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Chapitre 2
Principes de la chirurgie

Introduction – principes de la chirurgie des tumeurs solides
N. Cassoux
Même si la chirurgie a été le seul moyen thérapeutique des cancers solides jusqu'au début du XX e siècle, elle reste encore aujourd'hui un pivot incontournable du traitement de la majorité des cancers solides. De nombreux progrès depuis les années 1950 ont permis des associations de chirurgie/radiothérapie ou de chirurgie/chimiothérapie permettant de réaliser des chirurgies moins mutilantes. Ces progrès s'appliquent aux tumeurs oculaires, permettant d'éviter de nombreuses chirurgies mutilantes (énucléations, exentération orbitaire). Citons ici deux exemples : le rétinoblastome, où l'introduction de la chimiothérapie a permis non seulement d'augmenter la survie, mais également de limiter le nombre des énucléations ; la radiothérapie suivie d'une endorésection chirurgicale d'un mélanome choroïdien permet de conserver le globe oculaire sur des tumeurs de volume important.
Chirurgie diagnostique
La chirurgie intervient dans un cadre diagnostique (biopsie/biopsie exérèse) pour établir le diagnostic et la classification histologique, la classification TNM, la recherche de marqueurs, l'étude des chromosomes, la biologie moléculaire qui caractérisent aujourd'hui les tumeurs solides. L'œil est un organe qui ne permet pas de réaliser des biopsies facilement et sans effet secondaires pour les tumeurs intraoculaires. Les biopsies sont utilisées pour des tumeurs de la surface oculaire, mais restent discutées dans le mélanome de l'uvée et contre-indiquées dans le rétinoblastome. Les biopsies sont indispensables au diagnostic des tumeurs orbitaires pour lesquelles l'imagerie par résonance magnétique (IRM) ne suffit généralement pas. En revanche, les tumeurs intraoculaires, directement visibles par l'examen du fond d'œil, possèdent des caractéristiques cliniques et paracliniques suffisamment spécifiques pour qu'une biopsie ne soit pas nécessaire dans la grande majorité des cas.
Chirurgie thérapeutique
L'objectif de la chirurgie est de permettre d'obtenir la meilleure survie sans récidive et la meilleure survie sans métastase du patient. Pour cela, chaque société savante des différentes spécialités chirurgicales a établi des normes de qualité de la résection chirurgicale en fonction du type de tumeur, de l'organe et de la localisation de la tumeur vis-à-vis d'organes à risque. Les pouvoirs publics, dans leur démarche d'accréditation des centres habilités à la chirurgie des cancers, ne font que relayer les sociétés savantes qui, depuis une décennie, émettent des recommandations qui deviendront inéluctablement opposables à plus ou moins brève échéance. La notion de seuil d'activité en est un bon exemple. Il est en effet aujourd'hui clairement démontré que, pour les patients opérés de cancer, le pronostic est meilleur lorsqu'ils sont opérés par des équipes ayant une expertise en oncologie et une activité importante [ 1].
L'importance prise désormais par les classifications TNM, et anatomopathologiques, et par la biologie moléculaire, au sein même de la décision thérapeutique, impose au chirurgien oncologue, qui aujourd'hui a l'obligation légale de partager ses décisions thérapeutiques avec ses collègues au sein d'une concertation pluridisciplinaire pour tout patient, d'acquérir ces connaissances nouvelles, qu'il a le devoir d'intégrer à sa pratique (voir chapitre 1.2 ).
La définition des chirurgies radicales est dite R pour « résiduel » et se décline en R0, R1, R2.
  • L'exérèse R0 consiste à retirer l'intégralité de la tumeur en préservant une marge de sécurité de tissu sain dont les dimensions dépendent du type histologique de la tumeur.
  • Dans le cas d'une exérèse R1 , la tumeur permet au chirurgien de réaliser une résection visuellement complète mais sans marge histologique de tissus sains suffisante.
  • Dans le cas d'une exérèse R2 , la tumeur ne permet pas de résection complète avec marge de tissu sain. La résection est visuellement et microscopiquement incomplète.
Dans le cas particulier de l'ophtalmologie pour les tumeurs de la surface oculaire, la proximité de la conjonctive et de la tumeur conjonctivale avec le globe ne permet pas de réaliser de chirurgie R0. Pour un mélanome conjonctival, si on considère les marges établies pour le mélanome cutané et le mélanome des muqueuses et qui doit être au minimum de 2 cm, on comprend bien que cela n'est pas possible au niveau conjonctival. Dans ce cas, seule une exérèse suivie d'une irradiation complémentaire du résidu microscopique permet d'obtenir une bonne survie sans récidive locale. Pour les tumeurs intraoculaires, seule l'énucléation peut être considérée comme chirurgie R0 en raison de la très solide barrière sclérale et à condition qu'il n'y ait pas d'extériorisation extrasclérale.
Chirurgie locorégionale
Certaines tumeurs solides ayant un drainage lymphatique nécessitent une chirurgie d'exérèse large associée à un curage ganglionnaire régional ou l'utilisation de la détection et de l'ablation du ganglion sentinelle. Les mélanomes de l'uvée ayant une diffusion hématogène, l'exploration des ganglions cervicaux n'a pas d'intérêt. La question s'est posée pour les mélanomes de la conjonctive. Une revue de la littérature sur le bénéfice de la détection du ganglion sentinelle dans le mélanome conjonctival montre qu'elle reste discutée car le taux de négativité est supérieur à 80 %, avec un temps opératoire allongé, la nécessité d'une équipe de chirurgien ORL, le coût de la gamma caméra entre autres. Peut également se discuter dans les cas de mélanomes conjonctivaux évolués soit un curage ganglionnaire (avec la morbidité associée), soit une radiothérapie cervicale prophylactique qui n'est pas non plus sans effets secondaires [2].
Chirurgie des complications
La chirurgie des complications comprend les énucléations secondaires que l'on peut être amené à effectuer en cas d'échec des traitements conservateurs avec rechute locale, ou en cas de complications post-radiques avec douleurs importante, sècheresse sévère, œil non voyant inesthétique, etc.
Même si la chirurgie est à visée esthétique, il reste contre-indiqué de réaliser une éviscération (voir chapitre 2.4 ).
Exérèse des tumeurs conjonctivales – no touch technique
C. Levy-Gabriel
Présentation de la technique
La no touch technique est une technique chirurgicale recommandée pour l'exérèse des tumeurs conjonctivales malignes, en particulier en cas de mélanome ou de carcinome épidermoïde. Dans ce contexte, l'intervention chirurgicale doit être programmée rapidement et être réalisée sous anesthésie générale. La diffusion de produits anesthésiques sous la conjonctive, source de dissémination des cellules tumorales, est à proscrire. L'anesthésie topique ou péribulbaire peut éventuellement être envisagée en cas de petites tumeurs limitées au voisinage du limbe.
Avant de réaliser l'exérèse chirurgicale, il est indispensable de réaliser des photographies de la tumeur ainsi qu'un schéma précisant la localisation et les dimensions tumorales (atteinte horaire du limbe, envahissement cornéen en millimètres, diamètres tumoraux en millimètres) (fig. 2-1,
Fig. 2-1
Photo en lampe à fente d'un volumineux mélanome achrome de l'œil droit.
fig. 2-2,
Fig. 2-2
Mesure des dimensions tumorales avec un compas.
fig. 2-3,
Fig. 2-3
Schéma précisant l'implantation horaire de la tumeur au limbe, les diamètres, les dimensions de l'envahissement cornéen – œil droit. Tumeur de 20 × 14 mm à cheval sur la demi-temporale de la cornée (empiète sur 7 mm).
fig. 2-4,
Fig. 2-4
Cautérisation des vaisseaux autour de la base d'implantation de la tumeur.
fig. 2-5,
Fig. 2-5
a, b. Décollement de l'épithélium cornéen et de la zone d'envahissement tumoral cornéen à l'aide d'une Microsponge® imbibée d'alcool absolu.
fig. 2-6,
Fig. 2-6
Exérèse en bloc de la tumeur avec une marge de conjonctive saine de quelques millimètres au pourtour. On évitera au maximum de manipuler la tumeur avec la pince. Lors d'une première exérèse, la tumeur adhère en général très peu à la sclère et à la cornée.
