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Chapitre 3
Mycologie appliquée aux infections oculaires (hors méthodes diagnostiques)

M. Sabou

Introduction
Généralités
Les champignons sont des eucaryotes constituant le règne fongique. À de rares exceptions près, leur membrane cellulaire contient de l'ergostérol, dont la synthèse est inhibée par certains antifongiques (ATF). La cellule fongique comprend également une paroi entourant la membrane plasmique, constituée principalement de polysaccharides et de chitine [ 1 , 2]. Les champignons sont ubiquitaires et ils peuvent être cosmopolites ou endémiques. La grande majorité sont des saprophytes et des opportunistes. Les levures peuvent être des commensaux de la peau et des muqueuses, ce qui n'est pas le cas pour les moisissures [ 1 , 2].
Classification des champignons
Les champignons sont capables de se reproduire de façon sexuée et asexuée. Le mode de reproduction sexué n'a pas (encore) été mis en évidence pour tous les champignons, mais c'est l'élément sur lequel est fondée la classification linnéenne [ 2 , 3]. Les trois grandes divisions taxonomiques fongiques sont les zygomycètes, les ascomycètes et les basidiomycètes (tableau 3-1
Tableau 3-1
Classification linnéenne du règne fongique . Exemples de champignons cités dans la littérature comme agents pathogènes responsables d'infections oculaires fongiques (d'après [2, 3]).
PhylumGenre fongiqueCommentaires
MésomycétozoairesRhinosporidium seeberiTraitement chirurgical et/ou antibiotique
OomycètesPythium insidiosumTraitement antibiotique
Ne contient pas d'ergostérol ou de chitine
ZygomycètesApophysomycesFilaments non septés ou pauciseptés
Conidiobolus
Cunninghamella
Lichtheimia
Mucor
Rhizomucor
Rhizopus
Saksenaea
AscomycètesMicrosporidies
(Vittaforma corneae)
Traitement antibiotique ou antiparasitaire
Membrane contenant du cholestérol
Non cultivables
Antifongigramme non réalisable
Pneumocystis jirovecii
AcremoniumFilaments « transparents», non pigmentés
Aspergillus
Beauveria
Candida
Metarhizium
Paecilomyces
Penicillium
Purpureocillium
Sarocladium
Scedosporium
AlternariaFilaments mélanisés ± spores mélanisées
Bipolaris
Colletotrichum
Curvularia
Exserohilum
Fonsecaea
Lomentospora
Neoscytalidium
Periconia
Pithomyces
BlastomycesManipulation en laboratoire niveau P3
Restreints à certains continents/régions
Coccidioides
Histoplasma
Paracoccidioides
Sporothrix
Talaromyces
EpidermophytonKératinophiles
Microsporum
Nannizzia
Trichophyton
BasidiomycètesCryptococcusRésistance naturelle aux échinocandines
Hormographiella
Malassezia
Rhodotorula
Schyzophyllum
Tilletiopsis
Trichosporon
Tritirachium
).
  • Les zygomycètes sont des champignons filamenteux appelés « inférieurs», caractérisés par des filaments mycéliens non septés ou pauciseptés. Basidiobolus et Conidiobolus sont des Entomophthorales, alors que les autres genres sont groupés dans les Mucorales.
  • Le phylum des ascomycètes est d'une grande diversité et comprend la majorité des pathogènes humains, comme Candida , Aspergillus , Fusarium , Curvularia , Histoplasma , Pneumocystis ou Microsporum .
  • Les basidiomycètes sont des agents responsables de mycoses moins fréquents; ils sont représentés par Cryptococcus , Hormographiella ou Malassezia et ils ont en commun une résistance naturelle aux échinocandines [1- 2- 3- 4]. Souvent groupés dans le règne fongique sont les pseudo-champignons Rhinosporidium seeberi et Pythium insidiosum [ 1].
La classification linnéenne est peu employée en pratique médicale ; elle est surtout utilisée par les mycologues dans l'étude de la phylogénie et de la taxonomie. Pour simplifier, les champignons vrais sont classés en fonction de leur morphologie macro- et microscopique et de leurs tropismes. Ainsi, sont décrits (tableau 3-2
Tableau 3-2
Classification morphologique des champignons (d'après [1–3]).
