe actifExcipientsPrésentation/conservation
Biocidan®Bromure de céthexoniumChlorure de sodium, eau pour préparations injectablesCollyre : flacon de 10 ml (2,5 mg/10 ml)
Collyre en récipient unidose 0,1 mg/0,4 ml
Monosept®Collyre en récipient unidose 0,1 mg/0,4 ml
).
Chlorure de cétylpyridinium
Ces spécialités sont indiquées dans le traitement antiseptique des affections superficielles de l'œil et de ses annexes, à la concentration de 0,25 mg/ml (tableau 15-2
Tableau 15-2
Chlorure de cétylpyridinium.
SpécialitéPrincipe actifExcipientsPrésentation/conservation
Sedacollyre®Chlorure de cétylpyridiniumSodium hydrogénophosphate dodécahydraté, potassium hydrogénophosphate, eau purifiée Collyre : flacon de 10 ml (2,5 mg/10 ml)
Collyre en récipient unidose 0,1 mg/0,4 ml
Novoptine®Hydrogénophosphate de sodium anhydre, hydrogénophosphate de potassium, eau purifiée Collyre : flacon de 10 ml (2,5 mg/10 ml)
Collyre en récipient unidose 0,1 mg/0,4 ml
). Les précautions d'emploi spécifient que le traitement doit être limité à 15 jours. En effet, l'utilisation intensive ou prolongée des ammoniums quaternaires peut être à l'origine d'altérations de l'épithélium conjonctival et/ou cornéen. La prudence s'impose notamment en cas d'anomalies épithéliales préexistantes [5-6-7].
Chlorure de benzalkonium
Le chlorure de benzalkonium est un mélange de chlorures d'alkylbenzyldiméthylammonium avec des chaînes carbonées de longueur variable. C'est un agent de surface cationique qui a été le premier représentant de la famille des ammoniums quaternaires. Il n'existe pas de collyre de chlorure de benzalkonium. En revanche, on l'utilise comme conservateur antimicrobien dans de nombreuses spécialités ophtalmiques présentées en flacon multidoses [3].
Toxicité cornéenne des ammoniums quaternaires
Le chlorure de cétylpyridinium et le chlorure de benzalkonium sont extrêmement irritants pour l'œil, causant des dommages sévères et irréversibles se traduisant par une irritation et une opacification de la cornée. Ces effets apparaîtraient de manière dose-dépendante [ 8]. Ces dommages sont imputables aux propriétés tensioactives et détergentes des ammoniums quaternaires, entraînant la destruction de parois et membranes cellulaires, et augmentant la perméabilité des cellules superficielles, provoquant ainsi la lyse des cellules épithéliales de la cornée [ 3 , 9 , 10].
Biguanides
Seuls quatre biguanides sont utilisés en ophtalmologie : la chlorhexidine, le polyhexaméthlyène biguanide (PHMB), la picloxydine et l'alexidine. Ces agents cationiques agissent en détruisant la couche semi-perméable des membranes cytoplasmiques, en inhibant le transport transmembranaire des cations et en entraînant l'hydrolyse de l'ATP membranaire [3].
Chlorhexidine
La chlorhexidine appartient à la famille des bisbiguanides (fig. 15-2
Fig. 15-2
Structure de la chlorhexidine.
). Actuellement, aucune spécialité pharmaceutique n'est disponible sur le marché français pour la voie ophtalmique. Aux concentrations de 0,005 % à 0,01 %, le digluconate de chlorhexidine est fréquemment utilisé comme conservateur antimicrobien dans les spécialités adaptées à la voie oculaire [ 3]. Son spectre d'activité antimicrobienne est large et couvre les bactéries à Gram positif et négatif. Elle possède également une activité fongistatique. Elle est peu active sur Mycobacterium tuberculosis et n'est ni sporicide, ni virucide [11 , 12].
Polyhexaméthylène biguanide (PHMB)
Le chlorhydrate de PHMB (fig. 15-3
Fig. 15-3
Structure du polyhexaméthylène biguanide (PHMB).
) est un polymère biocide dont l'index de polymérisation varie selon les fournisseurs de principe actif pour donner des chaînes de masse moléculaire comprise entre 500 et 6000 Da. Cet antiseptique est mis à profit dans le traitement des kératites amibiennes (voir chapitre 15.4 ).
Picloxydine
La picloxydine a des propriétés antiseptiques bactériostatiques à spectre large [13], mises à profit dans le cadre d'un collyre à 0,05 %. C'est un bisbiguanide, qui le rapproche de la chlorhexidine (fig. 15-4
Fig. 15-4
Structure de la picloxydine.
et tableau 15-3
Tableau 15-3
Picloxydine.
SpécialitéPrincipe actifExcipientsPrésentation/conservation
Vitabact®Picloxydine chlorhydrateFlacon ou récipient unidose : polysorbate 80, glucose anhydre, eau purifiée Collyre : flacon de 10 ml
Récipients unidoses de 0,4 ml, boîtes de 10 et de 100
). La picloxydine est disponible comme antiseptique des infections superficielles de l'œil et de ses annexes, à la concentration de 0,5 mg/ml (Vitabact®), L'action antimicrobienne de la picloxydine porte sur les organismes aérobies et anaérobies ainsi que le trachome [ 13 , 14]. Dans les études in vitro, la picloxydine présente un effet bactéricide à l'égard de staphylocoques résistants ou sensibles aux antibiotiques ainsi qu'à Pseudomonas aeruginosa . De ce point de vue, l'antisepsie des yeux, en pratique courante, et comme alternative à la povidone iodée en cas d'allergie avérée, par exemple, peut mettre à profit les propriétés de la picloxydine. Cependant, une recolonisation de la conjonctive avec différentes souches peut se manifester chez 10 % à 20 % des patients [ 15]. Le traitement doit être limité à 10 jours [16]. Cette substance peut également être utilisée en prophylaxie des infections oculaires en pré- et post-injection intravitréenne [15].
Alexidine
L'alexidine (fig. 15-5
Fig. 15-5
Structure de l'alexidine.
) est un bisbiguanide. Aucun médicament ne contient cet antiseptique qui est actuellement exclusivement utilisé dans certaines solutions de conservation de lentilles cornéennes. Son intérêt bactéricide est équivalent, dans ces conditions, à celui du PHMB.
Diamidines
L'hexamidine et la propamidine sont les deux principes actifs, appartenant à la classe des diamidines, utilisées pour la voie ophtalmique. Ces composés cationiques agissent en se liant avec une grande affinité aux parois et membranes cellulaires chargées négativement, modifiant la perméabilité de la membrane cellulaire et provoquant ainsi la destruction des cellules [17].
Hexamidine
L'hexamidine (fig. 15-6
Fig. 15-6
Structure de l'hexamidine.
et tableau 15-4
Tableau 15-4
Hexamidine.
SpécialitéPrincipe actifExcipientsIndicationPrésentation/conservation
Désomédine®Hexamidine di-iséthionateChlorure de sodium, acide borique, borax, eau purifiéeInfections bactériennes de l'œil et de ses annexes à germes sensibles telles que : conjonctivites, kératoconjonctivites, blépharites, dacryocystites Collyre en solution à 0,1 % :
– flacon de 0,6 ml (soit environ 15 gouttes), boîte de 10 flacons suremballés
– flacon de 10 ml (soit environ 250 gouttes), boîte unitaire
) est présente dans un certain nombre de spécialités pharmaceutiques utilisées pour la désinfection de plaies non ouvertes et en ophtalmologie, dans une spécialité : Désomédine®. L'hexamidine présente un large spectre d'activité antimicrobienne, étant active sur les bactéries, les champignons et les levures [ 17 , 18]. La spécialité disponible en France, Désomédine®, est indiquée dans le traitement des infections bactériennes de l'œil et de ses annexes, de faible gravité, à la concentration de 1 mg/ml. Le di-iséthionate d'hexamidine est également utilisé pour le traitement des kératites amibiennes [ 19 , 20] (voir chapitre 15.4 ).
Propamidine
Un collyre de propamidine (fig. 15-7
Fig. 15-7
Structure de la propamidine.
et tableau 15-5
Tableau 15-5
Propamidine.
SpécialitéPrincipe actifExcipientsIndicationPrésentation/conservation
Brolene®Propamidine iséthionate
0,1 %
Chlorure de benzalkonium :
0,05 mg/ml, eau purifiée
Antiseptique actif contre les micro-organismes à Gram positif non sporulés, mais moins actif contre les bactéries à Gram négatif et les micro-organismes sporulés
Présente des propriétés antifongiques
Peut être utilisé, dans certains pays, par voie topique pour le traitement d'infections oculaires mineures telles que la conjonctivite ou la blépharite
Réservé, en France, au traitement des kératites amibiennes
Collyre en flacon de 10 ml d'une solution à 0,1 % :
24 mois
) à 0,1 % (Brolene®) est disponible dans certains pays, mais pas en France, où on a recours, pour le prescrire, à l'autorisation d'accès compassionnel, à des fins d'importation. La solution de ce collyre contient du benzalkonium (0,05 mg/ml). La propamidine a été développée initialement pour le traitement des infections amibiennes. L'hexamidine et la propamidine à 0,1 % sont utilisées en première ligne du traitement des kératites amibiennes [19 , 20] (voir chapitre 15.4 ).
Dérivés mercuriels
On a utilisé pendant des décennies la pommade à l'oxyde jaune de mercure pour le traitement de certaines blépharites parasitaires [ 21]. Ce traitement est abandonné compte tenu des résultats très favorables obtenus dans ces indications avec d'autres médicaments tels que l'ivermectine. Les spécialités à base d'oxyde jaune de mercure ont été retirées, en France, en 2011.
Dérivés argentiques
Le collyre de nitrate d'argent à 1 % a été utilisé pour le traitement préventif de l'infection conjonctivale du nouveau-né. Les infections conjonctivales du nouveau-né sont le plus souvent bénignes, mais elles peuvent conduire à une cécité, voire engager le pronostic vital, en particulier pour les infections à gonocoque.
Les spécialités à base de nitrate d'argent ont été retirées du marché, en France, en 2014.
Borate de sodium/acide borique
Des collyres à base de borate de sodium (borax), en réalité le tétraborate de sodium décahydraté ou borate hydraté de sodium Na 2 B 4 O 7 , 10 H 2 O, en combinaison avec l'acide borique (H 2 BO 3), sont utilisés pour le lavage oculaire (tableau 15-6
Tableau 15-6
Borate de sodium/acide borique.
BoraxAcide boriqueExcipientsIndicationPrésentation/conservation
Dacryoserum®, solution pour lavage ophtalmique en récipient unidose 12 mg/ml 18 mg/ml Chlorure de sodium,
concentré d'eau de rose,
eau purifiée
Lavage oculaire en cas d'irritation conjonctivale5 ml : 24 mois
Dacryum®, solution pour lavage ophtalmique en récipient unidose5 ml : 24 mois
Borax/acide borique® Biogaran 12 mg/18 mg/ml, solution pour lavage ophtalmique en récipient unidose 5 ml : 30 mois. 10 ml : 36 mois
Borax/acide borique® Mylan 12 mg/18 mg/ml, solution pour lavage ophtalmique en récipient unidose 5 ml : 36 mois
Borax/acide borique® Zentiva 12 mg/18 mg/ml, solution pour lavage ophtalmique en récipient unidose 5 ml : 24 mois
Dacudoses®, solution pour lavage ophtalmique en récipient unidose10 ml : 24 mois
Stéridose®, borax, acide borique10 ml : 24 mois
). L'acide borique et le borax ont une action locale faiblement bactériostatique (sur les Cocci à Gram positif : staphylocoques et streptocoques) et fongistatique (Candida) dont le mécanisme n'est pas clairement établi [22 , 23].
Diverses solutions aqueuses d'acide borique/borax (18 mg/12 mg/ml) disposent d'une AMM en France pour le lavage ophtalmique en cas d'irritation conjonctivale liée, par exemple, à la présence de corps étrangers cornéens ou de brûlures chimiques [24 , 25].
L'acide borique est aussi fréquemment retrouvé comme excipient dans de nombreuses spécialités ophtalmiques. Il est alors utilisé comme agent tampon et comme conservateur antimicrobien où son action potentialise l'activité d'autres conservateurs, en élargissant leur spectre d'activité [22]. Cependant, en raison d'une efficacité thérapeutique limitée des borates et de leur classement comme mutagènes (catégorie 2), leur usage est interdit dans de nombreux pays [26].
Acide salicylique
L'acide salicylique est disponible sous forme de solution pour lavage ophtalmique, et utilisée en cas d'irritation conjonctivale à la concentration de 0,1 % [27]. En pratique, cette molécule est très rarement utilisée.
Utilisation des collyres antiseptiques dans le traitement des infections de surface
Les infections de surface, de type conjonctivite virale ou bactérienne, sont une excellente indication à la prescription d'un antiseptique, du fait de l'effet bactériostatique (inhibition de la croissance) et/ou bactéricide (action létale sur les micro-organismes) des antiseptiques. Les publications scientifiques sur le sujet sont très limitées, probablement en raison du peu d'intérêt commercial associé à ces médicaments qui ne sont plus protégés par un brevet.
Infections bactériennes
Dans le cadre d'infections bactériennes de surface, et notamment les conjonctivites, les bactéries à Gram positif sont sensibles aux agents iodés, biguanides (chlorhexidine, picloxydine), ammoniums quaternaires, alors que les bactéries à Gram négatif ne sont sensibles qu'aux agents iodés et aux biguanides.
Il convient de noter que l'AMM du collyre de povidone iodée à 5 % ne retient comme indication que l'« antisepsie cutanée péri-oculaire et conjonctivale avant une chirurgie oculaire et/ou une injection intravitréenne pour faciliter le contrôle des infections postopératoires». Son utilisation comme collyre antiseptique curatif d'une conjonctive n'est pas signalée dans les indications reconnues de l'AMM.
Une étude randomisée [28] a montré que l'instillation pendant 1 à 3 semaines de povidone iodée 1,25 % est aussi efficace que l'instillation de néomycine-polymyxine B-gramicidine pour le traitement des conjonctivites bactériennes de l'enfant.
Un essai randomisé plus récent comparant l'instillation de collyre de povidone iodée 0,6 % + dexaméthasone à un collyre de povidone iodée 0,6 % seul et à un placebo n'a pas montré de supériorité de la povidone iodée associée à la dexaméthasone par rapport au placebo [ 29].
La povidone iodée à 0,4 % est active contre les bactéries, les champignons et les virus (efficacité à 99,9 % en 15 secondes pour Staphylococcus aureus résistant à la méticilline [SARM], Pseudomonas aeruginosa , Serratia marcescens , Candida albicans ) [30].
L'utilisation d'antiseptiques dans les conjonctivites présumées bactériennes est ainsi largement justifiée par leur faible coût, l'absence de résistance, et leur efficacité sur un large spectre d'agents pathogènes.
Infections parasitaires
Le traitement des infections amibiennes, le plus précoce possible, bénéficie du traitement par biguanides (chlorhexidine, PHMB) [ 31] et diamidines (hexamidine, iséthionate de propamidine).
Pour l'utilisation pratique des antiseptiques dans les kératites amibiennes, voir le chapitre 15.4 .
Infections virales
En cas d'infection virale, les dérivés iodés (povidone iodée 0,4 à 5 %) ont été évalués à l'aide d'études randomisées pour le traitement des kératoconjonctivites à adénovirus [32]. La combinaison d'instillations 4 fois par jour de povidone iodée 1 % et de dexaméthasone pendant 7 jours réduit significativement la durée des signes cliniques et empêche la survenue d'infiltrats sous-épithéliaux à J7 [32], comparativement aux patients traités par dexaméthasone ou larmes artificielles uniquement. Une deuxième étude randomisée montre que la guérison clinique et l'éradication virale à J6 sont plus importantes après traitement par povidone iodée + dexaméthasone comparativement à la povidone iodée seule ou le placebo, pendant une durée de 5 jours [33].
Dans le cadre d'infections néonatales, le collyre de povidone iodée 2,5 % (non commercialisé en France) est plus efficace, notamment contre C. trachomatis , comparativement au collyre de nitrate d'argent ou à la pommade d'érythromycine [34]. Une étude plus récente montre cependant que l'instillation unique de collyre de chloramphénicol est plus efficace que la povidone iodée à 2,5 % contre C. trachomatis [35]. Une méta-analyse montre que l'érythromycine et la povidone iodée sont comparables au nitrate d'argent pour éviter les infections gonococciques et à Chlamydia [ 36]. La tolérance de la povidone iodée semble moins bonne pour des concentrations supérieures à 1,25 % [ 37 , 38].
Les collyres antiseptiques, notamment de la famille des biguanides et diamidines, ont leur place dans le traitement des conjonctivites bactériennes, fongiques ou parasitaires. Le traitement est prescrit pour une durée minimale de 8 jours, avec une installation initiale de 6 à 8 gouttes/jour puis 4 gouttes/jour. Le lavage oculaire est indispensable.
Dans le contexte d'une conjonctivite purulente, l'usage des collyres antibiotiques est discuté en cas de facteurs de risque (immunodépression, diabète, antécédent de chirurgie filtrante antiglaucomateuse).
Les autres molécules antiseptiques sont couramment associées dans des formulations collyres en tant que conservateurs antimicrobiens (acide borique, chlorure de cétylpyridinium, etc.) ou comme médicaments d'antisepsie chirurgicale.
Antiseptiques chirurgicaux
La préparation antiseptique préopératoire de la peau et des surfaces oculaires est fondamentale pour la prévention des infections liées à un geste invasif, chirurgical ou médical, mais une mauvaise utilisation de l'antiseptique peut entraîner des lésions oculaires sévères. Le bon usage des préparations antiseptiques cutanées préopératoires est donc essentiel pour éviter les infections du site opératoire [39].
En chirurgie générale, deux familles d'antiseptiques dominent : la chlorhexidine et la povidone iodée. Beaucoup de chirurgiens et d'hygiénistes ont une préférence pour la chlorhexidine en raison de son effet antimicrobien persistant et de sa bonne résistance à l'égard du risque de neutralisation par le sang ou les sérosités qui forment l'environnement d'une plaie chirurgicale [40]. Malheureusement, sa toxicité pour l'oreille interne, les tissus nerveux et les yeux l'interdit dans de nombreux domaines de la chirurgie de la tête et du cou, dont l'ophtalmologie [ 41].
L'alcool est le moins coûteux des antiseptiques et il a un effet antiseptique rapide. Mais on retrouve également une toxicité significative de l'alcool éthylique et d'autres dérivés alcooliques comme l'isopropanol pour les tissus de l'œil qui les rendent inutilisables [42] en raison de leurs effets douloureux, irritants, pro-inflammatoires, desséchants et, subsidiairement, de leur inflammabilité.
L'iode et les iodophores sont mieux tolérés par la surface oculaire et sont recommandés pour la chirurgie ophtalmique ou la chirurgie de la tête et du cou à proximité de la zone péri-oculaire.
Le caractère redoutable des infections postopératoires à l'égard du pronostic fonctionnel immédiat ou à moyen et long termes et leur relative fréquence doivent conduire à un respect très attentif des procédures d'antisepsie du champ opératoire ophtalmologique et à éviter toute effraction des tissus oculaires. Le risque varie en fonction du type d'intervention chirurgicale. Il décroît de la manière suivante : kératoplastie > chirurgie de la cataracte > vitrectomie [43].
Les infections du site opératoire peuvent être liées à différentes sources [44] :
  • inoculation directe pendant l'intervention : la flore saprophyte du patient est la principale source de contamination. Les mains de l'équipe chirurgicale et le matériel contaminé peuvent également être impliqués;
  • inoculation directe après l'intervention due à la flore du patient et/ou aux tissus contaminés;
  • contamination aérienne pendant l'intervention par la peau, les vêtements du patient ou de l'équipe chirurgicale, l'environnement, etc.;
  • contamination hématogène et/ou lymphatique pendant l'intervention ou après à type d'infection préexistante, présence de cathéters intraveineux, etc.
Les facteurs influençant le risque d'infection peuvent s'établir selon quatre critères :
  • facteurs liés à l'hôte : l'âge – facteur important en ophtalmologie car beaucoup de personnes opérées sont très âgées –, l'obésité, l'état nutritionnel, etc.;
  • facteurs liés à l'hospitalisation, et notamment la durée de séjour préopératoire : le risque d'infection si le patient est hospitalisé le jour même est de 1,2 % et passe à 2,1 % si l'hospitalisation est de 1 semaine, ce qui est rare en ophtalmologie;
  • préparation préopératoire : nombre de douches avec un savon antiseptique;
  • l'intervention par elle-même : type de champs utilisés, expérience de l'équipe chirurgicale, durée de l'intervention, collyres instillés, équipement utilisé, etc.
Nous détaillons ci-après toutes les précautions à prendre concernant le patient, le personnel et l'environnement.
Douche préopératoire
La préparation préopératoire d'un antiseptique cutané a un double objectif : la réduction rapide de la flore transitoire et la réduction de la flore résidente. Chaque antiseptique possède un mécanisme d'action et un spectre de microbes ciblés spécifiques, ainsi qu'un profil d'effets secondaires que le chirurgien doit soigneusement peser avant de choisir la procédure choisie. Si l'intervention peut être réalisée avec du gluconate de chlorhexidine ou de la povidone iodée, l'intérêt de l'emploi d'un antiseptique ne semble pas démontré, l'utilisation d'un savon doux étant tout autant efficace.
Même si la question suscite un débat, de nombreuses études montrent des preuves de réduction du risque d'infection du site opératoire si la procédure de douche préopératoire est respectée. Celle-ci fait partie des mesures qui permettent une diminution durable de la flore cutanée. La recolonisation de la peau est alors différée dans le temps. Des problèmes méthodologiques sont évidents et il est difficile de respecter et faire respecter un protocole adapté au caractère essentiellement ambulatoire de la chirurgie ophtalmologique. Les deux douches préopératoires, la veille au soir et au matin de l'intervention, ont, en effet, lieu au domicile du patient.
La technique doit être expliquée au patient :
  • éducation du patient, mettant l'accent sur l'avantage de la douche antiseptique avant même son admission en tant qu'élément de la check-list préchirurgicale (lui confier des instructions écrites lors de la consultation préopératoire);
  • deux douches sont préférables à une seule : la veille au soir et le matin de l'intervention chirurgicale;
  • se mouiller complètement;
  • se savonner les cheveux, le visage et le cou, puis le corps, au moyen d'un savon doux qui est aussi efficace qu'un savon antiseptique moussant;
  • insister sous les aisselles, les plis de l'aine, les endroits pileux;
  • rincer et recommencer dans le même ordre une deuxième fois;
  • s'essuyer avec une serviette propre;
  • revêtir des vêtements propres;
  • pas de maquillage ni de bijoux le jour de l'intervention;
  • les cheveux étant très proches du champ opératoire, le shampoing est d'autant plus indispensable;
  • l'hygiène buccodentaire complète la douche et ne doit pas être négligée.
Aspects généraux de l'antisepsie chirurgicale
D'autres facteurs sont à prendre en compte lors de la sélection d'une antisepsie chirurgicale optimale : l'état de santé sous-jacent du patient, l'étendue de la chirurgie, la nature du site anatomique, etc. En ce qui concerne la peau, les agents pathogènes les plus couramment impliqués dans les infections de site opératoire sont Staphylococcus aureus , suivis d'autres bactéries à Gram positif, Staphylococcus à coagulase négative, Enterococcus et streptocoques du groupe A. D'autres bactéries sont impliquées : bacilles à Gram négatif comme Escherichia coli et Pseudomonas . Les antiseptiques à large spectre couvrent généralement plus d'agents pathogènes et sont donc plus fréquemment utilisés.
Povidone iodée
En pratique, l'iode est désormais utilisé sous la forme d'un complexe de polymère, la polyvinylpyrrolidone (PVP), et d'iode, povidone iodée (PI), qui permet d'augmenter sa solubilité dans l'eau et de réduire les réactions irritatives et allergiques (tableau 15-7
Tableau 15-7
Povidone iodée.
SpécialitéPrincipe actifExcipientsIndicationPrésentation/conservation
Bétadine® 5 % (titrée à 10 % d'iode), solution pour irrigation oculaire en récipient unidose Povidone iodéeGlycérol, éther laurique de macrogol, phosphate disodique anhydre, acide citrique monohydraté, chlorure de sodium, hydroxyde de sodium (qs pH 5,5-5,8), eau purifiée Antisepsie préopératoire, cutanée péri-oculaire et conjonctivale, en chirurgie ophtalmique Flacon unidose de 20 ml
) [45]. La PI est couramment utilisée pour la préparation chirurgicale du champ opératoire : désinfection de la peau pour la préparation à la chirurgie ophtalmique ou aux injections intraoculaires. Elle a également été utilisée dans des indications plus limitées telles que le traitement de kératites infectieuses [ 46], d'endophtalmies [ 47] et pour la prophylaxie de l'ophtalmie néonatale [48].
Chimie
La polyvinylpyrrolidone (fig. 15-8
Fig. 15-8
Structure de la polyvinylpyrrolidone (PVP) (a) et de la PVP iodée et de la povidone iodée (b).
), ou PVP, également appelée « povidone», est un polymère hydrosoluble similaire au dextran à usage médical. L'innocuité de la povidone est généralement admise, bien que de rares réactions allergiques sévères aient été décrites. Au moment du mélange industriel de la povidone et de l'iode, la povidone iodée se forme comme le résultat d'une réaction chimique entre les deux composants. Bien que la chimie de la PI soit complexe et pas entièrement comprise, on pense que l'iode est complexé avec la povidone sous la forme d'iodure par une liaison hydrogène entre deux noyaux pyrroles, résultant principalement en un complexe PI qui existe avec une petite quantité d'iode libre.
  • La solution de PI présente un pH d'environ 5 et l'acidité de la préparation diminue avec sa dilution.
  • La formulation commerciale à 10 % se compose de 90 % d'eau, 8,5 % de povidone et 1 % d'iode et d'iodure disponibles [ 49].
L'exposition à des substances organiques réduit l'activité bactéricide de la PI en complexant l'iode et en le réduisant en iodure [ 50].
Spectre antimicrobien et mécanisme d'action
La PI agit sur une grande variété de bactéries, de champignons, de protozoaires et de virus [51]. Elle a une affinité pour les membranes cellulaires, ce qui lui permet d'agir comme un vecteur de transport de l'iode vers la cellule cible. L'administration d'iode libre diatomique (I 2) directement à la surface de la cellule cible est considérée comme l'événement crucial de l'action antimicrobienne de la PI. Pour les bactéries, la PI cible la membrane cytoplasmique et le cytoplasme, la destruction de la cellule bactérienne ayant lieu en quelques secondes [52]. À l'instar des autres halogènes (comme le chlore), l'iode libre oxyde les protéines, parmi lesquelles les enzymes et d'autres molécules essentielles à la viabilité biologique. De plus, la PI inactive les protéines pathogènes telles que les exotoxines bactériennes, les endotoxines et les enzymes destructrices de tissus ainsi que les cytokines dont la production est induite par les bactéries. La PI est bactéricide à l'égard des bactéries multirésistantes aux antibiotiques. Mais, bien que la PI ait une certaine efficacité à l'égard des biofilms bactériens, les espèces productrices de biofilm peuvent contaminer les solutions de PI et y survivre longtemps [53].
Dilutions de povidone iodée
Dans le commerce, les solutions aqueuses de PI sont des solutions :
  • à 4 % (solution moussante utilisable pour le lavage chirurgical des mains au bloc opératoire);
  • à 5 %, pour le champ opératoire;
  • à 10 %, pour le champ opératoire.
Dès 1982, il a été a démontré qu'une solution de PI diluée avait une activité bactéricide supérieure à celle de la solution mère (10 %) [54]. Ce phénomène a été évalué sur diverses souches bactériennes, en particulier Staphylococcus aureus et Mycobacterium chelonei , pour lesquels le temps de destruction varie significativement en fonction de différentes dilutions de PI. Pour ces germes, le temps de destruction le plus rapide est obtenu au moyen d'une dilution au 1/100 e (0,1 %). Ce phénomène s'explique par l'augmentation de la concentration en iode libre dans les solutions diluées de PI [ 55]. La disponibilité accrue (quelque peu contre-intuitive) d'iode libre bactéricide dans la PI diluée serait le résultat d'une liaison plus faible de l'iode au polymère porteur dans ces solutions. La chimie de l'iode est complexe, et les méthodes utilisées pour mesurer l'iode libre sont controversées car, s'il existe des méthodes permettant de mesurer la concentration d'iode dans une solution, il est difficile de déterminer la quantité d'iode « libre» bactéricide. Compte tenu de ces limites, la concentration estimée d'iode libre dans une solution de PI a été grossièrement décrite comme une courbe en forme de cloche avec un pic d'optimum bactéricide entre 0,1 % et 1 %. Les concentrations inférieures à 0,05 % perdent les propriétés complexes de la PI et se comportent comme de l'iode aqueux, bien que des concentrations aussi faibles que 0,005 % se soient révélées bactéricides in vitro.
Pharmacocinétique
La demi-vie de la PI sur la surface oculaire et dans la chambre antérieure n'a pas été étudiée, bien qu'un modèle de lapin ait été utilisé pour étudier la pharmacocinétique dans le vitré. Ce modèle a démontré que la PI possède une pharmacocinétique dose-dépendante (non linéaire) et, à une concentration de 0,1 %, elle présente une demi-vie de 3,27 heures [56]. La povidone et l'iode peuvent être absorbés par voie systémique après application topique, et l'iode est principalement excrété par les reins. Bien que l'absorption systémique puisse provoquer une toxicité systémique réelle, y compris une insuffisance rénale, la faible quantité de PI utilisée dans le cadre de l'ophtalmologie met à l'abri d'un tel risque.
Toxicité
Considérations générales
L'activité bactéricide de la PI sur les micro-organismes n'est pas spécifique. On peut donc supputer que l'antiseptique présente une activité toxique sur les cellules du patient, en particulier des cellules aussi fragiles que celles de l'environnement oculaire. Cette toxicité ophtalmique a été étudiée in vitro, sur des modèles animaux et lors d'études cliniques. La solution de PI concentrée, appliquée sur des plaies chirurgicales fraîches (peau), inhibe l'activité fibroblastique, la cicatrisation des plaies et la migration des leucocytes polynucléaires, mais cette toxicité est limitée puisqu'une solution de PI à 1 % ne montre aucune différence significative par rapport à l'application d'une solution de sérum physiologique, ce qui suggère que la toxicité cellulaire de la PI n'est liée qu'à des concentrations élevées.
Concentrations de povidone iodée utilisables en clinique
Une application ponctuelle de PI, à 5 % ou à 10 %, à la surface de l'œil est couramment utilisée. L'application répétée de 0,25 % de PI, une irrigation de 2 ou 3 gouttes toutes les 20 à 30 secondes tout au long de la chirurgie de la cataracte sont une stratégie également reconnue [ 57]. Des ulcères cornéens bactériens ont été traités avec 1,25 % de PI 4 fois par jour et pour éviter l'ophtalmie du nouveau-né, 2,5 % ont été utilisés une fois [ 48]. L'injection de PI dans la chambre antérieure n'a pas été décrite. De manière limitée, la PI a été utilisé en chirurgie vitréorétinienne. Lors de vitrectomies, une solution d'irrigation à 0,025 % peut être utilisée dans la prévention de l'endophtalmie [ 58].
