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265 - Evaluation et résultats du dépistage de la rétinopathie du prématuré en Nouvelle-Calédonie

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Orateurs :
Olivier Chevreaud
Auteurs :
Cecile MARECHAL
Nathalie Sigur
Sophie Pierron
Clément Castella
Harisoa Ramaholimihaso
Laurent Tauzin
Marine Dorsi
Marie-Eve Mouliès
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Résumé

Introduction

La Nouvelle-Calédonie dispose d’une maternité de niveau 3 dont le service de néonatalogie prend en charge une population de prématurés comparable à celle des unités métropolitaines. Depuis deux ans un dépistage assidu de la rétinopathie du prématuré est mis en place : le nombre de formes sévères a motivé la réalisation d’une étude afin d’analyser ces cas particuliers.

Patients et Methodes

Cette étude rétrospective de 19 mois a inclus les prématurés hospitalisés nés entre novembre 2016 et aout 2018. Le respect des indications du dépistage (pratiqué à l’ophtalmoscope indirect) a été évalué. Puis les caractéristiques des bébés dépistés (contexte anténatal, complications respiratoires, neurologiques, hématologiques et infectieuses) ont été analysées au sein de 2 groupes selon la présence ou non d’une forme sévère de rétinopathie du prématuré (stade 2 et plus).

Résultats

Parmi les 111 enfants hospitalisés, sur les 63 éligibles au dépistage 53 en ont bénéficié (84%). Le premier fond d’œil était réalisé en moyenne à 7 semaines de vie {4-13}. Sur ces 53 prématurés examinés 45% présentaient une rétinopathie : 7 un stade 1 et 17 un stade 2 ou 3 dont 11 (20,8%) ayant nécessité un traitement médical, réalisé à Sydney. Aucun stade 4 ou 5 n’est apparu. Les prématurés atteints de formes sévères (stade 2 et 3) étaient nés en moyenne au terme de 26,2 semaines d'aménorrhée {25-28} pour un poids de naissance de 818 grammes {500-1055} contre 29 semaines {27-32} et 1231 grammes {765-1995} dans l’autre groupe. Les 11 cas traités avaient en majorité un retard de croissance intra-utérin (poids de naissance moyen de 766 grammes): cette hypotrophie majorant le risque de forme grave de rétinopathie. La taille des effectifs n’a pas permis de mettre en évidence de situations plus à risque concernant les antécédents maternels, l’histoire obstétricale, la cause de la prématurité et les conditions de la naissance. En revanche la durée moyenne d’intubation {16 jours contre 2,4}, de soutien respiratoire {66 jours contre 34}, le taux d’anomalies à l’échographie transfontanellaire {47% contre 18%}, le nombre moyen de culots globulaires transfusés {3,4 contre 0,8} et le taux d'épisodes infectieux {81% contre 33%} différents dans les 2 groupes confirment l’association des atteintes rétiniennes sévères à une prématurité plus grande et aux complications plus importantes. 

Discussion

Avec en moyenne 70% de fond d’œil réalisés en métropole le dépistage calédonien est performant. L'état général des enfants ne permet pas toujours de le réaliser dans les délais recommandés. Le nombre de rétinopathie du prématuré tous stades confondus est proche de celui de la France (40-50%). Le taux de formes sévères est comparable à celui de certains pays développés mais reste 5 fois plus élevé qu’en métropole (20,8% contre 3.8 %). Ce constat motive des mesures préventives : l'actualisation des protocoles de saturations cibles conformément aux recommandations dont l' application sera appuyée par une sensibilisation des équipes à la pathologie via ces résultats. Dans deux ans une seconde étude évaluera si le nombre de formes sévères a diminué. 

Conclusion

La rétinopathie du prématuré est fréquente et sévère en Nouvelle-Calédonie générant un coût non négligeable pour sa prise en charge réalisée à Sydney (transport aérien médicalisé). L'urgence est d’en diminuer l’incidence par une amélioration des pratiques d’oxygénothérapie. L’acquisition d’une caméra grand champ et la pratique du traitement sur place sont aussi des objectifs à envisager prochainement.