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Chapitre 13
Tumeurs de l'uvée

Nævus choroïdiens bénins
L. Desjardins
Introduction
Le nævus choroïdien est une tumeur bénigne du fond d'œil et c'est la plus fréquente des tumeurs intraoculaires. Sa fréquence varie de 1,9 % à 30 % selon les auteurs [1 , 2] ; elle est de 6,5 % pour Sumich et al. [3]. Elle augmente avec l'âge, mais globalement 4 à 5 % des sujets caucasiens âgés de 40 ans ou plus présentent des nævus de l'uvée [4]. Une étude de Shields a montré une augmentation importante du nombre de nævus chez les femmes ayant eu des grossesses précoces et chez les femmes ménopausées obèses [ 5]. La dégénérescence d'un nævus en mélanome malin de la choroïde est rare, mais justifie une certaine prudence. Ainsi, devant un nævus choroïdien, il est important pour les ophtalmologistes de bien connaître les facteurs de risque de dégénérescence afin d'adapter la surveillance. Il est également important de différencier les complications rétiniennes d'un nævus d'une dégénérescence maligne.
Signes cliniques
Les nævus choroïdiens bénins sont rares chez l'enfant et sont découverts plutôt à l'âge adulte (25 % avant 50 ans et 75 % après 50 ans). Après 50 ans, les drusen sont plus fréquents (58 % versus 11 % avant 20 ans) [6] (fig. 13-1,
Fig. 13-1
Nævus choroïdien bénin avec drusen, altération de l'épithélium pigmentaire, absence de croissance. a. 1997. b. 2000. c. 2010.
fig. 13-2,
Fig. 13-2
a. Nævus bénin avec drusen. b–d. Aspect en angiographie à la fluorescéine montrant un remplissage lent des drusen.
fig. 13-3
Fig. 13-3
a. Nævus bénin avec drusen nombreux (flèches), plan. b. Pas de décollement séreux rétinien à l'OCT.
). Ils sont plus fréquents chez les patients caucasiens que chez les patients mélanodermes [7]. Ils sont le plus souvent asymptomatiques, sauf en cas de complication. Pour Krohn et al. [ 8], ils sont le plus souvent localisés en arrière de l'équateur, sans prédilection pour le secteur nasal ou temporal, inférieur ou supérieur. Ils apparaissent au fond d'œil sous forme d'une tache habituellement pigmentée, mais parfois totalement ou en partie achrome (fig. 13-4
Fig. 13-4
a. Nævus choroïdien achrome. b. Angiographie à la fluorescéine montrant l'absence de drusen. c. OCT montrant l'absence de décollement séreux rétinien et une atrophie des photorécepteurs de la rétine.
). Cette lésion est peu saillante, la plupart du temps de moins de 1,5 mm d'épaisseur. Son diamètre est le plus souvent de 3 à 4 mm, mais en tout cas inférieur à 7 mm. La forme peut être variable – parfois ovalaire, parfois arrondie –, mais en règle générale avec des contours précis plus ou moins réguliers.
Que peut-on voir à la surface ou autour des nævus bénins ? Ceux-ci présentent souvent des drusen en surface et des altérations de l'épithélium pigmentaire qui témoignent de la chronicité de ces lésions [9]. Les drusen sont des dépôts de matériel hyalin au niveau de la membrane de Bruch. Ils sont présents sous la forme de dépôts blanchâtres à la surface des nævus bien visibles en OCT et hyperfluorescents progressivement sur l'angiographie. Les altérations de l'épithélium pigmentaire incluent également des zones d'atrophie ou d'hyperplasie et des zones d'effets fenêtres qui sont le plus souvent sous-jacents au nævus et résultent a priori de la résorption spontanée d'un décollement séreux rétinien. Enfin, certains nævus présentent un halo dépigmenté (fig. 13-5
Fig. 13-5
Nævus bénin avec halo.On note un halo de dépigmentation autour du nævus.
). D'après Shields et al. [ 10], il n'y aurait pas d'association avec une inflammation oculaire ou une maladie auto-immune, mais ce halo dépigmenté serait peut-être plus fréquemment retrouvé chez les patients qui ont des antécédents de mélanome cutané.
Les nævus choroïdiens, en particulier ceux localisés au niveau du pôle postérieur, peuvent entraîner des complications (fig. 13-6
Fig. 13-6
Nævus ancien compliqué d'une membrane néovasculaire.
). En effet, le tissu nævique s'interpose entre la choroïde et la rétine, entraînant souvent une ischémie relative des couches rétiniennes externes, avec pour conséquence la possibilité d'apparition d'un point de fuite avec décollement séreux rétinien voire d'une véritable néovascularisation sous-rétinienne (fig. 13-7
Fig. 13-7
a, b. Nævus compliqué d'une membrane néovasculaire (flèche).
). Cette complication apparaîtrait au bout de 15 ans d'évolution dans 26 % des nævus en situation rétrofovéolaire [11]. C'est dans ce cas que peuvent apparaître des troubles visuels avec parfois une baisse d'acuité visuelle en rapport avec un décollement séreux rétinien maculaire voire parfois un hématome sous-rétinien qui vont nécessiter une prise en charge thérapeutique (fig. 13-8
Fig. 13-8
Nævus bénin sous-maculaire. a. En 2015, on note un décollement séreux rétinien (DSR). b. OCT en 2016 ; amélioration spontanée du DSR. c. Aspect en 2021 avec altération progressive de l'acuité visuelle liée à une atrophie rétinienne.
).
Examens complémentaires
Il est utile de réaliser au minimum des photographies du fond d'œil, qui serviront de référence en cas de doute ultérieur sur une évolutivité [ 12], et une échographie qui permet de mesurer la lésion, en particulier son épaisseur. La photographie en couleur du fond d'œil permet de bien mesurer le diamètre de la lésion et de surveiller si les bords progressent par rapport aux repères vasculaires (croissance documentée). Il faut faire attention aux caméras utilisées pour réaliser des photographies. Certaines peuvent donner à un nævus une fausse coloration verte ou un aspect orangé évoquant un hémangiome [13]. Les nævus choroïdiens sont en général stables, mais environ 31 % d'entre eux présenteraient une croissance lente et cette croissance lente serait plus fréquente chez les patients de moins de 40 ans (54 % chez les moins de 40 ans versus 19 % chez les plus de 60 ans) [ 12]. Cette croissance lente en diamètre ne dépasse habituellement pas 1 mm en plusieurs années et il faut la différencier d'une croissance rapide sur quelques mois qui, elle, signe la transformation maligne.
L'échographie permet de mesurer l'épaisseur de la tumeur. Pour les tumeurs périphériques, on aura soin de demander au patient d'orienter son regard en nasal quand la tumeur est nasale, ou en temporal quand la tumeur est temporale. L'essentiel est de toujours avoir une ligne hyperéchogène en surface qui assure que l'on est bien perpendiculaire à l'axe de la tumeur. Par convention, l'épaisseur est en principe mesurée jusqu'à la sclère. Lorsque l'on compare différentes mesures échographiques, il faut vérifier que les repères ont été bien positionnés de la même façon sur chaque examen. L'échographie permet également de dépister une atténuation des ultrasons qui serait un facteur de risque de dégénérescence, mais qui est plus facile à mettre en évidence dans les lésions de plus de 3 mm d'épaisseur.
L'angiographie n'est réalisée qu'en cas de doute avec un nævus suspect ou un mélanome malin, ou s'il existe une complication. L'aspect angiographique est variable en fonction de la pigmentation et de l'existence ou non d'altérations de l'épithélium pigmentaire et de drusen. Il peut exister une hyperfluorescence progressive au niveau des drusen ou en cas de nævus achrome, mais pas de pin points . Il faut donc bien différencier l'imprégnation des drusen de surface de l'aspect observé lorsqu'il existe des pin points . Les lésions très pigmentées ne présentant pas de drusen en surface sont surtout le siège d'une hypofluorescence caractéristique. En cas d'exsudation, le point de fuite est bien mis en évidence en angiographie, ce qui facilite la prise en charge thérapeutique au laser. En cas de néovascularisation sous-rétinienne, les néovaisseaux sont également bien visualisés sur l'angiographie en fluorescence. Plus récemment utilisée, l'OCT-angiographie permet également de bien visualiser cette néovascularisation [14].
L'OCT permet de détecter les nævus plans indétectables en échographie. Ils apparaissent sous forme d'une bande très réflective au niveau de la membrane de Bruch avec une zone silencieuse sous-jacente au niveau de la choroïde [15]. Pour Shields et al., l'hyporéflexivité est observée dans 68 % des nævus pigmentés et seulement 18 % des nævus achromes [16]. La rétine peut présenter un amincissement, des drusen, des kystes intrarétiniens, des altérations de l'épithélium pigmentaire et une atrophie des photorécepteurs [ 17].
Diagnostic différentiel
Le diagnostic différentiel se fait surtout avec les éléments suivants.
Hypertrophie congénitale bénigne de l'épithélium pigmentaire
C'est une lésion plane, fortement pigmentée, à contours polycycliques, s'accompagnant souvent de plages de dépigmentation au sein de cette zone très pigmentée assez caractéristiques. Ces lésions peuvent être dans la plupart des cas (80 %) lentement progressives en diamètre, mais restent toujours très planes. La dégénérescence maligne en adénocarcinome de l'épithélium pigmentaire est exceptionnelle.
Mélanocytomes
Les mélanocytomes sont volontiers localisés au niveau de la papille (voir au chapitre 13.3, « Mélanocytome » ). Ce sont des lésions fortement pigmentées de forme un peu arrondie, avec souvent des bords festonnés. Elles sont parfois associées à une lésion nævique péripapillaire. Les mélanocytomes sont dans la plupart des cas stables et asymptomatiques. De petits déficits du champ visuel peuvent cependant être présents pour les volumineux mélanocytomes. Là encore, la dégénérescence maligne est exceptionnelle.
Nævus choroïdiens suspects
Les nævus choroïdiens suspects (voir chapitre 13.2 ) sont caractérisés par une taille supérieure (diamètre > 7 mm, épaisseur > 2 mm), la présence de symptômes visuels, d'un décollement séreux rétinien ou de pigments orange, et la présence de pin points en angiographie. Un seul de ces éléments rend le nævus suspect s'il est présent. Pour Shields, la proximité du nerf optique serait également un facteur péjoratif devant inciter à une surveillance plus rapprochée.
Conduite à tenir
La constatation d'un nævus lors de l'examen du fond de l'œil impose des mesures bien codifiées : outre les examens complémentaires décrits plus haut (photographies et échographie), l'ophtalmologiste doit d'une part réaliser une surveillance annuelle du fond d'œil, et d'autre part prévenir le patient que cette surveillance annuelle devra être poursuivie à vie et que si, dans l'intervalle entre deux examens, le patient présente des troubles visuels sur cet œil, il devra consulter un ophtalmologiste rapidement.
À retenir
Pour tout nævus choroïdien :
  • photographie du fond d'œil et échographie ;
  • surveillance annuelle ; information du patient.
Nævus choroïdiens suspects
L. Desjardins
Interrogatoire
L'interrogatoire du patient est un moment capital s'il retrouve des symptômes visuels d'apparition récente. La présence de symptômes visuels est significative s'il existe pour les tumeurs périphériques un scotome ou des phosphènes. Pour les lésions proches du pôle postérieur, on retrouve plutôt des métamorphopsies ou une baisse d'acuité visuelle. La difficulté est de faire la part entre un mélanome débutant ou des complications rétiniennes en rapport avec un nævus ancien. Pour les nævus en situation rétrofovéolaire, il est fréquent qu'il existe après plusieurs années d'évolution un œdème maculaire et une baisse d'acuité visuelle (26 % des cas après 15 ans d'évolution).
Lorsqu'il existe une pathologie associée (cataracte, décollement postérieur du vitré), il faut différencier les symptômes qui correspondent à cette pathologie de symptômes en rapport avec le nævus. Si les myodésopsies témoignent plutôt d'un décollement postérieur du vitré (DPV), la sensation de pluie de suif peut se rencontrer pour des mélanomes qui ont saigné dans la cavité vitréenne. Ce sont en général des tumeurs de plus de 4 mm d'épaisseur. Lorsqu'un nævus d'aspect bénin est associé à des myodésopsies, il faut penser à vérifier qu'il n'existe pas un DPV avec des corps flottants qui expliquent en général ces symptômes. L'interrogatoire retrouve parfois la notion d'un fond d'œil normal assez récent qui peut faire penser que la lésion pigmentée est d'apparition récente, donc suspecte. Il faut pourtant rester prudent car, selon la localisation d'un nævus, il n'est pas exclu que ce nævus soit passé inaperçu lors d'un examen rapide du fond d'œil non dilaté. Enfin, rappelons surtout que tout symptôme visuel récent impose un examen soigneux du fond d'œil après dilatation.
Taille du nævus
La taille du nævus est un critère important qui le rend suspect si l'épaisseur est supérieure à 2 mm et, dans certaines séries, supérieure à 1,5 mm et/ou si le diamètre est supérieur à 7 mm ou 5 mm selon les études. Le diamètre des petits mélanomes est plutôt surestimé en échographie et serait mieux analysé en OCT [1]. L'épaisseur de la lésion est plus précisément mesurée par échographie. Une lésion dont la taille est comprise entre 6 et 8 mm de diamètre et 1,5 et 3 mm d'épaisseur peut correspondre à un gros nævus ou à un petit mélanome débutant.
Présence de pigment orange
La présence de pigment orange visible au fond d'œil à la surface du nævus et facilement détectable en autofluorescence est également en faveur d'un nævus suspect (fig. 13-9,
Fig. 13-9
Nævus choroïdien suspect ou petit mélanome. a. Pigment orange. b. Lésion hypo-échogène en échographie, épaisseur limite. c. Évolution à 1 an avec plus de pigment orange mais pas de modification de la taille ; lésion à surveiller de très près.
fig. 13-10,
Fig. 13-10
Nævus suspect. a. Pigment orange (flèches). b. Pin point en angiographie (flèche). c. Décollement séreux rétinien en OCT. d. Diamètre supérieur à 3 diamètres papillaires (DP), mais une faible épaisseur en échographie (1 mm).
fig. 13-11
Fig. 13-11
Nævus suspect. a. Pigment orange. b. Pin point en angiographie (flèche). c. Décollement séreux rétinien en OCT. d. Diamètre supérieur à 2 diamètres papillaires (DP) en échographie.
). Ce pigment orange correspond à des dépôts de lipofuscine qui sont plus volontiers fabriqués par les mélanomes malins. Les plages de pigment orange se forment typiquement à la surface des zones de neurorétine décollée et principalement sur les tumeurs du pôle postérieur. Si la tumeur est achrome, elles apparaîtront plutôt sombres. On les retrouve aussi dans environ 6 à 10 % des cas sur des lésions présumées bénignes. La présence de pigment orange peut être détectée par l'étude en autofluorescence. Pour Shields et al., une autofluorescence en motte peut être retrouvée dans environ 25 % des nævus [2]. Pour Albertus et al. [3] et Gunduz et al. [ 4], une autofluorescence diffuse et intense serait nettement en faveur d'un mélanome malin.
Présence d'un décollement séreux rétinien
La présence d'un décollement séreux rétinien (DSR) rend toujours le nævus suspect. Ce DSR est parfois mieux visible en OCT qu'au fond d'œil. Néanmoins, il faut se souvenir que la plupart des études épidémiologiques qui ont démontré qu'un DSR était associé à un risque de dégénérescence étaient fondées sur un DSR clinique, sauf dans une étude récente [5]. Si la présence d'un DSR est un signe très important de malignité, il faut se rappeler que des petits mélanomes uvéaux peuvent ne pas avoir de DSR détectable et qu'un DSR peut être retrouvé dans 5 à 15 % des nævus en raison d'une rupture de la barrière de l'épithélium pigmentaire.
Globalement, Shields et al. retrouveraient un décollement séreux du neuro-épithélium (DSNE) dans 92 % des petits mélanomes en OCT versus 16 % des nævus. En OCT, la présence de liquide sous-rétinien et de photorécepteurs « hirsutes » ( shaggy photoreceptors ) a été interprétée au début comme en faveur d'une lésion maligne [ 1]. Néanmoins, une étude plus récente a montré que cette modification des photorécepteurs était visible en regard des nævus choroïdiens en cas de DSR chronique avec une évolution progressive de l'aspect des photorécepteurs de normal à hirsute, puis rétracté, puis absent [6].
Récemment, Ghassemi et al. ont comparé l'aspect en OCT-A de nævus et de mélanomes. Ils considèrent qu'en OCT les nævus ont une membrane de Bruch et un épithélium pigmentaire intacts, alors que ces structures sont altérées dans les mélanomes [ 7]. Une autre étude par l'équipe de Shields [ 8] retrouverait en OCT-A des critères maculaires en faveur d'un mélanome : augmentation de l'épaisseur maculaire centrale, élargissement de la zone avasculaire centrale et réduction de la densité des capillaires. La présence de zones avasculaire en OCT-A dans les mélanomes a été décrite également dans l'étude de Garcia-Arumi et al. [9]. Cependant, des études complémentaires seront nécessaires ; aucun de ces examens ne peut être formel et le diagnostic repose toujours sur un faisceau d'arguments où la clinique a toujours une importance majeure.
L'examen angiographique peut montrer la présence de pin points qui sont donc des microdécollements séreux de l'épithélium pigmentaire avec une fluorescence qui augmente lors de la séquence angiographique et parfois une diffusion tardive. La présence de pin points rend le nævus suspect et augmente le risque de dégénérescence [10], mais ceux-ci ne doivent pas être confondus avec l'imprégnation des drusen de surface que l'on voit à la surface des nævus bénins.
Les nævus suspects se caractérisent souvent par une absence de drusen, aussi bien lors de l'examen du fond d'œil que sur l'examen angiographique.
Facteurs de risque de croissance tumorale
Les nævus suspects, contrairement aux nævus bénins, nécessitent une surveillance beaucoup plus intensive avec, si possible, un contrôle trimestriel du fond d'œil qui devra comprendre, outre l'examen du fond d'œil, la réalisation de photographies en couleur ou en lumière rouge et également la pratique d'une échographie, ces deux examens permettant d'apprécier le diamètre et l'épaisseur.
Le devenir des lésions pigmentées de la choroïde a été étudié par de nombreux auteurs qui ont regardé quels sont les facteurs de risque de croissance tumorale et quel est le risque métastatique de ces petites lésions choroïdiennes.
Les facteurs de risque de croissance tumorale ont été étudiés par Buttler et al. en 1994 avec des échographies et angiographies. Les facteurs significatifs sont l'épaisseur tumorale initiale, l'existence d'une symptomatologie visuelle, la présence de pigment orange, l'excavation choroïdienne en échographie et la présence de pin points en angiographie.
Les cinq facteurs de risque de croissance tumorale ont également été étudiés par Shields et al. en 2000 [11] sans angiographie. Les facteurs les plus significatifs étaient la présence de signes fonctionnels (phosphènes, scotomes, myodésopsies ou baisse d'acuité visuelle), l'existence d'un DSR, la proximité du nerf optique, l'épaisseur supérieure à 2 mm et la présence de pigment orange. Le risque de croissance tumorale à 5 ans était de 4 % lorsqu'il n'y avait aucun facteur de risque, de 45 % lorsqu'il y avait deux facteurs de risque et 56 % s'il y avait tous les facteurs de risque.
Singh et al. [12] ont étudié 240 lésions pigmentées. Les facteurs de risque de croissance tumorale trouvés dans cette étude étaient une épaisseur supérieure à 2 mm, une localisation proche de la macula, des symptômes ou du pigment orange.
L'étude que nous avons réalisée à l'Institut Curie en 2001 [10] a porté sur 81 patients suivis pour un nævus suspect et 54 patients pour des nævus bénins. Le recul médian est de 49 mois. Il y a eu une croissance documentée pour 26 patients du groupe « suspect » et 4 seulement du groupe « bénin ». Les facteurs de risque de croissance avec angiographie étaient la présence de pin points avec un risque relatif (RR) de 7,7, une épaisseur du nævus supérieure à 1,5 mm avec un RR de 3,3, et la présence de pigment orange avec un RR de 2,9. Sans angiographie, les facteurs de risque essentiels étaient la présence de symptômes visuels, la présence de pigment orange, l'absence de drusen et l'épaisseur du nævus supérieure à 1,5 mm.
La difficulté à différencier les petits mélanomes des nævus a encore été soulignée par Shields et al. dès 2002 et plus récemment en 2019 [5] (tableau 13-1
Tableau 13-1
Critères diagnostiques d'un petit mélanome selon Roelofs et al. [13] – critères MOLES
*Score et conduite à tenir : 0 = nævus bénin, surveillance photographique tous les 1–2 ans ; 1 = nævus à bas risque, avis spécialisé pour imagerie multimodale et surveillance spécialisée ; 2 = nævus de haut risque, avis spécialisé ; 3 = probable mélanome, avis spécialisé urgent.
Facteurs de risque Critère diagnostique Score *
Forme de champignon (M – Mushroom shape) Absente 0
Suspicion/début de rupture de la membrane de Bruch 1
Présente 2
Pigment orange (O – Orange pigment) Absent 0
Suspicion/trace 1
En motte 2
Plus grande taille (L – Large size) Épaisseur et diamètre
Épaisseur < 1 mm (« plan/épaisseur minimale ») et diamètre < 3 DP 0
Épaisseur = 1–2 mm (« discrète forme en dôme ») et/ou diamètre 3–4 DP 1
Épaisseur > 2 mm (« épaisseur importante ») et/ou diamètre > 4 DP 2
Augmentation de taille (E – Enlarging tumor) Aucune 0
Suspicion (c'est-à-dire mauvaise qualité d'image) 1
Certaine (confirmée par des images séquentielles) 2
Liquide sous-rétinien (S – Subretinal fluid) Absent 0
Traces (si minime et détecté seulement par OCT) 1
Certain (si visualisé sans OCT) 2
Score total
). Les facteurs qui les différencient peuvent être mémorisés en se rappelant la phrase « To Find Small Ocular Melanomas Doing Imaging » : « T » pour thickness (épaisseur > 2 mm), « F » pour fluid (DSR), « S » pour symptoms (symptômes visuels), « O » pour pigment orange, « M » pour melanoma hollow (atténuation en échographie) et DI pour diameter > 5 mm. Shields estime le risque de transformation d'un nævus en mélanome à 1 % s'il n'y a aucun de ces facteurs de risque, 11 % avec 1 facteur, 22 % avec 2 facteurs, 34 % avec 3 facteurs, 51 % avec 4 facteurs, et 56 % avec 5 facteurs.
Chacun des facteurs de risque caractéristiques double à peu près le risque de croissance tumorale, et le risque de croissance est à peu près 30 fois supérieur quand tous les facteurs de risque sont présents. De plus, le caractère hypo-échogène en échographie, l'absence de halo autour de la tumeur et l'absence de drusen à sa surface augmentent le risque de croissance.
Plus récemment, les critères diagnostiques d'un petit mélanome ont également été reclassés selon Roelofs et al. [13] (tableau 13-1
Tableau 13-1
Critères diagnostiques d'un petit mélanome selon Roelofs et al. [13] – critères MOLES
*Score et conduite à tenir : 0 = nævus bénin, surveillance photographique tous les 1–2 ans ; 1 = nævus à bas risque, avis spécialisé pour imagerie multimodale et surveillance spécialisée ; 2 = nævus de haut risque, avis spécialisé ; 3 = probable mélanome, avis spécialisé urgent.
Facteurs de risque Critère diagnostique Score *
Forme de champignon (M – Mushroom shape) Absente 0
Suspicion/début de rupture de la membrane de Bruch 1
Présente 2
Pigment orange (O – Orange pigment) Absent 0
Suspicion/trace 1
En motte 2
Plus grande taille (L – Large size) Épaisseur et diamètre
Épaisseur < 1 mm (« plan/épaisseur minimale ») et diamètre < 3 DP 0
Épaisseur = 1–2 mm (« discrète forme en dôme ») et/ou diamètre 3–4 DP 1
Épaisseur > 2 mm (« épaisseur importante ») et/ou diamètre > 4 DP 2
Augmentation de taille (E – Enlarging tumor) Aucune 0
Suspicion (c'est-à-dire mauvaise qualité d'image) 1
Certaine (confirmée par des images séquentielles) 2
Liquide sous-rétinien (S – Subretinal fluid) Absent 0
Traces (si minime et détecté seulement par OCT) 1
Certain (si visualisé sans OCT) 2
Score total
).
Prise en charge
Les patients qui ont un nævus avec au moins un facteur de risque de croissance doivent être adressés si possible à un onco-ophtalmologiste. La croissance documentée est découverte à l'occasion de symptômes si le patient n'est pas suivi ou au cours d'une surveillance d'un nævus suspect. Elle est suspectée au fond d'œil et confirmée par les échographies et les photographies (fig. 13-12,
Fig. 13-12
a, b. Lésion pigmentée choroïdienne avec drusen. Pas de pigment orange ni de décollement séreux rétinien, mais on note une discrète croissance sur 1 an (b, flèche). Il s'agit donc d'un petit mélanome.
fig. 13-13,
Fig. 13-13
a, b. Mélanome avec franche croissance liée à une non-compliance sur le suivi recommandé.
fig. 13-14
Fig. 13-14
Fond d'œil (a) montrant l'association d'une hypertrophie congénitale de l'épithélium pigmentaire et d'un nævus juxtapapillaire. La surveillance (b) montre une croissance du nævus, ce qui correspond donc à un petit mélanome.
). Une croissance documentée rapide impose pour nous un traitement par radiothérapie. Le traitement éventuel d'un nævus choroïdien suspect sans croissance documentée est à discuter au cas par cas en fonction du nombre de facteurs de risque et également en fonction de la localisation tumorale, avec le risque de séquelles du traitement sur la fonction visuelle pour les tumeurs proches de la papille ou de la macula.
Les dermatologues procèdent généralement à l'exérèse large de tous les nævus cutanés suspects afin d'éviter l'apparition d'un mélanome. Pour les ophtalmologistes, l'attitude a souvent été plus attentiste, notamment pour les petites tumeurs du pôle postérieur, afin de préserver la vision. Néanmoins, la surveillance pour attendre une croissance documentée pourrait augmenter le risque de métastase. Pour Shields et al. [14], dans une étude sans angiographie, les facteurs de risque principaux de métastase étaient la croissance tumorale, avec un risque métastatique multiplié par trois, l'épaisseur et la proximité du nerf optique (le suivi effectué et l'importance de la croissance tumorale ne sont pas précisés dans l'étude).
Certaines équipes préconisent la biopsie des lésions suspectes avec recherche de modifications génomiques et ou génétiques [ 15].
Cette attitude est discutable en raison des faux négatifs qui peuvent rassurer à tort et du risque important de complications pour ces petites lésions (endophtalmie, hémorragie du vitré, décollement de rétine) chez des patients ayant souvent une acuité visuelle conservée. Elle n'est finalement proposée que très exceptionnellement.
Il est certain que la détection d'un petit mélanome à un stade précoce lorsque l'épaisseur est de 2 mm avec un risque métastatique de 10 % est préférable à une détection plus tardive lorsque la tumeur fait 4 à 5 mm d'épaisseur avec un risque métastatique de 24 %.
Si la tumeur grossit, il peut apparaître des anomalies génétiques telles que la monosomie 3 et/ou l'addition de 8q qui augmentent considérablement le risque métastatique ou des mutations de mauvais pronostic, telle qu'une mutation BAP1 .
