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Chapitre 18
Hypotonisants oculaires

Y. Lachkar, E. Hereth

Introduction
Différentes classifications des médicaments hypotonisants de l'œil peuvent être utilisées.
Il est possible de les classer par mécanismes d'action (fig. 18-1
Fig. 18-1
Classement des médicaments hypotonisants par mécanismes d'action.
IAC : inhibiteurs de l'anhydrase carbonique.
Source : Cyrille Martinet.
) :
  • médicaments diminuant la sécrétion de l'humeur aqueuse : bêta-bloquants, alpha-agonistes, inhibiteurs de l'anhydrase carbonique;
  • médicaments agissant sur l'évacuation de l'humeur aqueuse :
    • par la voie uvéosclérale : analogues des prostaglandines;
    • par la voie trabéculaire : parasympathomimétiques, inhibiteurs des Rho-kinases, donneurs d'oxyde nitrique.
La classification pharmacologique permet de distinguer :
  • les médicaments agissant sur le système sympathique (adrénergique) : bêta-bloquants, alpha-agonistes;
  • les médicaments agissant sur le système parasympathique : cholinergiques;
  • les analogues des prostaglandines;
  • les inhibiteurs de l'anhydrase carbonique;
  • les inhibiteurs des Rho-kinases;
  • les donneurs d'oxyde nitrique (adjuvants des analogues des prostaglandines);
  • les agents hyperosmotiques.
Ils seront présentés selon la chronologie de leur développement (fig. 18-2
Fig. 18-2
Chronologie de la découverte des molécules hypotonisantes.
) en traitant à part les agents osmotiques et les combinaisons fixes.
Parasympathomimétiques
On regroupe, dans cette classe thérapeutique mimant les effets de l'acétylcholine, les agents cholinergiques, myotiques ou parasympathomimétiques. C'est la classe thérapeutique la plus anciennement utilisée pour abaisser la pression intraoculaire (PIO). Les effets indésirables de ces médicaments et le développement d'autres classes thérapeutiques limitent désormais leur utilisation.
Pharmacologie – mécanismes d'action
L'action hypotonisante des parasympathomimétiques, dont le chef de file est la pilocarpine, est uniquement liée à l'augmentation de l'évacuation trabéculaire de l'humeur aqueuse.
Il existe cinq sous-types du récepteur muscarinique de l'acétylcholine. La pilocarpine peut avoir des effets sur les sous-types de récepteurs M 1 et M 3 , ce qui provoque des effets indésirables parasympathiques. Les récepteurs muscariniques sont présents dans presque tous les principaux systèmes organiques, et les médicaments muscariniques peuvent développer une activité partout où les récepteurs sont présents : systèmes nerveux, cardiaque, musculosquelettique, pulmonaire, digestif et urinaire. Le récepteur M 3 est un récepteur excitateur exprimé dans l'estomac, les glandes salivaires et les cellules musculaires lisses (contraction du sphincter pupillaire et des muscles ciliaires). La contraction du muscle ciliaire (via ses fibres longitudinales) entraîne une rotation postérieure de l'éperon scléral et ainsi une ouverture des mailles trabéculaires. Il existe également une petite diminution de la voie uvéosclérale qui peut limiter la baisse de PIO et expliquer aussi certaines hypertonies paradoxales observées avec la pilocarpine.
Les différentes molécules
Pilocarpine
La pilocarpine (fig. 18-3
Fig. 18-3
Structure de la pilocarpine.
) est un alcaloïde dérivé de l'imidazole, extrait des feuilles du Jaborandi ( Pilocarpus microphyllus ), arbuste d'Amérique latine. La pilocarpine naturelle est la (3S, 4R)-(+) pilocarpine. Sa teneur dans la plante est inférieure à 1 %. Sa fragilité (épimérisation en milieu alcalin) rend délicates son extraction et sa conservation. La pilocarpine est soluble dans l'eau, l'éthanol, et moins soluble dans les solvants organiques. Son pKa est 6,78. La pilocarpine est un agoniste des récepteurs muscariniques M 3 de l'acétylcholine. Elle est efficace dans le traitement et la prise en charge du glaucome par fermeture de l'angle et, étant capable de stimuler la production des glandes salivaires, elle permet de traiter la xérostomie radio-induite. Le collyre de pilocarpine est le seul collyre d'alcaloïde parasympathomimétique actuellement commercialisé. Il était disponible à différentes concentrations : 0,5 %, 1 %, 2 %, 3 % et 4 %, mais, actuellement, seul le chlorhydrate de pilocarpine à 2 % est disponible en flacon. Le nitrate de pilocarpine est disponible en unidoses à 1 % et 2 % (usage hospitalier). La pilocarpine étant à la fois hydrophile et liposoluble, elle pénètre bien la cornée et le maximum de concentration est obtenu au bout de 20 minutes pour durer 4 heures. Il existe un abaissement de la PIO de 20 % 2 heures après l'instillation. Il persiste 8 heures environ et diminue dans le temps pour n'être que de 14 à 15 % 12 à 15 heures après l'instillation, ce qui explique la nécessité d'instiller le médicament 3 à 4 fois par jour et le développement dans le passé de formes galéniques particulières (gel, insert). L'action de la pilocarpine dépend également d'un facteur local : la teneur en mélanine. Ce pigment peut, en effet, fixer la pilocarpine et modifier son action. Cela explique que les patients mélanodermes puissent ne répondre qu'à des concentrations importantes de ce produit (pilocarpine 4 %).
Médicaments antiglaucomateux et mélanodermie
L'application cornéoconjonctivale de timolol à 0,5 %, d'adrénaline à 1 % et de pilocarpine à 3 % a des effets hypotenseurs oculaires plus importants chez les lapins albinos que chez les lapins pigmentés. Mais aucune différence n'a été observée avec les prostaglandines. La liaison des médicaments à la mélanine va croissante dans l'ordre suivant : béfunolol < cartéolol < timolol < adrénaline < pilocarpine. L'importance de la liaison augmente proportionnellement avec la concentration locale du médicament. Ainsi est-il communément admis que certains médicaments antiglaucomateux, se liant à la mélanine, voient leur action pharmacologique, amoindrie.
Autres molécules
D'autres molécules ont été commercialisées dans le passé, mais ne sont plus disponibles :
  • acéclidine, commercialisée en France jusqu'en 2003 sous le nom commercial de Glaucostat® (acéclidine seule) ou Glaucadrine® (acéclidine associée à de l'adrénaline);
  • échothiopate (iodure).
En revanche, l'acétylcholine (Miochol®) et le carbachol (Miostat®) (fig. 18-4
Fig. 18-4
Structures Acéclidine de l'acéclidine, de l'échothiopate (iodure), de l'acétylcholine et du carbachol Carbachol .
) sont disponibles sous forme injectable intracamérulaire, à utiliser donc en peropératoire pour induire un myosis.
Indications des parasympathomimétiques
Compte tenu de son efficacité modérée et de ses effets indésirables, la pilocarpine n'est que très rarement prescrite en cas de glaucome à angle ouvert (certains glaucomes de l'aphake ou du pseudophake).
Elle est toutefois indispensable dans l'arsenal thérapeutique des patients présentant des fermetures de l'angle iridocornéen : préparation des interventions laser – iridotomie, iridoplastie (éventuellement trabéculoplastie) –, traitement des crises aiguës et des iris plateau. Elle peut également être utilisée en postopératoire lors de sclérectomie non perforante afin de limiter les incarcérations et adossements iriens au niveau du site opératoire.
Effets indésirables – contre-indications
Effets indésirables locaux
Les effets indésirables sont principalement locaux. On peut observer :
  • myosis par contraction du sphincter irien réduisant la tolérance, avec risque de synéchies postérieures en cas de traitement au long cours. Ce myosis diminue le champ visuel et la pilocarpine doit être arrêtée si possible avant la réalisation de cet examen;
  • spasme de l'accommodation par contraction du muscle ciliaire pouvant entraîner une pseudomyopie (surtout chez le sujet jeune) et parfois une céphalée frontale ou frontopariétale;
  • larmoiement réflexe et irritation palpébrale par action sur les glandes lacrymales;
  • hyperhémie conjonctivale transitoire liée à une vasodilatation;
  • l'action sur le muscle ciliaire peut entraîner une augmentation de la longueur axiale du cristallin et une diminution de la profondeur de la chambre antérieure. En cas de synéchies antérieures périphériques étendues avec atteinte trabéculaire importante, les parasympathomimétiques peuvent ainsi entraîner une décompensation de la PIO. Cet effet a surtout été observé avec les myotiques forts;
  • l'augmentation de la perméabilité de la barrière hémato-aqueuse induite par la pilocarpine peut majorer une inflammation préexistante. Ils sont ainsi contre-indiqués en cas d'uvéite ou de glaucome néovasculaire. La pilocarpine pourrait contribuer au développement précoce de cataractes;
  • compte tenu du risque de traction vitré rétinienne, il est classique de vérifier la périphérie du fond d'œil, bien que ce risque soit contesté.
Effets indésirables généraux
Les effets indésirables généraux sont rares en pratique clinique en dehors des intoxications. En raison de la présence ubiquitaire de récepteurs M 3 , les effets relaxant de leurs agonistes s'observent au niveau des vaisseaux sanguins avec une vasodilatation et un risque d'hypotension. On observe également : transpiration, hypersalivation, nausées et vomissements, et un risque de bradycardie et de bronchospasme, etc.