Champignons atypiquesLevuresChampignons inférieurs (non septés)Moisissures hyalinesMoisissures dématiéesDermatophytesDimorphiques
Microsporidies
Pneumocystis
Candida
Cryptococcus
Exophiala
Malassezia
Rhodotorula
Trichosporon
Apophysomyces
Cunninghamella
Lichtheimia
Mucor
Rhizomucor
Rhizopus
Saksenaea
Syncephallastrum
Basidiobolus
Conidiobolus
Acremonium
Aspergillus
Beauveria
Fusarium
Hormographiella
Metarhizium
Paecilomyces
Penicillium
Purpureocillium
Sarocladium
Scedosporium
Alternaria
Bipolaris
Colletotrichum
Curvularia
Exserohilum
Fonsecaea
Lasiodiplodia
Lomentospora
Neoscytalidium
Periconia
Pithomyces
Epidermophyton
Microsporum
Nannizzia
Trichophyton
Blastomyces
Coccidioides
Histoplasma
Paracoccidioides
Sporothrix
Talaromyces
) :
  • les levures et les champignons filamenteux ou moisissures;
  • les moisissures inférieures non septées et les moisissures supérieures septées;
  • les moisissures hyalines/transparentes et les moisissures dématiées/mélanisées;
  • les moisissures kératinophiles ou dermatophytes;
  • les champignons dimorphiques , qui peuvent exister sous deux formes : moisissure – dans le milieu environnemental; levure – dans l'organisme humain, sous la pression du système immunitaire. Ils ont une distribution géographique spécifique et se développent dans des biotopes connus (fig. 3-1
    Fig. 3-1
    Distribution mondiale des mycoses endémiques.
    Dessin de Cyrille Martinet (d'après [4]).
    ). Les infections qu'ils déterminent sont des mycoses d'importation en France métropolitaine [ 5];
  • les champignons atypiques, comme les microsporidies ou Pneumocystis jirovecii. Ceux-ci ne sont pas cultivables, contiennent du cholestérol au lieu de l'ergostérol dans leur membrane cellulaire, et a priori ils ne sont pas susceptibles aux ATF [1 , 6].
Nomenclature fongique
L'essor des techniques de biologie moléculaire est à l'origine de nombreux changements de nomenclature en mycologie (tableau 3-3
Tableau 3-3
Exemples de noms ancien et nouveau d'un même champignon (d'après [2, 3]).
Ancien nomNouveau nom
Absidia (corymbifera, ornata, ramosa)Lichtheimia (corymbifera, ornata, ramosa)
Absidia elegansApophysomyces elegans
Acremonium (kiliense, strictum)Sarocladium (kiliense, strictum)
Acremonium falciformeFusarium falciforme
Bipolaris (australiensis, hawaiiensis)Curvularia (australiensis, hawaiiensis)
Cylindrocarpon lichenicolaFusarium lichenicola
Fusarium dimerumBisifusarium dimerum
Microsporum (gypseum, persicolor)Nannizzia (gypsea, persicolor)
Paecilomyces lilacinusPurpureocillium lilacinum
Penicillium marneffeiTalaromyces marneffei
Pneumocystis cariniiPneumocystis jirovecii
Scedosporium proliferatumLomentospora proliferata
Scytalidium hyalinumNeoscytalidium dimidiatum
). Par exemple, certains Bipolaris étaient initialement des Drechslera et sont devenus récemment des Curvularia , ce qui prête à confusion quant à l'épidémiologie. De plus, il existe actuellement deux noms pour un seul et même champignon, en fonction du type de reproduction asexuée/sexuée; par exemple, Aspergillus glaucus = Eurotium herbariorum, Fusarium solani = Nectria haematococca. La biologie moléculaire a également montré qu'au sein des genres fongiques il y avait des sections ou des complexes d'espèces dont les membres (tableau 3-4
Tableau 3-4
Exemples de champignons faisant partie des complexes d'espèces les plus impliqués en pathologie humaine (d'après [2, 3]).
