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Chapitre 43
Endophtalmies bactériennes postopératoires : les prévenir

C. Creuzot-Garcher

Introduction
La prévention des endophtalmies postopératoires (EPO) passe par la connaissance des facteurs de risque et des principales bactéries responsables de l'infection. Celles-ci peuvent provenir de la peau, mais sont principalement issues de la conjonctive et sont inoculées dans l'œil lors de la chirurgie via les instruments ou l'implant [1]. L'inoculation peut également avoir lieu dans les jours qui suivent l'intervention chirurgicale en cas de fuite par l'incision cornéenne, conjonctivale ou sclérale. Les souches impliquées peuvent varier selon le type de chirurgie oculaire, mais la grande majorité d'entre elles sont à Gram positif. L'étude multicentrique française sur l'endophtalmie (FRIENDS) a retrouvé une proportion de 94 % de bactéries à Gram positif dans les endophtalmies aiguës après chirurgie de la cataracte dont 70 % de staphylocoques à coagulase négative [ 2].
Nous ne nous intéresserons qu'aux endophtalmies aiguës, c'est-à-dire survenant dans les 6 semaines après une chirurgie oculaire. Nous n'aborderons pas les endophtalmies après injections intravitréennes (IVT) qui ne sont pas à proprement parler une procédure chirurgicale.
Incidence des endophtalmies
L'origine des endophtalmies aiguës a évolué avec le temps : si la cataracte demeure la principale cause des endophtalmies, les infections après IVT représentent maintenant le deuxième contingent. Par ailleurs, si les taux d'endophtalmies sont faibles, tant pour la cataracte que les IVT, les chirurgies rétinovitréennes présentent le taux le plus élevé d'endophtalmies lors d'une chirurgie réglée (tableau 43-1
Tableau 43-1
Risque d'endophtalmie aiguë postopératoire en France selon les données du Système national des données de santé (sur la période 2009-2018) (d'après Baudin et al. [3])
ProcéduresNombre d'EPOProportion (%)Nombre de procédures Ratio EPO/procéduresIncidence d'EPO
Cataracte480863,9273160771/15220,066
IVT129617,2354556301/42100,024
CVR6989,284422631/6340,158
Chir. SA2453,262749951/11220,089
Cat. + CRV 1912,541133801/5940,168
Chir. cornée1421,896699981/47180,021
Chir. filtrante801,061085561/13570,074
Cat. + chir. filtrante 410,54464621/11330,088
Chir. sclérale et du globe210,28114921/5470,127

Cat. : cataracte; chir. : chirurgie; chir. SA : chirurgie du segment antérieur hors cataracte; CRV : chirurgie rétinovitréenne; EPO : endophtalmie postopératoire; IVT : injection intravitréenne.


) [3]. Une étude réalisée en France rapporte une incidence d'EPO après chirurgie de la cataracte passant de 0,145 % en 2005 à 0,053 % en 2014 [ 4]. Cette incidence est proche d'une étude menée aux États-Unis avec une incidence de 0,05 % en 2017 [5], ou en Suède avec un taux de 0,048 % [ 6].
Facteurs de risque et germes impliqués
La prévention passe également par l'identification des facteurs de risque pour essayer de les éviter ou de les maîtriser (encadré 43-1
Encadré 43-1
Facteurs de risque des endophtalmies postopératoires associées à la chirurgie de la cataracte
  • Chirurgie de cataracte extracapsulaire manuelle

  • Rupture capsulaire

  • Chirurgie combinée

  • Chirurgie traumatique

  • Localisation inférieure de l'incision et incision non étanche

  • Implantation secondaire *

    *
    * Discutée avec l'avènement des implants injectés, mais reste probablement vraie pour les implants non pliables en raison du contact avec la conjonctive.