Précautions d'emploi
Les précautions d'emploi recoupent les contre-indications communes à celles des médicaments cholinergiques : ulcère gastroduodénal, troubles du rythme cardiaque, maladies coronariennes, dysthyroïdies, adénome prostatique, hypotension orthostatique. On peut également considérer que la pilocarpine est contre-indiquée chez n'importe quel patient présentant la xérostomie pharmaco-induite (et non radio-induite), en cas d'asthme, d'antécédents d'infarctus du myocarde ou d'hypertension.
Toxicité
Il n'existe pas d'antidote connu pour traiter ces effets indésirables. Si un patient ne tolère pas les effets indésirables de la pilocarpine, il est nécessaire de diminuer la posologie voire de rechercher une alternative thérapeutique.
Pilocarpine – règles d'or
  • La pilocarpine est indispensable pour la prise en charge des fermetures de l'angle (crise aiguë, préparation des lasers, traitement des iris plateau).
  • Sa tolérance locale médiocre, sa posologie et le développement des autres classes thérapeutiques font qu'elle n'est quasi plus prescrite pour la prise en charge des glaucomes à angle ouvert.
Bêta-bloquants
Les collyres bêta-bloquants, développés dans les années 1980, ont été les collyres hypotonisants les plus prescrits pendant des décennies. Ils restent un traitement de première intention des hypertonies oculaires.
Mécanismes d'action
Les récepteurs bêta-adrénergiques oculaires sont nombreux au niveau du muscle ciliaire, des terminaisons nerveuses sympathiques et dans les procès ciliaires. C'est à ce niveau que leur blocage diminue la sécrétion d'humeur aqueuse. Les collyres bêta-bloquants agissent ainsi en diminuant de 35 à 45 % la sécrétion active de l'humeur aqueuse par les cellules claires de l'épithélium ciliaire.
Le mécanisme d'action repose sur le blocage de l'adénylate cyclase membranaire qui transforme l'adénosine triphosphate (ATP) intracellulaire en adénosine monophosphate cyclique (AMPc). L'AMPc active ensuite la protéine kinase A (PKA) qui induit des phosphorylations conduisant à l'effet biologique.
Le traitement par bêta-bloquant induit des modifications morphologiques de la cellule visible en histologie pouvant témoigner de la persistance de l'activité du médicament pendant plusieurs semaines. Cette action bêta-bloquante dépend essentiellement des récepteurs bêta 2.
Après instillation d'un bêta-bloquant, la baisse pressionnelle débute au bout de 20 minutes pour atteindre son pic d'efficacité entre 2 et 4 heures.
La réduction de la PIO est de 30 à 35 % les premiers jours, mais diminue dans le temps (25 %). La baisse pressionnelle moyenne obtenue après instillation de timolol 0,5 %, 2 fois par jour, est de 19 à 29 % selon les études. Cette baisse pressionnelle peut être variable d'un patient à l'autre; la proportion de patients non répondeurs a été estimée à 20 %. La durée d'action peut se prolonger jusqu'à 24 heures.
La sécrétion de l'humeur aqueuse étant maximale le matin, lorsqu'un bêta-bloquant est administré une fois par jour, il est préférable de l'instiller le matin. Toutefois, la posologie recommandée (pour les formes qui ne sont pas à libération prolongée) est de deux instillations par jour.
Propriétés des bêta-bloquants
Outre l'activité bêta-bloquante proprement dite, d'autres propriétés pharmacologiques permettent de différencier les médicaments bêta-bloquants en fonction de propriétés pharmacologiques spécifiques.
Bêta-1 sélectivité
Le blocage des récepteurs bêta-2 peut entraîner, du point de vue systémique, des complications bronchopulmonaires (bronchoconstriction) et vasculaires (vasoconstriction). Les bêta-bloquants bêta-1 sélectifs permettent ainsi de limiter les effets bêta-2. Le bétaxolol, essentiellement bêta-1 sélectif, a été développé en ophtalmologie pour limiter les effets indésirables systémiques d'un traitement par bêta-bloquant. Il permet d'abaisser la PIO, bien que les récepteurs du corps ciliaires soient essentiellement de type bêta-2, car la sélectivité de la molécule est débordée en raison de la concentration atteinte dans les procès ciliaires après une instillation locale. Le bétaxolol serait ainsi un peu moins efficace que les autres bêta-bloquants non sélectifs.
Effet stabilisant de membrane
Certains bêta-bloquants peuvent avoir un effet anesthésique local (par perturbation ionique transmembranaire) qui pourrait être dangereux s'ils sont instillés localement. Il n'y a cependant pas de collyre bêta-bloquant disponible ayant cet effet suffisamment important pour rendre son instillation problématique.
Activité sympathomimétique intrinsèque
Certains bêta-bloquants peuvent avoir une action agoniste partielle dite activité sympathomimétique intrinsèque (ASI). Ces bêta-bloquants seraient ainsi moins bradycardisants, et généreraient une moindre augmentation des résistances pulmonaires. Du point de vue local, ils auraient aussi, en théorie, une moindre action vasoconstrictrice et respecteraient donc mieux la vascularisation oculaire, mais tous ces effets n'ont jamais été clairement démontrés en pratique clinique. Ils permettraient également de provoquer une moindre diminution du HDL cholestérol sanguin par rapport aux bêta-bloquants sans ASI.
Divers médicaments
Maléate de timolol (Timoptol® et génériques)
Le maléate de timolol (fig. 18-5
Fig. 18-5
Structure du maléate de timolol.
) est le collyre bêta-bloquant de référence. Il n'est pas sélectif et n'a pas d'ASI. Il est disponible sous différents formes et en présentations multidoses ou unidoses :
  • solution ophtalmique à libération immédiate à 0,1 %, 0,25 % et 0,5 % avec ou sans conservateur;
  • solution ophtalmique à libération prolongée à 0,25 % et 0,5 %;
  • gel ophtalmique à 0,1 %.
On trouve également des associations de maléate de timolol avec :
  • des analogues de prostaglandines (travoprost, bimatoprost, latanoprost et, à l'étranger, tafluprost);
  • un agoniste des récepteurs alpha-2-adrénergiques (brimonidine);
  • des inhibiteurs de l'anhydrase carbonique II (AC-II; brinzolamide, dorzolamide).
La posologie du maléate de timolol est de 1 instillation toutes les 12 heures ou de 1 instillation le matin pour les formes galéniques à libération prolongée. Selon les très nombreuses études réalisées, son efficacité conduit à une baisse de la PIO de 6,5 à 7,5 mmHg, soit de 25 à 29 %. Une méta-analyse de 11 études prospectives randomisées montre une baisse de la PIO de 26,9 % à 3 mois.
Chlorhydrate de cartéolol (Cartéol® et génériques)
Le chlorhydrate de cartéolol (fig. 18-6
Fig. 18-6
Structure du chlorhydrate de cartéolol.
) est un bêta-bloquant non sélectif avec une ASI. Il est disponible sous forme de collyres à 1 % et 2 % de collyres à libération prolongée à 1 % et 2 % et sans conservateur (récipient unidose). Son efficacité est comparable à celle du timolol.
Chlorhydrate de bétaxolol (Bétoptic®)
Le chlorhydrate de bétaxolol (fig. 18-7
Fig. 18-7
Structure du chlorhydrate de bétaxolol.
) est le seul collyre bêta-1 sélectif sans ASI. Malgré sa sélectivité, les contre-indications et précautions d'emploi sont les mêmes que celles du timolol. Son efficacité est légèrement moindre que celle du timolol, avec des baisses pressionnelles suivant les études de –5,3 à –3,6 mmHg, soit 22 à 25 %. Il est commercialisé sous forme de suspension ophtalmique à 0,25 % ou de solution ophtalmique à 0,5 %.
Chlorhydrate de lévobunolol (Bétagan®)
Le chlorhydrate de lévobunolol (fig. 18-8
Fig. 18-8
Structure du chlorhydrate de lévobunolol.
) est un bêta-bloquant non sélectif et sans ASI disponible à la concentration de 0,5 %. Il a une demi-vie plus longue et pourrait n'être instillé qu'une fois par jour, mais l'AMM recommande deux instillations par jour. D'autres bêta-bloquants avaient été commercialisés : métipranolol (non sélectif sans ASI), befunolol (non sélectif avec ASI), mais ils ne sont plus disponibles.
Effets indésirables – contre- indications
Effets indésirables locaux
Les collyres bêta-bloquants sont généralement très bien tolérés. Ils peuvent diminuer la sécrétion lacrymale et majorer une sécheresse oculaire. Les allergies sont très rares. Les formes sans conservateurs permettent de limiter les effets locaux sur la cornée et la conjonctive.
Effets indésirables généraux
Ces effets sont essentiellement liés au passage systémique et au blocage des récepteurs bêta-1, pouvant induire des complications principalement cardiovasculaires ou bronchiques. Ces effets peuvent être limités par la compression des voies lacrymales lors de l'instillation, car le passage systémique se fait, au niveau du système lacrymonasal, par la circulation veineuse, sans effet de premier passage hépatique, et le passage systémique est donc plus important qu'en cas de prise per os.
Cardiaques
Les bêta-bloquants peuvent générer, par leur effet bêta-1, une bradycardie ou une diminution de la force contractile cardiaque. Ils sont donc contre-indiqués en cas d'insuffisance cardiaque aiguë manifeste ou non contrôlée, de choc cardiogénique, de blocs auriculoventriculaires du deuxième et troisième degrés non appareillés, d'angor de Prinzmetal, de maladie sinusale (bloc sino-auriculaire, bradycardie sinusale à moins de 45-50 contractions par minute). La contre-indication en cas d'insuffisance cardiaque doit cependant être rediscutée avec le cardiologue (certains bêta-bloquants sont en effet prescrits dans les formes chroniques). En cas d'exercice physique, la tachycardie d'effort peut être perturbée. Les patients sportifs doivent être informés de ces effets.