GenreComplexe d'espèces/sectionEspècesGène discriminant
CandidaC. glabrata SC bracarensisITS (internal transcribed spacer)
glabrata
nivariensis
C. parapsilosis SC metapsilosis
orthopsilosis
parapsilosis
AspergillusSection FumigatifumigatusBêta-tubuline
Calmoduline
lentulus
Section Flaviflavus
oryzae
Section Nidulantesnidulans
quadrilineatus
Section Nigriniger
tubingensis
Section Terreialabamensis
terreus
Section Versicoloressydowii
versicolor
HistoplasmaH. capsulatum SC capsulatumITS
mississippiense
ohiense
suramericanum
ScedosporiumS. apiospermum SC apiospermumTubuline
boydii
FusariumF. dimerum SC delphinoidesFacteur d'élongation 1α
ARN polymérase II
dimerum
F. fujikuroi SC fujikuroi
proliferatum
verticillioides
F. oxysporum SC oxysporum
petroliphilum
F. solani SC falciforme
lichenicola
solani

SC : species complex (complexe d'espèces).


) ne peuvent pas être différenciés morphologiquement, mais seulement par spectrométrie de masse ou par séquençage de gènes discriminants [ 2 , 3].
Infections oculaires fongiques
Les infections oculaires fongiques peuvent être responsables d'une perte de vision et, en Asie, elles représentent la première cause de cécité d'origine infectieuse. Toutes les structures oculaires peuvent être infectées par des champignons (surface oculaire, globe oculaire, appareil lacrymal, orbite).
Infections fongiques de la surface oculaire
Blépharites fongiques
Les blépharites sont majoritairement bactériennes. Lorsqu'elles sont fongiques, elles peuvent être secondaires ou primaires à la suite de traumatismes, d'une immunodépression, d'un traitement antibiotique (ATB) à large spectre ou par des corticoïdes. Les blépharites fongiques peuvent être due aux levures ( Candida, Cryptococcus, Malassezia ), aux moisissures ( Conidiobolus, Bipolaris ), aux dermatophytes ou aux champignons dimorphiques ( Blastomyces , Paracoccidioides ) [ 1 , 7-8-9]. Les dermatophytes sont anthropophiles ( Trichophyton rubrum, T. tonsurans, ), zoophiles ( Microsporum canis, T. benhamiae, T. mentagrophytes ) ou géophiles ( Nannizzia gypsea ). Les lésions dues aux anthropophiles (contamination humaine) sont contagieuses [ 10]. Ce n'est pas le cas des dermatophytoses zoophiles (contamination animale) ou géophiles (source tellurique), mais elles s'accompagnent d'une inflammation importante [8].
Conjonctivites fongiques
Il a été montré que 6 % à 25 % des yeux sains peuvent présenter de manière transitoire des champignons au niveau des conjonctives. Il y a des études où Candida parapsilosis , commensal de la peau, a été isolé de 25 % des échantillons testés. Cependant, il est rare d'isoler de manière répétée le même champignon. D'autres études ont montré qu'environ 10 % des cosmétiques contiennent des champignons, et c'est notamment le cas des produits cosmétiques partagés. Le traitement par des ATB ou des corticoïdes favorise le développement des conjonctivites fongiques [9].
Infections fongiques à faible prévalence, les conjonctivites sont souvent secondaires à des lésions cornéennes. Les levures ( Candida, Malassezia ), les moisissures ( Aspergillus ) ou les champignons dimorphiques ( Blastomyces , Coccidioides , Paracoccidioides ) peuvent les déterminer. Dans certaines régions comme les Balkans, l'Inde ou le Sri Lanka, elles peuvent être dues à Rhinosporidium seeberi , un organisme proche des champignons, qui a longtemps été considéré comme un parasite. La rhinosporidiose a comme facteur de risque principal le contact avec des réservoirs d'eau clos [1 , 7]. Pneumocystis jirovecii peut également être responsable d'une conjonctivite chez les patients atteints du sida. Il n'existe pas de réservoir P. jirovecii environnemental; la source d'infection est représentée par les personnes infectées ou colonisées. La pneumocystose est une mycose contagieuse avec une transmission respiratoire [ 1 , 9 , 11].
