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Chapitre 24
Kératites amibiennes

J. Gueudry, L. Favennec, M. Muraine

Introduction
La kératite amibienne (KA) fait partie des kératites infectieuses les plus sévères. Dans les pays où la prévalence du port de lentilles de contact est élevée, 85 % à 88 % des cas de KA y sont liés. Malgré sa relative rareté, la KA reste un défi clinique par ses difficultés diagnostiques, notamment dans sa forme précoce qui regroupe des signes très peu spécifiques, mais surtout dans sa prise en charge thérapeutique. Bien que les anti-amibiens actuels montrent de très faibles concentrations kysticides minimales, la corrélation clinicobiologique entre les sensibilités in vitro et l'efficacité du traitement est loin d'être satisfaisante, notamment pour les KA au stade tardif.
Historique et épidémiologie
La KA a été décrite pour la première fois en 1974 chez l'homme [1]. Considérée initialement comme extrêmement rare, liée essentiellement aux traumatismes, sa connaissance et l'amélioration des moyens diagnostiques ont en réalité démontré son importance en pathologie humaine. Le développement de l'utilisation des lentilles de contact a également fait que le nombre de cas décrits a considérablement augmenté à partir du milieu des années 1980. La KA est néanmoins considérée comme une pathologie rare avec de larges disparités géographiques. Ainsi, en Inde, elle représente 1 % des cas de kératites microbiennes contre 4 % à 8 % dans les pays où le port de lentilles de contact est plus développé. L'incidence annuelle au Royaume-Uni a été estimée en 1997 et 1999 à 1,26 et à 1,13 cas par million d'habitants et, pour les porteurs de lentilles de contact, à 21,14 et à 17,53 cas par million d'habitants [ 2].
Agents pathogènes
Amibes
Les amibes sont des protozoaires. On distingue les amibes libres, qui n'ont pas besoin d'hôte pour leur cycle biologique, capables de vivre de manière autonome, et les amibes parasites, pour lesquelles un hôte est nécessaire. Les amibes responsables des kératites humaines sont des amibes libres, saprophytes et ubiquitaires, isolées dans diverses sources d'eau (comme les lacs, les rivières, les mers, etc.), le sol, la poussière, les plantes en décomposition ainsi que dans l'air. En plus des environnements naturels, les amibes libres ont été isolées dans l'eau des bouteilles d'eau distillée, dans les piscines, les tuyaux d'égouts, l'eau du système d'eau potable, les unités de climatisation, les conduites d'eau des cabinets dentaires, des hôpitaux et des unités de dialyse.
Parmi les espèces d'amibes libres, seules quelques-unes sont associées à des pathologies humaines : Naegleria fowleri , Balamuthia mandrillaris et plusieurs espèces d' Acanthamoeba . Acanthamoeba spp. est le plus souvent responsable de la KA. Ainsi, ici, le terme de kératite amibienne (KA) sera utilisé avec significativité équivalente à celui de kératite à Acanthamoeba .
Acanthamoeba spp.
Le cycle biologique d' Acanthamoeba spp. comprend un stade actif d'alimentation et de division appelé trophozoïte (15 et 50 μm) et un stade quiescent appelé kyste (5–20 μm), forme de protection et de résistance quand l'environnement devient défavorable (nutriment, pH, température et différents paramètres physicochimiques) (fig. 24-1
Fig. 24-1
Le cycle biologique d' Acanthamoeba Acanthamoeba cycle biologique spp.
Il comprend deux formes en fonction des conditions environnementales. Le trophozoïte Trophozoïte est la forme active et le kyste est la forme résistante.
Dessin de Cyrille Martinet d'après Sun et al. [3]
) [3].
Le préfixe acanth signifie pic en grec et désigne les acanthopodes, structures en épine situées à la surface des Acanthamibes, permettant leur déplacement. Les trophozoïtes se nourrissent de bactéries, de champignons et d'autres micro-organismes. Les kystes sont à double paroi et peuvent varier en forme (fig. 24-2
Fig. 24-2
Acanthamoeba castellanii en microscopie optique.
a. Trophozoïtes. b. Kyste avec aspect caractéristique de double paroi.
Source : Dr D. Costa, Laboratoire de parasitologie et mycologie, Rouen.