).
  • L'extraction extracapsulaire manuelle est associée à un taux élevé de 0,68 % [7]. On retient un risque 2,19 fois plus élevé pour l'extraction manuelle par rapport à la phacoémulsification [8].
  • Une incision cornéenne directe et globalement une incision non étanche, surtout si elle est de localisation inférieure pour une incision temporale, augmente le risque d'infection oculaire [9].
  • Les implantations secondaires de lentilles intraoculaires sont également associées à un risque plus élevé d'EPO [ 10]. Il est toutefois assez probable que les injections d'implant pliables, avec injecteur, évitant le contact avec la conjonctive ont atténué ce risque.
  • La rupture capsulaire postérieure avec issue de vitré a toujours été signalée comme un facteur de risque augmentant de trois à six fois l'infection oculaire [4 , 8].
  • La chirurgie combinée, lorsque l'extraction de la cataracte est associée à une autre procédure, notamment la chirurgie vitréorétinienne, entraîne un risque plus élevé d'EPO [11].
  • La chirurgie au décours d'un traumatisme, surtout s'il s'accompagne d'un corps étranger intraoculaire (CEIO), affiche un taux plus élevé d'EPO, d'autant plus qu'il y a retard de prise en charge et que les CEIO sont souillés et de nature végétale.
  • La chirurgie vitréorétinienne est associée à une augmentation du risque d'EPO. Le passage à la technique transconjonctivale s'est accompagné d'une augmentation du nombre d'EPO. Les risques ont été diminués par : 1) l'obliquité des sclérotomies permettant d'obtenir une cicatrice étanche, surtout si le globe n'est pas hypotone; 2) le déplacement de la conjonctive qui est en regard de l'incision sclérale pour limiter l'incarcération vitréenne par les deux ouvertures si elles sont en regard l'une de l'autre; 3) la recherche systématique d'une incarcération vitréenne à la fin de la procédure par le passage d'un petit tampon selon la technique de la « mouillette». Cette pratique est d'autant plus systématique qu'aucun tamponnement par gaz n'est fait, puisque la vitrectomie avec tamponnement (type trou maculaire) s'accompagne de moins d'EPO que les vitrectomies sans tamponnement (type membrane épirétinienne) [12].
Le diabète n'est pas un facteur de risque de développer une endophtalmie en soi, mais le pronostic des EPO chez les diabétiques est plus sévère [ 13 , 14]. L'âge et le sexe sont controversés, avec un petit surrisque chez les hommes et les patients plus jeunes, mais cela reste discuté [4 , 8 , 15]. Des antécédents d'IVT s'accompagneraient également d'un taux plus élevé d'EPO après chirurgies de la cataracte [16].
Enfin, les bactéries ciblées sont avant tout des Gram positif (environ 90 % et essentiellement des staphylocoques coagulase négative et streptocoques), et beaucoup plus rarement des Gram négatif (environ 10 %) (encadré 43-2
Encadré 43-2
Germes impliqués dans les endophtalmies postopératoires (d'après [1])
  • Bactéries à Gram positif (90 % des EPO) : les staphylocoques coagulase négative (principalement Staphylococcus epidermidis), Staphylococcus aureus, les streptocoques du groupe viridans, Streptococcus pneumonia, Enterococcus species, Corynebacterium species et Propionibacterium acnes avant tout.

  • Beaucoup plus exceptionnel, les bactéries à Gram négatif : entérobactéries (en particulier Escherichia coli et Klebsiella pneumonia), Pseudomonas aeruginosa, Acinetobacter species, Burkholderia species, Haemophilus influenza, Neisseria meningitidis et les espèces de Moraxella.

  • Presque jamais en France : mycoses – Candida (en particulier Candida albicans) et autres pathogènes fongiques (principalement Aspergillus et Fusarium, dans les EPO post-traumatiques.

