Retour
Chapitre 70
Infections des voies lacrymales

P.-Y. Robert, J. Delmas, O. Vernat-Tabarly, M. Rocher

Ce chapitre devait être rédigé par Bruno Fayet. Nous rendons hommage à tout ce qu'il nous a appris.
Introduction
Les voies lacrymales sont à la fois le lieu d'évacuation des pathogènes et celui où des infections peuvent se développer. Nous décrirons ici le rôle des voies lacrymales dans la régulation des pathogènes de surface, leurs modes d'infection et la prise en charge de leurs principales infections.
Les voies lacrymales, régulatrices des pathogènes de surface
Pompe lacrymale
Les pathogènes de la surface oculaire sont évacués de façon active, à chaque clignement des paupières. Lors de la fermeture, la contraction du muscle de Duverney-Horner vide les canalicules en attirant les points lacrymaux en dedans et en arrière, tout en comprimant la partie horizontale des canalicules. Lors de l'ouverture, le relâchement de ce même muscle remplit les canalicules par un effet de ventouse, en allongeant la partie horizontale des canalicules. Toutes les pathologies qui perturbent la position des points lacrymaux ou l'action du muscle de Duverney-Horner peuvent perturber l'évacuation des pathogènes de surface.
Muqueuse lacrymale
La muqueuse lacrymale (fig. 70-1
Fig. 70-1
Muqueuse lacrymale normale d'un canalicule dans sa portion horizontale (Orcéine, 10 ×).
1. Épithélium muqueux pluristratifié. 2. Mucus lacrymal. 3. Tissu d'élastine sous-jacent à la membrane basale, colorée en noir par l'Orcéine. 4. Muscle de Duverney-Horner (portion lacrymale du muscle orbiculaire). 5. Revêtement cutané.
), épithélium de transition entre l'épithélium conjonctival et l'escalator mucociliaire respiratoire, joue également un rôle actif dans la régulation des pathogènes de surface. Elle participe à l'immunité muqueuse comme toutes les muqueuses de l'organisme, par de nombreux mécanismes, parmi lesquels :
  • la sécrétion de mucus et de protéines de l'immunité : lysozyme, bêta-lysine, lactoferrine, mucines, immunoglobulines A (IgA) sécrétoires qui s'opposent à l'adhésion bactérienne [ 1]. Le mucus est sécrété dans les cellules caliciformes de la muqueuse lacrymale (fig. 70-2
    Fig. 70-2
    Cellules caliciformes (en violet) au sein de la muqueuse conjonctivale.
    PAS, ×20.
    );
  • la présence dans l'épithélium de Toll-like receptors , qui reconnaissent les motifs bactériens (en particulier les lipopolysaccharides), très utiles dans la tolérance de la flore résidente;
  • l'action de veille dans l'épithélium muqueux des cellules dendritiques présentatrices de l'antigène;
  • la présence dans la sous-muqueuse d'un tissu lymphoïde associé aux muqueuses (MALT). Chaque millimètre cube de tissu sous-muqueux conjonctival contiendrait environ 10000 lymphocytes, entre 20000 et 40000 plasmocytes et 5000 mastocytes [ 1].
Par les lésions induites sur la muqueuse, les infections lacrymales peuvent ainsi perturber l'immunité muqueuse de la surface oculaire.
Microbiotes de la surface oculaire et des larmes
Comme toutes les muqueuses de l'organisme, les larmes hébergent une flore commensale, un microbiote [2]. La constitution de notre microbiote nous est propre, et peut être associée à une incidence accrue de certaines maladies, notamment inflammatoires et/ou allergiques. Le microbiote régule la tolérance et les processus inflammatoires locaux, et peut être modifié par de nombreux facteurs, en particulier géographiques et environnementaux, mais aussi l'âge ou l'alimentation [ 2].
Contrairement au microbiote digestif, peu d'études se sont intéressées à ce jour à la composition du microbiote lacrymal, encore appelé lacriome [3]. Il est vraisemblablement très peu différent du microbiote de la surface oculaire, mais aucune étude à ce jour n'a étudié de prélèvements de larmes directement dans le sac lacrymal. Dans une étude récente comparant un groupe atteint de kératocône et un groupe contrôle, Tunç et al. ont montré une population faite de Proteobacteria , Firmicutes , Actinobacteria et Bacteroidetes , pour les bactéries les plus abondantes [4]. Dans une autre étude, portant sur 10 patients atteints de sténose primaire des voies lacrymales, Ali et al. ont montré une diversité de germes, entre 60 et 175 espèces, parmi lesquelles 97,56 % de bactéries, 0,29 % de virus et 0,04 % d'archées. Dans cette étude, les cinq principales espèces retrouvées étaient des Proteobacteria , Bacteroidetes , Fusobacteria , Actinobacteria et Firmicutes , et les principaux germes Acinetobacter johnsonii, Porphyromonas catoniae, Cutibacterium acnes, Pseudomonas alcaliphila, Escherichia coli, Haemophilus influenzae, Enhydrobacter aerosaccus, Fusobacterium nucleatum, Moraxella osloensis, Butyricimonas virosa et Variovorax paradoxus [ 3].