). De nombreux travaux rapportent la résistance des kystes aux différentes agressions physicochimiques et conditions extrêmes (certains biocides, températures extrêmes, manque de nourriture, irradiations UV et rayons X) [3]. Les espèces les plus souvent impliquées en pathologies humaines sont A. castelanii et A. polyphaga , appartenant au génotype T4.
Physiopathologie de la kératite à Acanthamoeba
Exposition à Acanthamoeba
La pathologie humaine la plus fréquemment associée à Acanthamoeba est la kératite. L'exposition à Acanthamoeba spp. est fréquente; ainsi, 50 % à 100 % de la population générale possède des anticorps circulants spécifiques; pourtant, la fréquence des KA reste modeste. Acanthamoeba spp. contamine entre 3,9 % et 8,9 % des boîtiers de lentilles de contact d'individus asymptomatiques [ 4]. La perte de l'intégrité de l'épithélium cornéen semble être nécessaire pour la survenue d'une KA.
Cascade physiopathologique de la kératite à Acanthamoeba
Les lentilles de contact pourraient ne pas servir uniquement de vecteur pour les trophozoïtes, mais aussi engendrer la production de microtraumatismes. Après l'adhésion à l'épithélium cornéen, les trophozoïtes dégradent l'épithélium et la membrane de Bowman sous-jacente pour accéder au stroma cornéen (fig. 24-3
Fig. 24-3
Cascade physiopathologique de la kératite à Acanthamoeba.
1. Les trophozoïtes Trophozoïte adhèrent aux glycoprotéines mannosylées, qui sont régulées à la hausse en réponse à l'abrasion de l'épithélium cornéen. 2. L'exposition au mannose induit la libération de MIP133 par les trophozoïtes possédant une action cytolytique sur les cellules épithéliales in vitro. 3. Progression vers le stroma. 4. Libération de protéases par les trophozoïtes. 5. Exceptionnelle progression des trophozoïtes au-delà de la membrane de Descemet pour conduire à une infection intraoculaire.
Dessin de Cyrille Martinet d'après Clarke et al. [5]
). In vitro, des études ont montré que les trophozoïtes répondent par chimiotactisme à des extraits de cellules neuronales et de cellules de la crête neurale. De plus, les trophozoïtes d' Acanthamoeba sont capables d'induire la mort de cellules nerveuses à la fois par cytolyse directe et apoptose; cela pourrait expliquer la douleur intense associée à la KA et la formation de périnévrites [5].
Diagnostic clinique de la kératite à Acanthamoeba
Facteurs de risque
La KA est habituellement unilatérale, et survient le plus souvent chez des sujets jeunes et immunocompétents. Le port de lentilles de contact constitue le principal facteur de risque dans les pays industrialisés. Acanthamoeba est capable d'adhérer aux lentilles souples ou rigides, portées ou non portées, utilisées à visée optique, thérapeutique ou esthétique ou d'orthokératologie. Les principaux facteurs de risque sont les erreurs d'entretien, notamment l'utilisation de l'eau du robinet ou l'ajout de produit d'entretien sur de l'ancien, même si elles ne sont pas obligatoires. Les solutions d'entretien pour lentilles de contact souples commercialisées testées ne sont pas toujours capables d'éradiquer l'ensemble des kystes d' Acanthamoeba [ 6]. Le risque est trois fois moins important en cas de port de lentilles souples journalières en comparaison avec le port de lentilles souples réutilisables [7]. Néanmoins, leur réutilisation, le port nocturne et le contact avec des eaux contaminées restent également des facteurs de risque.
La KA en l'absence de port de lentilles de contact est souvent diagnostiquée plus tardivement, même si elle peut représenter, en fonction des séries, entre 3 % et 15 % des cas. La KA est alors associée à un traumatisme chirurgical ou non, ou à une exposition à de l'eau ou des sols contaminés, souvent chez les agriculteurs.
