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Chapitre 71
Infections orbitaires

F. Mouriaux, O. De Crouy-Chanel, M. Le Feuteun, A. Sauer, F. Gangneux, M. Revest, V. Cattoir, A. Crozet

Introduction
On parle d'infection orbitaire lorsque l'infection se situe derrière le septum (en rétroseptal). L'infection préseptale ou abcès de paupière n'est donc pas une infection orbitaire. Le terme cellulite orbitaire est parfois utilisé, mais il correspond classiquement aux infections orbitaires bactériennes. On préférera dans ce chapitre utiliser le terme d'infections orbitaires.
Les infections orbitaires sont rares en pratique quotidienne. Leur incidence est plus élevée chez l'enfant (1,6 pour 100000 individus) que chez l'adulte (0,1 pour 100000 individus) [1 , 2]. Elles sont hétérogènes par leurs étiologies, leurs formes anatomiques et leur sévérité. Le plus souvent, elles surviennent en contiguïté d'une infection sinusienne (fréquemment ethmoïdale), et plus rarement elles sont liées à une dissémination hématogène, à une diffusion d'une infection préseptale, ou à une diffusion depuis une infection du globe oculaire. Leur prise en charge doit être systématisée, adaptée à l'examen clinique et paraclinique et surtout proactive car, dans certaines situations, le pronostic fonctionnel et/ou vital peut être mis en jeu.
Ce chapitre a pour but d'apporter quelques clés pour mieux comprendre et appréhender les infections orbitaires.
Rappels anatomiques
Les paupières sont anatomiquement séparées de l'orbite par le septum orbitaire qui est en continuité avec la périorbite. Le septum orbitaire constitue une structure fibreuse allant du rebord orbitaire jusqu'au tarse, décrit comme permettant véritablement de faire barrage aux infections orbitaires de la surface vers la profondeur. L'espace préseptal contient le muscle orbiculaire et la peau des paupières, tandis que l'espace post-septal, appelé aussi espace rétroseptal, c'est-à-dire l'espace orbitaire, contient le globe oculaire, la graisse orbitaire, les muscles oculomoteurs, la portion orbitaire du nerf optique et d'importantes structures neurovasculaires primordiales pour la fonction visuelle. L'espace sous-périosté est un espace qui n'existe que dans des conditions pathologiques (abcès ou hématome sous-périosté, par exemple). Il correspond à l'espace virtuel entre la périorbite (périoste orbitaire) et les parois osseuses orbitaires.
Il est important de connaître l'anatomie des sinus adjacents et leur période de développement au cours de la croissance (fig. 71-1
Fig. 71-1
Rapport des orbites et des sinus paranasaux.
Dessin de Cyrille Martinet.
).
C'est sur des fondements anatomiques qu'a été élaborée la classification de Chandler en 1970, qui définit différents types, voire stades, d'infections orbitaires [ 1] (fig. 71-2
Fig. 71-2
Classification de Chandler.
a. Grade I : cellulite préseptale orbitaire. b. Grade II : cellulite orbitaire diffuse. c. Grade III : abcès sous-périosté. d. Grade IV : abcès orbitaire. Les infections orbitaires comprennent les grades II, III et IV.
Source : Mouriaux F, Le Guyader F, Cattoir V. Infections orbitaires chez l'enfant et chez l'adulte. EMC Ophtalmologie 2020; 37(3) : 1-9 [Article 21-650-A-15]. Reproduit avec autorisation.
, tableau 71-1
Tableau 71-1
Infections orbitaires – types d'atteinte et description clinique.
GradeLocalisation de l’atteinteType d’atteinteDescription
1PréseptaleŒdème inflammatoireAtteinte limitée aux paupières
2RétroseptaleInfection orbitaire diffuseAtteinte diffuse postérieure au septum
3RétroseptaleAbcès sous-périostéCollection purulente entre l’os et la périorbite
4RétroseptaleAbcès orbitaireCollection purulente dans l’orbite
). De façon plus pragmatique, nous pouvons retenir de cette classification trois situations pour guider la prise en charge : infection orbitaire de type infection diffuse, infection orbitaire de type abcès orbitaire et infection orbitaire de type abcès sous-périosté.
Présentation clinique et biologique
Les antécédents sont nécessaires à relever dans l'évaluation initiale des patients développant une infection orbitaire, en particulier une chirurgie récente, une injection périorbitaire, notamment esthétique (pas toujours relatée par les patients), un traumatisme cutané ou orbitaire même minime, une infection cutanée (herpès, orgelet, etc.), une sinusite, une infection dentaire ou pulmonaire [2]. Il faut aussi rechercher la prise récente d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et d'autres facteurs d'immunodépression.