).
Prévention des infections postopératoires
Il est assez étonnant que les controverses sur l'antibioprophylaxie soient toujours très passionnées quand on s'intéresse à l'EPO alors que le respect strict des règles d'asepsie et d'antisepsie jouent un rôle tout aussi important, voire plus et réellement fondé sur l' evidence-based medicine .
Règles d'asepsie
La salle d'opération doit répondre à toutes les normes de taille, de matériaux de sol et de mur, de circulation d'air et de portes battantes. Une bonne gestion de l'air signifie un air bien filtré et ventilé. Un filtre à air à particules à haute efficacité doit être utilisé et les normes de renouvellement d'air par heure ainsi que de température et d'humidité doivent être respectées.
Un bac à ultrasons est idéal pour nettoyer les instruments. En effet, tous les instruments oculaires doivent également être soigneusement nettoyés avant la stérilisation pour éviter les dépôts de débris organiques dont la persistance peut entraîner des TASS ( toxic anterior segment syndromes ) dont le diagnostic différentiel avec l'EPO n'est pas toujours aisé. La stérilisation au gaz à l'oxyde d'éthylène est préférable pour préserver la qualité des instruments microchirurgicaux. Le lavage chirurgical, de même que les gants chirurgicaux, les masques, les calots et les blouses chirurgicales doivent suivre les recommandations pour maintenir un environnement aseptique pendant la chirurgie [1]. La chirurgie intraoculaire, qui utilise beaucoup de liquide, nécessite un drapage adhésif étanche qui empêche le passage des bactéries épidermiques vers l'œil. Il n'est pas recommandé de couper les cils. Lors du drapage et de l'insertion de l'écarteur des paupières, il est ainsi recommandé de cacher les cils sous le drapé d'un champ collant.
Antisepsie
Le traitement antiseptique des paupières, du pourtour des yeux et du sac conjonctival est principalement réalisé avec de la povidone iodée (PVI) ou de la chlorhexidine. Dans certains pays, des douches antiseptiques avant la chirurgie sont utilisées, assimilant la chirurgie de la cataracte à des chirurgies sur peau souillée. En France, les sociétés nationales d'hygiène ne recommandent plus cette douche bétadinée préopératoires car les savons antiseptiques ne sont pas supérieurs aux simples savons non antiseptiques [ 17].
Povidone iodée
L'utilisation de PVI pour réaliser l'asepsie avant une chirurgie ophtalmique est depuis longtemps recommandée. Une solution de PVI (complexe de polyvinylpyrrolidone et d'iode élémentaire) est l'antiseptique préopératoire standard pour la chirurgie oculaire et péri-oculaire dans la plupart des pays [ 18]. Les flacons à usage unique de solution de PVI sont bien adaptés pour la chirurgie oculaire. La PVI en forte concentration ou en exposition prolongée pouvant endommager la cornée, elle est diluée à 5 % et 10 % pour les applications sur la surface oculaire, les paupières et le contour des yeux, respectivement. L'antisepsie péri-oculaire commence par le badigeonnage des paupières et de la peau environnante avec de la PVI à 10 %. La PVI 5 % est ensuite appliquée sur la conjonctive et la cornée avec un temps de contact recommandé de 2 minutes.
Dans une étude prospective randomisée portant sur les IVT, l'utilisation de 5 % de PVI a permis de diminuer significativement le nombre de bactéries. L'exposition de PVI pendant 15 secondes était insuffisante, mais 30 secondes d'exposition réduisent déjà significativement les germes [19].
La PVI peut avoir des propriétés irritantes ou allergiques. Une «allergie» autodéclarée n'est généralement pas une véritable allergie [ 20]. L'allergie vraie est rare, de l'ordre de 0,4 % des cas dans une étude dermatologique [21]. Ces allergies sont d'ailleurs avant tout des allergies de contact sans aucune gravité, les chocs anaphylactiques étant vraiment exceptionnels.
Une attitude peut être d'appliquer de la Bétadine® sur la face interne du bras du patient pour attester l'allergie ou, mieux, de l'adresser à un allergologue pour qu'il réalise des tests, surtout si une forme grave d'allergie est évoquée. Il y a toutefois très souvent confusion entre : 1) une allergie aux fruits de mer qui n'est pas réellement une allergie et n'a pas de relation avec l'iode; 2) des malaises ressentis lors d'une injection de produit de contraste, souvent plutôt d'origine vasogénique et sans relation avec l'iode; 3) des irritations ressenties lors des contacts répétés avec la Bétadine® lors des IVT et majorées par l'utilisation du blépharostat.