Vasculaires
En raison de leur action potentiellement vasoconstrictrice, les bêta-bloquants sont contre-indiqués en cas de maladie de Raynaud et de troubles circulatoires périphériques. Ils peuvent majorer une hypotension artérielle.
Pulmonaires
Les collyres bêta-bloquants sont contre-indiqués en cas de pathologies respiratoires réactionnelles incluant l'asthme bronchique ou des antécédents d'asthme bronchique, de maladie pulmonaire obstructive chronique sévère, ou bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO).
Autres
D'autres complications ont été décrites, dont l'aggravation d'une myasthénie, la baisse de la libido, l'impuissance, l'asthénie, les troubles dépressifs, l'alopécie et la difficulté à équilibrer un diabète.
Bêta-bloquants – règles d'or
  • Les bêta-bloquants sont un traitement de première intention des augmentations de la PIO.
  • Du fait de leur passage systémique, les contre-indications cardiovasculaires et pulmonaires doivent être recherchées et prises en compte.
  • Les formes galéniques permettant d'améliorer la tolérance locale, d'éviter les conservateurs et de diminuer le passage systémique doivent être privilégiées.
Inhibiteurs de l'anhydrase carbonique
Les inhibiteurs de l'anhydrase carbonique (IAC) sont la seule classe thérapeutique existant avec une forme orale destinée à l'ophtalmologie et des formes ophtalmiques. Toutefois, les effets indésirables généraux de la forme per os en limitent l'utilisation.
Mécanisme d'action
L'anhydrase carbonique (AC) est une enzyme qui catalyse la réaction réversible d'hydratation du dioxyde de carbone (CO 2) en solution dans l'eau (H 2 O), pour produire l'acide carbonique (H 2 CO 3); celui-ci perd aussitôt un proton (H +) pour donner un ion bicarbonate (HCO 3) :
H 2 O + CO 2 ↔ H 2 CO 3 ↔ HCO 3 – + H +
Il existe de nombreuses isoenzymes d'AC dans différents tissus de l'organisme. Deux sont présentes au niveau des procès ciliaires (II et IV) et sont des enzymes clés dans la production de l'humeur aqueuse.
L'inhibition de la production de bicarbonate (HCO 3) entraîne une inhibition du transport actif de sodium (Na +) par l'épithélium non pigmenté du corps ciliaire et donc une réduction de la production de l'humeur aqueuse. L'isoenzyme II est intracytoplasmique et peut être bloquée par les IAC, qu'ils soient administrés par voie générale (comprimés) ou locale (collyres); l'isoenzyme IV membranaire ne peut être suffisamment bloquée que par les IAC per os. Il est nécessaire d'inhiber plus de 99 % de l'activité de l'isoenzyme II pour obtenir une baisse de la PIO. Les IAC réduisent ainsi la sécrétion d'humeur aqueuse de 40 à 60 %.
Les différents médicaments
Chimiquement, les IAC sont des sulfamides. Trois médicaments sont disponibles en France : l'acétazolamide, le dorzolamide et le brinzolamide.
Le méthazolamide et le dichloréphénamide ne sont pas disponibles en France. Ils ont été premiers IAC commercialisés dans les années 1950.
Acétazolamide (Diamox®)
L'acétazolamide (fig. 18-9
Fig. 18-9
Structure de l'acétazolamide.
), introduite sur le marché comme diurétique en 1952, est le seul médicament pouvant être administré par voie orale ou injectable dans le glaucome. Il inhibe les isoenzymes II et IV. On dispose de comprimés à 250 mg. Les IAC administrés per os sont métabolisés par le foie et éliminés par le rein. L'absorption digestive de l'acétazolamide est très rapide. Au niveau du plasma, il est fortement lié aux protéines plasmatiques (90-95 %). Sa demi-vie plasmatique est de 5 heures et l'excrétion urinaire est totale en 24 heures sous forme non métabolisée. Au niveau de l'œil, on observe une chute rapide de la PIO par action sur le corps ciliaire ainsi qu'une élimination accélérée des bicarbonates et des autres électrolytes qui se trouvent normalement en concentration élevée dans les liquides intraoculaires. Cette élimination accélérée diminue la pression osmotique des milieux liquidiens de l'œil, ce qui fait baisser la PIO. Administré per os, l'acétazolamide conduit à une baisse de PIO à la 30 e minute pour atteindre un pic au bout de 2 heures et sa durée d'action est de 6 à 8 heures. La dose maximale d'acétazolamide (1000 mg) entraîne une baisse de la PIO de l'ordre de 40 %. La demi-vie plasmatique est de 5 heures et l'excrétion urinaire est totale en 24 heures sous forme non métabolisée. L'acétazolamide est également disponible par voie parentérale (ampoule à 500 mg), utilisable lors des urgences hypertensives. Elle agit alors pendant 4 heures avec un pic d'action au bout de 30 minutes.
Dorzolamide (Trusopt® et génériques)
Le dorzolamide (fig. 18-10
Fig. 18-10
Structure du dorzolamide.
) est spécifique de l'isoenzyme II de l'AC. Il est issu d'une recherche inédite aboutissant à la découverte d'un médicament, inhibiteur enzymatique, à partir de la modélisation du site actif de l'enzyme cible. Ce médicament n'a été disponible que bien après la mise sur le marché de l'acétazolamide, en 1994. Ce délai est lié aux problèmes de pénétration intraoculaire et d'inhibition enzymatique. Afin de faciliter sa pénétration oculaire, le dorzolamide a ainsi nécessité l'adjonction d'un excipient amphiphile (mélange d'acide et de base) avec une formulation acide (pH = 5,6), expliquant les effets indésirables (picotements voire douleur) lors de l'instillation. On dispose de collyre de dorzolamide à 2 % seul ou associé à un bêta-bloquant (timolol). Le dorzolamide administré 3 fois par jour diminue la PIO de 16 à 25 %. L'effet maximal est obtenu 2 heures après instillation (pic) avec une baisse de la PIO de 16,3 à 22,9 %, et 8 heures après (creux), la baisse de la PIO est de l'ordre de 15 %; 12 heures après l'instillation, la baisse varie entre 13,2 et 15 %. Cela explique qu'en théorie, si le dorzolamide est instillé en monothérapie, il devrait être prescrit 3 fois par jour, alors qu'en association deux instillations quotidiennes peuvent suffire.
Brinzolamide (Azopt® et génériques)
Le brinzolamide (fig. 18-11
Fig. 18-11
Structure du brinzolamide.
) est disponible depuis 2000. Il inhibe spécifiquement l'isoenzyme II de l'AC, isoenzyme prédominant de l'œil. Le brinzolamide est présenté sous la forme d'une suspension ophtalmique lipophile avec un pH plus physiologique (pH = 7,5) et la présence de polymères non ioniques comme le tyloxapol et le carbomère (stabilisant du film lacrymal, qui permet d'allonger le temps de contact), expliquant l'aspect lactescent du collyre et certains effets indésirables (dépôts sur les cils). L'efficacité du brinzolamide est comparable à celle du dorzolamide, mais son affinité pour l'enzyme est supérieure, autorisant deux instillations quotidiennes. Les méta-analyses conduites avec les deux médicaments montrent des baisses de la PIO de l'ordre de 22 % au pic et 17 % au creux.
Effets indésirables – contre-indications
Les IAC sont des sulfamides et sont donc contre-indiqués en cas de grossesse ou en cas d'allergie à cette classe pharmacochimique.
IAC per os
Les effets diurétiques entraînent, par substitution ionique, une augmentation de la diurèse aqueuse, une forte élimination des bicarbonates (alcalinisation des urines), une excrétion moindre du sodium et du potassium. Ils sont contre-indiqués en cas d'insuffisance hépatique ou rénale sévère. Ils peuvent majorer le risque de coliques néphrétiques et leur posologie est à adapter en cas d'insuffisance rénale. Ils peuvent entraîner une acidose et une hypokaliémie. Une supplémentation potassique (régime riche en potassium ou prise de potassium per os) est donc à envisager, et à adapter à l'ionogramme et à la fonction rénale au cours du suivi. Il est également conseillé en cas de prise au long cours de supplémenter en bicarbonates ou en citrates. En cas de diabète, notamment en cas de prise de sulfamides hypoglycémiants, l'avis du diabétologue doit être demandé. Les autres effets indésirables généraux fréquemment retrouvés sont : paresthésies, céphalées, somnolence, asthénie, troubles intestinaux (nausées, crampes, diarrhée), perte d'appétit, goût amer. Comme avec les autres sulfamides, il existe des cas exceptionnels de syndrome de Stevens-Johnson et de troubles sévères hématologiques (neutropénie, agranulocytose). En cas de traitement prolongé, il est donc nécessaire de surveiller la numération-formule sanguine et le ionogramme. Il a également été décrit des cas exceptionnels d'œdèmes du corps ciliaire avec effusion choroïdienne et myopie transitoire.
IAC en collyres
Les effets indésirables sont essentiellement locaux : brûlure lors de l'instillation, allergie, goût amer. Ils sont plus fréquents avec le dorzolamide (allergie, conjonctivite, dermatite péri-oculaire). L'inhibition de l'isoenzyme II de l'AC présente dans l'endothélium cornéen peut entraîner un dysfonctionnement endothélial avec risque d'œdème de la cornée. Cet effet n'a pas été observé sur des cornées saines, mais quelques cas d'œdème de cornée ont été rapportés chez des patients présentant des endothéliums pathologiques.
IAC – règles d'or
  • La prise d'IAC per os est généralement réservée au traitement des hypertonies aiguës.