Sclérites fongiques
Infections fongiques rares, les sclérites fongiques sont secondaires à des endophtalmies, des kératites, des traumatismes ou des interventions chirurgicales. Elles peuvent être dues à Aspergillus, Fusarium, Sporothrix, Scedosporium, Candida, Lichtheimia, Acremonium, Lasiodiplodia [1].
Kératites fongiques
L'opacité cornéenne est la 5 e cause de cécité et de déficience visuelle dans le monde, et elle touche 6 millions de personnes [ 12]. Entre 10 % et 25 % des kératites fongiques (KF) évoluent vers la perforation (5 à 6 fois plus que celles bactériennes), et 60 % à 75 % se solderont par une cécité monoculaire (environ 800000 cas/an) [ 13 , 14]. Des démarches sont en cours pour que la KF soit reconnue comme une maladie tropicale négligée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L'incidence de la KF est estimée entre 1 et 1,5 million par an, avec une tendance à l'augmentation (fig. 3-2
Fig. 3-2
Estimation de l'incidence de la kératite fongique dans le monde.
Dessin de Cyrille Martinet (d'après [14]).
). Elle a une incidence inférieure à 5 % des kératites ulcératives en zone tempérées, avec 1 % en Irlande et en Espagne. La fréquence en zone tropicale et subtropicale est beaucoup plus élevée, la KF représentant 67 % des kératites infectieuses en Inde, 70 % en Népal ou 74,7 % au Ghana. Entre 2 % et 15 % des kératites peuvent être mixtes bactériennes-fongiques [ 7 , 12-13-14-15-16-17-18-19-20]. La proportion des cas de KF est inversement corrélée à la distance de l'équateur et au produit intérieur brut des pays [ 13]. En plus des facteurs socio-économiques, la survenue de la KF est également en lien avec le climat (température, humidité, vent) [ 12 , 15 , 18]. Au Brésil, des chercheurs ont essayé de prédire le nombre des cas de KF en fonction de la vente de collyres et ont montré que l'association entre l'humidité relative réduite et la vente d'ATF était significative. Les ventes étaient plus importantes au 3 e trimestre, car le climat est plus sec et l'activité agricole plus intense [21].
La KF est exogène et favorisée par des (micro)lésions cornéennes, puisque les moisissures la déterminant sont le plus souvent des saprophytes incapables d'envahir une cornée intacte. Les facteurs de risque sont les traumatismes – souvent légers et oubliés par le patient (poussière, végétaux, animaux, métaux) –, certains métiers (fermier, agriculteur, jardinier), le traitement par des ATB ou par des corticoïdes, les maladies systémiques (diabète, sida), les pathologies de la surface oculaire, la sécheresse oculaire ou le port de lentilles de contact (LC). Dans les pays tropicaux et subtropicaux, les hommes jeunes sont plus touchés, car ce sont eux qui effectuent la plupart des tâches agricoles. Ainsi, 40,8 % des cas de KF surviennent à la saison des récoltes dans les pays asiatiques. Parmi les kératites infectieuses liées au traumatismes, 47 % à 83 % des cas sont fongiques et entre 34 % et 70 % des KF sont post-traumatiques. Dans les zones tempérées et urbanisées, la KF est plus en lien avec le port de LC, et le rapport hommes/femmes est inversé [12-13-14-15-16-17-18-19-20 , 22].
Une large étude réalisée en Asie sur 6626 yeux a montré que la KF est plus fréquente que la kératite bactérienne en Inde et en Chine, et que l'agent pathogène le plus fréquent dans ces deux pays est Fusarium [23]. Dans certaines régions de l'Inde, Fusarium est identifié dans 73 % des cas et Aspergillus dans 60 % [15]. Une ample méta-analyse montre que Fusarium est le premier agent étiologique de KF avec 40,57 % des cas, suivi d' Aspergillus avec 31,2 %, de Curvularia avec 5,95 % et de Candida avec 4,46 % [16]. Une étude menée en Inde du nord et du nord-est montre qu' Aspergillus est responsable de 52,1 % des cas, devant Fusarium avec 47,6 %. Fusarium ( F. solani, F. oxysporum, F. dimerum ) est plus fréquent en zone tempérée et tropicale, et Aspergillus ( A. flavus, A. fumigatus, A. niger, A. versicolor ) en zone subtropicale avec un environnement plus sec, comme le Ghana ou le Bengal de l'ouest. Les Candida les plus fréquents sont albicans, parapsilosis, tropicalis [13 , 22].