On sait que le microbiote oculaire subit des modifications importantes chez les porteurs de lentilles (du fait de la contamination manuportée), chez les immunodéprimés ou chez les patients sous traitement antibiotique au long cours [ 2]. Des modifications du microbiote lacrymal ont aussi été associées à l'allergie oculaire [5].
En revanche, on sait que la présence d'une sténose le long des voies lacrymales ne modifie pas significativement la flore conjonctivale, du sac lacrymal, ni des fosses nasales [6], et que la flore conjonctivale se normalise après dacryocystorhinostomie (DCR) [ 7 , 8].
Risques de transmission de maladies infectieuses par voie lacrymale
Peu de cas de transmissions de maladie infectieuse systémique suite à une contamination par voie lacrymale exclusive ont été publiées. On peut simplement signaler que certains virus, en particulier les adénovirus, les virus Influenzae et les Coronaviridae (y compris le SARS-CoV-2), peuvent se lier aux récepteurs de l'angiotensine convertase 2, et à la phase lipidique du film lacrymal, et être ainsi entraînés via les voies lacrymales vers l'appareil respiratoire ou le tube digestif [ 9].
Quand les voies lacrymales s'infectent
Cercle vicieux de l'infection lacrymale
L'infection des voies lacrymales survient lorsque la charge infectieuse surpasse les défenses immunitaires. S'ensuit alors un cercle vicieux : l'infection induit l'inflammation, qui entraîne des lésions muqueuses. La muqueuse lésée perd de son rôle protecteur contre les surinfections, et la cicatrisation entraîne fibrose et sténose, ce qui favorise à son tour la stagnation des larmes et l'infection [10]. Une sténose est bien souvent à l'origine de l'infection des voies lacrymales et, par extension, de la surface oculaire, par stagnation des larmes et insuffisance d'évacuation des pathogènes. De ce fait, sténoses et infections lacrymales sont toujours à considérer ensemble dans une prise en charge médicale.
Germes impliqués dans les infections lacrymales
Bactéries
Pour les dacryocystites , les bactéries en cause diffèrent selon le terrain, avec des données toutefois diverses selon les études (tableau 70-1
Tableau 70-1
Germes retrouvés dans les sécrétions de patients atteints de dacryocystite.
Huber-Spitzy, 1992 [49] Coden, 1993 [50] Blicker, 1993 [51] Hartikainen, 1997 [6] Brook, 1998 [52] Kuchar, 2000 [12]
(enfants)
Bouckaert-Leccia, 2002 [53] Briscoe, 2005 [54] Chung, 2018 [55] Luo, 2021 [11] (adultes) Luo, 2021 [11] (enfants) Anand, 2022 [13]
(canaliculite)
Nb de prélèvements positifs1481721186273803920586105130
Gram positif
Staphylococcus epidermidis50 % 27,30 % 47,00 % 26,90 % 20,97 % 5,00 % 31,69 %
Staphylococcus aureus22,10 % 27,00 % 12,20 % 24,19 % 34,20 % 13,00 % 30 % 9,84 %
Streptococcus pneumoniae2,30 % 7,00 % 5,10 % 3,23 % 35 % 2,60 % 7,00 % 14,86 % 24,79 %
Autres streptocoques6,40 % 13,00 % 6,40 % 9,68 % 9,84 %
Corynébactéries15,30 %
Autres Gram positif6,40 % 2,60 % 6,45 % 5,20 %
Total Gram positif48,65 % 58,68 % 83,44 %
Gram négatif
Pseudomonas aeruginosa8,70 % 1,30 % 8,06 % 6,50 % 2,20 % 12 %
Haemophilus influenzae5,80 % 3,80 % 3,23 % 19,60 % 6,50 % 3,80 %
Proteus4,10 % 0,60 % 0,00 % 1,30 % 0,60 %
Klebsiella5,80 % 1,30 % 3,23 % 1,30 %
Serratia1,20 % 3,23 %
Escherichia coli11,70 % 1,20 % 1,90 % 1,61 % 1,30 % 1,90 %
Autres8,60 % 6,45 %
Total Gram négatif25,50 % 48,65 % 41,32 %
Anaérobies
Propionibacterium acnes4,70 % 16,13 % 10 %
Actinomycètes6,56 %
Autres2,40 % 12,80 % 40,32 % 12,80 %
Mycoses
Candida1,20 % 7,00 % 1,30 % 3,23 % 1,30 % 1,30 %
Autres1,61 %
). Les dacryocystites de l'enfant sont le plus fréquemment dues à des germes issus de la sphère respiratoire, tels Streptococcus pneumoniae ou Haemophilus influenzae [11 , 12], l'incidence des infections lacrymales à Haemophilus influenzae ne semblant d'ailleurs pas diminuée depuis la généralisation de la vaccination. Les dacryocystites de l'adulte sont plutôt secondaires à des contaminations par voie cutanée ou manuportée. En effet, les germes les plus souvent retrouvés sont les bactéries à Gram positif, en particulier les staphylocoques (plus de 50 % des prélèvements dans certaines études). Mais les infections à Gram négatif d'origine digestive ne sont pas rares (jusqu'à un prélèvement sur quatre), ainsi que les infections à anaérobies, particulièrement à Propionibacterium acnes . D'autres bactéries ont plus rarement été incriminées : Shewanella putrefaciens, Rhodotorula , et des prélèvements positifs sur dacryocystite chronique ont retrouvés d'autres germes ( Pseudomonas pyocyanea , Moraxella catharallis , Corynebacterium xerosis , Fusobacterium fusiformis ), sans qu'on sache s'il s'agit d'une véritable infection ou de simples souillures lors du prélèvement [10].