  • Au long cours, si elle est indispensable, elle doit être surveillée (biologie, risques d'interactions médicamenteuses).
  • Les IAC en collyres sont des traitements de deuxième intention en monothérapie.
Antiglaucomateux et grossesse
Le traitement du glaucome chez une femme enceinte ou non protégée par une contraception est une priorité. Les formes galéniques à forte viscosité ou à libération prolongée et la compression du canal lacrymal après instillation réduisent les concentrations systémiques de médicaments et l'exposition du fœtus.
  • En première intention :
    • soit un analogue de prostaglandine : bimatoprost, latanoprost, travoprost ;
    • soit un bêta-bloquant « gel » ou « LP » : timolol ;
    • soit un inhibiteur de l'anhydrase carbonique : brinzolamide, dorzolamide.
  • En deuxième intention :
    • soit un bêta-bloquant en solution non LP: bétaxolol, cartéolol, lévobunolol ;
    • soit un inhibiteur de l'anhydrase carbonique : brimonidine.
Alpha-2 agonistes
Mécanismes d'action
Les récepteurs adrénergiques alpha sont des récepteurs couplés aux protéines G composés d'un récepteur alpha-1 présent dans le muscle lisse, le cœur et le foie, et d'un récepteur alpha-2 que l'on trouve dans l'iris, le corps ciliaire, l'épithélium pigmentaire, les plaquettes, le muscle lisse vasculaire, les terminaisons nerveuses et les îlots pancréatiques.
Leurs ligands physiologiques sont l'adrénaline et la noradrénaline.
L'activation des récepteurs alpha-2 entraîne une vasoconstriction, une inhibition de la libération de noradrénaline et une sécrétion d'insuline.
Il existe principalement deux types de récepteurs alpha-adrénergiques oculaires :
  • l'activation des récepteurs alpha-1 entraîne une vasoconstriction, une relaxation intestinale, une contraction utérine et, au niveau oculaire, une rétraction de la paupière supérieure et une mydriase;
  • l'activation des récepteurs alpha-2, situés dans les corps ciliaires de l'œil, entraîne une réduction de la PIO et une possible neuroprotection. L'activation de ces récepteurs adrénergiques permet de réguler la PIO en agissant principalement sur l'épithélium du corps ciliaire et donc en réduisant la production d'humeur aqueuse. Les récepteurs alpha-2 sont couplés à une protéine Gi. Activés, ils inhibent l'adénylate cyclase, diminuent la concentration intracellulaire d'AMPc et donc l'activité de la PKA AMPc-dépendante.
Le mécanisme très précis n'est cependant pas complétement élucidé, car il semble exister également une réduction de la pression veineuse épisclérale et une action sur l'élimination trabéculaire et uvéosclérale (pour la brimonidine), mais ces voies d'action semblent secondaires.
Les différents médicaments
L'apraclonidine (para-aminoclonidine) et la brimonidine sont des agonistes alpha-2 adrénergiques sélectifs qui ont été développés pour le traitement du glaucome.
Apraclonidine (Iopidine®)
L'apraclonidine (fig. 18-12
Fig. 18-12
Structure de l'apraclonidine.
) est un dérivé de la clonidine, utilisée pour le traitement de l'hypertension artérielle, et dont les effets de réduction de la PIO sont également connus. La lipophilie de la clonidine permet le passage de la barrière hémato-encéphalique et explique les effets centraux qui ont limité son utilisation. La synthèse de molécules dotées d'un noyau imidazole, plus hydrophiles, et franchissant donc moins facilement cette barrière, a permis de limiter ces effets indésirables. On dispose de collyre à 0,5 % et 1 %. L'apraclonidine 1 % a principalement été développée pour réduire les pics de tension oculaire après la réalisation de procédures laser sur le segment antérieur (trabéculoplastie, iridotomie, iridoplastie, capsulotomie). Elle agit au bout d'une heure avec un pic de réduction de la PIO de 6,5 ± 4,3 mmHg (37,3 ± 20,4 %), généralement 3 à 5 heures après son administration. La posologie est 1 goutte instillée 1 heure avant l'acte. Instillée 2 fois par jour, la baisse de la PIO est de 22 % à la 1 re heure, 30 à 40 % à la 5 e heure et de l'ordre de 25 % à la 12 e heure. L'apraclonidine a également été développée à la concentration de 0,5 %, indiquée principalement pour retarder un traitement par laser ou chirurgie, avec une baisse moyenne de la PIO de l'ordre de 25 %. La durée d'action est voisine de 8 heures. L'efficacité de l'apraclonidine à réduire la PIO diminue avec le temps chez la majorité des patients. Même si certains patients ont pu être traités avec succès sur de plus longues périodes, l'effet bénéfique n'excède pas un mois chez la plupart des patients (tachyphylaxie). La distribution tissulaire de l'apraclonidine, de la concentration la plus élevée à la concentration la plus faible, se répartit comme suit : cornée > iris-corps ciliaire > humeur aqueuse > cristallin > humeur vitrée. La demi-vie d'élimination de l'apraclonidine dans l'humeur aqueuse est d'environ 2 heures. Son ajout chez des patients utilisant déjà deux médicaments réduisant la formation d'humeur aqueuse (c'est-à-dire bêta-bloquants plus inhibiteur de l'anhydrase carbonique), comme un traitement médical maximal toléré, ne se traduit pas nécessairement par un effet bénéfique supplémentaire.
Brimonidine (collyre – Alphagan® et génériques; gel [Mirvazo®])
La brimonidine est 28 fois plus sélective des récepteurs alpha-2 que l'apraclonidine et 1000 fois plus sélective des récepteurs alpha-2 que des récepteurs alpha-1. Du fait de cette sélectivité, on n'observe aucune mydriase, ni vasoconstriction des microvaisseaux, associée aux xénogreffes de rétine humaine. La brimonidine a été développée à la concentration de 0,2 % instillée 2 fois par jour, ce qui permet une réduction de la PIO de 22 à 28 %. Le pic d'action, 2 heures après l'instillation, permet d'observer une réduction de la PIO de 6,7 mmHg et, 12 heures après l'instillation, de 4,3 mmHg. On dispose de :
  • collyre de tartrate de brimonidine à 0,2 % seul et en association avec :
    • la brinzolamide (Simbrinza®);
    • le timolol (Combigan®).
  • gel de tartrate de brimonidine à 0,5 %.
La brimonidine peut ainsi être utilisée pour réduire les pics de PIO post-laser et également en traitement chronique du glaucome. La baisse pressionnelle obtenue à la posologie de 2 instillations par jour est d'environ de 20 à 25 % suivant les études. Contrairement à l'apraclonidine, elle semble donner moins d'échappement thérapeutique.
Effets indésirables – contre- indications
Apraclonidine
Les effets indésirables immédiats sont principalement locaux, liés à l'activité alpha-1 : relèvement de la paupière, blanchissement transitoire de la conjonctive (vasoconstriction) et mydriase. En utilisation prolongée (plus de 3 à 4 mois), plus d'un un tiers des patients développent une intolérance ou une allergie, avec des signes de nature et d'intensité variables : prurit, gêne, larmoiement, hyperhémie conjonctivale, chémosis, eczéma des paupières. Du point de vue systémique, compte tenu de l'effet alpha-1, l'apraclonidine est contre-indiquée en cas de pathologie cardiovasculaire sévère ou instable. L'effet indésirable systémique le plus souvent rapporté est la sécheresse de la bouche (5 à 10 %).
Brimonidine
On peut observer des réactions d'allergie ou d'intolérance, majorées avec le temps : 5 % à 3 mois et entre 9 et 12 % à 1 an. Les effets systémiques les plus fréquents sont : sécheresse buccale, fatigue, somnolence, vertiges. Compte tenu du passage de la molécule dans le système nerveux central, elle est contre-indiquée chez le nouveau-né et l'enfant en raison du risque de dépression respiratoire. Ces médicaments sont également contre-indiqués en cas d'utilisation concomitante d'inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO). Il n'existe actuellement pas de collyre d'alpha-2 agoniste sans conservateur à utiliser en traitement au long cours.
Alpha-2 agonistes – règles d'or
  • Les alpha-2 agonistes sont indiqués en deuxième ou troisième intention, notamment en combinaison si la PIO n'a pas pu être contrôlée. Ils sont à éviter si possible en traitement au long cours si une chirurgie filtrante est envisagée.
  • L'apraclonidine doit être principalement utilisée en prévention des pics d'hypertonie oculaire.
  • La prescription d'apraclonidine 0,5 % impose la vérification de la gonioscopie afin d'éliminer une étroitesse de l'angle.
Analogues des prostaglandines
Les prostaglandines sont un groupe de composés lipidiques dérivés de l'acide arachidonique, biosynthétisées par la plupart des cellules de l'organisme. Elles ont une demi-vie courte dans les milieux biologiques et agissent localement par effet autocrine ou paracrine. Seules les prostaglandines de la série 2 (issues de l'acide eicosatétraénoïque, acide arachidonique) semblent avoir une importance biologique. Les enzymes responsables de synthèse à partir de l'acide arachidonique sont les cyclo-oxygénases (COX), dont il existe une forme constitutive (COX-1) et une forme inductible (COX-2).
Les analogues des prostaglandines (APG) sont des molécules de synthèse reproduisant les effets des prostaglandines naturelles endogènes. Ce sont les collyres hypotonisants les plus efficaces. La posologie simple de ces médicaments (une seule instillation par jour) et leur efficacité en ont fait un traitement de première intention.
Plusieurs médicaments sont actuellement disponibles : latanoprost (Xalatan®), bimatoprost (Lumigan®), travoprost (Travatan®), tafluprost (Zioptan®), unoprostone (Rescula®).