Les dématiés comme Curvularia , Alternaria et Bipolaris sont en général moins fréquents que Fusarium et Aspergillus , mais ils sont les plus isolés dans des régions comme l'Inde du nord, où Curvularia peut atteindre 66 % des cas, et Alternaria 14 % [24 , 25]. Au Népal et en Thaïlande, les moisissures dématiées sont en deuxième position après les Fusarium [26]. Certains champignons dématiés sont peu pigmentés et peuvent apparaître hyalins à l'examen direct, ce qui peut induire en erreur en cas de culture négative; par exemple, seulement 27 % des Alternaria apparaissent pigmentés. Le développement des champignons dématiés est moins rapide que celui de Fusarium et d' Aspergillus [13 , 24 , 27]. En plus des champignons cités ci-dessus, d'autres moisissures hyalines ( Acremonium, Purpureocillium, Sarocladium, Hormographiella ) ou dématiées ( Lasiodiplodia, Foncecaea, Colletotrichum, Lomentospora, Phialophora, Pithomyces ) peuvent être responsables de KF [ 18 , 23 , 24 , 26 , 28].
Candida est un agent étiologique plus commun en zones tempérées (surtout C. albicans et C. glabrata ) [22]. Au Danemark, c'est Candida qui est le plus isolé, dans 52 % des cas, mais il est peu commun chez les immunocompétents ou chez les patients jeunes [ 17].
Les moisissures entomopathogènes sont utilisées comme myco-insecticides depuis presque 40 ans. Il y a une trentaine de cas de KF à Beauveria et Metarhizium décrits dans la littérature, mais aucun avant 1984. Les patients étaient immunocompétents, porteurs de LC ou dans un contexte post-traumatique. Le contact direct avec les myco-insecticides ou des cultures où ces produits avaient été dispersés n'avait pas été démontré. Les Metarhizium étaient prédominants, étant isolés dans 66,6 % des cas [ 29].
Des cas de KF à microsporidies ont été rapportés en lien avec la saison de la mousson et des pluies, ou la fréquentation des piscines. En Asie, la prévalence de la microsporidiose oculaire est entre 0,4 % et 19,7 %, et elle est la plus élevée en Chine, Malaisie, Thaïlande, Inde et à Singapour. La contamination se fait par traumatisme, par voie fécale-orale, par eau contaminée ou par contact avec des animaux domestiques. L'espèce la plus souvent impliquée est Vittaforma corneae [6 , 23 , 30 , 31].
Pythium insidiosum , organisme proche des champignons présent dans le sol et dans l'eau, peut déterminer des KF dans les pays tropicaux et subtropicaux, mais aussi en Nouvelle-Zélande, en Australie, aux États-Unis et en Israël [32].
Lors de l'épidémie de KF à Fusarium de 2004 à 2006, 82 % des patients d'une étude parisienne étaient des porteurs de LC et 43 % d'entre eux utilisaient ReNu® MoistureLoc comme solution d'entretien. Les principales espèces isolées étaient F. solani et F. oxysporum . À la même période, à Singapour, 93,9 % des patients avec une KF utilisaient ce produit, retiré ensuite du marché en raison d'épidémies dans plusieurs pays [33]. En 2008, en France, 69 % des KF étaient dues aux filamenteux, dont Fusarium dans 44 % des cas, alors qu'en 2000, 50 % de ces infections étaient déterminées par Candida [ 34]. L'incidence des KF à Fusarium augmente à 61 % en 2018, suivi d' Aspergillus à 6,5 % et de Candida à 5 %. Les infections liées aux LC passent de 35,5 % avant 2008 à 71 % depuis 2008, mais celles liées à la kératoplastie diminuent de 17 % à 3,2 % [35].
