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083 - Extraction d'un lenticule réfractif intra stromal (SMILE) : du concept à la réalité clinique

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Orateurs :
Albane Cassan
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Résumé

Introduction

L'extraction d'un lenticule réfractif intra-stromal ou SMILE se place aujourd'hui, pour la correction de la myopie et de l'astigmatisme, comme une alternative établie aux méthodes de référence que sont le LASIK et la PKR. Cette technique mini-invasive "tout femtoseconde" et sans création de volet présenterait, à résultats réfractifs équivalents, des avantages quant à la surface oculaire et à la biomécanique cornéenne.

Patients et Methodes

Nous rapportons les résultats d'une étude rétrospective observationnelle portant sur 146 yeux myopes +/- petits astigmates corrigés par SMILE. Nous avons évalué, de 3 mois à 1 an postopératoires, la sécurité, l'efficacité et la prédictibilité réfractive et étudié les changements cornéens pré-postopératoires. Nous avons approché l'évolution de la biomécanique cornéenne avec l'Ocular Response Analyser® (ORA) et l'analyse des modifications pachymétriques, et exploré la surface oculaire avec le questionnaire SPEED, la mesure du Break Up Time (BUT) et l'examen du film lacrymal par la plateforme Lipiview®.

Résultats

L'équivalent sphérique (ES) moyen des patients inclus est de -3.93 +/- 1,70D, avec une sphère à -3.59D et un cylindre à -0.68D en moyenne. Sur le plan réfractif : l'acuité visuelle non corrigée obtenue est ≥1.0 pour 95.7% des yeux (indice d'efficacité de 1.1) ; l'ES moyen est de -0.05 +/- 0,22D et 97% des yeux sont à +/-0.50D de l'emmétropie ; la meilleure acuité visuelle corrigée (MAVC) est inchangée ou améliorée pour 96% des yeux (p<0.001) (indice de sécurité de 1.14). Un oeil (0.7%) a perdu 2 lignes et 4 yeux (3%) ont perdu une ligne de MAVC. Concernant la biomécanique cornéenne : l'épaisseur moyenne du lenticule intra stromal extrait est de 92.3 +/- 27,4μm et sa profondeur moyenne de 128μm. La pachymétrie postopératoire est de 491 +/- 35,5μm, avec une diminution d'épaisseur de 74.2 +/- 24,3μm en moyenne. Le coefficient de corrélation entre pachymétrie attendue et pachymétrie effectivement obtenue est élevé (p<0.001). Tous les paramètres de l'ORA sont significativement diminués en postopératoire (p<0.001). Les valeurs moyennes du Corneal Hysteresis et du Corneal Resistance Factor postopératoires sont plus basses, et leur diminution est plus marquée, pour les variations d'épaisseur cornéenne plus importantes. L'évaluation de la face postérieure cornéenne en topographie d'élévation n'a pas révélé de changement significatif. Les critères d'analyse de la surface oculaire ne sont pas modifiés en postopératoire : BUT équivalent (p>0.1), épaisseur moyenne de la couche lipidique du film lacrymal (mesure Lipiview®) normale et score moyen au questionnaire d'évaluation de la sécheresse oculaire SPEED de 3.60/28.

Discussion

Les résultats réfractifs confirment l'efficacité, la sécurité et la prédictibilité de cette technique chirurgicale réfractive. Nous retrouvons des critères d'approche de la biomécanique cornéenne abaissés en postopératoire, infirmant en clinique l'atout potentiel du SMILE sur l'absence de retentissement à ce niveau. Les paramètres d'exploration de la sécheresse oculaire, objectifs comme subjectifs, ne retrouvent pas de modification en postopératoire, en accord avec les données de la littérature à ce sujet. Les limites de notre étude comportent son caractère rétrospectif, ainsi qu'un recul relativement limité.

Conclusion

Le SMILE, par son caractère mini-invasif et la diminution des effets iatrogènes sur la surface oculaire pourrait devenir une technique de référence en chirurgie réfractive. Théoriquement moins invasif sur la résistance du tissu cornéen, cet impact n’est en revanche pas négligeable et invite à la même prudence dans la sélection des patients.