Une méta-analyse permettant de comparer l'efficacité des médicaments antiglaucomateux a rapporté que les APG bimatoprost, travoprost et latanoprost étaient les médicaments les plus efficaces pour réduire la PIO : réduction de 28 % (au minimum de concentration tissulaire) à 31 % (au pic de concentration). Cela se traduit, respectivement, par une réduction de la PIO de 6,5 à 8,4 mmHg.
Leur activité optimale est obtenue par administration le soir.
Mécanismes d'action
Les APG utilisés pour réduire la PIO sont des dérivés d'une prostaglandine particulière, la prostaglandine F2 alpha.
La prostaglandine F2 alpha (fig. 18-13
Fig. 18-13
Structure de la prostaglandine F2 alpha.
) avait montré un effet réducteur de la PIO de façon expérimentale en agissant sur un des huit récepteurs (DP, EP1, EP2, EP3, EP4, TP, IP, FP) de cette prostaglandine : le récepteur FP.
Un agoniste de ce récepteur FP a été développé : le latanoprost (fig. 18-14
Fig. 18-14
Structure du latanoprost.
), puis d'autres médicaments ont été commercialisés : le travoprost et le tafluprost. Le bimatoprost a été décrit structuralement comme un prostamide et pourrait avoir un mécanisme d'action différent (il est hydrolysé en 17 phényl-PG F2 alpha qui est également un agoniste des récepteurs FP), mais ces données sont controversées et le bimatoprost est considéré comme un APG.
Ces molécules, qui sont des promédicaments sous forme d'esters, traversent la cornée et deviennent biologiquement actives après avoir été hydrolysées par les estérases de la cornée.
Les APG entraînent un remodelage de la matrice extracellulaire du corps ciliaire et de la sclère, ce qui conduit à une modification de perméabilité des tissus (par activation des métalloprotéinases) et un élargissement des espaces musculaires ciliaires. C'est par l'activation de cette voie d'évacuation, la voie uvéosclérale, que l'évacuation de l'humeur aqueuse se majore, entraînant ainsi une baisse significative de la PIO.
Ces molécules (sauf le bimatoprost) n'ont pas d'action sur l'excrétion trabéculaire de l'humeur aqueuse, ni sur la sécrétion de l'humeur aqueuse.
Leur mode d'action original sur la voie uvéosclérale qui ne dépend pas de la PIO (contrairement à la voie trabéculaire) en fait des traitements de choix pour les glaucomes à basse tension.
Les différents médicaments
Latanoprost (Xalatan® Vizilatan® Monoprost® et génériques)
Ce médicament est commercialisé sous forme de collyre à 50 μg/ml (0,005 %) et en association avec le timolol (Xalacom® et génériques).
Bimatoprost (Lumigan® et génériques)
Ce médicament est commercialisé sous forme de collyre à 0,01 % et 0,03 %, et en association (0,03 %) avec le timolol (Ganfort®).
Efficacité
La baisse de la PIO débute 3 à 4 heures après l'instillation pour être maximale entre la 8 e et la 12 e heure. Cette durée d'action permet une posologie d'une instillation par jour et explique qu'instillée le soir la molécule soit plus efficace, avec une baisse pressionnelle de 30 à 35 % en moyenne. Certaines méta-analyses retrouvent une baisse pressionnelle un peu plus importante avec le bimatoprost. Ces différences d'efficacité sont faibles, de l'ordre de 1 mmHg.
Plusieurs études montrent que le tafluprost aurait une efficacité moindre, comme l'unoprostone, dont l'efficacité ne serait pas supérieure à celle du timolol, avec la nécessité de 2 instillations par jour.
La posologie journalière recommandée pour les autres APG est d'une seule instillation quotidienne; l'augmentation de la posologie ne potentialise pas cet effet et pourrait même le réduire.
Le maximum d'efficacité peut être atteint en 3 à 5 semaines en raison du temps d'action de la molécule sur le remodelage tissulaire.
Les nombreuses études et méta-analyses analysant l'efficacité des APG sur la PIO retrouvent une réduction moyenne de 31 à 33 % au pic d'efficacité et 28 à 29 % au minimum de concentration tissulaire. Ce sont actuellement les molécules les plus efficaces en collyre pour réduire la PIO.
Effets indésirables – contre-indications
Compte tenu de la concentration plasmatique très faible et du métabolisme rapide (demi-vie de 17 minutes) des APG, aucun effet systémique n'est observé. Cependant, il peut exister un effet agoniste partiel sur un des récepteurs de la prostaglandine F2 alpha, le récepteur TP, qui, par action sur les fibres musculaires lisses, peut expliquer la survenue d'exacerbation de crises en cas d'asthme sévère (précaution d'emploi).
L'hyperhémie conjonctivale est l'effet indésirable local le plus fréquent. Elle n'est pas liée à une action vasodilatatrice directe, mais elle est médiée par les fibres trigéminales et la libération locale de monoxyde d'azote (NO). L'incidence de cette hyperhémie varie d'une étude à l'autre, mais peut atteindre 40 %. Elle est plus importante avec le bimatoprost 0,3 % et moindre avec le travoprost et le latanoprost.
L'effet indésirable spécifique de cette classe est la pigmentation de l'iris et de la peau péri-oculaire, liée à l'augmentation du nombre de mélanosomes à l'intérieur du mélanocyte. Il n'y a pas d'action sur la multiplication des mélanocytes, évitant le risque de développement de mélanome de l'uvée. Cette pigmentation débute dans les premiers mois de traitement et semble moins fréquente avec le bimatoprost.
D'autres effets locaux ont été observés : hypertrichose (élongation et épaississement des cils), trichiasis (déviation anormale des cils, d'origine congénitale ou acquise, caractérisée par leur mauvaise direction ou une position aberrante sur le bord libre palpébral – dont la statique n'est pas, ou peu, modifiée –, avec frottement des cils contre le globe oculaire par leur extrémité), distichiasis (dédoublement de la rangée de cils, la rangée surnuméraire étant localisée près du globe oculaire, ce qui est à l'origine de conjonctivite, de kératite ou d'entropion, voire d'ulcération ou d'opacification de la cornée), hyperpigmentation du tissu cutané palpébral, hypertrichose péri-oculaire. Plus récemment, ont été décrits des cas d'atrophie de la graisse orbitaire avec énophtalmie.
Quelques rares cas d'œdème maculaire cystoïde ont été décrits chez des patients ayant des yeux « prédisposés» (chirurgie de la cataracte compliquée de rupture capsulaire, capsulotomie postérieure). Ils sont réversibles à l'arrêt du traitement.
Des réactivations d'herpès ont également été décrites ainsi que de rares cas d'uvéites. Chez les sujets phakes, plusieurs études n'ont pas retrouvé de rupture de la barrière hémato-aqueuse lors de l'utilisation de latanoprost, de bimatoprost, de travoprost ou d'unoprostone, mais l'administration excessive de latanoprost (4 fois par jour) peut induire une réaction inflammatoire de la chambre antérieure, résolutive à l'arrêt du traitement. Sur de larges séries, l'incidence de l'uvéite chez des patients traités par latanoprost est comparable à l'incidence de l'uvéite lors du traitement par les autres médicaments.
Une étude a montré que l'utilisation d'APG (latanoprost, bimatoprost, travoprost) sur yeux uvéitiques présentant une hypertonie oculaire ou un glaucome, suivie pendant 6 mois, ne majore ni la fréquence de récidive d'uvéites antérieures, ni celle de survenue d'œdème maculaire cystoïde, par rapport aux autres traitements antiglaucomateux (bêta-bloquant, alpha-agoniste, IAC topique ou systémique).
Afin de limiter les problèmes de surface oculaire, des APG sans conservateurs ou sans chlorure de benzalkonium ont été développés. Ces collyres permettent également de préserver la conjonctive si une chirurgie du glaucome devait être réalisée ultérieurement. En effet, l'instillation au long cours de collyres « conservés» altère la conjonctive et pénalise la cicatrisation conjonctivale en cas de chirurgie du glaucome.
Changement de couleur des yeux
Les collyres d'analogues de prostaglandines (APG), en particulier de latanoprost, sont susceptibles de modifier progressivement et irréversiblement la couleur des yeux, en augmentant la quantité de pigments bruns dans l'iris. Avant l'instauration du traitement, les patients doivent être informés du risque de modification permanente de la couleur de l'œil. Le traitement d'un seul œil peut avoir pour conséquence une hétérochromie définitive. Ce changement de couleur des yeux a surtout été observé chez des patients ayant l'iris de plusieurs couleurs, c'est-à-dire bleu-marron, gris-marron, jaune-marron ou vert-marron. Dans les essais cliniques avec le latanoprost, le début de ce changement de couleur des yeux survient en général dans les huit premiers mois du traitement, rarement lors de la deuxième ou troisième année, et n'a pas été observé après la quatrième année de traitement. Le taux de progression de la pigmentation irienne diminue avec le temps et est stable au bout de 5 ans. Les effets de l'augmentation pigmentaire au-delà de 5 ans n'ont pas été évalués. Dans un essai clinique en ouvert étudiant la tolérance du latanoprost sur 5 ans, 33 % des patients ont développé une pigmentation de l'iris. L'incidence la plus élevée est observée chez les patients ayant l'iris de couleur jaune-marron. Chez les patients ayant des yeux bleus de couleur uniforme, aucun changement de couleur n'a été observé et, chez les patients ayant des yeux de couleur uniforme, gris, verts ou marron, ces changements de couleur ont rarement été observés. La modification de la couleur de l'iris est due à une augmentation de la teneur en mélanine des mélanocytes du stroma de l'iris et non à une augmentation du nombre de mélanocytes. Généralement, la pigmentation brune entourant la pupille s'étend de façon concentrique vers la périphérie dans les yeux concernés, et l'iris peut devenir, totalement ou partiellement, brun plus foncé. Aucune augmentation ultérieure de la pigmentation brune de l'iris n'a été observée après l'arrêt du traitement. Cet effet n'a été associé à aucun symptôme, ni modification pathologique dans les essais cliniques jusqu'à ce jour.