Kératites fongiques liées aux lentilles de contact
Les facteurs favorisant les KF liées aux LC sont leur usage pendant la nuit, le nettoyage insuffisant, nager avec les LC ou les porter après leur date de péremption [14 , 34]. Les cas de KF liées aux LC sont en augmentation en zones tempérées; ils sont majoritairement déterminés par des moisissures, et jusqu'à 93 % des patients ayant une KF sont des porteurs de LC aux Pays-Bas [ 13 , 20]. Chez les porteurs de LC au Danemark, 67 % des cas sont dus à Fusarium et 23 % à Candida [17]. D'autre champignons responsables sont Aspergillus, Acremonium, Paecilomyces Alternaria, Curvularia, Cladosporium ou Rhodotorula. Candida et Fusarium peuvent adhérer aux LC et aux boîtes de LC, former un biofilm, sans que le matériel influe beaucoup sur sa formation [ 1 , 9 , 19 , 30 , 34]. Les champignons du biofilm ont une susceptibilité aux ATF réduite par rapport aux champignons planctoniques, et les ATF fongistatiques ne pénètrent pas dans le biofilm [36].
Kératites fongiques chez les patients âgés
Ces patients ont des particularités systémiques et oculaires (sénescence, comorbidités, altérations, fragilité). La KF est plus agressive dans cette population. Pour près de 50 % des cas, l'étiologie n'est pas identifiée, d'où l'importance de connaître l'épidémiologie locale [ 37].
Infections oculaires fongiques en pédiatrie
Une étude réalisée en Inde sur 240 yeux a montré que 53,4 % des cas étaient post-traumatiques et que 54,2 % étaient des KF, en particulier à Fusarium [ 38]. Une étude sur l'incidence globale a trouvé seulement 4 % de KF pédiatrique [ 14]. Sporothrix, présent dans le sol, les plantes et chez les chats, est plus fréquent chez les enfants; 80 % des lésions sont limitées aux paupières [39].
Endophtalmies fongiques
Infections sévères, les uvéites sont des inflammations des tuniques de l'œil, qui deviennent le site de multiples micro-abcès [ 9]. Il est difficile de différencier la rétinite de l'endophtalmie mais, dans la choriorétinite, le vitré n'est pas touché [1 , 4]. P jirovecii peut être responsable de choriorétinite chez les patients VIH en stade sida [9 , 11].
L'endophtalmie est exogène (plutôt bactérienne) dans 80 % à 90 % des cas, ou endogène (souvent fongique), et 14 % à 20 % des endophtalmies sont fongiques [40 , 41]. Une étude indienne réalisée sur 15 ans et 730 yeux a montré que 82,5 % des endophtalmies fongiques étaient exogènes et 17,5 % endogènes; 39 % des champignons étaient des Aspergillus (surtout au centre, à l'est et au sud), 15 % des Candida (prévalence élevée à l'ouest) et 15,9 % des Fusarium (notamment au nord et à l'ouest). Candida était plus fréquemment isolé en cas d'infection endogène [42].
Endophtalmies endogènes
Plus de 50 % des endophtalmies endogènes sont fongiques et elles sont plus fréquentes dans l'hémisphère ouest [ 4 , 40]. Les facteurs de risque sont l'immunodépression, le traitement ATB ou par des corticoïdes, la chimiothérapie, la transplantation d'organes, la consommation de drogue par voie intraveineuse (CDVI), la présence d'un cathéter, de valves ou d'un pacemaker, la nutrition parentérale, la chirurgie du tractus digestif, le mégacôlon toxique, etc. [ 7 , 9]. Candida est la 4 e cause de septicémie en France, et une candidémie soutenue est susceptible de déterminer une endophtalmie endogène par dissémination hématogène [ 43]. Avant 1980, une endophtalmie endogène survenait dans 10 % à 45 % des candidémies, ce chiffre étant aujourd'hui entre 3 % et 30 %, grâce au traitement ATF précoce. La proportion des espèces albicans et non albicans est la même que celle trouvée dans les candidémies, et elle varie en fonction de la population étudiée [1 , 4 , 9]. Les levures capsulées du genre Cryptococcus peuvent entraîner des endophtalmies endogènes secondaires à une méningite via une dissémination hématogène ou l'extension par les leptoméninges. C. neoformans est cosmopolite et touche principalement les sujets immunodéprimés alors que C. gattii est présent en milieu tropical et subtropical, et il est responsable d'infection surtout chez l'immunocompétent [2 , 4 , 7 , 9]. Penicillium, Scedosporium et d'autres moisissures peuvent également provoquer une endophtalmie endogène [9].
