Retour
Chapitre 28
Dispositifs médicaux en lacrymologie

J. Landman-Vu, B. Fayet , E. Racy

Ce chapitre être consulté en ligne à l'adresse suivante : http://www.em-consulte.com/e-complement/477020 .
Dispositifs médicaux en lacrymologie
J. Landman-Vu, B. Fayet, E. Racy
Conformateurs méatiques
Description des dispositifs
Occlusions spontanément réversibles
Celles-ci se présentent sous la forme de bâtonnets de collagène résorbables de forme cylindrique. Ils mesurent 2 ou 3 mm de long et sont donc plus grands que la portion verticale du canalicule. Plusieurs diamètres sont disponibles : 0,2, 0,3 ou 0,4 mm (Eagle Vision, FCI, Lacrimedics). Ils sont destinés au canalicule horizontal dans lequel on les place à l'aide d'une pince, sans dilatation ni anesthésie locale préalables. L'hydratation du collagène va augmenter progressivement son volume, dans l'espoir de provoquer ainsi l'occlusion canaliculaire. La résorption progressive du bâtonnet diminuera son diamètre jusqu'à disparition ou expulsion. In situ, il n'est pas possible d'affirmer leur présence, leur position exacte ainsi que le degré d'occlusion canaliculaire obtenu. Une migration jusqu'au sac lacrymal est possible.
Bouchons lacrymaux à collerette
Obturateurs méatiques
Le Punctum Plug® [1] (Eagle Vision) réalise une occlusion réversible mais prolongée, d'efficacité constante. Sa mise en place requiert un pose-clou-dilatateur (fig. 28-1
Fig. 28-1
Bouchon Painless® et pose-clou-dilatateur.
). Sa forme est celle d'un as de pique inversé, associant une collerette, un col et un bulbe. Sa collerette coiffe le punctum lacrymal, son diamètre plus important s'opposant à son auto-enfouissement intracanaliculaire. Une fois le bouchon en place, elle seule est visible et témoigne de sa présence. Certains modèles présentent une angulation de la collerette permettant d'améliorer son adaptation le long de la marge palpébrale ; la partie la plus déclive doit être dirigée vers l'œil. Le col est de forme cylindrique et sera, une fois posé, entouré de l'anneau méatique. Le bulbe, enfin, présente une forme de cône sectionné à grande base supérieure, sur laquelle s'implante le col. La lumière du plug n'est pas débouchante.
Plug d'Herrick®
Le Plug d'Herrick® (Lacrimedics, FCI) décrit la forme d'un tee de golf. Ses dimensions sont de 2,5 mm de long pour 0,3 mm de large, son ombrelle étant de 0,7 mm de large. Sa lumière est non débouchante. Livré sur un mandrin d'insertion, ce « parapluie » peut être engagé sans dilatation ni anesthésie, y compris pour des méats très étroits. Placé dans la portion horizontale du canalicule, on ne peut pas s'assurer de sa bonne pose, ni de sa persistance. Il est possible que le péristaltisme canaliculaire le fasse migrer au voisinage du canal d'union. Bien que destiné à ne pas être retiré, son concepteur le considère néanmoins comme réversible, le lavage à la canule étant susceptible de l'expulser vers le sac lacrymal, puis les fosses nasales. Il ne l'emploie par ailleurs qu'après un test d'occlusion réversible positif (bâtonnet de collagène).
Prothèse de Roth
Dérivée du bouchon de Freeman, la prothèse de Roth possède une lumière centrale débouchante L'hypothèse émise est une action de freinage du drainage lacrymal, indiqué dans les syndromes secs dits « modérés » et chez les porteurs de lentilles. J.-A. Bernard a élargi cette prothèse et l'a indiquée dans les atrésies du punctum lacrymal.
Bonnes pratiques
Le but recherché dans l'obturation lacrymale est la rétention mécanique du film lacrymal afin de diminuer son osmolalité, facteur impliqué dans la pathogénie des syndromes secs oculaires par réduction de la sécrétion aqueuse. L'occlusion temporaire et réversible constituerait une bonne sélection préopératoire à l'occlusion chirurgicale de Beethman, a priori irréversible.