Analogues des prostaglandines – règles d'or
  • Les APG sont les collyres les plus efficaces et les plus prescrits pour réduire la PIO.
  • Le patient doit être informé des effets indésirables locaux, car certains sont irréversibles : pigmentation de l'iris, allongement et déformation des cils.
Inhibiteurs des Rho-kinases
Mécanismes d'action
Les Rho-kinases sont impliquées dans la régulation des protéines Rho, ce qui en fait des médicaments directement actifs sur le cytosquelette. Les Rho-kinases ROCK1 et ROCK2 comportent une kinase N-terminale qui permet la phosphorylation de leurs protéines cibles, les protéines Rho, et un site de liaison spécifique pour celles-ci. Les Rho-kinases passent de l'état inactivé (forme guanosine diphosphate) à l'état activé (forme guanosine triphosphate) sous l'effet d'un stimulus (par exemple la présence d'acide arachidonique, de sphingosylphosphorylcholine ou de signaux apoptotiques), ce qui leur permet de se lier aux protéines Rho. Ces kinases possèdent également un domaine auto-inhibiteur C-terminal, riche en cystéine.
Les Rho-kinases, une fois activées, stimulent les interactions actine/myosine, ce qui conduit à la formation de complexes d'adhésion. Elles favorisent également la rigidité des filaments d'actine et modulent les microtubules. Cet ensemble de mécanismes favorise la contractilité et la rigidité cellulaire, ce qui impacte particulièrement les mouvements et les contractions des muscles lisses.
En inhibant ces Rho-kinases, on obtient des effets variés qui vont de l'augmentation du flux sanguin (vasodilatation liée à la relaxation cellulaire) à une activité antitumorale et antifibrotique (limitation de la motilité et division cellulaire) en passant par la prévention de la dégénérescence axonale (d'où la notion de neuroprotection).
L'action sur le cytosquelette du réseau trabéculaire et du canal de Schlemm, associée à l'augmentation de la porosité de l'endothélium expliquerait la réduction de la résistance à l'écoulement de l'humeur aqueuse obtenue avec ces médicaments.
Les différents médicaments et propriétés
Aucun des représentants de cette classe thérapeutique n'est disponible en France.
Nétarsudil
Le nétarsudil (AR-13324) (fig. 18-15
Fig. 18-15
Structure du nétarsudil.
) est le principe actif d'un collyre hypotonisant commercialisé aux États-Unis depuis décembre 2017 sous le nom de Rhopressa®. Une demande d'AMM pour ce médicament est en cours d'examen en France sous le nom de Rhokiinsa®. Le mécanisme antiglaucomateux repose sur la diminution de la production d'humeur aqueuse, la baisse de la résistance à son écoulement, la dilatation du maillage trabéculaire et du tissu conjonctif juxtacanaliculaire, et une vasodilatation veineuse permettant une diminution de la pression veineuse épisclérale, dont le mécanisme pourrait également être attribué à l'inhibition du transporteur de noradrénaline.
Ripasudil
Le ripasudil (K-115), Glanatec® (fig. 18-16
Fig. 18-16
Structure du ripasudil.
), est un collyre hypotonisant qui a obtenu une AMM au Japon en septembre 2014. Des études évaluent les combinaisons thérapeutiques associant les inhibiteurs des Rho-kinases avec des bêta-bloquants ou des APG.
Fasudil
Le fasudil (fig. 18-17
Fig. 18-17
Structure du fasudil.
) est un traitement des vasospasmes cérébraux qui a obtenu sa mise sur le marché en Chine et au Japon. Il n'est pas utilisé comme hypotonisant oculaire.
Efficacité
Dans les études de phase I, la réduction maximale de la PIO avec le nétarsudil 0,02 % est obtenue 4 heures après l'instillation. Elle était de 3,01 mmHg. D'autres études ont mis en évidence une baisse allant jusqu'à 5,7 mmHg. Cette molécule a démontré sa non-infériorité par rapport à des APG et des bêta-bloquants. Elle aurait un effet adjuvant des APG en combinaison fixe avec elles. Son effet sur la PIO serait plus prolongé que les autres inhibiteurs des Rho-kinases. Les études ont démontré la non-infériorité d'une instillation quotidienne de nétasurdil 0,02 % versus deux instillations.
Pour le ripasudil, la réduction obtenue est comprise en 2 et 4,8 mmHg, selon les études.
On évalue l'intérêt potentiel de l'utilisation de ces médicaments dans la phase postopératoire de la chirurgie filtrante, avec l'objectif de limiter les phénomènes de cicatrisation de la bulle de filtration dans le cadre d'études in vitro et sur les modèles animaux.
Effets indésirables – contre-indications
Les effets indésirables sont principalement locaux et comprennent l'hyperhémie conjonctivale, les hémorragies sous-conjonctivales (microhémorragies), la conjonctivite allergique (apparaît en moyenne après 12 semaines de traitement), la blépharite, les larmoiements, les dépôts cornéens de type cornea verticillata (dans les trois premiers mois). Ces effets indésirables locaux semblent être dose-dépendants (une instillation quotidienne présente un profil de tolérance plus acceptable que deux) et réversibles à l'arrêt.
Il n'y pas, à ce jour, de contre-indication connue liée à des interactions médicamenteuses ou à un passage systémique.
Règles d'or – inhibiteurs des Rho-kinases
  • Il s'agit d'une nouvelle classe d'hypotonisants oculaires. Ils ne sont pas commercialisés en France. Le ripasudil montre une efficacité démontrée sur des études de non-infériorité.
  • Il ne présente pas de contre-indications générales, mais il convient d'être vigilant par rapport à la tolérance locale.
  • Cette molécule peut être intéressante comme adjuvant aux traitements hypotonisants traditionnels et ouvre de nouvelles voies de réduction de la PIO. Son champ d'application pourrait être étendu par la suite.
Donneurs d'oxyde nitrique
Mécanisme d'action
Également appelés inhibiteurs de la phosphodiestérase-5, les donneurs d'oxyde nitrique ont été présentés pour la première fois à l'ARVO (Association for Research in Vision and Ophthalmology) en 2019 et sont en cours de développement. Ils permettraient une réduction de la PIO par un double mécanisme d'évacuation de l'humeur aqueuse : par le réseau trabéculaire et la voie uvéosclérale.
L'oxyde nitrique ou monoxyde d'azote (NO) présente un effet sur la relaxation des muscles lisses (ce médiateur était autrefois connu sous le nom d' epithelium-derived relaxing factor [EDRF]) et un effet anti-apoptotique. L'enzyme appelée NO synthase endothéliale (il en existe trois sous-types) permet l'oxydation de L-arginine en L-hydroxyarginine, qui est elle-même transformée après réduction en NO et citrulline (fig. 18-18
Fig. 18-18
Structures de la L-arginine, la L-hydroxyarginine, de la L-citrulline et de l'oxyde nitrique.
).
Une fois produit, le NO, molécule extrêmement instable et à durée de vie courte, traverse la membrane plasmique endothéliale et active la guanylate cyclase soluble pour produire de la guanosine monophosphate cyclique (GMPc) qui conduit à la sortie de potassium et de calcium hors de la cellule, ce qui génère une vasodilatation puissante sur les fibres vasculaires lisses. Le NO a également un rôle de neurotransmetteur au niveau neuronal et de médiateur des facteurs de croissance vasculaires endothéliaux (VEGF), ce qui lui permet d'inhiber l'agrégation et l'adhésion plaquettaires. En forte concentration, il peut se révéler cytotoxique.
Le NO pourrait jouer un rôle dans la résistance à l'écoulement de l'humeur aqueuse du mur interne du canal de Schlemm et dans l'amélioration de la perfusion de la tête du nerf optique. Il est retrouvé dans les chambres antérieure et postérieure, et les mécanismes de régulation dans lesquels il est impliqué au niveau vasculaire seraient similaires à ceux qui modulent le trabéculum et le canal de Schlemm. Cette hypothèse serait corroborée par une étude qui a mis en évidence un lien entre des polymorphismes d'une NO synthase endothéliale et un risque majoré de glaucome. Par ailleurs, un dysfonctionnement endothélial avec altération de la NO synthase endothéliale peut conduire à une vasoconstriction, phénomène associé aux glaucomes à pression normale.
Les différents médicaments et propriétés
Le latanoprostène bunod 0,024 % (NCX 1741) (fig. 18-19
Fig. 18-19
Structure du latanoprostène Bunod 0,024 %.
) est commercialisé sous le nom de Vyzulta® dans divers pays, dont les États-Unis, mais n'est pas disponible en Europe. Il associe un donneur d'oxyde nitrique au latanoprost.
Le NCX 470 est un analogue du bimatoprost donneur d'oxyde nitrique de deuxième génération en cours de développement.
Efficacité et indications
Le latanoprostène bunod 0,024 %, instillé une fois par jour, aurait montré sa supériorité par rapport au timolol instillé 2 fois par jour et au latanoprost instillé une fois par jour.