Le pronostic vital des mélanomes choroïdiens est aussi lié à leur taille [16] ; c'est pourquoi il est important de les diagnostiquer et de les traiter le plus tôt possible (fig. 13-15
Fig. 13-15
a–c. Petit mélanome avec nombreux pigments orange (flèche) et décollement séreux rétinien visible sur l'échographie (c, flèche) (score MOLES = 6).
).
Quels sont les risques métastatiques de ces petites lésions pigmentées ?
Le risque métastatique des mélanomes de moins de 3 mm d'épaisseur est évalué différemment selon les auteurs. Diener-West et al. ont rapporté en 1992 [17] que, pour une épaisseur inférieure à 3 mm, il y avait 16 % de métastases. Dans notre récente étude sur les tumeurs de taille T1 [18], la survie à 10 ans est de 91 %, et à 5 ans seulement 9 patients sur 424 (2 %) ont présenté des métastases ; mais il y a certainement beaucoup plus de très petits mélanomes dans cette série. Pour Shields et al., sur 7256 mélanomes de l'uvée, le taux de métastase est de 6 %, 12 % et 20 % pour les petits mélanomes à 5, 10 et 20 ans [16]. Dans notre série européenne, les plus petits mélanomes qui ont développé des métastases (fig. 13-16
Fig. 13-16
a, b. Petit mélanome avec métastases histologiquement prouvées. Taille : 6 mm de diamètre et 2,5 mm d'épaisseur.
) avaient un diamètre de 3 mm, 3,4 mm et 4,8 mm [ 19].
Nævus suspect – conduite à tenir
  • Surveillance tous les 3 mois pendant un an
  • Puis tous les 6 mois
  • Ou traitement radiothérapique immédiat si :
    • 3 facteurs de risque ou plus
    • tumeur située à plus de 3 mm de papille et/ou macula
    • croissance documentée
Facteurs de risque de malignité des lésions pigmentées
  • Symptômes visuels
  • Décollement séreux rétinien
  • Pigment orange pin points
  • Épaisseur > 2 mm proximité de la papille
  • Diamètre > 7 mm atténuation des ultrasons
En faveur d'un nævus bénin
  • Diamètre < 7 mm
  • Drusen en surface
  • Épaisseur < 2 mm
  • Effet fenêtre sous-jacent
Mélanome uvéal
Aspects cliniques et diagnostic positif
L. Desjardins
Introduction
Le mélanome uvéal est la plus fréquente tumeur maligne primitive intraoculaire de l'adulte avec une incidence annuelle estimée à 6 à 10 cas par million et par an dans les populations caucasiennes et un âge médian au diagnostic de 62 ans [1].
L'incidence du mélanome uvéal augmente progressivement de 3,9 cas par million chez l'homme et 2,4 cas par million chez la femme entre 40 et 44 ans à un pic de 24,5 cas par million chez l'homme et 17,8 cas par million chez la femme entre 70 et 74 ans [1].
Les formes touchant les sujets plus jeunes ne sont pas exceptionnelles à partir de l'âge de 20 ans. Les formes de l'enfant sont en revanche très rares, avec environ un cas pour 1 000 cas adultes.
Le mélanome uvéal comprend le mélanome de l'iris (4 %), le mélanome du corps ciliaire (6 %) et enfin le mélanome choroïdien (90 %). Nous parlerons essentiellement dans ce chapitre des mélanomes ciliaires, ciliochoroïdiens et choroïdiens.
Facteurs favorisants
Différents facteurs peuvent augmenter la susceptibilité individuelle de développer un mélanome uvéal : une peau claire et bronzant mal, un iris de couleur claire [2-3-4], une mélanose oculaire ou oculopalpébrale, la présence de nævus cutanés, iriens ou choroïdiens et une mutation germinale BAP1 .
Le mélanome uvéal est plus fréquent chez les sujets caucasiens, beaucoup moins fréquent chez les Asiatiques et exceptionnel chez les sujets mélanodermes. Pour Hu et al. [5], l'incidence annuelle du mélanome uvéal serait de 0,31 chez les patients mélanodermes, 0,38 chez les patients asiatiques, 1,67 chez les patients hispaniques, et 6,02 pour les patients blancs non hispaniques (caucasiens).
Bien que la majorité des mélanomes choroïdiens se développent en arrière de l'équateur, l'influence de l'exposition solaire n'a pas été démontrée [ 6], et les mutations retrouvées dans les mélanomes uvéaux ne sont pas les mêmes que celle du mélanome cutané [ 7 , 8]. Néanmoins, une étude est en faveur d'un rôle possible des ultraviolets (UV) par l'intermédiaire de mutation du gène RAC1 [9]. Une revue de la littérature souligne que plusieurs études ont conclu à une association entre le mélanome uvéal et l'exposition aux UV, en particulier dans les cabines de bronzage [10]. L'exposition professionnelle à la soudure à l'arc pourrait, en cas d'expositions répétées, être considérée comme un facteur de risque significatif [6]. En effet, la soudure à l'arc produit des quantités importantes de lumière à courte longueur d'onde (bleue), dont on suppose qu'elle pourrait endommager la rétine et peut-être augmenter le stress oxydatif ainsi que la tumorigenèse [11]. Ce rôle potentiel des UV et de la soudure à l'arc reste encore à démontrer.
Grossesse
La grossesse a parfois été accusée de favoriser le développement des lésions mélanocytaires, en particulier les mélanomes choroïdiens, mais il n'a pas été démontré que les hormones étaient responsables. D'autres facteurs comme l'augmentation de l'angiogenèse seraient impliqués [ 12]. Le pronostic est le même que ceux de femmes non enceintes de même âge, et la poursuite de la grossesse n'empêche pas la radiothérapie locale. Il n'a pas été observé de retentissement sur le fœtus [ 13]. Les femmes ayant eu des enfants avant l'âge de 20 ans et les femmes ménopausées obèses seraient plus à risque de développer un mélanome uvéal [14].
Mélanose oculaire
La mélanose oculodermique ou mélanocytose oculaire , encore appelée nævus d'Ota , est une pigmentation congénitale oculaire et péri-oculaire. La mélanocytose oculaire donne un aspect bleuté de la sclère chez 92 % des patients, une pigmentation accrue au niveau de l'iris dans 17 % des cas, une choroïde plus foncée dans 12 % des cas ainsi qu'une pigmentation des paupières dans 8 % des cas. Chez environ 1 % des patients, il y a également une pigmentation des tissus orbitaires qui peut être l'origine d'un mélanome primitif de l'orbite (fig. 13-17
Fig. 13-17
Mélanocytose oculodermique ou nævus d'Ota qui augmente jusqu'à 7 fois le risque de mélanome uvéal. Noter la pigmentation ardoisée cutanée et épisclérale.
). En cas de mélanocytose irienne, des mamelonnements caractéristiques peuvent être visibles à la surface de l'iris qui a également une couleur beaucoup plus foncée au niveau des zones de mélanocytose, avec ainsi une hétérochromie irienne visible dès l'enfance.
La mélanose oculaire est associée à un risque accru de mélanome oculaire (fig. 13-18,
Fig. 13-18
Volumineux mélanome choroïdien sur nævus d'Ota bilatéral. a. Pigmentation épisclérale. b. Fond d'œil droit. c. Échographie B.
fig. 13-19
Fig. 13-19
Mélanome ciliaire sur nævus d'Ota. a. Noter la présence de vaisseaux sentinelles et la pigmentation épisclérale. b. L'UBM retrouve une volumineuse masse ciliaire.
). Le risque de développer un jour un mélanome uvéal est estimé à un patient sur 400, ce qui donne une fréquence environ 30 à 40 fois supérieure par rapport au reste de la population. Cela est lié à la présence d'une mutation somatique des cellules mélanocytaires sur le gène GNAQ . Ainsi, ces cellules ont déjà le premier événement mutationnel conduisant ensuite à l'apparition d'un mélanome uvéal. La mélanose oculaire est retrouvée chez 3 % des patients dans la série de Shields et al. [15] sur 7872 patients atteints de mélanome uvéal, chez 2,7 % des patients dans la série de Carreno et al. [16] et avec une fréquence de 1,3 % dans la série de l'institut Curie ( abstract OOG, 2019).
En cas de mélanome chez ces patients, le risque de métastase serait 2 à 3 fois supérieur. Dans la série de Mashayekhi et al., les métastases de mélanome uvéal étaient 2,8 fois plus fréquentes chez les patients avec une mélanocytose de l'iris (P < 0,001), 2,6 fois plus grandes en cas de mélanocytose choroïdienne (P = 0,02) et 1,9 fois plus grandes en cas de mélanocytose sclérale (P < 0,001). L'estimation avec les courbes de Kaplan-Meier donne un taux de métastase chez les patients avec une mélanocytose oculaire versus pas de mélanocytose de 2 % versus 1,8 à 1 an ; 27 % versus 15 % à 5 ans ; et 48 % versus 24 % à 10 ans (P < 0,001) [17]. En analyse multivariée, les facteurs prédictifs de métastase chez les patients ayant un mélanome uvéal associé à une mélanocytose oculodermique étaient l'épaisseur tumorale (P = 0,001) et la présence de liquide sous-rétinien (P = 0,05) ; et le facteur prédictif de décès était l'augmentation de l'épaisseur tumorale (P = 0,009) [ 17]. Dans la série de l'Institut Curie, on retrouve également un risque métastatique multiplié par 2,7.
Une surveillance du fond d'œil avec dilatation pupillaire est donc recommandée au moins une fois par an chez ces patients.
Mutations BAP1
La plupart des cas de mélanome uvéal sont sporadiques, mais un petit pourcentage (environ 1 %) sont des cas familiaux. BAP1 est une protéine qui régule le cycle cellulaire, la différenciation cellulaire et la réponse aux dommages de l'ADN. La mutation BAP1 peut être présente en somatique dans la tumeur (de mauvais pronostic) et, dans un petit nombre de cas, il existe une mutation germinale. Les patients et les familles avec une mutation germinale de BAP1 ont une prédisposition à développer des mélanomes uvéaux, des mésothéliomes, des mélanomes cutanés, des cancers du rein et d'autres tumeurs [18 , 19]. Récemment, des cas de carcinome basocellulaire ont été rapportés.
La prévalence de la mutation BAP1 dans une population de mélanome uvéal est d'environ 2 à 3 % et elle serait d'environ 25 % dans les formes familiales [ 20]. Les patients porteurs d'une mutation germinale BAP1 ont un risque de survenue d'un mélanome uvéal estimé à 29 % [21]. En comparaison avec d'autres patients atteints de mélanome uvéal, ils ont plus fréquemment une histoire familiale de mélanome uvéal (25 % versus 1,9 %). Ces patients ont tendance à développer la tumeur plus tôt (51 ans versus 62 ans) et aussi à avoir un diamètre tumoral plus important (diamètre médian 15,9 versus 12,3).
Le risque métastatique est plus élevé en cas de mutation germinale de BAP1 (71 % versus 18 %). En général, la mutation BAP1est associée à un risque métastatique 4 fois supérieur et à une survie médiocre [22]. En conséquence, il ne faut pas hésiter à demander une consultation de génétique en cas de mélanome uvéal survenant dans un contexte d'antécédent familial, de cancers multiples ou de mélanome uvéal survenant chez un patient jeune. Le généticien pourra ainsi décider une recherche de mutation BAP1 si nécessaire. Parallèlement, en cas de mutation germinale BAP1 connue, les patients porteurs de la mutation doivent bénéficier d'une surveillance oncologique pour dépister les cancers viscéraux et également ophtalmologique pour dépister précocement un éventuel mélanome uvéal. Un examen du fond d'œil dilaté au moins une fois par an voire tous les 6 mois est alors essentiel.
Syndrome des nævus atypiques multiples
Les patients qui présentent des nævus cutanés multiples ont un risque accru de développer un mélanome cutané, mais aussi un mélanome uvéal [23 , 24]. Ils doivent bénéficier d'une surveillance ophtalmologique. En présence d'un mélanome uvéal développé chez un patient jeune, il faut prévoir une consultation de dermatologie [25].
Nævus choroïdiens
Les nævus choroïdiens sont présents chez environ 6 % des sujets caucasiens. Leur dégénérescence maligne est estimée par Singh et al. à environ 1 sur 8845 [26]. Leur présence justifie une surveillance annuelle pour les nævus bénins, plus rapprochée et adaptée aux facteurs de risque pour les nævus suspects (voir chapitre 13.2 ).
Signes du mélanome uvéal
Le mélanome uvéal se développe souvent à bas bruit et pendant longtemps il n'y a pas de signe clinique évident. Néanmoins, en cas de tumeur du corps ciliaire, une dilatation des vaisseaux épiscléraux dans le secteur concerné est souvent visible et elle est quasi pathognomonique d'un mélanome du corps ciliaire (fig. 13-20
Fig. 13-20
Volumineux mélanome ciliochoroïdien. a. Vaisseaux sentinelles et envahissement de la racine de l'iris et petite zone extériorisée. b. Projection du sommet au fond d'œil. c. Échographie B montrant une partie de la tumeur classée T3b.
). Il ne faut pas la confondre avec une conjonctivite. Une rougeur diffuse de l'œil avec réaction inflammatoire est assez rare dans le mélanome uvéal, mais peut survenir en cas de nécrose tumorale spontanée. Un envahissement de la racine de l'iris peut se voir cliniquement et témoigner d'un mélanome ciliochoroïdien.
Symptômes du mélanome uvéal
Les symptômes du mélanome uvéal sont essentiellement des symptômes visuels et doivent être recherchés à l'interrogatoire, afin de préciser le début des troubles.
Une baisse d'acuité visuelle survient lorsque le mélanome se développe sous la macula, ou lorsqu'il existe un décollement séreux rétinien qui atteint la macula. Il faut toujours faire la part de ce qui revient à l'atteinte rétinienne et ne pas attribuer ce symptôme trop facilement à une cataracte. C'est dire que l'examen du fond d'œil est indispensable en cas de baisse d'acuité visuelle.
Les phosphènes sont fréquents et la survenue de phosphènes impose dans tous les cas un examen complet du fond d'œil après dilatation pupillaire. C'est seulement après cet examen détaillé qu'on peut éliminer la possibilité d'un mélanome et rattacher ces phosphènes à un décollement postérieur du vitré.
Les myodésopsies (possiblement en rapport avec un décollement postérieur du vitré) et les pluies de suif se rencontrent lorsque le mélanome a saigné dans la cavité vitréenne, ce qui est plus facilement le cas d'un mélanome dont l'épaisseur atteint ou dépasse 4 mm.
Un scotome peut être ressenti par le patient et justifie là encore un examen complet du fond d'œil après dilatation. Les mélanomes du corps ciliaire, souvent diagnostiqués tardivement en raison de leur localisation périphérique, peuvent parfois entraîner une véritable amputation du champ visuel. À ce stade, il s'agit malheureusement de lésions évoluées pour lesquelles un traitement conservateur n'est souvent plus envisageable.
Les douleurs ne font habituellement pas partie des symptômes du mélanome uvéal. Elles ne sont présentes qu'en cas de forme évoluée avec glaucome néovasculaire et hypertonie ou inflammation majeure.
Finalement, le mélanome uvéal peut être asymptomatique, détecté lors d'un examen de routine pour changement de verres correcteurs, ce qui souligne l'importance d'un examen du fond d'œil tous les ans ou tous les 2 ans après 50 ans.
Diagnostic positif du mélanome uvéal
Comme dans beaucoup de cancers, un diagnostic précoce et un traitement rapide peuvent être essentiels pour assurer une survie à long terme en cas de mélanome uvéal. Il est en effet clairement démontré que la taille de la tumeur au moment du traitement conditionne le risque métastatique et que les mutations délétères responsables des métastases peuvent apparaître sur des tumeurs pourtant très petites.
Examen clinique
Le diagnostic positif du mélanome uvéal repose sur l'examen du fond d'œil dilaté qui peut se faire à la lentille de Volk ou à l'ophtalmoscope binoculaire indirect. Les mélanomes du corps ciliaire peuvent être plus difficiles à détecter en raison de leur situation rétro-irienne et nécessitent un examen au verre à trois miroirs.
Les mélanomes choroïdiens ont au début une forme en dôme (75 %) [ 27] plus ou moins ovalaire (fig. 13-21
Fig. 13-21
a, b. Mélanome choroïdien avec forme en dôme.
). Lorsque la tumeur pénètre la membrane de Bruch, ils acquièrent une forme en champignon caractéristique (20 % des cas). Enfin, dans environ 5 % des cas, il s'agit d'une forme infiltrante. La pigmentation peut être variable, de couleur très noire à marron clair (55 %), parfois hétérogène (30 %), certaines tumeurs pouvant être totalement achromes (15 %) (fig. 13-22,
Fig. 13-22
a–c. Petit mélanome achrome sus-maculaire. Noter la différence de couleur sur les deux types d'imagerie (a, b).
fig. 13-23
Fig. 13-23
a, b. Mélanome choroïdien avec une partie achrome et une partie pigmentée avec pigment orange.
).
Dans les tumeurs en champignon, on retrouve souvent un champignon achrome mais une pigmentation nette au niveau de la base (fig. 13-24,
Fig. 13-24
a, b. Mélanome choroïdien avec une forme en champignon.
fig. 13-25
Fig. 13-25
Mélanome choroïdien achrome (a) avec une forme en champignon en échographie (b). Indication à réaliser une irradiation par protons et une endorésection de la cicatrice.
). Un envahissement rétinien peut se produire au sommet du champignon, donnant un aspect festonné caractéristique.
Un décollement de rétine associé à la tumeur est fréquent. Le plus souvent, il est localisé autour de la tumeur, mais parfois il existe un véritable décollement de rétine exsudatif de toute la rétine inférieure. Une hémorragie intravitréenne est possible, d'importance variable, pour les tumeurs de plus de 4 mm d'épaisseur. Dans ce cas, la tumeur n'est pas visible au fond d'œil mais diagnostiquée par l'échographie.
Dans les formes très évoluées avec des tumeurs volumineuses, un glaucome néovasculaire est parfois révélateur. Pour les tumeurs antérieures à l'équateur, il faut soigneusement examiner le bord antérieur au verre à trois miroirs pour déterminer s'il existe ou pas un envahissement du corps ciliaire car celui-ci a une valeur pronostique.
Contrairement au rétinoblastome, le mélanome uvéal n'a pas tendance à envahir le vitré. Certaines tumeurs très pigmentées peuvent s'accompagner de pigments dans le vitré, mais cela correspond le plus souvent à des macrophages bourrés de pigment et non à des cellules tumorales. L'envahissement du nerf optique est également beaucoup plus rare, mais doit être suspecté en cas d'envahissement de la papille et son extension doit être précisée par une IRM (fig. 13-26,
Fig. 13-26
a, b. Mélanome choroïdien envahissant la tête du nerf optique. Une IRM est à réaliser pour éliminer une extériorisation postérieure.
fig. 13-27,
Fig. 13-27
a. Mélanome choroïdien envahissant le nerf optique. b. Pas de nodule d'extériorisation visible en échographie.
fig. 13-28
Fig. 13-28
a–c. Mélanome choroïdien envahissant la papille avec extériorisation postérieure visible sur l'échographie (b) et l'IRM (c, flèche).
). En cas d'envahissement de la papille, il y a un risque de méningite carcinomateuse de pronostic très sombre, mais heureusement très exceptionnel.
L'extension extrasclérale est plus fréquente dans les formes évoluées avec des tumeurs volumineuses, mais peut parfois être présente avec une petite tumeur [28] (fig. 13-29,
Fig. 13-29
Mélanome ciliaire avec extériorisation achrome antérieure et envahissement de la racine de l'iris (flèche). Noter également les vaisseaux sentinelles (étoile).
fig. 13-30,
Fig. 13-30
Le mélanome peut s'extérioriser au niveau des zones de sclère plus mince.
fig. 13-31
Fig. 13-31
Très volumineuse extériorisation antérieure d'un mélanome ciliochoroïdien.
). Si elle est antérieure, elle apparaît comme une petite masse sous-conjonctivale de pigmentation variable (possiblement différente de la pigmentation de la tumeur intraoculaire), à ne pas confondre avec une tumeur conjonctivale. Si l'extension extrasclérale est postérieure, elle n'est pas visible au début et sera suspectée à l'échographie et confirmée par IRM. Les formes majeures peuvent entraîner des troubles de la motilité oculaire voire une exophtalmie.
Examens complémentaires
L'échographie B (fig. 13-32
Fig. 13-32
a. Mélanome choroïdien en champignon. b. Échographie montrant la forme en champignon, l'atténuation et l'excavation choroïdienne.
) confirme le diagnostic suspecté au fond d'œil. Elle permet de mesurer avec précision l'épaisseur de la tumeur et d'avoir une bonne idée du plus grand diamètre en orientant la sonde sous différents axes. Le mélanome choroïdien est un tissu qui atténue fortement les ultrasons, ce qui donne un aspect hypoéchogène à la base de la tumeur et un aspect d'excavation choroïdienne caractéristiques. Enfin, l'échographie permet également de détecter une éventuelle extension extrasclérale qui apparaît alors sous forme d'un nodule hypo-échogène au sein de tissus orbitaires hyperéchogènes.
Pour les mélanomes du corps ciliaire, il est préférable de réaliser une échographie UBM qui permet de mieux visualiser la tumeur et de bien déterminer ses rapports avec le tissu irien.
En cas d'envahissement de la papille, d'opacité des milieux ou de suspicion d'extension extrasclérale à l'échographie, on complétera le bilan par une IRM orbitaire. Cet examen permet de confirmer le diagnostic et la taille du mélanome uvéal, de vérifier l'intégrité du nerf optique et de confirmer ou non une possible extension extrasclérale.
L'angiographie en fluorescence n'est utile qu'en cas de doute diagnostique avec une autre pathologie comme un hématome sous-rétinien ou un hémangiome. Pour les tumeurs achromes, l'angiographie montre un aspect pathognomonique en double réseau sur les temps précoces. Sur les temps tardifs, quelle que soit la pigmentation, il y a toujours une hyperfluorescence hétérogène avec des pin points . L'angiographie au vert d'indocyanine a tout son intérêt en cas de tumeur achrome pouvant faire évoquer un hémangiome choroïdien (fig. 13-33
Fig. 13-33
Mélanome choroïdien de l'œil gauche (même patient que la fig. 13-32). a. Avant protons. b. Angiographie au vert d'indocyanine montrant une circulation intratumorale importante. c. Après protons, régression de la masse avec persistance d'un reliquat inactif.
). Elle permet de visualiser la vascularisation tumorale dans les tumeurs achromes et la dilatation des veines de drainage autour de la tumeur (voir chapitre 13.3, « Apport de l'imagerie multimodale du mélanome choroïdien » ).
La réalisation d'un OCT pour mieux visualiser le décollement séreux rétinien ou les images en autofluorescence sont plutôt utiles pour différencier un nævus suspect d'un petit mélanome (voir chapitre 13.2 ).
L'IRM orbitaire n'est en général pas utile au diagnostic, mais peut aider au bilan de l'extension locorégionale en cas d'envahissement de la papille (recherche d'une extension au niveau du nerf optique), ou en cas d'extension extrasclérale visible cliniquement ou suspectée à l'échographie.
La biopsie n'est en règle pas nécessaire pour le diagnostic, mais est indiquée pour déterminer les anomalies génétiques de la tumeur qui conditionnent son pronostic.
Le bilan d'extension est indispensable. Les métastases sont essentiellement hépatiques dans plus de 80 % des cas. Une échographie abdominale et une radiographie pulmonaire sont souhaitables, ou un scanner thoraco-abdomino-pelvien. Le TEP-scanner ou la scintigraphie au FDG peut être utile pour détecter un second cancer primitif, mais il existe des faux négatifs lorsque cet examen est réalisé pour le bilan d'un mélanome uvéal [29]. Nous lui préférons en général une échographie hépatique ou un scanner thoraco-abdomino-pelvien.
Au terme de ce bilan, on pourra classifier le mélanome selon la classification TNM.
Classification TNM
La classification TNM des cancers a été revue en 2010 par l'American Joint Committee on Cancer (AJCC) (voir tableau 13-3
Tableau 13-3
Classification TNM (selon l'American Joint Committee on Cancer [AJCC], 8 e édition)
*Le patient avait une tumeur de 14 mm de diamètre et 10,3 mm d'épaisseur.
Épaisseur (mm) Plus grand diamètre (mm)
> 15 4 4 4 4 4 4 4
12,1–15 3 3 3 3 3 4 4
9,1–12 3 3 3 3 3 * 3 4
6,1–9 2 2 2 2 3 3 4
3,1–6 1 1 1 2 2 3 4
≤ 3 1 1 1 1 2 2 4
≤ 3 3,1–6 6,1–9 9,1–12 12,1–15 15,1–18 > 18
et encadré 13-4
Encadré 13-4
Classification TNM, corps ciliaire et choroïde (selon l'AAJCC, 8 e édition)
  • pT1 : taille de la tumeur catégorie 1
    • pT1a : taille de la tumeur catégorie 1 sans envahissement du corps ciliaire ou extension extrasclérale
    • pT1b : taille de la tumeur catégorie 1 avec envahissement du corps ciliaire
    • pT1c : taille de la tumeur catégorie 1 sans envahissement du corps ciliaire mais avec extension extraoculaire ≤ 5 mm de plus grand diamètre
    • pT1d : taille de la tumeur catégorie 1 avec envahissement du corps ciliaire et extension extraoculaire ≤ 5 mm de plus grand diamètre
  • pT2 : taille de la tumeur catégorie 2
    • pT2a : taille de la tumeur catégorie 2 sans envahissement du corps ciliaire ou extension extrasclérale
    • pT2b : taille de la tumeur catégorie 2 avec envahissement du corps ciliaire
    • pT2c : taille de la tumeur catégorie 2 sans envahissement du corps ciliaire mais avec extension extraoculaire ≤ 5 mm de plus grand diamètre
    • pT2d : taille de la tumeur catégorie 2 avec envahissement du corps ciliaire et extension extraoculaire ≤ 5 mm de plus grand diamètre
  • pT3 : taille de la tumeur catégorie 3
    • pT3a : taille de la tumeur catégorie 3 sans envahissement du corps ciliaire ou extension extrasclérale
    • pT3b : taille de la tumeur catégorie 3 avec envahissement du corps ciliaire
    • pT3c : taille de la tumeur catégorie 3 sans envahissement du corps ciliaire mais avec extension extraoculaire ≤ 5 mm de plus grand diamètre
    • pT3d : taille de la tumeur catégorie 3 avec envahissement du corps ciliaire et extension extra oculaire ≤ 5 mm de plus grand diamètre
  • pT4 : taille de la tumeur catégorie 4 ou n'importe quelle tumeur avec extension extraoculaire > 5 mm
    • pT4a : taille de la tumeur catégorie 4 sans envahissement du corps ciliaire ou extension extrasclérale
    • pT4b : taille de la tumeur catégorie 4 avec envahissement du corps ciliaire
    • pT4c : taille de la tumeur catégorie 4 sans envahissement du corps ciliaire mais avec extension extraoculaire ≤ 5 mm de plus grand diamètre
    • pT4d : taille de la tumeur catégorie 4 avec envahissement du corps ciliaire et extension extraoculaire ≤ 5 mm de plus grand diamètre
    • pT4e : tumeur de toute taille avec une extension extraoculaire > 5 mm de plus grand diamètre
). La 7 e édition permet de classifier les mélanomes uvéaux en catégories (T1, T2, T3, T4) en fonction de leur plus grand diamètre et de leur épaisseur [27]. Les sous-catégories a, b et c, d et e sont déterminées en fonction des critères suivants : a, absence d'extension au corps ciliaire ou extrasclérale ; b, extension au corps ciliaire sans extension extrasclérale ; c, extension extrasclérale ≤ 5 mm de diamètre sans atteinte du corps ciliaire ; d, extension extrasclérale ≤ 5 mm avec atteinte du corps ciliaire ; et e, toute tumeur avec une extension extrasclérale de plus de 5 mm de diamètre. L'estimation du risque de métastase à 10 ans est globalement de 15 % pour les T1, de 25 % pour les T2, de 49 % pour les T3, et de 63 % pour les T4. Ce risque doit être pondéré par les sous-catégories et surtout par l'étude génomique de la tumeur.