Toxicité épithéliale cornéenne de la povidone iodée
La toxicité épithéliale cornéenne a été démontrée in vitro, avec des concentrations aussi faibles que 0,0125 % produisant une cytotoxicité sur des cellules humaines en culture [ 59]. L'exposition à cette faible concentration est létale pour environ 30 % des cellules épithéliales cultivées après 30 minutes d'exposition. Il a été démontré que la toxicité augmente avec l'augmentation de la concentration et de la durée d'exposition. Toutefois, cette toxicité semble moins réelle en clinique. Ainsi, l'irrigation répétée de PI à 0,25 % pendant la chirurgie de la cataracte est bien tolérée, bien que certaines lésions épithéliales aient été observées lorsque l'application répétée de PI diluée a été précédée d'une application initiale, concentrée (2,5 %) [57].
Toxicité stromale cornéenne de la povidone iodée
L'iode libre des solutions de PI peut pénétrer dans la cornée lors d'applications locales, la profondeur dépendant du temps d'exposition et de la concentration. Dans les cornées de donneurs après application topique d'une solution de PI à plus de 5 %, de l'iode a été retrouvé dans l'épithélium et jusqu'au milieu du stroma. Cependant, à des concentrations de 0,5 % à 5 % appliquées pendant 2 minutes, l'iode était pratiquement absent des couches stromales [ 60]. La solution de PI est toxique pour les fibroblastes cornéens in vitro, et l'exposition à une concentration de seulement 0,25 % pendant 2 minutes peut être à l'origine de lésions significatives.
Toxicité endothéliale cornéenne de la povidone iodée
Une solution de povidone iodée à 5 %, injectée directement dans la chambre antérieure et produisant une concentration intracamérulaire de 0,8 %, cause des dommages endothéliaux chez le lapin. Mais deux autres études effectuées chez le lapin n'ont trouvé aucune évidence de dommages aux cellules endothéliales avec des concentrations intracamérulaires de 0,1 % et 0,08 % [ 61]. Au cours de la chirurgie de la cataracte, des irrigations répétées avec 0,25 % de PI ne montrent pas de toxicité endothéliale [57].
Toxicité rétinienne de la povidone iodée
Sur un modèle de lapin, des injections intravitréennes de 0,1 ml de solution de PI à 0,1 % et à 0,3 % se sont avérées bien tolérées lors d'explorations électrorétinographiques et histologiques. D'autres travaux, utilisant également un modèle de lapin, ont retrouvé une bonne tolérance pour des concentrations intravitréennes comprises entre 0,05 % et 0,5 %. En revanche, il a été démontré que de la PI à 5 % provoquait de lésions rétiniennes sévères [62]. Chez l'homme, l'irrigation pendant la vitrectomie avec une solution de PI à 0,025 % dans une solution de BSS® a montré une bonne tolérance [58].
Toxicité comparative des antiseptiques – choix de la povidone iodée
Les sites de toxicité des antiseptiques au niveau de l'œil sont présentés dans la figure 15-9
Fig. 15-9
Les différentes cibles d'action toxique des antiseptiques pour l'œil.
Source : Cyrille Martinet.
. La PI reste l'antiseptique le mieux toléré par les tissus oculaires et l'emploi de la chlorhexidine ou des solutions alcooliques diverses est proscrit. Actuellement, les solutions de PI à 10 % sont utilisées pour la préparation cutanée péri-oculaire en raison de leurs propriétés antimicrobiennes à large spectre et de leur sécurité d'emploi. Il faut cependant noter que, dans une étude évaluant l'effet de l'application de 5 % de PI avant une chirurgie de la cataracte, 44 % des patients ont signalé une irritation légère à sévère avec un contact rapide [63], et la cytotoxicité de la PI a été établie à la fois in vitro et in vivo [ 64]. Une étude évoque une fréquence de dermatose « de contact», dans 0,4 % des cas [ 65]. Les mécanismes d'action toxique reposent notamment sur la répression complète des activités cellulaires de la déshydrogénase mitochondriale et de l'estérase intracellulaire [66]. Toutefois, l'application de PI diluée à 5 mg/ml pendant 2 minutes réduit la contamination microbienne sans pénétration d'iode dans les couches cornéennes. Cliniquement, l'application de PI sur la surface oculaire peut provoquer une gêne pour le patient [67], effet qui est minimisé par le rinçage au moyen d'une solution de BSS® après exposition. La présence de substances tensioactives et détergentes dans la povidone-iodée contribue largement à la toxicité de cet antiseptique vis-à-vis de l'intégrité de l'épithélium cornéen. En résumé, bien que la PI aqueuse sans alcool ni détergents soit généralement bien tolérée par la cornée, l'entrée possible de PI dans la chambre antérieure doit toujours être évitée (tableau 15-8
Tableau 15-8
Tissus oculaires cibles de l'action toxique des antiseptiques
Mécanismes d'action toxiqueDégradation de la synthèse des acides nucléiques ou des protéines
Inhibition de la déshydrogénase mitochondriale et des estérases intracellulaires
Destruction de l'intégrité de la membrane cellulaire
Cible conjonctivaleAllergie
Pigmentation
Chémosis
Épithélium cornéenKératopathie superficielle
Défauts de l'épithélium
Stroma cornéenŒdème stromal
EndothéliumPas montré en pratique clinique
CristallinPas montré en pratique clinique
ChoriorétinePas montré en pratique clinique
Symptomatologie généraleRougeur
Sensation de brûlure
Vision trouble
Sécheresse de l'œil
).
Il n'y a pas d'allergie à l'iode, mais de rarissimes allergies à la povidone iodée
Il convient de souligner que le concept d'allergie à l'iode repose sur la mauvaise interprétation d'un phénomène intrinsèque de toxicité irritative sans aucun rapport avec un phénomène immunitaire. Il n'y a pas d'allergie à l'iode. L'iode est un nutriment humain essentiel, obtenu naturellement à partir de l'alimentation. L'iode est converti en iodure au cours du processus digestif, puis se concentre dans la glande thyroïde (75 % des réserves corporelles totales) pour une synthèse continue de la thyroxine et de la triiodothyronine. En revanche, des phénomènes allergiques à la povidone ont été décrits dans la littérature, mais ils sont très rares. Le libellé des « contre-indications» retenu par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) dans le cadre du résumé des caractéristiques du produit (RCP) de la Bétadine® ophtalmique est, de ce point de vue, ambigu. Ce médicament ne doit pas être utilisé dans de rares situations :
  • « antécédent d'hypersensibilité à l'un des constituants, en particulier la povidone ou à l'un des excipients mentionnés en section 6.1;
  • il n'existe pas de réactions croisées avec les produits de contraste iodés;
  • les réactions d'intolérance (réactions anaphylactoïdes) aux produits de contraste iodés ou d'anaphylaxie aux fruits de mer ne constituent pas une contre-indication à l'utilisation de Bétadine®».
Prévention de l'endophtalmie par la povidone iodée
On ne dispose pas d'essais contrôlés randomisés sur l'utilisation de PI dont le critère d'évaluation principal serait le taux d'endophtalmie. Dans un essai ouvert non randomisé, il a été montré que l'application de PI à 5 %, appliquée sur la conjonctive avant la chirurgie réduisait la fréquence de l'endophtalmie de 0,24 % à 0,06 % (soit une division par quatre du risque) [68]. En raison de la faible fréquence de l'endophtalmie postopératoire et de la difficulté de prouver l'implication de la flore de la surface oculaire comme cause d'endophtalmie postopératoire, des études ont utilisé la présence et le dénombrement de bactéries sur la conjonctive et dans la chambre antérieure comme critère de mesure indirecte de la réduction du risque d'endophtalmie. Des études in vitro ont utilisé des suspensions bactériennes dans une solution de BSS® ou d'eau stérile et sur des milieux gélosés [69]. Il n'existe pas de modèle standard utilisé pour représenter la surface oculaire, ce qui conduit à une incertitude quant à la transposition de ces études à une interprétation in vivo ou en clinique.
La povidone iodée dans l'antisepsie de la chirurgie de la cataracte
L'adoption généralisée (mondiale) de la solution de PI dans l'antisepsie du site opératoire ophtalmique peut être attribuée à son large spectre d'activité antiseptique, à une activité remarquable (diversité des espèces bactériennes, nombre résiduel de colonies) sur la surface cornéenne ou sur la conjonctive, à de rarissimes cas de résistance microbienne et à des caractéristiques toxicologiques rassurantes pour le chirurgien. On recommande la PI à 5 % (ou 10 %) appliquée pendant 3 minutes dans le cul-de-sac conjonctival avant la chirurgie. Il faut probablement se prémunir de concentrations plus faibles et l'intérêt de l'administration d'antibiotiques en complément n'a jamais été prouvé [ 70]. Aucun procédé antiseptique ne stérilise complètement la surface oculaire. De plus, les bactéries peuvent être déplacées sur le champ opératoire pendant l'acte. Ces bactéries de la conjonctive et des paupières pénètrent dans l'œil pendant la chirurgie et le régime antiseptique idéal stériliserait la surface oculaire pendant toute la période péri-opératoire. Toutefois, l'objectif de réduction drastique de la charge bactérienne doit être considéré en même temps comme ambitieux et raisonnable. Le nombre de colonies bactériennes et le nombre d'espèces ont été mesurés lors d'études à la fois in vitro, utilisant divers milieux, et in vivo, à partir de la conjonctive et de la chambre antérieure. Le principe de base de l'antisepsie oculaire repose sur :
  • une application de PI à 5 % avant la chirurgie de la cataracte;
  • pendant l'intervention, l'application fréquente de PI diluée (0,25 %) qui offre, en quelque sorte, un « réservoir» d'iode qui permet de poursuivre au-delà du premier geste antiseptique, en maintenant la bactéricidie à l'égard des micro-organismes et en minimisant les interactions avec les substances organiques et le tissu hôte.
Réduction de la charge bactérienne à la surface de l'œil lors de l'application de povidone iodée
L'efficacité de la PI a été établie par la réduction significative du pourcentage de cultures positives et une diminution des unités formant colonies (UFC) à partir d'écouvillonnages de la conjonctive. Une étude prospective contrôlée menée sur 54 yeux a démontré une diminution des écouvillonnages « positifs», du nombre d'espèces et de la croissance bactérienne après une exposition à la PI à 5 % pendant 3 minutes [ 71]. D'autres études ont montré la réduction de la charge bactérienne à la surface de l'œil. Il a été démontré que l'irrigation réduisait davantage les cultures positives que l'application isolée de 2 gouttes de concentration équivalente de PI [72]. Avant désinfection par la PI, les écouvillons sont « positifs» pour 25 % à 70 % d'entre eux, la charge bactérienne variant considérablement d'un patient à l'autre. Aucune étude ne fait état d'une « stérilisation» de la surface oculaire, mais le pourcentage d'écouvillons positifs retrouvés après l'application de PI à 5 % pendant 3 minutes peut être réduit à 3 %.
Justification de l'utilisation de povidone iodée concentrée (> 1 %)
Il n'y a pas de définition consensuelle d'une solution diluée ou concentrée idéale de PI pour la prophylaxie de l'endophtalmie. Une solution de concentration inférieure à 1 % est considérée comme « concentrée». Les solutions de PI à 2,5 %, 5 % et 10 % sont les plus courantes et plusieurs études soutiennent l'utilisation de PI concentrée avant la chirurgie de la cataracte. Une étude comparant l'application de 5 % ou 1 % de PI avant cette chirurgie a conclu que la PI 5 % réduit plus efficacement la charge bactérienne sur la surface oculaire, même si, en cas de faible charge bactérienne initiale, il n'y a pas de différence significative.
Effet bactéricide des solutions de povidone iodée de 0,1 à 1 %
À faible concentration (0,1 à 1 %), la PI a un temps de bactéricidie rapide, inférieur à 30 secondes. Elle est efficace sur une grande variété d'organismes. In vitro, une application répétée de PI à 0,7 % s'est avérée équivalente à une application unique de PI 5 % en utilisant un milieu gélosé riche en matières organiques pour simuler une infection subclinique. Lorsque la PI à 0,25 % est appliquée, la concentration dans la chambre antérieure à la fin de la chirurgie est de 0,008 %. Dans un modèle d'endophtalmie chez le lapin, des injections intravitréennes répétées de PI à 0,1 % et 0,3 % sont efficaces à titre thérapeutique.
La povidone iodée dans l'antisepsie de la chirurgie vitréorétinienne
Il n'existe pas d'évaluation randomisée de l'utilisation de la PI en chirurgie vitréorétinienne. En revanche, on dispose d'études permettant de connaître l'innocuité et l'efficacité de l'injection intravitréenne de PI à 1,25 %, suivie d'une vitrectomie utilisant, en peropératoire, une irrigation de PI à 0,025 % pour le traitement de l'endophtalmie. Le traitement de l'endophtalmie se résout, en règle générale, rapidement, et une bonne acuité visuelle est maintenue. Aucun événement indésirable n'est noté. De plus, l'électrorétinographie péri-opératoire montre une amélioration suggérant une récupération fonctionnelle dans les couches externe et interne de la rétine après le traitement. Il a été rapporté que la vitrectomie effectuée au moyen d'une aiguille de calibre 25 G, avec une irrigation du champ opératoire au moyen de PI diluée à 0,25 %, après mise en place du blépharostat et après avoir attendu au moins 30 secondes avant de procéder aux sclérotomies, pouvait bénéficier d'un risque totalement minimisé de contamination bactérienne du vitré à 0 % [73].
La povidone iodée dans l'antisepsie des injections intravitréennes
La Société française d'ophtalmologie et la Société française d'hygiène hospitalière ont conjointement proposé une version actualisée (janvier 2020) du protocole de réalisation d'une injection intravitréenne et en particulier les éléments relatifs à l'antisepsie du globe oculaire [ 74] : • la détersion initiale avant la réalisation d'une antisepsie sur une peau sans souillure n'est plus obligatoire car aucune recommandation particulière n'a montré de preuve scientifique suffisante; • l'antisepsie de la peau péri-oculaire, des cils et des paupières est réalisée au moyen d'une solution ophtalmique de PI à 5 %; • en cas d'intolérance cutanée sévère prouvée et non contrôlable, après avoir discuté avec le patient du possible risque accru d'endophtalmie et avoir mis en balance cela avec le risque d'arrêt de traitement par le patient pouvant être délétère à sa vue, l'hypochlorite de sodium en solution aqueuse à 0,06 % sera utilisé; • mise en place du champ oculaire stérile puis pose du blépharostat, ou tout système limitant les risques de contact entre l'aiguille et le bord libre de la paupière ou des cils; • instillation voire « irrigation» de la solution ophtalmique de PI à 5 % sur la conjonctive. La solution de PI peut aussi, en plus, avoir été pré-instillée durant la désinfection de la peau pour permettre d'atteindre le temps de contact de 2 minutes recommandé dans le résumé des caractéristiques du produit (AMM), même si un temps de contact de 30 secondes seulement a fait l'objet d'un consensus européen.
Règle d'or
Pour le champ opératoire, il n'y a pas lieu de réaliser avant l'entrée au bloc une dépilation des cils et des sourcils si les douches préopératoires et l'antisepsie cutanée ont été correctement réalisées. L'antisepsie se passe en plusieurs phases :
  • une détersion péri-oculaire avec un savon antiseptique (povidone iodée « moussante»);
  • un rinçage et un séchage;
  • une première application d'antiseptique : povidone iodée « dermique» à 10 %;
  • et une deuxième application d'antiseptique : povidone iodée « dermique» à 5 % dans les culs-de-sac conjonctivaux. La povidone iodée « dermique» à 5 % est adaptée à l'œil.
Tous ces produits sont à utiliser de préférence en présentations « unidose», qui éliminent le risque de contamination de l'antiseptique dans les conditions normales d'utilisation (pour un seul patient).
Conclusion
Les solutions de povidone iodée sont largement disponibles, leur coût est modeste et elles ont fait l'objet de très nombreuses études en ophtalmologie. Cela permet de définir des protocoles d'antisepsie efficaces et bien tolérés. Les endophtalmies postopératoires restent une des préoccupations majeures du chirurgien de l'œil, en raison de la sévérité du pronostic de ces infections nosocomiales. C'est la raison pour laquelle le protocole antiseptique doit être strictement respecté et l'antiseptique soigneusement appliqué.
15.2. Antibiotiques et antifongiques

C. ChiquetR. MazetM. CornetM. MaurinM. Saleh

Antibiotiques en ophtalmologie
Médicaments utilisables en ophtalmologie
Bêta-lactamines
Les bêta-lactamines ont en commun une structure contenant un noyau bêta-lactame. On distingue : les pénicillines, les céphalosporines, les monobactames et les carbapénèmes.
Mécanisme d'action
Les bêta-lactamines (fig. 15-10
Fig. 15-10
Structure générale des bêta-lactamines.
1. Pénicillines. 2. Céphalosporine. En rouge : le noyau bêta-lactame.
) inhibent la synthèse du peptidoglycane de la paroi bactérienne en bloquant la phase tardive de transpeptidation par fixation au niveau des enzymes DD-transpeptidases. Ces transpeptidases correspondent aux protéines liant la pénicilline (PLP). Ce mode d'action aboutit à une lyse de la paroi bactérienne et à un effet bactéricide [75].
Activité antibactérienne
Le spectre antibactérien des bêta-lactamines varie largement en fonction du groupe considéré. Quatre bêta-lactamines sont fréquemment utilisées en ophtalmologie.
  • La ticarcilline est une carboxypénicilline administrée par voie intraveineuse dont l'intérêt principal repose sur son activité vis-à-vis des bacilles à Gram négatif, notamment la plupart des entérobactéries, Pseudomonas aeruginosa et Stenotrophomonas maltophilia . Son inactivation par de nombreuses bêta-lactamases a conduit à proposer son association au clavulanate, inhibiteur des pénicillinases, mais qui diffuse mal dans les tissus oculaires.
  • La céfuroxime est une céphalosporine de 2 e génération active sur les staphylocoques sensibles à la méticilline, les streptocoques (notamment Streptococcus pneumoniae et S. pyogenes ), Haemophilus influenzae et H. parainfluenzae (efficacité diminuée en cas de sécrétion d'une bêta-lactamase), Moraxella catarrhalis , certaines entérobactéries telles que Escherichia coli et Klebsiella pneumoniae , et Neisseria gonorrhoeae.
  • La ceftazidime est une céphalosporine de 3 e génération principalement active contre les bacilles à Gram négatif, incluant Haemophilus influenzae , certaines entérobactéries ( Escherichia coli , Klebsiella sp., Proteus sp., Enterobacter sp.), et Pseudomonas aeruginosa . Elle possède une activité plus modeste sur les bactéries à Gram positif (notamment les staphylococques sensibles à la méticilline).
  • L'imipénem est un carbapénème associé à la cilastatine pour prolonger sa demi-vie. Cet antibiotique présente un spectre antibactérien large, comprenant les staphylocoques sensibles à la méticilline, les streptocoques (notamment S. pyogenes ), les entérocoques sensibles à la pénicilline A, H. influenzae et H. parainfluenzae (y compris les souches sécrétant une pénicillinase), Moraxella catarrhalis , la plupart des entérobactéries, P. aeruginosa , et certaines espèces anaérobies (notamment Bacteroides fragilis ).
Mécanismes de résistance bactérienne
Les mécanises principaux de résistance aux bêta-lactamines reposent sur la production d'enzymes inhibitrices : les bêta-lactamases [76-77-78-79-80]. Ces enzymes agissent en ouvrant, par hydrolyse enzymatique, le noyau bêta-lactame. Elles sont principalement produites par les bactéries à Gram négatif. On distingue, en fonction des bêta-lactamines inactivées, les pénicillinases, les céphalosporinases, les bêta-lactamases de spectre étendu (BLSE) et les carbapénémases. Les béta-lactamines peuvent également être inactivées par une modification de leur cible bactérienne (PLP). C'est le cas des staphylocoques résistants à la méticilline (notamment Staphylococcus aureus résistant à la méticilline [SARM]) par acquisition d'un gène mecA ou mecC codant pour une nouvelle PLP dont l'affinité est diminuée pour l'ensemble des bêta-lactamines. La résistance acquise aux bêta-lactamines peut également survenir par diminution de la perméabilité de la paroi bactérienne (par exemple résistance aux carbapénèmes par disparition de la potine D2 chez P. aeruginosa ) ou par surexpression de systèmes d'efflux des antibiotiques.
Effets indésirables et interactions
L'effet secondaire majeur des bêta-lactamines est l'allergie à ces antibiotiques, qui peut conduire à des réactions anaphylactiques sévères voire fatales. L'allopurinol augmente le risque de réactions cutanées observées avec les pénicillines. Les bêta-lactamines peuvent augmenter la concentration sanguine du méthotrexate. L'imipenème peut réduire de façon important la concentration sanguine d'acide valproïque.
Contre-indications
La contre-indication principale concerne l'allergie aux bêta-lactamines. Les allergies croisées entre les différents groupes de bêta-lactamines (pénicillines, céphalosporines, carbapénèmes et monobactames) sont rares.
Fluoroquinolones
Les quinolones sont des antibiotiques de structure centrale bicyclique correspondant à une 4-quinolone (fig. 15-11
Fig. 15-11
Structure de la 4-quinolone.
). Les fluoroquinolones (fig. 15-12
Fig. 15-12
Structure des fluoroquinolones.
) contiennent un atome de fluor dans leur structure chimique. On distingue les quinolones/fluoquinolones en quatre générations :
  • 1 re génération, acide nalidixique (retiré du marché depuis 2005);
  • 2 e génération : norfloxacine, ofloxacine, ciprofloxacine;
  • 3 e génération : lévofloxacine;
  • 4 e génération : moxifloxacine, délafloxacine.
Les fluoroquinolones utilisées en France sous forme de collyres ophtalmiques sont la norfloxacine, l'ofloxacine, la lévofloxacine et la ciprofloxacine.
Mécanisme d'action
Les quinolones agissent au niveau des topo-isomérases de type II bactériennes (ADN gyrase et topo-isomérase IV). Elles bloquent les mécanismes d'enroulement/désenroulement de l'ADN, nécessaires à sa duplication et à sa réplication. Ce sont des antibiotiques bactéricides.
Activité antibactérienne
Le spectre antibactérien des fluoroquinolones est large mais variable en fonction des médicaments. Ces antibiotiques ont une bonne biodisponibilité et une diffusion tissulaire large. La norfloxacine est essentiellement utilisée pour traiter les infections urogénitales dues à des bactéries à Gram négatif sensibles. Elle est également utilisée pour traiter les conjonctivites bactériennes en application locale (gouttes oculaires) chez l'enfant âgé de plus d'un an. L'ofloxacine et la lévofloxacine (forme lévogyre de l'ofloxacine) ont un spectre large, incluant des bactéries à Gram positif (staphylocoques) et à Gram négatif ( Haemophilus sp., Moraxella catarrhalis , entérobactéries). La ciprofloxacine et la moxifloxacine ont un spectre antibactérien large, étendu vers P. aeruginosa . La moxifloxacine est également active sur S. pneumoniae . La norfloxacine, l'ofloxacine, la lévofloxacine et la ciprofloxacine sont utilisées sous forme de collyres ophtalmiques pour traiter les kératites dues aux bactéries sensibles.
Mécanismes de résistance bactérienne
Le risque d'acquisition d'une résistance aux fluoroquinolones chez les bactéries est élevé en cas d'administration de ces antibiotiques en monothérapie. Ce risque est moins élevé pour une administration conjonctivale d'une forte concentration de ces antibiotiques. Le mécanisme principal de résistance acquise des bactéries aux fluoroquinolones correspond à des mutations au niveau des gènes codant pour les topo-isomérases de type II [ 80]. Le deuxième mécanisme majeur de résistance acquise correspond à la surexpression de systèmes d'efflux. Les autres mécanismes concernent l'imperméabilité de la membranaire bactérienne, la protection de la cible bactérienne de ces antibiotiques (protéines qnr), et l'inactivation enzymatique de ces antibiotiques (enzyme AAC6′-Ib-cr.).
Effets indésirables et interactions
Les effets indésirables potentiels principaux de la prise orale des fluoroquinolones sont l'allongement de l'intervalle QTc, traduisant la possible toxicité cardiaque de cette famille d'antibiotiques, l'hépatotoxicité, les réactions d'hypersensibilité, la phototoxicité, les tendinopathies et ruptures tendineuses. Les interactions médicamenteuses avec les fluoroquinolones administrées par voie systémique sont nombreuses. De façon non exhaustive, l'utilisation concomitante de médicaments métabolisés par le CYP1A2 (par exemple caféine, clozapine, ropinirole, théophylline, tizanidine) peut entraîner une augmentation de la concentration sérique des fluoroquinolones. Inversement, les fluoroquinolones peuvent augmenter les concentrations sériques de didanosine ou diminuer les concentrations sériques de l'acide mycophénolique. L'association avec d'autres agents photosensibilisants (par exemple acide aminolévulinique, porfimer, tétracyclines) ou avec d'autres agents prolongeant l'intervalle QT (par exemple amisulpride, delamanid, dompéridone, halopéridol, méthadone, chloroquine, hydroxychloroquine, etc.) doit être évitée. Les fluoroquinolones administrées en gouttes ophtalmiques n'exposent pas à ces interactions médicamenteuses.
Contre-indications
Seule l'allergie aux fluoroquinolones est une contre-indication à la prescription des fluoroquinolones sous forme de gouttes ophtalmiques. Les fluoroquinolones administrées par voie systémique sont contre-indiquées chez les personnes ayant des antécédents d'hypersensibilité, de tendinite ou de rupture de tendon suite à l'utilisation d'une fluoroquinolone. L'administration concomitante de la tizanidine est contre-indiquée. Les fluoroquinolones sont contre-indiquées chez la femme enceinte (risque théorique d'avortement ou de malformations fœtales) et sont excrétées dans le lait maternel avec un risque d'effets indésirables ostéoarticulaires chez le nouveau-né. Les fluoroquinolones sont classiquement contre-indiquées chez les enfants du fait notamment d'un risque de lésions musculosquelettiques permanentes. Ces antibiotiques sont néanmoins utilisés actuellement pour le traitement des infections potentiellement graves (par exemple infections urinaires compliquées, infections au cours de la mucoviscidose, infections dues aux bactéries intracellulaires sensibles, atteinte oculaire sévère).
Tétracyclines
La tétracycline (fig. 15-13
Fig. 15-13
Structure de la tétracycline
) et ses analogues ont une structure chimique de base consistant en quatre cycles de naphtacène carboxamide. Les dérivés de la tétracycline tels que la minocycline et la doxcycline sont les tétracyclines actuellement utilisées en thérapeutique. Les glycylcyclines sont des composés synthétiques dérivés de la minocycline. En ophtalmologie, la tétracycline, la chlortétracycline et l'oxytétracycline sont utilisées sous forme de pommade ophtalmique à 1 %. Les indications de ce traitement local sont le traitement de la conjonctivite bactérienne, du trachome ( Chlamydia trachomatis ) et des conjonctivites du nouveau-né.
Mécanisme d'action
Les tétracyclines inhibent la synthèse des protéines bactériennes en se liant à la sous-unité ribosomique 16S, elle-même constituant l'ARN ribosomique 30S.
Activité antibactérienne
Les tétracyclines ont un spectre antibactérien large. Parmi les pathogènes humains communs, elles sont actives sur les staphylocoques (y compris le SARM), les streptocoques (notamment S. pyogenes et S. pneumoniae ), Enterococcus faecalis , Propionibacterium acnes (renommé Cutibacterium acnes ), Moraxella catarrhalis , Haemophilus spp., certaines entérobactéries (notamment E. coli , K. pneumoniae ), P. aeruginosa , et Acinetobacter sp. Les tétracyclines sont actives sur les mycoplasmes, de nombreuses bactéries intracellulaires (par exemple Chlamydia spp.) et les spirochètes (par exemple Treponema pallidum ). Les glycylcyclines ont un spectre antibactérien comparable aux tétracyclines classiques, mais légèrement étendu vers certaines entérobactéries, Stenotrophomonas maltophilia , et certains anaérobies (par exemple Bacteroides fragilis ).
Mécanismes de résistance bactérienne
Les résistances acquises aux tétracyclines, fréquentes, peuvent être liées à divers mécanismes [ 81 , 82] :
  • mutations affectant l'affinité de leur cible ribosomique;
  • action de protéines de protection du ribosome, par exemple Tet(O), Tet(M);
  • efflux de ces antibiotiques hors de la bactérie par des transporteurs spécifiques, par exemple Tet(A), Tet(B);
  • inactivation enzymatique;
  • mutations affectant l'expression de gènes régulateurs, par exemple MarA ;
  • surexpression de systèmes d'efflux de ces antibiotiques.
Effets indésirables et interactions
En cas d'administration parentérale d'une tétracycline, les effets indésirables potentiels principaux sont la phototoxicité, l'hypertension intracrânienne, l'hypoplasie de l'émail ou la coloration permanente des dents chez l'enfant de moins de 8 ans et chez le fœtus. Il existe de nombreuses interactions possibles en cas de traitement oral ou parentéral par une tétracycline. L'absorption simultanée de produits laitiers, d'anti-acides, de sels de calcium ou de magnésium, de produits à base de fer, de laxatifs contenant du magnésium ou de chélateurs d'acides biliaires peut diminuer la biodisponibilité des tétracyclines. Certains médicaments diminuent la concentration sérique des tétracyclines (barbituriques, bismuth, carbamazépine, fosphénytoïne, lanthane, phénytoïne, quinapril, rifampicine, ranélate de strontium, sucralfate, oxyhydroxyde sucroferrique, etc.). Une augmentation du risque de photosensibilisation existe en cas d'association d'une tétracycline avec un autre médicament phototoxique (acide 5-aminolévulinique, acide 5-aminolévulinique [topique], porfimer, vertéporfine, etc.). Les tétracyclines peuvent augmenter : la concentration sérique de lithium; l'effet des agents de blocage neuromusculaire (par exemple mécamylamine); l'effet néphrotoxique du méthoxyflurane; l'effet hépatotoxique du Mipomersen®; les effets indésirables des dérivés de l'acide rétinoïque (notamment risque de développement de pseudotumeurs cérébrales). Les tétracyclines peuvent renforcer l'effet anticoagulant des antagonistes de la vitamine K. Ces interactions n'existent pas en cas d'administration locale des tétracyclines.
Contre-indications
Les contre-indications de la prise orale comprennent l'hypersensibilité aux tétracyclines, l'usage chez la femme enceinte (2 e et 3 e trimestres), l'allaitement, l'enfant de moins de 8 ans (risque de coloration dentaire définitive), l'association avec les rétinoïdes par voie orale. Concernant les pommades ophtalmiques, la seule contre-indication est l'hypersensibilité à ces antibiotiques.
Chloramphénicol
Le chloramphénicol (fig. 15-14
Fig. 15-14
Structure du chloramphénicol.
) appartient à la famille des phénicolés, médicaments de structure simple qui contiennent une fonction phénylpropanoïde.
Mécanisme d'action
Les phénicolés bloquent la synthèse protéique bactérienne en inhibant l'activité peptidyl-transférase du ribosome bactérien (au niveau de l'ARN robosomique 23S) et, de ce fait, l'élongation de la chaîne peptidique. Le chloramphénicol existe sous forme de pommade ophtalmique à 1 %.
Activité antibactérienne
Le chloramphénicol possède un spectre antibactérien large, incluant les staphylocoques (notamment le SARM), les streptocoques (par exemple S. pneumoniae ), Enterococcus faecalis , Haemophilus sp. (notamment H. influenzae ), Branhamella catarrhalis , certaines entérobactéries (par exemple E. coli et Proteus mirabilis ) et Stenotrophomonas maltophilia . Il est également efficace contre certaines bactéries intracellulaires (par exemple Salmonella sp., Shigella sp., Chlamydia sp., Rickettsia sp.). Il n'est pas ou peu efficace contre Enterococcus faecium et P. aeruginosa . Le chloramphénicol ophtalmique (pommade à 1 %) est utilisé dans le traitement des conjonctivites.