La baisse de pression obtenue au bout de 3 mois de traitement est de 32 % dans une étude par rapport à la valeur initiale. Cette baisse semble être efficace tout au long du nycthémère et plus particulièrement le matin, où une montée de la PIO est souvent observée chez les glaucomateux. Cette combinaison semblerait limiter les pics pressionnels par rapport à d'autres médicaments. D'autres études font état d'une baisse de la PIO allant de 22 % à 26 %.
Effets indésirables et contre-indications
Les effets indésirables rapportés sont une hyperhémie conjonctivale, une irritation oculaire, une kératite ponctuée superficielle modérée, une douleur au moment de l'instillation, une hypertrichose ciliaire, une pigmentation de l'iris et des paupières. Pour le moment, aucun effet général impliquant une contre-indication n'a été rapporté.
Règles d'or – donneurs d'oxyde nitrique
  • Il s'agit d'une des thérapeutiques hypotonisantes les plus récentes qui, pour le moment, n'existe qu'en combinaison fixe avec des analogues de prostaglandines. Leur effet (hors associations) sur la PIO n'a pas été évalué.
  • Un médicament est commercialisé aux États-Unis avec un profil de tolérance satisfaisant, et d'autres sont en cours de développement.
Agents hyperosmotiques
Ces médicaments sont utilisés en situation d'urgence pour diminuer la PIO. Ils ont une durée d'action limitée, des effets indésirables importants, et ne sont donc pas utilisés en traitement chronique des hypertonies oculaires.
Mécanisme d'action
Le mécanisme d'action repose sur le mécanisme de l'osmose. L'augmentation de l'osmolarité générée par l'administration de ces substances entraîne un passage de l'eau du compartiment vitréen (le moins concentré) vers le compartiment plasmatique (le plus concentré), et cette déshydratation du corps vitré entraîne une baisse de la PIO.
D'autres mécanismes peuvent aussi expliquer la diminution de la PIO : baisse de la sécrétion d'humeur aqueuse par séquestration vasculaire et élévation de la pression oncotique sanguine, effet rétroactif central sur la production d'humeur aqueuse.
Les différents médicaments
Mannitol
Le mannitol (fig. 18-20
Fig. 18-20
Structure du mannitol.
) est un médicament fréquemment utilisé dans le traitement hospitalier du glaucome aigu. Il est administré par voie intraveineuse concentrée à 10 % ou 20 %. Il doit être perfusé relativement rapidement pour obtenir l'hyperosmolarité plasmatique sous surveillance hospitalière à la posologie de 8 à 10 ml/kg (ou 1 à 1,5 g/kg). Il est habituel de perfuser 250 à 500 ml en 30 à 60 minutes. Il faut cependant être prudent chez le sujet âgé ou en cas de pathologie cardiovasculaire. Une surcharge volémique aiguë doit être évitée, notamment si la perfusion est trop rapide. La surveillance clinique au cours de l'osmothérapie doit comprendre des contrôles de l'équilibre hydroélectrolytique, de l'équilibre acidobasique, de l'osmolarité sérique, de la fonction rénale, de la fonction cardiaque et de la pression artérielle. Le délai d'action est de 20 minutes, avec un pic d'efficacité au bout de 30 à 60 minutes, et la baisse pressionnelle dure quelques heures (2 à 6 heures). Une étude a montré que la perfusion de 100 ml de mannitol à 20 % en 20 minutes permettait de réduire la PIO et approfondissait la profondeur de la chambre antérieure en préopératoire d'une chirurgie de la cataracte, notamment en cas d'angle étroit ou de petit œil à risque de complications.
Glycérol
Le glycérol (glycérine) peut être prescrit per os à la posologie de 1 g/kg. L'effet pressionnel est rapide (30 minutes) et dure quelques heures (4 à 6 heures). Il peut être préparé en préparation magistrale ou hospitalière car il n'est plus commercialisé, bien que sa prescription soit utile en cas de crise de glaucome aigu (le Formulaire National , juillet 2014, propose une préparation de glycérol à 0,644 g/l).
Effets indésirables et contre-indications
Les contre-indications du mannitol sont liées à l'impact rénovasculaire des médicaments hyperosmotiques : oligurie ou anurie persistante après la perfusion test, insuffisance cardiaque sévère, œdème pulmonaire, déshydratation, hémorragie intracrânienne, obstructions des voies urinaires.
Les effets indésirables sont potentiellement graves mais rares (acidose, hyponatrémie, hyperkaliémie, hyperhydratation, notamment au début du traitement), et en cas de surdosage, il peut exister une hypotension artérielle ou une décompensation cardiovasculaire. Peuvent également survenir : céphalées, étourdissements, convulsions, sécheresse buccale, nausées, vomissements, douleurs abdominales, rétention urinaire, polyurie.
Agents hyperosmotiques – règles d'or
Les agents hyposmotiques sont à utiliser de façon ponctuelle, en urgence, pour le traitement des crises aiguës en raison de leurs effets indésirables et de leur mode d'administration.
Combinaisons fixes
Généralités
Les combinaisons fixes sont des préparations ophtalmiques topiques contenant plusieurs principes actifs en solution ou en suspension. Elles sont composées de molécules de mécanismes d'action différents et complémentaires.
Elles présentent de nombreux avantages :
  • lorsque qu'une bithérapie est nécessaire, elles évitent l'instillation d'une première goutte puis d'une deuxième avec le risque de dilution de la première goutte par la deuxième et, donc, une diminution d'efficacité;
  • elles améliorent l'observance thérapeutique. Plusieurs études ont montré un lien entre le nombre de gouttes à instiller quotidiennement et l'observance;
  • elles limitent l'exposition aux conservateurs dont l'effet est délétère sur la conjonctive et la cornée en cas d'instillation au long cours. Certaines associations fixes existent avec des flacons filtrant le conservateur (timolol-dorzolamide), d'autres en unidoses (timolol-bimatoprost);
  • elles améliorent la tolérance. La quasi-totalité des associations fixes contiennent du timolol et cette association permet de limiter les effets indésirables de la seconde molécule. Le timolol aurait en effet une action sur l'induction de NO, expliquant la limitation de ces effets indésirables.
Malgré ces avantages, les associations fixes ne sont, en théorie, pas considérées comme des traitements de première intention, mais elles sont utiles en cas d'échec d'une monothérapie. En effet, la conjugaison de molécules additionne les effets indésirables et il est difficile de savoir quelle est la molécule efficace. Le recours à l'association fixe peut masquer l'inefficacité d'un des composants et conduire à traiter un patient par un principe actif inefficace mais à risque d'effets indésirables.
Cependant, dans certains cas (glaucome avancé, PIO de départ élevée), il est licite et recommandé de débuter par une association fixe.
L'efficacité des combinaisons fixes est supérieure à celle de chacun de ses composants et généralement comparable aux associations instillées séparément.
Les différentes combinaisons fixes
Combinaisons timolol + IAC
Deux combinaisons fixes existent associant :
  • timolol + dorzolamide;
  • timolol + brinzolamide.
L'association timolol-dorzolamide existe en flacons « filtrants», évitant ainsi la présence de conservateur. La posologie est d'une instillation matin et soir. Elle est plus efficace que ses composants et équivalente à l'association libre. Il en est de même avec l'association timolol-brinzolamide. La baisse de la PIO est de 9 mmHg (32,7 %) au pic et de 7,73 mmHg (27 %) au creux, soit une efficacité comparable aux APG.
Combinaison timolol + brimonidine
Cette combinaison associe le timolol 0,5 % et la brimonidine 0,2 %, en collyre avec conservateur, instillée matin et soir. Elle permettrait de mieux lisser les pics de PIO diurne en comparaison avec la brimonidine instillée 3 fois par jour.
Combinaison timolol + APG
Trois combinaisons sont disponibles en France :
  • timolol + latanoprost;
  • timolol + travoproste;
  • timolol + bimatoprost.
Leur posologie est d'une instillation par jour prônée le soir. Les différences d'efficacité entre l'instillation de l'APG et l'association fixe est relativement faible. Ces combinaisons semblent un peu plus efficaces que les associations timolol + brimonidine ou timolol + IAC. Une méta-analyse portant sur 20 études et 400 patients comparant ces trois associations fixes montre que toutes les associations sont plus efficaces par rapport à leur constituant en monothérapie et que l'association bimatoprost-timolol est plus efficace que les deux autres. Cette association existe en unidoses sans conservateur. Comme avec les autres associations fixes contenant du timolol, l'incidence des effets indésirables est moindre avec l'association fixe, notamment l'hyperhémie conjonctivale.