La population de germes retrouvés dans les canaliculites Canaliculite est sensiblement différente [13]. Les germes à Gram positif sont largement majoritaires (plus de quatre prélèvements sur cinq); les actinomycètes Actinomycètes représentent à peine plus de 5 % des prélèvements, et de nombreux germes minoritaires peuvent être identifiés ( Ottowia spp., Elizabethkingia meningoseptica , Aeromonas salmonicida , Capnocytophaga ochracea et Campylobacter gracilis ). Des infections lacrymales à Mycobacterium fortuitum ont également été rapportées [ 14]. Enfin, certaines infections lacrymales sont associées à une augmentation du risque de lymphome du MALT Lymphome du MALT xFlag id="if0250"> Chlamydia psitacci, C. pneumoniae, C. trachomatis [15] ou Helicobacter pylori Helicobacter pylori [16].
Infection des voies lacrymales du nourrisson
  • Chez le nouveau-né, la présence d'une tuméfaction liquide dans la région du sac doit faire rechercher une dacryocèle, qui peut justifier un examen endonasal en urgence pour écarter un risque vital par obstruction des fosses nasales.
  • La présence de conjonctivites à répétition doit faire suspecter une imperforation du canal lacrymonasal, qui peut justifier un sondage (après 4 mois) ou une intubation (après 15 mois).
  • Une dacryocystite purulente, plus rare, justifie à cet âge un traitement antibiotique systémique urgent en hospitalisation.
Champignons
Les dacryocystites chroniques mycosiques sont des affections sévères de l'immunodéprimé, mais peuvent également infecter l'immunocompétent sous la forme d'une inflammation chronique. Elles peuvent représenter selon les études de 5 % à 17 % des dacryocystites [17]. Les principales mycoses en cause sont les levures ( Candida albicans , C. guillermondii ), mais ont été rapportées également des infections à Curvularia [18].
Virus
Un grand nombre de virus sont susceptibles d'affecter la muqueuse lacrymale. C'est au niveau des points lacrymaux ou des canalicules qu'ils peuvent entraîner des séquelles. Bruno Fayet, dans le rapport 2000 de la Société française d'ophtalmologie (SFO) Œil et virus , rapportait dans une série de 69 prélèvements que 12,3 % des canaliculites pouvaient être virales, avec une incidence majoritaire d'une origine adénovirale (58 %), herpétique (28 %), zostérienne (5,8 %) varicelleuse (5,8 %) ou encore par rougeole (1,4 %) [19].
Une attention particulière doit être donnée aux infections à papillomavirus, car on connaît leur potentiel de transformation maligne, jusqu'à 50 % des tumeurs épithéliales pouvant être associées à une infection par papillomavirus [ 20]. Enfin, plusieurs cas de dacryocystites au virus d'Epstein-Barr ont été rapportés [21 , 22].
Parasites
Le sac lacrymal n'a pas été incriminé comme réservoir de parasites. Cependant, certaines infections à leishmanioses ont été associées à une dacryocystite chronique, en raison de sténoses cicatricielles secondaires à la parasitose [23].
Cas particulier des infections oculogénitales du nouveau-né
L'infection des voies lacrymales du nouveau-né fait partie du syndrome d'ophtalmie néonatale [24]. Outre l'ophtalmie à gonocoque potentiellement cécitante, les infections oculogénitales à Chlamydiae sont également une source connue d'obstruction lacrymale basse séquellaire et de dacryocystite chronique [25].
Clinique et paraclinique
Canaliculites
Un grand nombre de canaliculites, en particulier virales , restent asymptomatiques. Certaines ne sont diagnostiquées qu'a posteriori devant un larmoiement par sténose cicatricielle [ 26]. D'autres, en particulier les canaliculites purulentes, peuvent être plus démonstratives, le (ou les) canalicule(s) étant le siège d'une inflammation avec dilatation importante, avec issue de pus ou de concrétions , spontanée ou provoquée à la pression (fig. 70-3
Fig. 70-3
Double canaliculite purulente.
). Une canaliculite purulente ne devrait pas être prise à tort pour un chalazion, la paupière étant dépourvue de glandes de Meibomius en dedans de l'ostium lacrymal.