Mécanismes de résistance bactérienne
Les résistances acquises aux phénicolés peuvent correspondre à trois mécanismes [83 , 84] :
  • une imperméabilité membranaire à ces antibiotiques;
  • une mutation au niveau de la cible ribosomique 50S entraînant une réduction de son affinité pour ces antibiotiques;
  • une inactivation par une enzyme, la chloramphénicol acétyltransférase (gène cat ).
Effets indésirables et interactions
L'utilisation parentérale des phénicolés a été fortement réduite suite à la description du risque hématologique, en particulier d'aplasie médullaire irréversible. Ces antibiotiques demeurent utilisés dans les atteintes encéphaliques (par exemple abcès du cerveau) du fait de leur excellente pénétration dans le tissu cérébral. En cas de traitement parentéral, l'administration concomitante d'un autre médicament dépresseur de la moelle osseuse doit être évitée. Les phénicolés inhibent l'enzyme CYP2C19 (cytochrome P450), ce qui peut augmenter les taux sériques d'antidépresseurs, d'anti-épileptiques, d'inhibiteurs de la pompe à protons et d'anticoagulants. Les phénicolés inhibent également l'enzyme CYP3A4 (cytochrome P450), ce qui peut augmenter les taux sériques des inhibiteurs calciques, des immunosuppresseurs, des médicaments chimiothérapeutiques, des benzodiazépines, des antifongiques azolés, des antidépresseurs tricycliques, des macrolides, des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), des statines, des anti-arythmiques cardiaques, des antiviraux, des anticoagulants et des inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (PDE5). Ces interactions n'existent pas pour une administration locale des phénicolés.
Contre-indications
La seule contre-indication est l'hypersensibilité au chloramphénicol, que l'administration soit systémique ou locale. L'administration systémique de cet antibiotique doit être évitée pour le traitement d'infections peu graves du fait du risque potentiel hématologique.
Macrolides
Les macrolides se caractérisent par une structure contenant des macrocycles de lactone associés à des sucres. Ces macrocycles contiennent 14, 15 ou 16 atomes. On peut les classer en 1 re génération (par exemple érythromycine), 2 e génération (par exemple clarithromycine et azithromycine) et 3 e génération (par exemple télithromycine, qui est un kétolide). Les lincosamines (par exemple clindamycine) et les synergistines (par exemple pristinamycine) sont des antibiotiques apparentés aux macrolides. L'azithromycine est un azalide. Seule l'érythromycine et l'azithromycine (Azyter®) (fig. 15-15
Fig. 15-15
Structure de l'azithromycine.
) sont utilisées sous forme de pommade ou collyre ophtalmiques pour le traitement des conjonctivites bactériennes. La pommade ophtalmique d'érythromycine à 0,5% n'est pas commercialisée en France.
Mécanisme d'action
Les macrolides et médicaments apparentés inhibent la synthèse protéique bactérienne par encombrement stérique au niveau de ribosome 50S.
Activité antibactérienne
L'activité antibactérienne de l'érythromycine comprend notamment les staphylocoques (y compris le SARM), les streptocoques (notamment S. pyogenes et S. pneumoniae ), certaines espèces de Corynebacterium (par exemple C. diphteriae ), les bactéries du groupe HACEK ( Haemophilus , Actinobacillus , Cardiobacterium , Eikenella , Kingella ), Bordetella pertussis , Mycoplasma pneumoniae , Legionella pneumophila , Chlamydia pneumoniae et Bartonella henselae. Haemophilus sp. et Branhamella catarrhalis ont une sensibilité moindre. Les bactéries peu sensibles ou résistantes à l'érythromycine incluent les entérocoques et les bactéries à Gram négatif (entérobactéries, P. aeruginosa , Acinetobacter sp.). L'azithromycine est de plus active sur Chlamydia trachomatis et Neisseria gonorrhoeae .
Mécanismes de résistance bactérienne
Les résistances acquises aux macrolides sont fréquentes [81 , 85]. Le mécanisme principal de résistance correspond à une diminution de l'affinité de la cible bactérienne, par méthylation post-transcriptionnelle de l'ARN ribosomique 23S. Ce mécanisme entraîne généralement une résistance croisée aux macrolides, aux lincosanides et au composé B des synergistines (phénotype MLSb). La résistance aux macrolides peut être liée également à une inactivation enzymatique (estérases ou kinases) de ces antibiotiques ou à leur efflux.
Effets indésirables et interactions
Les macrolides augmentent l'intervalle QTc. Ils peuvent induire une hépatotoxicité ou aggraver une myasténie. En cas d'administration systémique, l'association avec d'autres médicaments prolongeant l'intervalle QT doit être évitée (par exemple amiodarone, amisulpride, astémizole, céritinib, cisapride, etc.). L'inhibition de l'enzyme CYP3A4 peut augmenter la concentration sérique des médicaments métabolisés par ce cytochrome (par exemple abémaciclib, acalabrutinib, alfentanil, alfuzosine, etc.). L'inhibition de la glycoprotéine P/ABCB1 peut augmenter la concentration sérique de nombreux médicaments (par exemple alcaloïdes de l'ergot de seigle, afatinib, aliskiren, betrixaban, bilastine, etc.). L'érythromycine peut également augmenter ou diminuer la concentration sérique de nombreux autres médicaments. Cet antibiotique diminue le métabolisme des agents bloquant les canaux calciques et l'effet antiplaquettaire du clopidogrel. Ces interactions n'existent pas pour une administration locale.
Contre-indications
Les contre-indications sont l'hypersensibilité à l'érythromycine ou à un autre macrolide, que l'administration soit systémique ou locale ophtalmique, et l'association avec le pimozide, le cisapride, l'ergotamine ou la dihydroergotamine, la terfénadine, l'astémizole, la lovastatine, la simvastatine.
Aminosides
Les aminosides ont une structure composée de deux à cinq glucides substitués par des fonctions amine (–NH2), d'où leur dénomination. Ceux utilisés en clinique humaine sont la gentamicine, l'amikacine (fig. 15-16
Fig. 15-16
Structure de l'amikacine.
), la nétilmicine et la tobramycine (fig. 15-17
Fig. 15-17
Structure de la tobramycine.
). La gentamicine (Indobiotic®) et la tobramycine à 0,3 % (Tobrabact®, Tobrex®, qui est associée à la dexaméthasone dans Tobradex®, Todexal®) sont utilisées en ophtalmologie sous forme de pommade ou de collyre ophtalmique. La micronomicine est d'utilisation spécifiquement ophtalmologique. L'amikacine est également utilisée sous forme de préparations hospitalières.
Mécanisme d'action
Les aminosides inhibent la synthèse bactérienne en se fixant au niveau du site de décodage de l'ARN ribosomique 16S (sous-unité 30S du ribosome bactérien). Ils induisent des erreurs dans le décodage des codons par le ribosome, affectant ainsi la traduction de l'ARN messager en protéines. Ils ont une activité bactéricide.
Activité antibactérienne
Le spectre antibactérien des aminosides est large, incluant de nombreuses bactéries à Gram négatif telles que les entérobactéries ( E. coli , Klebsiella sp., Enterobacter sp., Serratia sp., Citrobacter sp.), P. aeruginosa , Acinetobacter sp. (notamment A. baumanii ), des bactéries à Gram positif telles que les staphylocoques (y compris les SARM), les bacilles à Gram positif aérobies (par exemple Corynebacterium sp., Bacillus sp.) et certains pathogènes intracellulaires spécifiques (par exemple Brucella sp., Francisella tularensis , certaines mycobactéries). Les streptocoques et les entérocoques ont une résistance de bas niveau à ces antibiotiques, mais l'association d'un aminoside avec une bêta-lactamine est synergique contre ces bactéries. Les aminosides ne sont pas actifs sur les bactéries anaérobies strictes (par exemple Clostridium sp., Bacteroides sp.).
Mécanismes de résistance bactérienne
Les mécanismes de résistance bactérienne aux aminosides sont l'inactivation enzymatique de ces antibiotiques, la méthylation de la cible ARN ribosomique 16S et les systèmes d'efflux [ 86]. Les résistances observées varient en fonction du mécanisme de résistance impliqué, mais également du type d'aminoside.
Effets indésirables et interactions
Sur le plan systémique, les effets indésirables potentiels principaux sont la néphrotoxicité et l'ototoxicité. Des réactions d'hypersensibilité existent. En cas d'administration parentérale, l'association d'un aminoside avec un autre médicament néphrotoxique est à éviter ou surveiller régulièrement (par exemple amphotéricine B, cisplatine, ciclosporine, vancomycine, etc.). L'association avec d'autres médicaments ototoxiques doit également être évitée (par exemple arbékacine, carboplatine, diurétiques de l'anse, oxatomide, etc.). Les aminosides peuvent augmenter l'effet hypocalcémiant des dérivés de bisphosphonates, l'effet de blocage neuromusculaire des produits contenant de la toxine botulique ou de la mécamylamine. Les aminosides peuvent diminuer l'effet thérapeutique de la distigmine, du picosulfate de sodium. Ils interagissent avec les produits à base de ténofovir. Ces interactions n'existent pas en cas d'administration locale. Cependant, les aminosides peuvent être absorbés en cas d'irrigation locale peropératoire, exposant le patient aux mêmes risques de toxicité que l'administration parentérale de ces antibiotiques.
Contre-indications
La contre-indication principale concerne l'hypersensibilité aux aminosides, que l'administration soit parentérale ou locale. Les autres contre-indications à l'administration parentérale d'aminosides sont la myasthénie (exacerbation de la faiblesse musculaire) et les maladies mitochondriales (altération de la traduction de l'ADNmt pouvant entraîner une perte auditive irréversible, des acouphènes, une toxicité cardiaque et une toxicité rénale).
Sulfamides
Les sulfamides (ou sulfonamides) sont des dérivés soufrés de type amino-4,phényl-sulfonamide. Ils possèdent un groupe sulfonamide branché en « para» de l'aminophénol. Du fait d'une sélection rapide de résistances bactériennes à ces antibiotiques, ils sont généralement associés à un autre médicament synergique (par exemple sulfaméthoxazole et triméthoprime). Le sulfamide utilisé en ophtalmologie est le sulfacétamide. Il existe à l'étranger des spécialités pharmaceutiques de sulfacétamide à visée ophtalmique : pommade ou solution à 10 %.
Mécanisme d'action
Les sulfamides sont des inhibiteurs de la synthèse des folates. Ce sont des analogues structuraux de l'acide para-aminobenzoïque (PABA). Le PABA est converti par la dihydroptéroate synthétase (DHPS) en acide dihydrofolique nécessaire à la synthèse d'acide folique (ou folate). L'acide folique est indispensable à la synthèse de l'ADN et des acides aminés bactériens. Les sulfamides se lient de façon compétitive à la DHPS, empêchant l'action de cette enzyme sur le PABA. Le déficit en acide folique qui en résulte induit une inhibition de la croissance bactérienne.
Activité antibactérienne
Les sulfamides ont un spectre antibactérien large. Ils sont actifs notamment sur les bactéries à Gram négatif telles que Haemophilus sp., Neisseria sp., les entérobactéries ( Escherichia coli , Proteus mirabilis , Klebsiella pneumoniae , Enterobacter ), les bactéries à Gram positif telles que les Streptococcus et Staphylococcus. Ils ne sont pas actifs sur P. aeruginosa , Mycoplasma , Ureaplasma et T. pallidum .
Mécanismes de résistance bactérienne
La résistance aux sulfamides peut résulter de deux mécanismes majeurs [87] : des mutations chromosomiques dans le gène folP codant pour la DHPS peuvent diminuer l'affinité de cette enzyme pour ces antibiotiques; les bactéries peuvent acquérir des intégrons portant les gènes sul1 , sul2 , ou sul3 codant pour des DHPS de substitution, insensibles à l'action des sulfamides.
Effets indésirables et interactions
Les effets indésirables systémiques principaux des sulfamides sont l'hypersensibilité à ces antibiotiques et le risque de toxicité dermique (notamment le syndrome de Stevens-Johnson et la nécrolyse épidermique toxique). Des troubles gastro-intestinaux sont fréquents. Les effets indésirables plus rares comprennent notamment des méningites aseptiques, des crises d'épilepsie, des thrombopénies sévères, des agranulocytoses, des hépatites, des pneumonies, des néphrites interstitielles, des hypoglycémies et un déficit en folates. Il existe de nombreuses interactions possibles avec d'autres médicaments (par exemple augmentation de l'effet hypoglycémiant des médicaments antidiabétiques de type sulfonylurées). Ces interactions n'existent pas en cas d'administration locale.
Contre-indications
Les sulfamides sont contre-indiqués en cas d'antécédent d'hypersensibilité à l'un de ces antibiotiques. L'administration de sulfamide ophtalmique peut entraîner une réaction allergique locale.
Bacitracine
La bacitracine est un antimicrobien polypeptidique cyclique, dérivé de la bactérie Bacillus subtilis . Du fait de sa néphrotoxicité, la bacitracine est principalement utilisée en préparation topique, notamment sous forme de pommade ophtalmique. Elle peut être utilisée en association avec la polymyxine B ou la néomycine. Aucune spécialité de bacitracine n'est disponible en France.
Mécanisme d'action
La bacitracine a un effet bactéricide par inhibition de la synthèse de la paroi bactérienne. Elle se fixe au C55-isoprényl pyrophosphate, empêchant ce composé de transporter les éléments du peptidoglycane à travers la membrane cellulaire bactérienne.
Activité antibactérienne
La bacitracine possède un spectre antibactérien étroit, incluant S. aureus , S. epidermidis et S. pyogenes . Son utilisation est donc limitée aux infections cutanées ou oculaires dues à ces bactéries à Gram positif.
Mécanismes de résistance bactérienne
La résistance bactérienne à la bacitracine, en particulier chez S. aureus et S. pyogenes , semble rare [88]. Elle serait liée à des modifications des systèmes régulateurs à deux composants de la membrane bactérienne.
Effets indésirables et interactions
La bacitracine peut induire une réaction allergique. En usage local, il n'existe pas d'interaction connue entre la bacitracine et d'autres médicaments.
Contre-indications
En usage local, la seule contre-indication concerne l'allergie à la bacitracine.
Rifamycines
La rifampicine (fig. 15-18
Fig. 15-18
Structure de la rifampicine.
) est un polykétide de la classe des ansamycines. Cet antibiotique peut être utilisé par voie systémique ou locale, notamment sous forme de collyre ou de pommade ophtalmique (Rifamycine® 1000000 U/p. 100 ou Rifamycine® 1000000 U/100 g).
Mécanisme d'action
La rifampicine inhibe la synthèse d'ARN bactérien en se fixant au niveau de la sous-unité bêta de l'ARN polymérase ADN-dépendante. Elle empêche ainsi la transcription de l'ADN en ARN et la traduction de l'ARN en protéines.
Activité antibactérienne
La rifampicine est active sur S. aureus (y compris le SARM) et les autres espèces de staphylocoques, les streptocoques (notamment S. pyogenes ), H. influenzae , N. meningitidis , certaines bactéries intracellulaires (not. Brucella melitensis ) et les mycobactéries du groupe M. tuberculosis . Les entérobactéries, Acinetobacter sp. et Pseudomonas sp. sont intrinsèquement résistants à la rifampicine. Du fait de la sélection rapide de mutants résistants à cet antibiotique, la rifampicine n'est presque jamais utilisée en monothérapie pour le traitement d'infections profondes, quel que soit l'agent pathogène en cause. L'utilisation locale de fortes concentrations de cet antibiotique limite ce risque mais ne le supprime pas.
Mécanismes de résistance bactérienne
Le mécanisme principal de résistance à la rifampicine correspond à différentes mutations au niveau du gène ( rpoB ) codant pour la sous-unité bêta de l'ARN polymérase bactérienne [ 89]. Il en résulte une diminution de l'affinité de l'ARN polymérase pour cet antibiotique. Il existe deux autres mécanismes de résistance de faible niveau à la rifampicine (l'inactivation de cet antibiotique par glucosylation, ribosylation, ou phosphorylation; efflux hors de la bactérie).
Effets indésirables et interactions
Par voie systémique, la rifampicine peut induire des troubles de la coagulation dépendant de la vitamine K, une toxicité cutanée parfois sévère (notamment un syndrome de Stevens-Johnson ou une nécrolyse épidermique toxique), des anomalies hématologiques (thrombopénie, leucopénie, anémie), une hépatotoxicité. La rifampicine traverse le placenta. Elle peut causer une hémorragie du post partum chez la mère et le nouveau-né si elle est administrée au cours des dernières semaines de la grossesse. La rifampicine administrée par voie systémique est un inducteur puissant du système enzymatique hépatique du cytochrome P450, y compris des isoenzymes CYP2B6, CYP2C8, CYP2C9, CYP2C19, CYP3A4, CYP3A5 et CYP3A7. Cet antibiotique augmente le métabolisme de nombreux médicaments et peut donc diminuer leur efficacité. On peut citer les exemples des traitements anticoagulants et des contraceptifs hormonaux. La rifampicine en traitement ophtalmique ne présente pas d'interactions particulières. Il est utile d'informer les patients du risque de coloration rouge en cas de contact du collyre avec les lunettes, les lentilles, le linge, les vêtements, etc.
Contre-indications
L'hypersensibilité à la rifampicine (ou une autre rifamycine) est une contre-indication à son utilisation par voie systémique ou locale. La rifampicine ne doit pas être administrée par voie systémique en association avec les antiviraux suivants : atazanavir, darunavir, fosamprénavir, praziquantel, ritonavir/saquinavir, saquinavir et tipranavir.
Fosfomycine
La molécule de fosfomycine (fig. 15-19
Fig. 15-19
Structure de la fosfomycine.
) possède un cycle époxyde ou oxirane.
Mécanisme d'action
La fosfomycine inhibe la synthèse de la paroi bactérienne en inactivant l'enzyme UDP-N-acétylglucosamine-3-énolpyruvyltransférase (MurA). Cette enzyme catalyse la ligature du phosphoénolpyruvate (PEP) au groupe 3′-hydroxyle de l'UDP-N-acétylglucosamine, ce qui permet de lier les portions glycane et peptidique du peptidoglycane. La fosfomycine est un analogue de la PEP empêchant l'action de MurA. Elle pénètre dans la bactérie via le transporteur de glycérophosphate.
Activité antibactérienne
La fosfomycine a un spectre antibactérien large. Elle est active contre les staphylocoques (notamment le SARM), les streptocoques, E. faecalis et certaines entérobactéries (par exemple E. coli , Citrobacter sp. et Proteus sp.). Elle peut conserver son activité vis-à-vis des entérobactéries productrices de bêta-lactamase à spectre étendu. Du fait de sa concentration dans les urines et de son activité à pH acide, la fosfomycine est principalement utilisée pour le traitement des infections urinaires basses.
Mécanismes de résistance bactérienne
La sélection d'une résistance à la fosfomycine chez les bactéries est fréquente et rapide, en particulier si cet antibiotique est administré par voie systémique en monothérapie. Un effet synergique peut être obtenu en combinant la fosfomycine avec une bêta-lactamine ou à un aminoside. Le mécanisme principal de résistance correspond à des mutations géniques inactivant le transporteur du glycérophosphate [90-91-92]. La résistance peut être liée également à l'inactivation enzymatique de la fosfomycine (enzymes FosA, FosB et FosX).
Effets indésirables et interactions
Par voie systémique, les effets indésirables principaux sont une intolérance gastro-intestinale, une douleur pharyngée, des céphalées, des vertiges. L'effet secondaire potentiel majeur correspond à une allergie à la fosfomycine. La fosfomycine ne présente pas d'interactions majeures avec d'autres médicaments.
Contre-indications
La contre-indication principale est l'hypersensibilité à la fosfomycine, qu'elle soit administrée par voie systémique ou locale.
Acide fusidique
L'acide fusidique (fig. 15-20
Fig. 15-20
Structure de l'acide fusidique.
) est un acide organique. Il est utilisé principalement sous forme de pommade ou de collyre (Fucithalmic®). Il peut également être administré par voie systémique.
Mécanisme d'action
L'acide fusidique est un inhibiteur de la synthèse protéique bactérienne par inhibition du facteur d'élongation G (EF-G) du ribosome.
Activité antibactérienne
L'acide fusidique est efficace principalement sur les bactéries à Gram positif, notamment les espèces des genres Staphylococcus (y compris le SARM), Streptococcus et Corynebacterium . Il est aussi actif sur la plupart des espèces de Clostridium . Il est inefficace contre les entérocoques et la plupart des bactéries à Gram négatif.
Mécanismes de résistance bactérienne
Le développement d'une résistance à l'acide fusidique est fréquent et rapide, en particulier si cet antibiotique est administré par voie systémique en monothérapie [93]. Cette sélection de résistance est également fréquente en utilisation locale. Les mécanismes de résistance à la fosfomycine incluent une diminution de la perméabilité de la paroi ou de la membrane bactériennes, et des mutations affectant le gène fusA codant le facteur d'élongation EF-G, ou les gènes codant les protéines associées à ce facteur ( fusB , fusC et fusD ).
Effets indésirables et interactions
L'acide fusidique administré par voie systémique peut induire une hépatotoxicité. Par voie systémique, de nombreux antiviraux inhibiteurs de protéases peuvent augmenter la toxicité de l'acide fusidique (par exemple amprénavir, indinavir, nelfinavir, ritonavir, etc.). Il n'existe pas d'interaction en traitement local.
Contre-indications
En traitement local ou systémique, la seule contre-indication est l'hypersensibilité à l'acide fusidique.
Colistine
La colistine (fig. 15-21
Fig. 15-21
Structure de la colistine.
) est un peptide polycationique possèdant à la fois des parties hydrophiles et lipophiles. Elle peut être utilisée par voie systémique ou locale, notamment sous forme de collyre (préparation hospitalière).
Mécanisme d'action
La colistine agit au niveau de la membrane des bactéries à Gram négatif. Elle déplace les cations Ca 2+ et Mg 2+ qui stabilisent la membrane externe du fait de leurs interactions avec des groupements phosphates anioniques du lipide A du lipopolysaccharide bactérien. Elle interagit alors avec la membrane interne de la bactérie, en augmentant sa perméabilité, ce qui induit la fuite du contenu intracellulaire de la bactérie. La colistine a une activité bactéricide.
Activité antibactérienne
Le spectre antibactérien de la colistine est restreint aux bactéries aérobies à Gram négatif. Elle est active sur certaines entérobactéries (par exemple E. coli , Klebsiella sp., Citrobacter sp.), P. aeruginosa et Acinetobacter sp. Il existe une résistance naturelle chez certaines entérobactéries (notamment les genres Serratia , Proteus , Providencia et Morganella ), Stenotrophomonas maltophilia , Burkholderia cepacia , Burkholderia pseudomallei , Moraxella catarrhalis , et les bactéries anaérobies.
Mécanismes de résistance bactérienne
La résistance à la colistine est liée principalement à des modifications du lipide A du lipopolysaccharide bactérien, cible principale de cet antibiotique [94]. Les altérations majeures du lipide A sont l'ajout de phosphoéthanolamine et de 4-amino-4-deoxy-L-arabinose à cette molécule. L'acquisition de plasmides portant des gènes de type mcr ( mobile colistin resistance ) qui codent pour la phosphoéthanolamine est plus inquiétante car transmissible entre espèces bactériennes.
Effets indésirables et interactions
Par voie systémique, l'effet secondaire principal de la colistine est sa néphrotoxicité élevée. Il existe également des réactions allergiques à cet antibiotique, administré par voie systémique ou locale. L'association de la colistine avec d'autres médicaments néphrotoxiques doit être évitée (par exemple les aminosides, les glycopeptides et l'amphotéricine B). Par voie générale, la colistine peut diminuer l'excrétion de nombreux médicaments. Il n'y a pas d'interaction signalée pour une utilisation locale.
Contre-indications
La contre-indication principale est l'allergie à la colistine. Par voie systémique, la colistine ne doit pas être administrée à des patients souffrant d'insuffisance rénale sévère.
Vancomycine
La vancomycine (fig. 15-22
Fig. 15-22
Structure de la vancomycine.
) est un antibiotique de la famille des glycopeptides, comme la teicoplanine. Elle peut être administrée par voie parentérale ou locale, sous forme de collyre (préparation hospitalière).
Mécanisme d'action
La vancomycine inhibe la synthèse de la paroi cellulaire chez les bactéries à Gram positif. Elle forme des interactions de type liaisons hydrogène entre les fragments terminaux D-alanyl-D-alanine des pentapeptides accrochés aux groupements d'acide N-acétyl-muramique du peptidoglycane. Elle empêche ainsi la réticulation du peptidoglycane nécessaire à la solidité de la paroi bactérienne. Son action est bactéricide.
Activité antibactérienne
La vancomycine possède un spectre antibactérien limité aux bactéries à Gram positif. Elle est notamment active sur les bactéries des genres Staphylococcus (en particulier, c'est le médicament de recours pour les SARM), Streptococcus , Enterococcus , Corynebacterium , Bacillus , Clostridium (y compris C. difficile ) et C. acnes .
Mécanismes de résistance bactérienne
L'acquisition d'une résistance de haut niveau à la vancomycine (et à la teicoplanine) existe essentiellement chez les entérocoques, en particulier E. faecium . Elle est liée à l'acquisition de gènes (notamment vanA ) qui permettent à la bactérie de remplacer le groupement D-alanyl-D-alanine par un groupement D-alanyl-D-lactate, dont l'affinité pour la vancomycine est très diminuée [80 , 95 , 96]. L'acquisition de gènes similaires ( vanA ) chez S. aureus a été signalée, mais demeure exceptionnelle. Une résistance acquise plus fréquente, de niveau intermédiaire, existe chez les staphylocoques (notamment S. aureus ) du fait de modifications complexes de la paroi bactérienne gênant l'accès de la vancomycine à sa cible. Ces souches sont dites VISA ou GISA pour S. aureus ( vancomycin-intermediate ou glycopeptide-intermediate S. aureus ) [95 , 96].
Effets indésirables et interactions
L'effet indésirable majeur de la vancomycine (et de la teicoplanine) administrée par voie parentérale est sa néphrotoxicité. Elle peut également induire une ototoxicité (perte d'acuité auditive), une hypokaliémie, des troubles digestifs. Elle doit être administrée diluée et lentement (au moins 60 minutes, débit maximal de 10 mg/min pour des doses > 500 mg) en raison du risque élevé de douleur et de thrombophlébite, et pour éviter le red man syndrome (bouffées vasomotrices et/ou éruption érythémateuse du visage, du cou et de la partie supérieure du torse). L'administration parentérale concomitante de vancomycine et d'un autre médicament néphrotoxique ou ototoxique doit être évitée. Il n'existe pas d'interaction notable pour la vancomycine utilisée sous forme de collyre. Lors d'injection intravitréenne (voir plus loin), la vancomycine ne doit pas être mélangée dans la même seringue avec la ceftazidime du fait des risques de précipitation des deux antibiotiques [ 97].
Contre-indication
La contre-indication majeure est l'hypersensibilité à la vancomycine locale ou générale.
Infections de surface et collyres antibiotiques
Médicaments de choix
Le choix des médicaments dépend de l'agent bactérien incriminé, de la nature du tissu infecté (conjonctivite, kératite), de la gravité du tableau clinique, du patient (âge, allergie) et de la suspicion de l'agent infectieux causal. Le lavage oculaire à l'aide de sérum physiologique doit être associé plusieurs fois par jour. Le tableau 15-9
Tableau 15-9
Principaux antibiotiques locaux non associés disponibles en France et utilisés pour le traitement des kératites bactériennes.
AntibiotiqueFamilleSpectre habituelCollyre hospitalier (concentration/solvant/durée de conservation) Collyre/pommade
disponible en officine
Principaux inconvénients/effets indésirables
CéfazolineCéphalosporine de 1 re génération Staphylocoques MétiS
Streptocoques
Certaines BGN (E. coli, Haemophilus )
50 mg/ml NaCl 0,9 % 3 jours – Allergie
– Instabilité en solution
– Mauvaise pénétration cornéenne
CeftazidimeCéphalosporine de 3 e génération Staphylocoques MétiS
La plupart des BGN
12,5-20 ou 50 mg/ml NaCl 0,9 % 10 jours à +2 °C-+8 °C
CéfotaximeCéphalosporine de 3 e génération 50 mg/ml BSS®7 jours
TicarcillineCarboxypénicillineStreptocoques
BGN (sauf klebsielles)
Certaines bactéries anaérobies
6,6 mg/ml NaCl 0,9 % 30 jours – Allergie
– Instabilité en solution
– Mauvaise pénétration cornéenne
– Toxicité locale
PipéracillineUréidopénicillineStreptocoques
BGN
20 mg/ml NaCl 0,9 % 7 jours
+2 °C-+8 °C
ImipénemCarbapénèmeStreptocoques
Staphylocoques MétiS
BGN
2 ou 5 mg/ml NaCl 0,9 % 3 jours
VancomycineGlycopeptideCocci Gram +
Certains BGP
25 ou 50 mg/ml Eau PPI 30 jours – Toxicité locale
GentamicineAminosideBGN
BGP
(inactifs sur streptocoques et anaérobies)
15 mg/ml NaCl 0,9 % 30 jours Gentalline® collyre 0,3 % et pommade ophtalmique 0,3 % – Toxicité locale (pseudomembranes, kératite ponctuée superficielle, retard de cicatrisation, hyperhémie conjonctivale)
– Allergie
– Mauvaise pénétration cornéenne
NéomycineNéomycine Diamant® collyre 3500 UI/ml
Tobramycine20 mg/ml NaCl 0,9 % 3 jours Tobrex® collyre 0,3 % et pommade ophtalmique 0,3 %
Tobrabact®
Amikacine25-50 mg/ml NaCl 0,9 % 7 jours
2 mois +2 °C-+8 °C
BacitracinePolypeptideCGP
Certains BGN
5000 UI/ml NaCl 0,9 % 7 jours – Allergie
– Mauvaise pénétration cornéenne
ColimycineBGN (sauf Serratia, Proteus, Bacteroides) 125000 UI/ml NaCl 0,9 % 3 jours
(flacon opaque)
AzithromycineMacrolideCGN ou CGP
Certains BGN
Certaines mycobactéries
Chlamydia
Azyter® collyre 15 mg/g – Bactériostatique à faible concentration, bactéricide à forte concentration
– Pénétration cornéenne modérée, intracellulaire bonne
RifamycineRifamycineBGPRifamycine Chibret® collyre 1000000 UI/100 ml et pommade ophtalmique 1000000 UI/100 g Sélection rapide de mutants résistants en monothérapie
NorfloxacineFluoroquinolone de 2 e génération Staphylocoques MétiS
Staphylocoques MétiR inconstamment sensibles, Streptocoques modéremment sensibles,
BGN
Chibroxine® collyre 0,3 % – Pénétration cornéenne variable
– Dépôts cornéens
– Résistances
OfloxacineExocine® collyre 0,3 %
Quinofree® 1,5 mg/0,5 ml
CiprofloxacineCiloxan® collyre 0,3 % et pommade ophtalmique 0,3 %
LinézolideOxazolidinedioneSpectre large GP2 mg/ml
résume la sensibilité aux antibiotiques des principales bactéries à l'origine d'infections de la surface oculaire. L'identification de l'agent infectieux, notamment dans les kératites graves, et la prévalence préférentielle de certaines bactéries dans certaines permettent ainsi de cibler l'antibiotique.