Le tableau clinique est plus ou moins bruyant en fonction du type et du stade de l'infection orbitaire. Le tableau clinique est celui d'un syndrome orbitaire classique, comprenant [3] (fig. 71-3
Fig. 71-3
Infection orbitaire chez une patiente de 47 ans.
L'examen montre une exophtalmie non axile, un ptosis, une limitation oculomotrice, un chémosis.
) :
  • une exophtalmie axile, ou non axile en cas d'abcès sous-périosté ou d'abcès orbitaire;
  • un œdème palpébral inflammatoire souvent marqué (71,5–100 %);
  • un ptosis (10,6–33,3 %);
  • une limitation oculomotrice (39,1–84,6 %);
  • des douleurs périorbitaires ou aux mouvements oculomoteurs (39,2–63 %);
  • un déficit pupillaire afférent relatif signant une souffrance du nerf optique (5,5–16,7 %);
  • une baisse d'acuité visuelle (12,5–37 %);
  • un chémosis (32–45,3 %);
  • au fond d'œil, un œdème papillaire et des plis choroïdiens peuvent être retrouvés.
Ces signes se différencient des abcès de paupière (ou infection préseptale). En effet, dans l'abcès palpébral , il n'y a pas de limitation oculomotrice, ni de baisse d'acuité visuelle, bien que cette dernière puisse être difficile à évaluer en cas d'œdème palpébral important, et le chémosis est rare.
Il faut surtout s'attacher à rechercher des signes généraux, qui sont d'une importance primordiale pour aider à évaluer le degré d'urgence et l'efficacité thérapeutique (régression de la fièvre si elle existait à la phase initiale).
La rhinoscopie antérieure, l'examen du palais, des gencives ou encore la palpation des sinus peuvent orienter vers une affection sinusienne. L'examen dentaire est indispensable à la recherche d'un foyer infectieux. Enfin, l'examen clinique doit comporter un examen neurologique pour détecter d'éventuelles complications cérébrales.
Il convient de réaliser un bilan biologique initial et au cours du suivi comportant au moins une numération formule sanguine (NFS) recherchant une hyperleucocytose et un dosage de la CRP ( C-reactive proteine ). Il faut aussi penser aux dosages biologiques utiles à la surveillance de la tolérance de l'antibiothérapie instaurée, ainsi qu'à la recherche d'éventuels facteurs d'immunodépression non connus (VIH, diabète).
Les éléments clés du diagnostic des infections orbitaires sont récapitulés dans la (fig. 71-4
Fig. 71-4
Éléments clés du diagnostic d'infections orbitaires.
).
Intérêt de l'imagerie
L'imagerie orbitaire est indiquée dans tous les cas d'infection orbitaire. Elle guide la prise en charge puisqu'elle permet :
  • d'analyser les sinus adjacents (recherche d'une sinusite associée);
  • d'identifier un abcès sous-périosté (geste chirurgical à discuter);
  • d'identifier un abcès orbitaire (geste chirurgical à discuter);
  • de rechercher une complication intracrânienne;
  • d'apporter des arguments pour un diagnostic différentiel.
Une tomodensitométrie (TDM) injectée orbitaire et cérébrale est indiquée en première intention avec des coupes axiales et coronales. Le scanner permet de déterminer la localisation exacte, la taille de la lésion orbitaire et l'état des sinus de la face. Dans l'idéal, on réalise des acquisitions d'images centrées sur les orbites et les sinus en coupes fines avec un appareil multibarrettes, permettant des reconstructions dans les trois plans de l'espace. Les coupes fines sont nécessaires pour une bonne visualisation des orbites et des sinus, et pour évaluer les lobes cérébraux frontaux à la recherche d'une extension intracrânienne. Les sinus caverneux doivent aussi être soigneusement explorés à la recherche d'une extension de l'infection et/ou d'une thrombose. Des protocoles spéciaux peuvent être nécessaires en vue de procédures chirurgicales guidées, parfois utilisées notamment en chirurgie endonasale. Cependant, le scanner orbitaire ne permet pas toujours de différencier abcès, œdème inflammatoire et hématome [ 4].
L'atteinte préseptale ou abcès de paupière est décrite comme une infiltration de la région préseptale sans atteinte intraorbitaire. La description d'une infection orbitaire « vraie» diffuse comprend une infiltration des tissus, avec une graisse orbitaire hétérogène, d'aspect « sale» ou « moucheté», avec quelquefois un aspect d'hypertrophie musculaire rehaussée après injection de produit de contraste (fig. 71-5a
Fig. 71-5
Tomodensitométries faciales.
a. Infection préseptale (abcès palpébral). b. Abcès sous périosté médial. c. Abcès intraorbitaire rétrobulbaire.
Source : Mouriaux F, Le Guyader F, Cattoir V. Infections orbitaires chez l'enfant et chez l'adulte. EMC Ophtalmologie 2020; 37(3) : 1-9 [Article 21-650-A-15]. Reproduit avec autorisation.