Il existe peu de littérature publiée sur l'efficacité de ces dispositifs, rendant difficile l'établissement d'un guide de bonnes pratiques. Les publications sont difficiles à comparer entre elles pour deux raisons. La première est la difficulté de quantifier précisément la sécheresse oculaire. En effet, le diagnostic s'appuie sur le test de Schirmer, test de la sécrétion lacrymale globale (basale et réflexe) dont l'intérêt clinique reste discuté du fait d'une sensibilité médiocre (25 à 83 % selon les auteurs) et d'un manque de reproductibilité. On peut également mentionner le test au rouge phénol, à la disponibilité aléatoire. La deuxième raison est l'absence d'uniformité des essais cliniques. La plupart réalisent des occlusions d'un seul canalicule par côté. Pourtant, plusieurs études concluent à la nécessité d'obturer les deux méats homolatéraux pour obtenir une rétention lacrymale, mesurée au test de Schirmer, à la scintigraphie lacrymale ou sur le ressenti patient [2-3-4-5]. Ainsi, lorsque la sécrétion lacrymale est notablement diminuée, le canalicule « libre » prend probablement en charge à lui seul la totalité du drainage et entraîne un échec apparent de la méthode, échec que l'on pourrait qualifier de faux négatif. À l'opposé, en cas de succès d'une méthode d'obturation, comment affirmer sans restriction que celui-ci est bien lié à l'occlusion d'un seul punctum si l'autre est resté perméable ? L'effet placebo ne peut être écarté. L'occlusion des deux canalicules d'un même côté semble donc indiquée. L'œil adelphe sera le témoin le plus objectif possible, puisqu'il sera soumis aux mêmes variations environnementales (hygrométrie, température, pollution, etc.) [2].
Les mesures physiques de la hauteur du ménisque lacrymal sont en apparence plus cartésiennes, mais se heurtent aux précautions précédentes.
Indications
L'indication d'une obturation lacrymale est le traitement symptomatique des syndromes secs oculaires par réduction de la sécrétion lacrymale. Il est raisonnable de proposer les bouchons lacrymaux aux patients présentant des signes fonctionnels de sécheresse lacrymale évoluant depuis plus d'un an, avec efficacité partielle du traitement symptomatique et au moins 2 mois de traitement substitutif non conservé, associé à une disparition des rivières lacrymales. La kératoconjonctivite filamenteuse demeure la meilleure indication, avec un taux d'efficacité avoisinant les 95 % [ 3] si les deux canalicules du même côté sont implantés dans le même temps.
Contre-indications
Il est raisonnable d'éliminer :
  • les syndromes sec oculaires avec pathologie muqueuse type pemphigoïde ou lipidique (rosacée, insuffisance meibomienne) ;
  • les symptomatologies de sécheresse oculaire avec un examen ophtalmologique normal. L'étude de la rivière lacrymale et de la coloration cornéoconjonctivale par le test au rose Bengale-vert lissamine peut se révéler utile ;
  • l'imperméabilité des voies lacrymales d'excrétion ;
  • les patients totalement soulagés par les instillations de collyres substitutifs ou de sérum physiologique ;
  • l'anesthésie cornéenne.
Efficacité clinique
Occlusions spontanément réversibles
À ce jour, peu d'études cliniques ont étudié ce sujet.
  • Unterman et al. [ 5] ont placé dans les deux canalicules du même côté des bâtonnets de collagène de diamètre 0,4 mm chez des volontaires sains. Vingt-quatre heures plus tard, un test à la fluorescéine à 2 % précisait l'élimination par des mesures de fluorométrie ( Scanning ocular fluorophotometer ). Neuf mesures étaient réalisées en 90 minutes. Ils constatèrent une différence significative, dans les 20 premières minutes uniquement, entre le côté obturé et le côté témoin.
  • Unterman et al. [ 5] ont placé dans les deux canalicules du même côté de volontaires sains des bâtonnets de collagène de diamètre 0,2 mm. L'occlusion obtenue ne permettait pas une différence significative avec le côté non obturé.
  • Glatt [6] rapportait deux cas d'occlusion avec des bâtonnets de 0,4 mm placés dans les quatre méats et n'entraînant pas d'épiphora après deux tests successifs. L'occlusion chirurgicale, réalisée à partir de ce test positif, se compliqua de larmoiement permanent dans les deux cas.
