Name
Comparaison du pronostic visuel des lésions mélanocytiques maculaires observées ou traitées immédiatement ou secondairement par protonthérapie

Merci de vous identifier pour accéder à ce contenu.

Je me connecte  


Orateurs :
Dr Maxime NHARI
Tags :
Résumé

Introduction

Le mélanome uvéal représente la tumeur intraoculaire la plus fréquente et une des potentielles pathologies létales rencontrées en ophtalmologie. Historiquement, l’énucléation représentait le traitement de référence, mais de nouveaux traitements conservateurs tels que la brachythérapie ou la protonthérapie (PBT) ont par la suite prouvé leur efficacité avec des taux de survie similaires sans augmenter le risque de métastase. Malgré des progrès en termes de planification et de précision de ces traitements, ils exposent à de potentielles complications. C’est pourquoi il est important d’irradier uniquement les lésions mélanocytiques hautement suspectes d’être des mélanomes uvéaux malins. Pour nous aider à mieux sélectionner ces lésions à risque, plusieurs facteurs de risque de croissance tumorale évocatrice de malignité ont été décrits à l’aide de l’imagerie multimodale. Parfois, ce n’est pas chose aisée et c’est pourquoi de nombreux ophtalmologistes décident d’attendre d’observer une croissance tumorale avant de traiter. Il a d’ailleurs été montré qu’attendre une croissance documentée avant d’irradier ne modifiait pas le taux de métastase et le taux de survie. Néanmoins, il existe peu de données sur l’impact sur le pronostic visuel de ce délai avant traitement. Le but de cette étude est donc de comparer le pronostic visuel de lésions mélanocytiques maculaires traitées immédiatement par protonthérapie à celles irradiées dans un second temps ou jamais irradiées.

Matériels et Méthodes

Un total de 162 patients présentant une lésion mélanocytique suspecte localisée à moins de 3 mm de la fovéa diagnostiqués depuis 2009 dans deux centres d’onco-ophtalmologie français ont été recrutés.

Résultats

Les 82 patients trait&eacute;s pr&eacute;cocement par PBT, dans les 4 premiers mois apr&egrave;s la premi&egrave;re visite, ont &eacute;t&eacute; compar&eacute;s aux 24 patients trait&eacute;s plus tardivement par PBT et aux 56 patients observ&eacute;s. La baisse de vision &eacute;tait statistiquement significative dans les groupes PBT pr&eacute;coce et PBT tardive avec une perte moyenne [IQR] de 0.7 [0.2;1.8] (p<0.001) et 0.5 [0.2; 1.5] (p<0.001) respectivement. L&rsquo;acuit&eacute; visuelle finale &eacute;tait similaire &agrave; celle initialement retrouv&eacute;e dans le groupe observation (p=0.325). Apr&egrave;s irradiation, il n&rsquo;y avait pas de diff&eacute;rence significative entre PBT pr&eacute;coce ou PBT tardive pour la perte de vision (p=0.575), la r&eacute;duction du diam&egrave;tre (p=0.190) et la diminution de l&rsquo;&eacute;paisseur (p=0.892). En analyse multivari&eacute;e, la pr&eacute;sence d&rsquo;un diab&egrave;te et la rupture de la membrane de Bruch &eacute;taient statistiquement associ&eacute;es &agrave; une perte de vision plus importante (p=0.036 et p=0.002 respectivement).

Discussion

Pour les l&eacute;sions m&eacute;lanocytiques localis&eacute;es &agrave; moins de 3mm de la fov&eacute;a, un traitement par protonth&eacute;rapie est associ&eacute; &agrave; une baisse de vision significative. Retarder le traitement d&rsquo;une l&eacute;sion suspecte n&rsquo;assombrit pas le pronostic visuel ; il est donc possible d&rsquo;initialement surveiller ces l&eacute;sions douteuses afin de documenter une &eacute;ventuelle croissance tumorale &eacute;vocatrice d&rsquo;un caract&egrave;re malin.

Conclusion

Pour les l&eacute;sions m&eacute;lanocytiques localis&eacute;es &agrave; moins de 3mm de la fov&eacute;a, le traitement par PBT est associ&eacute; &agrave; une baisse de vision significative. Retarder la PBT pour les petites l&eacute;sions afin de documenter une croissance tumorale n&rsquo;assombrit pas le pronostic visuel.