Combinaison IAC + brimonidine
Une seule existe associant brinzolamide et brimonidine instillée 2 fois par jour. Sa tolérance est moyenne et elle n'existe que sous forme conservée, pénalisant sa possibilité d'être utilisée au long cours, notamment si une chirurgie filtrante est à envisager. La figure 18-21
Fig. 18-21
Schéma des associations de médicaments antiglaucomateux.
représente les différentes combinaisons fixes. L' encadré 18-1
Encadré 18-1
Liste des spécialités pharmaceutiques susceptibles d'être prescrites comme hypotonisants oculaires
  • Alphagan® 0,2 %
  • Azarga®
  • Azopt®
  • Bétagan® 0,5 %
  • Bétagan® 0,5 % unidose
  • Bétoptic® 0,25 % susp opht
  • Bétoptic® 0,25 % susp opht unidose
  • Bétoptic® 0,5 %
  • Bimatoprost® EG 0,3 %
  • Bimatoprost® Mylan 0,3 %
  • Bimatoprost® Sandoz 0,3 %
  • Bimatoprost® Mylan 0,1 %
  • Brimonidine® Chauvin
  • Brimonidine® EG
  • Brimonidine® Mylan
  • Brimonidine® Ratiopharm
  • Brimonidine® Sandoz
  • Brimonidine® Teva
  • Brinzolamide®/Timolol® EG
  • Brinzolamide®/Timolol® Mylan
  • Brinzolamide® Biogaran
  • Brinzolamide® Cristers
  • Brinzolamide® Mylan
  • Brinzolamide® Sandoz
  • Cartéol® 1 %
  • Cartéol® 2 %
  • Cartéol®1 % LP unidose
  • Cartéol® 1 % LP
  • Cartéol® 2 % LP unidose
  • Cartéol® 2 % LP
  • Combigan®
  • Cosidime®
  • Cosopt®
  • Dorzolamide® Arrow
  • Dorzolamide® BGR
  • Dorzolamide® Biogaran
  • Dorzolamide® Cristers
  • Dorzolamide® EG
  • Dorzolamide® Mylan
  • Dorzolamide® Teva
  • Dorzolamide®/Timolol® Biogaran
  • Dorzolamide®/Timolol® Cristers
  • Dorzolamide®/Timolol® EG
  • Dorzolamide®/Timolol® Mylan
  • Dorzolamide®/Timolol® Sandoz
  • Dorzolamide®/Timolol® Teva
  • Dorzolamide®/Timolol® Zentiva
  • Dualkopt®
  • Duotrav®
  • Ganfort®
  • Ganfort® unidose
  • Geltim® LP 1 mg/g unidose
  • Iopidine® 0,5 %
  • Iopidine® 1 % unidose
  • Isopto-Pilocarpine® 2 % collyre
  • Latanoprost® Arrow
  • Latanoprost® Biogaran
  • Latanoprost® Chauvin
  • Latanoprost® EG
  • Latanoprost® Mylan
  • Latanoprost® Noridem
  • Latanoprost® Pfizer
  • Latanoprost® Ranbaxy
  • Latanoprost® Sandoz
  • Latanoprost® Teva
  • Latanoprost® Zentiva
  • Latanoprost®/Timolol® Arrow
  • Latanoprost®/Timolol® Biogaran
  • Latanoprost®/Timolol® EG
  • Latanoprost®/Timolol® Mylan
  • Latanoprost®/Timolol® Pfizer
  • Latanoprost®/Timolol® Sandoz
  • Latanoprost®/Timolol® Teva
  • Latanoprost®/Timolol® Zentiva
  • Lumigan® 0,1 mg/ml
  • Lumigan® 0,3 mg/ml
  • Monoprost®
  • Ophtim® 0,25 % unidose
  • Ophtim® 0,5 % unidose
  • Pilocarpine Faure® 2 % collyre
  • Simbrinza®
  • Timabak® 0,25 %
  • Timabak® 0,5 %
  • Timocomod® 0,25 %
  • Timocomod® 0,5 %
  • Timolol® Alcon 0,5 %
  • Timolol® Sandoz 0,10 %
  • Timolol® Sandoz 0,25 %
  • Timolol® Sandoz 0,50 %
  • Timoptol® 0,25 %
  • Timoptol® 0,5 %
  • Timoptol® LP 0,25 %
  • Timoptol® LP 0,5 %
  • Travatan® 40 μg/ml
  • Travoprost® Arrow
  • Travoprost® BGR
  • Travoprost® Biogaran
  • Travoprost® Cristers
  • Travoprost® EG
  • Travoprost® Sandoz
  • Travoprost® Teva
  • Travoprost® Zentiva
  • Travoprost®/Timolol® Biogaran
  • Travoprost®/Timolol® Cristers
  • Travoprost®/Timolol® Mylan
  • Trusopt®
  • Vizilatan®
  • Vizitrav®
  • Xalacom®
  • Xalatan® 0,005 %
fournit une liste de spécialités pharmaceutiques pouvant être prescrites comme hypotonisants oculaires.
Combinaisons fixes – règles d'or
  • Les combinaisons fixes sont à privilégier en cas de bi- ou trithérapies.
  • Elles sont mieux tolérées que l'instillation séparées des mêmes molécules.
  • Elles améliorent l'observance et limitent l'instillation de conservateurs.
  • La majorité des associations fixes contiennent du timolol et une contre-indication aux bêta-bloquants doit être recherchée avant de les prescrire.
Hypotonisants oculaires – règles d'or
  • La prescription d'un médicament hypotonisant doit être réalisée après un bilan incluant notamment pachymétrie et gonioscopie. Il doit être individualisé.
  • Le seul traitement qui permette l'ouverture de l'angle iridocornéen est la pilocarpine qui peut être prescrite en attente de la réalisation d'un geste chirurgical ou par laser.
  • Il faut débuter un traitement hypotonisant par une monothérapie. Dans de rares cas (glaucome avancé, PIO de départ très élevée), une combinaison thérapeutique peut être débutée.
  • Il ne faut pas penser que plus on additionne, plus on est efficace; c'est souvent le contraire. Il ne faut donc pas, en cas de progression du glaucome malgré un traitement toléré, ajouter inconsidérément un médicament à un autre, car il existe d'autres options thérapeutiques (laser, chirurgie).
  • L'addition au long cours de collyres, notamment avec conservateurs, est nocive pour la conjonctive et la cornée, et peut pénaliser une chirurgie ultérieure en majorant le risque d'échec en raison d'une mauvaise cicatrisation postopératoire.
  • La quasi-totalité des associations fixes contiennent un bêta-bloquant et les contre-indications (notamment cardiovasculaire et pulmonaire) à cette classe thérapeutique doivent être documentées.
  • Lorsqu'un médicament n'est pas efficace, il n'est pas recommandé de le changer pour un autre de la même classe thérapeutique.
  • En cas d'association de traitement, il ne faut pas associer des molécules de la même classe thérapeutique, mais préférer des combinaisons de molécules dont le mécanisme d'action est différent.
  • Lorsqu'un médicament n'est pas efficace sur la PIO, il faut refaire un bilan incluant une gonioscopie (et une pachymétrie) avant de changer de médicament ou d'en ajouter un autre.
  • Le pourcentage de réduction de la PIO n'est pas un critère unique d'efficacité, ce d'autant qu'il existe des variations nycthémérales de la PIO. On se fonde davantage sur l'évolution de la perte en fibres ou du champ visuel.
Effets systémiques dangereux de certains collyres
Les médicaments oculaires, appliqués localement, peuvent avoir des effets systémiques. Ils sont absorbés en direction de la circulation systémique au niveau du sac conjonctival, puis à travers la muqueuse nasale après drainage lacrymal, ou, après avoir été avalés, au-delà du pharynx jusqu'au tractus gastro-intestinal. De plus, l'application topique contourne l'inactivation métabolique hépatique (effet de premier passage). Ces médicaments peuvent alors exercer le même effet que si le médicament avait été administré par voie injectable. Ainsi, une goutte de solution à 1,0 % contient 0,5 mg de médicament, de sorte qu'un collyre appliqué localement peut dépasser la dose toxique utilisée par voie systémique. Le tableau suivant résume certains des effets systémiques les plus importants. tableau 18-1
Médicament oculaireCirconstance cliniqueEffets indésirables systémiques
Bêta-bloquantsTraitement du glaucome à angle ouvert Abaissement du rythme cardiaque, collapsus cardiovasculaire, bronchospasme, troubles psychiatriques
BrimonidineTraitement du glaucome à angle ouvert Bouche sèche, dépression du système nerveux central : fatigue, léthargie
PilocarpineTraitement du glaucome à angle fermé Nausées aiguës, vomissements, transpiration, tremblements, bradycardie
CyclopentolateRéfraction cycloplégiqueComportement hallucinatoire
ChloramphénicolInfections oculairesAplasie médullaire potentiellement mortelle, anémie
Le respect des conduites à tenir suivantes peut réduire l'absorption systémique des collyres et réduire le risque d'effets indésirables :
  • conseiller aux patients de conserver tous les médicaments hors de portée des enfants. Vingt gouttes d'atropine à 1 % peuvent être mortelles en cas d'ingestion par un enfant ;
  • utiliser la concentration et le dosage les plus faibles possibles, compatibles avec l'objectif clinique ;
  • confirmer la posologie des médicaments peu prescrits avant de rédiger l'ordonnance ;
  • consulter le médecin traitant des patients pouvant présenter une contre-indication cardio- ou pneumologique ;
  • apprendre à reconnaître les effets indésirables des médicaments et rester vigilant ;
  • envisager l'utilisation de l'occlusion nasolacrymale manuelle ou une fermeture douce des paupières, en particulier chez les patients à haut risque de complications systémiques ;
  • s'enquérir de tout risque à l'égard d'une femme en âge de procréer en lui présentant le risque potentiel d'une prescription, même ophtalmologique, à l'égard d'un embryon, d'un fœtus ou d'un enfant allaité.
Bibliographie
Les références peuvent être consultées en ligne à l'adresse suivante : http://www.em-consulte.com/e-complement/477020 .
Bibliographie
Shaarawy et al., 2009
Shaarawy T, Sherwood M, Hitchings, et al. Glaucoma textbook medical diagnosis and therapy. Saunders Elsevier ; 2009.
Terminology and guidelines, 2020
Terminology and guidelines for Glaucoma European Glaucoma Society. 5 ed. Dogma 2020 http://www.eugs.org .
Weinreb et al., 2010
Weinreb R, Araie M, Susana R et al. Medical treatment of glaucoma. World glaucoma Association Consensus Series 7 Kugler Eds 2010.
Pour l’utilisation des hypotonisants lors de la grossesse, o
Pour l'utilisation des hypotonisants lors de la grossesse, on se référera au site : centre de références des agents tératogènes (CRAT) : https://lecrat.fr/spip.php?page=article&id_article=795 .