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Choriorétinite placoïde postérieure syphilitique: imagerie multimodale d’une forme rare de syphilis oculaire

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Orateurs :
Dr Clara BERTRET
Auteurs :
Dr Clara BERTRET
Dr Stacy CHARPENTIER
Dr Paul BASTELICA
Damien Sendon 2
Dr Anthony TRAN
Dr Jean Rémi FENOLLAND
jean-marie giraud
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Résumé

Objectif

La syphilis est une infection sexuellement transmissible causée par Treponema pallidum. Après une explosion des cas de syphilis dans les années 2000 en Europe, le nombre de nouvelles contaminations se stabilise. La forme oculaire est une affection rare dont la sémiologie est extrêmement polymorphe. Sa manifestation oculaire la plus fréquente est une uvéite, retrouvée dans 2 à 5% des cas de syphilis tertiaire (1).

Description de cas

Nous rapportons le cas d’une patiente de 59 ans immunocompétente, sans antécédents, diagnostiquée et traitée pour choriorétinite placoïde postérieure syphilitique unilatérale.

Observation

Il s’agit du cas d’une patiente âgée de 59 ans, consultant devant l’apparition progressive depuis 3 mois de myodésopsies et phosphènes de l'œil gauche. La meilleure acuité visuelle corrigée était de 10/10 P2 à droite et de 8/10 P2 à gauche. L’examen clinique de l'œil droit était sans particularité. L’examen clinique de l'œil gauche mettait en évidence une hyalite à deux croix sans autre anomalie du fond d'œil, ni inflammation du segment antérieur. L’examen en tomographie à cohérence optique (OCT) maculaire retrouvait un profil fovéolaire normal aux deux yeux. L’angiographie à la fluorescéine de l'œil gauche mettait en évidence une diffusion péri-fovéolaire et péri-papillaire aux temps précoces et tardifs. L’angiographie au vert d’indocyanine de l'œil gauche retrouvait une plage au pôle postérieur hypo-fluorescente aux temps précoces, majorée aux temps tardifs, et qui apparaissait hyper-auto-fluorescente sur les clichés d’autofluorescence. L'OCT-angiographie ne retrouvait pas de raréfaction du flux au sein des différents plexus capillaires.

En raison du profil de cette patiente de 59 ans, enseignante et sans aucun autre antécédent, le lymphome oculaire était évoqué en premier lieu. Le bilan de première intention de l’uvéite postérieure a mis en évidence une sérologie syphilitique positive et a permis d’établir un diagnostic de choriorétinite placoïde postérieure syphilitique. Un traitement intraveineux adapté a été administré pendant 21 jours et a permis l’évolution favorable des symptômes. Le bilan complémentaire ne mettait pas en évidence de co-infection à VIH mais une infection à Chlamydia trachomatis.

Discussion

Cette observation souligne l’intérêt de réaliser une recherche de syphilis dans un bilan d’uvéite de façon systématique, y compris en l’absence de facteur de risque. En effet, la population la plus à risque d’après le bulletin de Santé publique France 2020 du réseau ResIST reste celle des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et des séropositifs VIH.

Conclusion

Ce cas clinique rappelle que la syphilis est connue comme la “grande simulatrice". La règle est de toujours l’évoquer et de réaliser une sérologie syphilitique devant des symptômes polymorphes ophtalmologiques, y compris chez l’immunocompétent.