fig. 2-7,
Fig. 2-7
La tumeur peut être un peu adhérente au niveau du limbe. Il est alors possible de repousser doucement la tumeur à l'aide d'un scarificateur.
fig. 2-8,
Fig. 2-8
a, b. Changement d'instrument et de gants avant la reconstruction.
fig. 2-9,
Fig. 2-9
Décollement de la conjonctive adjacente.
fig. 2-10,
Fig. 2-10
Glissement de la conjonctive libérée et suture directe au centre de la zone d'exérèse.
fig. 2-11,
Fig. 2-11
a, b. Mise en place d'un anneau à symblépharons.
fig. 2-12,
Fig. 2-12
Aspect 2 mois post-thérapeutique (exérèse chirurgicale et irradiation complémentaire par faisceaux de protons).
fig. 2-13
Fig. 2-13
Mélanome conjonctival étendu intéressant le cul-de-sac inférieur, le repli semi-lunaire et la conjonctive bulbaire adjacente. Aspect avant traitement (a), en postopératoire immédiat (b , reconstruction par greffe de membrane amniotique, anneau à symblépharons en place), et aspect 1 mois post-thérapeutique (c , exérèse chirurgicale et irradiation complémentaire conventionnelle).
). Ces renseignements seront nécessaires au radiothérapeute pour définir le champ de l'irradiation complémentaire si celle-ci est indiquée.
Principes de la technique
Les principes de la no touch technique sont les suivants [1 , 2] :
  • cautérisation des vaisseaux nourriciers ;
  • éviter toute manipulation directe de la tumeur pour ne pas disséminer de cellules tumorales à distance ;
  • utilisation d'alcool absolu pour décoller l'épithélium cornéen ;
  • exérèse en bloc de la tumeur avec des marges latérales saines de quelques millimètres. Lorsqu'il est possible d'organiser une irradiation complémentaire après l'exérèse chirurgicale, les marges chirurgicales peuvent être réduites. Il est alors préférable de ne pas léser la sclère, ni la membrane de Bowman, et de ne pas réaliser de kératectomie, ni de sclérectomie lamellaire [ 3]. Si, en revanche, les possibilités thérapeutiques locales ne permettent pas la réalisation d'une irradiation complémentaire, l'exérèse devra être la plus complète possible et pourra nécessiter une kératectomie et/ou une sclérectomie lamellaire ;
  • changements d'instruments pour la reconstruction.
La reconstruction privilégiera la fermeture directe par glissement de la conjonctive adjacente, avec suture des berges idéalement au centre du lit d'exérèse tumorale. Lorsque la zone d”exérèse est étendue, la reconstruction sera assurée par une greffe de membrane amniotique.
La pièce d'exérèse devra si possible être orientée et étalée sur du papier ou sur une éponge afin d'éviter qu'elle ne s'enroule sur elle-même.
Tumorectomie (iridectomie, iridocyclectomie, choroïdectomie, endorésection)
N. Cassoux
Introduction
Le principe de la chirurgie des tumeurs intraoculaires est toujours un sujet controversé. En effet, que l'on cherche à retirer une tumeur ab externo via un volet scléral ou ab interno à l'aide d'un vitréotome le plus souvent, cette chirurgie n'est en rien carcinologique. Pour le rétinoblastome, il reste interdit de réaliser une chirurgie ab interno sous peine de voir rapidement une récidive orbitaire qui peut aboutir à une maladie métastatique. On peut constater heureusement rarement ce type de récidive très grave dans les chirurgies « à tort » lors d'une erreur de diagnostic entre une uvéite et un rétinoblastome infiltrant [ 1]. Dans ce cas, la récidive orbitaire est assez rapide car le rétinoblastome est une tumeur agressive avec de nombreuses mitoses.
Les exérèses chirurgicales ont plutôt été décrites pour le mélanome uvéal. Dans ces cas, la chirurgie ne permet pas une ablation de la tumeur avec des marges saines compatibles avec l'exérèse théorique d'un mélanome cutané pour lequel les marges de résection sont de 2 cm. Le risque de récidive est donc très important lorsque les marges ne sont même pas à 1 mm au maximum. Cependant, lorsqu'une récidive locale se produit, c'est souvent tard. Le mélanome de l'uvée est une tumeur d'évolution lente ; le nombre de mitoses par champ en histologie est souvent de deux à trois par champ. Le mélanome croît ainsi lentement au départ lorsque le volume tumoral est faible. Les récidives se produisent donc plusieurs années après la chirurgie (entre 5 à 10 ans), ce qui induit d'importants biais dans les études vantant les bénéfices d'une chirurgie seule, le recul de ces études n'excédant pas 2 ans en moyenne [2].
Exérèse des mélanomes de l'iris
La chirurgie des mélanomes de l'iris est classique et décrite depuis longtemps. Elle consiste en une iridectomie plus ou moins large sans marges de sécurité ou d'un millimètre au maximum. Cette méthode, décrite par peu d'auteurs, induit, outre un risque de récidive locale, des diplopies, un éblouissement lié à l'iridectomie, une cataracte, une hémorragie. Le taux de récidive est publié comme étant identique à l'irradiation, ce qui montre bien les limites des articles rétrospectifs sans recul suffisant [3 , 4].
La plupart des auteurs ne traitent plus les mélanomes de l'iris par chirurgie mais par protons ou disques radioactifs [5]. L'irradiation apporte un excellent contrôle local en ne modifiant pas la structure de l'iris. La complication la plus fréquente est la cataracte, qui peut être opérée sans problème. Pour certains mélanomes étendus voire diffus de l'iris, une irradiation de tout le segment antérieur est possible, mais les complications principales sont cornéennes, avec l'apparition d'une insuffisance limbique [3 , 6]. Cette complication peut être évitée par le prélèvement des cellules souches limbiques avant protons, leur conservation pendant la semaine des protons dans du liquide de conservation et leur réimplantation [ 7 , 8].
Dans certains cas de mélanome diffus de l'iris avec glaucome irréductible par envahissement tumoral de l'angle, il est parfois préférable de réaliser une énucléation, le glaucome n'étant pas amélioré par l'irradiation. Cette option thérapeutique doit être discutée avec le patient [9].
Exérèse des mélanomes du corps ciliaire
Pour les mêmes raisons, l'iridocyclectomie ne se justifie pas devant une tumeur du corps ciliaire envahissant la racine de l'iris dont l'aspect clinique et échographique évoque fortement un mélanome. En revanche, certaines tumeurs du corps ciliaires bénignes comme les adénomes ou les léiomyomes peuvent bénéficier d'une chirurgie d'exérèse qui évite une irradiation inutile. En pratique, les tumeurs ciliaires achromes , repoussant la racine de l'iris sans l'envahir et montrant des signes de chronicité (refoulement du cristallin, encoche, cataracte en regard), peuvent être des lésions bénignes. Une échographie UBM ( ultrasound biomicroscopy ) permet non pas d'apporter des arguments pour ou contre une tumeur bénigne, mais donne les dimensions tumorales et l'extension ou non à la pars plana.
Techniquement, l'iridocyclectomie se pratique sous anesthésie générale avec un maintien de la tension artérielle basse. On réalise un volet scléral en avant de l'ora de 2 mm plus large que la largeur de la tumeur [10 , 11]. On extirpe ensuite la tumeur en bloc en découpant la sclère du fond du volet, la choroïde et la racine de l'iris si besoin. La masse doit être retirée en bloc. Une issue de vitré est obligatoire et une vitrectomie soigneuse permet ensuite de reposer le volet scléral de façon étanche [10 , 12]. Cette chirurgie occasionne peu de complications, si ce n'est une cataracte et parfois une iridectomie sectorielle. La chirurgie de la cataracte pourra combiner l'insertion d'un iris artificiel) [13]. La pièce est ensuite envoyée en histologie. Si le diagnostic retenu est finalement une tumeur maligne (médulloépithéliome ou mélanome) (fig. 2-14
Fig. 2-14
a. Tumeur du corps ciliaire achrome avec kystes chez un jeune de 14 ans. b. Après iridocyclectomie amenant au diagnostic de medulloépithéliome.
et fig. 2-15
Fig. 2-15
a. Tumeur du corps ciliaire achrome avec rubéose de l'iris. b. Après iridocyclectomie. c. Histologie montrant des cellules glandulaires sans atypie. Le diagnostic est un adénome de Fuchs.