Présentation clinique
Contexte clinique
La KA est à évoquer devant toute kératite survenant après un traumatisme tellurique ou suivi d'une exposition avec de l'eau contaminée, et chez tous les porteurs de lentilles de contact, particulièrement en cas d'évolution indolente ou d'atypicités cliniques pour une kératite bactérienne ou fongique. Le retard de réponse thérapeutique à un traitement de première intention antibactérien ou antiviral doit faire évoquer le diagnostic. La KA doit être évoquée en cas de facteur de risque, même si d'autres micro-organismes ont été isolés, car il peut exister des co-infections bactériennes, fongiques ou même virales. Ainsi, une co-infection peut se trouver du fait de la « co-localisation» des Acanthamoeba et de certaines bactéries ou de certains éléments fongiques dont elles se nourrissent. De plus, Acanthamoeba possède la capacité d'héberger, de protéger et de disséminer des micro-organismes potentiellement pathogènes.
Tableau clinique
La majorité des patients se plaignent de douleurs intenses, de photophobie et de larmoiement. La douleur, possiblement insomniante, est souvent disproportionnée par rapport à l'atteinte objective cornéenne et cette discordance est évocatrice. Néanmoins, l'absence de douleur ne permet pas d'éliminer le diagnostic.
La kératite précoce, avant 3 semaines ou 1 mois d'évolution, est caractérisée par une atteinte épithéliale prédominante pouvant comporter une kératite ponctuée superficielle, des pseudodentrites , des infiltrats épithéliaux ou sous-épithéliaux, des ulcérations cornéennes et des périnévrites. Ces périnévrites sont considérées comme pathognomoniques de la KA, mais sont inconstantes, retrouvées jusque dans 63 % des cas (fig. 24-4
Fig. 24-4
Stades précoces de la kératite amibienne.
a. Ulcère épithélial associé à des périnévrites. b. Pseudodentrite centrale et périnévrites supérieures.
) [8]; elles peuvent être discrètes et peu nombreuses; un nerf ou deux nerfs peuvent seulement être atteints.
Après 3 semaines à 1 mois d'évolution, la présentation clinique se modifie avec l'apparition d'infiltrats annulaires , d'ulcères stromaux, d'une réaction de chambre antérieure ou d'un hypopion. Certains patients présentent des plaques endothéliales et lésions d'endothélites responsables d'œdème cornéen. À ce stade, les périnévrites régressent (fig. 24-5
Fig. 24-5
Formes stromales de kératite amibienne.
a. Kératite stromale annulaire caractéristique. b. Kératite annulaire stromale, infiltration stromale et hypopion.
).
Au stade tardif, une aggravation locale comme une néovascularisation, une perforation cornéenne, une surinfection bactérienne ou une fonte stromale sont possibles. Une anesthésie cornéenne est fréquente. Au cours des stades tardifs, peuvent apparaître des complications extracornéennes comme une atrophie irienne, une mydriase aréactive, une sclérite, un glaucome ou une cataracte. Les manifestations extracornéennes de la KA correspondent à l'intrication de plusieurs phénomènes locaux dont l'inflammation; en effet, la dissémination d' Acanthamoeba au sein de structures oculaires a été peu fréquemment rapportée.
Diagnostics différentiels
Lors de la présence d'une kératite annulaire et de périnévrites radiaires dans un contexte de port de lentilles de contact, le diagnostic clinique de KA est relativement facile à évoquer. Cependant, au stade précoce, en cas de signes atypiques ou de co-infection, le diagnostic est beaucoup plus difficile et un diagnostic de kératite virale ou de kératite fongique peut être posé à tort. Sharma et al. ont décrit en Inde, en 2000, un diagnostic clinique erroné de kératites fongiques chez 15 patients sur 33, soit chez 45,4 % des patients avec une KA [ 9]. En Angleterre, sur 185 patients atteints de KA analysés pour ce paramètre, 96 patients ont eu un diagnostic de kératite herpétique [10]. Ainsi, en Europe, l'herpès cornéen reste actuellement la principale source de confusion et de retard diagnostique.
Diagnostic paraclinique de la kératite à Acanthamoeba
Microscopie confocale in vivo
Les éléments caractéristiques des KA sont des images rondes ou ovales hyperréflectives de 15 à 30 μm de diamètre, parfois à double paroi visibles dans l'épithélium ou dans le stroma de la cornée, correspondant aux kystes (fig. 24-6
Fig. 24-6
Aspect en microscopie confocale de la kératite amibienne.
a. Aspect de structures hyperréflectives à double paroi représentant probablement les kystes d'Acanthamoeba. b. Aspect compatible avec des trophozoïtes. L'aspect évoque des pseudopodes. Microscope confocal HRT-2 (Heidelberg Engineering, Heidelberg, Allemagne; 400 μm × 400 μm).