). L'abcès sous-périosté est décrit comme une hypodensité confluente et circonscrite dans l'orbite médiale le plus fréquemment ou supérieure, avec un comblement et une opacification du sinus ethmoïdal adjacent (fig. 71-5b
Fig. 71-5
Tomodensitométries faciales.
a. Infection préseptale (abcès palpébral). b. Abcès sous périosté médial. c. Abcès intraorbitaire rétrobulbaire.
Source : Mouriaux F, Le Guyader F, Cattoir V. Infections orbitaires chez l'enfant et chez l'adulte. EMC Ophtalmologie 2020; 37(3) : 1-9 [Article 21-650-A-15]. Reproduit avec autorisation.
). Sur les coupes osseuses, on peut observer une déhiscence de l'unguis de l'ethmoïde sur les clichés sans injection. Après injection de produit de contraste, il existe une collection de forme lenticulaire typique, hypodense avec paroi rehaussée convexe vers l'orbite et pouvant déplacer le muscle adjacent. Ce type de rehaussement voire un niveau hydroaérique sont pathognomoniques d'un abcès sous-périosté [4 , 5]. L'abcès orbitaire est décrit comme une collection de pus dans l'orbite avec infiltration diffuse de la graisse intra- et extra-orbitaire (fig. 71-5c
Fig. 71-5
Tomodensitométries faciales.
a. Infection préseptale (abcès palpébral). b. Abcès sous périosté médial. c. Abcès intraorbitaire rétrobulbaire.
Source : Mouriaux F, Le Guyader F, Cattoir V. Infections orbitaires chez l'enfant et chez l'adulte. EMC Ophtalmologie 2020; 37(3) : 1-9 [Article 21-650-A-15]. Reproduit avec autorisation.
). La thrombose du sinus caverneux peut se voir par un élargissement du sinus, apparaissant spontanément dense et non rehaussé après injection; il s'y associe un élargissement de la veine ophtalmique supérieure (retentissement circulatoire) après injection de produit de contraste en TDM par une hypodensité résiduelle dans le sinus caverneux et un élargissement de la veine ophtalmique supérieure.
Le scanner permet également la recherche d'éventuel corps étranger intra-orbitaire. La présence de calcifications denses intraluminales est hautement en faveur d'une aspergillose , surtout si leur densité est supérieure à 2000 UH, mais leur absence ne l'élimine pas, puisque ces calcifications ne sont présentes que chez 50 % des patients infectés [6].
Une imagerie par résonance magnétique (IRM) peut apporter des informations supplémentaires : suspicion de thrombophlébite, analyse du nerf optique, élimination de diagnostics différentiels, analyse plus précise de l'extension de l'infection aux tissus mous ou en intracrânien. Elle permet également l'analyse du signal osseux en cas de suspicion d'ostéite ou d'infarctus osseux et aussi de rechercher la présence d'un corps étranger non radio-opaque [7]. L'IRM peut également être utilisée pour éviter l'irradiation (jeune enfant, femme enceinte). L'IRM avec injection de gadolinium objective typiquement, dans les infections orbitaires diffuses, une infiltration inflammatoire se traduisant par un aspect hypointense en T1, hyperintense en T2 et un rehaussement avec injection de gadolinium. Un abcès sous-périosté est décrit comme une lésion généralement en restriction de diffusion, de signal variable en T2, mais évoluant plutôt en hypersignal (un hyposignal T2 fait évoquer une origine fungique), avec un rehaussement périphérique sur la série T1 après injection de gadolinium [5]. L'abcès orbitaire est décrit à l'IRM comme une collection de signal similaire à celui de l'abcès sous-périosté. La thrombose des sinus caverneux se caractérise par leur augmentation de calibre associée à des modifications de signal évoluant avec le temps (en fonction de l'évolution du signal hématique) et un défaut de rehaussement.
L'échographie orbitaire de type B a l'avantage, comme l'IRM, de ne pas être un examen irradiant. Elle a une bonne résolution de l'orbite antérieure, mais le diagnostic de localisation précis et les atteintes postérieures rendent cet examen non indispensable. Néanmoins, sa pertinence chez l'enfant est de mise [8].
TDM
  • Abcès orbitaire = lésion hypodense ne se rehaussant pas après injection de produit de contraste; de façon plus spécifique, on peut retrouver la présence d'un niveau air-liquide.
  • Abcès sous-périosté = lentille hypodense biconvexe correspondant au déplacement du périoste à distance de l'os.
IRM
  • Abcès sous-périosté = hypointense en T1, hyperintense en T2 avec rehaussement périphérique, hypersignal en diffusion et, réciproquement, un signal sombre sur la carte de coefficient de diffusion [ 4].