), il est fortement recommandé d'irradier le lit d'exérèse par un disque radioactif. En effet, ces chirurgies ne sont pas « carcinologiques », car elles n'apportent aucune marge de sécurité et des cellules tumorales peuvent contaminer le lit opératoire [14].
Biopsies des tumeurs du segment postérieur
Ces biopsies, longtemps prohibées en raison du risque d'ensemencer le trajet de l'aiguille, ont été remises au goût du jour non pas pour réaliser un diagnostic – qui est le plus souvent clinique, associé à une imagerie multimodale – que pour analyser les cellules tumorales du mélanome de l'uvée et classer le risque de métastase du patient. À noter que toute biopsie d'un rétinoblastome est toujours prohibée. Il a été établi il y a plusieurs années sur les yeux énucléés pour mélanome que la présence d'une perte du chromosome 3 par les première techniques FISH ( fluorescence in situ hybridization ) était associée à une surmortalité des malades. Le diagnostic s'est ensuite affiné avec des techniques de CGH- array ( array comparative genomic hybridization ) ou de MLPA ( multiplex ligation-dependent probe amplification ), montrant trois groupes de patients :
  • pas d'anomalie du chromosome 3 et du chromosome 8 : risque faible (les patients peuvent développer des métastases mais tardivement et en moindre proportion)
  • les patients ayant soit une monosomie du 3, soit une addition du 8q où le risque est intermédiaire ;
  • et les patients ayant les deux anomalies ou le risque de métastase précoce atteint 80 % à 5 ans [15 , 16].
Une technique commercialisée aux États-Unis (Castle Biosciences) permet d'identifier par l'étude des gènes ( GNA alfa , Bap1 , SF3B1 , E1xfax ect ) des classes de bas risque (classe 1a), de risque intermédiaire (classe 1b) ou de haut risque (classe 2) [17]. Du fait de leur coût très important, des tests commercialisés ne sont pas ou peu utilisés en Europe. Une autre possibilité est d'utiliser les données du TCGA ( The Cancer Genome Atlas ) [18].
Biopsies des tumeurs choroïdiennes
Plusieurs méthodes ont été décrites. La simple biopsie à l'aiguille peut être réalisée soit par voie transvitréenne sous ophtalmoscopie indirecte ou sous microscope, soit par voie transsclérale. Elle permet de recueillir du matériel tumoral utilisable pour l'étude des chromosomes (FISH, CGH- array , MLPA) recherchant les pertes d'un des deux chromosome 3 ou les gains (8q, 6p), ou permettant d'étudier des mutations, dont BAP1 (voir au chapitre 13.3, « V. Mécanismes de transformation maligne du mélanome uvéal » ).
D'autres équipes utilisent un vitréotome ou une pince fabriquée à cet effet ( Essen forceps ) [19].
On peut également utiliser une voie transsclérale pour les lésions antérieures à l'équateur ou ciliochoroïdiennes [20].
Quelle que soit la méthode, il existe un risque faible de rechute locale ou orbitaire liée à l'implantation de cellules tumorales dans le trajet de l'aiguille ou dans l'orbite [21].
Si l'on veut être tout à fait tranquille et n'avoir aucun risque de rechute, la biopsie peut se faire après irradiation. L'irradiation ne modifie pas les modifications chromosomiques ou les mutations déjà existantes dans la tumeur [ 22].
Dans quelques rares cas, la biopsie peut être réalisée dans un but diagnostique pour des présentations très atypiques de mélanome, ou dans des lésions achromes pour aider au diagnostic de métastases, de lymphome ou de mélanome achrome.
Tumorectomie postérieure
Le principe est de retirer chirurgicalement le mélanome soit comme traitement à part entière, soit pour moins irradier le malade et donc induire moins d'effet secondaire, soit en adjuvant à l'irradiation pour éviter le syndrome de la tumeur toxique (fig. 2-16
Fig. 2-16
Exemple de syndrome de la tumeur toxique. a. Mélanome achrome avant protons. b. Après irradiation, exsudation importante, décollement exsudatif.
). Il existe deux possibilités : la chirurgie ab externo ou la choroïdectomie ab interno au vitréotome ou endorésection.
La chirurgie ab externo est destinée au départ aux tumeurs les plus volumineuses (diamètre supérieur à 15 mm et épaisseur supérieure à 8 mm). Le risque de décollement exsudatif et de glaucome néovasculaire est estimé à 50 % voire à 100 % pour les plus grosses tumeurs et si le patient est en outre diabétique. Ces complications sont liées à l'ischémie rétinienne d'une grande surface de rétine irradiée et à une « toxicité » de la tumeur nécrotique qui s'accompagne de sécrétions de chimiokines inflammatoires et de VGEF ( vascular endothelial growth factor ). Pour les tumeurs dont la taille est supérieure à 20 mm et/ou l'épaisseur est supérieure à 10 mm, il est préférable de proposer au patient une énucléation d'emblée.
Lorsqu'il existe un décollement bulleux persistant qui ne permet plus de surveiller la tumeur autrement que par échographie, que l'œil est hypertone et douloureux, le patient devra subir une énucléation secondaire alors même que le traitement initial se voulait conservateur. Cela explique l'apparition de solutions chirurgicales ou médicales destinées à lutter contre le glaucome néovasculaire et le décollement de rétine.
Les techniques chirurgicales ont pour but de retirer le matériel tumoral soit avant l'irradiation (sclérochoroïdectomie), soit après l'irradiation (endorésection de la tumeur) [23 , 24].
Sclérochoroïdectomie ou résection ab externo
La sclérochoroïdectomie mise au point par Foulds et Damato consiste à extirper la tumeur par voie transsclérale après avoir réalisé un volet scléral. Le site tumoral est ensuite irradié par plaque ou faisceaux de protons [ 23]. Cette technique comporte de nombreux inconvénients ; entre autres, une courbe d'apprentissage importante, une procédure longue, une anesthésie générale lourde avec une pression artérielle basse pour éviter les phénomènes hémorragiques incontrôlables. Elle ne peut pas s'adresser aux patients âgés ou ayant des facteurs de risques cardiovasculaires. En outre, les tumeurs évoluées en dôme ou a fortiori en champignon ont un envahissement de la rétine qui rend très difficile d'extirper la tumeur sans ouvrir la rétine.
Cette technique ne doit pas être utilisée seule. Dans une étude de Kivelä et al., une série de patients traités par résection transsclérale seule a été comparée à une série de patients traités par brachythérapie. Si la conservation visuelle est un peu meilleure dans le groupe chirurgical, le taux de rechute locale est de plus de 34 % par rapport à 7 % dans le groupe irradiation seule [23-24-25].
Les rares équipes réalisant ce type de chirurgie préconisent l'adjonction d'un disque d'iode ou de ruthénium en fin d'intervention [ 2].
Endorésection
L'autre technique, moins lourde, plus récemment développée, est l'endorésection de la tumeur (fig. 2-17
Fig. 2-17
a, b. Mélanome choroïdien traité par protons puis endorésection à 10 ans. Acuité visuelle à 6/10e malgré une maculopathie radique.
et voir fig. 13-154 à 13-156 fig. 13-154 fig. 13-155 fig. 13-156). L'anesthésie générale, qui ne nécessite pas une hypotension artérielle prolongée, est accessible à la plupart des patients. L'abord est endo-oculaire ; la tumeur est broutée à travers la rétine au vitréotome. L'entrée et la sortie du vitréotome dans les orifices de sclérotomie, et la dispersion potentielle de cellules tumorales dans la cavité vitréenne rendent nécessaire l'irradiation préopératoire [26 , 27].
