L'avènement des injections intra-vitréennes (IVT) d'anti-VEGF a marqué un tournant dans la prise en charge et le pronostique visuel des patients atteints de dégénérescence maculaire liée à l'âge néovasculaire mais au prix de nombreuses injections répétées. L'objectif ce cette étude est d'évaluer la lourdeur de traitement induite par les injections répétées d’anti-VEGF, à 24 mois de leur introduction, dans la population européenne atteinte de DMLA néovasculaire, les résultats visuels, les facteurs prédictifs d’un traitement intensif et les effets secondaires.
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Dégénérescence maculaire liée à l’âge néovasculaire avec réponse thérapeutique insuffisante : données d’une étude observationnelle européenne du registre Fight retinal Blindness !
Introduction
Matériels et Méthodes
Il s’agit d’une étude observationnelle rétrospective incluant les yeux naïfs, ayant débuté un traitement par anti-VEGF d’au moins 3 injections entre Janvier 2017 et Mars 2020, issus des données européennes du registre Fight Retinal Blindness!. Les patients ont été regroupés selon la lourdeur de traitement à 24 mois : élevée (intervalle moyen des 3 dernières injections ≤42 jours), faible (>42 et <84 jours) et minime (≥84 et <365 jours). Les facteurs prédictifs (âge, genre, acuité visuelle initiale, lésion angiographique, atrophie géographique, fibrose sous-rétinienne, activité néovasculaire) ont été analysés en utilisant un modèle de régression multinomiale.
Résultats
Deux mille trente-huit yeux ont été inclus. La proportion de patient avec une charge de traitement élevée, faible et minime était de 25%, 45% et 29% respectivement. L'activité néovasculaire à 24 mois était de 49% au total et de 59% dans le groupe à charge thérapeutique élevée. Le nombre médian (Q1, Q3) d’injections était de 13 (10, 17) à 24 mois. L’acuité visuelle moyenne (SD) était de 61.5 (21.5) lettres ETDRS avec un gain moyen (95% IC) de 3.1 (2,3-3,9) lettres. Un âge plus jeune (OR, 0,97 ; 95% IC, 0,96-0,98 ; P<0,01) et la présence de fluide sous-rétinien isolé (OR, 3,85 ; 95% IC, 1.34-11.01, P=0,01) ont été retrouvés comme facteurs prédictifs de traitement élevé. La présence d’une lésion angiographique de type 3 était moins fréquente dans ce groupe (OR, 0,26 ; 95% IC, 0,13-0,52 ; P<0,01).
Discussion
Un quart des patients nécessitent une charge de traitement élevée avec un intervalle d'injection de moins de 6 semaines, dont 59% ont toujours une persistance d'activité néovasculaire à 24 mois. Peu d'études de vraie-vie se sont intéressées aux intervalles d'injections et ont rapporté un nombre d'IVT inférieur à celui recommandé par les études interventionnelles. Avec 13 IVT sur 24 mois, notre étude se rapproche du nombre d'IVT recommandé, expliquant un gain d'acuité visuelle plus important. Plusieurs facteurs prédictifs de traitement élevé ont été retrouvé : l'âge plus jeune, pouvant être expliqué par la moindre compliance et agressivité thérapeutique des patients plus âgés ; et la présence de fluide sous-rétinien isolé, qui pourrait être amené à changer au cours des prochaines années devant la tendance actuelle à la tolérance du fluide. Notre étude rejoint les études récentes retrouvant une bonne réponse thérapeutique aux anti-VEGF des néovaisseaux de type 3.
Conclusion
Notre étude montre qu'il existe encore une proportion significative de patients avec une réponse thérapeutique insuffisante à 24 mois responsable d'un fardeau thérapeutique important. De nouvelles molécules prometteuses sont en cours d'évaluation et pourraient permettre de répondre à ces besoins non-satisfaits.