Physiopathologie des infections orbitaires
Il existe trois mécanismes d'infection : par inoculation directe (traumatique ou post-chirurgical), par extension locale ou par diffusion hématogène. Ces trois mécanismes sont décrits dans le tableau 71-2
Tableau 71-2
Mécanismes et germes dans les infections orbitaires.
Infection par extension locale
Infection sinusienne :> ethmoïde > maxillaire > frontale > sphénoïde 70–90 % des cellulites orbitaires sont secondaires à une sinusite
Les sinusites se compliquent d'une atteinte orbitaire dans 5–7 % des cas [15]
Rechercher une rhinorrhée purulente
Staphylococcus aureus, Streptococcus pneumoniae, autres streptocoques, anaérobies
Endophtalmie, panophtalmie
dacryocystite aiguë,
infection dentaire
Staphylococcus aureus, streptocoques
Ostéomyélite des os de la face, phlébite de la région faciale, tumeur surinfectée Anaérobies, polymicrobien
Infection par inoculation directe
Traumatique24–72 heures du traumatisme
Masqué (petite porte d'entrée, œdème post-traumatique)
IRM orbitaire dans certains cas en cas de suspicion de corps étranger en bois
Staphylococcus aureus, polymicrobien, anaérobies, champignons
En cas de morsure (humaine ou animale) : anaérobies à Gram positif et négatif en plus de S. aureus et streptocoques
Post-chirurgicalAprès chirurgie orbitaire
Après injection intravitréenne, péri- ou intraorbitaire (toxine botulinique, acide hyaluronique, graisse, etc.)
S. aureus , polymicrobien, anaérobies
.
Complications des infections orbitaires
Les infections orbitaires rétroseptales sont une cause possible de cécité, voire de mortalité. En effet, 9 % à 26 % de patients pourraient avoir une cécité. La cécité peut être secondaire à quatre facteurs :
  • une augmentation de la pression intraorbitaire (occlusions veineuses et artérielles rétiniennes ou choroïdiennes, neuropathie optique compressive);
  • une extension de l'infection à des structures anatomiques clés (neuropathie optique infectieuse);
  • une extension de l'inflammation à des structures anatomiques clés (neuropathie optique inflammatoire);
  • une inflammation vasculaire conduisant à des vascularites et thromboses (occlusions veineuses et artérielles rétiniennes ou choroïdiennes).
D'autres complications oculaires telles que des uvéites, des décollements de rétine exsudatifs, ou des glaucomes ont aussi été décrits, voire des panophtalmies [ 5]. La baisse d'acuité visuelle peut également être liée à une kératite d'exposition due à l'exophtalmie.
Les complications sont décrites dans l' encadré 71-1
Encadré 71-1
Complications des infections orbitaires
  • Cécité

  • Thrombose du sinus caverneux *

    *
    * Une thrombose dans le sinus caverneux se traduit cliniquement par une atteinte des nerfs crâniens III, VI, IV, V1 et V2 [36]
    /syndrome de la fissure orbitaire supérieure

  • Anévrisme infectieux intracrânien de l'artère carotide interne

  • Méningite

  • Empyème sous-dural

  • Abcès intracrânien

  • Septicémie

  • Insuffisance rénale aiguë

  • Choc toxique

.
Diagnostics différentiels
Les manifestations cliniques de l'infection orbitaire sont souvent non spécifiques, et le diagnostic différentiel initial doit également inclure des processus non infectieux tels qu'une hémorragie, des tumeurs, des réactions allergiques ou inflammatoires et des pathologies inflammatoires à médiation immunitaire comme la sarcoïdose et la granulomatose avec polyangéite [6]. Il faut notamment penser au rhabdomyosarcome orbitaire chez un enfant présentant une inflammation orbitaire aiguë ou subaiguë [7]. Les observations cliniques en faveur d'un processus infectieux de l'orbite comprennent des antécédents de rhinorrhée, d'infection des voies respiratoires supérieures ou de sinusite, un traumatisme ou une chirurgie récente de l'orbite, ou des antécédents d'immunosuppression. Des signes tels que la fièvre, l'obstruction nasale et/ou la rhinorrhée peuvent étayer le diagnostic de cellulite orbitaire [ 8].
Prise en charge thérapeutique
Traitement médical
Les staphylocoques et les streptocoques sont les principales bactéries responsables des infections orbitaires. Les deux principales espèces sont Staphylococcus aureus (staphylocoque doré) et Streptococcus pyogenes (streptocoque β-hémolytique du groupe A). L'incidence des souches de S. aureus résistants à la méticilline (SARM) est en diminution en France ces dernières années (13,4 % des souches hospitalières en 2018 [ 9]). Il existe très majoritairement un contexte aux infections à SARM : nosocomial bien sûr, mais surtout hémodialysés et/ou patient connu pour être colonisé à SARM. Haemophilus influenzae sérotype b et Streptococcus pneumoniae sont de moins en moins impliqués du fait de la généralisation de la vaccination contre ces bactéries chez l'enfant. Les autres micro-organismes fréquemment impliqués dans les infections orbitaires sont Moraxella catarrhalis et les anaérobies stricts provenant du tractus respiratoire supérieur [ 10].