L'endorésection, telle que nous l'avons définie avec l'équipe de l'institut Curie, concerne des patients ayant des facteurs de risques majeurs de développer des complications post-irradiation sévère (une tumeur de diamètre inférieur à 16 mm et/ou une épaisseur supérieure à 8 mm). Les meilleures indications sont les masses en champignon avec une base étroite mais une épaisseur importante. L'intervention est proposée toujours après l'irradiation afin de réséquer un matériel tumoral inactif et nécrotique. La lésion ne doit pas envahir le nerf optique ou le corps ciliaire car la coagulation du saignement est impossible. La présence d'un décollement de rétine n'est pas une contre-indication ; au contraire, l'intervention permettra de réappliquer la rétine. En revanche, un décollement de rétine massif avec la rétine massée derrière le cristallin est une vraie difficulté.
Nous avons opéré à ce jour 98 patients dont 58 patients avec un recul de 3 ans. La chirurgie réalisée après irradiation comporte une vitrectomie complète, un broutage de la tumeur et de la rétine qui la recouvre, une diathermie des points hémorragiques, du laser sur le pourtour du colobome et la mise en place d'un tamponnement par huile de silicone. Ce dernier est retiré avec la cataracte 6 mois plus tard. Il n'est pas recommandé de travailler sous air à haute pression car quelques cas d'embolie gazeuse ont été rapportés dont un cas aboutissant au décès du malade [ 28].
Les tumeurs opérées avaient un diamètre moyen de 13,9 mm (2,7 mm à 19 mm) et une épaisseur moyenne de 8,6 mm (6,3 mm à 12,2 mm). Avant chirurgie, 80 % des patients présentaient un décollement de rétine associé.
Si l'on compare avec des patients historiques issus de la database de Curie, sur 889 patients ayant un diamètre tumoral ≥ 15 mm et une épaisseur > 7 mm après 5 ans, 65 % des patients ont développé un glaucome néovasculaire et 34 % ont été énucléés. Dans cette étude, l'endorésection post-protons réduit le risque de glaucome néovasculaire dans 80 % des cas [ 29].
En pratique, l'endorésection est actuellement proposée aux patients dont les tumeurs ont un diamètre inférieur à 16 mm mais une épaisseur supérieure à 7 à 8 mm. Le retrait du matériel tumoral permet également d'obtenir une analyse histologique que l'on n'a pas en traitant les patients seulement par protons et une analyse génomique [6]. Il a récemment été montré que la génomique n'est pas modifiée par l'irradiation préalable [ 22].
L'endorésection a également été proposée comme seul traitement [30 , 31].
Quelques études montrent que l'endorésection sans protons a un taux de récidive nul avec un recul moyen de 54 mois. Une autre étude de Caminal et al. compare l'irradiation par disque d'iode 125 et l'endorésection simple [32]. Cette étude présente de nombreux biais. Le nombre de patients ayant développé des métastases est beaucoup plus important dans le groupe traité par disque, ce qui n'est pas logique sauf biais méthodologique. Le recul est hétérogène et insuffisant pour juger du risque de rechute locale. Ainsi, l'endorésection ne permet pas de faire une résection carcinologique (il reste obligatoirement des cellules tumorales dans le colobome), mais ces cellules ne vont occasionner une rechute locale que tardivement en raison de la lenteur de la croissance de cette tumeur. Autrement dit, il paraît assez peu probable que l'endorésection seule soit un traitement à recommander, en particulier aux patients jeunes. Une étude histologique sur des globes énucléés après endorésection seule a montré un taux d'énucléation secondaire de 20 % et un taux de rechute locale de 13 % [12]. Ce taux de rechute locale est supérieur aux taux habituels de 4 % à 8 % des cas traités par protons ou disques radioactifs [33 , 34].
Reste à savoir si le risque de rechute locale, comme c'est le cas pour la grande majorité des tumeurs solides, augmente le risque de métastases. Cela semble être le cas dans l'étude initiale de Damato et Foulds [14]. Le groupe Ophthalmic Oncology Task force a publié en 2016 une étude multicentrique sur 3809 patients traités pour un mélanome uvéal. Une étude spécifique de la récidive locale a montré que les patients ayant présenté une rechute locale ont un risque métastatique 6 fois plus élevé que ceux qui ont un excellent contrôle local avec une différence statistiquement significative entre les deux groupes. Dans cette étude, une rechute locale apparaît entre 5 et 10 ans suivant le traitement conservateur. Il faut donc un recul important pour évaluer le contrôle local d'un traitement conservateur quel qu'il soit [35].
Énucléation
N. Cassoux
Présentation
L'énucléation du globe oculaire est la technique la plus ancienne pour traiter les tumeurs oculaires. L'énucléation a été décrite selon plusieurs techniques depuis Ambroise Paré (1510–1590), au départ sans conservation des muscles oculomoteurs avec un système de prothèse en or et argent ( ekblephara and hypoblephara ) placé devant ou derrière les paupières et maintenu par un demi-anneau au crâne. La technique se perfectionne au XVIII e siècle et va progressivement s'affiner pour permettre un équipement prothétique de plus en plus esthétique.
L'énucléation a été le traitement le plus ancien des tumeurs oculaires et reste aujourd'hui indiqué pour les plus grosses tumeurs non accessibles à un traitement conservateur. La technique consiste à retirer le globe oculaire en totalité en préservant les paupières, les muscles oculomoteurs et la graisse orbitaire. Il est recommandé de réaliser une section du nerf optique la plus longue possible afin de sectionner le nerf optique en marge saines. Pour ce faire, on peut utiliser les ciseaux courbes, mais il faut beaucoup tirer sur le globe car les ciseaux ont tendance à remonter. Pour plus de sécurité, l'utilisation d'un serre-nœud (fig. 2-18
Fig. 2-18
Instrument indispensable, le serre-nœud.
) ou névrotome, inventé par le Dr Henry Joseph au début du XX e siècle, permet des sections du nerf optique de 10 à 12 mm [1].
Attention : l'éviscération qui consiste à retirer le contenu du globe oculaire en laissant la sclère est interdite en cas de tumeur oculaire. Lorsque l'on réalise une éviscération, on laisse la sclère en place dans l'orbite et donc des cellules tumorales qui vont entraîner une rechute tumorale orbitaire très grave [ 2].
Indication de l'énucléation primaire
Ce sont : le mélanome diffus de l'iris inaccessible à un traitement conservateur ; le mélanome ciliochoroïdien ou choroïdien dont la taille ne permet pas un traitement conservateur (tumeur de plus de 20 mm de diamètre et de plus de 10 mm d'épaisseur).
La présence d'un nodule d'extériorisation ne contre-indique pas la réalisation d'une énucléation élargie au nodule si la taille le permet. Il faudra y associer une irradiation complémentaire de la cavité orbitaire pour éviter les rechutes locales.
Les autres tumeurs oculaires nécessitant une énucléation sont le rétinoblastome évolué et le médulloépithéliome diffus.
Technique
La conjonctive est désinsérée sur 360°, sauf s'il existe un nodule d'extériorisation au limbe, auquel cas il faut laisser la conjonctive en regard du nodule et passer à distance.
Les muscles sont pris en charge (quatre ou six selon les habitudes, sur un fil de Vicryl® ; fig. 2-19
Fig. 2-19
Péritomie limbique, puis prise en charge des muscles.
), et l'énucléation proprement dite est réalisée au serre-nœud. Le serre-nœud permet de sectionner loin le nerf optique, mais aussi de glisser le long d'un nodule d'extériorisation postérieur qui est généralement bien encapsulé (fig. 2-20
Fig. 2-20
Introduction du serre-nœud et section du nerf optique au fond de l'orbite.
, fig. 2-21
Fig. 2-21
Globe oculaire avec un nerf optique de 10 mm.
). Le serrage du serre-nœud fait également l'hémostase de l'artère centrale de la rétine et des artères ciliaires par écrasement [ 3]. L'orbite est ensuite équipée d'un implant biocolonisable sur lequel sont suturés les muscles [4] (fig. 2-22
Fig. 2-22
Mise en place de la bille biocolonisable entourée d'un treillis de Vicryl®.
, fig. 2-23
Fig. 2-23
Repose des muscles oculomoteurs au Vicryl® en avant de la bille.
). Une suture en deux plans, Tenon et conjonctive, est ensuite réalisée (fig. 2-24
Fig. 2-24
Fermeture en deux plans et mise en place d'un conformateur.
, fig. 2-25
Fig. 2-25
Prothèse en place.