Autres antiseptiques
Pour les patients authentiquement allergiques, une antisepsie avec une solution de chlorhexidine (0,05 %) peut être proposée. Une autre alternative est une solution d'hypochlorite de sodium isotonique à 0,06 %, qui s'est avérée aussi sûre que la PVI, mais dont l'efficacité n'a pas encore été évaluée [ 22].
La solution alcoolique de chlorhexidine (0,5 %) pour le badigeonnage des paupières et la solution aqueuse de chlorhexidine (0,05 %) pour la conjonctive peuvent être utilisées pour réaliser l'asepsie avant la chirurgie oculaire. À faible concentration, la chlorhexidine est bactériostatique, mais bactéricide à forte concentration [23]. Dans une étude, après lavage de la surface oculaire par 30 ml de chlorhexidine à 0,05 %, on notait une réduction significative de 82 % des germes [24].
Il n'existe pas d'étude concluante sur une quelconque supériorité de l'un ou l'autre antiseptique, PVI ou chlorhexidine [ 25]. Cependant, la chlorhexidine n'est pas disponible dans tous les pays et elle peut donner lieu aux mêmes allergies que la PVI (allergie de contact ou anaphylaxie). Dans une étude dermatologique portant sur l'allergie de contact, une réaction positive à la chlorhexidine a été observée chez 36 (0,47 %) patients [26].
Antibioprophylaxie
Antibioprophylaxie préopératoire
Le traitement préopératoire avec des antibiotiques topiques a été largement utilisé dans de nombreux pays. Le but est de créer une conjonctive en théorie exempte de bactéries avant la chirurgie, les antibiotiques étant supposés pénétrer dans l'humeur aqueuse. De nombreux protocoles différents ont été utilisés, principalement en fonction des traditions locales. Un essai contrôlé randomisé a montré que les collyres antibiotiques avant la chirurgie ne réduisaient pas le taux d'endophtalmie [14]. Les antibiotiques topiques en tant que prophylaxie supplémentaire associés à l'injection intracamérulaire n'offrent aucune protection supplémentaire [27].
Antibioprophylaxie peropératoire
Chirurgie de la cataracte
La voie d'administration intracamérulaire s'est imposée ces dernières années. Auparavant, les auteurs utilisaient les antibiotiques dans la solution d'irrigation. Toutefois, ces antibiotiques finissent dans les eaux usées et constituent donc un problème écologique, outre les résistances à certains antibiotiques essentiels comme la vancomycine . Les injections sous-conjonctivales d'antibiotiques en fin de chirurgie (extraction de la cataracte ou chirurgie rétinovitréenne) ont été largement utilisées, mais ne réduisent pas le risque d'EPO [1]. Les injections sous-conjonctivales d'aminosides peuvent entraîner des infarctus maculaires et sont donc à éviter.
En 2002, Montan et al. ont publié les résultats du St Erik's Eye Hospital de Stockholm portant sur la céfuroxime intracamérulaire (1 mg/0,1 ml) injectée lors des chirurgies de la cataracte [28]. Par la suite, un grand essai contrôlé randomisé initié par la Société européenne des chirurgiens de la cataracte et de la chirurgie réfractive (European Society of Cataract Refractive Surgeons [ESCRS]) a retrouvé un risque réduit d'endophtalmie lorsqu'une injection intracamérulaire de céfuroxime était utilisée [14]. On rappellera que cette étude avait été initiée pour évaluer l'efficacité en prophylaxie d'une quinolone en collyre. L'étude n'a pas été menée à son terme, car la différence de 1 à 5 de la survenue d'une EPO selon l'utilisation des antibiotiques intracamérulaires ou non n'a pas rendu éthique la poursuite de l'étude. Ce résultat a défini les lignes directrices de l'ESCRS sur la prophylaxie de l'endophtalmie [29].
Plusieurs autres études ont confirmé ces résultats. La plupart sont des études rétrospectives hospitalières [30], mais plus récemment des registres de grands groupes hospitaliers ont confirmé les effets bénéfiques des antibiotiques intracamérulaires [31]. Une méta-analyse a conclu que l'antibiothérapie intracamérulaire était le meilleur choix pour prévenir l'endophtalmie après une chirurgie de la cataracte [ 32]. Une revue Cochrane a conclu que l'injection intracamérulaire de céfuroxime injectée à la fin de la chirurgie de la cataracte réduisait le risque d'endophtalmie avec des hauts niveaux de preuve [ 33]. Une étude française portant sur plus de 6 millions de chirurgies de la cataracte à partir des données de l'assurance maladie a montré une diminution du nombre d'EPO de 0,145 % en 2005 à 0,053 % en 2014 [4]. Cette diminution n'était toutefois pas linéaire, avec une vraie cassure de la courbe d'incidence des EPO, non pas lors de la publication des données de l'ESCRS, mais lors de la mise à disposition d'une solution commercialisée de céfuroxime. L'intérêt de l'injection intracamérulaire de céfuroxime est d'ailleurs confirmé lors des ruptures capsulaires qui sont des situations à risques d'EPO [7]. Les allergies aux pénicillines et aux céphalosporines de première génération ne sont pas des contre-indications à l'utilisation de la céfuroxime.