Le tableau 71-2
Tableau 71-2
Mécanismes et germes dans les infections orbitaires.
Infection par extension locale
Infection sinusienne :> ethmoïde > maxillaire > frontale > sphénoïde 70–90 % des cellulites orbitaires sont secondaires à une sinusite
Les sinusites se compliquent d'une atteinte orbitaire dans 5–7 % des cas [15]
Rechercher une rhinorrhée purulente
Staphylococcus aureus, Streptococcus pneumoniae, autres streptocoques, anaérobies
Endophtalmie, panophtalmie
dacryocystite aiguë,
infection dentaire
Staphylococcus aureus, streptocoques
Ostéomyélite des os de la face, phlébite de la région faciale, tumeur surinfectée Anaérobies, polymicrobien
Infection par inoculation directe
Traumatique24–72 heures du traumatisme
Masqué (petite porte d'entrée, œdème post-traumatique)
IRM orbitaire dans certains cas en cas de suspicion de corps étranger en bois
Staphylococcus aureus, polymicrobien, anaérobies, champignons
En cas de morsure (humaine ou animale) : anaérobies à Gram positif et négatif en plus de S. aureus et streptocoques
Post-chirurgicalAprès chirurgie orbitaire
Après injection intravitréenne, péri- ou intraorbitaire (toxine botulinique, acide hyaluronique, graisse, etc.)
S. aureus , polymicrobien, anaérobies
indique les micro-organismes en fonction de la porte d'entrée.
L'antibiothérapie empirique est à administrer par voie intraveineuse après avoir fait des prélèvements si possible (ou tout au moins un prélèvement d'hémocultures) et doit donc couvrir les pathogènes responsables des sinusites aiguës ( S. pneumoniae, H. influenzae, M. catarrhalis, S. pyogenes ) ainsi que S. aureus et les anaérobies stricts. Ainsi, le choix de l'amoxicilline/acide clavulanique (fluoroquinolone si allergie) semble raisonnable [11]. Un relais par voie orale est possible selon les résultats microbiologiques. La durée du traitement est en règle de 21 jours (à moduler en fonction de la situation, notamment en cas de geste chirurgical). À noter que l'association amoxicilline-acide clavulanique n'agit pas sur les SARM, et qu'en cas de facteur de risque de SARM et d'infection nosocomiale, un avis infectiologique est impératif pour déterminer l'antibiothérapie probabiliste. En cas de risque méningé, on préférera une double antibiothérapie intraveineuse par céphalosporine de 3 e génération (C3G) et métronidazole à doses méningées [ 12]. En cas d'allergie à la pénicilline sans notion de réaction allergique grave, le traitement comportera une C3G et de la clindamycine. Ce traitement sera également celui à préférer en cas de dermo-hypodermite avec nécrose du fait de l'activité antitoxinique de la clindamycine.
En cas d'indication de drainage chirurgical, il faut toujours réaliser des prélèvements bactériologiques, voire fongiques selon le tableau clinicoradiologique, et adapter la thérapeutique anti-infectieuse après réception des résultats microbiologiques.
En plus des antibiotiques, un décongestionnant nasal (par exemple oxymétazoline ou phényléphrine), avec une désinfection rhinopharyngée au sérum physiologique sont proposés ainsi que des soins locaux « oculaires» comportant des lubrifiants et une pommade antibiotique pour éviter des complications cornéennes. Une suture de Frost peut être nécessaire si l'exophtalmie met en péril la cornée.
La surveillance ophtalmologique est effectuée entre une et deux fois par jour avec mesure de l'acuité visuelle, examen des réflexes pupillaires, motilité du globe oculaire, degré d'exophtalmie et intensité de la douleur. Il est peut-être préférable selon les cas de répéter les imageries tomodensitométriques orbitaires entre 48 et 72 heures, afin de comparer l'évolution de l'imagerie.