). Dans cette chirurgie, il ne faut pas utiliser de fils non résorbables, source de réaction à corps étranger et de rejet. Afin de minimiser le risque d'infection chronique et de rejet du matériau biocolonisable, il peut être utile de le laisser quelques minutes dans une solution d'antibiotique (données personnelles). La suture des muscles devant l'implant diminue également le risque d'exposition du matériau [ 5].
Le risque d'exposition est également minimisé par l'habillage de la bille poreuse. L'utilisation de sclère de donneur n'étant plus autorisée en France depuis l'épidémie de maladie à prion, l'habillage peut se faire à l'aide d'un treillis de Vicryl® ou de greffe d'aponévrose (temporal) [6]. Les systèmes d'ancrage impliquant un percement de la bille poreuse, bien que donnant un très bon résultat esthétique, sont également associés à une augmentation des extrusions tardives [ 7].
L'énucléation secondaire peut aussi être indiquée après le traitement conservateur d'un mélanome uvéal ou d'un rétinoblastome en cas de complications douloureuses de l'irradiation (syndrome sec majeur, glaucome néovasculaire, œil non voyant et douloureux, phtyse), ou pour une rechute locale. Dans ce cas, il reste interdit de réaliser une éviscération car rien ne permet d'affirmer qu'il n'y a plus de cellules viables pouvant donner une récidive orbitaire [8].
Il est important de noter – et le patient doit en être informé – que le résultat esthétique d'une énucléation secondaire après irradiation est nettement moins bon qu'après une énucléation primaire. L'équipement des cavités sèches est plus difficile, la prothèse est mal tolérée et inesthétique. La cavité est plus énophtalme par fonte de la graisse et la fibrose des tissus orbitaires induit un manque de mobilité. Pour toutes ces raisons, il est important, dans le cas de volumineux mélanomes choroïdiens, d'arriver à convaincre le patient que l'énucléation primaire permettra d'obtenir un meilleur résultat esthétique qu'une tentative d'irradiation suivie quelques mois plus tard d'une énucléation secondaire. La réhabilitation de la cavité avec les techniques actuelles est excellente [ 4].
Exentération
N. Badois
Introduction
L'exentération est une intervention chirurgicale qui consiste en l'exérèse du contenu orbitaire. Elle peut être partielle (conservation d'une partie des paupières ou de la graisse péri-orbitaire), complète (sacrifice des paupières et passage sous le périoste, mettant ainsi à nu l'os de la cavité orbitaire) ou élargie aux structures voisines (peau, os, ethmoïde, sinus maxillaire) (fig. 2-26,
Fig. 2-26
Exentération totale.
fig. 2-27,
Fig. 2-27
Exentération partielle.
fig. 2-28,
Fig. 2-28
Exentération totale élargie à l'ethmoïde (astérisque). a. Site opératoire. b. Pièce opératoire.
fig. 2-29,
Fig. 2-29
a, b. Exentération élargie au plancher d'orbite, à l'ethmoïde et à la paroi inter-sinuso-nasale. 1. Ethmoïde. 2. Plancher de l'orbite. 3. Cornet moyen.
fig. 2-30
Fig. 2-30
Exentération totale élargie à l'ethmoïde (1), au cadre orbitaire externe (2), à la peau frontotemporale (3) et jugale (4).
).
Le type d'exentération réalisé dépend de la localisation de la tumeur et de son type histologique [1].
La technique de reconstruction doit être choisie en prenant en compte la perte de substance à reconstruire, l'état général du patient et la demande d'appareillage par épithèse orbitaire [2].
Exentération totale
La technique chirurgicale est la suivante (voir fig. 2-26
Fig. 2-26
Exentération totale.
) :
  • incision cutanée en regard du rebord orbitaire en emportant les paupières supérieures et inférieures ; abord direct jusqu'au périoste que l'on incise ;
  • dissection à la rugine en sous-périosté, au contact de l'os. Lors de cette dissection, ligature sur la partie médiane des artères ethmoïdales antérieures puis postérieures ;
  • coagulation ou ligature du pédicule vasculaire et nerveux au niveau du cône orbitaire. Prévenir l'équipe d'anesthésie du risque de bradycardie lors de la traction du contenu orbitaire. Libération de la pièce opératoire.
Techniques de reconstruction
Épidermisation spontanée
À la fin de l'intervention par exentération, un pansement gras est mis en place dans la cavité orbitaire. La réfection du pansement intervient à J3 (parfois sous anesthésie générale), puis tous les 2 à 3 jours. L'épidermisation complète de la cavité est obtenue après plusieurs mois et celle-ci reste incomplète dans certains cas [3 , 4] (fig. 2-31
Fig. 2-31
Photographie post-opératoire d'une exentération partielle.
). Cette technique permet l'obtention d'une cavité creuse, autorisant l'appareillage par épithèse.
Greffe de peau totale
La greffe de peau est une option très intéressante lors d'une exentération partielle (fig. 2-32,
Fig. 2-32
a. Photographie peropératoire d'une greffe de peau totale dans les suites immédiates d'une exentération partielle. Les fils longs servent à la fixation du bourdonnet. b. Résultat à 3 mois.
fig. 2-33,
Fig. 2-33
Greffe de peau totale dans les suites immédiates d'une exentération partielle. a. Photographie peropératoire, greffe de peau totale en place. b. Bourdonnet fixé ; il sera laissé en place 5 jours. c. Résultat à 1 mois.
fig. 2-34
Fig. 2-34
Exentération partielle avec greffe de peau totale. a, b. Résultat à 1 mois. c. Résultat à 4 mois.
). La conservation dans certaines zones du périoste et/ou de la graisse péri-orbitaire permet une bonne prise de greffe et la cicatrisation est généralement obtenue en 1 à 3 semaines. Cette technique permet l'obtention d'une cavité creuse facilitant l'appareillage par épithèse.
La greffe de peau est parfois réalisée à la suite d'une exentération totale, mais le taux de prise de greffe est faible en raison de l'absence de périoste.
Lambeau de muscle temporal
La reconstruction par lambeau de muscle temporal permet le comblement de la cavité d'exentération par le muscle temporal avec une épidermisation obtenue en 1 à 3 mois (fig. 2-35
Fig. 2-35
Exentération droite élargie à l'os au niveau du cadre orbitaire et reconstruction par un lambeau de muscle temporal droit. a, b. Photographies peropératoires. c. Résultat à 2 mois.
). Le prélèvement est rapide et ce lambeau est fiable. Les cavités obtenues sont souvent moins creuses et les possibilités d'appareillage par épithèse sont donc moindres que dans les autres techniques de reconstruction.
La technique chirurgicale est la suivante :
  • anatomie : la vascularisation du muscle se fait majoritairement par sa face profonde où cheminent les pédicules temporaux profonds qui sont issus de l'artère maxillaire interne ;
  • incision hémi-coronale élargie dans la région prétragienne (fig. 2-36
    Fig. 2-36
    Incision cutanée pour la réalisation d'une reconstruction par lambeau de muscle temporal dans les suites d'une exentération totale.
    ) ;
  • au niveau de la partie supérieure, dissection dans le plan avasculaire sous la galéa ; au niveau de la partie moyenne et inférieure, dissection sous le fascia temporalis, juste au ras de l'aponévrose temporale. Le décollement doit s'arrêter 2 cm au-dessus de l'arcade zygomatique ;
  • incision du périoste 1 cm environ au-dessus de la ligne d'insertion temporale supérieure. Décollement à la rugine en sous-périosté au niveau de la fosse temporale, libérant ainsi le muscle temporal et son aponévrose de ses attaches supérieures. La rotation se fera à partir des attaches inférieures qui ont été conservées. La portion antérieure, ou la totalité du muscle peut être utilisée ;
  • réalisation d'un tunnel sous-cutané entre la perte de substance et l'incision temporale afin de permettre la bascule du muscle temporal dans la cavité orbitaire. Lors de ce temps opératoire, il est important de rester en profondeur afin de ne pas léser le rameau frontal du nerf facial. Lorsque la portion antérieure du muscle a été utilisée, il est conseillé de basculer la portion postérieure vers l'avant afin de limiter la dépression inesthétique temporale ;
  • fermeture en deux plans sur drain aspiratif ; pansement gras au niveau de la cavité d'exentération.
