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Aspects de dégénérescence rétinienne dans l’abétalipoprotéinémie

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Orateurs :
Vasily Smirnov 1
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Résumé

Introduction

Les défauts géniques de MTTP sont responsables de l’abétalipoprotéinémie (ABLP ou maladie de Bassen-Kornzweig), maladie métabolique associant une dégénérescence rétinienne (rétinite pigmentaire –RP) et spino-cérébelleuse. Cette affection est extrêmement rare (moins de 1 cas/million) et les atteintes rétiniennes sont peu documentées. Le but de la présente étude est de rapporter la description détaillée de dégénérescence rétinienne chez les patients extraits d'une large cohorte française de rétinite pigmentaire et porteurs des variants pathogènes dans MTTP.

Matériels et Méthodes

Les patients avec un diagnostic connu d’ABLP et les patients chez qui les variants de MTTP ont été découvert dans le cadre de bilans étiologiques de rétinite pigmentaire isolée, ont été examinés dans le centre de référence des maladies oculaires rares de l’hôpital Quinze-Vingts. Une meilleure acuité visuelle corrigée (MAVC), un examen du segment antérieur, de champ visuel, un électrorétinogramme global (ERG) et une imagerie rétinienne multimodale (des clichés couleur, infrarouges, en autofluorescence et des OCT) ont été réalisés pour tous les patients. Les données de l’examen neurologique et général ont été de même colligées. 

Résultats

Quatre patientes des quatre familles non reliées ont été sélectionnées. La MAVC moyenne au début de suivi était de 20/40 (20/25-20/250). Les réponses d’ERG étaient de type « dominées par les cônes ». L’isoptère V4e de champ visuel Goldman a été rétréci chez toutes les patientes. Trois patientes avaient les remaniements du fond œil typiques d’une rétinite pigmentaire. Deux patientes présentaient des pavés atrophiques au pôle postérieur. Une patiente avait des stries angioïdes et l’aspect de peau d’orange. L’apparence sur les clichés d’autofluorescence était différente chez toutes les patientes. Une patiente présentait un anneau d’hypersignal maculaire typique d’une rétinite pigmentaire, une patiente présentait un liseré hyperautofluorescent inframaculaire, donnant un aspect de rétinite pigmentaire sectorielle. Une patiente présentait de multiples points d’hypersignal au pôle postérieur. Une autre présentait des zones festonnées confluentes d’hyposignal et un aspect en poivre et sel. L’OCT a retrouvé une déstructuration des couches rétiniennes externes chez toutes les patientes. Une patiente a développé des néovaisseaux sous-rétiniens de type 2.

Deux patientes ont développé une ataxie et une polyneuropathie sensitivo-motrice progressive à partir de leur 2ème décennie. Une patiente a présenté un hématome intracérébral dans le contexte d’une coagulopathie par carence en vitamine K. Une patiente a été atteinte d’une leucémie myéloïde aigüe. Deux patientes ont été asymptomatiques sur le plan neurologique et général.

Toutes les patientes étaient issues d’unions apparentées. Trois d’elles portaient les défauts homozygotes de MTTP. Les données de biologie moléculaire manquaient pour une patiente. 

Discussion

Les cas d’ABLP comptent pour 0.2% (4/1919) dans notre cohorte de RP. Une dégénérescence rétinienne dans l’ABLP peut prendre des aspects cliniques variés et atypiques. Elle peut être associée avec des stries angioïdes et des complications néovasculaires. Chez certains patients, une RP peut être le premier signe clinique de la maladie. 

Conclusion

Sur la base de nos données, nous recommandons l’ajout du gène MTTP sur les panels de diagnostic des dystrophies rétiniennes héréditaires.