Traitement chirurgical
Le dogme selon lequel le traitement d'un abcès est toujours chirurgical ne s'applique pas à l'orbite, mais l'interrogation sur un traitement chirurgical d'emblée versus un traitement médical continue à faire débat. De plus, la prise en compte médico-économique suggère en toute logique qu'un geste chirurgical d'emblée entraînera une hospitalisation réduite. Néanmoins, depuis ces dix dernières années, on retrouve une franche tendance à limiter et à retarder les indications chirurgicales dans les infections orbitaires, et ce principalement en lien avec le fait que les antibiotiques utilisés sont suffisamment efficaces [ 13]. En cas de baisse d'acuité visuelle et/ou de déficit pupillaire afférent relatif, la chirurgie d'emblée se discute peu [ 14 , 15]. Sous réserve d'une antibiothérapie efficace délivrée par voie intraveineuse pendant au moins 48 heures et aggravation du tableau clinique, une discussion d'un geste chirurgical devient une évidence et l'imagerie doit être renouvelée [ 6 , 11]. En cas d'indication chirurgicale retenue, une approche antérieure (voie conjonctivale ou voie palpébrale) ou endonasale peut être utilisée selon la localisation de l'abcès et les habitudes du chirurgien. En cas d'extension intracrânienne de l'abcès, la chirurgie est toujours indiquée [16].
Abcès sous-périosté
Les infections orbitaires d'origine bactérienne peuvent se compliquer d'un abcès sous-périosté dans 5 % à 15 % des cas. La localisation la plus fréquente est le long de la paroi orbitaire médiane, adjacente au sinus ethmoïdal [14] (fig. 71.6
Fig. 71.6
Infection sous-périostée (abcès sous-périosté en nasal d'origine ethmoïdale) traitée par bi-antiobiothérapie par voie intraveineuse suivie 4 heures plus tard d'une corticothérapie par voie veineuse.
a, b. Avant traitement. c. Aspect à 72 heures.
Source : Mouriaux F, Le Guyader F, Cattoir V. Infections orbitaires chez l'enfant et chez l'adulte. EMC – Ophtalmologie 2020; 37(3) : 1-9 [Article 21-650-A-15]. Reproduit avec autorisation.
).
Classiquement [17], une chirurgie de drainage devrait être proposée en cas :
  • de neuropathie optique;
  • de bulle de gaz ou niveau visible à l'imagerie évoquant une infection anaérobie;
  • d'abcès sous-périosté « étendu».
Cependant, il existe des controverses à propos du terme « étendu» et de la localisation de l'abcès « sous-périosté». On peut proposer comme définition d'abcès sous-périosté « étendu» une épaisseur (axe coronal) supérieure ou égale à 4 mm [ 17] et/ou une longueur (axe sagittal) supérieure à 12–15 mm [18].
Abcès orbitaire
Quelle que soit la localisation de l'abcès, un abcès supérieur à 10 mm de diamètre devrait bénéficier d'un drainage chirurgical. Dans une série comportant 465 patients ayant un abcès orbitaire défini comme large, le drainage chirurgical était en fait plus souvent nécessaire [ 19]. Ainsi, nous recommandons de proposer un traitement de drainage chirurgical en cas d'abcès (diamètre plus grand axe) supérieur à 10 mm.
La chirurgie repose sur la ponction de l'abcès ou, mieux, l'ouverture-drainage de la collection. Une lame de silicone (par exemple Silastic™) ou des crins de Florence peuvent être placés localement pendant 24 à 48 heures. L'évacuation de l'abcès peut aussi se faire par voie endonasale (avec une équipe entraînée) après avoir effondré l'unguis de l'ethmoïde. L'indication d'un geste chirurgical de drainage sinusien est proposée en fonction des circonstances cliniques et des données de l'imagerie.
Place des corticoïdes
Une récente revue systématique de la Cochrane Library questionnant l'intérêt d'une corticothérapie systémique dans la prise en charge des abcès orbitaires [ 20] montre que ceux-ci ne semblent pas utiles, sans être délétères. En effet, ils ne diminuent pas le pourcentage de chirurgie, la durée d'hospitalisation, la durée d'antibiothérapie, les séquelles visuelles ou oculomotrices, les réadmissions hospitalières, ni les douleurs. Ils ont simplement tendance à faire diminuer plus rapidement l'exophtalmie, le chémosis et l'œdème périorbitaire sans que cela ait de bénéfice fonctionnel démontré. Cependant, cette revue systématique ne statue pas sur l'intérêt de la corticothérapie dans les situations où il existe une souffrance avérée du nerf optique.
Nous proposons donc :
  • de ne pas utiliser de corticothérapie systémique dans la prise en charge des infections orbitaires en l'absence de preuve de leur intérêt;
  • en cas de neuropathie optique dont le mécanisme est souvent mixte inflammatoire, compressif, infectieux et vasculaire. L'urgence serait davantage à un geste chirurgical si celui-ci est indiqué, et la réalisation de bolus IV de corticoïdes (500 mg) peut être discutée au cas par cas, mais elle est toujours contre-indiquée en cas de suspicion d'une infection d'origine fongique.
Les corticoïdes topiques n'ont pas leur place dans la prise en charge des infections orbitaires. Ils font possiblement augmenter la pression intraoculaire qui est déjà souvent élevée et ont donc un effet délétère.