Dacryoscystites
Le tableau classique de la dacryocystite aiguë (tuméfaction rouge et douloureuse située dans le sillon nasogénien sous le tendon canthal médial) (fig. 70-4
Fig. 70-4
Dacryocystite aiguë chez un enfant de 2 mois.
) est parfois incomplet, parfois absent, parfois trompeur. Lors d'une dacryocystite aiguë, le sac est habituellement le siège d'une collection purulente qui ne s'évacue pas, et il n'y a pas d'écoulement purulent. Toute manœuvre (pression ou sondage) est à proscrire à ce stade, en raison du risque de diffusion ou de lésion muqueuse qui ferait le lit d'une sténose post-inflammatoire. Lors d'infections chroniques, les signes peuvent être moins francs, associés à un écoulement purulent au niveau des canalicules, des fosses nasales (rhinorrhée avec éventuel mouchage postérieur) ou d'une fistule à la peau, et la tuméfaction typique peut être absente. Les infections chroniques des voies lacrymales évoluent souvent en poussées entre des périodes plus calmes.
Coliques lacrymales, dacryolithes, tumeurs
La présence d'un dacryolithe (fig. 70-5
Fig. 70-5
Dacryolithe du sac lacrymal.
) peut entraîner une symptomatologie de colique lacrymale : un larmoiement intermittent, généré par les mouvements du dacryolithe à l'intérieur du sac. Certains patients porteurs de dacryolithes au long cours ont appris certaines manœuvres (appui sur le sac, manœuvre de Valsalva, etc.) pour soulager leur colique lacrymale. Chez ces patients, le sondage et le test de perméabilité des voies lacrymales peuvent donner des résultats discordants d'un examen à l'autre. Une large revue récente a montré la présence de dacryolithes dans 291 cas (6,2 %) parmi 4677 dacryocystorhinostomies (DCR) endonasales [ 27]. Les dacryolithes sont très souvent associés à des infections à actinomycètes , en particulier les canaliculites, mais certains dacryolithes isolés dans le sac lacrymal ont révélé des infections fongiques [28]. Un écoulement sanglant peut être lié à la présence d'un dacryolithe, mais doit impérativement évoquer une tumeur [29 , 30], de même que la présence d'une masse irréductible chez un patient avec une dacryocystite chronique [ 10].
Particularités cliniques des infections des voies lacrymales chez l'enfant
Le canal lacrymonasal ne s'ouvre dans les fosses nasales que très tardivement dans la vie embryonnaire et souvent même après la naissance. Ainsi, l'imperforation lacrymale peut être la cause d'infections récurrentes (conjonctivites) chez le nourrisson et justifier un ou plusieurs sondages (après 4 mois) ou une intubation (après 15 mois).
La dacryocystite, en revanche, est plus rare à cet âge. Elle ne doit pas être confondue dans les premières semaines de vie avec une dacryocèle, gonflement du sac lacrymal qui peut obstruer les choanes. L'aspect bleuté sous-cutané, non inflammatoire, dans la région du sac lacrymal, suggère le diagnostic, mais un examen endonasal en urgence est justifié dans tous les cas (fig. 70-6
Fig. 70-6
Dacryocystocèle bilatérale.
).
Bilan paraclinique
Outre les prélèvements des liquides infectés (larmes, pus), la recherche d'une cause de l'infection (corps étranger, traumatisme ancien, sténose) ou d'une conséquence de l'infection (sténose, tumeur) doit conduire assez systématiquement à l'indication d'une imagerie des voies lacrymales. La dacryocystographie iodée a été depuis longtemps supplantée par le dacryoscanner , qui peut montrer une stagnation du produit de contraste dans le sac, l'absence de passage dans les fosses nasales, une lumière irrégulière ou une image de soustraction évocatrices de tumeur. L'examen endonasal est également riche d'enseignement dans ce contexte. À titre expérimental, la thermographie a été employée pour monitorer les foyers inflammatoires chroniques, et pourrait s'appliquer aux dacryocystites chroniques. Sa place reste à préciser [ 31].
Complications des infections lacrymales
Diffusion péri-orbitaire
Certains germes particulièrement agressifs peuvent contaminer les tissus périlacrymaux en péridacryocystite, cellulite de la face , sinusite , rhinite ou cellulite orbitaire . C'est le risque particulièrement sévère des mycoses de l'immunodéprimé, avec un risque également de contamination du globe oculaire, voire du système nerveux central.
Diffusion au globe oculaire
Les infections lacrymales à certains germes peuvent se propager au globe oculaire, notamment les dacryocystites à pneumocoque [32 , 33], ou certaines dacryocystites à bacilles à Gram négatif [6], et constituer un réservoir de germes, ce qui doit être particulièrement apprécié dans la perspective d'une chirurgie du segment antérieur. L'inverse est vrai aussi : Aasuri et al. ont rapporté 22 dacryocystites dans un groupe de 48 kératites à pneumocoques , contre 2 dacryocystites sur 91 kératites bactériennes non pneumococciques [33].
