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259 - Epidémiologie descriptive du frottement oculaire dans une cohorte de patients kératoconiques

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Orateurs :
Antoine Robinet
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Résumé

Introduction

Le frottement oculaire est désormais bien identifié dans la littérature scientifique comme le principal facteur de progression et peut-être même de développement du kératocône. Peu d'études se sont en revanche intéressées aux modalités du frottement oculaire et sa fréquence chez le patient kératoconique.

Patients et Methodes

Données déclaratives recueillies par un questionnaire délivré à des patients kératoconiques non porteurs de lentilles, ayant été traités ou non par cross-linking du collagène cornéen, et naïfs de toute autre chirurgie cornéenne. Etude épidémiologique descriptive monocentrique au CHU de Bordeaux. 

Résultats

Les données de 45 patients kératoconiques (90 yeux) ont été analysées, tous stades de sévérité confondus. 98% des patients interrogés disaient se frotter les yeux régulièrement dont 79,6% rapportaient un frottement bilatéral et 20,4% un frottement purement unilatéral. 43% des patients frotteurs déclaraient se frotter les yeux avec l'index, 23% avec les phalanges, et 9% à la paume de la main. Chez les patients frotteurs, la fréquence du frottement était jugée élevée à très élevée dans 56% des cas, contre rare à modérée dans 44% des cas. Parmi les yeux kératoconiques non cross-linkés, 89,6% étaient l'objet de frottements réguliers, contre 76,9% des yeux cross-linkés. Parmi les yeux kératoconiques non cross-linkés et frottés, 56,5% l'étaient à fréquence élevée à très élevée contre 50% pour les yeux cross-linkés et frottés. Chez les patients cross-linkés, seuls 31% jugeaient que leur prurit oculaire et leur frottement avaient diminué suite au cross-linking.

Discussion

La grande majorité des patients kératocôniques déclare se frotter les yeux et plus de la moitié souvent ou très souvent. Les yeux traités par CXL semblent être moins sujets au frottement oculaire. En revanche seul 1/3 des patients traités par CXL semble ressentir une diminution consciente du frottement oculaire. Si la physiopathologie du prurit et du frottement oculaire avant et après CXL nécessite encore d'être élucidée, sa fréquence semble réduite après CXL. Néanmoins les mesures thérapeutiques associées dans le cadre d'une prise en charge globale de la maladie (traitement d'un syndrome sec, d'une atopie, éducation du patient...) ne doivent pas être négligées et consitutent un biais de mesure ne permettant pas de conclure à l'efficacité durable du CXL sur la diminutioin des frottements.

Conclusion

La majorité des patients kératocôniques (98%) rapporte un frottement oculaire et plus de la moitié un frottement très régulier. Les yeux traités par CXL semblent être moins sujets au frottement oculaire que les yeux naïfs de tout geste chirurgical alors même qu'ils sont généralement porteur des kératocônes les plus graves. Des analyses comparées de microscopie confocale pourraient permettre, chez de tels patients, de documenter les mécanismes physiopathologiques du frottement oculaire.