Antibiothérapie locale
Les collyres hospitaliers présentent deux avantages majeurs : l'augmentation importante de la concentration d'antibiotique délivré aboutit à une augmentation significative de la concentration intracornéenne; le choix des antibiotiques pouvant être préparés est plus large que la pharmacopée disponible commercialement. Les collyres antibiotiques hospitaliers sont indiqués dans les cas de kératites graves (grand diamètre, infiltration stromale, inflammation de chambre antérieure, sujet âgé). Ces collyres ne sont disponibles que dans le cadre de préparations magistrales ou hospitalières, selon des contraintes réglementaires (accord de l'agence régionale de santé [ARS], dépôt des formules auprès de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé [ANSM]) et pharmacotechniques strictes permettant d'assurer la stérilité des préparations. Plusieurs études pharmacologiques ont rapporté les possibilités de conditionnement, la stabilité et le stockage des collyres hospitaliers [98-99-100]. Il existe également la possibilité de congeler les collyres hospitaliers (pendant une période de 3 mois), facilitant ainsi la préparation (possibilité de fabriquer des collyres en plus grande quantité, contrôles de qualité facilités), le stockage des solutions et la délivrance en urgence des collyres hospitaliers [ 101]. Afin de simplifier le traitement, il a aussi été proposé de préparer des solutions fixes associant deux collyres hospitaliers, comme vancomycine (50 mg/ml) + amikacine (20 ou 30 mg/ml) [102]. Le tableau 15-9
Tableau 15-9
Principaux antibiotiques locaux non associés disponibles en France et utilisés pour le traitement des kératites bactériennes.
AntibiotiqueFamilleSpectre habituelCollyre hospitalier (concentration/solvant/durée de conservation) Collyre/pommade
disponible en officine
Principaux inconvénients/effets indésirables
CéfazolineCéphalosporine de 1 re génération Staphylocoques MétiS
Streptocoques
Certaines BGN (E. coli, Haemophilus )
50 mg/ml NaCl 0,9 % 3 jours – Allergie
– Instabilité en solution
– Mauvaise pénétration cornéenne
CeftazidimeCéphalosporine de 3 e génération Staphylocoques MétiS
La plupart des BGN
12,5-20 ou 50 mg/ml NaCl 0,9 % 10 jours à +2 °C-+8 °C
CéfotaximeCéphalosporine de 3 e génération 50 mg/ml BSS®7 jours
TicarcillineCarboxypénicillineStreptocoques
BGN (sauf klebsielles)
Certaines bactéries anaérobies
6,6 mg/ml NaCl 0,9 % 30 jours – Allergie
– Instabilité en solution
– Mauvaise pénétration cornéenne
– Toxicité locale
PipéracillineUréidopénicillineStreptocoques
BGN
20 mg/ml NaCl 0,9 % 7 jours
+2 °C-+8 °C
ImipénemCarbapénèmeStreptocoques
Staphylocoques MétiS
BGN
2 ou 5 mg/ml NaCl 0,9 % 3 jours
VancomycineGlycopeptideCocci Gram +
Certains BGP
25 ou 50 mg/ml Eau PPI 30 jours – Toxicité locale
GentamicineAminosideBGN
BGP
(inactifs sur streptocoques et anaérobies)
15 mg/ml NaCl 0,9 % 30 jours Gentalline® collyre 0,3 % et pommade ophtalmique 0,3 % – Toxicité locale (pseudomembranes, kératite ponctuée superficielle, retard de cicatrisation, hyperhémie conjonctivale)
– Allergie
– Mauvaise pénétration cornéenne
NéomycineNéomycine Diamant® collyre 3500 UI/ml
Tobramycine20 mg/ml NaCl 0,9 % 3 jours Tobrex® collyre 0,3 % et pommade ophtalmique 0,3 %
Tobrabact®
Amikacine25-50 mg/ml NaCl 0,9 % 7 jours
2 mois +2 °C-+8 °C
BacitracinePolypeptideCGP
Certains BGN
5000 UI/ml NaCl 0,9 % 7 jours – Allergie
– Mauvaise pénétration cornéenne
ColimycineBGN (sauf Serratia, Proteus, Bacteroides) 125000 UI/ml NaCl 0,9 % 3 jours
(flacon opaque)
AzithromycineMacrolideCGN ou CGP
Certains BGN
Certaines mycobactéries
Chlamydia
Azyter® collyre 15 mg/g – Bactériostatique à faible concentration, bactéricide à forte concentration
– Pénétration cornéenne modérée, intracellulaire bonne
RifamycineRifamycineBGPRifamycine Chibret® collyre 1000000 UI/100 ml et pommade ophtalmique 1000000 UI/100 g Sélection rapide de mutants résistants en monothérapie
NorfloxacineFluoroquinolone de 2 e génération Staphylocoques MétiS
Staphylocoques MétiR inconstamment sensibles, Streptocoques modéremment sensibles,
BGN
Chibroxine® collyre 0,3 % – Pénétration cornéenne variable
– Dépôts cornéens
– Résistances
OfloxacineExocine® collyre 0,3 %
Quinofree® 1,5 mg/0,5 ml
CiprofloxacineCiloxan® collyre 0,3 % et pommade ophtalmique 0,3 %
LinézolideOxazolidinedioneSpectre large GP2 mg/ml
liste les principaux collyres hospitaliers proposés par les pharmacies hospitalières, avec leur durée de préemption. L'utilisation des collyres renforcés est rendue difficile du fait de la préparation hospitalière du collyre et de sa péremption souvent rapide. Le collyre antibiotique hospitalier est conservé à 4 °C pendant plusieurs jours. Il est nécessaire d'éviter la contamination bactérienne du flacon. L'utilisation des collyres dans un contexte d'urgence rend indispensable la réalisation de stocks. Les associations d'antibiotiques hospitaliers (bi- ou trithérapie synergique), comme ticarcilline + gentamicine + vancomycine ou céphazoline + amikacine, sont utilisées afin de couvrir le large spectre bactérien des kératites. L'association d'un antibiotique hospitalier (comme la céphazoline) peut se faire avec un collyre hospitalier, notamment une fluoroquinolone. L'administration de collyres est habituellement réalisée sous la forme d'une bithérapie ou d'une trithérapie, synergique, à large spectre, avec des instillations répétées : dose de charge toutes les 30 minutes les premières heures d'hospitalisation, puis toutes les heures les 24 premières heures. Il faut respecter un délai de 5 minutes entre chaque instillation de collyre. Les collyres sont ensuite prescrits à la posologie d'une goutte par heure pendant 48 heures. Les effets indésirables oculaires sont principalement liés à la toxicité sur la surface oculaire : le retard de cicatrisation (aminosides, kanamycine, vancomycine) [103-104-105], la toxicité épithéliale cornéenne (aminosides) [104 , 105], la nécrose conjonctivale (aminosides) [ 106], la réaction allergique, et de rares cas de sténose canaliculaire [107]. L'association des collyres tobramycine + cefazoline induit principalement des sensations de brûlures (13,4 % des cas) [ 108 , 109] et un prurit oculaire (2,4 %) [ 108]. Les collyres les mieux tolérés sont ceux à base de ceftazidime [110] et de céfazoline [105].
Prescription – indications
En ce qui concerne les conjonctivites nécessitant une antibiothérapie (sécrétions purulentes importantes, œdème palpébral, baisse de vision, photophobie, immunodépression, diabète, antécédent de chirurgie filtrante), une antibiothérapie locale sera discutée : rifamycine ou azithromycine collyre.
  • Chez le nouveau-né, la conjonctivite papillaire et mucopurulente dans un contexte d'infection à Chlamydia trachomatis chez la mère nécessite un traitement général (azithromycine) et local (rifamycine, azithromycine), du fait de la fréquence associée de l'infection du nasopharynx (50 %) et pulmonaire (20 %).
  • Chez l'enfant, une atteinte systémique à Haemophilus ou pneumocoque nécessite une antibiothérapie systémique associant amoxicilline + acide clavulanique pendant 10 jours. Un traitement systémique est également systématique en cas d'atteinte par le méningocoque ou le gonocoque; à suspecter en cas de conjonctivite suraiguë.
Concernant les kératites bactériennes , le tableau 15-10
Tableau 15-10
Traitement des kératites bactériennes : exemples de protocoles antibiotiques⁎.
Quel que soit l'antibiotique prescrit, hospitalier ou non, une « dose de charge» (instillations répétées toutes les 5 à 10 minutes la première heure de traitement) permet d'obtenir rapidement des concentrations cornéennes satisfaisantes. Le respect d'un intervalle de 5 minutes entre chaque instillation de collyre est nécessaire. Les collyres sont ensuite prescrits à la posologie d'une goutte par heure pendant 48 heures. L'utilisation de pommades antibiotiques est à éviter à la phase aiguë de l'infection pour ne pas diminuer la pénétration des collyres. Néanmoins, cette forme galénique a pour avantage d'augmenter le temps de contact cornéen et est particulièrement utile chez l'enfant ou en application nocturne, une fois l'infection contrôlée.
Type de kératiteProtocoles antibiotiques
Kératites bactériennes menaçant la vision (critères de gravité locaux 1-2-3 présents) : associations de collyres hospitaliers (pharmacies hospitalières) dans le cadre d'une hospitalisation – Ticarcilline (6,6 mg/ml) + gentamycine (15 mg/ml) + vancomycine (50 mg/ml)
– Ceftazidime (20 mg/ml) + vancomycine (50 mg/ml)
– Céfazoline (50 mg/ml) + tobramycine (20 mg/ml)
– Céfazoline (50 mg/ml) + quinolone
Kératites bactériennes ne menaçant pas immédiatement la vision (critères 1-2-3 absents) : associations de collyres disponibles en officine. Suivi ambulatoire rapproché – Quinolone ± aminoside
– Quinolone ± rifamycine
résume les associations d'antibiotiques actuellement disponibles en pharmacie de ville ou en pharmacie hospitalière adaptées aux situations cliniques. Le traitement antibiotique par voie topique est débuté dès les prélèvements effectués. Il est adapté à la gravité des lésions, à l'orientation clinique initiale (facteurs de risque associés, sémiologie des lésions oculaires cornéennes et extracornéennes) et aux résultats de l'examen microbiologique direct (puis après culture).
  • L'association aminoside + ceftazidime est particulièrement adaptée pour le traitement des kératites à P. aeruginosa.
  • L'association gentamicine + vancomycine est adaptée pour le traitement des kératites à S. pneumoniae résistantes aux pénicillines. L'irrigation de l'interface par des antibiotiques au moment de la réalisation des prélèvements microbiologiques est nécessaire en cas d'infection post-LASIK ou post-SMILE.
  • Les kératites à mycobactéries atypiques requièrent une trithérapie antibiotique prolongée associant, selon les données de l'antibiogramme, un collyre d'aminoside, de macrolide, de fluoroquinolone, et éventuellement un traitement par voie orale (azithromycine ou doxycycline).
  • Les kératites à Nocardia sont sensibles à l'amikacine et à l'association triméthoprime-sulfamétoxazole.
  • Les kératites à Moraxella peuvent être traitées par fluoroquinolones et aminosides; toutefois, un traitement prolongé est souvent nécessaire.
Les pommades antibiotiques peuvent être utiles la nuit ou en cas de mauvaise compliance thérapeutique dans les cas peu sévères; cependant, les pommades manquent de solubilité et les antibiotiques ne pénètrent pas aussi bien dans la cornée que les collyres. Des injections sous-conjonctivales d'antibiotiques peuvent être utiles en cas d'atteinte avancée (sclérite, risque de perforation) ou de mauvaise observance du traitement. Les antibiotiques systémiques sont utiles par voie orale ou intraveineuse en cas d'extension sclérale, intraoculaire ou intra-orbitaire de l'infection, ou en cas d'infection à gonocoque. Des tétracyclines par voie orale peuvent être prescrites en cas de fonte stromale (effet anticollagénase). Les collyres antibiotiques sont principalement indiqués en cas de kératite infectieuse. Le choix du collyre disponible en officine ou de l'association de collyres hospitaliers dépend principalement de la présentation clinique et des circonstances de survenue (terrain, antécédents généraux et oculaires). Le traitement antibiotique doit être associé à une surveillance ophtalmologique adaptée afin d'adapter efficacement le traitement antibiotique (durée, efficacité clinique et microbiologique, effets indésirables) et associé (corticothérapie, membrane amniotique, traitement chirurgical).
Endophtalmies et antibiotiques intravitréens
L'injection intravitréenne (IVT) est la voie privilégiée d'administration des antibiotiques dans le traitement de l'endophtalmie bactérienne. C'est la seule voie d'administration qui permet d'obtenir des concentrations vitréennes élevées et de façon quasi immédiate. L'endophtalmie bactérienne est une urgence thérapeutique justifiée par le temps de doublement de la population bactérienne qui peut atteindre 20 minutes.
Médicaments de choix
Le choix du traitement antibiotique doit répondre à deux critères, celui d'être probabiliste en attendant le résultat des prélèvements bactériologiques et celui d'être bien toléré. C'est ainsi qu'une double antibiothérapie synergique à large spectre est préconisée. Un glycopeptide comme la vancomycine assure une couverture quasi parfaite contre les bactéries à Gram positif (concentration vitréenne 50 à 200 fois plus élevées que la concentration minimale inhibitrice [CMI] des bactéries) [97]. Son activité temps-dépendante nécessite des injections répétées pour maintenir une activité bactéricide. L'association avec une céphalosporine de 3 e génération assure une bonne couverture des bactéries à Gram négatif qui sont protégées de l'action des glycopeptides par la présence d'une membrane externe. Le deuxième médicament à associer à la vancomycine est la céftazidime active sur les entérobactéries, Haemophilus et Pseudomonas. Le SARM et les entérocoques sont quant à eux résistants à la ceftazidime. Les aminosides sont des antibiotiques avec une action concentration-dépendante et sont actifs contre les bactéries à Gram négatif. Cependant, la fenêtre thérapeutique proche des concentrations potentiellement toxiques des aminosides fait préférer l'usage de la ceftazidime en première intention.
Pharmacocinétique intravitréenne
La pharmacocinétique est l'étude du devenir du médicament dans l'organisme et donc intimement liée à la pharmacodynamie qui étudie la variation de l'effet bactéricide en fonction du temps et en fonction de la concentration de l'antibiotique. Les concentrations intravitréennes obtenues par cette voie sont équivalentes à plusieurs dizaines de fois la CMI mesurée in vitro. La voie d'élimination est soit antérieure à travers l'angle iridocornéen, soit postérieure à travers la rétine et va dépendre de la présence ou non de transporteurs actifs. Par exemple, pour la céphazoline, l'inflammation endommage le système de transport au niveau de la rétine, ce qui augmente sa demi-vie intravitréenne. Plusieurs autres facteurs anatomiques vont influer sur la pharmacocinétique, comme la longueur axiale (tableau 15-11
Tableau 15-11
Effets de la longueur axiale sur le volume vitréen, influençant la pharmacocinétique des antibiotiques injectés dans le vitré.
Fréquence générale [-------------------95 %--------------------]/population
[---------- 90 % ---------]
Longueur axiale (mm)16182022242628303234
Volume oculaire (ml)2,134,25,67,29,211,414,117,220,6
Volume vitréen (ml)1,72,43,44,55,87,49,111,313,816,5
Réfraction+10,8+5,40–5,4–10,8–16,2–20
). Une adaptation des doses chez le patient myope fort semble donc justifiée. L'élimination de l'antibiotique dépend également de facteurs comme le niveau d'inflammation, l'état phaque ou non, vitrectomisé ou non. Un œil vitrectomisé aura tendance à éliminer plus rapidement l'antibiotique. L'état du vitré (densité, décollement de la hyaloïde postérieure) est également susceptible de réduire la diffusion des antibiotiques [111].
Effets indésirables
La vancomycine et la ceftazidime sont bien tolérées aux doses recommandées :
  • ceftazidime : une dose supérieure à 10 mg induit une diminution de l'onde b de l'ERG avec une toxicité sur les photorécepteurs observée chez le primate [112];
  • vancomycine : une dose supérieure à 2 mg induit une diminution du signal à l'ERG alors qu'une dose supérieure à 10 mg induit l'extinction de l'ERG. Des vasculites rétiniennes occlusives ( hemorrhagic occlusive retinal vasculitis [HORV]) ont été essentiellement décrites lors de l'injection intracamérulaire de vancomycine [ 113] et seraient liées à une réaction d'hypersensibilité retardée.
Pour les aminosides, en particulier pour la gentamicine, même pour la dose recommandée, il existe un risque d'ischémie maculaire avec baisse visuelle sévère et hémorragies maculaires. À l'angiographie, des territoires de non-perfusion avec diffusion tardive et imprégnation de la paroi artériolaire sont notés, de même qu'une absence de retour veineux.
Prescription – indications
Les injections IVT doivent être réalisées sans délai après le diagnostic clinique d'endophtalmie et sans attendre les résultats d'éventuels prélèvements bactériens. Dans le cadre des endophtalmies bactériennes postopératoires, les deux antibiotiques de choix en première intention sont la vancomycine et la ceftazidime, dont la préparation extemporanée est détaillée dans le tableau 15-12
Tableau 15-12
Doses recommandées pour les injections intravitréennes d'antibiotiques.
*Données expérimentales et/ou cliniques limitées, d'après [152–154].
AntibiotiqueDose recommandée en mg (dans 0,1 ml)
Amikacine0,4
Ampicilline0,5
Carbénicilline2
Céfazoline2
Ceftazidime2,25
Céfuroxime2
Chloramphénicol2
Clindamycine1
Érythromycine0,5
Gentamicine0,2
Méticilline2
Oxacilline0,5
Vancomycine1
Ciprofloxacine0,2 *
Linézolide30 *
Lévofloxacine0,62 *
Gatifloxacine0,2 *
Imipénem0,025 *
Moxifloxacine0,05 à 0,15 *
[114]. Si la vancomycine et l'amikacine sont utilisées, les deux antibiotiques peuvent être injectés dans la même seringue. En l'absence de prélèvement intravitréen, les dilutions (dans NaCl 0,9 %) doivent être ajustées pour un volume final de 0,1 ml au lieu de 0,2 ml. Dans le cadre d'une endophtalmie exogène , si une vitrectomie postérieure n'est pas indiquée, une deuxième injection IVT est fortement recommandée 48 à 72 heures après la première injection IVT, car 13 à 50 % des cultures réalisées après une injection IVT sont positives, témoignant de la non-stérilité du site d'infection [ 115 , 116]. De plus, la concentration thérapeutique de vancomycine n'est pas maintenue au-delà de 72 heures [117]. Dans le cadre d'une endophtalmie endogène , la majorité des bactéries identifiées sont sensibles à la vancomycine, la ceftazidime ou l'amikacine [118 , 119]. Initialement, en l'absence d'éléments généraux orientant vers une infection bactérienne ou fongique, il apparaît raisonnable lors de la première injection IVT d'associer vancomycine, ceftazidime et amphotéricine B afin de couvrir le spectre bactérien et fongique. L'évaluation de la vitrectomie est fondée sur des études non randomisées [120-121-122-123-124]. Le traitement intravitréen des endophtalmies postopératoires est bien codifié, associant l'injection IVT de vancomycine et de ceftazidime en première intention. L'amikacine est privilégiée en association avec la ceftazidime si une bactérie à Gram négatif est identifiée ou est prescrite au lieu de la ceftazidime si la bactérie est résistante à la ceftazidime. En cas d'endophtalmie traumatique ou endogène, la couverture antifongique doit être assurée en réalisant une injection IVT additionnelle d'amphotéricine B ou de voriconazole. Dans le contexte de l'endophtalmie postopératoire, l'indication de la vitrectomie postérieure est liée à la gravité de l'infection lors de l'admission du patient (précocité de l'atteinte en postopératoire, atteinte sévère d'emblée des segments antérieur et postérieur, infection post-chirurgie filtrante), à l'absence de réponse à la première injection IVT et/ou à l'identification d'une bactérie virulente ( Pseudomonas , Streptococcus , notamment S. pneumoniae , S. aureus , S. lugdunensis ) [125] et à la survenue de complications (décollement de rétine, luxation cristallinienne dans la cavité vitréenne). Dans le contexte de l'endophtalmie endogène bactérienne, l'évaluation de la vitrectomie est fondée sur des études non randomisées. Le rôle bénéfique de la vitrectomie postérieure a été rapporté en cas d'endophtalmie endogène bactérienne ou fongique, avec une probabilité trois fois plus importante d'obtenir une acuité visuelle utile et trois fois moins importante de nécessiter une éviscération/énucléation. De même, certaines études retrouvent une vision utile chez 80 % des patients vitrectomisés ainsi qu'un risque d'éviscération ou d'énucléation divisé par six. Les principales indications de vitrectomie sont : l'atteinte vitréenne, sous-rétinienne et/ou choriorétinienne importante, l'atteinte bactérienne, la non-réponse au traitement médical et/ou l'atteinte maculaire. Peu d'études permettent actuellement de préciser le bon moment et les meilleurs candidats à cette vitrectomie. Néanmoins, la vitrectomie semble particulièrement utile chez les patients présentant une infection à germes bactériens virulents et dont l'acuité visuelle est, lors de la prise en charge initiale, inférieure à compte les doigts. Les protocoles de dilution des antibiotiques pour IVT après et sans ponction à visée bactériologique et hypotonisante sont indiqués dans les encadrés 15-1
Encadré 15-1
Protocoles de dilution des antibiotiques pour injection intravitréenne après ponction à visée bactériologique et hypotonisante
Volume final de dilution : 0,1 ml pour chaque antibiotique
Vancomycine
  • Concentration à obtenir : 1 mg/0,1 ml
  • Dilution : diluer 1 flacon de 500 mg de poudre Vancomycine® dans 50 ml de sérum physiologique (NaCl 0,9 %).
  • Concentration dans le mélange final : 10 mg/ml
  • Volume à injecter : 0,1 ml du mélange final obtenu dans le vitré
  • Quantité injectée : 1 mg
Ceftazidime
  • Concentration à obtenir : 2 mg/0,1 ml
  • Dilution : diluer 1 flacon de 1 g (1000 mg) de poudre Fortum® dans 50 ml de sérum physiologique (NaCl 0,9 %).
  • Concentration dans le mélange final : 20 mg/ml
  • Volume à injecter : 0,1 ml du mélange final obtenu dans le vitré
  • Quantité injectée : 2 mg
Amikacine
  • Concentration à obtenir : 0,4 mg/0,1 ml
  • Dilution : diluer 1 flacon de 250 mg de poudre Amiklin® dans 50 ml de sérum physiologique (NaCl 0,9 %).
  • Concentration dans le mélange final : 5 mg/ml
  • Volume à injecter : 0,08 ml du mélange final obtenu dans le vitré
  • Quantité injectée : 0,4 mg
et encadrés 15-2
Encadré 15-2
Protocoles de dilution des antibiotiques pour injection intravitréenne sans ponction à visée bactériologique et hypotonisante
Volume final de dilution : 0,05 ml pour chaque antibiotique
Vancomycine
  • Concentration à obtenir : 2 mg/0,1 ml
  • Dilution : diluer 1 flacon de 1 g (1000 mg) de poudre Vancomycine® dans 50 ml de sérum physiologique
  • Concentration dans le mélange final : 20 mg/ml
  • Volume à injecter : 0,05 ml du mélange final obtenu dans le vitré
  • Quantité injectée : 1 mg
Ceftazidime
  • Concentration à obtenir : 4 mg/0,1 ml
  • Dilution : diluer 1 flacon de 2 g (2000 mg) de poudre Fortum® dans 50 ml de sérum physiologique (NaCl 0,9 %).
  • Concentration dans le mélange final : 40 mg/ml
  • Volume à injecter : 0,05 ml du mélange final obtenu dans le vitré
  • Quantité injectée : 2 mg
Amikacine
  • Concentration à obtenir : 0,8-10 mg/0,1 ml
  • Dilution : diluer 1 flacon de 500 mg de poudre Amiklin® dans 50 ml de sérum physiologique (NaCl 0,9 %)
  • Concentration dans le mélange final : 10 mg/ml
  • Volume à injecter : 0,04 ml du mélange final obtenu dans le vitré
  • Quantité injectée : 0,4 mg
.
Place des antibiotiques systémiques
Médicaments de choix
L'étude américaine publiée en 1995 ( Endophtalmitis Vitrectomy Study [EVS]) [126] n'a pas montré de bénéfice à l'adjonction systémique d'amikacine et ceftazidime dans la prise en charge de l'endophtalmie bactérienne aiguë postopératoire. Cependant, ces antibiotiques ne présentaient pas une bonne pénétration oculaire. Des données expérimentales suggèrent l'intérêt de l'adjonction systémique d'antibiotiques comme les fluoroquinolones, l'imipénème et la fosfomycine [92 , 127]. La moxifloxacine [ 128] et la gatifloxacine [ 129] et, dans une moindre mesure, la ciprofloxacine [130] et la lévofloxacine [131] présentent une bonne biodisponibilité oculaire après prise orale, permettant d'atteindre des concentrations intravitréennes au-delà de la CMI, notamment pour les staphylocoques coagulase négative. Des données microbiologiques sur la résistance des staphylocoques coagulase négative [132] sont en faveur de l'utilisation de l'imipénème au lieu de la pipéracilline (80 % de résistance et moindre pénétration intraoculaire).
Pharmacocinétique (humeur aqueuse, vitré, rétine)
Voies orale et parentérale
La présence d'une barrière hémato-oculaire, constituée principalement de la barrière hémato-aqueuse et de la barrière hématorétinienne (BHR), limite la pénétration oculaire des antibiotiques. Les molécules les plus lipophiles, et de petite taille, sont celles qui pénètrent le mieux à partir de la circulation générale. Les composants anioniques (dont font partie les bêta-lactamines) sont activement transportés en dehors de l'œil à travers la BHR. C'est aussi le cas pour la ciprofloxacine, comme l'ont montré les études du probénicide, qui retarde ces transports, augmentant ainsi la demi-vie intravitréenne de ces médicaments. Au contraire, les composés cationiques comme les aminosides, la vancomycine, la rifampicine et l'érythromycine ne sont pas activement transportés à travers la BHR, mais doivent diffuser dans la chambre antérieure avant d'être éliminés. La présence d'une inflammation modifie fortement la pénétration oculaire de ces médicaments rendant difficiles les modélisations. Le tableau 15-13
Tableau 15-13
Pics de concentration intraoculaires après administration d'une dose usuelle systémique d'antibiotiques classés par ordre décroissant (revue de la littérature).
Médicament per os/IV [HA]mg/l[Vitré] mg/l
Fosfomycine11,44-8
Imipénem2,92,5
Moxifloxacine2,30,5-1,2
Lévofloxacine1,1 1,81,6
Ofloxacine1,51,8
Ciprofloxacine0,60,64
Acide clavulanique0,50
Doxycycline0,40,3
Vancomycine0-10-1
synthétise les données de la littérature concernant les pics de concentration oculaires après administration d'une dose usuelle systémique d'antibiotiques.
Effets indésirables
Imipénème/cilastatine
Rarement, on retrouve : troubles digestifs, hypoacousie, dysgueusie, colite pseudomembraneuse. Des candidoses systémiques sont possibles, de même que des manifestations cutanées ou allergiques. Des convulsions, des troubles psychiques, dont des hallucinations, des états confusionnels ont été signalés surtout en cas de surdosage et chez la personne âgée. Au niveau biologique, on observe rarement une augmentation de la créatinémie, des transaminases ou des troubles hématologiques. Les données en cas de grossesse et d'allaitement sont rassurantes.
Lévofloxacine
En plus de l'hypersensibilité, une asthénie, des troubles digestifs, des myalgies matinales sont possibles. Des tendinites peuvent survenir dès les 48 premières heures de traitement et concernent souvent le tendon d'Achille, avec risque de rupture tendineuse et de bilatéralisation. Le risque est majoré chez la personne de plus de 65 ans et en cas de corticothérapie associée. En cas de tendinite, l'arrêt immédiat du traitement s'impose avec mise au repos et avis spécialisé. En cas de surdosage, il existe un risque de convulsions et d'allongement de l'intervalle QT. Des effets biologiques hématologiques, hépatiques et rénaux sont rarement rapportés. Les quinolones sont contre-indiquées chez l'enfant et l'adolescent jusqu'à la fin de la période de croissance (toxicité articulaire). Les données pendant la grossesse sont rassurantes, mais la lévofloxacine est à éviter en cas d'allaitement. Une protection contre les UV jusqu'à 48 heures après l'arrêt du traitement est nécessaire du fait du risque de photosensibilisation. Les interactions médicamenteuses des fluoroquinolones sont nombreuses. Il faut veiller à ne pas les associer aux laitages et aux antiacides à base d'hydroxyde de magnésium ou d'aluminium, pour éviter la formation de chélate et, donc, le risque d'échec thérapeutique. Les fluoroquinolones majorent la toxicité de la théophylline, des benzodiazépines, des antisécrétoires anti-H 2 , entre autres. Il faut également éviter de les associer aux AINS, en particulier chez les personnes âgées, car il existe un risque de neurotoxicité.
Prescription – indications
La prescription de première intention associe imipénème et fluoroquinolones par voie systémique pendant 5 jours. La fosfomycine peut remplacer les quinolones chez l'enfant ou en cas de contre-indications aux fluoroquinolones.
  • Imipénème/cilastatine (Tienam®) : IV, 500 à 750 mg × 4/J (2 g/j) pendant 5 jours. En cas d'insuffisance rénale, une adaptation des doses est nécessaire. Chez les enfants de 40 kg, la posologie recommandée est celle de l'adulte. Chez les enfants de moins de 40 kg, la posologie recommandée est de 60 mg/kg/jour, répartie en 4 perfusions.
  • + Lévofloxacine (Tavanic®) per os ou IV : 1 comprimé (500 mg), 2 fois par jour pendant 5 à 7 jours. En cas d'insuffisance rénale, une adaptation des doses est nécessaire.
  • Ou + Fosfomycine (Fosfocine®) : 100 à 200 mg/kg/24 h, soit 8 à 12 g par 24 heures (perfusions de 4 g d'une durée de 4 heures). Chez l'enfant : 100 à 200 mg/kg/24 h. En cas d'insuffisance rénale, la posologie doit être adaptée.
L'usage des antibiotiques systémiques dans les endophtalmies bactériennes postopératoires est considéré actuellement comme un traitement adjuvant, comparativement aux injections IVT ou à la vitrectomie postérieure. Cependant, les données pharmacocinétiques et la sensibilité bactérienne à ces antibiotiques sont en faveur de leur utilisation dans ce contexte d'inflammation intraoculaire (pénétration intraoculaire augmentée). Les antibiotiques de choix sont l'imipénème, la fosfomycine et les fluoroquinolones (lévofloxacine ou ciprofloxacine, en France). En revanche, dans le contexte d'une endophtalmie endogène, le traitement antibiotique systémique est essentiel. En l'absence d'identification microbiologique, le traitement est probabiliste. Le traitement médical général inclut une antibiothérapie par voie systémique pendant au moins 2 à 4 semaines et cible avant tout le foyer causal général, en étant initialement probabiliste car adapté au terrain et à la topographie de l'atteinte (tableau 15-14
Tableau 15-14
Antibiothérapie générale probabiliste en fonction du terrain et de la topographie de l'atteinte systémique.