  • Fayet et al. [ 2] ont comparé l'efficacité des bâtonnets et les bouchons méatiques en obstruant les deux méats du même côté et en simulant une dilatation et une pose de l'autre côté (côté contrôle aveugle pour le patient). Une différence significative était retrouvée concernant le test au rose Bengale et sur les symptômes subjectifs pour le groupe bouchons méatiques, mais pas pour les bâtonnets.
Bouchons lacrymaux à collerette
Obturateurs méatiques
Une première hypothèse est la stimulation de la sécrétion aqueuse réflexe par l'irritation conjonctivale induite par la collerette des bouchons. De plus, les bouchons réalisent une occlusion mécanique du punctum lacrymal supprimant l'excrétion canaliculaire. Plusieurs arguments cliniques sont en faveur de cette réalité :
  • l'amélioration du test de Schirmer et du test au rose Bengale, avant et après occlusion, est d'autant plus significative que l'occlusion est complète [2]. Ce test douloureux tombe quelque peu en désuétude;
  • l'osmolalité des larmes diminue significativement du côté obturé par rapport au côté non obturé chez un même patient.
Willis et al. [7] ont étudié 18 patients implantés dans les 4 punctum d'emblée (Punctum Plug Big Size®, Eagle Vision), ne permettant malheureusement pas de comparer à un côté témoin; 11 patients sur 14 (79 %) eurent une diminution de la symptomatologie et purent nettement réduire la fréquence d'instillation des larmes artificielles. Aucun ne put s'en dispenser. Willis et al. constataient chez les patients améliorés fonctionnellement un meilleur résultat au test de Schirmer de 5 mm au moins (moyenne 8 mm pour 13 patients). L'amélioration clinique n'était pas confirmée par l'analyse des empreintes conjonctivales contrôlées après 8 semaines d'occlusion. Fayet et al. [8] rapportaient 6 cas de kératite filamenteuse rebelle au traitement symptomatique classique ayant été traités par 2 bouchons lacrymaux du même côté avec succès immédiat. C'est dans cette entité clinique que le résultat des bouchons lacrymaux est le plus spectaculaire. Fayet et al. [2] rapportaient les résultats d'une cohorte de 35 patients chez qui les bouchons lacrymaux avaient été placés d'un seul côté. L'autre servait de témoin. Il s'agissait d'une étude ouverte où seul le patient ignorait la réalité du traitement. L'amélioration subjective fut significativement meilleure après occlusion des deux méats du même côté (77 %) que pour l'autre (17 %) resté sans occlusion (côté placebo). Cette différence significative se retrouvait également pour le test au rose Bengale et pour le test de Schirmer.
Plug d'Herrick®
Le degré d'obstruction de la lumière canaliculaire n'est pas appréciable, rendant les résultats obtenus difficilement interprétables.
Prothèse de Roth
Nous n'avons pas d'expérience de cette prothèse non distribuée en France.
Limites et complications
Occlusions spontanément réversibles
La principale limite formulée est l'invisibilité du dispositif, les résultats obtenus étant ininterprétables. Il n'est pas possible de connaître la position exacte du dispositif et son pourcentage d'hydratation au cours du temps. La vitesse de dissolution in vivo est mal connue; la qualité du test d'occlusion est difficile à juger et le pas d'une occlusion chirurgicale définitive compliqué à franchir.
Bouchons lacrymaux à collerette
Obturateurs méatiques
Complications à la pose
On rapporte un taux de rupture méatique au moment de la dilatation de 1 %. Il s'agit d'une complication spécifique de la dilatation qui compromet la contention et donc la stabilité de la prothèse. Il convient donc de faire preuve d'une très grande prudence lors de la réalisation de ce geste qui doit être progressif et comporter de multiples essais d'insertion de bouchon à mesure que la dilatation avance. La migration intracanaliculaire de la prothèse se produira au moment de l'insertion si le geste est trop « volontaire» ou le bouchon choisi trop petit. Il convient de récupérer la prothèse d'emblée, empêchant ainsi une éventuelle surinfection du canalicule voire l'obstruction du canal lacrymonasal pouvant mener à la formation d'une mucocèle pouvant elle aussi se surinfecter.