Le diagnostic positif est en général facile pour les mélanomes de taille moyenne ou grande. En revanche, il est beaucoup plus difficile de différencier un petit mélanome d'un gros nævus et c'est un problème auquel sont fréquemment confrontés les ophtalmologistes (voir chapitre 13.2 ). Par ailleurs, à côté de la forme typique en dôme ou en champignon précédemment décrite, il existe des formes atypiques parfois très difficiles à reconnaître.
Formes cliniques
Formes infiltrantes
Les formes infiltrantes ne sont pas exceptionnelles et sont souvent trompeuses car l'épaisseur mesurée en échographie est longtemps inférieure à 2 mm, ce qui oriente à tort vers un nævus (fig. 13-34,
Fig. 13-34
Mélanome choroïdien de forme infiltrante avec un très grand diamètre.
fig. 13-35
Fig. 13-35
Mélanome choroïdien de forme infiltrante. a. Fond d'œil montrant une lésion de plus d'un cadrant. b. Échographie ; diamètre possiblement sous-estimé et épaisseur autour de 2 mm.
). Il faut se rappeler que toutes les lésions dont le diamètre est supérieur à 7 mm sont suspectes et documenter régulièrement la lésion par des photographies du fond d'œil. En cas de croissance documentée, une radiothérapie est indiquée. Dans une étude de Shields et al. sur 1751 cas de mélanome de 3 mm ou moins d'épaisseur, ceux qui ont une forme diffuse ont deux fois plus de risque de métastase [30].
Formes achromes
Les formes achromes représentent environ 15 % des tumeurs et orientent souvent vers le diagnostic de métastase. Un bilan général s'impose. En l'absence de cancer primitif retrouvé, il faut considérer la lésion comme un mélanome achrome et organiser la radiothérapie. Une biopsie transsclérale à l'aiguille à visée diagnostique réalisée lors de la chirurgie de pose de clips ou de disque permet de confirmer le diagnostic. La biopsie à l'aiguille est également utile si le patient a des antécédents de cancer avec une tumeur choroïdienne plutôt évocatrice d'un mélanome par son aspect clinique et échographique. Il faut garder à l'esprit qu'un deuxième cancer est possible.
Formes annulaires du corps ciliaire
Les mélanomes du corps ciliaire peuvent avoir un développement annulaire. Leur diagnostic est souvent tardif. En cas de mélanome du corps ciliaire même localisé, il faut toujours se méfier d'une extension annulaire qui pourrait être source de récidive si elle n'est pas incluse dans le champ d'irradiation. Les mélanomes du corps ciliaire, même s'ils ne sont pas annulaires, peuvent aussi envahir l'iris et devenir apparents au niveau de la racine de l'iris (fig. 13-36
Fig. 13-36
Mélanome du corps ciliaire envahissant l'iris de façon diffuse (flèche 1) et luxation du cristallin (flèche 2).
).
Formes de l'enfant
Les formes de l'enfant sont exceptionnelles avant 18 ans et, dans notre base de données, nous estimons sa fréquence à un cas de l'enfant pour 1 000 cas adultes. Le pronostic des mélanomes uvéaux diagnostiqués avant l'âge de 18 ans est meilleur que celui des adultes, avec une fréquence moindre de métastase [ 31 , 32].
Formes hémorragiques
Les mélanomes uvéaux peuvent saigner dans la cavité vitréenne, surtout les tumeurs en champignon de plus de 4 mm d'épaisseur (fig. 13-37
Fig. 13-37
Patient présentant une hémorragie vitréenne massive (a). Exploration IRM (b) montrant une masse (flèche 1) associée à un hématome (flèche 2). Échographie Doppler (c) montrant une masse richement vascularisée signant la présence d'un mélanome hémorragique.
). Le saignement occasionné provoque des myodésopsies et une baisse d'acuité visuelle, mais peut orienter à tort vers une pathologie vasculaire. Si le fond d'œil est difficilement explorable, il faut réaliser rapidement une imagerie par échographie, échographie Doppler et IRM.
Formes bilatérales
La présence d'un mélanome bilatéral est assez rare (fig. 13-38
Fig. 13-38
Exceptionnelle forme de mélanome bilatéral. a. Fond d'œil droit. b. Fond d'œil gauche.
). Dans une récente étude de Scott et al. [33], ces formes représenteraient 0,5 % des cas (52 cas de mélanome bilatéral pour 8915 unilatéraux). Ces mélanomes bilatéraux ne présentent aucune caractéristique particulière par rapport aux unilatéraux et le pronostic vital des patients serait le même. La présence d'un mélanome bilatéral doit faire suspecter l'existence d'une mutation constitutionnelle du gène BAP1 , bien qu'aucun cas n'ait été rapporté jusqu'à présent.
Diagnostic différentiel
L. Desjardins, N. Cassoux, L. Meyer
Choroïde
Le diagnostic différentiel du mélanome de la choroïde peut se poser avec de multiples lésions qui sont décrites en détail dans ce livre. On peut distinguer en pratique cinq situations différentes.
En présence d'une lésion pigmentée de la choroïde
Le problème récurrent et le plus difficile pour les ophtalmologistes est de différencier un nævus suspect d'un petit mélanome. L'avis d'un onco-ophtalmologiste est souhaitable dans ce contexte (voir chapitre 13.2 ).
Les autres lésions pigmentées sont des lésions bénignes : nævus bénin, hypertrophie congénitale bénigne de l'épithélium pigmentaire (fig. 13-39
Fig. 13-39
Hypertrophie congénitale de l'épithélium pigmentaire. Lésion plane, à bords nets avec atrophie en son centre.
), hamartome combiné, mélanocytome, éphélides. Ceux-ci sont en règle facilement reconnaissables à l'examen du fond d'œil. Dans tous les cas, il est souhaitable de les documenter par une photographie du fond d'œil et éventuellement une échographie (voir le paragraphe « Lésions bénignes simulant un mélanome ») (fig. 13-40
Fig. 13-40
Diagnostic différentiel : lésion pigmentée du fond d'œil.
).
L'adénocarcinome de l'épithélium pigmentaire est une tumeur maligne très noire qui reste exceptionnelle (voir chapitre 14.2 ).
En présence d'une lésion hémorragique
Il faut penser à la possibilité d'un hématome, en particulier chez les sujets âgés, diabétiques et hypertendus. Ces hématomes sous-rétiniens peuvent se voir au cours d'une dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), mais aussi en cas de néovascularisation périphérique. La vasculopathie polypoïdale choroïdienne associe un décollement séreux rétinien, une hémorragie ou un hématome intrarétinien et de nombreux exsudats [34 , 35]. Ces hématomes sous-rétiniens peuvent être très saillants et faire évoquer à tort un mélanome. En général, le tableau de ces lésions hémorragiques est assez typique, avec une baisse brutale d'acuité visuelle, des exsudats et des hémorragies prérétiniennes et parfois du vitré ainsi qu'un terrain particulier (sujet âgé, diabète, hypertension artérielle, prise d'anticoagulants). Le recours à l'imagerie est néanmoins essentiel pour éliminer un mélanome sous-jacent et guider le traitement. Dans les mélanomes, la présence de vaisseaux en échographie Doppler et la prise de contraste en IRM après injection de gadolinium intéressent la totalité de la masse jusqu'au sommet, alors qu'en cas d'hématome, ces signes sont localisés à la base (fig. 13-41,
Fig. 13-41
a, b. Masse tumorale d'allure achrome. c. Échographie Doppler montrant l'absence de vascularisation intralésionnelle : il s'agit d'un hématome.
fig. 13-42,
Fig. 13-42
Diagnostic différentiel de mélanome : hématome sous-rétinien chez un patient sous anticoagulant (a). L'échographie Doppler (b) ne montre pas de vascularisation de la masse.
fig. 13-43
Fig. 13-43
a. Hématome sous-rétinien pseudo-tumoral sur DMLA. b. La surveillance montre une régression progressive de l'hématome.
).
En présence d'une lésion achrome
Les lésions inflammatoires, les hémangiomes et les ostéomes sont vus chez des patients plus jeunes que pour les mélanomes, alors que les calcifications choroïdiennes et les choriorétinopathies exsudatives sont vues chez des patients en règle plus âgés (fig. 13-44
Fig. 13-44
Diagnostic différentiel : lésion achrome du fond d'œil.
) [ 36].
Il faut avant tout éliminer une métastase (tableau 13-2
Tableau 13-2
Mélanome achrome versus métastase .
Mélanome achrome Métastase
Antécédents Nævus choroïdienMélanose oculaireMutation BAP1 CancerAltération de l'état général, tabagisme, amaigrissement
Symptômes Phosphènes, baisse de l'acuité visuelle, scotomeAmputation du champ visuel Idem + douleurs
Évolution Plus lente au débutRapide ensuite Rapide avec décollement de rétine +++
). C'est facile quand les métastases sont multiples et bilatérales dans un contexte de cancer métastatique. C'est plus difficile en cas de métastase unique révélatrice, ce qui est particulièrement fréquent dans le cancer du poumon [37]. La réalisation d'un scanner thoraco-abdomino-pelvien, d'une mammographie et d'une IRM cérébrale est indispensable (voir chapitre 13.5 ).
Toujours en présence d'une lésion achrome, il faut penser à la possibilité d'un hémangiome choroïdien . L'aspect clinique avec une couleur orangée caractéristique est le plus souvent suffisant, mais sera confirmé par une angiographie au vert d'indocyanine et une échographie (voire au chapitre 13.4, « Hémangiome choroïdien circonscrit » ).
Les ostéomes choroïdiens , même s'ils peuvent donner lieu à une pigmentation réactionnelle en surface, sont facilement reconnus en échographie [ 38], de même que les calcifications choroïdiennes idiopathiques [39].
Les sclérites postérieures peuvent prendre un aspect pseudotumoral [ 40], mais sont accompagnées de signes inflammatoires. On en observe parfois dans la sarcoïdose, la syphilis, la tuberculose [ 41].
Les lymphomes choroïdiens sont très différents des lymphomes primitifs oculocérébraux. En général, ils surviennent chez des patients suivis pour un lymphome non hodgkinien, mais ils en sont parfois la première manifestation. On constate la présence de masse(s) achrome(s) unique(s) ou multiple(s) parfois infiltrante(s). L'aspect clinique des lymphomes malins n'est pas différent de celui observé dans les hyperplasies lymphoïdes bénignes [42]. Il faut rechercher une localisation conjonctivale qui pourrait éventuellement être biopsiée et faire un bilan général pour diagnostiquer un éventuel lymphome viscéral ou ganglionnaire. En cas de doute persistant, seule la biopsie choroïdienne va trancher [ 43].
En présence d'une opacité des milieux
Il faut toujours penser à la possibilité d'un mélanome et ne pas faire de geste chirurgical sans bilan échographique préalable.
En présence d'un glaucome unilatéral
Il faut toujours évoquer la possibilité d'un mélanome, en particulier s'il existe des modifications pigmentaires de l'iris [ 44].
Particularités des localisations du corps ciliaire
Le léiomyome est une tumeur bénigne rare qui se développe plus souvent au niveau du corps ciliaire et peut cliniquement simuler un mélanome. Ces tumeurs sont souvent volumineuses au diagnostic et c'est le plus souvent l'histologie qui fait le diagnostic.
Les adénomes du corps ciliaire sont des tumeurs extrêmement rares reconnaissables à leur surface lisse et à leur coloration blanche.
Le syndrome d'effusion uvéale (fig. 13-45
Fig. 13-45
Syndrome d'effusion uvéale ou décollement choroïdien. a, b. Fond d'œil montrant un décollement choroïdien circonférentiel. c. En échographie, décollement anéchogène de la choroïde.
) peut simuler un mélanome, mais il est polylobé, transilluminable et hypo-échogène en échographie (voir plus loin « Autres tumeurs du corps ciliaire »).
Que faire quand le diagnostic du mélanome uvéal est confirmé ?
Lorsque le diagnostic est avéré, il est important, avant d'envisager la prise en charge thérapeutique, que le patient soit averti du diagnostic par son ophtalmologiste. L'annonce d'une maladie cancéreuse est difficile, mais il est important pour le patient de « digérer » cette information avant d'être adressé dans un centre spécialisé. Nous constatons régulièrement que les patients qui n'ont pas été informés sont en quelque sorte sidérés par l'annonce du diagnostic et ont beaucoup de mal à entendre les informations qui leur sont délivrées sur le déroulé du traitement, les complications éventuelles et le risque métastatique.
Lésions bénignes pouvant simuler un mélanome uvéal
Mélanocytome
N. Cassoux
Généralités
Le mélanocytome est une tumeur bénigne que l'on peut comparer à un nævus mélanocytaire, mais situé dans la majorité des cas sur la papille. L'histologie de cette lésion a été décrite en 1962 par Zimmerman. L'histologie confirme la nature bénigne. La lésion est composée de cellules ovoïdes dont le cytoplasme est saturé en mélanosomes. La lésion présente des signes de nécrose, d'où l'appellation de nævus magnocellulaire .
Selon la série de Shields sur 115 patients, l'âge médian de découverte est de 52 ans [ 45]. Les femmes représentent 62 % des cas. Les patients sont caucasiens dans la majorité des cas et un mélanocytome peut être diagnostiqué chez un sujet noir dans 29 % des cas. Le diagnostic est souvent fortuit à l'occasion d'un fond d'œil, la lésion étant le plus souvent asymptomatique. Cela explique l'âge de découverte car la lésion est probablement apparue beaucoup plus tôt. Parfois, le patient peut consulter pour une baisse de l'acuité visuelle ou une amputation du champ visuel en raison des complications pouvant émailler l'évolution très lente de cette lésion [ 45].
Clinique
Cliniquement, il s'agit d'une tumeur très pigmentée localisée au niveau de la papille dans 40 % des cas avec une invasion possible de la rétine (le pigment envahit les fibres optiques, donnant un aspect caractéristique en plume de canard – fig. 13-46
Fig. 13-46
a, b. Mélanocytome du nerf optique avec invasion des fibres optiques en « plume de canard ».
) dans 6 % des cas, ou de la choroïde juxtapapillaire dans 54 % des cas, voire les deux dans 24 % des cas (fig. 13-47,
Fig. 13-47
a, b. Mélanocytome du nerf optique. Croissance lente de la lésion sur 15 ans.
fig. 13-48,
Fig. 13-48
Volumineux mélanocytome du nerf optique avec modification atrophiques maculaire (a) et impact sur le champs visuel Goldmann (b).
fig. 13-49
Fig. 13-49
Mélanocytome de la choroïde sur la rétinophotographie (a). On note une lésion très pigmentée avec un aspect en plumes de canard, la dispersion de pigment dans le vitré et l'atrophie de l'aire maculaire. En angiographie à la fluorescéine (b), la lésion masque les vaisseaux rétiniens. En échographie (c), la lésion est hyperéchogène.
). On peut également noter des cellules pigmentées dans la cavité vitréenne en regard ou à distance de la lésion. Il n'a pas été décrit de forme achrome. La lésion est le plus souvent de petite taille, avec un diamètre moyen de 2 mm et une épaisseur moyenne de 1 mm. On peut retrouver associés un décollement séreux rétinien, des exsudats secs, des hémorragies et des signes d'occlusion vasculaires essentiellement veineuses.
Parmi les rares complications pouvant induire une baisse de l'acuité visuelle, on peut citer l'apparition d'une membrane néovasculaire. Quelques cas cliniques rapportent cette complication qui peut répondre aux injections intravitréennes d'anti-VEGF ou à une photothérapie dynamique. On peut également citer un œdème papillaire, une exsudation rétinienne touchant la macula, un décollement exsudatif rétinien maculaire.
L'atteinte du champ visuel est classique, mais n'est pas forcément symptomatique. On peut détecter un élargissement de la tache aveugle dans 32 % des cas et une amputation quadranopsique dans 24 % des cas. Ces anomalies du champ visuel sont mal élucidées et peuvent correspondre soit à une compression des fibres optiques, soit à des occlusions capillaires, soit aux deux. Une étude récente en OCT-A serait en faveur d'une origine vasculaire [46]. Ces atteintes du champ visuel peuvent induire une baisse irréversible de la vision.
La lésion évolue très lentement avec une augmentation de taille sur des années. La nécrose brutale de la lésion peut induire une importante baisse de la vision.
Examens complémentaires
En échographie, la lésion est hyperéchogène, ne dépassant pas 3 mm d'épaisseur. En angiographie, il n'y a pas de signes spécifiques ; la lésion est hypofluorescente. Cet examen peut être utile dans certaines complications néovasculaires. L'IRM montre une lésion dense de la tête du nerf optique de petite taille, atteignant la portion prélaminaire de la papille sans imprégnation de gadolinium. En OCT, la lésion est surtout hyporéflective [ 47]. L'examen en autofluorescence montre une absence totale de fluorescence (contrairement à ce qui s'observe dans un nævus ou un mélanome [48].
Surveillance
On propose généralement une surveillance annuelle. La lésion va évoluer très lentement pendant toute la vie du patient, le plus souvent sans induire de problème visuel, mais dans quelques cas, la nécrose de la lésion peut induire une occlusion veineuse sévère et une perte visuelle irréversible. La surveillance permet également de détecter une transformation maligne en mélanome très rare (2 cas sur 115 dans la série de Shields [45]).
Localisations plus rares
Plus rarement, la lésion peut se localiser au niveau de la choroïde, où elle prend l'aspect d'un nævus fortement pigmenté et il est donc difficile de distinguer ces deux entités. La présence d'une invasion des fibres optiques est un bon signe du diagnostic de mélanocytome ainsi que sa croissance très longue sur plusieurs années. Le mélanocytome peut également se localiser au niveau du corps ciliaire où il est difficile de le distinguer d'un nævus. Shields a décrit un mélanocytome choroïdien diffus chez un enfant avec nævus d'OTA [49] et nous avons observé un cas similaire à l'Institut Curie.
Conduite à tenir
La lésion doit être surveillée une fois par an pour dépister les complications, la plus grave étant la transformation maligne qui reste exceptionnelle dans moins de 1 % des cas. La surveillance doit comprendre une acuité visuelle, des photographies du fond d'œil et une échographie B si possible.
Diagnostic différentiel
Le diagnostic différentiel est représenté par le mélanome uvéal envahissant la papille, l'hyperplasie congénitale de l'épithélium pigmentaire péripapillaire, les angiomes.
Les éphélides ou mélanocytose choroïdienne isolée
N. Cassoux
Il s'agit d'une hyperpigmentation choroïdienne en patch, unilatérale, sans autres signes habituellement associé au nævus d'Ota. Cliniquement, la choroïde est hyperpigmentée sur un secteur, la lésion est plane, l'imagerie multimodale montre une choroïde et une rétine normales (fig. 13-50
Fig. 13-50
Éphélides ou pigmentation choroïdienne bénigne. a. Hyperpigmentation de l'aire maculaire plane. b. Absence de lésion visible en angiographie à la fluorescéine, choroïde et rétine normales en OCT.
Source : Dr Florence Ribeaudeau.
) [ 50].
La surveillance est annuelle car cette anomalie bénigne peut dans de rares cas se compliquer de mélanome choroïdien.
Prolifération bilatérale diffuse des mélanocytes uvéaux
L. Meyer
Introduction
La prolifération bilatérale diffuse des mélanocytes uvéaux (PBDMU) est un syndrome paranéoplasique rare se caractérisant par une baisse de vision associée à une prolifération de mélanocytes choroïdiens dans un contexte de néoplasie systémique. Le nombre de cas rapportés dans la littérature a augmenté ces dernières années en raison d'une meilleure connaissance de la pathologie et de l'amélioration de la survie des patients atteints de cancer [51]. La PBDMU est associée à une grande variété de néoplasies primitives avec cependant une nette prédominance des carcinomes urogénitaux chez la femme (69 % des cas) et des carcinomes pulmonaires chez l'homme (52 % des cas) [52].
Sur une série de 59 cas, la PBDMU a été révélatrice ou synchrone de la néoplasie primitive dans 48 % des cas. Dans 44 % des cas, la tumeur primitive était connue et dans 9 % des cas, celle-ci n'a pu être mise en évidence [53].
Clinique
Cliniquement, les patients présentent une baisse d'acuité visuelle progressive et bilatérale sans douleurs, parfois accompagnée de métamorphopsies en rapport avec un décollement séreux maculaire.
Gass décrit cinq signes cardinaux de ce syndrome [53] :
  • multiples taches rondes, discrètement rougeâtres au niveau de l'épithélium pigmentaire du pôle postérieur (fig. 13-51
    Fig. 13-51
    Prolifération bilatérale diffuse des mélanocytes uvéaux. a. Rétinographie : taches rondes discrètement rougeâtres au niveau de l'épithélium pigmentaire (flèche blanche). b. Angiographie fluorescéinique : mêmes taches précocement hyperfluorescentes.
    ) ;
  • multiples foyers précocement hyperfluorescents correspondant à ces taches (voir fig. 13-51
    Fig. 13-51
    Prolifération bilatérale diffuse des mélanocytes uvéaux. a. Rétinographie : taches rondes discrètement rougeâtres au niveau de l'épithélium pigmentaire (flèche blanche). b. Angiographie fluorescéinique : mêmes taches précocement hyperfluorescentes.
    ) ;
  • développement plus tardif et multifocal de tumeurs uvéales pigmentées et dépigmentées et épaississement diffus du tractus uvéal ;
  • décollement de rétine exsudatif ;
  • cataracte rapidement progressive (fig. 13-52
    Fig. 13-52
    Prolifération bilatérale diffuse des mélanocytes uvéaux (syndrome paranéoplasique) touchant les deux yeux avec infiltration des deux iris par une prolifération pigmentée, cataracte blanche, fond d'œil inaccessible chez une patiente atteinte de cancer gynécologique. La patiente présente une cécité définitive, les deux rétines étant décollées. a. Œil droit. b. Œil gauche.
    ).
Examens complémentaires
L'imagerie multimodale avec la rétinographie ultra grand champ, l'angiographie fluorescéinique grand champ et l'OCT en mode EDI ( enhanced depth imaging ) ou swept source présentent un intérêt certain dans l'établissement du diagnostic et l'évaluation de l'extension de la PBDMU.
La rétinographie couleur ultra grand champ montre les multiples lésions pigmentées et leur extension en périphérie alors que l'angiographie grand champ met en évidence l'aspect ponctué dit « en peau de girafe » peu visible au fond d'œil [54] (fig. 13-53
Fig. 13-53
Prolifération bilatérale diffuse des mélanocytes uvéaux avant apparition de tumeurs pigmentées multifocales. a. Rétinographie grand champ. b. Angiographie à la fluorescéine grand champ œil droit et œil gauche : aspect en peau de girafe.
).
L'OCT EDI retrouve un épaississement diffus de la choroïde, un décollement séreux du neuro-épithélium et des foyers d'atrophie de l'épithélium pigmentaire alternant avec des foyers d'hypertrophie de l'épithélium pigmentaire [ 54] (fig. 13-54
Fig. 13-54
Prolifération bilatérale diffuse des mélanocytes uvéaux. a. OCT-SD : décollement séreux rétinien (flèche verte), hypertrophie de l' épithélium pigmentaire (EP ; flèche rouge), atrophie de l'EP (flèche bleue). b. OCT-SDI : épaississement choroïdien avec aspect de pachychoroïde (barre jaune). c. Échographie B : épaississement choroïdien (barre jaune).
).
Autres
Quelques cas de tuméfactions pigmentées ou de kystes du corps ciliaire et de l'iris associés à une prolifération bilatérale diffuse des mélanocytes uvéaux ont été décrits [55].
Une pigmentation extraoculaire est retrouvée dans 7 cas au niveau de la peau, 7 cas au niveau des muqueuses buccales, vaginales, rectales, trachéales, péniennes, palatines, et dans un cas au niveau de la conjonctive [56].
La distinction de la PBDMU avant et après l'apparition des tumeurs multifocales pigmentées de la choroïde présente un intérêt certain pour le diagnostic différentiel (encadré 13-1
Encadré 13-1
Diagnostics différentiels de la prolifération bilatérale diffuse des mélanocytes uvéaux
Avant développement des tumeurs pigmentées multifocales
  • Syndrome d'effusion uvéale
  • Lymphome oculocérébral, carcinome métastatique, leucémie
  • Choroïdite multifocale, épithéliopathie en plaques, sarcoïdose, uvéite sympathique
  • Hyperplasie bénigne lymphocytaire du tractus uvéal
  • Sclérite postérieure
Après développement des tumeurs pigmentées multifocales
  • Mélanome métastatique
  • Nævi choroïdiens multiples
  • Hypertrophie de l'épithélium pigmentaire multifocale
  • Hématomes sous-rétiniens multiples
).
Prise en charge
La prise en charge des PBDMU passe par l'identification et le traitement de la tumeur primitive et des métastases avec, fréquemment, une régression des symptômes et une amélioration de la fonction visuelle.
Divers traitements de la PBDMU ont été entrepris tels que la radiothérapie, la corticothérapie locale et générale, la vitrectomie et les injections intravitréennes de méthotrexate ou d'immunoglobulines sans succès.
La plasmaphérèse semble la procédure la plus efficace en termes de gain d'acuité visuelle [57]. Le but de la plasmaphérèse est de diminuer la concentration des anticorps et en particulier les fragments d'IgG, dénommés facteurs d'élongation et de prolifération de mélanocytes en culture ( cultured melanocyte elongation and proliferation [CMEP]) qui stimulent la prolifération des cellules mélanocytaires cutanées et uvéales.
Décollement choroïdien
L. Meyer
Introduction
Les mécanismes à l'origine de la formation d'un décollement choroïdien sont multiples [58]. Celui-ci peut compliquer une atteinte inflammatoire (uvéite chronique, sclérite), avoir une origine hydrostatique (nanophtalmie, forte hypermétropie, fistule carotidocaverneuse), combiner les deux mécanismes physiopathogéniques (post-chirurgical : trabéculectomie, chirurgie de la cataracte, compression ou section d'une veine vortiqueuse au cours d'une chirurgie de décollement de rétine). Le décollement choroïdien peut être idiopathique et entrer dans le cadre nosologique d'un syndrome d'effusion uvéale . Il peut être hémorragique et être la conséquence d'une rupture vasculaire.
Clinique
Le décollement exsudatif de la choroïde se présente sous la forme d'une masse sous-rétinienne lobulaire ou multilobulaire voire annulaire, le plus souvent pré-équatoriale et peut poser un problème de diagnostic différentiel avec un mélanome ciliochoroïdien en raison de son aspect et de sa coloration (fig. 13-55
Fig. 13-55
Décollement séreux de la choroïde.Masse sous- rétinienne lobulaire.
).