Lambeau libre antébrachial
Chez les patients en bon état général, la reconstruction par lambeau libre antébrachial est une solution permettant l'obtention d'une fermeture complète immédiate avec peu de soins postopératoires (fig. 2-37,
Fig. 2-37
a. Tracé de l'incision pour une reconstruction par lambeau libre antébrachial conformé en cône pour comblement d'une cavité orbitaire. b, c. Prélèvement d'un lambeau libre antébrachial. d. Cicatrisation à 1 an d'un prélèvement de lambeau libre antébrachial.
fig. 2-38,
Fig. 2-38
Reconstruction par lambeau libre antébrachial conformé en cône dans les suites d'une exentération totale. a, b. Photographies peropératoires. c. Photographie postopératoire immédiate. Résultats à 4 semaines (d) et à 4 mois (e).
fig. 2-39
Fig. 2-39
Résultat 1 an après une exentération élargie à la peau temporale reconstruite par un lambeau libre antébrachial.
). La réalisation d'un lambeau libre implique l'abord des vaisseaux cervicaux ou temporaux ainsi que la réalisation des anastomoses vasculaire sous microscope. La durée opératoire est donc plus importante (5 heures en moyenne) et nécessite une équipe entraînée. La finesse du lambeau associée à une conformation en cône permet l'obtention d'une cavité creuse généralement compatible avec un appareillage par épithèse orbitaire [5] (fig. 2-40
Fig. 2-40
Palette cutanée d'un lambeau antébrachial et conformation de celui-ci en forme de cône pour la reconstruction d'une exentération. A-B = 7-8 cm, largeur = 6 cm ; zones hachurées = à réséquer si besoin.
).
La technique chirurgicale est la suivante :
  • intervention réalisée dans l'idéal en double équipe : équipe 1, préparation des vaisseaux receveurs et exentération totale ± élargie ; équipe 2, prélèvement du lambeau libre ;
  • dessin de la palette cutanée (voir fig. 2-37a
    Fig. 2-37
    a. Tracé de l'incision pour une reconstruction par lambeau libre antébrachial conformé en cône pour comblement d'une cavité orbitaire. b, c. Prélèvement d'un lambeau libre antébrachial. d. Cicatrisation à 1 an d'un prélèvement de lambeau libre antébrachial.
    ) ; vérification de la qualité du test d'Allen du côté du lambeau. Palette cutanée à démarrer 2 cm au-dessus du pli du poignet, réalisant un rectangle de 7 à 8 cm × 6 cm environ (s'adapter à la taille de la cavité et à la perte de substance en cas d'exentération élargie). Décaler la palette cutanée vers le rebord radial afin d'inclure la veine céphalique dans le prélèvement si le réseau veineux superficiel le permet (voir fig. 2-40
    Fig. 2-40
    Palette cutanée d'un lambeau antébrachial et conformation de celui-ci en forme de cône pour la reconstruction d'une exentération. A-B = 7-8 cm, largeur = 6 cm ; zones hachurées = à réséquer si besoin.
    ) ;
  • prélèvement du lambeau antébrachial selon la technique habituelle [6] (voir fig. 2-37b, c
    Fig. 2-37
    a. Tracé de l'incision pour une reconstruction par lambeau libre antébrachial conformé en cône pour comblement d'une cavité orbitaire. b, c. Prélèvement d'un lambeau libre antébrachial. d. Cicatrisation à 1 an d'un prélèvement de lambeau libre antébrachial.
    ) ;
  • exentération totale selon la technique décrite précédemment ;
  • réalisation d'un tunnel sous-cutané entre la cavité orbitaire et le cou. La dissection doit être superficielle et réalisée sur la partie externe de la joue afin de ne pas léser le nerf V 2 ni les branches du nerf facial ;
  • passage des vaisseaux dans le tunnel puis réalisation des anastomoses vasculaires au niveau cervical (fig. 2-41
    Fig. 2-41
    Trajet du décollement cutané destiné au passage du pédicule vasculaire lors d'une reconstruction par lambeau libre antébrachial après exentération totale.
    ) ;
  • conformation du lambeau en forme de cône en réalisant une suture sous-cutanée entre le point A et le point B et sur toute la longueur jusqu'au point C (voir fig. 2-40
    Fig. 2-40
    Palette cutanée d'un lambeau antébrachial et conformation de celui-ci en forme de cône pour la reconstruction d'une exentération. A-B = 7-8 cm, largeur = 6 cm ; zones hachurées = à réséquer si besoin.
    ) ;
  • fixation du lambeau en profondeur par la réalisation d'un ou de deux points entre les tissus restants du cône orbitaire et le sommet du cône (point C) du lambeau ;
  • résection cutanée si nécessaire du lambeau et fixation de celui-ci en deux plans sur les berges cutanées de la cavité orbitaire ;
  • après s'être assuré du bon positionnement du pédicule vasculaire du lambeau, fermeture cervicale en deux plans sur drain ou lame de Delbé.
Autres lambeaux
En cas d'exentération élargie, un lambeau libre apportant plus de volume peut être nécessaire [7]. Dans ces circonstances, les lambeaux libres de muscle grand dorsal ou scapulodorsal sont fréquemment utilisés, avec ou sans palette cutanée (fig. 2-42
Fig. 2-42
a-c. Résultat 1 an après une exentération élargie au plancher d'orbite et au maxillaire reconstruite par un lambeau libre de muscle grand dorsal.
). D'autres types de lambeaux libres peuvent être utilisés, mais devront être anastomosés sur les vaisseaux temporaux en raison d'un pédicule vasculaire plus court, comme le lambeau de gracilis ou le lambeau antérolatéral de cuisse [8].
Les lambeaux locaux comme le lambeau frontal ou le lambeau bilobé peuvent apporter une aide précieuse dans certaines circonstances et sont utilisés de façon courante par des équipes [9 , 10].
Équipement prothétique
P. Sirignano
Prothèse oculaire
Réalisation d'une prothèse provisoire après énucléation et pose d'implant
Il faut attendre 3 semaines à 1 mois après l'intervention chirurgicale avant de poser une prothèse oculaire provisoire, après s'être assuré que la cicatrisation est correcte et que les fils de sutures sont résorbés.
Le prothésiste va effectuer une prise de mesure et noter tous les paramètres après la dépose du conformateur. Le conformateur a un rôle essentiel pour la tenue de la future prothèse car il permet de maintenir la profondeur et la souplesse des culs-de-sac. On va ainsi noter sur l'œil adelphe :
  • la teinte de la sclérotique ;
  • la teinte de l'iris ;
  • le diamètre de l'iris ;
  • la vascularisation conjonctivale ;
  • le choix de la coque à empreinte.
On va ensuite procéder à un moulage de le cavité avec du silicone. Cette opération est totalement indolore et ne nécessite pas d'anesthésie (fig. 2-43
Fig. 2-43
Prise d'empreinte.
).
Ce moulage va être mis en moufle, ce qui va permettre de réaliser une forme d'essai. On va pouvoir ainsi s'assurer de la bonne adaptation dans la cavité, de l'harmonie de l'ouverture palpébrale et déterminer la position future de l'iris (fig. 2-44
Fig. 2-44
Préparation du moule.
).
Cette forme d'essai va être à nouveau mise en moufle et on va y incorporer la bonne teinte de la sclérotique ainsi que l'iris de la même couleur que l'œil sain (fig. 2-45
Fig. 2-45
Recherche de la teinte de la slérotique.
).
Après polymérisation et ébarbage, on va maquiller et vasculariser la future prothèse (fig. 2-46
Fig. 2-46
Maquillage (a) et vascularisation de la sclère (b).
et 2-47
Fig. 2-47
a, b. Peinture de l'iris.
) et ensuite la recouvrir d'une couche de résine transparente pour rendre la pièce anallergique, en utilisant de la résine acrylique PMMA (polyméthacrylate de méthyle acrylique), également employée pour certaines prothèses dentaires. Après polymérisation et ébarbage, on va procéder au polissage [ 1].