La prise en charge thérapeutique est résumée dans la fig. 71-7
Fig. 71-7
Prise en charge thérapeutique des infections orbitaires.
* Abcès sous-périosté de grande taille : > 4,0 mm de large OU volume > 3,8 ml OU volume > 500 à 1000 mm3 OU longueur > 12 mm, OU proche de l'apex orbitaire.
** Abcès orbitaire de grande taille : > 10 mm de diamètre.
.
Spécificités pédiatriques
Les infections orbitaires de l'enfant sont à répartir entre les causes secondaires aux infections sinusiennes, les atteintes par contiguïté (surinfections d'un traumatisme palpébral ou d'un chalazion, d'une dacryoadénite, d'un sarcome orbitaire ou d'un abcès dentaire) et les disséminations hématogènes (otites, mastoïdites, etc.). Dans le bilan étiologique des atteintes sinusiennes, il faut tenir compte de l'âge de formation des cavités qui se forment progressivement au cours de la petite enfance : les sinus ethmoïdaux se développent les premiers mois de vie, les sinus maxillaires vers 3–4 ans, les sinus frontaux après 8–10 ans et les sinus sphénoïdaux vers 10–15 ans (voir fig. 71-1
Fig. 71-1
Rapport des orbites et des sinus paranasaux.
Dessin de Cyrille Martinet.
). Ainsi, logiquement, les enfants développant une infection orbitaire ont une histoire récente de sinusite ethmoïdale dans 85 % à 90 % des cas [6 , 21].
Comme chez l'adulte, l'antibiotique est à prescrire par voie intraveineuse pendant 24 à 48 heures avec surveillance rapprochée. Les molécules de référence sont l'association amoxicilline-acide clavulanique en l'absence de complication, et l'association C3G (ceftriaxone) + clindamycine en cas de forme compliquée. En cas de non-amélioration, un nouveau scanner et/ou un drainage chirurgical doit être envisagé s'il n'y a pas eu de drainage initial. La littérature met en exergue l'intérêt d'un drainage chirurgical en cas d'abcès orbitaire collecté ou d'un abcès sous-périosté chez les enfants de plus de 9 ans [15 , 17-18-19 , 22-23-24-25-26].
L'expérience clinique montre que les corticoïdes apportent souvent une amélioration symptomatique rapide chez les enfants, mais aucune étude n'a pu montrer ce bénéfice sur une cohorte bien suivie. Les atteintes thrombotiques, notamment du sinus caverneux, ne sont pas rares chez l'enfant et doivent systématiquement être recherchées sur les imageries de surveillance et traitées si nécessaire. Une prophylaxie antithrombotique est discutée au cas par cas.
Spécificités chez l'immunodéprimé
On parle de terrain immunodéprimé lorsque le diabète est mal équilibré, lorsque le patient est porteur d'un déficit immunitaire ou encore s'il bénéficie d'un traitement par chimiothérapie, corticothérapie prolongée ou immunothérapie.
Un patient immunodéprimé développant une infection orbitaire doit être considéré comme ayant possiblement une mucormycose ou une aspergillose invasive. La mucormycose se rencontre principalement chez les patients diabétiques (surtout si en acidocétose), et chez les patients ayant une acidose tubulaire rénale.
De nombreux articles ont été récemment publiés décrivant une recrudescence de cas de mucormycose orbitaire ou naso-(cérébro)-orbitaire chez les patients infectés par le SARS-CoV-2 [27-28-29]. Les infections aspergillaires invasives se rencontrent plutôt dans les cas de neutropénie sévère ou d'autres déficits immunitaires comme chez les patients atteints du VIH. D'autres causes rares d'infections orbitaires peuvent être rencontrées, telle que des infections à mycobactéries, principalement à Mycobacterium tuberculosis [16 , 30].
Il est souhaitable selon les cas de répéter les imageries par TDM orbitaire entre 48 et 72 heures, afin de comparer l'évolution de l'imagerie.
Mucormycose orbitaire
Les mucormycoses sont des infections fongiques à diffusion hématogène potentiellement létales [31]. La prise en charge de ces infections gravissimes est pluridisciplinaire et doit faire intervenir plusieurs spécialités. Il faut savoir les reconnaître de façon si possible précoce pour débuter une prise en charge agressive et adaptée.
Globalement, nous pouvons retenir les points suivants :
  • il faut toujours chercher à obtenir un diagnostic prouvé qui nécessite une biopsie;
  • le traitement anti-infectieux est complexe. L'amphotéricine B liposomale à fortes doses est la référence, mais n'est utilisable que par voie veineuse et potentiellement associée à des effets secondaires sévères. La gestion de ce traitement devrait donc être assurée par un infectiologue. Des antifongiques azolés oraux (posaconazole et isavuconazole) peuvent avoir une certaine utilité, mais ne doivent être envisagés qu'après avis d'expert. Le traitement anti-infectieux sera prolongé : 3 à 6 mois au minimum;
  • dans certains cas, des injections rétrobulbaires d'amphotéricine B peuvent être réalisées [ 32];
  • le débridement chirurgical large est souvent indispensable, avec risque d'exentération [33].