L'EE à Aspergillus survient chez les patients neutropéniques, sous corticoïdes, ceux atteints d'une maladie pulmonaire chronique ou en cas de CDVI. Les espèces les plus fréquentes sont A. fumigatus , A. flavus , A. niger , A. terreus et A. nidulans [4 , 9]. Fusarium peut déterminer une EE en cas de neutropénie, de CDVI ou de sida. F. oxysporum , F. solani , F. fujikuroi en sont le plus souvent responsables et leur fréquence varie en fonction de la géographie [3]. Une étude allemande a montré que, pour l'endophtalmie endogène à moisissures, le taux de survie était de 52 % si les patients présentaient des hémopathies malignes, et il était de seulement 26 % en cas de leucémie aiguë ou post-transplantation de cellules souches hématopoïétiques [44].
Lors du stade initial des infections à champignons dimorphiques ( Coccidioides, Blastomyces, Histoplasma , Paracoccidioides, Sporothrix, Talaromyces ), il y a une phase transitoire de fongémie quiescente ou asymptomatique, qui peut entraîner une endophtalmie endogène [ 7 , 9 , 15].
Syndrome d'histoplasmose oculaire présumée
Ce syndrome est asymptomatique ou peut entraîner une perte de vision. La présence du champignon n'a pas été mise en évidence dans les lésions, mais 2000 nouveaux cas par an sont diagnostiqués en zone d'endémie. Des cas similaires ont été décrits dans des régions où la présence d' Histoplasma n'a pas été mise en évidence [4 , 7 , 9].
Endophtalmies exogènes
Les facteurs de risque sont les traumatismes, la chirurgie intraoculaire (chirurgie de cataracte, greffe de cornée), les solutés ou les corps étrangers contaminés, et le traitement local par des corticoïdes. Ce sont des infections chroniques, rares chez les personnes immunodéprimées. Elles peuvent être secondaires à une mucormycose rhino-orbito-cérébrale ou à une kératite compliquée [ 7 , 9]; 52,3 % des cas sont post-traumatiques et 37,2 % surviennent post-kératite [40 , 41].
Les Candida en sont les agents étiologiques, notamment post-chirurgie, alors que les moisissures ( Fusarium , Aspergillus, Acremonium, Paecilomyces, Neoscytalidium, Scedosporium , etc.) en sont responsables plutôt post-traumatismes. Post-kératite, 50 % des cas sont dus à Aspergillus et Fusarium , mais ils sont rares en zones tempérées. Des endophtalmies exogènes dues à des solutés contaminés par Aspergillus, Paecilomyces, Purpureocillium ou Acremonium ont été décrites [ 1 , 9 , 40 , 45].
Neuropathies optiques fongiques
Les neuropathies optiques fongiques peuvent être dues à Candida et Cryptococcus , et avoir comme point de départ l'orbite ou la boîte crânienne. Cryptococcus peut induire une nécrose du nerf optique post-méningite [ 1 , 9].
Infections fongiques de l'appareil lacrymal
L'étiologie fongique est très rare. Moins de 5 % des infections acquises du sac lacrymal sont dues aux champignons, mais elles peuvent être présentes dans environ 15 % à 30 % des yeux présentant une dacryocystite congénitale. Ces infections sont souvent chroniques, déterminées par Candida, Rhodotorula, Aspergillus, Alternaria, Fusarium, Paecilomyces, Rhizopus, Scopulariopsis, et accompagnées de conjonctivite. Les principaux facteurs de risque sont le traitement ATB ou par des corticoïdes. Les femmes sont plus souvent touchées en raison des canaux nasolacrymaux plus étroits. La mucine contenue dans les larmes préviendrait l'adhésion des Candida aux LC, probablement en piégeant ces levures [ 1 , 4 , 7 , 9].
