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Réhospitalisations précoces après chirurgies ophtalmologiques programmées (RH30) : fréquence, causes et facteurs de risque. Etude cas-témoin sur quatre ans (2017-2020)

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Orateurs :
Audrey Crozet
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Résumé

Introduction

Le taux de réhospitalisation à 30 jours (RH30) est une mesure indirecte de la qualité de la prise en charge chirurgicale, permettant une évaluation quantitative standardisée d’une partie des complications post-opératoires. Sa mesure en ophtalmologie est biaisée par la programmation fréquente et rapprochée de la chirurgie d’un œil puis de l’autre, en particulier en cas de chirurgie de cataracte. Cette étude mesure le RH30 non-programmé en ophtalmologie, de façon globale et par type de geste chirurgical, analysant les causes et les facteurs de risque de réhospitalisation.

Matériels et Méthodes

Le Programme de Médicalisation du Système d’Information a identifié l’ensemble des patients réadmis dans les 30 jours après une chirurgie ophtalmologique au CHU de Nantes entre 2017 à 2020. Etaient exclus les patients mineurs, les chirurgies initiales réalisées en urgence (traumatologie ou décollement de rétine), les patients réadmis pour une chirurgie d’emblée programmée (2nde œil). Les variables collectées étaient spécifiques au patient, au type de chirurgie ophtalmologique, au déroulement de la chirurgie initiale, à l'épisode de réadmission. Une analyse multivariée a été réalisée pour identifier les facteurs de risque de réadmission (un cas pour 2 témoins, appariement sur l’année et le type de chirurgie, l’âge et le sexe du patient).

Résultats

150 patients ont été inclus. Les 4 principales causes de réadmission étaient toutes des chirurgies endoculaires (cristallin 31%, cornée 26%, glaucome 22% et rétine 15%), les 6% restant étant des chirurgies extra-oculaires (strabisme, voies lacrymales, paupières, orbite). Le motif de réadmission était ophtalmologique dans 93% des cas. Le RH30 global était de 2,07%. Il présentait une forte variabilité selon le type de chirurgie : 0,95% pour les cataractes, 4,95% pour les chirurgies vitréo-rétiniennes, 6,25% pour les greffes de cornée (kératoplastie lamellaire profonde), 12,5% pour les trabéculectomies. Le pourcentage d’endophtalmies bactériennes était de 0,02% pour les chirurgies de cataracte, et compris entre 0,36 et 2,04% pour les autres types de chirurgies endoculaires. Le pourcentage de décès hospitalier était de 0,02 %. Trois variables étaient significativement associées aux réadmissions précoces : le créneau opératoire initial 10h30-13h00 (p=0,034), la durée de la chirurgie (p=0,08) et l’hospitalisation en secteur conventionnel par rapport au secteur ambulatoire (p=0,022). Il y avait une tendance à un sur-risque de réadmission précoce lorsque le chirurgien était assistant, par rapport à un chirurgien sénior ou interne (étude du sous-groupe chirurgie de cataracte).

Discussion

Cette étude est la première à fournir des valeurs du RH30 non programmé en ophtalmologie de façon globale et par sous-types de chirurgie. Cet indicateur peut être utilisé longitudinalement pour détecter l’apparition d’un sur-risque, ou transversalement pour comparer nos prises en charge avec d’autres centres. La méthodologie qualitative apporte  des données nouvelles par rapport aux big data, en raison des erreurs et imprécision du codage et de la tendance à la sous-déclaration des complications. L’identification des facteurs de risque de réhospitalisation plaide pour un meilleur encadrement des jeunes chirurgiens nouvellement autonomes, et par une programmation des chirurgies complexes en dehors de créneaux horaires non sécuritaires. 

Conclusion

Le RH30 en ophtalmologie nous apparaît comme un outil important pour l’évaluation de la qualité de la prise en charge et des risques péri-opératoires.