Complications fonctionnelles
Celles-ci sont dominées par l'irritation de surface et la sensation de corps étranger. On rapporte dans la littérature un prurit de l'angle interne chez 13 % des patients [ 9] ainsi qu'un épiphora chez 22 % d'entre eux.
Complications anatomiques
Comme évoqué plus haut, la migration et surtout l'expulsion du bouchon sont classiques. En effet, l'épithélium hyperplasique tend à combler les vides en se moulant à la prothèse, qu'elle tend à expulser (fig. 28-2
Fig. 28-2
Début d'extrusion d'un bouchon lacrymal.
Noter le mur canaliculaire postérieur perforé par l'arrête du bulbe.
). On relève dans la littérature 20 % de sténoses canaliculaires acquises. Celles-ci reflètent un conflit mécanique entre le bouchon méatique et la muqueuse canaliculaire. Le retentissement histologique d'un bouchon lacrymal a été étudié dans un canalicule perméable, devant être réséqué par sécurité carcinologique. L'empreinte de la prothèse est nettement visible avec un amincissement de la muqueuse canaliculaire en regard de la plus grande arrête du bulbe. Il est logique d'imaginer que la compression exercée par le bouchon puisse être plus importante, entraînant l'accentuation de l'amincissement jusqu'à une ulcération, elle-même menant à une cicatrisation canaliculaire fibreuse (sténose), même sur un bouchon bien toléré « extérieurement». Ces sténoses canaliculaires semblent durables, bien que quelques cas de sténoses réversibles aient été signalés. Cette complication iatrogène, qui n'est pas l'apanage d'une famille de bouchons, ne remet pas en question l'intérêt de la méthode comme thérapeutique. Cet obstacle acquis réalise l'équivalent d'une occlusion chirurgicale que le bouchon permet d'éviter d'emblée.
Autres complications
On peut citer les érosions cornéennes, concernant moins de 1 % des patients implantés. Les canalicules infectieux représentent 1,3 % des patients, sans que l'on puisse déterminer si l' Actinomyces israelli s'y est greffé ou s'il préexistait au bouchon [ 10].
Plug d'Herrick®
Dans sa maquette publicitaire (Lacrimedics, Inc. Rialto), Herrick rapporte un taux de complications de 9/3000 (0,003 %), nécessitant l'ablation de sa prothèse (infection, dacryocystite). Sept « T» ont été retirés par lavage à la canule et deux ont imposé une ouverture chirurgicale du canalicule.
Prothèse de Roth
Cette prothèse n'est à ce jour pas distribuée en France. Notre expérience ne vérifie pas l'hypothèse formulée par Roth, car sa lumière s'obture par des sécrétions et une hyperplasie épithéliale réactionnelle.
Intubations
Introduction
Le principe de l'intubation lacrymale est la mise en place d'une sonde au sein de la lumière des voies lacrymales excrétrices. L'objectif commun à toutes les sondes d'intubation est la prévention ou le traitement de synéchies au sein de la muqueuse lacrymale. L'intubation peut ainsi éviter les conséquences d'une lésion ponctuelle (brûlure, sténose congénitale, infection). Elle ne traite pas l'inflammation chronique (rosacée, allergie). En traumatologie, l'intubation accompagne la réparation palpébrale sans s'y substituer : un alignement des méats lacrymaux et l'absence de diastasis entre l'œil et la paupière sont essentiels dans la prévention d'un larmoiement postchirurgical.
La sonde doit être raisonnablement large pour jouer son rôle de stent sans occlure anatomiquement les canalicules. Celle-ci doit être suffisamment souple pour rester compatible avec les mouvements palpébraux ; un diamètre externe de 0,64 mm et une faible voilure semblent être un bon compromis [ 11].
Intubation bi-canaliculonasale
Indications
Il convient de rappeler que l'intubation dans le cadre d'un larmoiement est inutile lorsque l'exploration instrumentale est normale. Qui pouvant le plus pouvant le moins, l'intubation bi-canaliculonasale (IBCN) est universelle, mais souvent excessive. L'apport de l'IBCN lors d'une dacryocystorhinostomie (DCR) dépourvue de toute pathologie canaliculaire n'est pas démontré. En comparant le diamètre de la sonde (0,64 mm) avec les dimensions d'un sac lacrymal (10 mm × 20 mm), on imagine peu comment la sonde pourrait maintenir béant un sac 20 fois plus grand.