Aspergillose orbitaire
L'aspergillose est une infection mycosique causée par un champignon filamenteux environnemental ubiquitaire, principalement Aspergillus fumigatus et Aspergillus flavus . En 1994, Row-Jones et Moore-Gillon [34] ont classé l'aspergillose en trois types : 1) non invasif (soit un aspergillome, soit un type allergique), 2) destructif, non invasif et 3) invasif. L'atteinte orbitaire liée à Aspergillus spp., que ce soit dans sa forme non invasive ou invasive, est très rare.
Présentation clinique et radiologique
Aspergillose orbitaire destructive non invasive
L'aspergillose orbitaire destructive non invasive est le plus souvent secondaire à une atteinte aspergillaire non invasive des sinus adjacents (maxillaire le plus souvent, frontal ou ethmoïdal). En effet, bien que non invasif, Aspergillus spp. a un pouvoir destructeur local au niveau des muqueuses sinusiennes et de l'os, ce qui explique son possible passage intraorbitaire. L'atteinte orbitaire peut également être secondairement bactérienne, car les aspergilloses sinusiennes peuvent se compliquer d'une surinfection bactérienne. Cette forme non invasive peut aussi bien atteindre des patients immunocompétents que des patients immunodéficients. Il faut, dans ces situations complexes, toujours s'attacher à avoir une preuve microbiologique, le plus souvent grâce à des biopsies incisionnelles.
Aspergillose orbitaire invasive
La forme invasive est souvent agressive et associée à une morbidité et une mortalité élevées. Là encore, elle est presque toujours secondaire à une atteinte sinusienne adjacente [35-36-37]. Elle se manifeste par une nécrose, une invasion vasculaire ou une thrombose. Les facteurs prédisposants sont principalement une neutropénie ou une altération fonctionnelle des polynucléaires neutrophiles, l'utilisation de corticoïdes, l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), le diabète, les greffes d'organes, les traumatismes et l'âge avancé [36 , 38]. La présentation clinique est souvent beaucoup plus bruyante, comportant une exophtalmie, des douleurs orbitaires et une baisse d'acuité visuelle. Les signes inflammatoires peuvent être très discrets.
Dans les deux formes invasive et non invasive, le diagnostic est souvent posé avec plusieurs mois de retard, car la présentation clinique n'est pas spécifique et est similaire aux d'autres affections orbitaires (inflammatoires, tumorales, etc.). L'imagerie permet d'apporter des informations sur l'étendue de l'infection et son extension aux structures voisines. L'atteinte des sinus adjacents est retrouvée dans 60 % à 90 % des cas [ 38]. Le scanner permet parfois de visualiser des calcifications centrales au sein du comblement, qui sont presque pathognomoniques d'une atteinte aspergillaire. En IRM, les lésions aspergillaires sont isointenses en T1, et en franc hyposignal T2 avec prise de contraste de la muqueuse périphérique après injection de gadolinium, et hypointenses en T2 relativement aspécifique.
Diagnostic microbiologique et anatomopathologique
Quelle que soit la forme suspectée d'aspergillose orbitaire, invasive ou non invasive, il est nécessaire de réaliser des séries de biopsies pour analyse anatomopathologique et microbiologique de façon à poser un diagnostic de certitude, et à connaître précisément le champignon responsable et son profil de résistance. Là aussi, la prise en charge est pluridisciplinaire [39].
Traitement des aspergilloses orbitaires
Dans les formes localisées, qui sont quasi exclusivement secondaires à une sinusite aspergillaire, le traitement consiste en un débridement chirurgical et l'aération du sinus. Le traitement antifongique systémique n'est le plus souvent pas nécessaire [41].
Dans les formes invasives, des antifongiques sont utilisés. Le voriconazole per os sur plusieurs mois semble être une thérapeutique de choix pour son profil efficacité/tolérance. Certaines équipes ont proposé, en plus du traitement systémique, la délivrance d'amphotéricine B directement en intraorbitaire via un cathéter, avec des résultats intéressants sur quelques cas [ 41].
Il n'existe pas de recommandations ou protocoles propres à la prise en charge des aspergilloses orbitaires compte tenu de leur rareté. Le débridement chirurgical prôné il y a quelques dizaines d'années n'est plus du tout d'actualité. En parallèle, il faut toujours s'attacher à améliorer la cause de l'immunosuppression lorsque cela est possible.
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