). Cependant, l'aspect en double paroi n'est pas toujours présent, ce qui rend l'identification de kystes parmi les résidus cellulaires et les cellules inflammatoires difficile voire impossible. La microscopie confocale peut également distinguer les trophozoïtes par l'aspect faisant évoquer des pseudopodes. La microscopie confocale retrouve parfois un aspect de nerfs élargis évocateur de périnévrites [11].
La microscopie confocale, malgré les hautes valeurs de sensibilité (de 55,8 % à 100 %) et de spécificité (de 77,3 % à 100 %), est largement opérateur-dépendante. Deux signes en microscopie confocale apparaissent comme pathognomoniques; il s'agit de l'« image en cible» visible dans l'épithélium (< 30 μm) et de l'aspect de pseudotrophozoïtes spiculés (> 30 μm), mais d'une sensibilité de 8,7 % et de 10,9 % respectivement [ 12]. La microscopie confocale est une aide au diagnostic, mais ne doit pas conduire à un diagnostic erroné de KA ou à un faux sentiment de sécurité. Elle est probablement insuffisante pour établir un diagnostic de certitude de KA en cas de négativité des examens microbiologiques.
Diagnostic microbiologique
Tout doit être fait pour obtenir un diagnostic de certitude du fait de l'agressivité et de la longueur du traitement qui doit être mis en route. Le diagnostic est cependant difficile et doit combiner les différents tests disponibles.
L'examen direct du produit de grattage de la surface de la cornée peut permettre d'identifier Acanthamoeba après coloration May-Grünwald. La culture sur gélose non nutritive ou sur milieux liquides enrichis avec une suspension d' Escherichia coli demande le plus souvent une à plusieurs semaines. Le taux de rendement est variable, entre 30 % et 64 %. Acanthamoeba doit aussi être recherchée au niveau des lentilles et/ou du boîtier, sans que ce soit pour autant synonyme d'infection cornéenne.
L'amplification génomique par polymerase chain reaction (PCR) d' Acanthamoeba augmente la sensibilité des prélèvements et la rapidité du diagnostic positif, mais elle n'est disponible que dans certains centres. Il n'existe pas de kit commercial disponible. La PCR est réalisée sur le produit de grattage cornéen après rinçage pour limiter les inhibiteurs comme la fluorescéine ou les collyres anesthésiants. Elle implique l'amplification d'un fragment du gène de l'ARN ribosomique 18S. La spécificité de cette technique est de 100 %. Khairnar et al. ont comparé l'analyse par PCR en temps réel ou non à l'examen direct et à la culture. La PCR en temps réel possède la meilleure sensibilité, estimée à 89,3 % [ 13]; celle-ci peut être améliorée en combinant plusieurs analyses PCR amplifiant des fragments différents [14].
La biopsie cornéenne est parfois nécessaire, dans les cas où l'abcès s'aggrave malgré un traitement probabiliste large et où les cultures sont restées négatives à plusieurs reprises.
Traitement médical
Antiseptiques
La chlorhexidine (CLX) et le polyhexaméthylène biguanide (PHMB) sont des biguanides cationiques à large spectre d'activité antimicrobienne, généralement utilisés comme désinfectants, antiseptiques ou conservateurs. Les biguanides interagissent avec la membrane cytoplasmique, entraînant une perte de composants cellulaires et une inhibition des enzymes de la chaîne respiratoire. Il n'existe pas de préparation de collyre commercialement disponible pour ces deux produits, qui doivent être préparés par les pharmacies hospitalières. Une étude contrôlée randomisée comparant les monothérapies PHMB 0,02 % et CLX 0,02 % chez 56 patients a suggéré que les deux biguanides seraient tout aussi efficaces en monothérapie [ 15].
Les diamidines sont disponibles sous forme de préparations commerciales : la propamidine 0,1 % (Brolène®, Patheon, Swindon, Royaume-Uni) ou de l'hexamidine 0,1 % (Désomédine®, Laboratoire Chauvin, Bausch and Lomb, Montpellier, France). Les effets antiseptiques des diamidines résultent de leurs propriétés tensioactives cationiques induisant un changement de structure de la membrane cellulaire affectant sa perméabilité. Un traitement prolongé de propamidine peut entraîner une toxicité épithéliale. Des isolats cliniquement résistants ont été rapportés pour la propamidine et l'hexamidine [ 16], ce qui fait qu'elles sont déconseillées en monothérapie.