Diffusion à distance
De la même façon qu'un foyer dentaire, une dacryocystite constitue un risque de greffe infectieuse avec endocardite d'Osler [34]. Une antibiothérapie prophylactique est donc recommandée chez les patients atteints de pathologie valvulaire cardiaque à potentiel de greffe bactérienne.
Autres conséquences
Les dacryocystites chroniques, comme tous les foyers inflammatoires chroniques de la face, constituent des artéfacts dans les examens par iode radioactif pour la recherche de métastases thyroïdiennes [ 35] et dans les PET-scans pratiqués pour les plans de localisations inflammatoires, dont les localisations secondaires. Enfin, l'obstruction des voies lacrymales entraîne une diminution de la sécrétion lacrymale aqueuse, par rétrocontrôle [36].
Séquelles post-inflammatoires
Sténoses des voies lacrymales
Comme tous les processus inflammatoires, l'infection de la muqueuse lacrymale entraîne des cicatrices fibrosantes pouvant faire le lit de sténoses séquellaires. Il convient d'en apprécier le siège et l'importance dans les suites d'une canaliculite ou d'une dacryocystite, en fonction du degré de larmoiement présenté. Les sténoses post-virales des canalicules pourraient être largement sous-estimées [ 26].
Diverticules et autres remaniements muqueux
Lors de dacryocystites chroniques, l'infiltration inflammatoire de la sous-muqueuse peut créer des pseudo-sacs, des diverticules ou des fistules à la peau qu'il convient d'explorer. Le dacryoscanner peut s'avérer déterminant devant toute infection chronique des voies lacrymales.
Transformation maligne après infection des voies lacrymales
Toute inflammation chronique entraîne au long cours une métaplasie de la muqueuse lacrymale, puis une dysplasie, puis, lorsque la membrane basale se rompt, peut induire une transformation en carcinome épidermoïde (fig. 70-7
Fig. 70-7
Dysplasie de la muqueuse lacrymale au cours d'une dacryocystite chronique.
). Une analyse histologique minutieuse de la muqueuse doit donc être pratiquée systématiquement lors de chirurgies sur dacryocystite chronique. Certains germes sont spécifiquement connus pour leur potentiel de transformation maligne, en particulier les lésions papillomateuses du sac associés aux papillomavirus [37].
Voies lacrymales infectées : prise en charge
Traitement médical
Le traitement médical des canaliculites purulentes est généralement accessible à un traitement antibiotique local. Cependant, aucun antibiotique efficace sur les Actinomyces n'atteint la concentration minimale inhibitrice (CMI) au sein des concrétions [26] et leur seul traitement est chirurgical (voir plus loin).
Le traitement médical des dacryocystites repose sur une administration systémique. Les antibiotiques sont choisis en fonction des germes les plus fréquents : pneumocoque et Haemophilus chez l'enfant, staphylocoques chez l'adulte, anaérobies et bacilles à Gram négatif lorsqu'on suspecte une contamination manuportée.
Le traitement médical des mycoses lacrymales peut désormais être guidé par l'antifongigramme, les nouveaux antifongiques offrant un spectre d'action plus ciblé selon qu'il s'agit de levures ( Candida ), de champignons filamenteux ( Aspergillus , Fusarium ) ou de mucormycoses.
Traitement chirurgical
Curage des canaliculites à concrétions
Les actinomycètes Actinomycètes constituent des concrétions par « effet boule de neige» et il n'y a souvent qu'une seule concrétion. Le curage du canalicule sous anesthésie locale suffit habituellement pour évacuer la concrétion, mais les plus grosses nécessitent une canaliculotomie par voie conjonctivale avec suture réparatrice et mise en place d'une sonde (de type mini-monocanaliculaire) (fig. 70-8
Fig. 70-8
Traitement d'une canaliculite à concrétion par canaliculotomie.
a. Présentation clinique. b. Incision du canalicule. c. Extraction des concrétions. d. Suture du canalicule au fil résorbable 8/0 sur sonde Mini-Monoka®.
).
Prise en charge des canaliculites à concrétions
  • Aucun antibiotique n'atteint la CMI pour Actinomyces israelli au sein des concrétions. Le traitement est donc chirurgical.
  • En général, le curage du canalicule par l'ostium lacrymal suffit.
  • En cas de concrétion trop volumineuse : incision de la partie horizontale du canalicule sur son bord conjonctival, extraction de la concrétion, suture au fil résorbable 8/0 sur sonde mini-monocanaliculaire.
Incision des dacryocystites aiguës
La décision de drainer l'abcès au stade aigu est encore l'objet de controverses. Ses détracteurs avancent le risque de fistule post-inflammatoire et de cicatrice muqueuse au lieu d'incision, et ses partisans défendent la faible fréquence de ces séquelles, et le soulagement immédiat du patient [38]. Il apparaît néanmoins que la prise en charge rapide et un traitement antibiotique général bien conduit permettent aujourd'hui d'éviter l'incision dans la quasi-totalité des cas.