Une anamnèse (antécédents chirurgicaux) et un examen clinique précis (recherche d'une forte hypermétropie, signes de sclérite antérieure ou d'uvéite) orientent vers le diagnostic de décollement choroïdien. Un décollement séreux de la choroïde est transilluminable, à la différence d'une tumeur choroïdienne.
Examens complémentaires
L'échographie B permet le plus souvent d'affirmer le diagnostic avec une choroïde épaissie délimitant un espace acoustiquement vide correspondant au liquide suprachoroïdien (fig. 13-56
Fig. 13-56
Décollement séreux de la choroïde.Échographie B. Décollement choroïdien acoustiquement vide.
).
À l'angiographie fluorescéinique , le décollement apparaît hypofluorescent aux temps précoces et intermédiaires et discrètement hyperfluorescent par imprégnation aux temps tardifs (fig. 13-57a
Fig. 13-57
Décollement séreux de la choroïde. Angiographie fluorescéinique. a. Plis choriorétiniens. b. Hypofluorescence avec début d'imprégnation aux temps tardifs.
). L'examen mettra le plus souvent en évidence des plis choriorétiniens évocateurs de cette pathologie (fig. 13-57b
Fig. 13-57
Décollement séreux de la choroïde. Angiographie fluorescéinique. a. Plis choriorétiniens. b. Hypofluorescence avec début d'imprégnation aux temps tardifs.
). Une IRM peut compléter le bilan en ne montrant pas de prise de contraste par la lésion après injection de gadolinium.
L'établissement du diagnostic peut s'avérer plus difficile en cas de décollement hémorragique choroïdien qui est non transilluminable et plus échogène en échographie B. L'IRM peut s'avérer déterminante dans ce cas précis, le décollement hémorragique ne se rehaussant pas après injection du produit de contraste.
Prise en charge
Le traitement du décollement séreux choroïdien est étiologique : observation périodique, mise en place d'un point de suture en cas de Seidel sur une incision de phaco-exérèse ou de fuites sur orifices de sclérotomie après vitrectomie postérieure, reprise d'une fistule de trabéculectomie, traitement d'un décollement de rétine compliquée d'un décollement choroïdien, arrêt de certains traitements médicaux à l'origine d'un décollement choroïdien (immunothérapie), corticothérapie pas voie générale notamment pour une sclérite ou une uvéite compliquée de décollement choroïdien ou un syndrome d'effusion uvéale idiopathique.
Plus rarement, une sclérectomie de pleine épaisseur voire une décompression des veines vortiqueuses peuvent s'avérer nécessaires devant un syndrome d'effusion uvéale idiopathique résistant au traitement médical en prenant le soin d'éliminer préalablement un mélanome choroïdien.
Sclérite nodulaire postérieure
L. Meyer
Introduction
Les sclérites postérieures sont des entités souvent méconnues compte tenu de leur faible incidence et de leur présentation clinique protéiforme. Elles représentent 10 % de l'ensemble des sclérites et sont associées à une maladie systémique dans un tiers des cas [ 59].
La sclérite nodulaire postérieure peut mimer une tumeur achrome de la choroïde et en particulier un mélanome achrome . Pouvoir les différencier peut s'avérer difficile. En effet, dans une série de 400 patients adressés à un centre d'onco-ophtalmologie pour mélanome choroïdien, 1,5 % présentaient une sclérite nodulaire postérieure [60].
La sclérite nodulaire postérieure touche préférentiellement les femmes ; elle est unilatérale et l'âge moyen de découverte est de 49 ans [59].
Clinique
La présentation clinique d'une sclérite postérieure est celle d'un œil le plus souvent douloureux, notamment lors des mouvements du globe oculaire, avec de manière variable un tableau de sclérite antérieure.
Au fond d'œil la sclérite se présente le plus souvent comme une masse sous-rétinienne, en dôme, non pigmentée, de teinte jaune-orangé (fig. 13-58a
Fig. 13-58
Sclérite nodulaire postérieure. a. Image ophtalmoscopique : masse achrome sous-rétinienne temporale inférieure (flèche). b. Échographie B : épaississement scléral et infiltration liquidienne sous-ténonienne en regard. c, d. Images angiographiques au vert d'indocyanine : hypocyanescence aux temps précoce et intermédiaires de la lésion sclérale.
Source : Dr C. Maschi, CHU de Nice.
), parfois associée à des plis choriorétiniens et à un décollement séreux rétinien. En aucun cas l'aspect au fond d'œil ne suffit à poser le diagnostic.
Examens complémentaires
Les examens complémentaires constituent une aide précieuse au diagnostic différentiel.
La lésion est transilluminable, contrairement au mélanome choroïdien.
L'OCT peut contribuer au diagnostic lorsque la masse sous-rétinienne n'est pas trop épaisse en montrant une configuration normale du réseau vasculaire choroïdien, éliminant ainsi une tumeur de la choroïde. Il peut mettre en évidence un effet de masse sous-rétinien, des plis choriorétiniens et du liquide sous-rétinien.
En angiographie fluorescéinique , la sclérite apparaît hypofluorescente, par effet masque, avec parfois quelques points de diffusion du colorant souvent périphériques à la lésion. En angiographie, au vert d'indocyanine , la lésion est le plus souvent hypocyanescente et sans aspect de double circulation (fig. 13-58c, d
Fig. 13-58
Sclérite nodulaire postérieure. a. Image ophtalmoscopique : masse achrome sous-rétinienne temporale inférieure (flèche). b. Échographie B : épaississement scléral et infiltration liquidienne sous-ténonienne en regard. c, d. Images angiographiques au vert d'indocyanine : hypocyanescence aux temps précoce et intermédiaires de la lésion sclérale.
Source : Dr C. Maschi, CHU de Nice.
).
L'examen clé est sans aucun doute l'échographie B qui met en évidence un épaississement scléral hyperéchogène, une infiltration liquidienne de l'espace sous-ténonien et l'absence de cône d'ombre tumoral [61] (fig. 13-58b
Fig. 13-58
Sclérite nodulaire postérieure. a. Image ophtalmoscopique : masse achrome sous-rétinienne temporale inférieure (flèche). b. Échographie B : épaississement scléral et infiltration liquidienne sous-ténonienne en regard. c, d. Images angiographiques au vert d'indocyanine : hypocyanescence aux temps précoce et intermédiaires de la lésion sclérale.
Source : Dr C. Maschi, CHU de Nice.
).
À l'IRM, les caractéristiques des nodules de sclérite diffèrent de celles des mélanomes choroïdiens. La lésion est hypo-intense voire iso-intense par rapport au vitré dans les séquences pondérées en T1, et hypo-intense en séquences pondérées en T2 avec un signal non rehaussé après injection de gadolinium [62].
Devant une formation tumorale achrome, de présentation atypique, une étiologie inflammatoire doit être suspectée. Un bilan étiologique est réalisé et comprend des examens biologiques sanguins orientés par l'interrogatoire et l'examen clinique général. Ce bilan peut être complété par des biopsies tissulaires conjonctivales, sclérales et orbitaires avec analyse immunohistologique. Un TEP-scan peut compléter le bilan pour éliminer une atteinte polysystémique.
Le bilan de la sclérite nodulaire postérieure conduit à trois grandes catégories étiologiques : maladies systémiques (30 % des cas), infections (10 %), idiopathiques (60 %) [63].
Dans les maladies systémiques, une atteinte liée aux IgG4 doit être recherchée.
Cette entité pathologique de découverte relativement récente entre dans le cadre des proliférations lymphoplasmocytaires bénignes. Elle est de plus en plus décrite dans les atteintes inflammatoires de la glande lacrymale, de l'orbite et de la sclère [64-65-66].
Prise en charge
Le traitement des sclérites infectieuses est étiologique. Pour les sclérites non infectieuses, on propose un traitement systémique dont l'éventail comprend les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), les corticoïdes, les immunosuppresseurs et les biothérapies.
Le choix thérapeutique est guidé principalement par la gravité de l'atteinte oculaire et la présence d'une étiologie spécifique. Il peut se décliner en lignes de traitement.
En cas de suspicion de sclérite nodulaire postérieure idiopathique mimant une tumeur intraoculaire, le traitement anti-inflammatoire peut, en favorisant la régression de la lésion nodulaire, confirmer le diagnostic.
Autres tumeurs du corps ciliaire
N. Cassoux
Introduction
Le corps ciliaire a une double origine embryologique, crête neurale et mésoderme, donnant le muscle ciliaire, les mélanocytes, le stroma et l'endothélium vasculaire, et l'ectoderme donnant les épithéliums non pigmenté et pigmenté. Le corps ciliaire est essentiellement composé d'une base musculaire, sur laquelle s'insèrent des digitations conjonctivo-vasculaires appelées procès ciliaires qui sont recouvertes d'un double épithélium ciliaire.
Le corps ciliaire est assez abondement innervé par le système nerveux autonome. Il est richement vascularisé par le grand cercle et le petit cercle artériel de l'iris issus des artères ciliaires longues et des artères ciliaires antérieures. La base du corps ciliaire est essentiellement constituée de divers faisceaux musculaires, responsables notamment de l'accommodation. Les procès ciliaires, au nombre de 60 à 80 chez l'homme, recouverts d'un épithélium bistratifié, sont responsables de la formation de l'humeur aqueuse.
Cette grande variété tissulaire peut expliquer la variété des différentes tumeurs bénignes ou malignes pouvant affecter le corps ciliaire.
On peut y observer des tumeurs mélanocytaires (nævus, mélanocytome, mélanome), des tumeurs épithéliales (médulloépithéliome, kystes épithéliaux) et des adénomes ou, exceptionnellement, des adénocarcinomes [ 67]. Les tumeurs mélanocytaires sont traitées plus haut dans ce sous-chapitre (voir le paragraphe « Mélanocytome »).
Médulloépithéliome
Le médulloépithéliome intraoculaire est une tumeur congénitale du corps ciliaire présente dès la naissance. La tumeur se manifeste de façon symptomatique dans la première décennie de vie dans 75 % des cas, plus rarement à l'âge adulte. Le diagnostic est souvent retardé, la tumeur se manifestant au niveau du corps ciliaire et plus rarement au niveau de l'iris [ 68]. Le diagnostic est fait dans la moitié des cas après constatation d'une modification de la couleur de l'iris (glaucome néovasculaire), d'une leucocorie liée à une cataracte ou une masse blanche dans l'aire pupillaire, d'un envahissement de la chambre antérieure avec nodules au niveau de l'iris, d'un aspect d'« uvéite ». L'atteinte est dans la grande majorité des cas unilatérale (fig. 13-59,
Fig. 13-59
Tumeur du corps ciliaire achrome chez une enfant de 4 ans avec défaut de fibres zonulaires en regard et aspect de luxation du cristallin.
fig. 13-60,
Fig. 13-60
a. Forme diffuse de médulloépithéliome de l'enfant avec aspect de fausse membrane cyclitique, kyste flottant (étoile), rubéose de l'iris, encoche cristallinienne (astérisque). b. Histologie du globe confirmant le diagnostic.
fig. 13-61
Fig. 13-61
Médulloépithéliome touchant plus de la moitié du corps ciliaire chez une enfant de 5 ans. On note les nombreuses encoches dans le cristallin et les kystes et cellules tumorales sur le cristallin.
).
Clinique et bilan
Les formes bilatérales sont exceptionnelles. L'examen ophtalmologique permet de retrouver dans les formes localisées une masse ciliaire achrome avec kystes intralésionnels [69]. L'IRM montre une tumeur prenant le gadolinium [ 70]. Il existe parfois un envahissement de l'iris. Dans les formes plus diffuses, la masse ciliaire est plus difficile à observer car infiltrant le corps ciliaire sur la circonférence. On peut repérer la localisation de la tumeur ciliaire cliniquement par la présence d'encoches dans le cristallin. Ces encoches quasi pathognomoniques sont liées à l'absence de fibres zonulaires en regard de la lésion et à la croissance dysharmonieuse du cristallin. Ces formes diffuses peuvent s'accompagner de kystes tumoraux flottant dans la chambre antérieure, d'un Tyndall cellulaire, d'un aspect de membrane cyclitique dans l'aire pupillaire non inflammatoire ou d'un glaucome néovasculaire [68]. Le médulloépithéliome peut se compliquer d'une membrane néovasculaire rétrolentale qui peut compliquer le diagnostic. Le bilan comprend un examen ophtalmologique complet sous narcose, une échographie UBM et éventuellement une IRM. Les formes en dehors du corps ciliaire comme les localisations orbitaires ou du nerf optiques sont exceptionnelles [71].
Afin d'affirmer le diagnostic pour les formes diffuses, une ponction de chambre antérieure permet de retrouver les cellules tumorales. Pour les formes localisées, si le volume le permet, on peut réaliser une chirurgie locale par iridocyclectomie. On peut également réaliser une ponction transsclérale ou faire le diagnostic sur un globe énucléé [ 72].
Sur le plan histologique, il s'agit de tumeurs de l'épithélium ciliaire qui peuvent être bénignes, dites tératoïdes (associées à du tissu de type cartilage) ou malignes. La tumeur maligne est constituée de cellules neuro-épithéliales associées à des neuroblastes indifférenciés pouvant s'agencer comme le rétinoblastome en rosettes. La présence de ces cellules neuro-épithéliales signe le diagnostic de médulloépithéliome [73].
Dans le bilan, il faudra également rechercher une mutation germinale du gène DICER1 qui peut favoriser la survenue de médulloépithéliome et d'autres tumeurs comme le pleuropneumoblastome [69 , 74].
Prise en charge
Du fait de la rareté de cette tumeur de l'enfant, les erreurs de traitement sont courantes (88 % dans la série de Kaliki et al. [68]). Des chirurgies de glaucome ou de cataracte peuvent être réalisées alors que la maladie n'est pas diagnostiquée, aboutissant à des rechutes extériorisées et un risque de métastases [68].
Il n'y a pas de consensus thérapeutique. La prise en charge chirurgicale repose sur une chirurgie par iridocyclectomie pour les formes localisées suivie d'une irradiation par disque d'iode ou de ruthénium en cas de confirmation de la malignité de la tumeur. On peut également irradier directement tout le volume tumoral par disque [75]. La cryoapplication a également été utilisée.
L'intérêt de réaliser une chirurgie au préalable est d'avoir un diagnostic de certitude et d'irradier un plus faible volume pour stériliser le lit d'exérèse. Cela permet de conserver une bonne acuité visuelle en diminuant les risques de rétinopathie radique. Les formes diffuses ou les tumeurs localisées de grande taille sont plus volontiers énucléées. Le traitement par chimiothérapie locorégionale (intra-artérielle et intravitréenne) est mal codifié et les résultats ne sont pas clairs en termes de bénéfice [76] (fig. 13-62,
Fig. 13-62
Tumeur iridociliaire chez une enfant de 1 an. a. Envahissement de l'iris et agénésie de la zonule avec atteinte du corps ciliaire bien visible en b) (échographie UBM).
fig. 13-63,
Fig. 13-63
Autre localisation exceptionnelle d'un médulloépithéliome du nerf optique chez un enfant de 7 ans. a. Fond d'œil montrant un nerf optique infiltré. b. IRM montrant une volumineuse masse intraconique avec indentation du globe oculaire.
fig. 13-64
Fig. 13-64
Médulloépithéliome localisé au cadran temporal supérieur du corps ciliaire. a. Au diagnostic. b. Après iridocyclectomie. c. Histologie de la pièce opératoire confirmant le médulloépithéliome malin et indiquant une irradiation complémentaire du lit d'exérèse par disque d'iode 125.
).
Le pronostic est excellent si la lésion est traitée sans récidive locale. Le pronostic est moins bon si, lors d'une chirurgie locale, il n'est pas réalisé d'irradiation complémentaire de la lésion (en cas de médulloépithéliome malin) et en cas de rechute avec extériorisation ou atteinte orbitaire. Sur l'ensemble de séries publiées par Broughton et al., les décès liés à des métastases représentent 12 % des cas.
Adénome
Les adénomes (ou Fuchs adenoma ) du corps ciliaire sont très rares et très souvent diagnostiqués au départ comme des mélanomes [67]. La littérature est pauvre, avec une grande majorité de cas cliniques [77]. La lésion est grisâtre, mais peut paraître pigmentée car recouverte de l'épithélium ciliaire et contenant des mélanosomes. Il s'agit d'une tumeur bénigne de croissance très lente, ce qui implique souvent la présence d'une cataracte de voisinage ou une luxation du cristallin. La lésion est nodulaire ou fusiforme sans signe d'envahissement des structures de voisinage (pas d'envahissement de l'angle ou de la racine de l'iris), qui peuvent cependant être refoulées. La tumeur a des bords abrupts, avec une forme en pain de sucre. Il n'y a pas de vaisseaux sentinelles comme pour un mélanome du corps ciliaire. La lésion est iso- ou hyperechogène en échographie haute fréquence. En définitive, aucun signe clinique ou échographique n'est clairement spécifique et seule l'histologie permet de faire le diagnostic [78] (fig. 13-65,
Fig. 13-65
a. Tumeur du corps ciliaire d'évolution lente achrome. b. Pièce opératoire après iridocyclectomie. c. Histologie d'adénome du corps ciliaire.
Source : Dr Jerry Shields.
fig. 13-66
Fig. 13-66
Tumeur du corps ciliaire avec cataracte au contact, plutôt achrome.
).
Une cytoponction ou une résection locale, souvent possible par iridocyclectomie, permet d'établir le diagnostic et d'éviter une radiothérapie faite en cas de doute avec un mélanome et qui, dans ce cas, serait inutile [ 79]. De plus, il est très important pour le patient de savoir si la lésion est bénigne ou maligne, car cela change la qualité de vie. Les lésions plus importantes en taille nécessitent une énucléation, surtout si on a un doute persistant avec un mélanome. L'histologie montre des vacuoles claires rondes ou ovales contenant des mucopolysaccharides entourés de cellules à large cytoplasme contenant des mélanosomes. On peut retrouver des cellules moins pigmentées constituées de larges cellules épithéliales reposant sur une membrane basale. Il n'y a pas d'atypie cytonucléaire et quelques très rares mitoses. La forme maligne ou adénocarcinome est encore plus rare et, dans ce cas, la lésion a une croissance rapide et une plus grande agressivité. Il n'a jamais été décrit de métastases [74 , 77] (fig. 13-67,
Fig. 13-67
a-d. Aspect en échographie UBM avec Doppler ; tumeur peu vascularisée.
fig. 13-68
Fig. 13-68
Après iridocyclectomie. L'histologie retrouve un adénome oxyphile.
).
Léiomyome
Il s'agit également d'une tumeur rare, bénigne, issue des muscles lisses du corps ciliaire. On dénombre 80 cas décrits dans la littérature et rassemblés dans un article de Tomar et al. [ 80]. Cette lésion est le plus souvent prise pour un mélanome du fait de la couleur, de l'aspect échographique et IRM proche du mélanome [ 80]. Il s'agit donc fréquemment d'une découverte à la suite d'une énucléation ou d'une iridocyclectomie pour mélanome. Le léiomyome est le plus souvent localisé aux procès ciliaires dans 73 % des cas ; les autres localisations sont l'iris, dans 20 % des cas, et plus rarement la choroïde, dans 6 % des cas. La lésion est découverte chez l'enfant ou l'adulte jeune sans franche prédisposition, ni de sexe ni d'origine, ou tout du moins c'est impossible à préciser au vu du nombre de cas.
L'aspect clinique est plus aspécifique, proche des autres tumeurs bénignes à croissance lente (masse refoulant l'iris, cataracte, luxation du cristallin, décollement de rétine). En échographie, la lésion a été décrite hyperéchogène, ou iso- voire hyperéchogène, n'apportant aucune aide dans le diagnostic différentiel avec le mélanome. L'IRM retrouve une masse hyperintense en T2 prenant le gadolinum. La seule façon d'établir le diagnostic est soit l'énucléation pour les tumeurs de grosse taille ou occupant tout le corps ciliaire ayant dégradé le globe oculaire, soit les biopsies selon différentes méthodes déjà décrites, soit l'iridocyclectomie ou la cyclectomie [ 81 , 82]. L'histologie retrouve des cellules fusiformes marquées à la vimentine, l'actine, la desmine et à la MSA, et négative pour Melan-A et HMB-45 [ 80] (fig. 13-69
Fig. 13-69
Masse du corps ciliaire découverte chez un jeune homme de 17 ans à la suite d'un traumatisme oculaire. a. Aspect clinique. b. IRM montrant une masse prenant le gadolinium. c. Pièce opératoire de l'iridocyclectomie. d. Histologie montrant un léiomyome (cellule d'allure musculaire, actine +, desmine +).
).
Kystes
N. Cassoux, A. Matet
Kystes épithéliaux post-chirurgicaux ou post-traumatiques
L'implantation dans la chambre antérieure de cellules épithéliales cornéennes ou conjonctivales suite à un traumatisme perforant dans plus de la moitié des cas, ou à une chirurgie intraoculaire pénétrante (greffe de cornée, cataracte, chirurgie du glaucome, de plus en plus rares avec les progrès de la chirurgie) peut aboutir à la formation d'un ou de plusieurs kystes [ 83]. Plus rarement, chez l'enfant, ces kystes sans traumatisme préexistant peuvent être congénitaux, liés à la présence de cellules épithéliales ectopiques. L'aspect est translucide ou rempli de kératine lui donnant un aspect perlé. L'aspect clinique associé à un antécédent de chirurgie est caractéristique. Certaines tumeurs très rares peuvent développer des kystes (adénome, léiomyomes, médulloépithéliome ou mélanome). Toutefois, en cas de doute, une échographie haute fréquence fera le diagnostic, avec un aspect hypo-échogène ou iso-échogène avec un aspect de grelot intrakystique. Le Doppler ne montre aucune vascularisation intralésionnelle. En cas de doute persistant, une cytoponction ou une iridocyclectomie peut s'avérer nécessaire [84].
Cliniquement, ces lésions kystiques bénignes sont très lentement évolutives sur plusieurs années. Asymptomatiques au départ, elles peuvent se compliquer d'une obstruction de l'axe visuel, d'une uvéite, ou d'un glaucome.
Le traitement est complexe. En l'absence de retentissement visuel ou d'hypertonie réfractaire, l'observation est recommandée. En cas d'obstruction de l'axe visuel ou de glaucome, une résection du kyste par aspiration peut être réalisée. Toutefois, la persistance de cellules épithéliales peut être un facteur de rechute qui sera difficile à traiter. Une tentative d'ouverture de kystes au laser Yag est possible, sous couverture de collyre hypotonisants et corticoïdes. Cette technique non invasive peut être efficace, mais est également source de récidive puisque les cellules épithéliales restent en place. Elle peut être complétée lorsque le kyste est situé en chambre antérieure par du laser argon pour détruire les cellules résiduelles. D'autres stratégies consistent en une aspiration au vitréotome du kyste et de ses parois, suivie d'un laser ou d'une cryodestruction de la base pour détruire toute cellule résiduelle [85]. Une résection en bloc avec greffe cornéoclérale a également été décrite, avec un risque élevé de complications. Certains auteurs proposent une alcoolisation des kystes réfractaires [86 , 87].
Kystes de l'épithélium ciliaire
Ces kystes peuvent être primitifs, ou secondaires à un traumatisme chirurgical. Les kystes primitifs peuvent se développer à partir de l'épithélium pigmentaire de l'iris (kystes du stroma) ou du corps ciliaire (fig. 13-70,
Fig. 13-70
Lésion iridociliaire kystique partiellement pigmentée chez un patient de 81 ans.
fig. 13-71
Fig. 13-71
Échographie UBM chez le patient présenté en fig. 13-70 , montrant une lésion kystique acoustiquement vide.
Source : Dr Godefroy Kaswin.
). Une classification anatomique distingue les kystes centraux (de la marge pupillaire au stroma de l'iris), intermédiaires (de la racine de l'iris au corps ciliaire) ou périphériques au niveau du sulcus iridociliaire. Ces kystes peuvent être présents dès l'enfance et induisent une déformation pseudo-tumorale de l'iris (fig. 13-72
Fig. 13-72
Kystes iridociliaires chez un patient de 38 ans d'apparition progressive, dont une cytoponction, puis l'analyse histologique n'a pas retrouvé de contingent cellulaire malin.
). Certains kystes peuvent se retrouver flottant dans la chambre antérieure ou le vitré.
Dans la série de Shields et al., sur 62 cas, la majorité des kystes primaires sont stables et sans complications [88]. Les kystes situés au niveau de la marge pupillaire sont de découverte fortuite, et se présentent comme une masse pigmentée. Les kystes postérieurs ou du corps ciliaire se manifestent par un bombement antérieur de l'iris (fig. 13-73
Fig. 13-73
Photographie du segment antérieur chez une patiente de 37 ans, présentant une discrète voussure irienne à 9 heures, ayant fait réaliser une échographie UBM.
) et peuvent être découverts lors d'une échographie UBM (très haute fréquence, 50 MHz) réalisée pour explorer cette déformation de l'iris (fig. 13-74
Fig. 13-74
Échographie UBM chez la patiente présentée en fig. 13-73 révélant un kyste ciliaire, entraînant une fermeture localisée de l'angle iridocornéen.
). Ces kystes peuvent induire une fermeture localisée de l'angle iridocornéen en regard ou faire porter le diagnostic d'angle étroit. Si une iridotomie périphérique au laser Yag est indiquée, il faut tenir compte de la localisation exacte des kystes, afin que l'iridotomie ne soit pas réalisée en regard d'un kyste, ce qui la rendrait inefficace. Dans certains cas, il existe un ou plusieurs kystes asymptomatiques, découverts de façon fortuite lors d'une échographie UBM (fig. 13-75
Fig. 13-75
Échographie UBM chez une patiente présentant un kyste iridociliaire mettant en évidence dans tous les quadrants, aux deux yeux, des kystes ciliaires et iridociliaires asymptomatiques, plus petits, mesurant entre 0,5 et 1 mm de diamètre.
Source : Dr Olivier Bergès.
).
Les principaux diagnostics différentiels de lésions iriennes ou ciliaires tumorales sont le mélanome cavitaire, l'adénome du corps ciliaire et le médulloépithéliome. L'échographie UBM associée au Doppler permet de distinguer un simple kyste acoustiquement vide et non vascularisé d'une lésion solide avec vascularisation intralésionnelle.
Comme les kystes épithéliaux, en l'absence de complication, le traitement repose sur l'observation. En cas de symptômes visuels ou d'hypertonie, les mêmes stratégies que celles décrites plus haut pour les kystes épithéliaux peuvent être proposées (aspiration à l'aiguille ou au vitréotome, ouverture au laser Yag, résection chirurgicale voire alcoolisation dans les cas récidivants).
Imagerie
Échographie
O. Bergès
Introduction
Après l'analyse clinique (fond d'œil, biomicroscopie), l'échographie est la première et la principale imagerie en coupe à pratiquer. Avec le temps, la sémiologie s'est fondée sur le mode A, puis sur les modes A et B, et, depuis les années 1995, sur les modes A, B et l'écho-Doppler couleur. Les différents rôles possibles de cette échographie sont : 1) la détection (ne pas passer à côté d'une tumeur derrière une hémorragie dans le vitré ou un décollement de rétine hémorragique) ; 2) la description morphologique et les mesures de la masse ; 3) l'orientation étiologique ; 4) l'extension ; 5) le suivi après traitement conservateur. La valeur prédictive de l'échographie est excellente, puisqu'elle oscille entre 5 % selon la Collaborative Ocular Melanoma Study (COMS) [89] et 5 % selon Poujol et Chaintron [90].
