Les lentilles sclérales bénéficient d’un intérêt croissant pour le traitement des pathologies de la surface oculaire réfractaires aux autres traitements. Toutefois, leur adaptation peut présenter des difficultés techniques et elles ne sont pas toujours aisées à manipuler par les patients. Les nouvelles lentilles mini-sclérales ICD 16.5 HD ont une géométrie adaptable à toutes les morphologies, des paramètres d'adaptation simplifiés ainsi qu'un diamètre réduit qui facilite la pose et la manipulation. Nous rapportons les résultats d'une série de patients atteints de pathologies sévères de la surface oculaire traités avec ce dispositif.
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156 - Notre première expérience avec les nouvelles lentilles mini-sclérales ICD 16.5 HD dans les pathologies sévères de la surface oculaire
Introduction
Patients et Methodes
Il s’agit d’une étude rétrospective menée dans le service d’ophtalmologie du CHU de Bicêtre portant sur des patients atteints de pathologies de surface sévère adaptés en lentilles mini-sclérales ICD 16.5 HD, en cas d'insuffisance ou d'échec des autres traitements. Tous les patients ont bénéficié d’un examen complet avant et après adaptation avec évaluation de l’acuité visuelle, des signes d'altération de la surface oculaire (mesure des ulcères cornéens le cas échéant, échelles d'hyperhémie conjonctivale de Mac Monnies, score dOxford et OSS - Ocular Staining Score -) et des symptômes à l'aide du score OSDI (Ocular Surface Disease Index).
Résultats
Quatorze yeux de 10 patients (6 femmes, 4 hommes), âgés de 60,87±26,08 ans, étaient inclus. Les indications d'adaptation étaient une sécheresse oculaire sévère secondaire à un syndrome de Gougerot Sjögren(6 yeux, 42,9%) ou à une réaction du greffon contre l’hôte (3 yeux, 21,4%), une kératite neurotrophique (3 yeux, 21,4%) et une kératite d’exposition(2 yeux, 14,3 %). Tous les patients étaient sous substituts lacrymaux, 7 yeux (50%) étaient sous collyre à la ciclosporine, 3 yeux (21,4%) étaient sous sérum autologue, 5 yeux (35,7%) avaient des bouchons méatiques et une tarsorraphie avait était réalisée dans un œil mais mal tolérée. Les patients avaient un suivi de 7,35±1,3 mois (6,1 à 9,5). L’acuité visuelle corrigée passait de 0,55 log MAR avant adaptation à 0,36 log MAR en fin de suivi (p=0 ,159). Elle était significativement améliorée chez les patients sans opacification cornéenne centrale (0,13 logMAR avant versus 0,06 logMAR après, p=0,03). Les scores d'Oxford, OSS et de Mac Monnies étaient significativement améliorés à 6 mois (3,8 versus 1,3; 9 versus 4,7; 3,14 versus 1,21, respectivement, p<0,01).Les ulcères cornéens (n=6) cicatrisaient tous dans un délai moyen de 1,55±0,39 mois. L’OSDI était significativement amélioré (63,7 à 19,6 p<0,01). Le port des lentilles était poursuivi après l'adaptation dans tous les cas, et aucune complication n'était notée pendant l'étude.
Discussion
Tout comme les lentilles sclérales conventionnelles, les lentilles mini-sclérales permettent une protection mécanique et une hydratation constante de la surface oculaire. Le ménisque liquidien présent entre la cornée et la face postérieure de la lentille joue également un rôle réfractif en gommant les irrégularités de la surface cornéenne.
Conclusion
Les lentilles mini-sclérales ICD 16.5 HD sont efficaces pour traiter les signes et les symptômes des pathologies sévères de la surface oculaire. Elles permettent une amélioration significative de l'acuité visuelle chez les patients souffrant de kératoconjonctivite sèche sévère avec kératite centrale. Leur adaptation et leur manipulation par les patients n’ont pas posé de problème particulier.