Prise en charge des dacryocystites aiguës
  • Le traitement repose sur le traitement médical systémique en urgence (antibiotique ou antifongique), qui peut être réalisé en ambulatoire sauf critères de gravité ou terrain particulier.
  • L'indication d'inciser l'abcès ne fait pas consensus.
  • Aucune chirurgie de reperméation lacrymale ne doit être programmée à chaud.
Chirurgie de reperméation lacrymale
L'inflammation des tissus est admise comme le principal facteur de risque d'échec de reperméation lacrymale. Adenis et al., par exemple, ont observé un taux d'échec de 38,4 % en contexte d'infection active, comparé à 3,9 % en l'absence, et recommandent d'attendre 6 mois après une infection aiguë sur une série de 165 dacryocystorhinostomies (DCR) [ 39].
Indication des dacryocystectomies
L'excision du sac lacrymal (dacryocystectomie [DCT]) a été décrite par Woolhouse en 1724, et est restée la chirurgie de référence dans le traitement des dacryocystites et des fistules, avant l'avènement de la dacryocystorhinostomie (DCR) [40]. Les indications qui restent aujourd'hui sont post-traumatiques, les infections rebelles et chroniques (notamment leishmaniose), ou généralement toutes les suspicions de tumeurs du sac [ 41].
Les mycoses de l'immunodéprimé sont à considérer à part, l'excision des tissus infectés étant parfois impérative pour éviter l'extension de l'infection, notamment à l'œil ou au système nerveux central, dans un contexte d'urgence médico-chirurgicale avec pronostics visuel et vital engagés.
Antibioprophylaxie en chirurgie des voies lacrymales
L'intubation lacrymale Intubation lacrymale ne provoque pas de bactériémie, sauf en cas d'infection (dacryocystite aiguë) [42]. De même, il n'y a pas de bactériémie Dacryocystorhinostomie bactériémie n donne ou non une antibioprophylaxie [ 43]. De ce fait, en routine, l'utilisation systématique d'une antibioprophylaxie n'est pas justifiée [44]. Elle est en revanche recommandée en cas de rhinosinusite associée [ 45], chez les patients avec inflammation du sac [ 46], ou chez des patients avec des antécédents de mucocèle infectée ou de dacryocystite [47]. Dans tous ces cas, l'administration intraveineuse de céfazoline (1 g) ou un traitement oral de céfalexine (500 mg/j pendant 5 jours postopératoires) donne des résultats équivalents [48].
Antibioprophylaxie préopératoire avant chirurgie lacrymale
  • En routine : aucune antibioprophylaxie n'est recommandée.
  • Antibioprophylaxie recommandée en cas de rhinosinusite associée, d'inflammation du sac ou d'antécédent de mucocèle infectée ou de dacryocystite.
  • Antibioprophylaxies efficaces (exemples) : céfazoline 1 g IV préopératoire, ou céfalexine orale 500 mg/j pendant 5 jours encadrant la chirurgie.
Bibliographie
[1]
Brignole-Baudouin F, Liang H, Trinh L, et al. Régulation immunologique de la surface oculaire. In : Pisella PJ, Baudouin C, Honag-Xuan T (Eds.). Surface oculaire. Paris : Elsevier ; 2015.
[2]
Aragona P, Baudouin C, Castillo JMB del, et al. The ocular microbiome and microbiota and their effects on ocular surface pathophysiology and disorders. Surv Ophthalmol 2021; 66(6):907-25.
[3]
Ali MJ. Metagenomics of the lacrimal sac in primary acquired nasolacrimal duct obstruction : the Lacriome paper 1. Br J Ophthalmol 2023 ; 107(1) : 147-50.
[4]
Tunç U, Çelebi AC, Ekren BY, et al. Corneal bacterial microbiome in patients with keratoconus using next-generation sequencing-based 16S rRNA gene analysis. Exp Eye Res 2023 ; 228 : 109402.
[5]
Zarzuela JC, Reinoso R, Armentia A, et al. Conjunctival intraepithelial lymphocytes, lacrimal cytokines and ocular commensal microbiota : analysis of the three main players in allergic conjunctivitis. Front Immunol 2022 ; 13 : 911022.
[6]
Hartikainen J, Lehtonen OP, Saari KM. Bacteriology of lacrimal duct obstruction in adults. Br J Ophthalmol 1997 ; 81(1) : 37-40.
[7]
Owji N, Khalili MR. Normalization of conjunctival flora after dacryocystorhinostomy. Ophthal Plast Reconstr Surg 2009 ; 25(2) : 136-8.
[8]
Eshraghi B, Masoomian B, Izadi A, et l. Conjunctival bacterial flora in nasolacrimal duct obstruction and its changes after successful dacryocystorhinostomy surgery. Ophthal Plast Reconstr Surg 2014 ; 30(1) : 44-6.