Antifongiques azolés
Les antifongiques azolés inhibent la synthèse de l'ergostérol, également retrouvé dans la membrane d' Acanthamoeba . Le voriconazole est une molécule de deuxième génération avec une meilleure biodisponibilité oculaire. In vitro, le voriconazole montre une activité antitrophozoïtes, mais les données sur l'activité antikyste sont contradictoires. Le voriconazole 1 % en collyre s'est avéré efficace en monothérapie sur un modèle murin lors d'une fréquence élevée d'instillation quand la concentration intracornéenne était la plus élevée [17]. Chez l'homme, trois études montrent l'intérêt de cette molécule en collyre soit en association avec le traitement antiamibien, soit même en monothérapie [18-19-20]. Son utilisation par voie systémique est probablement utile dans les KA stromales profondes [21]. En cas d'utilisation par voie systémique, une surveillance des effets secondaires fréquents, notamment hépatiques ou neurologiques, et son dosage plasmatique sont nécessaires. L'étude de l'efficacité d'autres molécules triazolées est en cours [ 22].
Autres molécules
La miltéfosine est un alkyl-lysophospholipide utilisé dans le traitement de la leishmaniose. Il est disponible aux États-Unis sous le statut de «médicament orphelin» dans les KA réfractaires par extrapolation des données chez l'animal. La plus grande série analyse 15 patients avec des résultats encourageants, toujours en association. Cette molécule est abortive et tératogène par voie systémique et peut induire des réactions inflammatoires sévères cornéennes. Elle nécessite des analyses supplémentaires [2].
D'autres molécules ont été testées in vitro; la povidone iodée, le chlorure de benzalkonium et la natamycine ont démontré une activité antitrophozoïtes mais aussi kysticide [23-24-25-26]. Leurs toxicités mais surtout leurs biodisponibilités au sein du stroma cornéen sont à mettre en balance par rapport aux molécules plus classiquement utilisées.
Le tableau 24-1
Tableau 24-1
Efficacité des différents traitements anti-amibiens in vitro (modifié d'après [17, 22, 28]).
Agent/activité in vitroActivité antitrophozoiteActivité kysticide
Biguanides
PHMB (polyhexamethylène biguanide)
Chlorhexidine
Picloxydine (Vitabact®)
+++
+++
+++
+++
+++
++
Diamidines aromatiques
Propamidine (Brolène®)
Hexamidine (Désomédine®)
+++
+++
++
++
Aminosides
Néomycine
Paromomycine
++
+++

Antifongiques imidazolés
Miconazole
Kétaconazole
Clotrimazole
+
+
+
±
±
±
Antifongiques triazolés de première génération
Fluconazole
Itraconazole
+
+
±
±
Antifongiques triazolés de deuxième génération
Voriconazole
Posaconazole
Isavuconazole
+
+
+
±
±
±
Miltéfosine+±
résume l'efficacité in vitro de certains anti-amibiens utilisés [ 27 , 28].
Protocoles médicaux thérapeutiques
Le traitement est institué après les prélèvements microbiologiques en cas de suspicion clinique, sans attendre la confirmation microbiologique ou histologique. Il n'y a actuellement pas d'anti-amibien qui possède une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la prise en charge des KA en Europe ou aux États-Unis. Le propamidine iséthionate (Brolène®), non disponible en France, possède cependant l'AMM dans l'indication « kératite amibienne» en Australie. Les diamidines et les biguanides sont les molécules qui possèdent la meilleure activité in vitro contre les kystes [16 , 27 , 29]. Les protocoles de traitements utilisés sont empiriques. Le PHMB 0,02 % et l'hexamidine 0,1 % sont le plus souvent utilisés. Dans une étude multicentrique au Royaume-Uni regroupant 218 patients, la durée moyenne du traitement médical était de 6 mois (0,5 à 29 mois) [ 30]. En fonction des centres, un antifongique triazolé, par voie générale ou en collyre, est ajouté. Il n'existe pas de consensus validé sur la prise en charge [31]; un algorithme de traitement est néanmoins proposé (fig. 24-7
Fig. 24-7
Proposition d'un algorithme de prise en charge d'une suspicion de kératite amibienne.