Pour les mesures, il convient de donner les deux diamètres orthogonaux et l'épaisseur (à mesurer sur la coupe selon le méridien). Les difficultés pour l'échographie sont représentées par l'existence d'une petite tumeur périphérique, en particulier temporale ou inférieure, et par les très volumineuses tumeurs (où l'IRM, avec les reconstructions des acquisitions 3D, est plus performante).
En faveur d'un mélanome choroïdien
L'orientation étiologique est apportée par la morphologie de la lésion, la forme en dôme (fig. 13-76
Fig. 13-76
Mélanome choroïdien Mélanome de la choroïde , forme en lentille biconvexe ou en dôme. Forme fréquente, surtout pour les petites tumeurs (diamètre de 5,4 mm, épaisseur de 2,6 mm), mais non spécifique. Noter le petit décollement de rétine associé.
) étant peu caractéristique, la forme en champignon (fig. 13-77
Fig. 13-77
Mélanome choroïdien Mélanome de la choroïde , forme en champignon. Forme plus caractéristique, surtout pour les tumeurs plus volumineuses ; les contours ressemblent à ceux d'une morille.
) étant en revanche assez caractéristique, et la forme en bouton de col (fig. 13-78
Fig. 13-78
Mélanome en bouton de col.Forme presque spécifique. La base est hypoéchogène et vascularisée, et la tête hyperéchogène, car elle contient de très nombreux vaisseaux non circulants, « étranglés » au niveau du col (rupture de la lame de Bruch), réalisant de très nombreuses interfaces. Décollement de rétine satellite.
) étant quasi spécifique. Un autre signe très évocateur est l'existence d'une excavation choroïdienne (fig. 13-79
Fig. 13-79
Excavation choroïdienne évidente.La tumeur, moins échogène que la choroïde normale (flèches blanches), l'amincit progressivement jusqu'à la faire disparaître complètement (flèche rouge).
), la tumeur composée de petites cellules serrées les unes contre les autres étant moins échogène que la choroïde qu'elle remplace.
Outre ces signes appréciables en mode B, il faut évaluer l'échogénicité, l'atténuation et la structure de la masse, au mieux en mode A standardisé. Les mélanomes sont moyennement à peu échogènes (fig. 13-80
Fig. 13-80
Hyporéflectivité en mode A standardisé, mesurée à 29 % du pic scléral.
) et fortement atténuants (fig. 13-81
Fig. 13-81
Atténuation en mode A standardisé, mesurée à 1,88 dB/mm, ce que traduit mieux l'angle kappa à 57°.
). Déjà, en mode B et en mode A, on peut souvent noter un mouvement « brownien » à l'intérieur de la lésion, correspondant aux vaisseaux circulant à l'intérieur de la masse. Mais c'est l'écho-Doppler couleur qui permet d'étudier ce signe qui est le plus fréquemment observé (dans plus de 95 % des cas) et de le quantifier, en fonction du nombre, de la disposition et de la vitesse systolique maximale (VSM) des vaisseaux. Le risque de métastase est corrélé à la taille et au stade vasculaire (fig. 13-82,
Fig. 13-82
Mélanome de petite taille – écho-Doppler couleur, vascularisation de type I, sans correction d'angle : VSM = 8,5 cm/s et IR = 0,62.
fig. 13-83,
Fig. 13-83
Mélanome de taille moyenne – écho-Doppler couleur, vascularisation de type II. Une artère avec de l'aliasing est visible (VSM = 15,8 cm/s et IR = 0,58) au pôle de la tumeur situé non loin du nerf optique et une veine (V moyenne = 3,2 cm/s) à l'opposé.
fig. 13-84,
Fig. 13-84
Volumineux mélanome sans hypertonie oculaire – écho-Doppler couleur, vascularisation de type III (VSM = 39,5 cm/s et un IR = 0,65).
fig. 13-85
Fig. 13-85
Volumineux mélanome (22 mm et épaisseur = 11,2 mm) sans flux individualisable en rapport avec une hypertonie oculaire mesurée à 48 mmHg.
) des mélanomes. L'absence de vascularisation étant observée dans 3 % des cas quand la pression intraoculaire est élevée (supérieure à 40 mmHg), la tumeur est très petite (épaisseur inférieure à 2 mm), ou après hémorragie massive intratumorale.
Diagnostic différentiel
Le diagnostic différentiel inclut :
  • une luxation postérieure du noyau lenticulaire (qui entraîne une ombre acoustique postérieure importante) ;
  • un cristallin intumescent cataracté (échogène) en place faussement pris pour une lésion tumorale sur une coupe très oblique (fig. 13-86
    Fig. 13-86
    Volumineux cristallin intumescent échogène cataracté. a. Une coupe verticale très oblique antérieure pourrait faire croire à une masse pariétale, mais les angles de raccordement ne sont pas évocateurs. b. Une coupe axiale lève le doute et redresse le diagnostic.
    ) ;
  • une dilatation variqueuse d'une ampoule vortiqueuse (fig. 13-87
    Fig. 13-87
    Dilatation variqueuse d'une ampoule vortiqueuse – écho-Doppler couleur. L'image montre bien les flux veineux, codés en bleu, de part et d'autre de la petite lésion, qui avait des dimensions variables en mode B, sans excavation choroïdienne.
    ) ;
  • un ostéome choroïdien ou une calcification choroïdosclérale (fig. 13-88
    Fig. 13-88
    Ostéome choroïdien Ostéome choroïdien . La lésion, calcifiée avec cône d'ombre postérieur, est assez étendue, plutôt saillante et située non loin du nerf optique.
    ) ;
  • une métastase choroïdienne, avec une forme plus large que haute et une réflectivité élevée (fig. 13-89
    Fig. 13-89
    Métastase révélatrice d'un cancer du poumon Métastase(s) de cancer du poumon . a. Mode B. b. Mode A standardisé : très échogène, plus large que haute, au pôle postérieur, en forme de pile d'assiette avec un petit décollement de rétine au centre.
    ) ;
  • un angiome choroïdien circonscrit, volontiers au pôle postérieur, avec une forme en dôme, hyperéchogène (fig. 13-90
    Fig. 13-90
    Angiome choroïdien Angiome choroïdien circonscrit. En mode B (a), lésion très échogène au pôle postérieur ; en mode A standardisé, la lésion est hyperéchogène à 98 % du pic scléral (b) et non atténuante, avec un angle kappa représenté inversé (c).
    ) ;
  • un nævus suspect (fig. 13-91
    Fig. 13-91
    Nævus suspect Nævus choroïdien suspect . Présence d'une excavation choroïdienne au sein de cette petite lésion avec un petit flux décelé en écho-Doppler couleur.
    ) ;
  • enfin, un hématome sous-rétinien, soit au pôle postérieur, soit sur néovaisseaux périphériques, dont le diagnostic est facile en écho-Doppler couleur, qui parfois peut montrer le néovaisseau en cause (fig. 13-92
    Fig. 13-92
    Hématome sous-rétinien Hématome sous-rétinien – écho-Doppler couleur. La lésion est hétérogène avec une partie peu échogène et une zone liquidienne pseudokystique. Absence de vascularisation intrinsèque, mais bonne visibilité du petit néovaisseau à l'origine de l'hématome.
    ).
Suivi après traitement conservateur
La masse diminue de taille et devient plus échogène. Ces modifications sont rarement observées avant 2 ans cependant. L'écho-Doppler couleur montre, habituellement 6 mois avant ces modifications de taille et de structure, une diminution de la vascularisation tumorale (du nombre et de la VSM des vaisseaux). Quand la tumeur est située près de la papille et/ou de la macula, l'écho-Doppler couleur peut montrer également des complications de la radiothérapie au niveau des vaisseaux centraux de la rétine et/ou de la macula (fig. 13-93
Fig. 13-93
Complications post-radiques au pôle postérieur – écho-Doppler couleur. Quasi-disparition de la vascularisation de la tumeur située en nasal de la papille (flèche rouge). Absence de flux au sein des vaisseaux centraux de la rétine en rapport avec une neuropathie optique (astérisque). Aspect raide de la macula et petit néovaisseau en rapport avec une maculopathie (flèche blanche).
).
Au niveau du segment antérieur
Un bombement localisé de l'iris est très souvent à rapporter, en particulier chez les personnes jeunes, à un kyste de l'épithélium postérieur de l'iris pouvant s'inscrire dans une véritable dysplasie polykystique iridociliaire, ce qui conduit à réaliser une échographie de très haute fréquence (ETHF) des deux yeux, car les autres kystes peuvent ne pas être symptomatiques.
De petite taille, les nævus de l'iris se traduisent par une hyperéchogénicité localisée sans déformation des contours. Plus volumineuse, et cependant toujours bénigne, on peut voir une plaque de surface hypo-échogène sous l'épithélium antérieur (fig. 13-94
Fig. 13-94
Nævus de l'iris bénin avec plaque de surface.
), mais celle-ci peut se voir également dans d'authentiques mélanomes. Les mélanomes sont volontiers volumineux, la surface antérieure pouvant venir au contact de l'endothélium cornéen, polylobulés ou prenant parfois une forme en bouton de col, hétérogènes et hypo-échogènes au centre, atténuant, déformant l'épithélium postérieur de l'iris (fig. 13-95
Fig. 13-95
Mélanome de l'iris, avec une forme en bouton de col, un centre hypoéchogène hétérogène, déformation de l'épithélium postérieur de l'iris et contact entre la masse et l'endothélium cornéen.
). On voit fréquemment des zones kystiques au sein ou en périphérie de la masse, qui peuvent correspondre à des vaisseaux vus en coupe, des zones de nécrose, ou d'authentiques kystes. On ne retrouve des flux en écho-Doppler couleur que si l'épaisseur est conséquente (fig. 13-96
Fig. 13-96
Volumineux mélanome de l'iris vascularisé – écho-Doppler couleur.
).
Les mélanomes du corps ciliaire ont préférentiellement une forme en dôme, une échostructure hypo-échogène et hétérogène et, comme pour le segment postérieur, une atténuation importante, qui impose d'utiliser une sonde de fréquence plus basse, voisine de 20 MHz, pour pouvoir analyser en totalité, et mesurer, les masses mesurant plus de 4 à 5 mm d'épaisseur. Et comme pour le segment postérieur, les mélanomes ciliaires présentent une vascularisation en Doppler (fig. 13-97
Fig. 13-97
Mélanome du corps ciliaire vascularisé – écho-Doppler couleur. Forme en dôme refoulant le cristallin et entraînant une cataracte.
), si bien qu'une masse du corps ciliaire sans flux en écho-Doppler couleur évoque soit un mélanome traité, soit une tumeur bénigne. Les mélanomes ciliaires refoulent le cristallin, mais ont tendance à entraîner une cataracte sectorielle. À l'opposé, les adénomes de l'épithélium ciliaire, pigmentés ou non, ont une forme plutôt sphérique ou ovale, sont assez échogènes, sans atténuation, et sans flux en écho-Doppler couleur (fig. 13-98
Fig. 13-98
Adénome de l'épithélium ciliaire pigmenté – écho-Doppler couleur. Forme sphérique, peu ou pas d'atténuation, refoulement du cristallin sans cataracte. Absence de flux intrinsèque, le flux du cercle artériel de l'iris butant sur la masse.
), et entraînent un déplacement du cristallin sans la formation d'une cataracte, même sectorielle. Les médullo-épithéliomes ont les mêmes caractéristiques, mais sont fortement atténuants. La présence de kyste au sein d'une tumeur du corps ciliaire est fortement évocatrice d'un médullo-épithéliome, mais peut se voir également dans les mélanomes (fig. 13-99
Fig. 13-99
Mélanome du corps ciliaire polykystique.
). Ces tumeurs refoulent également le cristallin, avec ou sans cataracte. Les métastases sont hétérogènes, tant quant à leur forme qu'à leur échostructure et leur vascularisation [91-92-93-94].
Imagerie photographique et angiographique des mélanomes de l'uvée
L. Zografos
La documentation iconographique des mélanomes de l'uvée est réalisée avec des photographies en couleur, des angiographies à la fluorescéine et au vert d'indocyanine (ICG-A), ainsi que des photographies en autofluorescence. Le choix entre prises de vue conventionnelles ou panoramiques dépend de la taille, de la forme et de la localisation de la tumeur. Pour les mélanomes situés dans l'uvée antérieure, il est également parfois nécessaire d'avoir recours à l'imagerie biomicroscopique et à des goniophotographies.
Techniques d'examen
La documentation photographique des tumeurs intraoculaires devrait, dans la mesure du possible, reproduire avec fidélité l'image ophtalmoscopique. Les limites, la forme et la coloration des tumeurs devraient être enregistrées avec précision et de façon reproductible.
Pour les tumeurs de petite taille, situées en arrière de l'équateur, l'utilisation de rétinographes conventionnels, avec un angle de prise de vue de 50–55° pour la photographie, l'angiographie à la fluorescéine et l'ICG-A procure généralement des résultats satisfaisants. Pour les tumeurs de grande taille, ainsi que pour les tumeurs situées en avant de l'équateur, en revanche, il est recommandé d'avoir recours à une imagerie panoramique afin de pouvoir inclure dans un seul cliché photographique la tumeur ainsi que les limites et la forme du décollement secondaire exsudatif de la rétine qui lui est souvent associé.
Les photographies panoramiques du fond d'œil sont réalisées soit par transillumination, soit par des techniques d'illumination par balayage.
Le premier rétinographe panoramique, la caméra Equateur plus, avait été créé par Pomerantzeff à Boston en 1975 [ 95]. Les images (diapositives argentiques) étaient réalisées au travers d'un verre de contact avec indice de réfraction élevé et la lumière transsclérale était conduite par une fibre optique. L'évolution de cette technique et l'introduction de l'imagerie numérique ont conduit à la création de la caméra Panoret (fig. 13-100
Fig. 13-100
Photographie panoramique avec la caméra Panoret. a. Dispositif pour les prises de vue. Le patient est en position couchée ; un technicien photographe dirige la vidéocaméra et un autre oriente la fibre optique de transillumination. b. Exemple de rétinographie réalisée avec la caméra Panoret. Mélanome de la choroïde multinodulaire. Représentation fidèle de la coloration, définition optimale des limites tumorales et impression de relief grâce au pseudo-stéréopsis produit par la lumière latérale de transillumination.
) qui a constitué, durant une certaine période, le gold standard de la photographie panoramique en oncologie oculaire. L'avantage de cette caméra est une excellente fidélité dans le rendu des couleurs, la possibilité de documenter les tumeurs situées en extrême périphérie et la possibilité de réaliser des prises de vue photographiques à travers des milieux relativement troubles et des pupilles dont le diamètre ne dépasse pas 2 mm. L'inconvénient est l'impossibilité de réaliser des angiographies, l'emploi d'un verre de contact pour la réalisation des images et la complexité de la technique des prises de vue.
L'imagerie photographique par balayage, popularisée par la caméra Optos, dont l'utilisation est extrêmement répandue, procure des images d'une netteté suffisante, avec une fidélité du rendu des couleurs suboptimale qui nécessite des corrections complémentaires. Un autre inconvénient est la surimpression des cils qui empêche parfois la visualisation de la périphérie inférieure et supérieure.
Le dernier-né de la technologie numérique à balayage, la caméra Glarus de la firme Zeiss, permet la réalisation d'une imagerie panoramique à haute fidélité. Avec cette caméra, il est possible de documenter la majorité des cas de mélanomes, à l'exception des tumeurs situées en extrême périphérie. Pour cette localisation tumorale, la qualité de la caméra Panoret n'est pas égalée.
En pratique courante, les trois types de caméra, à condition d'être manipulés par des techniciens en photographie ophtalmologique expérimentés, procurent, dans la majorité des cas, des images dont la qualité est suffisante pour servir à la prise en charge thérapeutique des mélanomes de la choroïde (fig. 13-101
Fig. 13-101
Photographies panoramiques d'un mélanome de la choroïde Mélanome de la choroïde . Images comparatives réalisées avec : la caméra Optos (a), la caméra Panoret (b) et la caméra Glarus (c).
).
L'angiographie fluorescéinique et l'ICG-A, pour les tumeurs de petite taille, sont réalisées soit par un rétinographe standard, soit par une caméra à balayage de 50°. L'examen, toutefois, est souvent complété par une imagerie panoramique pour définir les modifications hémodynamiques de la choroïde périphérique et l'état de la barrière hématorétinienne interne et externe.
L'évaluation angiographique des tumeurs de taille moyenne et des tumeurs de grande taille est réalisée exclusivement par des techniques d'angiographie panoramique (fig. 13-102
Fig. 13-102
ICG-A panoramique d'un mélanome de la choroïde Mélanome de la choroïde réalisée avec la lentille de Staurenghi et la caméra HRA-2. a. Dispositif pour les prises de vue. b. Exemple clinique. ICG-A panoramique d'un mélanome de la choroïde. En phase intermédiaire, visualisation de la circulation veineuse de la choroïde et mise en évidence d'une congestion vasculaire au sommet de la tumeur.
), de préférence avec la lentille de Staurenghi [96], ainsi que par la caméra Optos ou la caméra HRA et l'objectif de 100°.
L'OCT-A est un examen additionnel qui permet l'étude de la densité et de la micro-angio-architecture du réseau vasculaire de la rétine. Il est principalement utilisé pour l'évaluation des modifications induites par l'irradiation de la région maculaire et péripapillaire, après traitement conservateur des mélanomes de l'uvée.
Utilisation en pratique clinique de l'imagerie des mélanomes de la choroïde
La documentation photographique et les examens angiographiques des mélanomes de la choroïde permettent :
  • d'enregistrer avec précision les limites des mélanomes, quelle que soit leur taille, afin de mettre en évidence d'éventuelles modifications du contour et du volume tumoral, avant ou après traitement par irradiation ;
  • de définir l'état métabolique des cellules de l'épithélium pigmentaire sur la surface de la tumeur et dans son voisinage (présence de pin points , de points de fuite du produit de contraste, de pigment orange, de secteurs hypo- ou hyper-autofluorescents et d'épithéliopathies gravitationnelles en traces) qui fournit des éléments pris en compte dans le diagnostic différentiel des tumeurs mélanocytaires de petite taille ;
  • de mettre en évidence une éventuelle rupture de la barrière hématorétinienne interne ou externe, susceptible de générer des complications inflammatoires ( toxic tumor syndrome ) ou vasoprolifératives suite au traitement par irradiation des mélanomes de la choroïde ;
  • d'investiguer la structure vasculaire de la tumeur et de mettre en évidence d'éventuelles modifications hémodynamiques autour de la masse tumorale ;
  • de documenter les modifications vasculaires de la périphérie rétinienne et de la région maculaire et péripapillaire, consécutives au traitement par irradiation des mélanomes de l'uvée, par angiographie fluorescéinique ainsi que par la technologie de l'OCT-angiographie.
Documentation iconographique des marges tumorales
Contrairement aux hémangiomes de la choroïde qui sont des tumeurs constituées d'espaces vasculaires qui se remplissent avec le produit de contraste et deviennent hyperfluorescentes dans les séquences veineuses de l'angiographie, ce qui permet de définir avec précision les limites de la tumeur, les mélanomes sont des tumeurs compactes avec une vascularisation intratumorale discrète. Les mélanomes sont hypofluorescents dans les séquences veineuses et tardives des examens angiographiques. On devine la forme et les limites des mélanomes de la choroïde, à l'angiographie fluorescéinique et à l'ICG-A, uniquement par un effet de masque produit sur la vascularisation de la choroïde sous-jacente.
Pour les tumeurs mélanocytaires de petite taille, sur un échantillon de 100 cas (données non publiées), nous avons défini que les limites tumorales étaient identiques entre les photographies en couleur et l'angiographie fluorescéinique seulement dans 15 % des cas et, entre les photographies couleurs et l'ICG-A, dans 41 % des cas (fig. 13-103
Fig. 13-103
Documentation des marges tumorales d'un mélanome de la choroïde de petite taille. Comparaison des marges tumorales observées avec la photographie en couleur, l'angiographie fluorescéinique et l'ICG-A. a. Photographie en couleur de la tumeur. b. Angiographie fluorescéinique. Mise en évidence des modifications de l'épithélium pigmentaire de la rétine en surface tumorale. Les limites de la tumeur ne sont pas reconnaissables. c. ICG-A en phase veineuse. La tumeur est hypofluorescente et produit un effet de masque à la fluorescence de la choroïde. Les limites tumorales sont superposables à l'image ophtalmoscopique.
).
Pour les tumeurs de plus grande taille, nous avons recherché la correspondance des limites tumorales entre l'ICG-A panoramique et les photographies couleurs sur un échantillon de 881 cas (données non publiées). Les limites de la tumeur étaient identiques entre les photographies couleurs et l'ICG-A panoramique dans :
  • 67 % des cas de mélanomes en forme de dôme (fig. 13-104
    Fig. 13-104
    Documentation des marges d'un mélanome de la choroïde nodulaire de taille moyenne. Comparaison de l'image photographique et de l'ICG-A panoramique. a. Photographie en couleur. b. ICG-A panoramique. Phase veineuse. La tumeur est hypofluorescente, dépourvue de vascularisation apparente. Les marges tumorales sont superposables entre la photographie en couleur et l'image angiographique.
    ) ;
  • 64 % des cas de mélanomes en forme de champignon ;
  • 51 % des cas de mélanomes multinodulaires ;
  • 9 % des cas de mélanomes plats ;
  • 11 % des cas de mélanomes plats avec secteur nodulaire.
En considérant l'efficacité limitée de la documentation précise des marges tumorales par des techniques angiographiques, il est recommandé d'utiliser exclusivement des rétinographies en couleurs pour enregistrer les éventuelles modifications des limites des tumeurs mélanocytaires avant et après traitement par irradiation.
Définition de l'état métabolique des cellules de l'épithélium pigmentaire
L'étude photographique et angiographique des modifications métaboliques de l'épithélium pigmentaire sur la surface des petites tumeurs mélanocytaires de la choroïde contribue au diagnostic différentiel de ces tumeurs. Pour l'enregistrement de chaque type d'altération, un ou plusieurs examens spécifiques sont recommandés.
Les drusen , qui sont généralement liés à une nature bénigne des tumeurs de petite taille, sont identifiés par ophtalmoscopie, documentés par rétinographie en couleurs, et leur nature est confirmée par angiographie fluorescéinique et OCT.
Les pin points , qui sont le plus souvent liés à une nature évolutive, sont mis en évidence exclusivement par angiographie fluorescéinique et se présentent sous forme de petits points hyperfluorescents dont la brillance augmente entre les séquences veineuses et tardives de l'examen (fig. 13-105
Fig. 13-105
Pin-points sur la surface d'un mélanome de la choroïde de petite taille. a. Mélanome de la choroïde situé en secteur supérieur. Tumeur allongée avec dépôts de pigment orange en surface. b. Angiographie fluorescéinique, phase veineuse. Hypofluorescence du sommet de la tumeur. Présence d'une couronne de pin points et de points de fuite près de la marge tumorale.
). L'angiographie fluorescéinique permet également de mettre en évidence des points de diffusion du produit de contraste, souvent associés à de petits mélanomes (fig. 13-106
Fig. 13-106
Pigment orange sur la surface d'un mélanome de la choroïde. a. Mélanome péripapillaire de la choroïde avec dépôts de pigment orange. b. Photographie en autofluorescence. Hyper-autofluorescence des dépôts de pigment orange.
).
La présence de pigment orange est un élément souvent en faveur du diagnostic d'un petit mélanome. Ce pigment a une coloration orangée sur la surface des tumeurs pigmentées et une coloration brunâtre sur la surface des tumeurs achromes. À l'examen par autofluorescence, le pigment orange est hyper-autofluorescent et cet examen permet de confirmer de façon pathognomonique sa présence (voir fig. 13-106
Fig. 13-106
Pigment orange sur la surface d'un mélanome de la choroïde. a. Mélanome péripapillaire de la choroïde avec dépôts de pigment orange. b. Photographie en autofluorescence. Hyper-autofluorescence des dépôts de pigment orange.
).
La présence d'un soulèvement séreux de la rétine sur la surface d'une tumeur mélanocytaire de la choroïde postérieure, ainsi que dans son voisinage, est détectée et quantifiée de préférence par OCT en mode B. Cet examen permet également l'étude des caractéristiques du liquide sous-rétinien et notamment l'éventuelle présence de matières denses et brillantes, plus souvent liées à une nature évolutive de la tumeur (fig. 13-107
Fig. 13-107
Petit mélanome de la choroïde Mélanome de la choroïde avec soulèvement séreux limité de la rétine. a. Mélanome de la choroïde de petite taille avec croissance documentée. Dépôts de pigment orange au sommet de la tumeur et cicatrice de l'épithélium pigmentaire, consécutive à un soulèvement séreux de la rétine en bordure tumorale. b. OCT en mode B. Soulèvement séreux de la rétine comportant des dépôts sous-rétiniens blanchâtres et brillants.
).
Les modifications cicatricielles de l'épithélium pigmentaire sont mises en évidence et documentées de préférence par autofluorescence. Elles apparaissent hypo-autofluorescentes quand le métabolisme des cellules de l'épithélium pigmentaire est éteint, et hyper-autofluorescentes, avec des limites nettes, quand le métabolisme des cellules de l'épithélium pigmentaire est fortement altéré. Elles peuvent être localisées sur la surface de la tumeur, dans son pourtour immédiat ou bien former des cicatrices gravitationnelles en traces (fig. 13-108
Fig. 13-108
Épithéliopathie gravitationnelle en traces. a. Tumeur mélanocytaire lentement évolutive de la choroïde, localisée en secteur nasal supérieur. b. Image composée en autofluorescence d'une double épithéliopathie en traces, en partie hyper- et en partie hypo-autofluorescente.
). L'existence de modifications cicatricielles de l'épithélium pigmentaire suggère une évolution lente et chronique des tumeurs mélanocytaires.
Évaluation de l'intégrité de la barrière hématorétinienne interne et externe
Le décollement séreux exsudatif de la rétine produit, à moyen et long terme, des modifications de la barrière hématorétinienne interne. Cette rupture se manifeste par une augmentation de la perméabilité et une diffusion du produit de contraste des parois vasculaires de la rétine à l'angiographie fluorescéinique. Les phénomènes exsudatifs sont localisés presque toujours dans la rétine inférieure et sont mis en évidence par angiographie fluorescéinique panoramique. La rupture de la barrière hématorétinienne interne, dans un stade plus avancé, donne lieu à une ischémie de la rétine inférieure (fig. 13-109
Fig. 13-109
Rupture de la barrière hématorétinienne interne et ischémie de la rétine inférieure en relation avec un volumineux mélanome de la choroïde Mélanome de la choroïde localisé en secteur temporal. Angiographie fluorescéinique panoramique. Diffusion du produit de contraste des parois vasculaires et ischémie de la zone rétinienne inférieure décollée.
) qui, non traitée par des agents antivasoprolifératifs, est susceptible de produire un glaucome néovasculaire après traitement conservateur des mélanomes de la choroïde [97].
Les modifications vaso-occlusives de la rétine inférieure, consécutives à la rupture de la barrière hématorétinienne interne, sont le plus souvent associées à des tumeurs volumineuses, accompagnées d'un décollement bulleux de la rétine. Dans une étude réalisée sur un échantillon de 880 cas de mélanomes examinés par angiographie fluorescéinique panoramique (données non publiées), nous avons observé la présence de zones ischémiques de la rétine inférieure dans :
  • 8 % des cas avec décollement inférieur à 1 quadrant ;
  • 25 % des cas avec décollement de 1 quadrant ;
  • 51 % des cas avec décollement de 2 quadrants ;
  • 87 % des cas avec décollement de 3 quadrants ou plus.