Infections fongiques de l'orbite
Moins fréquentes que les infections bactériennes, les infections fongiques de l'orbite sont le plus souvent la conséquence des infections des sinus paranasaux, de la peau ou du nasopharynx, des traumatismes de l'orbite ou des brûlures péri-orbitaires [ 9 , 46]. Les lésions peuvent être chroniques et limitées en cas d'immunodépression locale, et se présenter sous la forme d'une boule fongique ( fungus ball ) déterminée par Aspergillus , Curvularia, Scedosporium et plus rarement par les champignons dimorphiques [ 1 , 9].
Les mycoses de l'orbite peuvent être invasives en cas de diabète non contrôlé, d'hémochromatose, d'immunodépression, de chimiothérapie, de cancers, de sida et de traitement par corticoïdes. Les agents étiologiques les plus fréquents sont les Mucorales et les Aspergillus . En fonction des études, 60 % à 80 % des patients ont un diabète avec acidocétose, et 17 % à 77 % présentent une hémopathie maligne. Une étude réalisée sur 15 ans et comparant des lésions sinusiennes et/ou orbitaires invasives a montré que, lorsque l'orbite était impliquée, il y avait une mortalité plus élevée (78,6 % versus 20 %) et une probabilité plus importante qu'il s'agisse d'une mucormycose (86 % versus 30 %), comparativement aux lésions sinusiennes seules. La mucormycose sino-orbitaire avait une mortalité plus élevée que l'aspergillose (71 % versus 29 %), mais de manière non significative [47].
Les espèces aspergillaires les plus fréquentes sont A. fumigatus, A. flavus et A. niger . Les Mucorales les plus souvent impliquées sont Mucor, Rhizopus, Lichtheimia, Saksenaea ; leur incidence semblerait augmenter après la survenue des désastres naturels tels les tsunamis, les tremblements de terre, les tornades, les inondations. Également cités comme responsables de mycoses de l'orbite sont les dimorphiques Blastomyces et Sporothrix [2-3-4 , 7 , 9 , 46].
Lors de la pandémie de Covid-19, un nombre très important de patients présentant une mucormycose associée à l'infection virale ( Covid-19-associated mucormycosis ) a été décrit en Inde. L'étude COSMIC menée sur 2826 patients indiens présentant une mucormycose rhino-orbito-cérébrale associée à la Covid-19 a montré que 87 % des patients avaient été traités par des corticoïdes, que 78 % étaient diabétiques et que l'orbite était touchée dans 73 % des cas. D'autres facteurs de risque cités étaient la CDVI, l'infection par le VIH, l'insuffisance rénale, l'alcoolisme chronique, la malnutrition et le petit poids à la naissance pour la population pédiatrique [ 48].
Conclusion
Les infections fongiques oculaires sont des pathologies graves, qui peuvent entraîner la perte du globe oculaire ou engager le pronostic vital sur certains terrains. Un diagnostic précoce est primordial. Dans certaines régions, le retard diagnostique rencontré est lié au coût de la consultation, à la distance d'un centre médical ou à la tendance à utiliser dans un premier temps des traitements traditionnels (feuilles, jus, lait, huiles, sang d'animaux, etc.) [ 14 , 24].
Le pronostic varie beaucoup en fonction des centres et des pays, et dépend de l'âge du patient, des critères de gravité à la prise en charge, de la rapidité de mise en place du traitement ou de l'agent pathogène impliqué. En fonction des études, un mauvais pronostic est associé à Aspergillus [27] ou Candida [17], alors que Fusarium présente des concentrations minimales inhibitrices (CMI) plus élevées in vitro. L'identification des pathogènes et les tests de susceptibilité aux antifongiques permettent de connaître l'épidémiologie locale et de contribuer à la mise en place rapide d'un traitement adapté.
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