[9]
Coroneo MT. The eye as the discrete but defensible portal of coronavirus infection. Ocul Surf 2021 ; 19 : 176-82.
[10]
Robert PY, Mourgues T, Adenis JP. Dacryocystites chroniques. In : Voies lacrymales. Masson ; 2006. p. 327-31.
[11]
Luo B, Li M, Xiang N, et al. The microbiologic spectrum of dacryocystitis. BMC Ophthalmol 2021 ; 21(1) : 29.
[12]
Kuchar A, Lukas J, Steinkogler FJ. Bacteriology and antibiotic therapy in congenital nasolacrimal duct obstruction. Acta Ophthalmol Scand 2000 ; 78(6) : 694-8.
[13]
Anand AR, Harinee R, Jeyalatha MV, et al. Microbiological profile of canaliculitis and their antibiotic susceptibility patterns : a 11-year review at a referral eye care centre. Indian J Med Microbiol 2022 ; 40(3) : 378-83.
[14]
Katowitz JA, Kropp TM. Mycobacterium fortuitum as a cause for nasolacrimal obstruction and granulomatous eyelid disease. Ophthalmic Surg 1987 ; 18(2) : 97-9.
[15]
Travaglino A, Pace M, Varricchio S, et al. Prevalence of chlamydia psittaci, chlamydia pneumoniae, and chlamydia trachomatis determined by molecular testing in ocular adnexa lymphoma specimens. Am J Clin Pathol 2020 ; 153(4) : 427-34.
[16]
Kalin-Hajdu E, Bernier-Turmel F, Frost E, et al. Helicobacter pylori infection of the gastric mucosa and ocular adnexa-lack of association with ocular adnexal lymphoma. Ophthal Plast Reconstr Surg 2021 ; 37(3S) : S1-5.
[17]
Romano A, Segal E, Stein R, Eylan E. Yeasts in banal external ocular inflammations. Ophthalmologica 1975 ; 170(1) : 13-21.
[18]
Sodhi PK, Kaur R. Curvularia dacryocystitis : report of two cases. Orbit Amst Neth 2000 ; 19(1) : 45-50.
[19]
Fayet B. Affections virales des voies lacrymales. In : ïil et virus. Paris : Masson ; 2000.
[20]
Assadoullina A, de Villiers EM, Bialasiewicz AA, Richard G. [Detection of human papillomavirus types in tumors and inflammations of the eye]. Klin Monatsbl Augenheilkd 1999 ; 215(1) : 10-8.
[21]
Bothra N, Ali MJ. Epstein-Barr virus-associated acute dacryocystic retention. Ocul Immunol Inflamm 2023 ; 1-3.
[22]
Marqués Fernández VE, Galindo Ferreiro A. Acute dacryocystitis retention syndrome due to Epstein-Barr virus. Arch Soc Espanola Oftalmol 2021 ; 96(6) : 321-5.
[23]
Baddini-Caramelli C, Matayoshi S, Moura EM, et al. Chronic dacryocystitis in American mucocutaneous leishmaniasis. Ophthal Plast Reconstr Surg 2001 ; 17(1) : 48-52.
[24]
Dharmasena A, Hall N, Goldacre R, Goldacre MJ. Time trends in ophthalmia neonatorum and dacryocystitis of the newborn in England, 2000-2011 : database study. Sex Transm Infect 2015 ; 91(5) : 342-5.
[25]
Janssen K, Gerding H, Busse H. [Recurrent canaliculitis and dacryocystitis as a sequela of persistent infection with Chlamydia trachomatis]. Ophthalmol Z Dtsch Ophthalmol Ges 1993 ; 90(1) : 17-20.
[26]
Hurbli T. Canaliculites. In : Voies lacrymales. Paris : Masson ; 2006. p. 275-9.
[27]
Khorrami-Kashi A, Keilani C, Nguyen TH, et al. Dacryolithiasis diagnosis and treatment : a 25-year experience using nasal endoscopy. Br J Ophthalmol 2023 ; 107(2) : 289-94.
[28]
Repp DJ, Burkat CN, Lucarelli MJ. Lacrimal excretory system concretions : canalicular and lacrimal sac. Ophthalmology 2009 ; 116(11) : 2230-5.
[29]
Yip CC, Au EKG, Choo CT. Lacrimal sac tumour presenting with blood-stained ocular discharge. Singapore Med J 2002 ; 43(3) : 156-8.
[30]
Schenck NL, Ogura JH, Pratt LL. Cancer of the lacrimal sac. Presentation of five cases and review of the literature. Ann Otol Rhinol Laryngol 1973 ; 82(2) : 153-61.
[31]
Machado MA de C, Silva JAF, Brioschi ML, Allemann N. Using thermography for an obstruction of the lower lacrimal system. Arq Bras Oftalmol 2016 ; 79(1) : 46-7.
[32]
Nanayakkara U, Khan MA, Hargun DK, et al. Ocular streptococcal infections : a clinical and microbiological review. Surv Ophthalmol 2023; S0039-6257(23)00036-X.