La rupture de la barrière hématorétinienne externe est la conséquence d'une invasion tumorale, de la rupture ou de la désinsertion (fig. 13-110
Fig. 13-110
Désinsertion de l'épithélium pigmentaire en bordure d'un mélanome nodulaire de la choroïde Mélanome de la choroïde . Image photographique et angiographique. a. Image photographique. Désinsertion de l'épithélium pigmentaire en marge temporale (flèches). b. Angiographie fluorescéinique panoramique. Le secteur de la tumeur mis à nu est diffusément hyperfluorescent. c. ICG-A panoramique. La structure vasculaire de la tumeur est clairement visible dans le secteur temporal de la tumeur mis à nu après la désinsertion de l'épithélium pigmentaire de la rétine.
) de l'épithélium pigmentaire sous une rétine décollée. Le passage abondant de métabolites (protéines, lipoprotéines, hématies et autres) dans le liquide sous-rétinien, qui est mis en communication directe avec la masse tumorale au travers des déhiscences de l'épithélium pigmentaire, produit une perte de la transparence du liquide sous-rétinien, objectivée et quantifiée par ICG-A panoramique. Le liquide sous-rétinien, qui est semi-transparent, donne lieu à un effet de masque sur la fluorescence choroïdienne, particulièrement bien visible en séquence veineuse et tardive de l'ICG-A (fig. 13-111
Fig. 13-111
Rupture de la barrière hématorétinienne externe et perte de la transparence du liquide sous-rétinien a. Volumineux mélanome de la choroïde, localisé en secteur temporal inférieur, associé à un décollement bulleux de la rétine. b. ICG-A panoramique, séquence veineuse. Hypofluorescence relative du liquide sous-rétinien qui fait écran à la fluorescence des vaisseaux de la choroïde. c. ICG-A panoramique, séquence tardive. Hypofluorescence prononcée du liquide sous-rétinien dans l'ensemble du secteur inférieur.
). Après traitement conservateur par irradiation des mélanomes associés à une rupture de la barrière hématorétinienne externe, la réaction inflammatoire et les modifications des parois vasculaires intratumorales augmentent et, en l'absence de mesures thérapeutiques adéquates, peuvent donner lieu à un toxic tumor syndrome avec décollement total de la rétine.
Évaluation des modifications hémodynamiques de la choroïde péritumorale et enregistrement de la densité ainsi que de la structure vasculaire intratumorale
L'obstacle principal pour l'évaluation des modifications hémodynamiques de la choroïde autour des mélanomes est la grande variété anatomique de la disposition du réseau vasculaire de la choroïde avec un degré de perméabilité inégal des veines vortiqueuses principales (fig. 13-112
Fig. 13-112
Variations anatomiques de la circulation veineuse de la choroïde et modifications hémodynamiques choroïdiennes péritumorales. a. Mélanome de la choroïde, localisé en secteur temporal supérieur. La coloration de la choroïde est homogène dans les quatre quadrants. b. ICG-A panoramique, en phase veineuse. La veine vortiqueuse nasale inférieure est absente (variation anatomique) ; il existe une légère vasodilatation veineuse péritumorale et un léger élargissement d'origine indéfinie de la veine vortiqueuse nasale supérieure.
) qui est mis en évidence par ICG-A panoramique.
Les mélanomes, situés au contact de la papille et qui recouvrent l'émergence d'une ou de plusieurs artères ciliaires postérieures, produisent un vol de circulation sanguine et une ischémie sectorielle de la choroïde périphérique dans 32 % des cas (fig. 13-113
Fig. 13-113
Ischémie sectorielle de la choroïde, liée à un mélanome de la choroïde Mélanome de la choroïde situé au contact de la papille. a. Mélanome de la choroïde entourant la tête du nerf optique. b, c. ICG-A panoramique, séquence artérielle et veineuse. Ischémie sectorielle, nasale inférieure, de la choroïde par vol circulatoire des artères ciliaires postérieures.
). Cette observation n'a pas de conséquences cliniques, ni de répercussions pronostiques après traitement par irradiation.
La dilatation vasculaire des artères ciliaires postérieures qui se dirigent vers un mélanome situé près de l'équateur comporte, en revanche, une valeur pronostique importante. Les tumeurs qui suscitent ce type de modifications hémodynamiques sont particulièrement radiosensibles et régressent généralement de façon complète dans les mois qui suivent la radiothérapie (fig. 13-114
Fig. 13-114
Dilatation des artères ciliaires courtes et longues, mise en évidence par ICG-A panoramique dans le cas d'un mélanome de la choroïde Mélanome de la choroïde pré-équatorial. a. Phase artérioveineuse de l'ICG-A. Les artères ciliaires courtes et l'artère ciliaire longue qui se dirigent vers la tumeur sont dilatées et congestionnées. b. Image photographique de la tumeur avant le traitement. c. Image photographique 6 mois après irradiation par faisceau de protons. Régression complète de la tumeur et cicatrice plane.
).
La vascularisation intratumorale, à l'ICG-A, des mélanomes en dôme, des mélanomes plats et des mélanomes multinodulaires est généralement discrète (voir fig. 13-104b
Fig. 13-104
Documentation des marges d'un mélanome de la choroïde nodulaire de taille moyenne. Comparaison de l'image photographique et de l'ICG-A panoramique. a. Photographie en couleur. b. ICG-A panoramique. Phase veineuse. La tumeur est hypofluorescente, dépourvue de vascularisation apparente. Les marges tumorales sont superposables entre la photographie en couleur et l'image angiographique.
et 13-112b
Fig. 13-112
Variations anatomiques de la circulation veineuse de la choroïde et modifications hémodynamiques choroïdiennes péritumorales. a. Mélanome de la choroïde, localisé en secteur temporal supérieur. La coloration de la choroïde est homogène dans les quatre quadrants. b. ICG-A panoramique, en phase veineuse. La veine vortiqueuse nasale inférieure est absente (variation anatomique) ; il existe une légère vasodilatation veineuse péritumorale et un léger élargissement d'origine indéfinie de la veine vortiqueuse nasale supérieure.
). Le réseau vasculaire des mélanomes en champignon peut, en revanche, être particulièrement développé au sommet de la tumeur et produire une image de congestion (fig. 13-115
Fig. 13-115
Congestion vasculaire au sommet d'un mélanome en champignon, faiblement pigmenté. a. Image photographique de la tumeur. b. Image ultrasonographique. Mélanome en champignon, associé à un décollement séreux étendu de la rétine. c. ICG-A panoramique. Temps veineux. Congestion vasculaire du sommet de la tumeur qui est située en avant de l'invasion de la lame de Bruch.
).
La présence d'une congestion vasculaire au sommet des mélanomes en champignon, en l'absence de traitement complémentaire spécifique, favorise l'apparition d'hémorragies vitréennes massives après radiothérapie.
Documentation des modifications vasculaires induites par l'irradiation en région maculaire et en périphérie rétinienne
L'angiographie fluorescéinique panoramique est l'examen de choix pour mettre en évidence des occlusions vasculaires rétiniennes après traitement par irradiation des mélanomes de la choroïde.
En considérant que les troubles vaso-occlusifs apparaissent généralement 18 mois ou plus après le traitement par irradiation, il est recommandé de réaliser de façon régulière des examens angiographiques panoramiques, principalement des tumeurs situées à proximité de la papille (fig. 13-116
Fig. 13-116
Occlusion vasculaire de la rétine, 18 mois après traitement par irradiation avec faisceau de protons d'un mélanome de la choroïde, localisé en secteur temporal inférieur. a. Image ophtalmoscopique. Absence de visualisation des modifications vaso-occlusives de la rétine. b. Angiographie fluorescéinique panoramique. Ischémie étendue de l'hémirétine inférieure et hyperfluorescence des parois vasculaires du secteur nasal supérieur.
).
Le traitement par irradiation des mélanomes du pôle postérieur est susceptible de donner lieu à une maculopathie radio-induite si la région fovéolaire reçoit une dose d'irradiation supérieure à 20 Gy.
La maculopathie radique est une pathologie complexe, avec rupture de la barrière hématorétinienne interne qui donne lieu à un œdème maculaire cystoïde et des modifications vaso-occlusives de la microcirculation périfovéolaire. L'œdème maculaire est monitoré par OCT en mode B et OCT en face, et les modifications vaso-occlusives par OCT-A [98] (fig. 13-117
Fig. 13-117
OCT-A d'une maculopathie radique Maculopathie radique . Interruption du réseau capillaire périfovéolaire et îlots de non-perfusion autour de la papille et de la macula.
). L'évaluation par OCTA du réseau capillaire profond permet d'établir les indications thérapeutiques par des produits antivasoprolifératifs, et l'observation du réseau capillaire superficiel ainsi que la quantification de l'œdème maculaire cystoïde permettent de régler la conduite thérapeutique [99].
Les progrès de la technologie et le développement de certains appareils d'OCT-A à grand angle sont susceptibles de permettre, dans un avenir proche, le monitorage, avec un seul cliché, de l'ensemble des modifications vaso-occlusives de la périphérie ainsi que du pôle postérieur.
Conclusion
L'imagerie photographique et angiographique des mélanomes de la choroïde est une étape incontournable du diagnostic et de la prise en charge thérapeutique de ces tumeurs.
Apport de l'imagerie multimodale du mélanome choroïdien (hors échographie)
S. Tick, J. Villaret, G. Chotard, E. Frau, M. Paques
Une aide au diagnostic clinique
Le diagnostic du mélanome choroïdien est avant tout clinique et se fait à l'examen du fond d'œil. L'imagerie multimodale du segment postérieur, réalisée actuellement de manière systématique, permet le suivi des petites lésions parfois douteuses, l'évaluation de la taille lésionnelle et la modélisation en vue du traitement par protonthérapie. Elle guide le choix thérapeutique, et parfois aide au diagnostic lui-même.
Les avancées technologiques des dernières années ont apporté une meilleure vision d'ensemble des lésions (imagerie grand champ, OCT swept source ), une précision quant à l'analyse de leur vascularisation (angiographie aux vert d'indocyanine par laser à balayage) et ont permis d'évaluer plus finement des facteurs prédictifs d'évolution des lésions douteuses (décollement séreux rétinien en OCT).
Cette imagerie ne remplace pas l'examen clinique, mais guide au quotidien dans la prise en charge des patients avant et après le traitement de la tumeur. Elle aide également au diagnostic dans les cas complexes, et pour les éventuelles complications des traitements.
Les outils de l'imagerie multimodale
Rétinophotographie (classique, grand champ)
La rétinophotographie couleur est un outil indispensable à la mesure des dimensions tumorales, à la surveillance des marges lésionnelles en cas de petite lésion afin de détecter une croissance possible, et à la documentation de la lésion et de ses complications initiales (décollement de rétine, hémorragie).
Les outils grand champ maintenant à notre disposition (Clarus®, Optos®) permettent en outre une visualisation de la lésion dans son ensemble [100] et le décollement de rétine associé parfois de grand taille (fig. 13-118
Fig. 13-118
a-c. Décollement de rétine exsudatif inférieur associé à un mélanome postérieur hémorragique nécrotique. La vascularisation intralésionnelle est bien visible sur le cliché en ICG (c).
).
Cependant, les limites de ces imageries existent sont les suivantes :
  • altération de couleurs réelles pour la caméra Optos® nécessitant une interprétation différente de l'image (fig. 13-119
    Fig. 13-119
    Visualisation d'un mélanome choroïdien Mélanome de la choroïde de l'œil droit. a. Rétinophotographie (Topcon®). La lésion apparaît en partie achrome. Au sein de la partie pigmentée plus postérieure, on note la présence de pigment orange. b. La même lésion est photographiée grâce au dispositif grand champ (Optos®) qui permet une visualisation de l'ensemble de la tumeur, mais les couleurs ne sont pas les mêmes, on peut parler de fausse couleur, inconvénient de ce dispositif.
    ) ;
  • éblouissement augmenté au moment de la capture de l'image pour la caméra Clarus® ;
  • déformation et aplatissement de l'image rendant impossible la réalisation d'un calque préthérapeutique en vue de la photothérapie ;
  • visualisation des cils en inférieur et supérieur pouvant gêner l'analyse fine de la périphérie rétinienne sur les images Optos®.
Angiographie à la fluorescéine et au vert d'indocyanine
L'angiographie à la fluorescéine et au vert d'indocyanine permet de confirmer le diagnostic et d'évaluer les facteurs de risque d'évolutivité face à une lésion pigmentée suspecte ( pin points en angiographie à la fluorescéine, boucles vasculaires intralésionnelles en angiographie ICG). Ces examens permettent également d'orienter le diagnostic en cas de doute clinique, notamment dans le contexte compliqué des mélanomes achromes [ 101] :
  • visualisation des lésions infracliniques et d'un comportement différent en ICG (hypofluorescence persistant tout au long de la séquence) en cas de diagnostic différentiel avec des métastases choroïdiennes ;
  • mise en évidence de néovaisseau choroïdien ou de points de fuite (pseudo-choriorétinopathie séreuse centrale [CRSC]) pouvant expliquer des phénomènes exsudatifs compliquant un nævus douteux ;
  • comportement ICG différent ( wash-out tardif), couleur orangée en rétinophotographie, autofluorescence aspécifique (fig. 13-120
    Fig. 13-120
    Aide au diagnostic différentiel par l'imagerie multimodale : hémangiome choroïdien. Lésion orangée plus que pigmentée (a). Très hyperfluorescente sur le cliché en ICG avec un wash-out tardif à 35 minutes (b, c). Hyperfluorescence en angiographie à la fluorescéine sans véritable pin points (d, e). Hyperéchogénicité en échographie en mode B (f). En OCT (Silverstone – Optos®), la lésion apparaît dans son entier, hyporéflective, choroïdienne sans décollement rétinien associé chez cette patiente de 55 ans asymptomatique (g).
    ).
Mais ces examens permettent également de visualiser la rupture de la barrière hématorétinienne maculaire, facteur de risque des complications post-radiques ultérieures [102].
Ces examens sont indispensables en post-thérapeutique pour assurer le suivi et le traitement des complications iatrogènes : défaut de perfusion, œdème maculaire cystoïde, macro-anévrisme responsable de complications œdémateuses, néovaisseau prérétinien. Ils permettent un guidage thérapeutique, notamment de la photocoagulation rétinienne parfois indispensable sur les territoires non perfusés après irradiation (fig. 13-121
Fig. 13-121
Imagerie grand champ (Silverstone – Optos®) d'un patient diabétique 6 mois après irradiation pour mélanome choroïdien. Rétinopathie radique en cours de traitement par panphotocoagulation rétinienne. À noter les vaisseaux déshabités en rétinophotographie (a) et les grands territoires de non-perfusion en angiographie à la fluorescéine (b).
).
L'examen en autofluorescence est par ailleurs utile à la mise en évidence du pigment orange (accumulation de lipofuscine) dont l'hyper-autofluorescence est caractéristique [103].
OCT et OCT-angiographie
Les OCT de dernière génération (OCT Triton-Tocpon®, Spectralis-Heidelberg®, Cirrus-Zeiss®) permettent :
  • une visualisation optimale de la choroïde et des rapports tumoraux avec choroïde saine (fig. 13-122
    Fig. 13-122
    Imagerie multimodale d'un petit mélanome choroïdien (Silverstone – Optos®). Lésion pigmentée en rétinophotographie couleur, pigment orange (a). Angiographie à la fluorescéine (AF) : lésion hyperfluorescente accompagnée de pin-points et d'un remplissage tardif du décollement séreux rétinien (DSR) (b). La vascularisation intralésionnelle n'est pas visible sur le cliché en ICG (c) : petite lésion, focalisation non réglable sur cet appareil. d. OCT : surélévation choroïdienne associée à un décollement séreux rétinien et à la disparition de la choriocapillaire en regard.
    ) ;
  • de déceler un décollement séreux rétinien à prendre en compte dans les facteurs de risque d'évolutivité face à une lésion douteuse pigmentée ou, au contraire, un œdème prélésionnel plus rassurant (lésion ancienne, d'évolutivité lente) (fig. 13-123
    Fig. 13-123
    Croissance documentée d'une lésion choroïdienne de petite taille. a, b. Croissance visible en rétinophotographie. c, d. Modification de l'aspect OCT : majoration de la surélévation et du décollement séreux rétinien.
    ) ;
  • de rechercher la présence de pigment orange (accumulation pré-épithéliale de lipofuscine hyper-réflective) ou de shaggy photoreceptors (photorécepteurs fantômes) évocateurs d'une lésion maligne, ou de drusen plus rassurants (lésion ancienne, d'évolutivité lente) [104].
L'avantage de l'utilisation d'un OCT swept source dans l'examen des mélanomes choroïdiens est la rapidité de l'examen, mais aussi la visualisation améliorée de rapports avec la choroïde saine et une largeur d'image plus grande [105].
L'OCT-angiographie n'a pas à ce jour d'utilité pour le diagnostic des mélanomes choroïdiens, mais peut être utile pour la surveillance maculaire et rétinienne dans les suites de l'irradiation. Il doit être réalisé en préthérapeutique afin de définir l'état capillaire initial et d'en assurer la surveillance.
Les technologies d'avenir
Holographie Doppler
L'holographie Doppler laser à haute vitesse par interférométrie en ligne à grande vitesse permet une imagerie non invasive du flux sanguin dans le proche infrarouge dans l'œil humain, avec une résolution temporelle inégalée d'environ une milliseconde, ce qui est un avantage concurrentiel majeur par rapport à l'angiographie au vert indocyanine [ 106]. Dans la rétine, les artères et les veines peuvent être différenciées sur la base de leurs formes d'onde Doppler. Les artères et veines choroïdiennes peuvent être différenciées en calculant des images Doppler de basse et haute fréquences pour révéler des images de flux sanguin faible et élevé, respectivement. Il s'agit donc d'une piste future pour l'analyse multimodale des lésions choroïdiennes et de leur vascularisation. Actuellement, la nature pigmentée des mélanomes complique la réalisation optimale de cette imagerie prometteuse.
L'optique adaptative – vers un diagnostic précoce des anomalies rétiniennes post-radiques
L'optique adaptative est une technique initialement développée dans les années 1950 en astronomie pour améliorer la netteté des images des télescopes et dont la transposition au domaine de l'ophtalmologie est particulièrement pertinente, car l'œil est le siège d'aberrations optiques dues aux changements de milieux entre les différentes structures traversées par la lumière avant d'atteindre la rétine. Sa résolution latérale permet ainsi de visualiser in vivo les photorécepteurs, les vaisseaux sanguins et les détails de la tête du nerf optique.
Nous avons utilisé la camera d'optique adaptative Rtx1® développée par Imagine Eyes. La paroi vasculaire artérielle semble augmentée en post-irradiation, et des sténoses diffuses et focales (fig. 13-124
Fig. 13-124
Sténoses focales artérielles post-irradiation en OCT-A (PlexElite®, a, b) et en imagerie par optique adaptative (Rtx1 Imagine Eyes®) (c).
) sont mises en évidence chez des patients parfois parfaitement asymptomatiques. Les veines s'altèrent probablement dans un second temps car elles sont moins sensibles aux effets de l'irradiation. La perspective d'un diagnostic très précoce et d'un traitement dès les premiers signes vasculaires fait désormais partie du champ des possibles chez des patients parfois jeunes et chez qui la préservation de la fonction visuelle est un réel enjeu. L'optique adaptative est en cours d'évaluation dans le diagnostic précoce de la rétinopathie radique. L'examen est donc actuellement réalisé en routine dans notre service avant la mise en route du traitement par protonthérapie. Actuellement, il n'est pas, en routine, utilisé dans le diagnostic des mélanomes choroïdiens, mais pourrait être utile notamment à l'analyse des anomalies des photorécepteurs en regard de tumeurs de petite taille [107].
L'intérêt de l'imagerie multimodale dans le mélanome choroïdien
L'imagerie multimodale associée de manière indiscutable à l'examen clinique et à l'imagerie par échographie oculaire et parfois à l'échographie Doppler présente des intérêts multiples (fig. 13-125,
Fig. 13-125
Imagerie multimodale d'un volumineux mélanome choroïdien temporal de l'œil gauche. Aspect typique en « champignon » (a). L'examen en angiographie à la fluorescéine (b) montre une hyperfluorescence lésionnelle associée à des pin points tardifs. Vascularisation intralésionnelle en ICG (d). L'OCT objective le décollement séreux rétinien périlésionnel (c).
fig. 13-126
Fig. 13-126
Imagerie multimodale d'un volumineux mélanome choroïdien. Vascularisation intralésionnelle en ICG (d). Lésion hyperfluorescente en autofluorescence, associés à des pin points en bordure tumorale (b). c. OCT (Spectralis Heidelberg®) : visualisation de la limite tumorale associée à un décollement rétinien affleurant la macula.
). Elle doit actuellement être réalisée en routine dans la mesure du possible et de l'accessibilité à ces techniques d'imagerie.
Elle présente – sans volonté d'exhaustivité – les intérêts suivants :
  • mesure de la lésion tumorale et délimitation de celle-ci à visée thérapeutique ;
  • mise en évidence d'une croissance tumorale documentée en cas de petite lésion et évaluation des facteurs de risque d'évolutivité ( pin points angiographiques, boucles vasculaires en ICG, pigment orange hyper-autofluorescent, décollement séreux rétinien en OCT) ;
  • diagnostic différentiel en cas de phénomènes exsudatifs associés à une lésion pigmentée (néovascularisation choroïdienne, pseudo-CRSC sur nævus, etc.) ;
  • diagnostic différentiel des lésions achromes (métastases parfois multiples sur les retinophotographie grand champ, hypofluorescentes en ICG, signe lumpy bumpy en OCT) ou des lésions hémorragiques périphériques (masses télangiectasiques périphériques ou reactive retinal astrocytic tumor [RRAT], choroïdopathie exsudative et hémorragiques ou peripheral exudative hemorrhagic chorioretinopathy [PEHRC]) ;
  • visualisation des complications tumorales préthérapeutiques : nécrose tumorale hémorragique, décollement de rétine exsudatif parfois de très grande taille et évaluation des conséquences thérapeutiques sur les tumeurs de grande taille comme le syndrome de la tumeur toxique ;
  • analyse des rapports avec la choriocapillaire (pronostic face à une petite lésion douteuse) et la vascularisation choroïdienne adjacente (ICG, holographie Doppler) ;
  • évaluation du risque de rétinopathie et de maculopathie radique : rupture initiale de la barrière hématorétinienne en angiographie, décollement séreux rétinien maculaire ou œdème maculaire initial en OCT ;
  • guidage thérapeutique de la rétinopathie radique : dépistage précoce (optique adaptative, OCT-A) et évaluation de l'intérêt des injections intravitréennes d'anti-VEGF, évaluation angiographique des territoires non perfusés (guide la panphotocoagulation rétinienne).
Apport de l'IRM au diagnostic des tumeurs oculaires de l'adulte
A. Lecler, O. Bergès
L'analyse du fond d'œil, des angiographies et l'échographie assurent le diagnostic des masses pariétales oculaires dans plus de 95 % des cas. En deuxième intention, l'imagerie par résonance magnétique (IRM) peut apporter des informations utiles aux diagnostics positif, différentiel et d'extension.
Diagnostic positif du mélanome de l'uvée
Le mélanome de l'uvée a un signal caractéristique en IRM du fait de son contenu mélanique qui a un effet paramagnétique fort. Il est en hypersignal T1, en hyposignal T2 [108]. Attention aux rares mélanomes achromes qui ne présentent pas ce signal T1 et T2 caractéristiques. Le mélanome se rehausse après injection de gadolinium. Compte tenu de l'hypersignal T1 spontané de la lésion qui peut masquer la prise de contraste, le protocole IRM doit impérativement inclure une soustraction des séquences T1 sans et après injection de produit de contraste [ 109]. Le mélanome présente une restriction de la diffusion. Les séquences de susceptibilité magnétique peuvent montrer des pigments de mélanine hypo-intenses intralésionnels (fig. 13-127
Fig. 13-127
Mélanome choroïdien du champ nasal de l'œil droit (tête de flèche). La lésion est en hypersignal T1 spontané (a), hyposignal T2 (b), témoignant de son contenu mélanique. Elle prend le contraste sur les séquences T1 après injection de gadolinium (c). Elle présente une restriction de la diffusion (d). À noter la présence d'un décollement de rétine exsudatif réactionnel (flèche), habituel en cas de mélanome.
).
Les mélanomes les plus volumineux peuvent présenter un aspect typique en bouton de col du fait d'une rupture de la lame de Bruch, ou en champignon. On différencie facilement la masse d'un décollement de rétine exsudatif associé, qui est bien visible sur les séquences IRM en haute résolution, avec un contenu en hypersignal T1 et T2 modéré à fort en fonction du contenu protéique et de l'association ou non à une hémorragie.
Principaux diagnostics différentiels
Les principaux diagnostics différentiels du mélanome uvéal sont les métastases uvéales, les hémangiomes choroïdiens ou les hématomes choroïdiens [110 , 111]. Les métastases uvéales sont en isosignal T1 et T2 et se rehaussent après injection de gadolinium. Les hémangiomes sont en hypersignal T1 et T2 et se rehaussent également. Les hématomes ont un signal T1 et T2 variable selon l'âge du saignement. Ils ne se rehaussent pas après injection.
Pronostic
L'IRM permet d'obtenir facilement les éléments pronostiques principaux à rechercher, à savoir la taille, l'extension extraoculaire ou plus rarement au nerf optique.
En ce qui concerne la taille, l'IRM permet d'avoir une estimation précise du volume tumoral grâce aux acquisitions volumiques en haute résolution qui permettent des reconstructions en trois dimensions.
L'extension extraoculaire s'observe plus volontiers sur les séquences T1 après injection de contraste et saturation de la graisse [112]. En effet, la graisse ayant un hypersignal T1 spontané, un rehaussement pathologique peut être masqué en l'absence de suppression de son signal. Cette extension peut être de petite taille sous-ténonienne.
L'extension au nerf optique est évaluée de préférence avec des séquences en haute résolution compte tenu de pièges diagnostiques tels que la prise de contraste spontanée linéaire de l'artère centrale de la rétine, qui peuvent rendre son interprétation difficile. L'IRM est le seul examen à pouvoir identifier cette extension.
Aide au traitement
Les images IRM sont facilement exportables et réinterprétables lors de réunions de concertation pluridisciplinaire ou par des radiologues experts. L'IRM permet également de guider la radiothérapie [ 113]. Enfin, l'IRM permet dans certains cas particuliers d'assurer un suivi après traitement [114].