PHMB : polyhexaméthylène biguanide.
).
Des kératites persistantes sous traitement bien conduit et vérification de la sensibilité des souches sont décrites [16]. Il est ainsi étonnant que les biguanides ayant des concentrations minimales kysticides approximatives à 2 μg/ml, c'est-à-dire 100 fois plus faibles que la concentration des collyres utilisés, puissent conduire à des échecs thérapeutiques. Leurs faibles concentrations locales intrastromales sont probablement largement en cause. Ainsi, une seule étude a mesuré la pénétration du PHMB et de la chlorhexidine au niveau cornéen sur un modèle ex vivo. Ni le PHMB, ni la chlorhexidine n'étaient détectables même après 8 heures d'instillation (2 fois par heure) dans la chambre antérieure artificielle, qu'il s'agisse d'une cornée avec ou sans épithélium [32]. Les effets secondaires du PHMB à une concentration entre 0,02 % et 0,008 % semblent limités. Seule la kératite ponctuée superficielle était plus fréquente pour la concentration à 0,08 % [33]. Récemment, une étude européenne de phase 3 multicentrique ( Orphan Drug for Acanthamoeba Keratitis [ODAK]) a montré l'équivalence d'une monothérapie par PHMB 0,08 % et d'une bithérapie par PHMB 0,02 % + propamidine 0,1 % en termes de taux de « guérison clinique» (communication J. Dart, AAO 2022).
Corticothérapie et traitements immunosuppresseurs
Le bénéfice d'une corticothérapie locale est difficile à préciser dans la KA et son utilisation reste controversée. In vitro, la dexaméthasone favoriserait le désenkystement et la prolifération des trophozoïtes. Une injection intramusculaire de dexaméthasone chez un modèle de KA chez le hamster chinois augmenterait l'incidence, la gravité et la chronicité de la kératite [ 34]. Si la corticothérapie est utilisée, il est préférable de la commencer après au moins 15 jours de traitement anti- Acanthamoeba et de le poursuivre pendant au moins 1 mois après son arrêt [ 8].
L'approche thérapeutique des sclérites ou des douleurs intenses associées est difficile. Iovieno et al. ont proposé un algorithme thérapeutique; les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont proposés, puis, en cas de formes réfractaires, les corticoïdes par voie systémique et certains immunosuppresseurs pourraient être utilisés [ 35]. Dans ce type de protocole est associé systématiquement un traitement antifongique pour son action au moins anti-trophozoïtes afin de limiter l'éventuelle progression d' Acanthamoeba en extracornéen [35]. La sclérite associée à la KA nécessite parfois une énucléation du fait des douleurs insupportables induites.
Traitement chirurgical
Le débridement épithélial de la zone affectée est pratiqué à visée diagnostique, mais aussi thérapeutique s'il est réalisé tôt, lorsque la maladie est encore intra-épithéliale. Il est pratiqué par certains pour améliorer la pénétration des collyres anti-amibiens.
L'action dans les kératites infectieuses du photo-activated chromophore for keratitis-corneal cross-linking (PACK-CXL) serait antimicrobienne (libération des radicaux libres oxygénés), liée au renforcement de la résistance biomécanique du stroma cornéen, et anti-inflammatoire (inhibition de la synthèse de cytokines pro-inflammatoires) [36]. Concernant la KA, les données de la littérature sont discordantes. In vivo, sur des modèles animaux de KA, le traitement par UVA/riboflavine ne montrait pas d'efficacité par rapport à une absence de traitement [37 , 38]. Cliniquement, certaines expériences favorables sont rapportées en traitement adjuvant [39]. Cependant, le nombre très faible de patients rapportés dans la littérature, l'absence de groupe contrôle et les résultats non concluants des études précliniques doivent inciter à la prudence. La Rose Bengal photodynamic antimicrobial therapy (RB-PDAT) utilisant une lumière d'excitation verte pourrait avoir un effet antimicrobien supérieur. Une étude multicentrique et randomisée vient de débuter (REAGIR); https://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT0511000).