Réalisation d'une prothèse définitive
La prothèse définitive est effectuée entre 3 et 6 mois après la prothèse provisoire quand la cicatrisation est optimale.
Le procédé est le même que pour la prothèse provisoire, mais on va pouvoir affiner davantage les détails et corriger certaines imperfections (volume, centrage, couleurs, etc.) constatées sur la prothèse provisoire. Dans la plupart des cas, une prothèse bien adaptée passe totalement inaperçue (fig. 2-48
Fig. 2-48
Enfant avant (a) et après (b) mise en place de prothèse.
et 2-49
Fig. 2-49
Enfant avant (a) et après (b) mise en place de prothèse.
).
La prothèse se porte nuit et jour et il n'est pas nécessaire de l'enlever. Il y a parfois des sécrétions qui peuvent se déposer sur la prothèse. Il faut simplement les nettoyer avec de la gaze et du sérum physiologique (jamais avec de l'alcool).
On peut pratiquer des sports avec une prothèse. Certains sports de combat doivent être pratiqués avec des précautions, et la natation doit l'être avec des lunettes de piscine.
Prothèse de renouvellement
La prothèse est renouvelée pour les adultes en moyenne tous les 5 ans (prise en charge par la Sécurité sociale).
Ce renouvellement peut être anticipé dans certains cas (modification biométrique importante de la cavité) sur prescription médicale.
Chez les enfants, le renouvellement de la prothèse est pris en charge une fois par an en moyenne car la taille de la prothèse doit s'adapter à la croissance de l'enfant.
Réalisation d'un verre scléral
La réalisation d'un verre scléral est indiquée lorsque l'œil est non voyant et a un aspect esthétique médiocre afin de corriger cette esthétique. On va procéder à un moulage du globe pour réaliser un test de tolérance (grande lentille transparente) et adapter au globe avec un dégagement cornéen perforé pour oxygéner la cornée. Quand ce moulage est bien toléré, il va nous servir de maquette pour pouvoir procéder à l'élaboration du verre scléral (fig. 2-50
Fig. 2-50
a, b. Pose d'un verre scléral.
).
Réalisation d'une prothèse chez les enfants
Quand cela est possible, on adopte le même procédé que chez l'adulte. Quand les manipulations sont trop difficiles (enfant craintif ou pusillanime), on se contente dans un premier temps de mettre en place un gabarit (conformateur coloré), qui nous donne déjà quelques indications pour réaliser la future prothèse.
Polissage de la prothèse
La Sécurité sociale prend en charge le polissage d'une prothèse deux fois par an. Cela va permettre de nettoyer la cavité ainsi que la prothèse, de retirer les dépôts de sels minéraux (mucosités) déposés sur la surface de la prothèse et de vérifier que celle-ci est toujours bien adaptée [2].
Syndrome de l'énucléé
Différentes complications peuvent survenir après énucléation et mise en place d'une prothèse. Les principales sont la déhiscence conjonctivale en regard d'un implant, le ptosis, l'entropion, l'ectropion et la présence d'un creux sus-tarsal trop important, ou bien l'absence ou l'insuffisance du cul-de-sac inférieur. Une énophtalmie est parfois visible. Une inflammation conjonctivale avec des sécrétions peut survenir [ 2]. Certaines de ces complications peuvent être corrigées par une prothèse bien adaptée. Mais un geste chirurgical peut être conseillé pour optimiser la tenue de la prothèse ou corriger les phénomènes disgracieux [ 3].
La mobilité de la prothèse est variable. Lorsque les muscles oculomoteurs ont été conservés et sont suturés à l'implant, les mouvements de l'implant, synchrones des mouvements de l'œil valide, sont transmis à la prothèse par frottement à travers la conjonctive. Il existe alors une mobilité de la prothèse, mais avec des mouvements moins rapides et moins amples que l'œil valide.
Épithèse oculopalpébrale
Y. Quentin
Introduction
L'épithèse implanto-portée est adaptée à la suite d'une exentération totale (fig. 2-51
Fig. 2-51
a-d. Épithèses oculopalpébrales implanto-portées après exentération.
Source : fig. a et b, Durand M, Durand M. Prothèse oculaire et palpébrale. EMC (© Elsevier Masson SAS, Paris) Ophtalmologie, 21-300-A-20, 2006.
), et parfois dans certains cas de rétraction importante orbito-palpébrale post-radique (fig. 2-52
Fig. 2-52
a-d. Épithèse oculopalpébrale implanto-portée post-radique.
Source : Cabinet Michel Durand.
), où l'appareillage par prothèse oculaire conventionnelle est irréalisable, en représentant une alternative à la chirurgie reconstructrice. Ce traitement a l'avantage d'être réversible, la dépose des piliers transcutanés étant possible sans retirer les implants endo-osseux, ou bien comme solution définitive, lorsque la reconstruction ne peut pas rivaliser avec l'épithèse.
La procédure pour l'appareillage nécessite une prise en charge multidisciplinaire qui associe chirurgien, oncologue, radiothérapeute, infirmière, prothésiste et parfois psychologue. Ces derniers occupent un rôle important dans l'accompagnement des patients, sachant que le port d'une épithèse demande une hygiène parfaite de la part du patient, et une surveillance étroite par l'ophtalmologiste et le prothésiste afin de dépister précocement une éventuelle récidive tumorale.
L'information du patient et son suivi psychologique sont primordiaux car la modification de l'image corporelle est considérable.
Le chirurgien peut, avant d'intervenir, conseiller à certains patients, pour conforter leur prise en charge, de rencontrer le prothésiste qui complétera son information, lui faisant ainsi connaître l'ensemble de l'équipe médico-technique mobilisée pour l'aider.
Cette consultation préalable à l'intervention permet d'instaurer un climat de confiance, en expliquant au patient les multiples avantages que procure une prothèse implanto-portée par des implants endo-osseux, malgré le délai de 6 mois pour leur ostéo-intégration, auquel s'ajoute 1 mois supplémentaire pour le second temps opératoire après la pose des piliers transcutanés pour la rétention de la prothèse.
Lors de cette visite, le patient est également informé de la durée d'environ 7 semaines qu'imposent la réalisation d'un tel appareillage et son adaptation, en lui précisant que la prise en charge par l'assurance maladie sera totale.
Mode de rétention
Le mode de rétention peut être :
  • implanto-porté : aimants ou mécanique (clips) ;
  • fixation à la monture de lunettes ;
  • collé.
La contention par ancrage osseux est la méthode actuellement la mieux adaptée aux épithèses de réhabilitation faciale. La fixation à la monture de lunettes instable oblige à choisir une monture suffisamment épaisse pour y fixer la prothèse (fig. 2-53
Fig. 2-53
Épithèse oculopalpébrale fixée à la monture de lunettes.
Source : Cabinet Michel Durand.
). Cette solution est indiquée pour des patients âgés qui ne souhaitent plus subir de nouvelles interventions ou dans certaines cavités irradiées où l'ostéo-intégration est aléatoire.
L'utilisation de colle biologique est source d'intolérance, en obligeant le patient à enlever la prothèse quotidiennement pour nettoyer la peau et la prothèse des résidus de colle avant une nouvelle application d'adhésif. Elle contribue aussi à détériorer rapidement l'épithèse.
Pour l'épithèse implanto-portée, le système de rétention se trouve incorporé au silicone dans l'intrados de la prothèse, principalement magnétique. Pour certaines épithèses de volume important, il est parfois indiqué d'avoir recours à une contention complémentaire mécanique (clips) pour obtenir une meilleure rétention. Ce mode de fixation présente aussi l'avantage de laisser au patient le libre choix de sa monture de lunettes qui contribue à rendre moins visible l'aspect figé du regard. Celle-ci est fabriquée avec un élastomère de silicone biocompatible très souple. Les bords qui la limitent, très fins et translucides, doivent être le moins perceptibles possible et se confondre avec les tissus cutanés voisins en épousant la mimique du visage sans risque d'expulsion.