Diagnostic histologique
R. Barnhill
Le mélanome uvéal (MU) fait partie du groupe des mélanomes qui possèdent une mutation dans les gènes drivers de GNAQ , GNA11 , PLCB4 , et CYSLTR2 . Ces mêmes mutations se retrouvent dans les mélanomes issus de nævus bleu et du système nerveux central (cerveau) [115-116-117-118-119-120-121-122-123-124-125]. Le MU est la tumeur maligne intraoculaire primitive la plus fréquente chez l'adulte (encadré 13-2
Encadré 13-2
Mélanome uvéal
Aspects cliniques
  • Chez les Caucasiens
  • Âge moyen : 60 ans
  • Plus fréquent chez les hommes que chez les femmes
  • Asymptomatique
  • Vision floue
  • Perte de vision
  • Douleur
Aspects histopathologiques
  • Silhouette : polypoïde (champignon) ou diffuse
  • Cytologie : fusiforme (> 90 % fusiforme) ou épithélioïde (> 90 % épithélioïde) ou mixte (> 10 % épithélioïde et < 90 % fusiforme)
  • Extension de tumeur : corps ciliaire, iris, sclère, périvasculaire (angiotropisme), du nerf optique (neurotropisme), extraoculaire
  • Pigmentation : variable
Diagnostic différentiel
  • Nævus uvéal
  • Mélanocytome
  • Tumeurs non mélanocytaires
    • Léiomyome intraoculaire
    • Tumeur nerveuse bénigne, par exemple schwannome uvéal
  • Tumeurs secondaires d'autre origine
Caractéristiques pronostiques
  • Diamètre tumoral basal
  • Type de cellule épithélioïde ou fusiforme
  • Extension de tumeur : corps ciliaire, iris, sclère, du nerf optique (neurotropisme), extraoculaire, périvasculaire (angiotropisme)
  • Taux mitotique
  • Monosomie 3
  • Gain de chromosome 8q
  • Mutation BAP1
  • Expression des gènes de classe 2
).
Aspects histopathologiques
La plupart (90 %) des MU surviennent au niveau de la choroïde, 5 à 8 % du corps ciliaire et 3 à 5 % de l'iris (fig. 13-128,
Fig. 13-128
Mélanome uvéal primitif. a. Le globe de l'œil contient un mélanome primitif. b. Silhouette polypoïde de la tumeur et décollement de la rétine (flèche). c. On observe principalement des cellules de mélanome fusiformes et pigmentées. d. Cellules de mélanome fusiforme (type B). e. Cellules de mélanome épithélioïde.
fig. 13-129
Fig. 13-129
Mélanome uvéal primitif. a. Envahissement du corps ciliaire (flèches). b. Envahissement du nerf optique (flèches). c. Extension extraoculaire (intrasclérale) de cellules de mélanome le long d'un vaisseau. Cela constitue l'angiotropisme (flèches). d. Cellules de mélanome (angiotropisme) autour d'un vaisseau (flèches).
). Le plus souvent, les tumeurs ont typiquement un aspect nodulaire polypoïde en forme de champignon, mais plus rarement peuvent être infiltrantes de façon diffuse. La variante infiltrante diffuse du MU est plus susceptible d'envahir la sclère. Historiquement, les mélanomes du tractus uvéal ont été classés principalement sur la base leur composition cytologique, c'est-à-dire la proportion de cellules tumorales épithélioïdes versus fusiformes (voir fig. 13-128
Fig. 13-128
Mélanome uvéal primitif. a. Le globe de l'œil contient un mélanome primitif. b. Silhouette polypoïde de la tumeur et décollement de la rétine (flèche). c. On observe principalement des cellules de mélanome fusiformes et pigmentées. d. Cellules de mélanome fusiforme (type B). e. Cellules de mélanome épithélioïde.
et encadré 13-2
Encadré 13-2
Mélanome uvéal
Aspects cliniques
  • Chez les Caucasiens
  • Âge moyen : 60 ans
  • Plus fréquent chez les hommes que chez les femmes
  • Asymptomatique
  • Vision floue
  • Perte de vision
  • Douleur
Aspects histopathologiques
  • Silhouette : polypoïde (champignon) ou diffuse
  • Cytologie : fusiforme (> 90 % fusiforme) ou épithélioïde (> 90 % épithélioïde) ou mixte (> 10 % épithélioïde et < 90 % fusiforme)
  • Extension de tumeur : corps ciliaire, iris, sclère, périvasculaire (angiotropisme), du nerf optique (neurotropisme), extraoculaire
  • Pigmentation : variable
Diagnostic différentiel
  • Nævus uvéal
  • Mélanocytome
  • Tumeurs non mélanocytaires
    • Léiomyome intraoculaire
    • Tumeur nerveuse bénigne, par exemple schwannome uvéal
  • Tumeurs secondaires d'autre origine
Caractéristiques pronostiques
  • Diamètre tumoral basal
  • Type de cellule épithélioïde ou fusiforme
  • Extension de tumeur : corps ciliaire, iris, sclère, du nerf optique (neurotropisme), extraoculaire, périvasculaire (angiotropisme)
  • Taux mitotique
  • Monosomie 3
  • Gain de chromosome 8q
  • Mutation BAP1
  • Expression des gènes de classe 2
). Lorsque les deux types de cellules sont présents de manière significative, le type de tumeur est appelé « mixte » (> 10 % épithélioïde et < 90 % fusiforme). Les tumeurs composées exclusivement de cellules fusiformes (de type A) sont rarement associées à des métastases, et il a été proposé que ces tumeurs, lorsqu'elles sont de petite taille, soient considérées comme indolentes ou bénignes (nævus uvéal) et non classifiées comme mélanome. Le MU est souvent pigmenté (voir fig. 13-128c
Fig. 13-128
Mélanome uvéal primitif. a. Le globe de l'œil contient un mélanome primitif. b. Silhouette polypoïde de la tumeur et décollement de la rétine (flèche). c. On observe principalement des cellules de mélanome fusiformes et pigmentées. d. Cellules de mélanome fusiforme (type B). e. Cellules de mélanome épithélioïde.
), mais peut être achromique ou peu mélanique.
Sur le plan cytologique, il existe donc des cellules fusiformes et des cellules épithélioïdes (voir fig. 13-128d, e
Fig. 13-128
Mélanome uvéal primitif. a. Le globe de l'œil contient un mélanome primitif. b. Silhouette polypoïde de la tumeur et décollement de la rétine (flèche). c. On observe principalement des cellules de mélanome fusiformes et pigmentées. d. Cellules de mélanome fusiforme (type B). e. Cellules de mélanome épithélioïde.
). Les cellules fusiformes peuvent être soit des cellules minces et allongées à noyau allongé et étroit (cellules fusiformes A), soit des cellules fusiformes mais plus minces que les précédentes, avec un nucléole bien visible (cellules fusiformes B). Les cellules tumorales épithélioïdes peuvent être plus ou moins grandes avec des quantités variables de cytoplasme. L'apparence épithélioïde la plus courante est celle d'une cellule tumorale à grand noyau, avec une chromatine de type vésiculaire et un nucléole bien visible.
Les mélanomes composés principalement de cellules épithélioïdes ont tendance à être associés à un mauvais pronostic. Cependant, du fait de la variabilité entre les observateurs ainsi que de la variabilité due à l'échantillonnage, la valeur pronostique de classification des tumeurs par type cellulaire est limitée.
Compte-rendu histopathologique et pronostic
Les caractéristiques histopathologiques (encadré 13-3
Encadré 13-3
Compte-rendu histopathologique de mélanome uvéal
  • Macroscopie et prélèvement à l'état frais pour analyse génétique
  • Diagnostic de mélanome
  • Taille de la lésion
    • Diamètre tumoral basal (millimètres) : ____ mm
    • Épaisseur tumorale (millimètres) : ____ mm
  • Type cellulaire (fusiforme ou épithélioïde)
    • ___ Fusiforme (> 90 % fusiforme)
    • ___ Mixte (> 10 % et < 90 % épithélioïde, < 90 % fusiforme)
    • ___ Épithélioïde (> 90 % épithélioïde)
  • Extension de la tumeur
    • ___ Corps ciliaire
    • ___ Iris
    • ___ Choroïde
    • ___ Sclère
    • ___ Périvasculaire (angiotropisme)
    • ___ Lame criblée (atteinte pré-, intra-, rétroluminale)
    • ___ Nerf optique, gaines méningées, tranche de section terminale
    • ___ Extraoculaire
  • Taux de mitose (index mitotique)
    • ___ Mitoses sur 10 champs
  • Statut des marges
) associées significativement au mauvais pronostic sont : un grand diamètre basal de la tumeur ; une atteinte du corps ciliaire, de l'iris, du nerf optique, l'angiotropisme et l'extension extraoculaire ; et le type de cellule épithélioïde/mixte. L'affinement de modèles pronostiques histopathologiques a été proposé, associant l'index mitotique tumoral et l'angiotropisme. Aujourd'hui, les résultats génétiques et moléculaires sont les prédicteurs pronostiques les plus puissants. En particulier, la monosomie du chromosome 3, le gain de chromosome 8q, le profil d'expression génique de classe 2 et la mutation de BAP1 sont associés à un mauvais pronostic.
Mélanome métastatique
Environ la moitié des patients diagnostiqués avec un MU primitif développent des métastases. Les organes cibles de métastases les plus fréquents sont le foie (95 %), les poumons (24 %), l'os (16 %) et la peau (11 %), et rarement les ganglions lymphatiques ou le cerveau. L'évolution clinique des patients atteints de MU est fortement dépendant de la progression de la maladie secondaire hépatique. La survie médiane après diagnostic de patients atteints de métastases hépatiques est d'environ 4 à 6 mois et la survie à 1 an d'environ 10 à 15 %.
Il a été récemment démontré que l'étude histopathologique des métastases hépatiques permettait de différencier deux modèles principaux de croissance tumorale ou histopathological growth pattern (HGP) (fig. 13-130
Fig. 13-130
Métastases hépatiques de mélanome uvéal. a. Métastase hépatique avec modèle de croissance histologique « remplacement » (replacement histopathological growth pattern). L'interface entre la métastase (M) et le foie sain est mal délimitée (flèches). b. L'interface entre la métastase et le foie sain. Les cellules de mélanome infiltrent et remplacent le parenchyme hépatique le long des vaisseaux (flèches), sans distorsion de l'architecture du foie ni des vaisseaux. c. Métastase hépatique (M) avec modèle de croissance histologique « desmoplastique » (desmoplastic histopathological growth pattern). L'interface entre la métastase et le foie sain est bien délimitée par une bordure desmoplastique (tête de flèche). d. La bordure desmoplastique (desmoplasie) entre la métastase (M) et le foie.
) : le modèle « remplacement » ( replacement ) et le modèle « desmoplastique » ( desmoplastic ). L'analyse de l'HPG des métastases hépatiques de MU apporte des données biologiques et pronostiques importantes : le modèle remplacement représente environ 75 % des cas, et correspond au remplacement des cellules hépatiques par les cellules de MU le long des vaisseaux (angiotropisme/co-option). Le modèle desmoplastique représente environ un quart des cas. Les métastases hépatiques avec remplacement sont associées à une survie globale réduite en analyse univariée (p < 0,047) et multivariée ( hazard ratio [HR] = 6,51, p = 0,008).
Diagnostic différentiel
Le diagnostic différentiel principal inclut un nævus uvéal et d'autres tumeurs intraoculaires, parmi lesquelles un léiomyome intraoculaire, une tumeur bénigne d'origine nerveuse, et une tumeur secondaire, en particulier une métastase de carcinome peu différencié simulant un mélanome uvéal achromique (voir encadré 13-2
Encadré 13-2
Mélanome uvéal
Aspects cliniques
  • Chez les Caucasiens
  • Âge moyen : 60 ans
  • Plus fréquent chez les hommes que chez les femmes
  • Asymptomatique
  • Vision floue
  • Perte de vision
  • Douleur
Aspects histopathologiques
  • Silhouette : polypoïde (champignon) ou diffuse
  • Cytologie : fusiforme (> 90 % fusiforme) ou épithélioïde (> 90 % épithélioïde) ou mixte (> 10 % épithélioïde et < 90 % fusiforme)
  • Extension de tumeur : corps ciliaire, iris, sclère, périvasculaire (angiotropisme), du nerf optique (neurotropisme), extraoculaire
  • Pigmentation : variable
Diagnostic différentiel
  • Nævus uvéal
  • Mélanocytome
  • Tumeurs non mélanocytaires
    • Léiomyome intraoculaire
    • Tumeur nerveuse bénigne, par exemple schwannome uvéal
  • Tumeurs secondaires d'autre origine
Caractéristiques pronostiques
  • Diamètre tumoral basal
  • Type de cellule épithélioïde ou fusiforme
  • Extension de tumeur : corps ciliaire, iris, sclère, du nerf optique (neurotropisme), extraoculaire, périvasculaire (angiotropisme)
  • Taux mitotique
  • Monosomie 3
  • Gain de chromosome 8q
  • Mutation BAP1
  • Expression des gènes de classe 2
). Les tumeurs secondaires incluent les carcinomes d'origine bronchopulmonaire et les adénocarcinomes d'origine bronchopulmonaire ou mammaire. Les renseignements cliniques et les études immunohistochimiques établissent généralement le diagnostic.
Le MU métastatique peut être un défi diagnostique. Dans la majorité des cas, la tumeur métastase initialement au foie. Cependant, il peut y avoir des métastases cutanées difficiles à différencier morphologiquement du nævus bleu ou du mélanome issu de nævus bleu. Pour parvenir à un diagnostic précis, une attention particulière doit être portée au contexte clinique (antécédents de MU ou de mélanome cutané) et aux caractéristiques cytologiques (présence ou absence d'atypies épithélioïdes, taux mitotique). Dans les cas difficiles, des études cytogénétiques peuvent être utiles, en particulier la recherche d'aberrations régulièrement associées au MU (monosomie 3, anomalies des chromosomes 6 et/ou 8, mutations de BAP1 ).
Mécanismes de transformation maligne du mélanome uvéal
M.-H. Stern
Introduction
Le mélanome uvéal (MU) est la tumeur maligne intraoculaire primaire la plus fréquente chez l'adulte, mais il s'agit d'une tumeur rare d'incidence variable parmi les populations humaines, touchant environ 5 individus par million par an en France [126 , 127]. Le diagnostic de MU est fondé sur l'apparence clinique de la tumeur. Chaque fois qu'un tissu tumoral est disponible (ponction/biopsie ou énucléation), le diagnostic peut être confirmé par un examen histopathologique. Le MU primaire est traité efficacement par radiothérapie (proton- ou curiethérapie) ou chirurgie (énucléation). Cependant, 30 à 50 % des patients développeront des localisations secondaires, essentiellement des métastases hépatiques. Ces métastases sont chimiorésistantes, et aucun traitement n'a démontré d'efficacité pour améliorer le pronostic très défavorable à ce stade métastatique, avec une médiane de survie d'environ 10 mois [ 128]. En plus des caractéristiques cliniques, l'analyse moléculaire des tumeurs, transcriptomique et génomique, est très efficace pour prédire le risque évolutif des tumeurs.
La compréhension des mécanismes précis de la transformation tumorale du MU est donc un enjeu crucial pour définir de nouvelles stratégies thérapeutiques indispensables pour cette maladie redoutable.
Mécanismes de la transformation maligne du mélanome uvéal
La compréhension de la maladie a évolué avec les progrès sur la caractérisation du génome tumoral. Une découverte importante a été la fréquence élevée de la monosomie 3 dans le MU, suivie d'autres altérations cytogénétiques récurrentes, qui ont émergé comme marqueurs pronostiques importants [129-130-131]. Cependant, les premières mutations récurrentes d'un oncogène, GNAQ , n'ont été identifiées qu'en 2009 [132]. Depuis, un paysage génomique clair du MU a émergé par la caractérisation pangénomique de larges séries de MU [133-134-135-136-137-138-139-140-141]. Les principales conclusions de ces analyses génomiques sont : premièrement, l'UM est l'un des cancers de l'adulte portant le plus faible taux de mutations, en contraste avec le mélanome cutané ; deuxièmement, le MU apparaît comme un cancer relativement simple et stéréotypé sur le plan des événements moléculaires en cause dans la transformation maligne.
Le modèle actuel est que le MU est dû à l'action successive de deux familles d'altérations génétiques : 1) l'activation de la voie des protéines G trimériques dites Gαq ; et 2) un deuxième événement pouvant toucher trois voies distinctes – le gène suppresseur de tumeurs BAP1  ; un des gènes codant pour un facteur d'épissage (principalement SF3B1 ) ; ou un gène codant pour un facteur d'initiation de la traduction, EIF1AX . On parle alors de l'événement BSE ( BAP1 , Splice et EIF1AX ) (fig. 13-131
Fig. 13-131
L'événement BSE (BAP1, Splice et EIF1AX).
).
Altérations de la voie Gαq
La voie Gαq désigne les sous-unités α de la classe Q (Gαq/11) des protéines hétérotrimériques G. Ces complexes assurent la transduction du signal entre la famille de récepteurs couplés aux protéines G (GPCR) et de nombreuses voies d'activation cellulaire qui seront détaillées ci-dessous. Les MU sont presque toujours associés à une mutation activatrice de cette voie Gαq, dont les plus fréquentes touchent les gènes GNAQ et GNA11 [ 132 , 142], codant pour les sous-unités Gαq et Gα11, sur des codons particuliers (mutations dites hotspot ), principalement Q209, et plus rarement R183, qui inhibent leur activité GTPase intrinsèque et les maintiennent dans une conformation activée. Deux autres mutations activatrices sont retrouvées dans environ 10 % des MU, dans le gène codant pour un récepteur aux leucotriènes couplé à Gαq, CYSLTR2 (récepteur cystéinyl leukotriène 2) sur le codon L129, ou dans le gène codant pour la phospholipase C β4, PLCB4 , sur le codon D630. Ces mutations sont mutuellement exclusives, retrouvées dans la grande majorité des MU, et touchent les premiers éléments de la voie Gαq, du récepteur à la phospholipase C. Cette phospholipase C activée par Gαq/11 transforme le phosphatidylinositol biphosphate (PIP2) en diacylglycérol (DAG) et inositol 3 phosphate (IP3) qui convergent vers l'activation des protéines kinases C (PKC). La voie des MAPK/MEK est ensuite activée, ce qui représente une cible thérapeutique potentielle. Cependant, les inhibiteurs de la MEK se sont révélés inefficaces pour le MU, ce qui indique que la voie des MAPK ne joue pas un rôle essentiel dans la transformation de la MU.
C'est la voie YAP/TAZ qui est apparue comme un acteur majeur du processus malin. Son mécanisme d'activation est complexe, et le modèle le plus récent propose que Gαq/11 active FAK via la voie TRIO-RhoA. Par la suite, FAK active YAP/TAZ par phosphorylation de MOB1 [143]. La voie YAP/TAZ est difficile à cibler directement, mais les inhibiteurs FAK existent déjà et devront être évalués dans les futures approches thérapeutiques (fig. 13-132
Fig. 13-132
La voie YAP/TAZ.
). Pour une revue récente, voir [ 144].
L'événement BSE
L'événement BSE définit trois types d'altérations génétiques récurrentes généralement mutuellement exclusives et retrouvées dans la plupart des MU, et comprend : 1) l'inactivation de BAP1  ; 2) les altérations d'un gène d'épissage, le plus souvent SF3B1  ; ou 3) des mutations du gène EIF1AX . L'événement BSE est très fortement associé au pronostic du MU porteur de cette altération.
Inactivation de BAP1
Harbour et al. ont identifié BAP1, localisé sur le chromosome 3, comme le principal gène suppresseur de tumeur impliqué dans la MU à haut risque métastatique [ 139]. L'inactivation bi-allélique se produit dans environ 50 % des MU primaires, combinant : 1) la perte d'hétérozygotie ( loss of heterozygosity [LOH]), le plus souvent par perte du chromosome 3 (monosomie 3 [M3]) ou par duplication d'un unique chromosome 3 (LOH sans perte de nombre de copies, ou neutre, encore appelé isochromosome 3) ; et 2) une mutation somatique délétère du deuxième allèle de BAP1 , dans un modèle à deux coups ( « two-hit model » ou « modèle de Knudson »). Dans de rares cas, un des allèles de BAP1 est porteur d'une mutation délétère héritée (germinale) dans le contexte du syndrome de prédisposition BAP1 (voir ci-dessous), le deuxième allèle étant perdu au niveau somatique dans la tumeur [ 145]. Les MU déficients en BAP1 sont donc très corrélés avec la M3, qui explique que le statut M3 est un puissant marqueur péjoratif de la rechute métastatique.
BAP1 est une enzyme impliquée dans l'auto-déubiquitination et la déubiquitination de l'histone H2A, et d'autres protéines importantes comme HCF1 ( host cell factor C1) , YY1 ( yin-yang-1 ), OGT ( O-linked N-acetylglucosamine transferase ), KDM1B ( lysine demethylase 1B ), FOXK1/2 ( forkhead box K1 et 2 ) et KLF5 ( Krupple like factor 5 ) [146 , 147]. BAP1 a été impliqué dans un grand nombre de fonctions cellulaires, y compris la régulation du cycle cellulaire et la croissance, la réplication et la réparation de l'ADN, l'apoptose et le métabolisme [148-149-150-151]. Cependant, il n'est pas clair si BAP1 participe directement à toutes ces voies très différentes ou s'il agit principalement au niveau de la régulation de l'expression de gènes clés. En effet, la fonction de BAP1 conservée au niveau évolutif est la régulation du remodelage de la chromatine. BAP1 forme un complexe avec ASXL (ASXL1-3), nommé PR-DUB, avec une activité de déubiquitinase envers l'histone H2A lysine 119 mono-ubiquitination (H2AK119ub). BAP1 a été initialement proposé comme faisant partie de la machinerie polycomb – impliquée dans le maintien de l'identité cellulaire via la répression transcriptionnelle [152]. En fait, BAP1-ASXL s'oppose plutôt au complexe répressif Polycomb, PRC1, qui a, lui, une activité ubiquinase sur H2AK119. BAP1 pourrait donc libérer l'expression génique réprimée par PRC1 [ 153 , 154].
Dans l'état actuel, le déficit en BAP1 est difficile à cibler directement, mais pourrait conférer une sensibilité particulière par rapport aux cellules normales compétentes en BAP1 (létalité synthétique). Par exemple, il a été démontré que les lignées cellulaires de mésothéliomes déficientes en BAP1 sont hypersensibles à l'inhibition pharmacologique d'EZH2 [ 155], mais ces résultats n'ont pas été confirmés dans les lignées cellulaires de MU déficientes en BAP1 [ 156].
Altérations des gènes d'épissage
Des mutations hotspot de SF3B1 sont retrouvées dans environ 25 % des MU, essentiellement au codon R625 [136 , 138 , 140], alors que les mutations les plus fréquentes de SF3B1 dans les tumeurs hématopoïétiques ciblent principalement le codon K700. SF3B1 code pour un composant central du complexe snRNP U2 du splicéosome qui reconnaît un point de branchement en amont du site accepteur 3′ de l'épissage. Les mutations SF3B1 entraînent la reconnaissance de points de branchement aberrants et, par conséquent, l'utilisation de sites accepteurs aberrants en amont des sites d'épissage physiologiques. La conséquence de ces aberrations est l'inclusion de séquences introniques dans plus de 1000 jonctions, correspondant à environ 1 % des transcrits [ 157 , 158]. Ces insertions d'intron dans le transcrit peuvent être potentiellement délétères, activatrices ou induire un changement de fonctionnement. Pour deux tiers de ces transcrits, l'insertion introduit un décalage de cadre de lecture et une dégradation du transcrit par le mécanisme de nonsense-mediated decay (NMD) [157].
Le grand nombre de gènes impactés par le défaut d'épissage induit par les mutations de SF3B1 rend complexe l'identification des acteurs et des mécanismes de l'oncogenèse liée à SF3B1. Récemment, BRD9 – membre du complexe de remodelage de la chromatine BAF – et la phosphatase PPP2R5A – dont l'inhibition stabilise l'oncogène MYC – ont été proposés comme principales cibles oncogéniques des mutations SF3B1 [ 159 , 160]. Les MU mutés pour SF3B1 sont associés à une disomie 3 (D3), et initialement à un bon pronostic. Cependant, le suivi au long cours de ces tumeurs mutées pour SF3B1 a montré de fréquentes mais tardives progressions métastatiques avec un intervalle médian sur 8 ans [161]. D'autres gènes d'épissage ont été retrouvés mutés dans quelques MU, principalement le gène SRSF2 , avec des petites délétions respectant le cadre de lecture [135], alors que les mutations récurrentes de SRSF2 dans la myélodysplasie sont des faux sens du codon P95.
L'épissage a été proposé comme cible thérapeutique. Un certain nombre d'inhibiteurs d'épissage existent et ont été testés sur des modèles animaux et des essais cliniques. Cependant, ils sont généralement extrêmement toxiques. Récemment, la petite molécule H3B-8800 a été montrée comme tuant préférentiellement les lignées cellulaires mutées pour SF3B1 par rapport aux lignées sauvages [162]. Un essai clinique est en cours pour évaluer ce médicament dans les leucémies avancées (NCT02841540).
Mutations d' EIF1AX
Le troisième événement de type BSE est l'altération du gène EIF1AX , situé sur le chromosome X [140]. EIF1AX code eIF1A, un composant du complexe de pré-initiation 43S qui sert de médiateur au recrutement de la petite sous-unité ribosomale au cap 5′ des ARN messagers. Le facteur eIF1A a donc un rôle important dans la traduction, et surtout dans le choix du codon ATG qui initiera la traduction. Des mutations faux sens ciblant les 15 premiers codons d' EIF1AX sont été trouvées dans environ 15 % des MU. Ces mutants eIF1A favorisent des sites alternatifs d'initiation de la traduction et modifient ainsi le protéome de la tumeur [ 163 , 164]. Toutefois, le mécanisme oncogénique induit par ce processus est largement inconnu. À noter que les mutations EIF1AX ne sont pas strictement mutuellement exclusives avec les autres événements de type BSE : des cas ont été occasionnellement signalés avec des mutations EIF1AX en addition de l'inactivation de BAP1 ou d'une mutation SF3B1 [135 , 165]. Les MU mutées exclusivement pour EIF1AX ont le plus souvent un bon pronostic [161], bien que des rechutes métastatiques très tardives (sur 10 à 20 ans) aient été signalées [165].
Autres altérations génétiques récurrentes
Des mutations germinales délétères du gène MBD4 , localisé sur le chromosome 3, sont retrouvées chez environ 1 % des patients, et toujours associées à des MU avec M3. C'est l'analyse détaillé d'un exceptionnel patient atteint d'un MU métastatique ayant présenté une réponse spectaculaire à un inhibiteur de PD1 (PD1inh) qui a permis la découverte de ces mutations de MBD4 [ 134]. MBD4 code pour une glycosylase qui répare les 5-méthylcytosines désaminées, et comme attendu, les MU porteurs d'une inactivation de MBD4 ont un fort taux de mutations, exclusivement de type CpG → TpG. Ces mutations germinales de MBD4 sont un facteur important de prédisposition au MU [166].
Les MU sont associés à des altérations génomiques très récurrentes, telles que des pertes de 1p, 3, 6q, 8p, le gain de 8q, 1q et 6p. Les altérations des chromosomes 3 et 8 sont très péjoratives sur le pronostic, alors que le gain 6p est plutôt de bon pronostic. Selon l'hypothèse de Knudson à « deux coups », des gènes suppresseurs de tumeurs sont probablement localisés sur les régions de perte récurrente. C'est le cas pour BAP1 et MBD4 sur le chromosome 3. Pour les autres régions, ces gènes cibles ne sont pas identifiés, mais PHF10/BAF45a a été proposé pour être la cible des pertes de la région 6q [ 167]. À l'inverse, des gains récurrents de 1q, 6p, 8q augmenteraient le nombre de copies et l'expression génique d'oncogènes. Malgré l'importance du gain 8q, altération très fréquente et très péjorative sur le plan pronostique, le ou les gènes cibles de ces gains restent à identifier.