La kératoplastie thérapeutique a pour but de maintenir l'intégrité anatomique ou de réduire la quantité d' Acanthamoeba présente au niveau du site infectieux. Elle est largement remise en question et semble devoir être limitée au maximum, intervenant en dernier recours. En effet, les complications postopératoires sont nombreuses, à type de récidive de l'infection, de glaucome, de retard de cicatrisation ou même d'endophtalmie. La nécessité d'une deuxième greffe est fréquente (jusqu'à 60 % des cas [ 40]). À l'inverse, la kératoplastie lamellaire ou transfixiante à visée optique à distance est utile dans les stratégies de réhabilitation visuelle. Il semble qu'un délai de 3 mois après arrêt de tout traitement sans récidive soit une bonne limite pour pouvoir proposer une kératoplastie optique [41]. Néanmoins, ce délai est à discuter au cas par cas en fonction notamment de la récupération d'une sensibilité cornéenne (fig. 24-8
Fig. 24-8
Kératoplastie et kératite amibienne (KA).
a. Récidive infectieuse au niveau du greffon thérapeutique transfixiant pour KA. b. Ulcère chronique épithélial sur greffon thérapeutique. c, d. À visée de réhabilitation visuelle, kératoplastie transfixiante à 18 mois du début de la KA.
).
Certains auteurs ont proposé une kératoplastie lamellaire profonde ou antérieure « à chaud» avec des résultats étonnamment encourageants sur un nombre restreint de patients [42 , 43]. Le risque est de laisser des éléments infectieux dans le stroma résiduel avec une potentielle récidive. Certains ont également proposé une photokératectomie thérapeutique [44]. La cryothérapie a rarement été utilisée, en cas de kératite réfractaire sévère.
Les ulcères cornéens persistants sont des situations fréquentes. Le traitement consiste dans un premier temps, autant que possible, à exclure une surinfection ou une infection persistante à Acanthamoeba tout en essayant de réduire la toxicité des collyres. Les recouvrements conjonctivaux partiels et la greffe de membrane amniotique sont utiles.
Pronostic
La KA reste à l'heure actuelle une maladie potentiellement cécitante (tableau 24-2
Tableau 24-2
Pronostic de la kératite amibienne dans deux centres ophtalmologiques européens.
Date étudeLieu étudeAcuité visuelle finale
Dart et al., 2009 [8] 1992–1999Royaume-Uni
229 patients
AV ≥ 10/10 : 150 patients (65,5 %)
5/10 < AV ≤ 6,6/10 : 70 patients (30,5 %)
1/10 < AV ≤ 3,3/10 : 5 patients (2 %)
PL : 2 patients (< 1 %)
Énucléation : 2 patients (< 1 %)
Bouheraoua et al., 2013 [45] 2004–2008Paris, France
Hôpital des 15-20
44 patients
5/10 < AV ≤ 10/10 : 24 patients (55 %)
1,6/10 < AV ≤ 4/10 : 10 patients (23 %)
PL < AV ≤ 1/10 : 8 patients (18 %)
Énucléation : 2 patients (4 %)

AV : acuité visuelle; PL : perception lumineuse.


) [ 8 , 45]. La gravité de la maladie à la présentation initiale est le facteur pronostique principal [ 46], corrélé au délai entre l'apparition des symptômes et le début d'un traitement adapté; au-delà de 18 jours à 1 mois, le pronostic visuel se dégrade et la nécessité d'un geste chirurgical « à chaud» augmente [45 , 47]. L'instillation de dexaméthasone en collyre pour un diagnostic erroné a pu être identifiée comme un facteur de mauvais pronostic indépendant, multipliant par quatre le risque d'acuité visuelle ≤ 2,5/10, de perforation cornéenne et de recours à une kératoplastie sur 174 patients [48].
Le fardeau de la KA pour les patients et le système hospitalier est lourd. Ainsi, pour les patients ayant de mauvais résultats fonctionnels (93 patients), 25 % ont nécessité plus de 55 visites de consultation et 58 mois de suivi [10].
Conclusion
La kératite amibienne reste une pathologie infectieuse cornéenne qui peut changer le cours d'une vie. Malgré les progrès obtenus pour son diagnostic, les besoins d'amélioration se focalisent désormais sur la prise charge, en particulier médicamenteuse. La problématique de pénétration intrastromale de molécules pourtant extrêmement efficaces in vitro constitue probablement le défi des années futures.
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