Malgré une relative stabilité du nombre d’ophtalmologistes français, à 8,8 ophtalmologistes pour 100.000 habitants, l’augmentation du nombre de pathologies rétiniennes suivies et traitées liées à l’avènement des injections intra-vitréennes a abouti à une inadéquation des ressources médicales disponibles et des besoins. La tendance actuelle est vers une diminution de la consommation médicale, tout en maintenant un régime de surveillance suffisant, cela afin de garantir l’accès au soin. C’est dans cette démarche que s’inscrit une application médicale d’auto-surveillance à distance, dont l’objectif est de tester la vision monoculaire (acuité visuelle, sensibilité au contraste et détection de métamorphopsies et du scotome via une grille numérique d’Amsler).
L'objectif est de comparer les paramètres fonctionnels d’une application médicale d’auto-surveillance et de consultation et déterminer les facteurs prédictifs d’observance à la surveillance à distance.
Étude prospective, monocentrique au sein du CHU de Dijon, de juillet 2019 à novembre 2019. Les critères d'évaluation étaient l'acuité visuelle (logMAR) et la détection de métamorphopsies et de scotomes via une grille d’Amsler. Les pathologies étudiées étaient la dégénérescence maculaire liée à l’âge, l’occlusion de la veine centrale de la rétine, la néovascularisation du myope fort et l’œdème maculaire diabétique.
19 patients (soit 26 yeux) sur un total de 38 patients screenés, ont effectué une auto-surveillance grâce à l’application avec un rythme d’utilisation moyen de 3,9 fois par mois, pour 0,8 consultation mensuelle. L’acuité visuelle mesurée en consultation était supérieure à l’acuité visuelle mesurée par l’application (0,16 ± 0,19 logMAR vs 0,23 ± 0,20, respectivement, p<0,001). 7,32% des patients décrivaient des métamorphopsies sur l’application, mais aucune n’a été confirmée en consultation. 19 patients n’ont pas utilisé l’application sans qu’aucuns facteurs prédictifs de non réalisation de l’autosurveillance aient été retrouvés hormis une tendance des patients non-observants à être plus jeune, 49 ans vs 62 ans, p=0,15.
L’application d’auto-surveillance sous estimait les valeurs d’acuité visuelle. En cas d’adhésion, la fréquence de surveillance était très satisfaisante. Une proportion importante de patients auxquels nous avons proposé l’application n’ont pas été observant de l’auto-surveillance sans que des facteurs prédictifs aient pu être retrouvés.
Les applications d’auto-surveillance pourraient aider à la surveillance des patients tout en les impliquant. Il semble cependant nécessaire de cibler les patients pouvant prétendre à l’auto-surveillance.