Foyer causal et/ou facteur de risque associéAntibiotique systémique probabiliste
ToxicomaniePénicilline M ± aminoside
Chirurgie abdominale, endoscopieBêtalactamine + imidazolé ± aminoside
Cathétérisme vasculaire prolongéGlycopeptide ± aminoside
HémodialyseGlycopeptide ± aminoside
Foyer dentairePénicilline A + inhibiteur acide clavulanique
Foyer urinaireCéphalosporine de 3 e génération ± aminoside
Foyer hépatique/biliaire/intestinalBêtalactamine + imidazole ± aminoside
Foyer pulmonaireBêtalactamine antipneumocoque ± fluoroquinolone
MéningiteCéphalosporine de 3 e génération dans la plupart des situations
Amoxicilline + gentamycine si suspicion de listériose
EndocarditePénicilline A, pénicilline M ou daptomycine + aminoside
). Sur le plan antibactérien, une antibiothérapie à bonne pénétration intraoculaire, de type céphalosporine de 3 e génération ou fluoroquinolone, doit être privilégiée.
Médicaments antifongiques à visée ophtalmologique
Médicaments utilisables en ophtalmologie
Polyènes
La famille des polyènes regroupe des médicaments antifongiques essentiels pour le traitement des infections fongiques oculaires : l'amphotéricine B (AmB-désoxycholate et son dérivé liposomal, moins toxique) (fig. 15-23
Fig. 15-23
Structure de l'amphotéricine B.
) et la natamycine (fig. 15-24
Fig. 15-24
Structure de la natamycine.
). Ce sont des macrolides cycliques d'origine naturelle produits par des actinomycètes du genre Streptomyces. Ces médicaments agissent de façon mécanique en se fixant à l'ergostérol membranaire. L'ergostérol est capté par le polyène qui agit comme une éponge. La membrane devient poreuse, entraînant la mort cellulaire par fuite ionique. Les polyènes sont donc fongicides, et possèdent un très large spectre d'activité parmi les levures (sauf Trichosporon ) et les champignons filamenteux ( Aspergillus est régulièrement sensible, sauf A. Terrus ; Fusarium et Curvularia ont une sensibilité inconstante). Les résistances à ces antifongiques sont exceptionnelles et très peu décrites. Le mécanisme d'action des antifongiques est représenté dans la figure 15-25
Fig. 15-25
Mécanisme d'action des antifongiques.
Source : Cyrille Martinet.
.
Azolés
Les azolés sont, avec les polyènes, les médicaments antifongiques les plus utilisées dans le traitement des infections fongiques oculaires. Cette famille regroupe le fluconazole, l'itraconazole, le voriconazole (fig. 15-26
Fig. 15-26
Structure du voriconazole.
), le posaconazole et l'isavuconazole. Ce sont des composés triazolés d'origine synthétique qui agissent en inhibant la synthèse de l'ergostérol membranaire. Ils bloquent la lanostérol-14α-déméthylase, enzyme responsable de la synthèse de l'ergostérol à partir du précurseur lanostérol. Ce blocage entraîne une baisse de production d'ergostérol qui fragilise la membrane et est à l'origine de l'accumulation de stérols méthylés toxiques pour la cellule fongique. Les triazolés ont un large spectre d'activité antifongique et sont fongistatiques sur les levures et fongicides pour les champignons filamenteux type A spergillus . À noter que le fluconazole n'est actif que sur les levures. Le voriconazole a un spectre étendu à Aspergillus , Scedosporium , Fusarium et Alternaria . Les résistances acquises sont fréquentes et résultent de nombreux mécanismes : efflux par surproduction des transporteurs membranaires, modification ou surproduction de la cible (lanostérol-14α-déméthylase), ou contournement métabolique empêchant la formation des stérols toxiques [ 133 , 134].
Échinocandines
Ce sont des lipopeptides semi-synthétiques d'origine fongique. Cette famille regroupe la caspofungine (fig. 15-27
Fig. 15-27
Structure de la caspofungine.
), la micafungine et l'anidulafungine, cette dernière n'étant pas disponible en France. Elles agissent en inhibant la sous-unité catalytique Fks de la β-1,3-glucane synthase, entraînant un défaut de synthèse des β-glucanes, composants majeurs de la paroi fongique. Les échinocandines ne sont actives que sur les Candida spp. (action dite fongicide) pour les levures, et seulement sur les Aspergillus spp. (action fongistatique) pour les champignons filamenteux. Le mécanisme majeur de résistance aux échinocandines de Candida spp. est la modification de l'enzyme cible, par mutation des gènes FKS . Il n'existe actuellement qu'une seule description d'une souche d' Aspergillus ayant acquis in vivo la résistance aux échinocandines [ 133 , 134]. Du fait de leur pharmacocinétique défavorable, les échinocandines ne sont que très rarement indiquées en ophtalmologie et seulement en association avec d'autres antifongiques.
Pyrimidines
La flucytosine (5-fluorocytosine [5-FC]) est une fluoropyrimidine de synthèse constituant l'unique représentant de cette classe. C'est un promédicament qui est métabolisée en 5-fluorouracile (5-FU) par la cytosine désaminase dans la cellule fongique. L'absence de cytosine désaminase dans les cellules humaines lui confère une relative sélectivité. Elle agit au niveau du noyau et inhibe à la fois la synthèse protéique via son incorporation à l'ARN et la synthèse de l'ADN par l'inhibition de la thymidylate synthase. Son spectre d'activité se limite aux levures et est fongistatique. Les résistances sont nombreuses et leur acquisition rapide avec des mutations sur les gènes codant les enzymes de transport ou de métabolisation de la 5-FC [133 , 134].
Infections de surface et collyres antifongiques
Médicaments de choix
Le traitement des kératites fongiques nécessite des collyres préparés par les pharmacies hospitalières à partir de solutions ou de poudres d'antifongiques destinées à l'usage systémique, à l'exception de la natamycine. Disponible aux États-Unis sous forme de suspension à 5 %, la natamycine peut être obtenue en France dans le cadre d'une procédure d'autorisation d'accès compassionnel (Natacyn®). Les médicaments utilisés sont : amphotéricine B 0,15 % à 0,5 % (1,5 à 5 mg/ml), amphotéricine B liposomale à 0,5 %, itraconazole 1 %, fluconazole 0,02 %, voriconazole 1 % (10 mg/ml), caspofongine 0,5 %, 5-FC 1 %.
Effets indésirables
Les effets indésirables des collyres antifongiques sont les suivants :
  • natamycine : hyperhémie conjonctivale, ulcérations cornéennes épithéliales;
  • amphoréricine B : kératite ponctuée superficielle, retard de cicatrisation épithéliale, chémosis, coloration jaune-vert de la cornée et de la conjonctive.
Prescription – indications
Le traitement anti-infectieux par voie topique est débuté dès les prélèvements effectués. Il est adapté à la gravité des lésions, à l'orientation clinique initiale et aux résultats de l'examen microbiologique direct. Si le patient n'est pas hospitalisé, un suivi ambulatoire rapproché comprenant un examen ophtalmologique toutes les 24 à 48 heures est nécessaire. L'amphotéricine B (Fungizone®) a, in vitro, une activité antifongique à spectre large contre les levures (sauf Trichosporon ) et variable sur les filaments : si Aspergillus (sauf A. Terrus ) est régulièrement sensible, Fusarium et Curvularia ont une sensibilité inconstante. La concentration du collyre amphotéricine B est de 0,15 à 0,5 % (1,5 à 5 mg/ml). Sous forme de collyre, l'amphotéricine B est peu soluble, instable, ce qui lui confère une faible capacité de pénétration cornéenne et provoque de nombreux effets indésirables. L'utilisation de l'amphotéricine B par voie intraveineuse est à éviter en raison d'une importante toxicité rénale et d'une faible pénétration intraoculaire. L'utilisation de la suspension buvable est inutile car celle-ci n'est pas absorbée par le tube digestif. L'utilisation du collyre d'amphotéricine B liposomale (0,5 %) permet d'obtenir des résultats supérieurs en termes de tolérance locale et d'efficacité. La natamycine (Natacyn®) est active in vitro vis-à-vis des champignons filamenteux ( Aspergillus, Acremonium, Fusarium, Penicillium, Schizophyllum, Exserohilum ), ainsi que sur certaines levures [ 135]. Le groupe des azolés comporte les imidazolés qui sont peu solubles, peu efficaces et relativement toxiques. Ils sont actuellement supplantés par les triazolés, moins toxiques et dont le spectre est plus large. Ces derniers ont, en outre, une bonne biodisponibilité systémique et diffusent bien dans la cornée après administration orale. Les azolés sont efficaces sur les champignons filamenteux (itraconazole, Sporanox®; voriconazole, Vfend®) et les levures (fluconazole, Triflucan®), sauf C. Krusei et C. Glabrata . Itraconazole et fluconazole sont disponibles sous forme de collyres à, respectivement, 1 % et 0,2 %, préparés par les pharmacies hospitalières. Le voriconazole (Vfend®) a un spectre étendu à Aspergillus , Scedosporium , Fusarium et Alternaria . Un collyre hospitalier de voriconazole à 1 % est disponible. C. krusei y est habituellement sensible, mais des résistances croisées avec le fluconazole sont possibles pour toutes les espèces [ 136]. Le voriconazole peut être administré par voie orale (biodisponibilité excellente) ou intraveineuse. Un collyre est disponible dans les pharmacies hospitalières à la concentration de 10 mg/ml (1 %) [137]. L'étude MUTT ( mycotic ulcer treatment trial ) [ 135 , 138] a démontré une efficacité supérieure du collyre de natamycine 5 % par rapport au collyre de voriconazole 1 % dans la prise en charge des kératites fongiques, notamment à Fusarium (moindre risque de perforation, moindre recours à une greffe de cornée et meilleure acuité visuelle à 3 mois). Une étude a montré que natamycine et voriconazole avaient une forte action synergique sur les Fusarium [ 139]. Des injections intrastromales (50 μg/0,1 ml, 0,05 %, soit la demi-concentration du collyre) ou intracamérulaires (100 μg/0,1 ml) de voriconazole ont été proposées en cas de kératites fongiques résistantes [ 140 , 141]. L'efficacité des injections intrastromales de voriconazole semble meilleure pour les infections à levures que pour celles à champignons filamenteux [ 142]. Il n'existe pas de consensus international sur le médicament ou l'association de médicaments à utiliser [ 143]. Le tableau 15-15
Tableau 15-15
Traitement des kératites fongiques *.
*Exemples de protocoles antifongiques. À l'exception de la natamycine 5 % (disponible en France dans le cadre d'une procédure d'accès compassionnel), les collyres sont préparés par les pharmacies hospitalières à partir de solutions ou de poudres d'antimycotiques destinées à l'usage systémique. L'hospitalisation est nécessaire dans les cas rapidement évolutifs et comportant une atteinte stromale ou en cas de non-observance du traitement. Le traitement est administré initialement à raison d'une goutte par heure pendant 7 jours, puis 1 goutte toutes les 2 heures pendant 3 semaines. La posologie et le choix des antifongiques sont ensuite adaptés en fonction de l'identification du champignon pathogène, de l'antifongigramme et de l'évolution clinique de l'infection. La toxicité locale des antifongiques est fréquente. La tolérance des traitements systémiques sera au mieux surveillée par un médecin infectiologue (bilan hépatique). La durée minimale de traitement recommandée est comprise entre 6 semaines (atteinte épithéliale) et plusieurs mois (atteinte stromale).
Type de kératiteTraitement
Kératite fongique débutante au stade épithélial : traitement local par collyre uniquement Levure identifiée : amphotéricine B 0,25 % à 0,5 % + voriconazole 1 %
Filamenteux identifié : natamycine 5 % + voriconazole 1 %
Kératite fongique avancée comportant une atteinte stromale ou une sclérite ou une extension limbique : ajout d'un traitement général Filamenteux identifié : Vfend® (voriconazole) per os (200 mg × 2/jour) ± injections intrastromales de voriconazole (50 μg/0,1 ml)
Levure identifiée : fluconazole (Triflucan®) per os (50-100 mg/jour) ou itraconazole (Sporanox®) per os (200-400 mg/jour)
synthétise les protocoles antifongiques les plus fréquents dans la littérature. Une atteinte stromale, une sclérite et/ou une extension limbique nécessitent l'adjonction d'un traitement antifongique par voie générale. Les mesures adjuvantes associent des lavages oculaires pluriquotidiens au sérum physiologique, le débridement régulier de l'infiltrat, quotidien au début puis 2 fois par semaine, le lavage quotidien du visage au savon ainsi que le lavage des mains avec une solution hydroalcoolique avant l'instillation des collyres, l'arrêt du port de lentilles de contact, l'arrêt des corticoïdes topiques, l'instillation de collyre cycloplégique à visée antalgique. Le traitement chirurgical inclut, en fonction de la sévérité de l'infection fongique : kératectomie, greffe de membrane amniotique, photokératectomie thérapeutique au laser excimer pour les infections localisées au stroma antérieur, une greffe de cornée thérapeutique « à chaud» (infection sévère et évolutive malgré le traitement médical, perforation cornéenne avérée ou imminente), l'amputation thérapeutique d'un capot infecté et nécrosé de LASIK [ 144].
Endophtalmies et antifongiques
Médicaments de choix en injection intravitréenne
Pour les endophtalmies d'origine exogène, le traitement intravitréen (préférentiellement natamycine ou voriconazole) sera associé à un traitement systémique par amphotéricine B liposomale ou voriconazole. Le voriconazole peut être administré par voie intravitréenne à la dose de 100 μg/0,1 ml (0,1 %, dilution dans du NaCl 0,9 % ou du Ringer lactate), permettant d'obtenir une concentration intravitréenne de 25 μg/ml avec une bonne tolérance rétinienne [ 144]. L'amphotéricine B désoxycholate est administrée avec la concentration de 5 à 10 μg/0,1 ml (0,01-0,005 %, dilution dans de l'eau stérile). En cas d'atteinte fongique endogène, l'injection IVT de 5 μg/0,1 ml d'amphotéricine B [ 145] ou de voriconazole est recommandée, hormis en cas d'atteinte minime.
Effets indésirables
Les effets indésirables des antifongiques en injections IVT sont rapportés principalement pour l'amphotéricine B désoxycholate, avec une toxicité rétinienne liée aux doses cumulatives, une néovascularisation, et une inflammation intravitréenne (le désoxycholate a une action « détergente»).
Contre-indication
La contre-indication à l'utilisation des antifongiques en injections IVT est l'hypersensibilité aux principes actifs ou aux excipients.
Médicaments de choix par voie systémique – pharmacocinétique (humeur aqueuse, vitré, rétine)
Dans les candidoses invasives compliquées de choriorétinite (avec ou sans atteinte rétinienne ou vitréenne), le traitement systémique est indispensable. Les médicaments de choix sont le fluconazole ou le voriconazole, en fonction des espèces isolées et de leur sensibilité in vitro. En cas de résistance suspectée ou confirmée aux azolés, l'amphotéricine B liposomale plus ou moins associée à la 5-FC est indiquée. À noter que même si la caspofungine est recommandée en première ligne dans le traitement des candidoses invasives, cette recommandation ne s'applique plus lorsqu'il existe une choriorétinite [146]. Dans le segment postérieur, les antifongiques systémiques diffusent relativement bien, à l'exception des échinocandines, de l'amphotéricine B désoxycholate, de l'itraconazole et du posaconazole [ 147]. L'amphotéricine B liposomale présente une meilleure pénétration dans la rétine par rapport à l' amphotéricine B désoxycholate et son association à la 5-FC est synergique [ 147]. Les antifongiques systémiques qui parviennent à atteindre le vitré et l'humeur aqueuse sont le fluconazole, le voriconazole et la 5-FC avec des concentrations entre 40 % et 100 % des concentrations sériques. L'amphotéricine B liposomale à la posologie de 3 mg/kg/jour est efficace sur la plupart des champignons : Candida , Cryptococcus neoformans , Blastomyces dermatitidis , Coccidiodes immitis , Histoplasma capsulatum , Aspergillus et Fusarium . L'itraconazole (par voie orale à la dose de 200 à 400 mg/J en 1 à 2 prises) est un antifongique à large spectre, actif sur les levures, Aspergillus et Histoplasma sp. Le voriconazole administré par voie orale (200 mg/j), intraveineuse (6 mg/kg/12 heures) ou intravitréenne possède un spectre antifongique élargi ( Aspergillus , Candida , Blastomyces , Coccidioides , Cryptococcus , Fusarium , Histoplasma ), avec une action contre certains champignons résistants au fluconazole, à l'amphotéricine B et/ou à l'itraconazole ( Candida glabrata et Krusei notamment). Le voriconazole possède une excellente concentration intravitréenne après administration orale ou intraveineuse. Il peut être administré en première intention comme le fluconazole, au lieu de l'amphotéricine B liposomale. À l'exception de ces trois médicaments, aucun antifongique administré par voie systémique n'est détectable dans le segment antérieur [ 146 , 148]. À noter que la pénétration des échinocandines est faible voire nulle dans tous les compartiments et spécialement dans le vitré [ 146]; ces médicaments ne sont donc pas indiqués dans ce contexte.
Effets indésirables
Les effets indésirables des antifongiques systémiques sont principalement :
  • pour l'amphotéricine B liposomale : la néphrotoxicité et les réactions immuno-allergiques au moment de l'injection IV;
  • pour les azolés : l'hépatotoxicité pour tous les médicaments et les troubles visuels (à distinguer des signes liés à l'infection) pour le voriconazole;
  • pour la 5-FC : la myélotoxicité avec un risque de pancytopénie.
Interactions et contre-indications
Les azolés présentent de nombreuses interactions médicamenteuses du fait de la proximité de leur cible avec les cytochromes P450 humains. Ils sont inhibiteurs enzymatiques.
Prescription – indications en cas d'endophtalmie fongique
Le traitement antifongique systémique doit être institué au moins 6 semaines. Le traitement en première intention fait appel désormais au fluconazole ou au voriconazole. Le traitement systémique est privilégié pour les atteintes de type choriorétinite isolée alors qu'un traitement mixte systémique et oculaire est prescrit pour une atteinte rétinienne et vitréenne. En cas de candidose, le fluconazole peut être utilisé en première intention à la dose de 400 mg le 1 er jour puis 200 mg/j. Beaucoup mieux toléré et doué d'une meilleure pénétration intraoculaire que l'amphothéricine B, le fluconazole est actif sur C. albicans et Cryptococcus neoformans , moins actif sur C. glabrata et inactif sur C. krusei . L'utilisation du voriconazole est alors l'alternative idéale. Le voriconazole possède une excellente concentration intravitréenne après administration orale ou intraveineuse. Il peut être administré en première intention comme le fluconazole, au lieu de l'amphotéricine B liposomale. Il s'agit du médicament ayant un spectre antifongique le plus large contre les levures et filaments, et il peut ainsi être indiqué en première intention si le germe n'a pas été identifié. Le traitement intravitréen est indiqué en cas d'atteinte rétinienne et/ou vitréenne associée. Si les injections doivent être répétées plusieurs semaines, le choix doit se porter sur le voriconazole qui présente une bonne tolérance rétinienne, alors qu'il existe des doses cumulatives pour l'amphotéricine B. En cas d'endophtalmie fongique, le traitement systémique est systématique et est associé au traitement intravitréen et/ou à la vitrectomie postérieure selon le degré d'atteinte oculaire. Le traitement est souvent prolongé. L'identification du germe est importante pour guider le choix du médicament le plus approprié (tableau 15-16
Tableau 15-16
Principaux traitements antifongiques intravitréens et systémiques employés dans les endophtalmies endogènes fongiques.
Médicaments antifongiquesPosologie intravitréennePosologie systémiqueGermes ciblés
Polyènes
Amphotéricine B 5-10 μg/0,1 ml 0,5-0,7 mg/kg IV Candida ++, Aspergillus +
Azolés
– Fluconazole400 mg/j le 1 er jour puis 200 mg/j PO Candida ++
– Itraconazole5 μg/0,05 ml 200-400 mg/jour PO
200 mg/jour IV
Candida +, Aspergillus +
– Voriconazole 100 μg/0,1 ml 200 mg 2 fois/jour PO
3-6 mg/kg 2 fois/jour IV
Candida +++, Aspergillus ++, Fusarium +
Pyrimidines
5-flucytosine2,25 mg/0,1 ml 25-37,5 mg/kg/jour Candida + (fongistatique)
). L'indication de la vitrectomie postérieure se discute en cas d'atteinte vitréenne, sous-rétinienne et/ou choriorétinienne importante. La réalisation précoce d'une vitrectomie dans les endophtalmies endogènes à Candida divise par cinq le risque de survenue d'un décollement de rétine [ 149]. L'atteinte oculaire fongique à Candida est de bon pronostic si la prise en charge est agressive et précoce, avec une acuité visuelle finale supérieure ou égale à 1/10 dans 82 % des cas, et une acuité visuelle supérieure ou égale à 5/10 jusqu'à 76 % des cas. Les atteintes à champignons filamenteux sont de mauvais pronostic, avec une acuité visuelle supérieure ou égale à 4/10 dans 7 % des cas contre 42 % des cas pour les endophtalmies endogènes à levures [ 150], et le pronostic est très péjoratif en cas d'infection à Histoplasma capsulatum . D'une manière générale, les endophtalmies endogènes à champignons filamenteux présentent une acuité visuelle initiale et finale significativement plus mauvaise que celles secondaires à une infection par levure ainsi qu'un taux d'énucléation plus important [ 150 , 151]. Le pronostic vital est également engagé.
15.3. Antiviraux

F. ChastS. Charles-Weber

Introduction
Les infections virales de l'œil, en particulier l'infection cornéenne par le virus de l'herpès simplex, ont été à l'origine du développement de divers médicaments antiviraux.
Ainsi, la découverte, en 1959, du premier médicament antiviral utilisé en ophtalmologie a permis à William Prusoff d'envisager que l'idoxuridine, médicament qui avait été développé comme médicament anticancéreux [ 155], puisse parfaitement convenir comme traitement antiherpétique. Son mécanisme d'action par blocage sélectif de la synthèse de l'ADN viral s'est avéré précieux, dès 1962, quand Herbert Kaufman l'introduisit en ophtalmologie pour traiter avec succès les kératites à herpès simplex [156].
Pendant la décennie suivante, l'idoxuridine devint un traitement de choix pour la kératite épithéliale à herpès simplex, mais sa toxicité a souvent été associée à une kératite ponctuée superficielle, une conjonctivite, une occlusion des voies lacrymales et des réactions d'hypersensibilité sévères. L'idoxuridine était également incapable de pénétrer dans les couches cornéennes profondes pour traiter les kératites stromale ou endothéliale.
Avec l'avènement de l'aciclovir en 1981, la plupart des infections herpétiques ophtalmiques sont devenues traitables [157], y compris celles causées par le zona [158]. Depuis lors, un certain nombre de nouveaux antiviraux, mais dont les mécanismes d'action sont similaires, ont été développés : ganciclovir, famciclovir, valaciclovir et valganciclovir. Ils inhibent la synthèse de l'ADN viral, ce qui permet d'arrêter la réplication virale. Un autre agent, le foscarnet, qui agit comme inhibiteur de l'ADN polymérase, a complété la palette des ophtalmologistes pour le traitement de la redoutable rétinite à cytomégalovirus (CMV).
Les virus, cibles de l'activité antivirale en ophtalmologie
Le Comité international de taxonomie des virus (International Committee on Taxonomy of Viruses [ICTV]) a proposé, en 2009, une nouvelle classification des herpèsvirus dans l'ordre des Herpesviridae, comprenant des centaines de virus apparentés, mais partageant tous un génome à ADN double brin, une capside icosaédrique à 20 facettes, un tégument protéique et une enveloppe lipidique externe chargée de glycoprotéines.
Neuf espèces d'herpès virus sont connues pour être infectantes chez l'homme (tableau 15-17
Tableau 15-17
Taxonomie de la famille Herpesviridae, déterminée par le Comité international de taxonomie des virus, fondée sur l'analyse phylogénétique de génomes viraux entiers (d'après [159]) *.
*Ce tableau (simplifié) ne comprend que les 9 espèces d'herpèsvirus humains. Parmi ceux-ci, HSV-1 et HSV-2, représentant la sous-famille Alphaherpesvirinae et le genre Simplex virus, sont indistinctement associés à la kératite herpétique. Le troisième herpès virus humain de cette sous-famille, le virus varicelle-zona, du genre Varicellovirus, représente une autre cause d'infection cornéenne humaine.
FamilleSous-familleGenreEspèce
HerpesviridaeAlpha-herpesvirinaeHerpès simplex virusHerpès simplex virus de type 1 (HSV-1)
Herpès simplex virus de type 2 (HSV-2)
VaricellovirusHerpès virus 3 – virus varicelle-zona (VZV)
Bêta-herpesvirinaeCytomégalovirusHerpès virus 5 – cytomégalovirus humain (CMV)
RoseolovirusHerpès virus 6A (HHV-6A) et 6B (HHV-6B)
Herpès virus humain 7 (HHV-7)
Gamma-herpesvirinaeLymphocryptovirusHerpès virus 4 – virus d'Epstein Barr (EBV)
RhadinovirusHerpès virus 8 – associé au sarcome de Kaposi (HVSK)
).
Les virus HSV de type 1 (herpès virus humain 1 [HSV-1]) et de type 2 (HSV-2) partagent 40 % à 50 % de leur séquence nucléotidique et causent un large éventail de maladies en raison de leur large tropisme tissulaire. Parmi les manifestations, on observe des localisations orofaciales et des infections cutanéomuqueuses génitales, diverses présentations oculaires, viscérales (notamment en cas de dysfonctionnement immunitaire), méningo-encéphalite, etc.
Les manifestations oculaires du HSV comprennent, au niveau du segment antérieur, une blépharoconjonctivite, une kératite, une trabéculite et une uvéite antérieure, et au niveau du segment postérieur, notamment une nécrose rétinienne aiguë et une uvéite postérieure [160-161-162].
Tant la morbidité que la mortalité associées à l'infection herpétique sont importantes et sont aggravées par la capacité des virus de l'herpès d'établir une situation de latence virale à vie. HSV-1 et HSV-2 sont des virus neurotropes, qui restent dormants dans les neurones sensoriels de la racine dorsale et du ganglion trijumeau; la réactivation virale (comme lors d'un état d'immunosuppression d'origine iatrogène ou non) peut provoquer une recrudescence de la maladie plusieurs années après la primo-infection.
Médicaments antiviraux utilisés en ophtalmologie
Idoxuridine
L'idoxuridine (5-iodo-2′-désoxyuridine) est un analogue nucléosidique, proche de la désoxyuridine (fig. 15-28
Fig. 15-28
Structure de l'idoxuridine.
). La similarité des deux nucléotides est suffisante pour que l'idoxuridine soit incorporée dans la réplication de l'ADN viral. Mais la présence d'un atome d'iode, substitué sur le cycle de l'uracile, bloque le processus d'appariement des bases, ce qui empêche la production de l'ADN viral.
En raison de sa cardiotoxicité, l'idoxuridine n'a été utilisée que par voie topique.
Son retrait du marché (en novembre 1998) s'explique par des effets indésirables nombreux et sévères observés lors de son utilisation et la mise sur le marché de médicaments plus efficaces et beaucoup mieux tolérés.
Pharmacologie
Après absorption, l'idoxuridine (Iduviran®) est phosphorylée par les thymidine kinase virales et cellulaires en un dérivé actif, l'idoxuridine-triphosphate, qui inhibe la synthèse de l'ADN viral et cellulaire. Le résultat pharmacologique obtenu est une activité antivirale (faible sur HSV-2 et le virus varicelle-zona [VZV]), mais on observe aussi, indistinctement, une cytotoxicité à l'égard de l'hôte, qui empêche son utilisation systémique. Jusqu'à l'arrivée de médicaments plus sûrs, cet antiviral a été considéré comme « acceptable» en utilisation topique.
Toxicité
Outre sa toxicité systémique, l'idoxuridine présente diverses manifestations toxiques locales, en particulier chez les patients ayant les yeux secs, en raison de concentrations accrues, ce qui accroît le risque de sensibilisation locale. On observe une sténose du punctum lacrymal, un larmoiement, une conjonctivite folliculaire, un rétrécissement des orifices des glandes de Meibomius, une inhibition de la mitose kératocytaire et de la réparation stromale de la cornée, ainsi que des réductions de la vitesse de cicatrisation des plaies cornéennes et du taux de régénération épithéliale. Après administration prolongée, de nombreux changements de l'épithélium conjonctival et cornéen peuvent survenir. Des traitements prolongés ont pu conduire au développement de pseudo-pemphigoïde cicatriciel, à une dégradation visuelle, une ulcération stromale, des cicatrices cornéennes et une kératinisation.
Vidarabine
La vidarabine (fig. 15-29
Fig. 15-29
Structure de la vidarabine.
), analogue nucléosidique, a été disponible en France de 1981 à 1993 sous forme d'une pommade à 3 % (Vira-A®).
La vidarabine était plus efficace que l'idoxuridine, avec une moindre toxicité sur l'épithélium cornéen, mais sa faible pénétration stromale réduisait son intérêt aux atteintes superficielles.
La vidarabine présentait une faible fréquence de résistance croisée avec ses principaux concurrents d'alors, l'idoxuridine et la trifluridine.
Iodo-désoxycytidine
Un autre antiviral a cessé d'être distribué en France en 1991, l'iodo-désoxycytidine (Cebevir®, collyre et pommade) (fig. 15-30
Fig. 15-30
Structure de l'iodo-désoxycytidine.
).
Son mode d'action et ses propriétés pharmacodynamiques conféraient à cette molécule le même type d'indications et d'effets indésirables que l'idoxuridine ou la vidarabine.
Aciclovir
Pharmacologie
L'aciclovir (Zovirax®) (fig. 15-31
Fig. 15-31
Structure de l'aciclovir.
) est un analogue nucléosidique de synthèse de la 2′-désoxyguanosine dont le sucre cyclique (pentose) est remplacé par une chaîne aliphatique acyclique : 2-amino-9-[(2-hydroxyethoxy)-méthyl]-1,9-dihydro-6H-purin-6-one. L'aciclovir est l'un des médicaments qui a ouvert une voie nouvelle en chimiothérapie antivirale; c'est un inhibiteur puissant de la réplication des HSV-1 et HSV-2 et du VZV. Sa très grande spécificité et sa très faible toxicité sont liées à son mécanisme d'action qui fait intervenir deux enzymes virales, la thymidine kinase et l'ADN polymérase. Il ne détruit pas le virus mais bloque la réplication de l'ADN viral dans la cellule hôte; cependant, il est inactif sur les virus latents. Lors de la réplication virale, la thymidine kinase virale convertit l'aciclovir en forme monophosphate, acyclo-GMP; cette enzyme, codée par le génome viral, n'est synthétisée que dans des cellules infectées par le virus lors de la phase précoce (protéines β) de la réplication virale. Son activité de phosphorylation est plus efficace (3000 fois) que celle de la thymidine kinase cellulaire. Deux phosphorylations suivantes, par des kinases cellulaires, transforment l'acyclo-GMP en forme active triphosphate, acyclo-GTP, qui est un très puissant inhibiteur de l'ADN polymérase virale (100 fois plus d'affinité pour la polymérase virale que pour la polymérase cellulaire). L'acyclo-GTP agit alors en inhibant sélectivement l'ADN polymérase virale, par un mécanisme de compétition avec la désoxyguanosine triphosphate, et bloque ainsi l'élongation de la chaîne d'ADN : c'est un « terminateur» de chaîne. La plus grande efficacité antivirale de l'aciclovir contre HSV par rapport à VZV est due à sa phosphorylation plus efficace par la thymidine kinase virale. La résistance à l'aciclovir, constitutive ou inductible, provient soit d'une déficience de production de la thymidine kinase virale, soit d'une mutation de la thymidine kinase virale ou de l'ADN polymérase virale, entraînant une diminution de l'affinité pour ce médicament. À ce jour, cette résistance est rare et se rencontre principalement chez les patients immunodéprimés, traités au long cours.