Réalisation et adaptation d'une épithèse oculopalpébrale implanto-portée magnétique
L'utilisation du silicone et de l'alginate pour l'empreinte faciale bilatérale peut être avantageusement remplacée en partie par l'empreinte numérique, et sa modélisation par une imprimante 3D permet d'avoir le relief palpébral controlatéral, ce qui facilite la réalisation de la maquette en cire. Toutefois, cela n'exclut pas la prise d'empreinte au silicone (fig. 2-54a
Fig. 2-54
Empreinte faciale au silicone. a. Empreinte au silicone. b, c. Transferts de piliers + vis guide. d. Intrados empreinte silicone avec répliques de piliers. e, f. Analogues de laboratoire. g. Magnacap® Technovent.
Source : Cabinet Michel Durand.
) des piliers transcutanés d'après leur position dans la partie du défect qui permet avec plus de précision d'y fixer les transferts de piliers (fig. 2-54b
Fig. 2-54
Empreinte faciale au silicone. a. Empreinte au silicone. b, c. Transferts de piliers + vis guide. d. Intrados empreinte silicone avec répliques de piliers. e, f. Analogues de laboratoire. g. Magnacap® Technovent.
Source : Cabinet Michel Durand.
) au moyen de leur vis guide (fig. 2-54c
Fig. 2-54
Empreinte faciale au silicone. a. Empreinte au silicone. b, c. Transferts de piliers + vis guide. d. Intrados empreinte silicone avec répliques de piliers. e, f. Analogues de laboratoire. g. Magnacap® Technovent.
Source : Cabinet Michel Durand.
), en prenant la précaution de ne pas les recouvrir de silicone pour pouvoir désolidariser l'empreinte.
L'empreinte est préparée pour la mise en place des répliques de piliers (fig. 2-54d, e
Fig. 2-54
Empreinte faciale au silicone. a. Empreinte au silicone. b, c. Transferts de piliers + vis guide. d. Intrados empreinte silicone avec répliques de piliers. e, f. Analogues de laboratoire. g. Magnacap® Technovent.
Source : Cabinet Michel Durand.
) qui seront utilisés comme analogues intégrés dans le moulage (fig. 2-54f
Fig. 2-54
Empreinte faciale au silicone. a. Empreinte au silicone. b, c. Transferts de piliers + vis guide. d. Intrados empreinte silicone avec répliques de piliers. e, f. Analogues de laboratoire. g. Magnacap® Technovent.
Source : Cabinet Michel Durand.
) pour y visser les Magnacaps® et placer les aimants (fig. 2-54g
Fig. 2-54
Empreinte faciale au silicone. a. Empreinte au silicone. b, c. Transferts de piliers + vis guide. d. Intrados empreinte silicone avec répliques de piliers. e, f. Analogues de laboratoire. g. Magnacap® Technovent.
Source : Cabinet Michel Durand.
) à leur contact pour les solidariser par une armature en résine (fig. 2-55a, b
Fig. 2-55
Pose de l'épithèse oculopalpébrale. a. Extrado, épithèse oculopalpébrale. b. Intrado, épithèse oculopalpébrale. c, d. Armature magnétique. e. Prothèse oculaire.
Source : Cabinet Michel Durand.
).
La forme de la prothèse oculaire est modelée d'après l'ouverture palpébrale de l'œil adelphe et ses contours tiennent compte de la présence de l'armature magnétique (fig. 2-55c
Fig. 2-55
Pose de l'épithèse oculopalpébrale. a. Extrado, épithèse oculopalpébrale. b. Intrado, épithèse oculopalpébrale. c, d. Armature magnétique. e. Prothèse oculaire.
Source : Cabinet Michel Durand.
) avant sa réalisation. Le galbe de sa face antérieure est essentiel pour la sculpture morphologique des paupières.
La maquette céroplastique hyperréaliste est confectionnée à base de cire d'abeille translucide, chargée de pigments répertoriant les différentes teintes de la peau. Elle est essayée sur le patient, et retouchée in situ pour obtenir une parfaite congruence au visage. Cela permet déjà au patient d'observer le résultat esthétique dans le miroir et de le valider avant de poursuivre la fabrication. Ensuite, le moulage de la maquette est réalisé. Par la technique de la cire perdue, celle-ci est évacuée et remplacée par l'élastomère de silicone aux couleurs de la peau, appliqué avec précision sur les différentes zones concernées du moulage pour être finalement placé dans un polymérisateur sous pression pour sa réticulation.
L'épithèse en silicone est finalisée en présence du patient par quelques retouches chromatiques de surface qui peuvent compléter la coloration intrinsèque, par la correction de taches pigmentées, de varicosités, par l'ajout de sourcils, procurant un effet plus naturel, lorsque ces retouches sont observées sur son visage, avant de pouvoir lui poser. Ces modifications complémentaires impliquent de replacer l'épithèse dans une étuve pendant 2 heures à 90° pour obtenir une réticulation totale du silicone.
Au cours de la dernière visite pour la pose de l'épithèse (fig. 2-55
Fig. 2-55
Pose de l'épithèse oculopalpébrale. a. Extrado, épithèse oculopalpébrale. b. Intrado, épithèse oculopalpébrale. c, d. Armature magnétique. e. Prothèse oculaire.
Source : Cabinet Michel Durand.
et 2-56
Fig. 2-56
Système de rétention magnétique. a, e. Magnacap® (capuchons-vis) magnéto-réceptifs. b. Clé à torque driver dynamométrique (NobelPharma™). c. Fixture Nobel-Biocare® Brademark. d. Pilier transcutané. f. Aimant Dyna®.
Source : Cabinet Michel Durand.
), le prothésiste doit à nouveau prodiguer au patient les indispensables conseils d'hygiène, notamment le nettoyage autour des piliers transcutanés qui doit s'effectuer soigneusement, et le rassurer en lui proposant à 2 mois une visite de contrôle pour vérifier que la prothèse est bien tolérée sur le plan cutané.
Conclusion
Le suivi du patient démontre l'importance d'une étroite collaboration de l'équipe pluridisciplinaire. Celle-ci est rendue nécessaire pour la surveillance (par IRM) permettant le dépistage précoce des récidives tumorales. Cela requiert de faire ôter avant l'examen par l'oculariste les Magnacaps® (capuchons-vis) magnéto-réceptifs (fig. 2-56a, b, e
Fig. 2-56
Système de rétention magnétique. a, e. Magnacap® (capuchons-vis) magnéto-réceptifs. b. Clé à torque driver dynamométrique (NobelPharma™). c. Fixture Nobel-Biocare® Brademark. d. Pilier transcutané. f. Aimant Dyna®.
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), très légèrement magnétisés par leur accolement aux aimants (fig. 2-56f
Fig. 2-56
Système de rétention magnétique. a, e. Magnacap® (capuchons-vis) magnéto-réceptifs. b. Clé à torque driver dynamométrique (NobelPharma™). c. Fixture Nobel-Biocare® Brademark. d. Pilier transcutané. f. Aimant Dyna®.
Source : Cabinet Michel Durand.
) de l'armature magnétique, et qui risqueraient d'altérer l'imagerie.
Une vigilance particulière doit être apportée au niveau des piliers transcutanés (fig. 2-56d
Fig. 2-56
Système de rétention magnétique. a, e. Magnacap® (capuchons-vis) magnéto-réceptifs. b. Clé à torque driver dynamométrique (NobelPharma™). c. Fixture Nobel-Biocare® Brademark. d. Pilier transcutané. f. Aimant Dyna®.
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) lors du suivi en vérifiant leur stabilité. Cela requiert éventuellement de les resserrer, au moyen d'une clé à torque driver dynamométrique (NobelPharma™) (fig. 2-56b
Fig. 2-56
Système de rétention magnétique. a, e. Magnacap® (capuchons-vis) magnéto-réceptifs. b. Clé à torque driver dynamométrique (NobelPharma™). c. Fixture Nobel-Biocare® Brademark. d. Pilier transcutané. f. Aimant Dyna®.
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), pour éviter une irritation cutanée provoquée par la mobilité d'un pilier ; surtout, le risque est de le désolidariser de sa fixation (fig. 2-56c
Fig. 2-56
Système de rétention magnétique. a, e. Magnacap® (capuchons-vis) magnéto-réceptifs. b. Clé à torque driver dynamométrique (NobelPharma™). c. Fixture Nobel-Biocare® Brademark. d. Pilier transcutané. f. Aimant Dyna®.
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), provoquant sa perte.
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