Technique de pose
La sonde Bika® est constituée par un fil de silicone dont chacune des extrémités est prolongée par un guide de pose. Il s'agit soit d'un mandrin métallique, soit d'un fil de Prolène® (fig. 28-3
Fig. 28-3
Sonde bi-canaliculonasale Nunchalu® de Kurihashi.
). Les voies lacrymales sont cathétérisées du punctum lacrymal jusqu'à la valve lacrymonasale, le guide de pose entrant alors en contact avec le plancher des fosses nasales. La récupération peut se faire soit sous guidage endoscopique, soit « à l'aveugle » (obtention du « contact métallique » à l'aide d'une sonde de Bowman puis récupération à la pince). La sonde est arrêtée par des nœuds ou par une suture. La boucle interpalpébrale est la partie visible de l'IBCN. Elle décrit un arc de cercle harmonieux convexe en dehors (fig. 28-4
Fig. 28-4
Boucle interpalpébrale décrite par une sonde Bi-ka®.
).
Complications
Le cathétérisme des voies lacrymales peut se compliquer d'une fausse route et d'un trajet sous-muqueux. Dans ces cas, la réaction à corps étranger ne guérira pas, même avec une corticothérapie locale. On peut également mentionner les traumatismes de la muqueuse nasale lors de la récupération du guide, pouvant entraîner un saignement peropératoire ainsi que des synéchies cicatricielles à distance du geste. En postopératoire, les effets indésirables (opacification de la sonde, coloration de celle-ci, rétrécissement réversible de la fente palpébrale, prurit, gêne nasale) n'altèrent pas le pronostic fonctionnel. Ils n'imposent pas l'ablation prématurée du matériel. À l'inverse, les complications (granulome pyogénique, canaliculite sur matériel, érosion cornéenne, stricturotomie) imposent l'ablation du matériel pouvant être responsable d'un échec de la procédure. La stricturotomie et l'extériorisation de la Bika® surviennent majoritairement dans les quatre premiers mois d'intubation (tableau 28-1
Tableau 28-1
Résultats et complications de l'intubation bi-canaliculonasale et mono-canaliculonasale dans l'imperforation lacrymonasale du nourrisson.
Monoka® (moyenne collerette)
( n = 249)
Bika®
(n = 302)
Âge (en mois)49,2 ± 29,2 81,98 ± 82,49
Durée d'intubation (en mois)3,8 ± 6,0 6,91 ± 8,23
Recul (en mois)13,1 ± 23,8 15,54 ± 25,0
Sans complication21586,3 % 24280,1 %
Complications3413,7 % 6019,9 %
Bourgeon charnu télangiectasique20,8 % 00,0 %
Canaliculite00,0 % 00,0 %
Érosion cornéenne31,2 % 00,0 %
Enfouissement52,0 % 00,0 %
Extériorisation41,6 % 5417,9 %
Disparition208,0 % 10,3 %
Rupture du méat20,8 % 00,0 %
Mucocèle secondaire00,0 % 10,3 %
Stricturotomie00,0 % 41,3 %
RésultatsSuccès21184,7 % 23778,5 %
Échec2610,4 % 3110,3 %
Inconnu124,8 % 247,9 %
).
Sondes à fixation méatique autostable
Ces sondes associent toutes une tête de fixation à une tige de silicone. La tête de fixation assure une fixation méatique autostable plus rapide et plus simple que la contention par sutures. Toutes ces sondes à fixation méatique autostables (SFMA) sont des déclinaisons du modèle original de 1989 (FCI).
Indications
Les SFMA agissent uniquement comme un stent, pour prévenir les synéchies au sein de la muqueuse lacrymale. Elles n'ont pas d'action sur une éventuelle anomalie caronculolunaire ou une malposition des points lacrymaux. Concernant les imperforations lacrymonasales du nourrisson, les résultats sont comparables à ceux obtenus avec une sonde Bika® ; le choix dépend donc de la préférence de l'opérateur (voir tableau 28-1
Tableau 28-1
Résultats et complications de l'intubation bi-canaliculonasale et mono-canaliculonasale dans l'imperforation lacrymonasale du nourrisson.