Pharmacocinétique
Voie ophtalmique
L'absorption de l'aciclovir par l'épithélium cornéen et les tissus oculaires superficiels est rapide. Il pénètre dans l'humeur aqueuse et atteint à ce stade un niveau thérapeutique d'environ 7,5 μmol/l. Après administration oculaire, il n'a pas été possible de détecter la présence d'aciclovir dans le sang par les méthodes existantes après une application topique à l'œil. Cependant, certaines traces peuvent être détectées dans les urines. Ces taux ne sont pas cliniquement significatifs.
Voies systémiques
L'aciclovir est peu soluble dans l'eau, et n'est que partiellement absorbé lors de la prise par voie orale; sa biodisponibilité est comprise entre 10 % et 20 %. Après absorption orale, le pic de concentration plasmatique est atteint en 1 à 2 heures. Cette biodisponibilité par voie orale, relativement faible, a motivé la recherche d'un promédicament qui permettait une meilleure absorption de l'aciclovir. On utilise actuellement le valaciclovir (Zelitrex®) (fig. 15-32
Fig. 15-32
Structure du valaciclovir.
Ester L-valine de l'aciclovir.
), ester de l'aciclovir et de la L-valine. Mieux absorbé (sa biodisponibilité est d'environ 50 %), le valaciclovir se transforme en aciclovir au niveau de la paroi intestinale. Il permet une meilleure observance du traitement et un plus grand confort du malade en rendant possible une seule prise par jour là où l'aciclovir en exigeait plusieurs. Chez l'homme, le valaciclovir est rapidement et presque entièrement métabolisé en aciclovir et en valine, vraisemblablement par une valaciclovir-hydrolase. L'administration d'aciclovir par voie intraveineuse permet d'obtenir des pics plasmatiques beaucoup plus élevés et une distribution importante dans tous les tissus avec, seulement, 30 % de fixation aux protéines plasmatiques. Sa demi-vie est d'environ 3 heures, et son élimination est essentiellement rénale par filtration glomérulaire et par sécrétion tubulaire. L'administration prophylactique d'aciclovir ou de valaciclovir est possible, notamment chez les patients immunodéprimés (immunodépression naturelle ou iatrogène) ou pour les patients souffrant de poussées fréquentes d'herpès labial ou génital.
Toxicité
Les effets secondaires les plus fréquents de l'aciclovir comprennent des nausées et de la diarrhée. La toxicité rénale est rare mais sévère, ce qui recommande une certaine prudence chez les personnes ayant une fonction hépatique ou rénale altérée.
Formes disponibles
Le tableau 15-18
Tableau 15-18
Formes disponibles d'aciclovir et de valaciclovir .
DCINom des spécialitésPrésentation
AciclovirZovirax® 3 %, pommade ophtalmique
Aciclovir Agepha® 30 mg/g, pommade ophtalmique
Pommade ophtalmique30 mg/g
Zovirax® et génériquesComprimés200 mg
800 mg
Suspension buvableFlacon 200 mg/5 ml
Flacon 800 mg/10 ml
Poudre pour solution injectable IV250 mg
500 mg
ValaciclovirZelitrex® et génériquesComprimés pelliculés500 mg
liste les formes disponibles d'aciclovir et de valaciclovir.
Utilisation en thérapeutique
Formes ophtalmiques
Appliquer la pommade dans le cul-de sac conjonctival inférieur 5 fois par jour. Le traitement doit durer jusqu'à la cicatrisation complète et être poursuivi jusque 3 jours au-delà. Les patients doivent être informés qu'une douleur transitoire, légère, peut survenir immédiatement après l'application. Il est, par ailleurs, préférable de ne pas porter de lentilles de contact pendant le traitement par aciclovir en pommade ophtalmique.
Formes orales
Les comprimés d'aciclovir sont indiqués tant dans le traitement des kératites épithéliales ou stromales et des kérato-uvéites à HSV, ou la prévention des récidives d'infections oculaires à HSV, que dans la prévention des récidives d'infections oculaires à HSV.
Prévention des récidives d'infections oculaires à HSV
L'utilisation est la suivante :
  • kératites épithéliales après 3 récurrences par an, kératites stromales et kérato-uvéites après 2 récurrences par an : 4 comprimés à 200 mg par jour, répartis en 2 prises. Le traitement doit être réévalué tous les 6 à 12 mois, afin d'évaluer tout changement possible lié à l'évolution naturelle de la maladie;
  • en cas de chirurgie de l'œil : 4 comprimés à 200 mg par jour, répartis en 2 prises.
Traitement des infections oculaires à HSV
Pour les kératites et kérato-uvéites : 10 comprimés à 200 mg par jour, répartis en 5 prises. Le traitement doit être initié aussitôt que possible après le début d'une infection. Dans le cas d'épisodes récurrents, l'initiation du traitement doit se faire préférablement durant la phase prodromique ou dès l'apparition des premières lésions.
Formes injectables
Le recours aux formes injectables d'aciclovir est possible dans les présentations cliniques extensives d'infections oculaires à HSV sévères ou en cas d'immunodépression, pour lesquelles on préconise la perfusion, chez l'adulte, de 5 mg/kg toutes les 8 heures et, chez l'enfant, de 250 mg/m 2 toutes les 8 heures (soit environ 10 mg/kg toutes les 8 heures). Une adaptation posologique est indispensable chez l'insuffisant rénal en fonction de la clairance de la créatinine : 2,5 à 5 mg/kg de poids corporel chez l'adulte et chez l'enfant de 12 ans et moins.
Valaciclovir
Dans les infections herpétiques, la posologie de valaciclovir est de 500 mg 2 fois par jour (soit une dose journalière totale de 1000 mg). Cette posologie est diminuée en cas d'insuffisance rénale, en fonction de la clairance de la créatinine.
Dans le cas d'épisodes récurrents, la durée du traitement est de 3 à 5 jours. Dans le cas d'un premier épisode, il peut s'avérer nécessaire de prolonger la durée de traitement jusqu'à 10 jours. Le patient doit débuter le traitement aussitôt que possible, de préférence durant la phase prodromique ou dès l'apparition des premiers signes ou symptômes. Lorsque l'administration a pu être effectuée dès les premiers signes et symptômes d'une infection récurrente à HSV, le valaciclovir peut empêcher la constitution des lésions.
De rares réactions médicamenteuses de type DRESS ( drug reaction with eosinophilia and systemic symptoms ), pouvant menacer le pronostic vital voire être fatales, ont été rapportées comme étant associées à un traitement par valaciclovir. D'autres effets indésirables graves, tels qu'un purpura thrombopénique thrombotique/syndrome hémolytique urémique, une insuffisance rénale aiguë des troubles neurologiques, ont été décrits.
Famciclovir
Pharmacologie
Le famciclovir (Oravir®) (fig. 15-33
Fig. 15-33
Structure du famciclovir.
Promédicament di-acétylé du penciclovir Penciclovir présentant une biodisponibilité par voie orale considérablement améliorée.
) est le promédicament administrable par voie orale du penciclovir (fig. 15-34
Fig. 15-34
Structure du penciclovir.
Analogue nucléosidique acyclique de la 2′-désoxyguanosine, mais avec un groupement 3′OH de sorte qu'il n'entraîne pas la terminaison de la chaîne de l'ADN viral.
). Le famciclovir est rapidement transformé in vivo en penciclovir dont l'activité est démontrée, in vitro, sur les HSV-1 et HSV-2, le VZV, le virus d'Epstein-Barr (EBV) et le CMV. L'activité antivirale du famciclovir administré par voie orale a été démontrée sur plusieurs modèles animaux; cet effet est dû à la transformation in vivo en penciclovir. Dans les cellules infectées par le virus, la thymidine kinase (TK) virale phosphoryle le penciclovir en un dérivé monophosphate qui est lui-même transformé en penciclovir triphosphate par les kinases cellulaires. Ce dérivé triphosphaté inhibe l'élongation de la chaîne d'ADN viral par inhibition compétitive de l'incorporation du désoxyguanosine triphosphate dans l'ADN viral en cours de formation, stoppant ainsi la réplication de l'ADN viral.
Pharmacocinétique
Le penciclovir triphosphate a une demi-vie intracellulaire de :
  • 10 heures dans les cellules cultivées infectées par le HSV-1;
  • 20 heures dans les cellules cultivées infectées par le HSV-2;
  • 7 heures dans les cellules cultivées infectées par le VZV.
Dans les cellules non infectées par le virus, traitées par le penciclovir, les concentrations de penciclovir triphosphate sont à peine détectables. Par conséquent, la probabilité de toxicité pour les cellules hôtes mammifères est faible et, aux concentrations thérapeutiques, le penciclovir n'interfère pas avec les cellules non infectées par le virus. Après administration orale, le famciclovir est absorbé rapidement et de façon importante avant d'être transformé en penciclovir. La biodisponibilité du penciclovir après administration orale de famciclovir est de 77 %. La concentration plasmatique maximale moyenne du penciclovir, après une prise orale de 125 mg, 250 mg, 500 mg et 750 mg de famciclovir, est respectivement de 0,8 μg/ml, 1,6 μg/ml, 3,3 μg/ml et 5,1 μg/ml, après un délai médian de 45 minutes après l'administration. Les courbes de concentration plasmatique du penciclovir en fonction du temps sont similaires après administration de doses uniques ou répétées (3 fois par jour et 2 fois par jour), indiquant qu'il n'y a pas d'accumulation de penciclovir lors de prises répétées de famciclovir. Le penciclovir et son précurseur 6-désoxy sont faiblement liés aux protéines plasmatiques (< 20 %). Le famciclovir est principalement éliminé dans les urines sous forme de penciclovir et de son précurseur 6-désoxy. Aucune trace de famciclovir inchangé n'a été détectée dans les urines. La demi-vie plasmatique terminale du penciclovir après administration unique ou répétée de famciclovir est d'environ de 2 heures.
Toxicité
Le penciclovir est habituellement bien toléré. En cas d'insuffisance hépatique, une surveillance adaptée doit être mise en place. Compte tenu de son accumulation en cas d'insuffisance rénale, on respecte un espacement des prises en fonction du schéma indiqué dans le tableau 15-19
Tableau 15-19
Traitement du zona ophtalmique chez un patient adulte immunocompétent – recommandations de la posologie en cas d'insuffisance rénale.
Indication et posologie usuelleClairance de la créatinine
(ml/min)
Ajustement de la posologie
500 mg 3 fois par jour pendant 7 jours ≥ 60 500 mg 3 fois par jour pendant 7 jours
40-59500 mg 2 fois par jour pendant 7 jours
20-39500 mg 1 fois par jour pendant 7 jours
< 20 250 mg 1 fois par jour pendant 7 jours
Patients hémodialysés250 mg après chaque séance de dialyse pendant 7 jours
pour le zona ophtalmique.
Utilisation en thérapeutique
Le famciclovir est indiqué dans le traitement du zona et du zona ophtalmique chez un patient adulte immunocompétent (infections à VZV), étant entendu que les patients immunodéprimés présentant un zona ophtalmique ou les patients ayant un risque élevé de développer une forme disséminée de la maladie ainsi qu'une atteinte viscérale doivent être traités par un traitement antiviral administré par voie intraveineuse. En revanche, le famciclovir n'a pas d'indication reconnue par son AMM dans les formes ophtalmiques des infections à HSV comme la kératite herpétique. Dans le traitement du zona ophtalmique, le traitement doit être initié le plus tôt possible :
  • chez le patient adulte immunocompétent : 500 mg 3 fois par jour pendant 7 jours;
  • chez le patient adulte immunodéprimé : 500 mg 3 fois par jour pendant 10 jours.
Ganciclovir – valganciclovir
Pharmacologie
Le ganciclovir (fig. 15-35
Fig. 15-35
Structure du ganciclovir.
) est un analogue de synthèse de la 2′-désoxyguanosine qui inhibe la réplication du virus herpétique in vitro et in vivo. Les virus humains sensibles sont le cytomégalovirus humain (HCMV), les virus HSV-1 et HSV-2, les HHV-6, HHV-7 et HHV-8, l'EBV, le VZV et le virus de l'hépatite B. Les études cliniques ont été limitées à l'évaluation de l'efficacité chez des patients avec une infection à CMV. Dans les cellules infectées par le CMV, le ganciclovir est d'abord phosphorylé en ganciclovir monophosphate par la protéine kinase virale UL97. Une nouvelle phosphorylation est opérée par plusieurs kinases cellulaires aboutissant au ganciclovir triphosphate, qui est ensuite métabolisé lentement à l'intérieur des cellules. Ce processus a été démontré dans des cellules infectées par le HSV et le HCMV, avec des demi-vies respectives de 18 et 6-24 heures après l'élimination du ganciclovir extracellulaire. Comme la phosphorylation est largement dépendante de la kinase virale, elle se produit préférentiellement dans des cellules infectées par le virus. L'activité virustatique du ganciclovir résulte de l'inhibition de la synthèse de l'ADN viral par :
  • inhibition compétitive de l'incorporation de la désoxyguanosine triphosphate dans l'ADN par l'ADN polymérase virale;
  • incorporation de ganciclovir triphosphate à l'ADN viral, provoquant l'arrêt de l'élongation de l'ADN viral ou la limitant très fortement.
Pharmacocinétique
Voie veineuse
L'administration intraveineuse d'une dose unique de 5 mg/kg de ganciclovir permet d'obtenir une concentration plasmatique maximale (C max) de 10 à 15 μg/ml. Le volume de distribution du ganciclovir administré par voie intraveineuse est corrélé au poids corporel. Il est compris, à l'état d'équilibre, entre 0,54 et 0,87 l/kg. La liaison aux protéines plasmatiques est faible (1 % à 2 %) aux concentrations thérapeutiques. Le ganciclovir passe dans le liquide céphalorachidien (LCR), dans lequel les concentrations observées ont atteint 24 à 67 % des concentrations plasmatiques. Sans être métabolisé, le ganciclovir est principalement éliminé par excrétion rénale après filtration glomérulaire et sécrétion tubulaire active. Chez les patients dont la fonction rénale est normale, plus de 90 % de la dose de ganciclovir administrée par voie intraveineuse est retrouvée sous forme inchangée dans l'urine au cours des 24 heures suivant l'administration. En cas d'insuffisance rénale, la clairance corporelle totale du ganciclovir est corrélée de façon linéaire à la clairance de la créatinine. Des clairances systémiques moyennes de 2,1, 1 et 0,3 ml/min/kg ont été observées chez des patients présentant une insuffisance rénale légère, modérée ou sévère. La demi-vie d'élimination est plus longue chez les patients insuffisants rénaux. Chez les patients insuffisants rénaux sévères, la demi-vie d'élimination était multipliée par 10, ce qui nécessite impérativement une adaptation de la posologie. Le ganciclovir pénètre dans le LCR. La liaison aux protéines plasmatiques était de 1 % à 2 % pour des concentrations de ganciclovir de 0,5 et 51 μg/ml. Chez les patients insuffisants rénaux sous hémodialyse, la concentration plasmatique du ganciclovir diminue d'environ 50 % après une administration intraveineuse durant une séance d'hémodialyse de 4 heures. Chez les enfants, les paramètres pharmacocinétiques du ganciclovir par voie intraveineuse (200 mg/m 2) ont été évalués dans deux études chez des patients transplantés âgés de 3 mois à 16 ans. La clairance de la créatinine et la taille du patient ont été identifiées comme covariables statistiquement significatives pour la clairance du ganciclovir.
Voie orale
Le valganciclovir (fig. 15-36
Fig. 15-36
Structure du valganciclovir.
) est un promédicament du ganciclovir, bien absorbé à partir du tube digestif, et rapidement et largement métabolisé en ganciclovir dans la paroi intestinale et le foie. L'exposition systémique au valganciclovir est transitoire et faible. La biodisponibilité du ganciclovir issu d'une administration orale de valganciclovir est d'environ 60 % pour l'ensemble des populations de patients étudiées et l'exposition résultante au ganciclovir est similaire à celle obtenue après administration intraveineuse de ganciclovir. En comparaison, la biodisponibilité du ganciclovir après une administration orale de 1000 mg (en gélules) était de 6 à 8 %. En raison de la conversion rapide du valganciclovir en ganciclovir, la liaison du valganciclovir aux protéines n'a pas été déterminée.
Posologie
Voie veineuse
Pour les adultes et la population pédiatrique de plus de 12 ans ayant une fonction rénale normale :
  • traitement d'induction : 5 mg/kg administrés par perfusion intraveineuse d'une heure toutes les 12 heures pendant 14 à 21 jours;
  • traitement d'entretien : un traitement d'entretien peut être administré aux patients immunodéprimés exposés à un risque de rechute, avec 5 mg/kg administrés par perfusion intraveineuse d'une heure une fois par jour 7 jours par semaine, ou 6 mg/kg une fois par jour 5 jours par semaine. La durée du traitement d'entretien doit être déterminée au cas par cas en tenant compte des recommandations thérapeutiques locales.
Voie oculaire
Chez l'homme, après instillations oculaires quotidiennes répétées, 5 fois par jour, pendant 11 à 15 jours, lors du traitement de kératites herpétiques superficielles, les taux plasmatiques sont très faibles : 0,013 μg/ml en moyenne (0-0,037). Les études de pharmacocinétique oculaire chez le lapin ont montré une pénétration rapide et importante du ganciclovir dans la cornée et le segment antérieur de l'œil, induisant des concentrations supérieures aux doses médianes efficaces (DE50) pendant plusieurs heures. À noter qu'un implant médicamenteux oculaire, Vitrasert®, a été mis à disposition dans le milieu hospitalier (4,5 mg) – AMM le 18/3/1997 et retrait du marché le 10/1/2006. Vitrasert® était destiné au traitement « in situ» de la rétinite à CMV liée au sida.
Voie orale
Il n'existe plus de ganciclovir sous forme orale commercialisé en France. On utilise donc le promédicament, le valganciclovir, qui est rapidement et largement métabolisé en ganciclovir avant même de passer dans la circulation générale.
Formes disponibles
Les formes disponibles de ganciclovir et de valganciclovir sont indiquées dans le tableau 15-20
Tableau 15-20
Formes disponibles de ganciclovir et de valganciclovir .
DCINom des spécialitésPrésentation
GanciclovirCymevan® et génériquesPoudre pour solution injectable500 mg
ValganciclovirRovalcyte® et génériquesComprimés pelliculés450 mg
Poudre pour solution injectable50 mg/ml
.
Utilisation thérapeutique
Par voie intraveineuse, le ganciclovir est indiqué dans :
  • le traitement des infections à CMV chez les patients immunodéprimés;
  • la prévention des infections à CMV en utilisant un traitement préemptif chez les patients présentant une immunosuppression induite par un traitement médicamenteux (par exemple à la suite d'une greffe d'organe ou d'une chimiothérapie anticancéreuse).
Le ganciclovir est également indiqué dès la naissance pour la prévention des infections à CMV en utilisant une prophylaxie universelle chez les patients présentant une immunodépression induite par un traitement médicamenteux (par exemple suite à une greffe d'organe ou une chimiothérapie anticancéreuse) (encadré 15-3
Encadré 15-3
Injection intravitréenne en cas de rétinite à cytomégalovirus (CMV)
Alors que la rétinite à CMV était une infection plutôt rare chez l'immunodéprimé de la transplantation, l'irruption du sida en a fait entre 1981 et la fin des années 1990 une infection opportuniste fréquente en particulier chez les patients présentant moins de 50 lymphocytes CD4+ par microlitre de sang. Le développement de stratégies thérapeutiques très efficaces contre le VIH a considérablement réduit la fréquence de ces infections. Le ganciclovir a montré son efficacité, seul ou en association avec le foscarnet. On l'a utilisé par voie veineuse, par injection intravitréenne, par dépôt intravitréen d'un implant (4,5 mg de ganciclovir) à libération prolongé (Vitrasert®) qui a été disponible entre 1997 et 2006 [ 7].
Il est utile de noter que l'utilisation du ganciclovir dans le traitement de la rétinite à CMV n'est pas incluse dans les indications de l'AMM du médicament. Il est donc indispensable, lors de l'administration du médicament dans cette indication, d'informer le patient et de recueillir son consentement éclairé [ 161].
L'intérêt de ces médicaments est reconnu par la Haute autorité de santé (HAS) (rubrique « Infection à cytomégalovirus (CMV)» du guide « Affection longue durée : Infection par le VIH», décembre 2007). Le traitement curatif doit être conduit par une équipe spécialisée. Les traitements de référence sont le ganciclovir, le valganciclovir et le foscarnet jusqu'à cicatrisation du foyer de rétinite (21 jours habituellement), mais la voie d'administration n'étant pas précisée, il est sous-entendu que celle qui s'impose est la voie intraveineuse.
). Par voie orale, le valganciclovir est indiqué :
  • dans le traitement d'attaque et le traitement d'entretien de la rétinite à CMV chez les patients adultes atteints du sida;
  • en traitement prophylactique des infections à CMV chez les adultes et les enfants (de la naissance à 18 ans) CMV-négatifs ayant bénéficié d'une transplantation d'organe solide à partir d'un donneur CMV-positif.
Trifluorothymidine
La trifluorothymidine (fig. 15-37
Fig. 15-37
Structure de la trifluorothymidine.
) est un nucléoside pyrimidinique analogue de la thymidine, avec une substitution en position 5, du groupe « méthyle» CH 3 par un groupe trifluorométhyle CF 3 .
Cet analogue nucléosidique peut interférer avec la synthèse de novo de l'ADN viral.
La trifluorothymidine peut être utilisée comme antiviral, contre l'herpès, dans différentes formes de kératites.
La trifluorothymidine dispose d'une AMM (collyre à 1 %) pour le traitement d'affections herpétiques de la cornée :
  • traitement des atteintes oculaires herpétiques du segment antérieur et de la conjonctive :
    • kératite superficielle non dendritique;
    • kératite dendritique;
    • kératite géographique.
  • traitement, en association ou non avec les corticoïdes locaux :
    • de la kératite disciforme;
    • de la kérato-uvéite.
Il est recommandé d'utiliser le collyre de trifluorothymidine toutes les 2 heures pendant la poussée (avec un maximum de 9 instillations par jour), et ce jusqu'à complète ré-épithélialisation cornéenne. Il est ensuite préconisé à raison de 5 administrations par jour pendant 7 jours.
Foscarnet
Le foscarnet (fig. 15-38
Fig. 15-38
Structure du foscarnet.
) est un agent antiviral à large spectre qui inhibe in vitro, à des concentrations n'affectant pas la croissance cellulaire normale, tous les virus humains connus du groupe herpès HSV-1 et HSV-2, HHV-6, VZV, EBV et CMV, en particulier les souches HSV mutantes présentant un déficit en thymidine kinase (TK), et certains rétrovirus, y compris le virus de l'immunodéficience humaine (VIH).
Le foscarnet exerce son activité antivirale par inhibition directe de l'ADN polymérase virale spécifique et de la transcriptase inverse.
Le foscarnet ne nécessite pas d'activation (phosphorylation) par la TK ou d'autres kinases. Il est ainsi actif in vitro contre les virus HSV mutants déficients en TK. Les souches de CMV résistantes au ganciclovir peuvent être sensibles au foscarnet.
L'AMM du foscarnet (Foscavir®) reconnaît, comme indication ophtalmologique, le traitement des infections disséminées à CMV au cours du sida, notamment les infections rétiniennes.
La posologie du foscarnet doit être adaptée à l'état de la fonction rénale et une hydratation par perfusion doit être associée au traitement.
Infections à CMV chez les patients atteints du sida
En traitement d'attaque, le foscarnet est administré à la dose de 180 mg/kg/J en 2 ou 3 perfusions espacées de 12 ou 8 heures, d'une heure au minimum chacune (60 à 90 minutes), et associées impérativement à une hydratation. En cas de rétinite à CMV, un traitement d'entretien est institué après cicatrisation ou après 2 à 3 semaines de traitement d'attaque. Le foscarnet est administré en une perfusion journalière d'environ 2 heures, à la posologie de 90 à 120 mg/kg, 7 jours par semaine, associé à l'hydratation. Ces posologies sont à moduler suivant l'état de la fonction rénale. Si la rétinite progresse au cours du traitement d'entretien, le patient doit être soumis à nouveau au traitement d'attaque.
Infections à HSV
En traitement d'attaque, le foscarnet est administré pendant 2 ou 3 semaines ou jusqu'à cicatrisation des lésions. La dose habituelle est de 80 mg/kg/j en deux perfusions sur une heure au minimum chacune chez les patients à fonction rénale normale. En cas de réponse jugée insuffisante, cette dose peut être portée à 120 mg/kg/j habituellement en trois perfusions. La posologie doit être adaptée à l'état de la fonction rénale. Le traitement doit être associé à une hydratation.
Surveillance des effets indésirables
Une atteinte rénale pouvant survenir durant l'administration de Foscavir®, il est impératif de contrôler la créatinine sérique tous les 2 jours en traitement d'attaque et une fois par semaine en traitement d'entretien. Un ajustement des posologies est à prévoir au regard de la fonction rénale. Il est recommandé de maintenir une hydratation adéquate chez tous les patients. Parmi les effets indésirables les plus fréquents, on retrouve : anémie, agranulocytose, perte d'appétit, fatigue, fièvre, hypokaliémie, hypocalcémie, hypomagnésémie, vertiges, céphalées, troubles digestifs, etc.
Létermovir
Le létermovir (Prevymis®) (fig. 15-39
Fig. 15-39
Structure du létermovir.
) inhibe le complexe terminase de l'ADN du CMV, indispensable au clivage et à l'assemblage de l'ADN viral des descendants.
Le létermovir affecte la formation d'unités génomiques de bonne longueur et interfère avec la maturation des virions.
Ses indications sont limitées à la prophylaxie de la réactivation du CMV et de la maladie à CMV chez les adultes séropositifs au CMV receveurs [R+] d'une greffe allogénique de cellules souches hématopoïétiques.
Il n'y a donc pas, à proprement parler, d'indication ophtalmologique pour ce médicament.
Médicaments antiviraux utilisés pour les infections virales du segment antérieur
Principaux essais cliniques
Avant la découverte d'agents antiviraux spécifiques, les ophtalmologistes ne pouvaient traiter les kératites à HSV qu'avec des approches chirurgicales ou au moyen d'antiseptiques peu efficaces sur ces infections souvent pénétrantes.
L'arrivée, en 1962, de l'idoxuridine, a constitué le franchissement d'une étape clé dans l'approche pharmacologique des kératites herpétiques [ 163]. D'autres antiviraux tels que la trifluridine, la vidarabine et l'aciclovir, principalement dans le traitement de la kératite épithéliale à HSV, ont été mis sur le marché avec d'inégales réussites. Les traitements de la kératite à HSV ont évolué en même temps que la qualité des essais cliniques, validant leur emploi et définissant les conditions optimales de leur prescription, de la surveillance de leurs effets et de la prévention de leur toxicité [164].
  • L'essai HEDS-I 1. HEDSG - Herpetic Eye Disease Study Group, Herpetic Eye Disease Study I (HEDS-I) National Institutes of Health and U.S. National Library of Medicine Website; 1999, https://clinicaltrials.gov/ct2/ show/NCT00000138. incluait les kératites herpétiques stromales sans stéroïdes (HEDS-SKN) : 102 kératites herpétiques stromales également traitées avec des stéroïdes (HEDS-SKS), et les uvéites herpétiques recevant des stéroïdes topiques (HEDS-IRT).
  • L'essai HEDS-II a permis d'étudier le traitement des kératites herpétiques épithéliales (HEDS-EKT) et de leur prévention par l'acyclovir (HEDS-APT).
  • Une troisième étude, Ocular HSV Recurrence Factor Study (HEDS-RFS), était fondée sur un questionnaire visant à étudier les facteurs déclenchants de la récidive.
Les essais HEDS ont constitué une base d' evidence-based medicine qui a permis la publication, en 2014, de « Guidelines » pour le traitement des pathologies oculaires à herpès simplex [165].
Traitement de la kératite épithéliale à HSV
L'utilisation d'un antiviral pour traiter la kératite épithéliale à HSV est soutenue par des décennies de données d'essais cliniques. Aux États-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) a approuvé l'utilisation de :
  • trois présentations locales :
    • trifluridine, solution à 1 %;
    • ganciclovir, gel à 0,15 %;
    • aciclovir, pommade à 3 %.
  • trois médicaments destinés à une administration systémique :
    • aciclovir;
    • ganciclovir;
    • famciclovir.
Les traitements par l'idoxuridine et la vidarabine ne sont plus disponibles. De la même manière, pour le traitement des kératites herpétiques, le valganciclovir oral, le foscarnet et le cidofovir ne sont plus utilisés. Cela s'explique par l'observation de l'efficacité des traitements antiviraux plus récents pour la kératite épithéliale à HSV qu'il a été possible de mettre à profit grâce à une mise à jour de la revue systématique Cochrane et à la méta-analyse afférente, qui comprenait 137 études randomisées impliquant 8333 yeux [166]. Pris dans leur ensemble, les essais disponibles suggèrent que la trifluridine, l'aciclovir et le ganciclovir ne sont pas inférieurs les uns aux autres dans le traitement de la kératite épithéliale à HSV. L'utilisation hors AMM d'antiviraux oraux, qui sont au moins aussi efficaces que leurs homologues topiques, est par ailleurs préférée par de nombreux spécialistes de la cornée [167].
L'aciclovir par voie orale est l'antiviral le plus couramment utilisé pour les kératites à HSV. Il offre une bonne pénétration épithéliale et est bien toléré. En revanche, les antiviraux « locaux» sont limités par une faible biodisponibilité intraoculaire, les effets secondaires liés à une toxicité sur la surface oculaire, des réponses allergiques et une possible sténose du canal lacrymal.
Il n'est pas inutile de rappeler que les corticoïdes sont contre-indiqués dans le traitement de la kératite épithéliale à HSV, et leur utilisation inconsidérée peut avoir des très sévères conséquences, avec la conversion d'un ulcère épithélial « dendritique» en un ulcère « en carte de géographie».
Traitement de la kératite stromale à HSV
Le traitement de référence de la kératite stromale à HSV est l'utilisation d'un antiviral par voie orale en association avec un corticoïde topique. Mais l'intérêt de l'aciclovir oral par rapport à l'association corticoïdes topiques et trifluridine n'a pas été significatif, lors de l'évaluation clinique au-delà de la 10 e semaine.
La kératite strictement stromale (épithélium intact) peut être traitée par de petites doses d'antiviral, tandis que l'extension de la maladie nécessite souvent des doses thérapeutiques plus élevées dès les premiers stades. Historiquement, le rôle des corticoïdes topiques a été controversé. L'introduction des corticoïdes en ophtalmologie dans les années 1950 a conduit à deux écoles de pensée opposées concernant leur utilisation dans la maladie oculaire herpétique, que d'aucuns ont résumé sous le terme de « guerre des stéroïdes» [168]. L'école de la Côte Ouest menée par Thygeson et Hogan à la Fondation Proctor et à l'Université de Californie (San Francisco), a exprimé de grandes réserves concernant l'utilisation de corticoïdes pour toute indication impliquant une kératite à HSV. En revanche, l'école de la Côte Est, dirigée par Kaufman, Laibson et Pavan-Langston, entre autres, préconisait leur utilisation dans certaines circonstances, y compris la maladie stromale et endothéliale du HSV.
