Les uvéites forment un groupe de pathologies hétérogènes et complexes, réputées peu fréquentes. Elles sont responsables d’environ 10% des cécités légales dans les pays industrialisés. La connaissance de l’épidémiologie des uvéites est essentielle car elle permet d’orienter la démarche diagnostique mais elle varie en fonction de la localisation géographique et du type d’exercice. Il existe peu d’études à ce sujet en France. L’objectif de notre travail est de décrire les caractéristiques cliniques et démographiques des patients consultants pour la première fois pour une uvéite dans un centre tertiaire français.
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Caractéristiques des patients primoconsultants pour une uvéite dans un centre tertiaire du Nord-Ouest de la France
Introduction
Matériels et Méthodes
Étude observationnelle descriptive des patients s’étant présentés aux urgences ophtalmologiques ou adressés en consultation pour la première fois au CHU de Rouen pour une uvéite entre mai et novembre 2021. Nous avons répertorié l’âge, le sexe, l’acuité visuelle initiale, le type anatomique (selon la classification du SUN), la latéralité et les étiologies des uvéites (présumées ou prouvées) déterminées après une investigation clinique et biologique.
Résultats
Nous avons analysé rétrospectivement, sur une période de 6 mois, 170 patients primo consultants pour une uvéite, dont 143 (84%) aux urgences ophtalmologiques. L’âge moyen des patients était de 49,2 ans (5-94 ans). La population pédiatrique (âge < 16 ans) représentait 7,7% de ces patients ; 58% des patients étaient des femmes. L’acuité visuelle initiale était inférieure ou égale à 4/10 pour 49/165 (30%) des yeux atteints (en cas d’atteinte bilatérale, l’œil le plus sévèrement atteint était pris en compte) ; 54/170 patients (32%) avaient une atteinte bilatérale d’emblée ou au cours de l’évolution. L’uvéite était antérieure chez 117/170 patients (68,8%), intermédiaire chez 3/170 patients (1,8%), antérieure et intermédiaire chez 4/170 patients (2,4%), postérieure chez 24/170 patients (14,1%) et une panuvéite chez 22/170 patients (12,9%). Les uvéites étaient infectieuses chez 36/170 patients (21,2%) et non-infectieuses chez 134/170 patients (78,8%). Parmi les uvéites non-infectieuses, les uvéites étaient idiopathiques chez 58/170 patients (34,1%), associées à une maladie systémique sous-jacente chez 45/170 patients (26,5%) ou à une pathologie purement oculaire chez 8/170 patients (4,7%) ; 13,5% des uvéites étaient toujours en cours d’exploration. Parmi les uvéites non-infectieuses, les uvéites associées à HLA B27 retrouvées chez 19/170 patients (11,2%) étaient les plus fréquentes. Parmi les uvéites infectieuses, les uvéites virales étaient les plus fréquentes, notamment les uvéites herpétiques chez 17/170 patients (10%), mais seules 20% de ces uvéites herpétiques ont été prouvées par biologie moléculaire. Chez l’enfant (13 patients), 3 uvéites liées à l’arthrite juvénile idiopathique (25%), trois uvéites idiopathiques (25%), deux uvéites liées au syndrome TINU, une uvéite liée à HLA B27 et une uvéite toxoplasmique ont été identifiées ; 3 uvéites étaient encore en cours d’exploration.
Discussion
Cette étude permet d’analyser l’ensemble des premiers diagnostiques d’uvéites, à la fois les formes sévères et moins sévères, posés sur une période donnée de 6 mois dans un centre tertiaire.
Conclusion
Au sein de notre territoire de référence, les uvéites antérieures sont les plus fréquentes. L’étiologie la plus fréquente reste l’uvéite associée à HLA B27.