Bien que les métastases choroïdiennes soient rares, elles sont les tumeurs intraoculaires malignes les plus fréquentes. Elles sont le plus souvent découvertes dans le cadre d’un primitif connu (pulmonaire chez l’homme et sein chez la femme) devant une baisse d’acuité visuelle ou de découverte fortuite.
Nous rapportons le cas d’une métastase choroïdienne avec un primitif prostatique.
Il s’agit d’un patient de 63 ans se présentant aux urgences ophtalmologiques pour amputation d’acuité visuelle d’apparition rapide de l’œil droit. Ses antécédents retrouvent un adénocarcinome prostatique résistant à la castration médicamenteuse avec évolution métastatique osseuse au niveau du rachis sacré.
L’examen ophtalmologique met en évidence une baisse d’acuité visuelle (5/10) avec une sensation de gêne centrale pour l’œil droit et aucune baisse d’acuité au niveau de l’œil gauche. Le fond d’œil ne retrouve aucune anomalie au niveau de l’œil gauche. Le fond d’œil droit permet de voir une lésion achrome choroïdienne avec une bulle de décollement séreux rétinien maculaire.
L’OCT maculaire confirme le décollement séreux rétinien avec un épaississement choroïdien sous-jacent et altération de l’épithélium pigmentaire en regard de la lésion achrome.
L’angiographie à la fluorescéine, quant à elle, permet d’exposer les limites du décollement séreux rétinien en hyperfluorescence avec une lésion hyperfluorescente avec pin point.
L’angiographie au vert d’indocyanine montre une lésion hypofluroscente aux temps précoce et intermédiaire qui finira par devenir isofluorescente avec un liseré hypofluorescent au temps tardif. Devant les résultats des examens et du contexte clinique du patient, le diagnostic de métastase choroïdienne est retenu.
Une évolution favorable de la lésion, des phénomènes exsudatifs et de l’acuité visuelle a été constatée à un mois après début d’une chimiothérapie par docétaxel en raison des localisations secondaires sacrées, confirmant notre hypothèse diagnostique.
Les métastases choroïdiennes peuvent être révélatrice d’un primitif dans environ un tiers des cas. Le plus souvent chez l’homme, il s’agit d’un cancer pulmonaire mais dans 17% cas le primitif n’est pas retrouvé. La proportion des adénocarcinomes prostatiques, bien que faible (5% des métastases choroïdiennes chez l’homme), ne les exclut pas des diagnostics possibles, surtout devant le bon pronostic visuel à court avec une thérapie individualisée à chaque cas (chimiothérapie, hormonothérapie, radiothérapie externe, radiothérapie par plaque).
Une métastase choroïdienne peut être le mode de révélation d’une affection maligne. Devant toute métastase choroïdienne chez l’homme, il ne faut pas négliger la possibilité d’un adénocarcinome prostatique.