Le manque de clarté a conduit au lancement de l'essai HEDSSKN, qui a débuté en 1989. Cet essai a randomisé 106 patients atteints de kératite stromale à HSV, tous traités au départ par trifluridine topique, après quoi fut ajouté(e) soit de la prednisolone à 1 % à dose décroissante, soit un placebo, sur une période de 10 semaines. Plus de 90 % des participants avaient une kératite sans ulcération épithéliale. À la fin de l'essai, on observait un échec thérapeutique pour 26 % des malades du groupe corticoïdes et pour 73 % dans le groupe placebo, avec de meilleures performances dans le groupe corticoïdes en matière de durée d'efficacité. Ces résultats sans équivoque, obtenus au cours d'une analyse intermédiaire, ont conduit, pour des raisons éthiques, à l'interruption anticipée de l'essai.
Traitement de la kératite endothéliale à HSV
La kératite endothéliale à HSV est relativement rare et n'a pas été directement abordée par les essais HEDS. Les études incluent un nombre restreint de patients. Trois essais randomisés ont montré que, chez les patients traités avec 3 % d'aciclovir topique au départ, l'ajout de bétaméthasone topique à des concentrations allant de 0,01 % à 0,1 % a entraîné une résolution plus rapide par rapport avec l'ajout d'un placebo [169]. Un autre essai « en ouvert» a démontré que l'aciclovir oral ou topique, additionné de prednisolone topique à 0,05 %, permet d'obtenir une cicatrisation en 3 à 4 semaines, avec une meilleure efficacité fonctionnelle dans la branche traitée par aciclovir par voie orale [ 170], ce qui soutient la combinaison d'un antiviral par voie orale et d'un collyre corticoïde pour la prise en charge de la kératite endothéliale à HSV.
Les antiviraux administrés par voie orale pénètrent utilement l'humeur aqueuse à des niveaux thérapeutiques, et les médicaments antiviraux présentant un bon indice de pénétration dans la chambre antérieure sont préférables, ce qui est le cas de l'aciclovir [171].
Prophylaxie de la kératite à HSV
Deux volets des essais HEDS ont abordé la question de la prophylaxie contre la récidive de la kératite à HSV.
Dans l'étude HEDSEKT, 287 patients atteints de kératite épithéliale aiguë à HSV ont été traités avec de la trifluridine topique au départ et randomisés avec, dans un bras, 3 semaines d'aciclovir oral concomitant (400 mg 5 fois par jour) et, dans l'autre, un placebo. À la fin d'un suivi de 12 mois, aucune différence n'a été observée entre les groupes, ce qui a démontré que l'aciclovir oral administré brièvement lors d'un épisode de kératite épithéliale à HSV n'empêche pas, plus tard, la formation d'une kératite stromale.
L'étude HEDS-APT a inclus 703 patients ayant des antécédents de kératite à HSV dans l'année précédente, chez lesquels on a administré pendant 12 mois une prophylaxie orale d'acyclovir (400 mg) ou de placebo 2 fois par jour. Tous les participants ont été suivis pendant 6 mois après l'arrêt du traitement, résultant en une durée totale d'essai de 18 mois [172]. Les participants traités par aciclovir par voie orale avaient une probabilité cumulée de récidive oculaire du HSV significativement réduite (mais pas abolie) par rapport au groupe placebo. L'avantage de l'aciclovir par voie orale était spécifique à la kératite stromale. Les données existantes suggèrent que la prophylaxie par voie orale devrait être poursuivie au long cours pour les patients à haut risque. Il est également raisonnable de prescrire une prophylaxie antivirale orale aux patients avant une chirurgie oculaire programmée, y compris réfractive, chaque fois qu'il y a des antécédents connus de kératite à HSV.
Modalités d'utilisation des médicaments
Ces modalités sont indiquées dans le tableau 15-21
Tableau 15-21
Modalités d'utilisation des médicaments pour les infections virales du segment antérieur.
DCIModalités d'utilisationRemarques
Aciclovir
Administration locale
Aciclovir pommade à 3 %, 5 fois par jour pendant une semaine, puis 3 fois par jour pendant une autre semaine [166] Des résistances peuvent se développer chez des patients immunodéprimés [173]
Aciclovir
Administration systémique
Aciclovir 400 mg par voie orale, 5 fois par jour pendant 7 à 10 jours Aussi efficace que par voie topique. Bien toléré mais nécessite une fonction rénale normale
Ganciclovir
Administration locale
Ganciclovir 0,15 %, 5 fois par jour
Jusqu'à cicatrisation de l'ulcère, puis 3 fois par jour pendant 7 jours
Aussi intéressant que l'aciclovir forme topique dans le traitement de la kératite épithéliale à herpès simplex
TrifluridineTrifluridine 1 % solution, 4 à 8 fois par jour Médicament de première ligne aux États-Unis. Aussi efficace que l'aciclovir par voie topique
.
Traitement des rétinites virales
La rétinite herpétique nécrosante est une urgence thérapeutique. Le traitement médical comporte toujours un traitement antiviral, associé inconstamment à une corticothérapie et un anticoagulant. L'aciclovir est efficace sur l'HSV et le VZV.
Le foscarnet est utilisé par voie intraveineuse avec une dose de charge de 60 mg/kg toutes les 8 heures pendant 2 à 3 semaines, suivie d'un traitement d'entretien de 90 mg/kg/j. L'effet secondaire le plus redoutable est l'insuffisance rénale, qu'il convient de prévenir par une perfusion à débit lent et une hydratation abondante. Cette toxicité survient chez 25 % des patients. La créatininémie doit être surveillée régulièrement et la posologie de foscarnet doit être adaptée à la fonction rénale.
Le ganciclovir est 10 à 15 fois plus efficace que l'aciclovir contre le CMV et l'EBV, et a une action comparable contre l'HSV et le VZV. L'aciclovir à la dose de 10 mg/kg/8 h (1500 mg/m 2 /j) en trois perfusions lentes ne permet pas de réduire la hyalite, ni de prévenir le risque de décollement de la rétine. Le traitement du PORN syndrome (syndrome de nécrose rétinienne progressive décrit pour la première fois en 1990 chez les patients immunodéprimés) est plus agressif, comportant au moins une bithérapie : aciclovir et foscarnet, aciclovir et ganciclovir ou foscarnet et ganciclovir. Le succès des injections intravitréennes de ganciclovir a été notamment rapporté au cours du PORN syndrome [174].
En l'absence de régression des lésions rétiniennes sous aciclovir, il convient de modifier le traitement et/ou d'associer l'aciclovir à des antiviraux plus puissants tels que le foscarnet et/ou le ganciclovir. En effet, d'une part, ces molécules sont actives sur le CMV, ce qui permet une couverture efficace dans l'attente des résultats de la PCR et, d'autre part, la vision sera d'autant mieux préservée que le traitement agressif est débuté précocement en cas de nécrose étendue. Une combinaison de médicaments antiviraux est également justifiée chez les patients immunodéprimés, d'autant plus que la résistance à l'aciclovir n'est pas rare sur ce terrain.
Critères de gravité justifiant un traitement antiviral intensif (foscarnet IV + injection intravitréenne de ganciclovir)
  • Terrain : immunodépression liée, ou non, au VIH
  • Forme de rétinite : PORN syndrome , nécrose rétinienne progressive, atteinte bilatérale d'emblée
  • Caractère monophtalme
  • Extension de la rétinite :
    • atteinte de plus de deux quadrants
    • atteinte du pôle postérieur
  • Antécédents de rechute sous aciclovir
  • Absence de réponse rapide sous aciclovir (stabilisation en 2 jours)
  • Virus en cause : CMV
Présentations de médicaments antiviraux utilisables en ophtalmologie
Les formes ophtalmologiques locales et systémiques d'antiviraux commercialisées en France sont indiquées respectivement dans les tableaux 15-22
Tableau 15-22
Formes ophtalmologiques locales d'antiviraux commercialisées en France.
DCISpécialité pharmaceutique commercialisée en FranceDosageExcipients à effet notoireAutres excipients
AciclovirAciclovir Agepha® 30 mg/g pom opht 30 mg/g Vaseline blanche
GanciclovirVirgan® 1,5 mg/g gel ophtalmique 1,5 mg/g Chlorure de benzalkoniumCarbomère 974 P, sorbitol, hydroxyde de sodium, eau purifiée
TrifluridineVirophta® préparation pour collyre lyophilisat et solvant1 % Chlorure de benzalkoniumAcide édétique sel de Na, sodium chlorure, hyétellose, acide chlorhydrique, eau purifiée
et 15-23
Tableau 15-23
Formes ophtalmologiques systémiques d'antiviraux commercialisées en France.
DCINom des spécialitésPrésentation
AciclovirZovirax® et génériquesComprimés200 mg
800 mg
Suspension buvableFlacon 200 mg/5 ml
Flacon 800 mg/10 ml
Poudre pour solution injectable IV 250 mg
500 mg
FamciclovirOravir®Comprimés pelliculés125 mg
500 mg
FoscarnetFoscavir® et génériquesSolution pour perfusion24 mg/ml
6 g/250 ml
GanciclovirCymevan® et génériquesPoudre pour solution injectable500 mg
LétermovirPrevymis® et génériquesComprimés pelliculés240 mg
480 mg
Solution à diluer pour perfusion240 mg
480 mg
ValaciclovirZelitrex® et génériquesComprimés pelliculés500 mg
ValganciclovirRovalcyte® et génériquesComprimés pelliculés450 mg
Poudre pour solution injectable50 mg/ml
.
15.4. Antiparasitaires

F. ChastS. Charles-Weber

Introduction
Les parasites susceptibles d'être à l'origine d'une manifestation ophtalmique sont très divers. On peut les classer en fonction de leur rattachement zoologique : protozoaires, vers (helminthes) divisés en nématodes (vers ronds), cestodes (vers plats segmentés), trématodes, vers plats non segmentés, et arthropodes (insectes) (tableau 15-24
Tableau 15-24
Classes de parasites pouvant être à l'origine de manifestations ophtalmologiques .
ProtozoairesHelminthesArthropodes
NématodesCestodesTrématodes
Acanthamœbiase
Microsporidiose
Leishmaniose
Trypanosomiases
Giardiase
Paludisme
Toxoplasmose
Filarioses
Onchocercose
Loase
Dirofilariose
Toxocarose
Baylisascaridiose Angiostrongyloïdose
Thélaziose
Trichinose
Gnathostomiase
Dracunculose
Cysticercose
Échinococcose
Sparganose
Cœnuriase
Fascioliase
Schistosomiase
Alariase
Philophthalmose
Phtiriase
Ophthalmomyiase
Demodex
).
On peut également différencier les parasitoses rencontrées par l'ophtalmologiste, en :
  • endoparasites qui impliquent des parasites vivant au sein des tissus oculaires : amibiase, toxoplasmose, onchocercose, filariose, toxocarose, myiase, thélaziose;
  • et ectoparasites, qui impliquent des parasites vivant à la surface des tissus oculaires : Demodex , phtiriasis.
Médicaments des kératites amibiennes
Présentation générale
Kératite amibienne
L'amibe responsable de la majorité des kératites amibiennes appartient au genre Acanthamoeba , protozoaire saprophyte et ubiquitaire qui se caractérise par l'existence de deux états susceptibles d'être retrouvés au niveau de la cornée : la forme végétative, trophozoïte, capable de se déplacer, et la forme kystique, très résistante. Acanthamoeba est une amibe commune que l'on trouve dans de nombreuses niches environnementales et qui peut être isolée des plans d'eau, des instruments chirurgicaux, des unités de dialyse, des lésions cutanées et des lentilles de contact [ 175]. Ces organismes sont considérés comme un parasite émergent principalement en raison de la difficulté de traiter les infections liées à ces parasites. Acanthamoeba a la capacité de provoquer des infections graves chez les individus tant immunocompétents qu'immunodéprimés. En ophtalmologie, on redoute les kératites amibiennes susceptibles de survenir chez des individus en bon état général, en particulier chez les porteurs de lentilles de contact [176]. Dans les pays européens, 96 % des kératites amibiennes sont diagnostiquées chez des porteurs de ces lentilles. La kératite amibienne est une infection rare de la cornée qui, si elle n'est pas diagnostiquée et traitée correctement, peut être une maladie menaçant la fonction visuelle. Bien que plus rare que les kératites bactériennes ou virales, elle présente divers défis, notamment en termes de diagnostic précoce et de traitement approprié. Le genre Acanthamoeba est actuellement divisé 22 génotypes différents (T1-T22) sur la base du typage des gènes de l'ARNr 18s. Le génotype causal le plus fréquent est T4, avec les espèces A. castellani et A. polyphaga . Le génotypage Acanthamoeba est important car les différents génotypes présentent des variations dans la présentation clinique et la réponse au traitement médical [177]. Une fois dans l'œil, les amibes se nourrissent des kératocytes avec invasion et destruction du stroma cornéen. Étant donné que la kératite amibienne est une infection cornéenne relativement rare, elle n'est souvent ni diagnostiquée, ni traitée pendant de longues périodes, ce qui conduit à l'institution retardée des traitements appropriés avec des résultats fonctionnels défavorables.
Médicaments
Les amibes du genre Acanthamoeba peuvent exister sous forme de trophozoïtes mobiles ou sous forme de kystes dormants, très résistant aux médicaments. Les biguanides et les diamidines aromatiques sont les agents antimicrobiens les plus efficaces pour tuer l'agent pathogène, mais ils doivent être administrés de manière concomitante pour surmonter la résistance habituelle aux antiparasitaires. La néomycine, un antibiotique à large spectre, est également bénéfique, mais lorsqu'elle est administrée en association avec les médicaments antiparasitaires plutôt que seule, car elle limite le substrat nutritif bactérien des amibes. Le traitement est généralement administré sous forme de collyres, administrés toutes les heures pendant les premiers jours du traitement. La durée minimale de traitement est de 3 à 4 semaines, la fréquence d'administration diminuant à une goutte toutes les 3 heures après les premiers jours. De nombreux auteurs recommandent de poursuivre le traitement pendant plusieurs mois voire un an, pour éviter une réinfection ou une recrudescence de la maladie [178]. L'élimination de l'infection est actuellement un véritable défi en raison de la présentation clinicobiologique habituellement d'emblée résistante de la forme kystique d' Acanthamoeba . De plus, la nature du tissu cornéen est peu propice à une bonne pénétration des médicaments. Il est important de noter qu'une caractéristique fréquente de la kératite amibienne est que l'inflammation s'aggrave initialement après le début du traitement avant de s'améliorer selon un mécanisme non éclairci, mais qui pourrait être causé par la toxicité locale soit des médicaments administrés, soit, plus vraisemblablement, par les antigènes libérés par les organismes ciblés, en cours de lyse sous l'effet des antiparasitaires. Aucun médicament disponible dans le commerce ne possède actuellement d'autorisation de mise sur le marché (AMM) pour le traitement de la kératite amibienne. Les principaux biocides utilisés pour traiter la kératite amibienne sont les dérivés de biguanide et de diamidines, mais aussi des antifongiques et antibiotiques qui peuvent exercer également une activité antiparasitaire ou y contribuer (tableau 15-25
Tableau 15-25
Médicaments pour le traitement de la kératite amibienne.
Famille chimiqueMécanisme d'actionExemples de médicaments
BiguanidesInhibition des fonctions membranairesPHMB
Chlorhexidine
DiamidinesInhibition de la réplication de l'ADNPropamidine
Hexamidine
ImidazolésDégradation de la paroi cellulaireClotrimazole
Fluconazole
Kétoconazole
AminosidesInhibition de la synthèse des protéinesNéomycine
Paromomycine
). C'est la raison pour laquelle l'information des patients doit porter, d'une part, sur les mesures de prévention (hygiène des lentilles cornéennes) et, d'autre part, en cas de kératite avérée, sur l'importance de la persévérance des gestes thérapeutiques.
Biguanides
Les biguanides sont des agents antimicrobiens utiles car ils peuvent tuer les deux formes d' Acanthamoeba , les trophozoïtes et les kystes. Les molécules chargées positivement se lient et pénètrent dans les amibes, et augmentent la perméabilité de la membrane cytoplasmique entraînant la mort de l'agent pathogène.
Les deux composés de biguanide dont l'efficacité a été prouvée de manière constante dans un traitement médicamenteux sont le polyhexaméthlyène biguanide (PHMB) et la chlorhexidine. En raison de la toxicité chimique des biocides dans les tissus cornéens, les patients sont suivis de près après le début du traitement jusqu'à ce qu'une réduction progressive de la charge parasitaire se produise. Les médicaments sont diminués en fonction de la réponse clinique et de la toxicité de la surface oculaire. Le traitement peut prendre des mois et nécessite un suivi à long terme. Les biguanides sont les biocides habituellement utilisés en monothérapie.
Polyhexaméthylène biguanide (PHMB)
Le chlorhydrate de polyhexaméthylène biguanide (PHMB) (fig. 15-40
Fig. 15-40
Structure du chlorhydrate de polyhexaméthylène biguanide (PHMB).
) est un polymère biocide dont l'index de polymérisation varie selon les fournisseurs de principe actif pour donner des chaînes de masse moléculaire comprise entre 500 et 6000 Da. C'est, à l'origine, un principe actif utilisé comme désinfectant de piscine. Le collyre de PHMB n'est pas commercialisé en France. En revanche, il est possible de l'obtenir sous la forme d'une préparation hospitalière. À une faible concentration, de 0,02 % à 0,06 %, il a une activité intéressante à l'égard des bactéries, virus, champignons et parasites. Il est particulièrement utile dans le traitement de l'amibiase cornéenne en raison de ses propriétés cysticides élevées à l'égard de plusieurs souches d'amibes.
Chlorhexidine
Le gluconate ou l'acétate de chlorhexidine (fig. 15-41
Fig. 15-41
Structure du gluconate ou de l'acétate de chlorhexidine.
) présente une activité cysticide légèrement inférieure à celle du PHMB, mais peut tout de même être une alternative plus efficace au PHMB car c'est une molécule plus petite qui peut se répartir dans le stroma plus facilement. On peut également l'utiliser en association avec une diamidine. Il semble que le PHMB et la chlorhexidine présentent moins de problèmes de toxicité que la propamidine. Les effets secondaires de ces traitements peuvent inclure une augmentation de la pression intraoculaire (PIO) et une kératopathie toxique. Cependant, par rapport à l'emploi de chlorhexidine comme antiseptique chirurgical (5 %), la dilution (250 fois moins concentrée) des préparations ophtalmiques (0,02 %) permet de minimiser le risque toxique. Une surveillance de la PIO doit toutefois être mise en place avec, le cas échéant, un traitement hypotonisant. En pratique, on prescrit l'instillation d'un collyre de chlorhexidine à 0,02 %. Le collyre est instillé toutes les heures, jour et nuit pendant les deux à trois premiers jours. Après les premières 72 heures, les collyres sont généralement prescrits toutes les heures à l'éveil pendant des semaines supplémentaires, puis 4 fois par jour. Un essai contrôlé randomisé comparant les monothérapies par PHMB ou chlorhexidine dans la kératite amibienne suggère que les deux biguanides sont aussi efficaces en monothérapie. Bien que la chlorhexidine ait montré un pourcentage légèrement plus élevé de guérisons et une amélioration de l'acuité visuelle par rapport au PHMB, les différences ne sont pas statistiquement significatives. Le traitement combiné des biguanides et des diamidines est couramment utilisé pour éviter les infections résistantes et persistantes. En outre, les schémas thérapeutiques antimicrobiens fondés sur l'administration concomitante des deux biguanides et une augmentation de la concentration du médicament à 0,04 % ou 0,06 % sont des modalités de traitement alternatives pour les cas résistants et ne répondant pas [179]. Une synergie entre le PHMB et la chlorhexidine entraîne une perte de viabilité kystique avec une toxicité minimale pour les cellules endothéliales humaines.
Diamidines aromatiques
Les dérivés de la diamidine, c'est-à-dire la propamidine et l'iséthionate d'hexamidine, sont souvent utilisés pour traiter la kératite amibienne en association avec des biguanides pour éviter la survenue de résistances. L'un des mécanismes d'action des diamidines aromatiques implique probablement la liaison à l'ADN du parasite qui se traduirait par une inhibition de sa croissance.
Propamidine
La propamidine (Brolène®) (fig. 15-42
Fig. 15-42
Structure de la propamidine.
) a été l'un des premiers médicaments découverts pour le traitement de la kératite amibienne et a donc fait partie de diverses combinaisons thérapeutiques proposées. C'est un médicament non commercialisé en France dont la prescription nécessite une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) nominative. La propamidine a été administrée avec succès pour traiter la kératite amibienne en association avec des médicaments antifongiques tels que le miconazole topique à 1 % et l'itraconazole par voie orale [ 180 , 181]. La propamidine s'avère être la diamidine aromatique la plus efficace, mais il existe de nombreux travaux rapportant une résistance d' Acanthamoeba à la propamidine; c'est pourquoi le traitement de référence consiste à prescrire simultanément un biguanide [182].
Hexamidine
L'hexamidine (Désomédine®) (fig. 15-43
Fig. 15-43
Structure de l'hexamidine (di-iséthionate).
) est commercialisée en France, mais son AMM n'inclut pas le traitement des kératites amibiennes. En pratique, on prescrit l'instillation d'un collyre de diamidine : soit la propamidine à 0,1 %, soit l'hexamidine à 0,1 %. Comme pour les biguanides, le collyre est instillé toutes les heures, jour et nuit pendant les deux à trois premiers jours. Après les premières 72 heures, le collyre est généralement administré toutes les heures pendant les heures d'éveil durant les 4 à 6 semaines suivantes, puis 4 fois par jour pendant 9 à 12 mois.
Antibiotiques anti-amibiens – néomycine
La néomycine (fig. 15-44
Fig. 15-44
Structure de la néomycine.
) est un aminoside proche de la gentamicine. Elle peut éliminer la forme trophozoïte d' Acanthamoeba , mais n'a pas une activité cysticide suffisante pour justifier son emploi en monothérapie. Elle est donc associée aux autres médicaments anti-amibiens mentionnés précédemment.
La néomycine ne peut pas être utilisée seule car elle peut favoriser la résistance des kystes [180].
L'utilisation de la néomycine dans une « trithérapie» comme avec la propamidine et la dibromopropamidine a permis la guérison de nombreux patients atteints de kératite amibienne [183]. En effet, la néomycine a un effet indirect sur Acanthamoeba en diminuant les sources nutritionnelles bactériennes des trophozoïtes et en prévenant la surinfection bactérienne.
Stéroïdes
L'utilisation de corticoïdes pour diminuer l'inflammation intense qui se produit dans la kératite amibienne est controversée en raison de l'inconvénient de favoriser potentiellement l'enkystement et l'augmentation des trophozoïtes. Cependant, une étude rapporte qu'il n'y aurait pas de corrélation forte entre le début de la corticothérapie locale en complément des antiparasitaires et l'aggravation de l'évolution de la maladie [184].
Anti-inflammatoires non stéroïdiens
On peut préférer aux corticoïdes, immunosuppresseurs, des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), pris par voie orale (flurbiprofène 50 à 100 mg), 2 à 3 fois par jour, ou par voie oculaire comme le flurbiprofène 0,12 mg/0,4 ml (Ocufen®), ou l'indométacine à 0,1 % (Indocollyre®). Le flurbiprofène est un médicament anti-inflammatoire qui peut également agir comme analgésique et mydriatique [ 185].
Chirurgie
Si le traitement par les biguanides et les diamidines échoue [186] et que l'infection a progressé à un stade avancé, alors une transplantation cornéenne ou diverses kératoplasties peuvent constituer un traitement de recours. Une kératoplastie lamellaire antérieure profonde a été suggérée comme la meilleure option chirurgicale pour les patients atteints de kératite amibienne afin d'éviter l'invasion intraoculaire par des agents pathogènes en raison de sa nature non pénétrante [181]. La cryothérapie cornéenne et la greffe de membrane amniotique sont d'autres options en cas d'échec des traitements topiques. La kératoplastie est particulièrement utile pour les patients qui souffrent d'une perte de vision due soit à la destruction stromale avancée induite par une infection incontrôlée, soit à des cicatrices cornéennes après l'éradication médicale de l'infection.
Approches « alternatives»
Alors que la chlorhexidine, le PMHB et la propamidine sont actuellement les agents recommandés pour le traitement de la kératite amibienne, quelques travaux rapportent l'intérêt de la réticulation du collagène à l'aide de riboflavine et de lumière UV comme stratégie d'appoint efficace pour le traitement topique conventionnel [ 187]. Il est possible que les réactions photochimiques ainsi effectuées stabilisent le collagène et préviennent d'autres lésions tissulaires en empêchant la reproduction des kystes pathogènes [187].
Les plantes sont également des agents thérapeutiques potentiels. Il existe des rapports d'au moins dix plantes médicinales différentes ayant une activité trophozoïticide et cysticide élevée sans toxicité pour les kératocytes humains.
Huile d'arbre à thé
Le genre Melaleuca fait partie de la famille des myrtacées riches en huile d'arbre à thé. Les huiles d'arbre à thé de Melaleuca bracteata et Melaleuca alternifolia ont des propriétés antioxydantes et antimicrobiennes grâce à la présence de terpinène-4-ol et de 1-8 cinéole, ses principaux constituants. Elles auraient démontré in vitro une efficacité importante contre les formes trophozoïte et kystique d' Acanthamoeba . Ainsi, l'huile d'arbre à thé pourrait être utilisée sous forme de collyres et sa bonne pénétration dans les tissus, permettrait d'attaquer à la fois les couches superficielles et profondes de la cornée. Aucune étude clinique ne permet toutefois de corroborer les résultats obtenus chez l'animal.
Nigella sativa
Un extrait aqueux de Nigella sativa (cumin noir) a également été étudié comme traitement potentiel des patients atteints de kératite amibienne. Nigella sativa aurait une activité, d'une part, antioxydante, favorable à l'opsonisation et à la phagocytose d' Acanthamoeba [ 188], d'autre part, inhibitrice du biofilm bactérien et pourrait donc perturber la liaison d' Acanthamoeba à la cornée. Ces propriétés seraient dues à la présence de p-cymène, de thymoquinone, de carvacrol, d'α-pinène, de β-pinène et de limonène.
Conclusion
Compte tenu des difficultés de traitement de la kératite amibienne, celle-ci est considérée comme maladie orpheline et des programmes internationaux tentent de renforcer la recherche de nouveaux traitements. Parmi les approches possibles, figurent la réorientation d'anciens médicaments, ce qui peut conduire à effectuer un criblage phénotypique de molécules déjà connues 2. Le terme « criblage à haut contenu» désigne une technologie innovante qui se fonde sur la robotisation d'un microscope optique à fluorescence et son couplage à des logiciels informatiques capables de détecter et de quantifier l'ensemble des effets biologiques (physiologiques, pathologiques) survenant en réponse à un traitement, de manière reproductible et automatisée. Ce type de criblage s'appuie sur l'utilisation de tests phénotypiques miniaturisés réalisés en microplaques, qui permettent, grâce à des marquages fluorescents (anticorps, sondes fluorescentes, etc.), de visualiser les cellules, leur noyau et toutes les structures subcellulaires telles que microtubules, actine, mitochondries, autophagosomes, endosomes, appareil de Golgi, etc., porteurs potentiels d'une réponse pharmacologique. . De récents travaux ont mis en évidence (in vitro) de puissants inhibiteurs (IC50 < 1 M) à l'égard de certaines amibes. On espère beaucoup de ces études pour que des médicaments plus efficaces que ceux qui sont actuellement utilisés puissent être développés et mis sur le marché.
Règles d'or
La stratégie de traitement repose sur un diagnostic rapide. Pendant les premiers jours de traitement, une véritable « guerre éclair» doit être mise en place avec :
  • pendant 2 jours, PHMB + propamidine toutes 15 à 30 minutes, jour et nuit + néomycine 5 fois/j;
  • de J3 à J6, PHMB + propamidine toutes les heures pendant les heures d'éveil (6 h-24 h) + néomycine 5 fois/j;
  • de J7 à J35, toutes les 2 heures pendant les heures d'éveil (6 h–24 h) + néomycine 5 fois/j.
En cas de résistance au traitement, il est possible de changer le PHMB en chlorhexidine, ou d'augmenter la concentration (pour le PHMB à 0,06 %).
Prévention
La prévention de la kératite amibienne est fondée sur une bonne hygiène de l'utilisation des lentilles de contact. L'entretien des lentilles de contact est indissociable du port des lentilles à renouvellement supérieur à un jour. À chaque étape de leur utilisation, les lentilles peuvent être souillées et contaminées. Les solutions d'entretien ont pour rôle essentiel de nettoyer, de décontaminer et de conserver les lentilles pour éviter les problèmes infectieux et améliorer le confort de port. La contamination des lentilles de contact provient essentiellement des mains, des solutions d'entretien, des étuis, de l'eau et de l'environnement [189].
Médicaments de la choriorétinite toxoplasmique
Toxoplasmose oculaire
La toxoplasmose oculaire est causée par le parasite protozoaire intracellulaire Toxoplasma gondii . C'est l'une des principales causes d'uvéite infectieuse dans le monde. Après l'infection, la majorité des individus ne présentent aucun symptôme, mais il a été constaté que des atteintes, telles que l'immunosuppression ou une maladie congénitale, pouvaient entraîner une maladie grave.
La toxoplasmose oculaire se présente typiquement sous la forme d'une uvéite postérieure avec une lésion de la choriorétine et du vitré. Pendant la grossesse, l'infection primaire peut entraîner plusieurs complications graves, notamment la mort du fœtus, des malformations congénitales ou, à des stades plus avancés de la gestation, des infections plus légères des tissus neuronaux (par exemple le cerveau ou la rétine). L'approche thérapeutique de la toxoplasmose oculaire se concentre principalement sur la forme acquise de la maladie après la naissance.
Le traitement de la toxoplasmose oculaire repose sur l'individualisation de la prise en charge. La décision de débuter un traitement en cas de rétinochoroïdite active repose sur plusieurs paramètres. Certains des plus importants sont les suivants :
  • statut immunitaire des patients;
  • caractéristiques de la lésion (emplacement et taille);
  • acuité visuelle;
  • réaction cellulaire vitréenne (hyalite);
  • œdème maculaire;
  • œdème du disque optique;
  • occlusion vasculaire;
  • effets indésirables possibles des médicaments disponibles;
  • autres paramètres (nouveau-nés, grossesse, allergies).
Médicaments antitoxoplasmiques
Le traitement de la toxoplasmose oculaire comprend à la fois des médicaments antimicrobiens et des corticoïdes (topiques et oraux), et doit être maintenu pendant 4 à 6 semaines. L'objectif principal du traitement antimicrobien au stade de la rétinite active est de contrôler la multiplication des parasites.
Il repose sur diverses bithérapies standard :
  • la pyriméthamine (Malocide®) entraîne une carence en acide folique avec anémie mégaloblastique, et parfois granulopénie et thrombopénie, et la sulfadiazine (Adiazine®) peut revêtir un risque sévère d'allergie cutanée, de thrombopénie, d'anémie hémolytique immuno-allergique, d'aplasie médullaire;
  • la sulfadiazine peut être remplacée par la clindamycine (Clindamycine®) en cas d'allergie;
  • l'azithromycine (Zythromax®) représente une alternative malgré l'absence de reconnaissance de l'AMM dans cette indication [190];
  • la spiramycine (Rovamycine®) est également une alternative bien supportée par la femme enceinte;
  • il est possible d'associer pyriméthamine et azithromycine avec une supplémentation en acide folinique (Lederfoline®) qui s'oppose aux inhibiteurs de la dihydrofolate réductase;
  • en cas d'inflammation oculaire, l'utilisation des corticoïdes systématiques est à envisager [ 191].