D'autres antibiotiques ont été proposés pour la voie intracamérulaire. La vancomycine dans la solution d'irrigation utilisée pour la phacoémulsification a été le premier antibiotique injecté dans la chambre antérieure en prophylaxie de l'endophtalmie. Cependant, l'émergence des résistances et la place de la vancomycine comme traitement des entérocoques résistants ont conduit le Center for Disease Control and Prevention d'Atlanta, aux États-Unis, à éditer des mises en garde fortes contre l'utilisation de la vancomycine comme prophylaxie [34]. De plus, la vasculite rétinienne occlusive hémorragique a été associée à l'utilisation systématique de vancomycine intracamérulaire (1 mg/0,1 ml) ou à de la vancomycine ajoutée dans le flacon de solution saline équilibrée (BSS) (10 mg dans le flacon de BSS) [35].
Certains auteurs ont étudié et promu la gatifloxacine et la moxifloxacine , des fluoroquinolones de quatrième génération à large spectre contre des bactéries à Gram positif et négatif, principalement aux États-Unis. Haripriya et al. ont rapporté une réduction de l'endophtalmie avec la moxifloxacine intracamérulaire (0,5 mg/0,1 ml) dans une grande cohorte indienne [ 36]. Dans une méta-analyse récente, il a été montré que la moxifloxacine ne présentait aucune supériorité statistique par rapport à la céfuroxime et à d'autres antibiotiques dans la prévention des EPO après une chirurgie de la cataracte [37]. En fait, le choix de l'antibiotique intracamérulaire idéal pour l'injection intracamérulaire doit tenir compte de la disponibilité sous forme de présentations prêtes à l'emploi ou presque de l'antibiotique, évitant entre autres les manipulations de dilution et la potentielle toxicité en cas d'erreur de dilution [38].
Chirurgies oculaires hors cataracte
Par assimilation, les chirurgies combinées, qui s'accompagnent d'un risque augmenté d'EPO, peuvent bénéficier de la même prophylaxie que la chirurgie de la cataracte avec une injection intracamérulaire de céfuroxime [11]. Le taux d'endophtalmie après chirurgie palpébrale, chirurgie du globe, chirurgie de strabisme étant faible, ces procédures ne nécessitent aucune prophylaxie antibiotique. Les recommandations pour les autres chirurgies oculaires s'appuient sur des niveaux de preuve beaucoup moins élevés. La chirurgie cornéenne à globe ouvert (greffe de cornée) ou la chirurgie du glaucome ne justifient pas de prophylaxie antibiotique au vu des données de la littérature, mais on peut toujours se poser la question d'une injection intracamérulaire de céfuroxime si le segment antérieur est ouvert, mais il n'existe aucun support solide pour une telle pratique.
Il est encore plus difficile de s'appuyer sur des niveaux de preuves élevés pour définir une prophylaxie antibiotique dans les traumatismes oculaires. D'une part, le nombre de procédures très limité rend difficile une analyse à grande échelle et, d'autre part, les circonstances de prise en charge sont très hétérogènes : une chirurgie effectuée très rapidement, sans CEIO, ne nécessite probablement pas de prophylaxie antibiotique. A contrario, une prise en charge tardive, avec un CEIO, peut rendre légitime une prophylaxie antibiotique. Les choses se compliquent encore en fonction de l'atteinte du cristallin, du segment postérieur, etc. Le groupe d'experts de la Société française d'ophtalmologie/Société française d'anesthésie réanimation (SFO/SFAR) a donc recommandé une prophylaxie par IVT de vancomycine (1 mg/0,1 ml) et ceftazidime (2,25 mg/0,1 ml) en fin d'intervention, et ces recommandations seront publiées courant 2024. On s'éloigne alors d'une simple prophylaxie au sens strict du terme pour arriver avec des doses curatives administrées en une seule dose.
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