[33]
Aasuri MK, Reddy MK, Sharma S, Rao GN. Co-occurrence of pneumococcal keratitis and dacryocystitis. Cornea 1999 ; 18(3) : 273-6.
[34]
Robertson DM. Acute staphylococcal endocarditis due to chronic dacryocystitis. Can Med Assoc J 1958 ; 79(3) : 187-8.
[35]
Bakheet SM, Hammami MM, Powe J, Larsson S. Radioiodine uptake in the head and neck. Endocr Pract Off J Am Coll Endocrinol Am Assoc Clin Endocrinol 2000 ; 6(1) : 37-41.
[36]
Khurana A, Moudgil S, Ahluwalia B, Parmar I. Study of tear film flow and stability in chronic dacryocystitis. Acta Ophthalmol (Copenh) 1987 ; 65(3) : 300-2.
[37]
Aurora AL. Oncocytic metaplasia in a lacrimal sac papilloma. Am J Ophthalmol 1973 ; 75(3) : 466-8.
[38]
Ducasse A. Dacryocystites aiguës. In : Voies lacrymales. Paris : Masson ; 2006. p. 315-25.
[39]
Adenis JP, Mathon C, Lebraud P, Franco JL. [Dacryocystorhinostomy. Retrospective study of 165 cases. Indications. Technic. Results. Comparative study of 25 cases of injury with 165 cases including all etiologies]. J Fr Ophtalmol 1987 ; 10(4) : 323-9.
[40]
Ali MJ. Dacryocystectomy : goals, indications, techniques and complications. Ophthal Plast Reconstr Surg 2014 ; 30(6) : 512-6.
[41]
Matayoshi S, Van Baak A, Cozac A, et al. Dacryocystectomy : indications and results. Orbit Amst Neth 2004 ; 23(3) : 169-73.
[42]
Ganguly A, Ali MJ, Padmaja K, et al. Bacteremia following nasolacrimal duct probing : is there a role of preoperative antibiotic prophylaxis ? Ophthal Plast Reconstr Surg 2016 ; 32(2) : 90-2.
[43]
Ali MJ, Ayyar A, Motukupally SR, et al. Bacteremia during dacryocystorhinostomy : results of intra-operative blood cultures. J Ophthalmic Inflamm Infect 2014 ; 4 : 27.
[44]
Dulku S, Akinmade A, Durrani OM. Postoperative infection rate after dacryocystorhinostomy without the use of systemic antibiotic prophylaxis. Orbit Amst Neth 2012 ; 31(1) : 44-7.
[45]
Jafari A, Lehmann AE, Shen SA, et al. Infection after endoscopic dacryocystorhinostomy : incidence and implications. Am J Rhinol Allergy 2021 ; 35(3) : 375-82.
[46]
Yazici B, Meyer DR. Selective antibiotic use to prevent postoperative wound infection after external dacryocystorhinostomy. Ophthal Plast Reconstr Surg 2002; 18(5) : 331-5; discussion 335.
[47]
Pinar-Sueiro S, Fernández-Hermida RV, Gibelalde A, Martínez-Indart L. Study on the effectiveness of antibiotic prophylaxis in external dacryocystorhinostomy : a review of 697 cases. Ophthal Plast Reconstr Surg 2010 ; 26(6) : 467-72.
[48]
Sheth J, Rath S, Tripathy D. Oral versus single intravenous bolus dose antibiotic prophylaxis against postoperative surgical site infection in external dacryocystorhinostomy for primary acquired nasolacrimal duct obstruction - A randomized study. Indian J Ophthalmol 2019 ; 67(3) : 382-5.
[49]
Huber-Spitzy V, Steinkogler FJ, Huber E, et al. Acquired dacryocystitis : microbiology and conservative therapy. Acta Ophthalmol (Copenh) 1992 ; 70(6) : 745-9.
[50]
Coden DJ, Hornblass A, Haas BD. Clinical bacteriology of dacryocystitis in adults. Ophthal Plast Reconstr Surg 1993 ; 9(2) : 125-31.
[51]
Blicker JA, Buffam FV. Lacrimal sac, conjunctival, and nasal culture results in dacryocystorhinostomy patients. Ophthal Plast Reconstr Surg 1993 ; 9(1) : 43-6.
[52]
Brook I, Frazier EH. Aerobic and anaerobic microbiology of dacryocystitis. Am J Ophthalmol 1998 ; 125(4) : 552-4.
[53]
Bouckaert-Leccia L. Les dacryocystites aiguës. Thèse de Médecine, Reims ; 2002.
[54]
Briscoe D, Rubowitz A, Assia EI. Changing bacterial isolates and antibiotic sensitivities of purulent dacryocystitis. Orbit Amst Neth 2005 ; 24(2) : 95-8.
[55]
Chung SY, Rafailov L, Turbin RE, Langer PD. The microbiologic profile of dacryocystitis. Orbit Amst Neth 2019 ; 38(1) : 72-8.