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Anti-TNF dans les uvéites des AJI en 2022 : analyse rétrospective thérapeutique et possibilités de sevrage en centres tertiaires

L’émergence des anti-TNF alpha, dans l’arsenal thérapeutique des patients souffrant d’uvéites dans le cadre d’arthrites juvéniles idiopathiques, a révolutionné leur prise en charge depuis le début des années 2000. L'étude ADJUVITE a notamment montré le bénéfice de l'adalimumab dans cette indication. Il n’existe pas de recommandations quant à l’arrêt de ces traitements, en cas de rémission. L’objectif principal de cette étude est d’observer rétrospectivement l’évolution thérapeutique de patients suivis en centres tertiaires et déterminer la proportion de sevrage en anti-TNF et leur stratégie d’arrêt.Les objectifs secondaires sont d’évaluer d’éventuels critères pronostiques de sevrage réussi en anti-TNF, et de comparer les patients qui ont bénéficié d’anti TNF et ceux qui n'en ont pas bénéficié.

Il s’agit d’une étude rétrospective observationnelle et analytique étudiant les données de patients issus de trois centres tertiaires : CHU La Pitié-Salpétriêre, CHU de Nantes et  CHU Le Kremlin-Bicêtre. Le screening des patients s’est appuyé sur BAMARA, plateforme de recensement national des patients porteurs de maladies rares, dont certains avaient été inclus dans l’étude ADJUVITE.36 patients sont inclus. Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du test de Chi². 

Le sex ratio était de 9 femmes pour un homme. La durée moyenne de suivi était de 9 ans.

Plus de 85 % des patients ont bénéficié d’un traitement par anti-TNF durant leur suivi, le plus utilisé étant l’adalimumab. La durée moyenne de traitement était de 9 ans, comprenant en moyenne, 2 anti-TNF différents.

Parmi les patients ayant été traités par anti-TNF, 25% des patients ont bénéficié d’au moins une tentative d’arrêt pour rémission. Parmi eux, 37% a bénéficié d’un sevrage réussi, avec pour la plupart un recul d’au moins 1 an sans récidive.

Au total, 1 patient sur 10 ayant bénéficié d’un traitement par anti-TNF au cours de son suivi présente un sevrage réussi en anti-TNF. En moyenne, le délai entre la dernière poussée d’uvéite et la tentative de sevrage en anti-TNF était de 36 mois.

Parmi les patients en échec de sevrage, le délai moyen de récidive après l’arrêt du traitement était de 6 mois. 

Les patients dont le sevrage est réussi ont comme principales caractéristiques communes un âge de diagnostic d’uvéite plus tardif, l’absence de chirurgie de cataracte ou glaucome, le sevrage possible du méthotrexate.

Le sevrage en anti-TNF est en pratique difficilement un succès. Le biais principal de cette étude est la population, potentiellement plus sévère et justifiant d'une prise en charge en centre de référence.  

Il est rare mais possible d'arrêter les traitements par anti-TNF sans récidive uvéitique chez les patients porteurs d’AJI. Une étude d’un plus grand effectif à l’échelle nationale nous permettrait d’avoir plus de puissance pour établir des facteurs prédictifs statistiquement significatifs du succès de sevrage des anti-TNF et de proposer des recommandations.