Monoka® (moyenne collerette)
( n = 249)
Bika®
(n = 302)
Âge (en mois)49,2 ± 29,2 81,98 ± 82,49
Durée d'intubation (en mois)3,8 ± 6,0 6,91 ± 8,23
Recul (en mois)13,1 ± 23,8 15,54 ± 25,0
Sans complication21586,3 % 24280,1 %
Complications3413,7 % 6019,9 %
Bourgeon charnu télangiectasique20,8 % 00,0 %
Canaliculite00,0 % 00,0 %
Érosion cornéenne31,2 % 00,0 %
Enfouissement52,0 % 00,0 %
Extériorisation41,6 % 5417,9 %
Disparition208,0 % 10,3 %
Rupture du méat20,8 % 00,0 %
Mucocèle secondaire00,0 % 10,3 %
Stricturotomie00,0 % 41,3 %
RésultatsSuccès21184,7 % 23778,5 %
Échec2610,4 % 3110,3 %
Inconnu124,8 % 247,9 %
). Les SFMA sont également employées dans les agénésies mono-canaliculonasales ainsi qu'en traumatologie canaliculaire (mini-Monoka® et Lacrijet® courte).
Technique de pose
Deux principes sont communs à toutes les SFMA : une tige de silicone et une tête de fixation (TDF) assurant la contention de la sonde lorsqu'elle est insérée dans le canalicule vertical. La sonde de silicone est fixée sur le bulbe avec un angle de 90° (fig. 28-5
Fig. 28-5
Sonde à fixation méatique autostable.
Noter la fixation sur la tête de fixation à angle droit de la tige de silicone.
). On peut catégoriser les SFMA en fonction de la technique de pose. Dans l'intubation tirée, le guide de pose (GDP) se récupère dans le nez à la manière d'une sonde Bika® classique. Dans l'intubation poussée, le GDP est soit à l'intérieur du silicone comme un cathéter vasculaire (fig. 28-6
Fig. 28-6
Masterka® et GDP® à l'intérieur du silicone.
), soit à l'extérieur dans les sondes préchargées (Lacrijet®). Dans tous les cas, la mise en place de la TDF se fait au moyen d'un pose-clou dilatateur, identique à la mise en place d'un bouchon lacrymal. La collerette doit être plaquée contre la marge palpébrale. Il est fondamental que le moins de contraintes mécaniques possibles s'exerce sur la TDF. Il ne faut jamais comprimer la sonde au sein du canalicule, engager la TDF par traction de la portion nasale, suturer la Monoka® dans la fosse nasale, ni ajouter un manchon. Les SFMA sont bien tolérées initialement, mais leur stabilité diminue au cours du temps, n'assurant plus les conditions optimales de sécurité. Elles ne conviennent donc qu'à de courtes durées d'intubation, 2 à 3 mois.
Contre-indications
On exclura les atteintes du méat lacrymal, ne permettant pas la contention de la sonde (stricturotomie, punctotomie). L'entropion et l'anesthésie cornéenne, du fait du risque de contact entre la cornée et la TDF, sont à proscrire. Concernant les sondes poussées, il faut s'assurer de l'absence de trajet sous-muqueux. La recherche du contact métallique est fiable si la sonde est franchement libre dans le méat nasal inférieur. Enfin, les SFMA ne sont pas indiquées dans le traitement des sténoses complexes.
Complications
La principale complication est l'extériorisation de la sonde, méconnue ou non. Il existe un parallèle très étroit entre ce pourcentage et l'absence de respect des précautions et contre-indications. On admet que les SFMA présentent les mêmes complications que les bouchons lacrymaux, associées aux complications des sondes Bika®. La tête de fixation rend imperméable le canalicule cathétérisé sans que cela soit symptomatique dans la majorité des cas, un canalicule étant laissé libre. On comprend donc qu'un larmoiement surviendrait en cas de placement simultané de deux SFMA du même côté, ce qui n'est pas souhaitable, une sonde Bika® étant indiquée dans ce cas de figure. Comme les sondes Bika®, les complications postopératoires à noter sont l'opacification de la sonde, l'érosion cornéenne, le prurit, l'extériorisation de la sonde, sa migration canaliculaire, le développement d'un bouchon charnu télangiectasique. Il est à noter que les SFMA ne se compliquent jamais de stricturotomie. Une rétention intralacrymale d'une partie est anecdotique.
