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439 - Hyperautofluorescence transitoire dans la rétinite à toxoplasmose : un nouveau signe clinique d'inflammation rétinienne ?

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Orateurs :
Dr Benoît DELAUNAY
Auteurs :
Dr Benoît DELAUNAY
Laurent Kodjikian
catherine favard
Dr Philippe DENIS
Dr Thibaud MATHIS
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Résumé

Introduction

Les avancées de l’imagerie multimodale permettent de caractériser l'inflammation vitréo-rétinienne au cours de la rétinite toxoplasmique, mais peu d’études portent sur son aspect en autofluorescence. Nous avons mesuré l’autofluorescence des rétinites à toxoplasmose afin de mieux caractériser l’inflammation rétinienne associée à cette pathologie.

Patients et Methodes

Il s’agit d’une série rétrospective observationnelle bicentrique regroupant les cas de rétinite à toxoplasmose suivis à l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon et au Centre Ophtalmologique de l’Odéon à Paris entre Juin 2008 et Septembre 2018. Les critères d’inclusion sont une rétinite à toxoplasmose active avec réalisation d’une imagerie multimodale incluant une autofluorescence. Les critères d’exclusion sont une autofluorescence ou imagerie multimodale non interprétable à cause des troubles des milieux.

Résultats

Les données de 31 patients ont été relues. 4 d’entre eux ont été exclus à cause d’une autofluorescence ininterprétable par trouble des milieux. 14 patients ont présenté des taches hyperautofluorescentes satellites du foyer principal. Ces taches sont transitoires, bien limitées, multiples, hypofluorescentes aux temps tardifs de l’angiographie au vert d’indocyanine et isofluorescentes en fluoresceine.  La couche ellipsoïde est altérée en OCT, et il n’existae pas d’hyposensité de flux associée aux taches en OCT-A. Chez 13 patients, ces taches n’ont pas été observées. Si la hyalite et l’augmentation de l’épaisseur choroïdienne sont presque constantes, la vascularite et la papillite ont été retrouvées plus souvent dans les cas ayant présenté des taches hyperautofluorescentes transitoires (64,5 % et 78,0% respectivement) que dans les cas n’en ayant pas présenté (46,0% et 46,0% respectivement). Enfin, les patients ayant présenté des taches hyperautofluorescentes étaient en moyenne plus jeunes (30,5 ans) et plus myopes (-0,45 d’équivalent sphérique) que ceux n’en ayant pas présenté (35,5 ans / + 0,05 d’équivalent sphérique).

Discussion

La présence de taches hyperautofluorescentes peut s’expliquer soit par l’accumulation de fluorophores, soit par l’atténuation du filtre lié aux chromophores de la rétine externe. La disparition des taches après photobleaching est en faveur d’une atténuation du filtre lié aux chromophores. La disparition des taches au cours de l’évolution souligne le caractère transitoire et réversible de l'atteinte. 

L’absence d’hypodensité de flux en OCT-A ou d’hypofluorescence précoce au niveau des taches est en défaveur d’une origine choroïdienne. On s'oriente donc vers un dysfonctionnement transitoire de la rétine externe, sans ischémie choroïdienne associée. 

Ce dysfonctionnement survient dans un contexte inflammatoire marqué (papillite, vascularite) chez des patients plus jeunes et légèrement plus myopes que les patients non concernés. Ce profil est celui des patients pouvant présenter une inflammation choriorétinienne telle que la choroidite multifocale et l’épithéliopathie en plaques ou une inflammation rétinienne comme le syndrome des taches blanches evanescentes (MEWDS).

 

Conclusion

L’inflammation générée par la rétinite à toxoplasmose semble capable de provoquer une inflammation transitoire de la rétine externe, sans ischémie choroïdienne, chez des patients prédisposés à l’inflammation choriorétinienne. Cette inflammation transitoire, qui se manifeste par des taches hyperautofluorescentes, semble proche de celle décrite dans le MEWDS, dont la survenue a été décrite récemment dans des contextes pro-inflammatoires.