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Évolution à long terme des kératoplasties lamellaires endothéliales comparées à la kératoplastie transfixiante en cas de pathologie endothéliale cornéenne (dystrophie de Fuchs, kératopathie bulleuse) : revue systématique

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Orateurs :
Dr Daniel LEMAITRE
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Résumé

Introduction

De nombreuses études ont comparé les différents types de kératoplastie dans les indications de défaillance endothéliale, et leurs résultats sont discordants. Si à court terme, la tendance montre une supériorité des greffes lamellaires endothéliales par rapport aux kératoplasties transfixiantes dans les résultats fonctionnels, à long terme la littérature est contradictoire et les conclusions ne sont pas évidentes. Si aujourd’hui les convictions et l'expérience clinique nous conduisent à privilégier les kératoplasties lamellaires endothéliales (KLE) par rapport à la kératoplastie transfixiante (KT), la littérature médicale reste incertaine quant aux résultats à long-terme à partir de 5 ans. Cette revue systématique a pour objectif d’évaluer les résultats à long-terme des KLE par rapport aux KT dans les indications d’atteintes endothéliales comme la dystrophie de Fuchs ou la kératopathie bulleuse.

Matériels et Méthodes

Dans cette revue systématique, nous avons effectué des recherches dans PubMed, Cochrane Library et Embase jusqu'en mai 2022 et avons considéré tous les types d'études répondant à notre objectif. Les critères de jugement principaux étaient la survie du greffon à 5, 10 et 15 ans.

Résultats

Cinquante études de cohorte ont été incluses dans notre revue. À 5 ans, dans le cadre d’une dystrophie de Fuchs (FECD) ou d’une kératopathie bulleuse (KB), la survie du greffon semblait être plus élevée après une greffe lamellaire endothéliale comparée à une kératoplastie transfixiante. Deux études comparatives ont montré de meilleurs résultats pour les greffes lamellaires concernant la survie à 5 ans pour une, et aucune différence significative pour l'autre. En incluant les études non comparatives, concernant les yeux présentant une FECD, la survie du greffon à 5 ans variait de 0,69 à 0,98 pour la KT, de 0,93 à 1,00 pour la DSAEK, et de 0,93 à 0,99 pour la DMEK. Dans les yeux présentant une KB, la survie du greffon à 5 ans allait de 0,39 à 0,91 pour la KT, de 0,65 à 0,89 pour la DSAEK et de 0,84 à 0,95 pour la DMEK. La survie du greffon à 10 ans variait de 0,20 à 0,90 pour la KT et de 0,62 à 0,92 pour les greffes lamellaires endothéliales. L'AV maximale corrigée moyenne à 5 ans est comprise, respectivement, de 0,73 à 0,43 LogMar pour la KT, de 0,61 à 0,09 pour la DSAEK, et de 0,31 à 0,05 pour la DMEK. Le taux de rejet à 5 ans était compris compris entre 11,0 et 28,7% pour la KT, entre 5,0% et 7,9% pour la DSAEK et entre 1,7 et 2,6% pour la DMEK.

Discussion

Il s'agit de la première revue systématique évaluant les résultats à long terme de la kératoplastie en cas de pathologie endothéliale. A 5 ans, la tendance suggère une meilleure survie du greffon en cas de kératoplastie lamellaire semble par rapport aux kératoplasties transfixiantes en cas de défaillance cornéenne endothéliale. En ce qui concerne les critères de jugement secondaires tels que l’AV, le DCE et la perte de cellules endothéliales ou encore les complications, notre revue tend à montrer de meilleurs résultats en cas de kératoplastie lamellaire. Néanmoins, le niveau de preuve faible, avec très peu d'études comparatives et une présentation hétérogène des résultats, nous incite à interpréter ces résultats avec prudence.

Conclusion

Ces résultats suggèrent une meilleure survie du greffon à 5 ans en faveur des kératoplasties endothéliales. La tendance est la même en ce qui concerne les critères de jugement secondaires tel que l'AV, l'évolution de la DCE ou encore le taux de rejet à 5 ans.  Néanmoins, le niveau de preuve est faible.