Autres types d'intubation
Ballonnet Ophtacath® (FCI)
Destinée au traitement des sténoses partielles du canal lacrymonasal de l'adulte, la dacryoplastie au ballonnet peut associer ou non une intubation lacrymonasale. La comparaison de la procédure avec ou sans intubation mériterait d'être conduite [12].
Intubation autostable de Bigé
Il s'agit d'une intubation bicanaliculaire, poussée, indiquée dans les cas d'atrésie du point lacrymal. Son extériorisation est fréquente.
Intubation Nunchaku
Il s'agit d'une IBCN poussée, dont les indications restent les mêmes que la sonde Bika® traditionnelle. Le risque de trajet sous-muqueux reste un frein à sa généralisation.
Intubation Lacri-Pearl®
Il s'agit d'une IBCN dont la conception est destinée à faciliter sa récupération nasale à l'aveugle.
Intubation spéciale dacryocystorhinostomie (DCR)
On signale les sondes à intubation spécifiquement pensées pour les DCR de l'adulte : diamètre plus important (0,96 mm), partie étroite se positionnant dans les canalicules avec deux renflements au niveau du sac (Bika® différentielle), conformateur à sac lacrymal. Ces sondes restent assez confidentielles.
Bibliographie
[1]
Freeman JM. The punctum plug : evaluation of a new treatment for the dry eye. Trans Sect Ophthalmol Am Acad Ophthalmol Otolaryngol 1975 ; 79(6) : OP874-9.
[2]
Fayet B, Bernard JA, Ammar J et al. Treatment of dry eye by temporary punctum plug. Comparison with a control group. J Fr Ophtalmol 1990 ; 13(3) : 123-33.
[3]
Dohlman CH. Punctal occlusion in keratoconjunctivitis sicca. Ophthalmology 1978 ; 85(12) : 1277-81.
[4]
Adams AD. Silicone plug for punctal occlusion. Trans Ophthalmol Soc U K 1978 ; 98(4) : 499.
[5]
Unterman SR, Reidy JJ, Hill JH et al. Effect of intracanalicular collagen implants on the absorption of topically applied sodium fluorescein. Cornea 1991 ; 10(6) : 516-8.
[6]
Glatt HJ. Failure of collagen plugs to predict epiphora after permanent punctal occlusion. Ophthalmic Surg 1992 ; 23(4) : 292-3.
[7]
Willis RM, Folberg R, Krachmer JH et al. The treatment of aqueous-deficient dry eye with removable punctal plugs. A clinical and impression-cytologic study. Ophthalmology 1987 ; 94(5) : 514-8.
[8]
Fayet B, Bernard JA, Louka B et al. Symptomatic treatment of filamentary keratitis by reversible occlusion of the lacrimal meatus. Bull Soc Ophtalmol Fr 1989 ; 89(8-9) : 939-42, 45-7.
[9]
Fayet B, Benabderrazik S, Bernard JA et al. Canalicular stenoses complicating the insertion of lacrimal plugs ; Incidence and mecanisms. J Fr Ophtalmol 1992 ; 15(1) : 25-33.
[10]
Landman-Vu J, Fayet B, Racy E et al. Primary lacrimal canaliculitis with clinically detected concretions : one-snip punctoplasty with lateral canaliculotomy vs. punctum sparing canalicular curettage. J Fr Ophtalmol 2021 ; 44(6) : 855-62.
[11]
Fayet B, Racy E, Rubam JM et al. Pushed monocanalicular intubation. Pitfalls, deleterious side effects, and complications. J Fr Ophtalmol 2011 ; 34(9) : 597-607.
[12]
Poignet B, Sultanik P, Beaujeux P et al. Primary balloon dacryoplasty for nasolacrimal obstruction in adults : a systematic review. Orbit 2021 ; 40(6) : 455-60.