Les options thérapeutiques pour le traitement de la toxoplasmose sont indiquées dans le tableau 15-26
Tableau 15-26
Options thérapeutiques pour le traitement de la toxoplasmose .
MédicamentDose pour l'adulteDose pour l'enfant
PyriméthamineDose de charge : 100 mg (J1)
Dose d'entretien : 25 mg 2 fois par jour pendant 4 à 6 semaines
Nourrisson : 1 mg/kg 1 fois par jour pendant 1 an
Enfant :
– dose de charge : 2 mg/kg/jour divisés en 2 prises par jour pendant 1 à 3 jours (maximum : 100 mg/jour)
– dose d'entretien : 1 mg/kg/jour divisés en 2 prises pendant 4 semaines (maximum : 25 mg/jour)
Acide folinique15 mg par jour 5 mg tous les trois jours
Triméthoprime-sulfaméthoxazole1 comprimé 2 fois par jour pendant 4 à 6 semaines 6 à 12 mg TMP/kg/jour divisé en 2 prises par jour
Sulfadiazine4 g par jour divisés en 4 prises par jour (toutes les 6 h) Toxoplasmose congénitale :
– nouveau-né et enfant de moins de 2 mois : 100 mg/kg/jour divisés en 4 administrations
– enfant de plus de 2 mois : 25 à 50 mg/kg/prise 4 fois par jour
Toxoplasmose chez l'enfant de plus de 2 mois :
– dose de charge : 75 mg/kg
– dose d'entretien : 120-150 mg/kg/jour, divisés en 4 à 6 prises par jour (maximum : 6 g/jour)
Clindamycine150 à 450 mg/prise toutes les 6 à 8 h (maximum : 1,8 g/jour) (habituellement 300 mg toutes les 6 h) 8-25 mg/kg/jour divisés en 3 à 4 prises
Azithromycine– Dose de charge : 1 g (J1)
– Dose d'entretien : 500 mg 1 fois par jour pendant 3 semaines
Enfant de plus de 6 mois : 10 mg/kg à J1 (maximum : 500 mg/jour) suivis de 5 mg/kg/jour une fois par jour (maximum : 250 mg/jour)
Spiramycine2 g par jour en 2 fois – 15 kg sp="0.12"/>= sp="0.12"/>750 mg
– 20 kg sp="0.12"/>= sp="0.12"/>1 g
– 30 kg sp="0.12"/>= sp="0.12"/>1,5 g
Atovaquone750 mg toutes les 6 heures pendant 4 à 6 semaines 40 mg/kg/jour divisés en deux prises par jour (maximum : 1500 mg/jour)
Tétracycline– Dose de charge : 500 mg toutes les 6 h (J1)
– Dose d'entretien : 250 mg 4 fois par jour pendant 4 à 6 semaines
Enfants de plus de 8 ans : 25-50 mg/kg/jour répartis toutes les 6 heures
Minocycline100 mg toutes les 12 h sans dépasser 400 mg/24 heures pendant 4 à 6 semaines Enfants de plus de 8 ans : traitement initial, 4 mg/kg suivis de 2 mg/kg toutes les 12 h (voies orale ou injectable)
.
Prévention de la toxoplasmose
La femme enceinte et l'immunodéprimé doivent veiller à :
  • bien se laver les mains avant de passer à table;
  • ne manger que de la viande bien cuite et éviter la charcuterie à base de viande crue. À noter que la congélation pendant au moins 72 heures détruit les kystes parasitaires;
  • lors des manipulations de viande crue, de la terre ou des légumes souillés de terre, ne pas se toucher la bouche ou les yeux et se laver ensuite soigneusement les mains;
  • laver soigneusement fruits et légumes avant consommation;
  • porter des gants pour jardiner;
  • éviter tout contact avec du matériel ayant pu être contaminé par des matières fécales de chat;
  • si l'on possède un chat, il est préférable de ne pas le nourrir de viande crue (préférer les aliments en boîte) et de ne pas s'occuper de sa litière. Si cela est inévitable, porter des gants et les désinfecter à l'eau bouillante;
  • ne pas entreposer la litière du chat dans la cuisine.
Une sérologie par mois est réalisée chez la femme enceinte non immunisée pour déceler toute infection récente.
Médicaments de l'oncocerchose
L'onchocercose est une cause majeure de cécité. Bien que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ait réussi à réduire l'onchocercose en tant que problème de santé publique dans certaines parties de l'Afrique de l'Ouest, en 2020, il restait environ 17 millions de personnes infectées par Onchocerca volvulus , le parasite à l'origine de cette maladie. La maladie est essentiellement répartie dans 31 pays d'Afrique subsaharienne avec plus de 99 % des infections dans le monde, mais environ 20000 personnes infectées vivent au Yémen, et 97200 personnes vivent dans six pays d'Amérique latine [ 192].
La présence de bactéries intracytoplasmiques dans O. volvulus a été décrite pour la première fois en 1977 [ 193], et ces bactéries ont ensuite été identifiées comme endosymbiotiques Wolbachia [194]. Les réponses pro-inflammatoires chez les individus infectés par les filaires et les animaux exposés à la filaire ont indiqué que Wolbachia plutôt que le nématode est la cause de l'inflammation [ 195]. Les bactéries Wolbachia sont essentielles pour la pathogenèse de la kératite induite par O. volvulus , puisque : 1) l'inflammation cornéenne n'a pas été induite par des extraits dérivés d' O. volvulus appauvri de Wolbachia par traitement à la doxycycline des individus infectés; et 2) les espèces filariennes apparentées contenant Wolbachia induisent une kératite, mais pas les espèces aposymbiotiques dépourvues de Wolbachia [196].
Les atteintes oculaires peuvent être localisées dans n'importe quelle partie de l'œil, mais il existe une prévalence très majoritaire de l'onchocercose cornéenne conduisant à un déficit visuel grave, la cécité pouvant survenir. La réaction inflammatoire de l'hôte aux microfilaires infiltrées déclenche des opacités cornéennes ou une kératite ponctuée qui peut se transformer en cicatrices cornéennes et en kératite sclérosante. La cécité des rivières est la deuxième cause la plus fréquente de cécité infectieuse [ 197].
Chimiothérapie de l'onchocercose
On élimine le parasite de l'onchocercose par traitement antiparasitaire des patients infectés en accompagnant cette chimiothérapie d'une antibiothérapie destinée à détruire les populations bactériennes qui « alimentent» le parasite.
Suramine
La suramine (Moranyl®) (fig. 15-45
Fig. 15-45
Structure de la suramine.
), mise au point dans les années 1920, a été le premier médicament utilisé contre les infections parasitaires comme les trypanosomiases ou les helminthiases. C'est un composé relativement complexe disposant d'un groupement fonctionnel urée. La suramine, médicament micro- et macrofilaricide qui détruit l'épithélium intestinal de la filaire, est intrinsèquement dangereuse en raison de sa forte liaison aux protéines humaines, ce qui conduisait à un risque toxique sur plusieurs cibles : dermatite, diarrhée, neuropathie optique, néphrotoxicité, etc. Depuis une quarantaine d'années, plus aucun programme de contrôle de l'onchocercose ne conseille un traitement par la suramine et elle n'est plus commercialisée en France.
Diéthylcarbamazine
La diéthylcarbamazine (fig. 15-46
Fig. 15-46
Structure de la diéthylcarbamazine.
) est un dérivé de la pipérazine utilisé comme traitement contre l'onchocercose depuis 1950. C'est aussi un micro- et macro-filaricide affectant le système neuromusculaire des parasites et favorisant la cytotoxicité cellulaire médiée par des facteurs immunitaires.
Indications
La diéthylcarbamazine est présentée sous forme de comprimés à 100 mg qui permettent une posologie quotidienne de 200 à 300 mg/jour. Son AMM inclut le traitement de diverses filarioses à Wuchereria bancrofti, Brugia malayi, Brugia timori, Loa loa, Onchocerca volvulus .
Effets indésirables
La diéthylcarbamazine peut provoquer divers effets indésirables tels que des démangeaisons et de l'urticaire (réactions à la désintégration des microfilaires), un gonflement du visage, des maux de tête, des nausées, des vomissements, de la fièvre, des douleurs articulaires et de l'anorexie. Dans l'onchocercose (infestation par O. volvulus ), afin de limiter la survenue de réactions consécutives à l'effet du traitement (réaction de Mazzotti – voir ci-dessous), le traitement peut être initié à faibles doses progressivement croissantes. À titre indicatif :
  • 1 er jour du traitement : 0,5 mg/kg de diéthylcarbamazine base en une seule prise;
  • en fonction de l'état clinique du patient, la dose peut être doublée les jours suivants jusqu'à atteindre la dose efficace de 3 mg/kg/jour, fractionnée en 2 prises par jour.
La dose efficace devra être maintenue pendant environ 10 jours. Afin d'atténuer ou d'éviter la survenue de réactions secondaires, une corticothérapie (0,5 mg/kg en équivalent prednisolone) peut être associée à la diéthylcarbamazine. L'administration de diéthylcarbamazine chez les sujets infestés par O. volvulus peut entraîner, dès la première dose, une réaction inflammatoire secondaire décrite sous le nom de réaction de Mazzotti . Celle-ci est déclenchée à la suite de la mort des microfilaires et de la libération de produits de dégradation. Son intensité dépend de la dose de médicament et de la charge filarienne. Habituellement localisées à la peau, les microfilaires peuvent s'étendre à l'œil et sont parfois graves et généralisées chez les sujets fortement infestés.
Réaction cutanée
Dans un délai de 1 à 24 heures après l'administration sont observés : prurit, éruption urticarienne, œdème qui, selon la distribution des filaires, restent localisés ou s'étendent à l'ensemble du corps. Adénites et lymphangites douloureuses apparaissent. Les patients présentant une dermatite onchocerquienne hyper-réactive ou « Sowda» (observée en particulier au Yémen) semblent développer plus fréquemment des réactions cutanées sévères (œdème, aggravation de la dermatite, etc.) après un traitement microfilaricide.
Réaction oculaire
Lorsque des microfilaires sont contenues dans la conjonctive, la cornée ou la chambre antérieure de l'œil, on peut observer un larmoiement, une photophobie, une conjonctivite ou une iridocyclite aiguë. Un œdème au niveau de la cornée et l'élévation de la PIO chez le sujet massivement parasité peuvent exiger un traitement et une surveillance spécialisés. L'utilisation prolongée de diéthylcarbamazine est parfois associée à des altérations inflammatoires puis dégénératives du nerf optique et de la rétine, pouvant entraîner un rétrécissement du champ visuel.
Réaction générale
Hypotension orthostatique, collapsus, détresse respiratoire, vertiges, fièvre, arthralgies, myalgies et céphalées ont été décrits. Ces manifestations peuvent être intenses et persister plusieurs jours.
Ivermectine
L'ivermectine (Mectizan®, Stromectol®) (fig. 15-47
Fig. 15-47
Structure de l'ivermectine.
) est une lactone macrocyclique, de la famille des avermectines, préparée à partir d'un champignon, Streptomyces avermitilis . L'ivermectine est un mélange de deux molécules comprenant environ 90 % de 22,23-dihydro-avermectine (B1a) et 10 % de 22,23-dihydro-avermectine B1b. L'ivermectine a un effet parasiticide en raison de son action inhibitrice sur la neurotransmission du système GABA-ergique dépendant des canaux chlorures/glutamate du parasite. La molécule se lie au neurotransmetteur, ce qui conduit à une paralysie et à la mort des microfilaires par atteinte neuromusculaire en raison d'un afflux d'ion chlorure et d'une hyperpolarisation de la membrane. Elle est disponible en comprimés à 3 mg. En 2015, le prix Nobel de physiologie ou médecine a été attribué à W. Campbell (Université du Wisconsin à Madison) et S. Omura (Université Kitasato de Tokyo) pour leur découverte de l'ivermectine et de son mode d'action.
Spectre antiparasitaire
L'ivermectine démontre une activité micro- mais non macrofilaricide, bien qu'elle provoque, en traitement au long cours, la stérilité des vers femelles adultes. L'ivermectine a été introduite pour le traitement anti-filaire en 1981. Outre l'onchocercose à O. volvulus , l'ivermectine est un antiparasitaire à large spectre, principalement utilisé pour le traitement des autres filarioses, dont la filariose lymphatique à Wuchereria bancrofti et la loase à Loa loa, l'anguillulose (ou strongyloïdose); l'ascaridiose; la trichocéphalose et l'oxyurose; la larva migrans cutanée. Elle est également proposée pour la rosacée, la gale, etc. Il faut toutefois noter que l'onchocercose ne fait pas partie des indications reconnues par l'AMM de l'ivermectine en France (alors que les filarioses à Loa loa et à W. bancrofti sont incluses).
Pharmacocinétique
Après son administration, l'ivermectine présente un pic moyen de concentration plasmatique du H2B1a observé environ 4 heures après administration par voie orale d'une dose unique de 12 mg en comprimé est de 46,6 (± 21,9) ng/ml. La concentration plasmatique augmente avec l'accroissement des doses de façon globalement proportionnelle. L'ivermectine est absorbée et métabolisée dans l'organisme. On observe une excrétion presque exclusivement dans les fèces alors que moins de 1 % de la dose administrée est excrété dans les urines. Une étude in vitro réalisée sur des microsomes hépatiques humains suggère que le cytochrome P450 3A4 serait impliqué dans le métabolisme hépatique de l'ivermectine. Chez l'homme, la demi-vie plasmatique de l'ivermectine est de 12 heures environ et celle des métabolites est d'environ 3 jours.
Effets indésirables
L'ivermectine est bien tolérée. Ses effets indésirables sont rares : yeux rouges et peau sèche. À la suite de l'administration d'ivermectine, les réactions d'hypersensibilité observées résultant de la mort des microfilaires font partie des réactions de type Mazzotti : prurit, éruption urticarienne, conjonctivite, arthralgies, myalgies (y compris myalgies abdominales), fièvre, œdème, lymphadénite, adénopathies, nausées, vomissements, diarrhée, hypotension orthostatique, vertige, tachycardie, asthénie, céphalées. Ces symptômes sont rarement sévères. Quelques cas d'exacerbation d'asthme ont été décrits. Chez ces sujets, il a également été décrit une sensation anormale dans les yeux, un œdème de la paupière, une uvéite antérieure, une conjonctivite, une limbite, une kératite et une choriorétinite ou une choroïdite. Ces manifestations, qui peuvent être dues à l'affection elle-même, ont également parfois été décrites après traitement. Elles ont rarement été sévères et ont généralement disparu sans traitement corticoïde. La survenue d'hémorragie conjonctivale a été rapportée chez des patients atteints d'onchocercose. L'ivermectine est contre-indiquée chez les personnes co-infectées par la loase en raison du risque d'inflammation sévère qui y est associé, ce traitement pouvant entraîner des effets indésirables chez les patients atteints à la fois d'onchocercose et de loase [198]. Des effets indésirables après un traitement par l'ivermectine ont été observés à une fréquence d'environ 9 %. Dans les campagnes de traitement de masse de la filariose menées en Afrique, il est recommandé de ne pas associer le citrate de diéthylcarbamazine à l'ivermectine. L'option de la chimiothérapie préventive peut être envisagée comme stratégie d'élimination de l'onchocercose en traitant les populations à risque, afin d'éviter la transmission ou la morbidité [ 199]. Dans ce cadre, l'ivermectine est administrée une fois par an à la dose de 150 μg/kg, mais elle est de plus en plus administrée 2 fois par an [ 200]. La prévention des filarioses au moyen d'ivermectine n'est pas reconnue par l'AMM du médicament.
Moxidectine
La moxidectine (fig. 15-48
Fig. 15-48
Structure de la moxidectine.
), une lactone macrocyclique de milbémycine apparentée à l'ivermectine, est utilisée depuis 1995 comme anthelminthique en médecine vétérinaire contre diverses espèces d' Onchocerca . Un essai a montré que les charges microfilariales cutanées étaient plus faibles après un traitement à la moxidectine qu'après un traitement à l'ivermectine. On s'attendrait donc à ce que la moxidectine réduise la transmission du parasite entre les cycles de traitement plus que l'ivermectine ne le pourrait, accélérant ainsi les progrès vers l'élimination. La moxidectine a des effets microfilaricides et embryostatiques après une dose unique et exprime un effet macrofilaricide à des doses répétées. Plusieurs études indiquent que la moxidectine a une efficacité plus élevée que l'ivermectine [201]. Outre la moxidectine, le flubendazole et l'émodepside ont également été étudiés en tant que candidats médicaments.
Antibiotiques
Une alternative thérapeutique est venue de la découverte du rôle de la population bactérienne du genre Wolbachia, symbiote très répandu dans le monde animal. Ces bactéries au mode de vie intracellulaire sont localisées au sein du cytoplasme des cellules de leurs hôtes. Elles se retrouvent en quantité importante dans l'appareil reproducteur (principalement les cellules germinales) et l'épithélium du système génital des arthropodes et nématodes. Wolbachia « infecte» le parasite de l'onchocercose, O. volvulus , ce qui a conduit, depuis 1998, à la mise en œuvre de protocoles d'antibiothérapie efficaces à l'égard de ces endobactéries [ 202]. La doxycycline a été proposée pour le traitement de l'onchocercose en plus de l'ivermectine, puisque les femelles adultes sont « stérilisées» lorsque l'antibiotique éradique les Wolbachia . Toutefois, ce traitement au long cours est difficile en raison de la durée d'administration, des effets indésirables, et de l'impossibilité de l'administrer chez la femme enceinte et les jeunes enfants. Il existe de nombreuses études en cours sur d'autres traitements de Wolbachia [203]. Un analogue de la tylosine, ABBV-4083 (TylAMac™), macrolide inhibiteur de la synthèse des protéines, entraîne une élimination de plus de 99 % de la population de Wolbachia 16 semaines après le début du traitement, conduisant à une clairance complète des microfilaires circulantes. Des résultats encourageants ont conduit l'ABBV-4083 vers les essais cliniques de phase II. D'autres essais sont effectués avec l'association thiénopyrimidine-quinazoline, sous le nom d'AWZ1066 et ses énantiomères AWZ1066-S et -R, sérieux candidats anti- Wolbachia hautement spécifiques. En outre, parmi les futures molécules candidates anti-Wolbachiales très intéressantes, figurent les quinazolines hétérocycliques CRB417 et CRB490 [204] ainsi que des dérivés du groupe des pleuromutilines.
Médicaments des autres filarioses oculaires
Loase
C'est une parasitose cutanéodermique, exclusivement africaine, transmise par un taon, le chrysops . La filaire adulte est un ver rond, blanchâtre, de 3 à 7 cm de long. Les microfilaires produites par les femelles circulent dans le sang périphérique et la filaire adulte dans les tissus sous-cutanés avec un tropisme pour les annexes de l'œil, notamment la conjonctive bulbaire et tarsale [ 205]. Le traitement des filarioses à Loa loa comprend une étape extractive au moyen d'une pince chirurgicale, puis l'instauration d'un traitement antiparasitaire par diéthylcarbamazine ou ivermectine.
Dirofilariose
C'est une zoonose à transmission vectorielle causée par diverses espèces de nématodes filaires appartenant au genre Dirofilaria , notamment D. repens et D. immitis .
D. repens provoque généralement une atteinte sous-cutanée et oculaire chez l'homme, caractérisée par un ver migrateur (pré-)adulte qui provoque des réactions inflammatoires légères et/ou des nodules. L'infection par D. immitis peut entraîner une dirofilariose pulmonaire humaine avec la formation de nodules dans les artères pulmonaires et parfois sur d'autres sites ectopiques, y compris les tissus sous-cutanés, les yeux et les organes internes. Cependant, la plupart des infections dirofilariennes se résolvent avec des symptômes légers ou restent même méconnues.
L'efficacité des lactones macrocycliques actuellement utilisées en médecine vétérinaire pour prévenir les infections persistantes à D. immitis (ivermectine, milbémycine oxime, moxidectine et sélamectine) a été évaluée dans plusieurs études, et toutes ont été considérées comme pleinement efficaces jusqu'à l'émergence de résistances aux États-Unis [206]; aucune résistance n'a encore été rapportée en Europe.
Médicaments de la toxocarose oculaire
La toxocarose est une anthropozoonose due à l'infestation de l'homme par des larves d'un nématode parasite des Canidés ( Toxocara canis ) ou des Félidés ( Toxocara cati ). Environ 25 % des chiens et plus de 50 % des chats sont porteurs de ces vers. Habituellement bénigne, cette parasitose a parfois des complications oculaires, souvent à type d'uvéites. C'est le sol souillé par les déjections animales qui est responsable de la contamination, et non le contact direct avec les chiens (chiots exceptés) ou les chats. La réponse inflammatoire créée par l'atteinte oculaire peut entraîner la formation d'une membrane épirétinienne, un décollement de rétine par traction et un décollement de rétine combiné traction-rhegmatogène. La neurorétinite diffuse unilatérale subaiguë est une autre infection parasitaire oculaire qui entraîne généralement une perte visuelle sévère.
Traitement
La toxocarose peut être soignée par la diéthylcarbamazine (Notezine®) pendant 21 jours en une ou deux cures ou le mébendazole (Vermox®). Il est, de temps en temps, nécessaire d'ajouter un corticoïde en cas d'inflammation importante.
Concernant la toxocarose exclusivement oculaire, le premier (et souvent le seul) traitement à instituer est la corticothérapie, pendant plusieurs semaines, et, seulement en cas d'échec ou d'amélioration partielle, on peut alors effectuer un traitement anthelminthique, mais il ne faut jamais associer corticoïdes et anthelminthiques simultanément : l'usage de ces médicaments doit être séquentiel, non simultané.
Dans les tableaux oculaires sévères, on peut envisager une vitrectomie en connaissant les avantages et les risques de cette technique chirurgicale.
Prévention
La toxocarose survient souvent chez des personnes qui ont dans leur environnement des chiens infectés, ou bien chez les enfants qui ont l'habitude de porter à la bouche leurs mains après avoir touché le sol ou remué la terre. On s'attachera à bien faire laver les mains des enfants.
Médicaments de la thélaziose
La thélaziose est une affection oculaire provoquée par Thelazia callipaeda, ver nématode parasite, principale cause de la thélaziose chez les humains, les chiens et les chats. Affection are en Europe, elle est plus commune en Extrême-Orient.
La parasitose se présente comme une conjonctivite, une production excessive de larmes, une détérioration de la vision, des ulcères et des abrasions de la cornée avec sensation de corps étranger, et parfois une tuméfaction granulomateuse. Le diagnostic est réalisé lorsqu'on trouve des vers adultes dans les yeux ou dans les tissus proches.
Les cas humains, encore rares en Europe occidentale, sont traités par simple élimination des vers par extraction au moyen d'une pince chirurgicale. Un traitement complémentaire par l'ivermectine peut être utile.
Médicaments de la myiase
L'ophtalmomyiase peut toucher l'œil, l'orbite et les tissus péri-orbitaires. Il s'agit d'une maladie rare classée comme externe, interne ou orbitaire selon le site d'infestation des larves [177]. L'infestation superficielle limitée des tissus oculaires externes tels que la paupière et la conjonctive est appelée ophtalmomyiase externe. Lorsque les larves envahissent profondément et migrent dans l'espace sous-rétinien, une ophtalmomyiase interne se produit.
La myiase orbitaire affecte principalement les personnes âgées, en milieu rural, en particulier celles dont la barrière muqueuse oculaire ou péri-oculaire est endommagée, par exemple en raison de traumatismes ou d'ulcères. Le trouble se manifeste principalement par des symptômes inflammatoires. L'ablation manuelle est utile pour certains patients, mais la moitié des cas nécessitent une intervention chirurgicale en raison de la pénétration profonde des larves. L'utilisation précoce de l'ivermectine peut éviter une intervention chirurgicale, et même si ce n'est pas le cas, une telle thérapie peut réduire le degré de dommages et la portée de l'intervention.
La prise en charge de la myiase orbitaire va du simple retrait manuel des « asticots» aux chirurgies plus radicales du globe et de l'orbite. Après instillation d'un anesthésique (censé anesthésier les larves), on enlève les larves une à une, à la pince, en sachant qu'il ne faut pas en oublier pour que le patient soit soulagé. Les plus difficiles à attraper sont celles qui se cachent sous la paupière supérieure, car elles vont loin dans le cul-de-sac conjonctival supérieur. Le traitement est complété par la prescription d'un collyre ou d'une pommade antibiotique [207].
Médicaments de l'infection par Demodex
Traitements non spécifiques
L'hygiène quotidienne des paupières, prescrite pour toute blépharite, présente une efficacité modérée pour limiter la prolifération des Demodex et améliorer les symptômes [208]. Les produits émollients facilitent dans ce cas l'ablation des croûtes présentes à la base des cils.
Les autres traitements médicamenteux des blépharites et dysfonctions meibomiennes (collyre et pommade antibiotiques, doxycycline per os) sont à adapter au tableau clinique, et à une éventuelle rosacée associée. Les corticoïdes et la ciclosporine topiques peuvent être nécessaires en cas d'atteinte cornéenne [ 209].
Traitements spécifiques
Le but du traitement n'est pas d'éradiquer, mais de diminuer la prolifération de Demodex , qui recolonisera tôt ou tard les téguments [ 208]. La plupart des traitements proposés dans la littérature sont efficaces à des degrés variables, mais n'ont pas d'AMM dans cette indication. Quels que soient les traitements, deux cures ou plus sont le plus souvent nécessaires vu la chronicité de l'infestation et la fréquence des récidives.
De nombreux topiques ont une efficacité sur les Demodex , mais finalement assez peu sont disponibles en France. À noter que les Demodex sont résistants aux shampoings et à un grand nombre d'antiseptiques, y compris la povidone iodée à 10 % [ 210]. L'existence d'une pathologie inflammatoire sous-jacente explique parfois l'inefficacité de ces traitements.
Les traitements topiques à base d'huile d'arbre à thé en application locale auraient fait leur preuve [ 208 , 211]. Cette huile essentielle dérivée de Melaleuca alternifolia a des propriétés démodécides liées à sa forte teneur en terpinène-4-ol, un principe actif fongicide et parasiticide. Ces produits doivent être appliqués sur le bord des cils. Ils provoquent ainsi une migration des follicules pileux des cils vers la peau, ce qui contribue à éviter l'accouplement, la ponte et l'éclosion, et conduit à la réduction du nombre de parasites [208]. Pour être efficaces, les traitements doivent être effectués quotidiennement pendant plusieurs semaines. À côté de ces préparations liquides, il existe une mousse micellaire (Steriblef®) et des lingettes destinées à l'hygiène des paupières, imprégnées d'une lotion concentrée à 2,5 % de terpinène-4-ol (Bléphademodex®) dont l'efficacité semble intéressante [ 212].
Autres topiques et traitements physiques
Une crème à l'ivermectine à 1 % (Soolantra®) est bien tolérée en application palpébrale quotidienne. Elle est indiquée dans le traitement topique des lésions inflammatoires (papulo-pustuleuses) de la rosacée chez l'adulte. Son efficacité pour le traitement des atteintes oculaires et cutanées des rosacées est désormais bien démontrée [213-214-215]. En revanche, bien que l'effet démodécide de l'ivermectine soit bien établi, aucune étude n'a pour l'instant relié l'effet bénéfique sur les atteintes oculaires à une diminution de la charge en Demodex , ni sa tolérance. Selon la sévérité, la durée du traitement peut varier de 4 semaines à 4 mois.
Les topiques à base de miel de Manuka ( Lepstotermum scoparium , ou myrte de Nouvelle-Zélande) constituent une autre option. Ce miel a la particularité d'être particulièrement riche en méthylglyoxal, connu pour ces propriétés bactéricides et parasiticides [216]. Dans une étude récente, une amélioration significative de la charge parasitaire et des symptômes est décrite après 1 mois d'application nocturne d'une crème contenant 100 mg/kg de miel de Manuka sur les paupières d'un œil, par rapport à l'autre œil non traité [208].
Les autres traitements locaux sont, le plus souvent, prescrits sous forme de pommades à appliquer sur les cils pour « piéger» les Demodex dans la pommade lors de leur sortie nocturne et ainsi bloquer le cycle parasitaire, en plus de leur activité démodécide propre.
L'oxyde de mercure à 1 % en pommade ophtalmique, actif sur les Demodex , n'est plus disponible en France. De même, le gel à la pilocarpine à 4 % (non disponible en France) présente une bonne efficacité clinique et biologique, mais expose aux effets indésirables en cas de passage systémique. Les topiques au métronidazole ont un effet sur les symptômes, mais leur efficacité pour réduire le nombre de parasites n'a pas été évaluée [208].
La micro-exfoliation du bord libre palpébral, par application d'une brosse rotative sur le bord libre et la base des cils (BlephEx®), serait également efficace dans le traitement des démodécidoses oculaires en éliminant mécaniquement les Demodex et leurs œufs. Les séances doivent être répétées à des intervalles de 3 à 6 mois. Toutefois, une étude récente ne met pas en évidence de différence significative quant à la densité de Demodex et à l'amélioration des symptômes entre hygiène des paupières avec lingettes imbibées de terpinène-4-ol, précédée, ou non, de micro-exfoliation du bord libre palpébral [217].
La photothérapie par lumière pulsée intense ( intense pulsed light [IPL]), utilisée pour le traitement des dysfonctionnements meibomiens, pourrait également être efficace pour lutter contre les Demodex . La température des parasites a ainsi été portée à 49 °C, et aucun n'a survécu.
Traitements systémiques
Aucun traitement systémique n'a de supériorité par rapport aux traitements topiques les plus efficaces [208].
Le traitement systémique par ivermectine per os (Stromectol®, 200 μg/kg, soit 3 à 5 comprimés à 3 mg en une prise, à renouveler au bout de 2 à 3 semaines) peut être proposé dans les formes résistantes, ou en cas d'atteinte cutanée associée étendue [218].
Si aucun effet indésirable sévère n'a été rapporté dans le contexte des démodécidoses, d'exceptionnelles réactions sévères ont été décrites dans le traitement d'autres parasitoses (syndrome de Lyell, syndrome de Stevens-Johnson, troubles hématologiques sévères) [219 , 220].
Médicaments de la phtiriase ciliaire
Parmi les différents traitements pharmacologiques [ 221], on distingue :
  • la pommade de vaseline : traitement simple, efficace, non toxique mais un peu long (3 semaines). Il a pour but d'« étouffer» le parasite;
  • fluorescéine à 20 % : traitement le plus surprenant et le moins connu dans cette indication, ultrarapide puisqu'une application suffit pour entraîner la mort instantanée de tous les parasites. Elle n'est pas toxique pour la surface oculaire. Le seul inconvénient est la coloration de la peau, mais celle-ci cède facilement après un lavage soigneux.
Malgré un traitement efficace, la récidive est possible, en rapport, le plus souvent, avec un traitement incomplet au niveau de l'entourage du patient. Outre les sujets contacts, il ne faut pas omettre le traitement des vêtements et de la literie. Il se fait par des insecticides classiques à base de lindane, suivi d'un lavage d'au moins 30 minutes à 60 °C et d'un repassage soigneux. Le cabinet de consultation doit être soigneusement désinfecté avant l'examen du patient suivant.
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Les références peuvent être consultées en ligne à l’adresse suivante : http://www.em-consulte.com/e-complement/477020 .
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