Histoire naturelle de la maladie et progression métastatique
Aucun composant bénin n'est en général identifiable sur la tumeur primaire de MU, et aucun nævus bénin ayant pu être à l'origine d'un MU n'a jamais pu être caractérisé au niveau moléculaire. La chronologie des événements oncogènes du MU n'est donc qu'hypothétique. Le modèle le plus plausible est que l'événement Gαq précède l'événement BSE, car des proliférations bénignes telles que les nævus bleus ou les nævus uvéaux portent ces mutations [132 , 142 , 168]. De plus, de rares MU portent une même mutation Gαq, mais différents événements de type BSE [ 137 , 165 , 169]. Tous ces événements clés peuvent se produire dans un laps de temps très court, dans une évolution dite ponctuée [130]. Toujours est-il que la stratégie thérapeutique la plus rationnelle serait d'inhiber la voie Gαq.
Une question majeure est de comprendre les mécanismes de progression tumorale vers la forme métastatique. L'évolution génomique globale au niveau des nucléotides, y compris pendant la progression tumorale et les métastases, est très limitée, avec très peu de nouvelles mutations au stade métastatique [ 165 , 169]. Certaines nouvelles mutations récurrentes, notamment touchant des gènes codant des facteurs de remodelage de la chromatine comme PBRM1 ou EZH2 , sont probablement des événements tardifs, n'expliquant pas la progression métastatique [169]. Les variations du nombre de copies sont beaucoup plus dynamiques, avec une hétérogénéité significative dans les tumeurs primaires et une nouvelle acquisition de gains récurrents (1q, 6p, 8q et isodisomie 3), et les pertes (1p, 6q, 8p) jouent probablement un rôle important dans la progression de la tumeur [165]. La principale conclusion de ces analyses est que les MU à faible risque (D3, type I selon la classification d'Harbour) ne progressent pas en MU à haut risque (M3, type II, inactivé pour BAP1 ). De plus, l'analyse de rares cas très informatifs semble indiquer que le processus métastatique pourrait débuter très rapidement, dès l'initiation de la tumorigenèse.
Conclusion
Actuellement, la génomique et la génétique du mélanome uvéal fournissent des éléments clés pour un pronostic très précis des patients. Espérons que les progrès récents remarquables dans la compréhension moléculaire se traduiront bientôt par une stratification du traitement des patients et des thérapies ciblées efficaces pour cette maladie de mauvais pronostic.
Apport de la génomique dans le pronostic des mélanomes uvéaux – expérience du réseau melachonat
G. Pierron
Introduction
Bien que rare, le mélanome uvéal (MU) est l'une des tumeurs malignes intraoculaires les plus communes chez l'adulte. S'il existe des options thérapeutiques visant à contrôler efficacement la tumeur primaire (80 % de survie globale à 5 ans), une fois le diagnostic de métastase posé, l'espérance de survie globale chute dramatiquement (8 % à 2 ans). Alors que seuls 1 à 4 % des patients présentent une maladie métastatique détectable au moment du diagnostic initial, 20 à 50 % d'entre eux pourront développer des métastases à distance, en particulier hépatiques [170].
La définition de marqueurs pronostiques prédictifs est donc un enjeu majeur pour adapter le suivi et la prise en charge des patients. Ainsi, des critères cliniques ou histologiques, comme la taille de la tumeur, l'extension extraoculaire, une activité mitotique élevée, un infiltrat lymphocytaire, ou des cellules de type épithélioïde, sont associés à un haut risque d'évolution métastatique [ 171]. Mais d'autres paramètres, issus du profilage moléculaire de ces tumeurs, permettent également d'affiner la stratification pronostique.
Marqueurs moléculaires
L'oncogenèse du MU passe par l'accumulation d'altérations génomiques survenant de façon ponctuelle au niveau de la séquence nucléotidique ( single nucleotide variations [SNV]) et/ou modifiant le nombre de copies de tout ou partie de certains chromosomes ( copy number variations [CNV]).
Les SNV
Si l'absence de mutation des gènes KRAS ou BRAF , et une charge mutationnelle faible distinguent les MU de leurs homologues cutanés, ceux-ci présentent néanmoins des altérations caractéristiques (fig. 13-133a
Fig. 13-133
Altérations génomiques des mélanomes uvéaux. a. Au niveau génique (SNV). Synthèse graphique des altérations observées à l'échelle nucléotidique. Les gènes dont la mutation est liée à l'initiation du processus tumoral sont figurés en gamme de violet sur le cercle extérieur (GNAQ/11, CYSLTR2, PLCB4). Les gènes dont l'altération est impliquée dans la progression tumorale sont représentés sur les deux cercles internes (BAP1, rouge ; SF3B1, bleu ; EIF1AX, vert ; absence de mutation additionnelle, gris). Que le patient soit GNAQ ou GNA11, les mutations impliquées dans la progression tumorale sont le plus souvent mutuellement exclusives, mais quelques cas peuvent combiner des altérations dans BAP1/SF3B1, ou SF3B1/EIF1AX (rouge/bleu, bleu/vert respectivement). Les positions et substitutions les plus fréquemment identifiées sont indiquées sous forme de lollipop plot dans la couleur et en regard du gène concerné. BAP1 étant un gène suppresseur de tumeur, les altérations tronquantes recensées sont variées (Frameshift [FS], Stop [*], Deletion [Del]). b. Au niveau chromosomique (CNV). Synthèse graphique des altérations observées à l'échelle chromosomique associées au pronostic. Le statut du chromosome 8q : normal (Chr8q nl : gris) ou gagné (Chr8q + : rouge) est indiqué sur le cercle interne. Le statut du chromosome 3 – normal/disomie (D3 : gris) ou perdu/monosomie (M3 : rouge) – est figuré sur le cercle intermédiaire. Le risque pronostique déterminé par la combinaison des statuts des Chr3 et Chr8q est représenté sur le cercle e
Adapté de cBioportal, K.N Smit et al. [172] et Cassoux N et al. [176].
).
Les premières sont liées à l'initiation du processus tumoral et ciblent des sous-unités de petites protéines G alpha. Ainsi, plus de 92 % des MU sont mutés de façon mutuellement exclusive dans l'un des paralogues GNAQ ou GNA11 . En l'absence de mutation dans un de ces deux gènes, CYSLTR2 ou PLCB4 peuvent également être altérés.
Les secondes, survenant lors de la progression tumorale, peuvent toucher les gènes BAP1 , SF3B1 , EIF1AX , et sont associées à des pronostics distincts (du plus défavorable au plus favorable respectivement) [172].
Les CNV
Des anomalies chromosomiques récurrentes (gains, pertes, isodisomies, totales ou partielles) sont observées dans les échantillons tumoraux de MU (fig. 13-133b
Fig. 13-133
Altérations génomiques des mélanomes uvéaux. a. Au niveau génique (SNV). Synthèse graphique des altérations observées à l'échelle nucléotidique. Les gènes dont la mutation est liée à l'initiation du processus tumoral sont figurés en gamme de violet sur le cercle extérieur (GNAQ/11, CYSLTR2, PLCB4). Les gènes dont l'altération est impliquée dans la progression tumorale sont représentés sur les deux cercles internes (BAP1, rouge ; SF3B1, bleu ; EIF1AX, vert ; absence de mutation additionnelle, gris). Que le patient soit GNAQ ou GNA11, les mutations impliquées dans la progression tumorale sont le plus souvent mutuellement exclusives, mais quelques cas peuvent combiner des altérations dans BAP1/SF3B1, ou SF3B1/EIF1AX (rouge/bleu, bleu/vert respectivement). Les positions et substitutions les plus fréquemment identifiées sont indiquées sous forme de lollipop plot dans la couleur et en regard du gène concerné. BAP1 étant un gène suppresseur de tumeur, les altérations tronquantes recensées sont variées (Frameshift [FS], Stop [*], Deletion [Del]). b. Au niveau chromosomique (CNV). Synthèse graphique des altérations observées à l'échelle chromosomique associées au pronostic. Le statut du chromosome 8q : normal (Chr8q nl : gris) ou gagné (Chr8q + : rouge) est indiqué sur le cercle interne. Le statut du chromosome 3 – normal/disomie (D3 : gris) ou perdu/monosomie (M3 : rouge) – est figuré sur le cercle intermédiaire. Le risque pronostique déterminé par la combinaison des statuts des Chr3 et Chr8q est représenté sur le cercle e
Adapté de cBioportal, K.N Smit et al. [172] et Cassoux N et al. [176].
). Ainsi, on cherchera à statuer sur le nombre de copies du chromosome 3 total (2 copies/normal disomie : D3 ; 1 copie/perte – monosomie M3) et du bras long (q) du chromosome 8 (2 copies/normal – 8qnl ; 3/5 copies/gain – 8q +). L'absence, la présence, ou la co-occurrence de ces événements sont également corrélées au pronostic [ 173].
Techniques de détection
Évolution technologique
La détermination du statut altéré ou non des différents marqueurs moléculaires participant à l'oncogenèse du MU a suivi au cours du temps l'évolution des connaissances et des différentes innovations technologiques (fig. 13-134a
Fig. 13-134
Détection des marqueurs moléculaires. a. Évolution technologique. Illustration au cours du temps des différentes techniques utilisées dans la caractérisation de mélanomes uvéaux. Initialement, le caryotype a permis d'identifier des anomalies récurrentes, comme la monosomie du chr3 ou l'iso-chromosome 8q, mais nécessite du matériel tumoral frais. Dans les années 2000, la FISH (fluorescent in situ hybridization), puis la CGHarray (comparative genomic hybridization, sur BAC, ou bacterial artificial chrosomome) ont permis de démocratiser l'accès à la classification moléculaire sur des échantillons de tout type. Celle-ci s'est affinée pour les CNV avec des outils de plus en plus résolutifs (CGH SNP puis CGH/LOH), qui ont été combinés, pour l'aspect détection d'isodisomie et de mutations, à l'utilisation de marqueurs polymorphes de types microsatellites ([CA]n), et au séquençage Sanger ciblé. Enfin, l'avènement du NGS (next generation sequencing) a permis de créer un outil dédié et intégré à visée diagnostique et pronostique. b. Avantages et limites. Les types d'altérations sont schématisés pour deux paires de chromosomes (CNV : 3 en gris, et 8 en orange, chacun des allèles parentaux en clair et foncé ; mutation ponctuelle [SNV] par une étoile rouge) en regard du tableau. Pour chaque type d'altération (SNV, M3, iso3, Chr8q +, pertes partielles du chr3 ou de BAP1) et pour chacune des techniques, les capacités et limites de détection sont indiquées.
). Initialement, les approches de cytogénétique comme le caryotype et/ou la FISH ( fluorescence in situ hybridization ) ont permis de détecter les CNV récurrentes. Puis, la démocratisation de la génomique en pratique clinique, avec l'apport des puces à ADN (CGHa et ses dérivés), le séquençage Sanger de gènes spécifiques et/ou l'utilisation de marqueurs microsatellites, a permis d'affiner le profil moléculaire des échantillons associés à un risque élevé de métastases hépatiques [174].
Avantages et limites
Les contraintes liées au matériel disponible (énucléation, microbiopsie, ponction transsclérale, accessibles à l'état frais ou congelé) conditionnent les choix technologiques et les marqueurs accessibles (fig. 13-134b
Fig. 13-134
Détection des marqueurs moléculaires. a. Évolution technologique. Illustration au cours du temps des différentes techniques utilisées dans la caractérisation de mélanomes uvéaux. Initialement, le caryotype a permis d'identifier des anomalies récurrentes, comme la monosomie du chr3 ou l'iso-chromosome 8q, mais nécessite du matériel tumoral frais. Dans les années 2000, la FISH (fluorescent in situ hybridization), puis la CGHarray (comparative genomic hybridization, sur BAC, ou bacterial artificial chrosomome) ont permis de démocratiser l'accès à la classification moléculaire sur des échantillons de tout type. Celle-ci s'est affinée pour les CNV avec des outils de plus en plus résolutifs (CGH SNP puis CGH/LOH), qui ont été combinés, pour l'aspect détection d'isodisomie et de mutations, à l'utilisation de marqueurs polymorphes de types microsatellites ([CA]n), et au séquençage Sanger ciblé. Enfin, l'avènement du NGS (next generation sequencing) a permis de créer un outil dédié et intégré à visée diagnostique et pronostique. b. Avantages et limites. Les types d'altérations sont schématisés pour deux paires de chromosomes (CNV : 3 en gris, et 8 en orange, chacun des allèles parentaux en clair et foncé ; mutation ponctuelle [SNV] par une étoile rouge) en regard du tableau. Pour chaque type d'altération (SNV, M3, iso3, Chr8q +, pertes partielles du chr3 ou de BAP1) et pour chacune des techniques, les capacités et limites de détection sont indiquées.
). Ainsi, en routine hospitalière et dans le cadre du réseau de l'Institut national du cancer (INCa) MELACHONAT, la technique de référence est la CGH/LOH, permettant de définir les statuts des chromosomes 3 et 8, combinée avec le séquençage Sanger ciblé des gènes GNAQ/11 , et BAP1/SF3B1/EIF1AX .
Classifications
Dès la fin des années 1990, la présence d'une monosomie du chromosome 3 (M3) a été identifiée comme un facteur de risque corrélé à l'évolution métastatique [175]. Associée au statut du chromosome 8q, la présence ou l'absence de cette M3 a permis de définir trois groupes pronostiques fondés sur le profilage moléculaire des tumeurs primaires par CGH/LOH ( comparative genomic hybridization/loss of heterozygosity ) [176]. Les tumeurs des patients avec un risque élevé sont caractérisées par une M3 et un 8q + (risque d'événement métastatique à 2 ans de 63 %) ; les risques intermédiaires présentent une M3 ou un 8q + (risque d'événement métastatique à 2 ans de 15 %) ; enfin, les risques faibles ne montrent ni M3, ni 8q + (absence d'évolution métastatique avérée dans les 2 ans) (fig. 13-135a
Fig. 13-135
Classification pronostique. a. Les trois groupes de risques. Profils pangénomiques obtenus par CGH/LOH dans le cadre de la stratification pronostique des tumeurs de mélanomes uvéaux en pratique clinique. Le log2(R) est indiqué en ordonnée et les positions chromosomiques du chr1 au chr22 en abscisse. Les gains sont représentés en rouge et les pertes en vert. Les statuts des chr3 et chr8q permettant la classification de l'échantillon sont encadrés (en vert et rouge respectivement). Ainsi, le premier cas de risque d'évolution métastatique faible ne montre aucune altération sur les chr3 et chr8. Les deux cas de risque intermédiaire ne présentent que l'une ou l'autre de ces anomalies chromosomiques. Et le quatrième cas pour lequel sont mis en évidence une monosomie 3 (M3) et un gain du chr8q (8q +) est associé à un risque élevé de métastase hépatique. b. Cas particuliers. L'utilisation en routine de ce type d'outil moléculaire a permis de documenter de larges collections explorées de façon homogène (réseau MelaChoNat). Au décours de ces analyses, des cas particuliers ont pu être identifiés (encarts de gauche à droite). Des populations sous-clonales peuvent être observées dès le diagnostic initial et doivent être prises en compte dans la stratification. Les monosomies 3 peuvent être partielles (n'emportant qu'une partie du chromosome), voire très focales, centrées sur le locus BAP1 dont une copie est alors perdue (recherche de l'altération du second allèle par séquençage). L'inactivation bi-allélique de BAP1 peut aussi être due à une délétion homozygote. L'utilisation d'outil de CGH/LOH donnant accès au statut allélique perme
).
Devenue incontournable depuis plus de 5 ans, cette stratification pronostique génomique a également permis d'accumuler des connaissances et d'identifier des cas particuliers qui permettront de faire évoluer cette classification (fig. 13-135b
Fig. 13-135
Classification pronostique. a. Les trois groupes de risques. Profils pangénomiques obtenus par CGH/LOH dans le cadre de la stratification pronostique des tumeurs de mélanomes uvéaux en pratique clinique. Le log2(R) est indiqué en ordonnée et les positions chromosomiques du chr1 au chr22 en abscisse. Les gains sont représentés en rouge et les pertes en vert. Les statuts des chr3 et chr8q permettant la classification de l'échantillon sont encadrés (en vert et rouge respectivement). Ainsi, le premier cas de risque d'évolution métastatique faible ne montre aucune altération sur les chr3 et chr8. Les deux cas de risque intermédiaire ne présentent que l'une ou l'autre de ces anomalies chromosomiques. Et le quatrième cas pour lequel sont mis en évidence une monosomie 3 (M3) et un gain du chr8q (8q +) est associé à un risque élevé de métastase hépatique. b. Cas particuliers. L'utilisation en routine de ce type d'outil moléculaire a permis de documenter de larges collections explorées de façon homogène (réseau MelaChoNat). Au décours de ces analyses, des cas particuliers ont pu être identifiés (encarts de gauche à droite). Des populations sous-clonales peuvent être observées dès le diagnostic initial et doivent être prises en compte dans la stratification. Les monosomies 3 peuvent être partielles (n'emportant qu'une partie du chromosome), voire très focales, centrées sur le locus BAP1 dont une copie est alors perdue (recherche de l'altération du second allèle par séquençage). L'inactivation bi-allélique de BAP1 peut aussi être due à une délétion homozygote. L'utilisation d'outil de CGH/LOH donnant accès au statut allélique perme
). Ainsi, lors de l'analyse des CNV, il n'est pas rare d'identifier des populations sous-clonales de haut risque au sein de l'échantillon tumoral de risque intermédiaire (M3 sous-clonale). Les M3 peuvent également être partielles, mais lorsque celles-ci emportent le locus contenant le gène suppresseur de tumeur BAP1 , le pronostic associé est défavorable [177]. L'inactivation bi-allélique de BAP1 peut aussi être obtenue par délétion homozygote (l'outil moléculaire utilisé devant garantir une couverture complète du locus). Enfin, les isodisomies, mécanisme alternatif de perte d'hétérozygotie ou LOH survenant dans 5 à 10 % des cas, qu'elles soient totales ou partielles (ciblées sur BAP1 ), doivent être intégrées à la classification [ 178]. Concernant le gain du 8q, s'il résulte le plus souvent de la formation d'un iso-chromosome 8 (perte du 8p et gain d'un 8q supplémentaire ; voir fig. 13-134b
Fig. 13-134
Détection des marqueurs moléculaires. a. Évolution technologique. Illustration au cours du temps des différentes techniques utilisées dans la caractérisation de mélanomes uvéaux. Initialement, le caryotype a permis d'identifier des anomalies récurrentes, comme la monosomie du chr3 ou l'iso-chromosome 8q, mais nécessite du matériel tumoral frais. Dans les années 2000, la FISH (fluorescent in situ hybridization), puis la CGHarray (comparative genomic hybridization, sur BAC, ou bacterial artificial chrosomome) ont permis de démocratiser l'accès à la classification moléculaire sur des échantillons de tout type. Celle-ci s'est affinée pour les CNV avec des outils de plus en plus résolutifs (CGH SNP puis CGH/LOH), qui ont été combinés, pour l'aspect détection d'isodisomie et de mutations, à l'utilisation de marqueurs polymorphes de types microsatellites ([CA]n), et au séquençage Sanger ciblé. Enfin, l'avènement du NGS (next generation sequencing) a permis de créer un outil dédié et intégré à visée diagnostique et pronostique. b. Avantages et limites. Les types d'altérations sont schématisés pour deux paires de chromosomes (CNV : 3 en gris, et 8 en orange, chacun des allèles parentaux en clair et foncé ; mutation ponctuelle [SNV] par une étoile rouge) en regard du tableau. Pour chaque type d'altération (SNV, M3, iso3, Chr8q +, pertes partielles du chr3 ou de BAP1) et pour chacune des techniques, les capacités et limites de détection sont indiquées.
et 13-135b
Fig. 13-135
Classification pronostique. a. Les trois groupes de risques. Profils pangénomiques obtenus par CGH/LOH dans le cadre de la stratification pronostique des tumeurs de mélanomes uvéaux en pratique clinique. Le log2(R) est indiqué en ordonnée et les positions chromosomiques du chr1 au chr22 en abscisse. Les gains sont représentés en rouge et les pertes en vert. Les statuts des chr3 et chr8q permettant la classification de l'échantillon sont encadrés (en vert et rouge respectivement). Ainsi, le premier cas de risque d'évolution métastatique faible ne montre aucune altération sur les chr3 et chr8. Les deux cas de risque intermédiaire ne présentent que l'une ou l'autre de ces anomalies chromosomiques. Et le quatrième cas pour lequel sont mis en évidence une monosomie 3 (M3) et un gain du chr8q (8q +) est associé à un risque élevé de métastase hépatique. b. Cas particuliers. L'utilisation en routine de ce type d'outil moléculaire a permis de documenter de larges collections explorées de façon homogène (réseau MelaChoNat). Au décours de ces analyses, des cas particuliers ont pu être identifiés (encarts de gauche à droite). Des populations sous-clonales peuvent être observées dès le diagnostic initial et doivent être prises en compte dans la stratification. Les monosomies 3 peuvent être partielles (n'emportant qu'une partie du chromosome), voire très focales, centrées sur le locus BAP1 dont une copie est alors perdue (recherche de l'altération du second allèle par séquençage). L'inactivation bi-allélique de BAP1 peut aussi être due à une délétion homozygote. L'utilisation d'outil de CGH/LOH donnant accès au statut allélique perme
), il n'est pas rare de détecter des duplications de l'iso8. Cette augmentation du nombre de copies du 8q (8qnl = 2 ; 8q + = 3 ; 8q ++ = 5) pouvant conférer un risque métastatique plus élevé devra être prise en compte [179].
Vers un outil intégré, le P.UMA
Si l'utilisation de la CGH/LOH en routine permet de stratifier efficacement les MU, elle nécessite souvent d'avoir recours au séquençage des gènes GNAQ/11 , CYSLTR2 et PLCB4 pour confirmer la contributivité du prélèvement tumoral lors de l'obtention de profils génomiques plats ; et/ou des gènes BAP1 (identification de la mutation associée à la M3), SF3B1 ou EIF1AX pour affiner le pronostic.
P.UMA ( Panel for Uveal Melanoma Alterations ) est un panel NGS ( next generation sequencing ) permettant, en une seule expérience et sur une quantité de matériel limitée (50 ng d'ADN tumoral), d'avoir accès à la fois aux CNV, aux LOH (Chr3, Chr8) et au statut mutationnel des gènes d'intérêt dans l'identification des tumeurs de risque génomique élevé (fig. 13-136
Fig. 13-136
Approche intégrée. a. Les marqueurs. Représentation schématique des marqueurs moléculaires utilisés aujourd'hui en routine hospitalière. b. Les associations et le pronostic. Proposition d'oncogenèse du mélanome uvéal. L'initiation avec acquisition d'une mutation initiale conduisant à un état prénéoplasique (GNAQ/11 CYSLTR2, PLCB4). La progression avec association du statut CNV et mutationnel sur les gènes BAP1, SF3B1, EIF1AX et les pronostics associés (adapté de M.H. Stern). c. Panel. NGS. Pour combiner la détection des CNV et des SNV, le panel NGS P.UMA (Panel for Uveal Melanoma Alterations) est constitué d'un squelette pangénomique (points bleus) avec une densité renforcée sur les chr3, chr6 et chr8, et une couverture complète de la séquence codante des marqueurs géniques d'intérêt (points orange). d. Exemple de CGHa. CGH/LOH d'un échantillon de haut risque génomique (M3/8q ++). e. Circos plot. Analyse par panel P.UMA du même échantillon représenté sous forme de circos plot. Les chromosomes sont figurés sur le cercle externe. L'anneau intermédiaire indique les CNV : normal/2 copies en noir ; les pertes en vert ; les gains en rouge. Le cercle interne permet de visualiser le statut allélique (violet) : hétérozygote (3 populations AA, AB BB) ou homozygote (AA, BB). Les mutations sont observées sur l'extérieur (code en p., fréquence et profondeur de lecture). Pour le cas étudié, on retrouve bien, entre autres, la M3 et le 8q ++, auxquels sont associées des mutations de GNA11 et de BAP1.
).
Utilisable aussi bien sur l'échantillon primaire que sur du matériel tumoral circulant, cet outil innovant permet l'intégration de l'ensemble des données moléculaires utiles à la prise en charge afin de proposer la meilleure stratification pronostique au patient.
Traitement du mélanome de l'uvée
Prise en charge thérapeutique locale
N. Cassoux
Introduction
Le traitement du mélanome de l'uvée n'est pas totalement codifié. Il repose sur l'énucléation, l'irradiation de contact par curiethérapie (ou brachythérapie), l'irradiation externe ou téléthérapie par faisceau de protons ou, plus rarement, par Gamma Knife®, la thermothérapie transpupillaire, la chirurgie d'exérèse et plus récemment par la photothérapie dynamique. Les modalités de traitement dépendent de la disponibilité des différents équipements et parfois de la considération « philosophique » du zéro énucléation de certaines équipes. Il dépend également du stade de la tumeur établi par la nouvelle classification TNM (8 e édition). De même, les résultats en termes de contrôle local varient en fonction de la technique utilisée (contrôle local supérieur à 90 % pour l'irradiation, 80 % pour les techniques chirurgicales et moins de 80 % pour les techniques de laser) [ 180 , 181].
Le mélanome de l'uvée a cela de particulier qu'il s'agit d'une tumeur de croissance lente au départ, avec peu de mitose, ce qui rend le tissu tumoral particulièrement radiorésistant et chimiorésistant. Il faut donc appliquer de fortes doses de rayons pour détruire le tissu tumoral. Le but du contrôle local est d'empêcher les cellules tumorales de se répliquer et de migrer à distance.
Si l'énucléation est le traitement le plus ancien, cette intervention a été remplacée dans les années 1960 par des disques de Stallard composés de cobalt 60, puis d'autres sources de rayonnements ont été utilisées (iode 125, ruthénium 106, palladium 103) [180 , 182].
L'irradiation externe par protons a été développé aux États-Unis puis en Suisse et en France dans les années 1980 [183-184-185-186]. D'autres techniques d'irradiation sont également utilisées avec succès sur le contrôle local, mais avec plus de toxicité sur le globe oculaire pour certaines techniques (ion hélium, radiothérapie stéréotaxique Cyber Knife®, Gamma Knife®, ou linear accelerator ) [ 187]. Néanmoins, les différentes techniques d'irradiation sont rarement comparées entre elles en raison des difficultés de monter des études comparatives randomisées [188].
Bilan préthérapeutique
Avant le traitement, le patient doit bénéficier d'un examen ophtalmologique complet avec une échographie B de façon à établir la classification TNM et à décider de la stratégie thérapeutique (tableau 13-3
Tableau 13-3
Classification TNM (selon l'American Joint Committee on Cancer [AJCC], 8 e édition)
*Le patient avait une tumeur de 14 mm de diamètre et 10,3 mm d'épaisseur.
Épaisseur (mm) Plus grand diamètre (mm)
> 15 4 4 4 4 4 4 4
12,1–15 3 3 3 3 3 4 4
9,1–12 3 3 3 3 3 * 3 4
6,1–9 2 2 2 2 3 3 4
3,1–6 1 1 1 2 2 3 4
≤ 3 1 1 1 1 2 2 4
≤ 3 3,1–6 6,1–9 9,1–12 12,1–15 15,1–18 > 18
et encadré 13-4
Encadré 13-4
Classification TNM, corps ciliaire et choroïde (selon l'AAJCC, 8 e édition)
  • pT1 : taille de la tumeur catégorie 1
    • pT1a : taille de la tumeur catégorie 1 sans envahissement du corps ciliaire ou extension extrasclérale
    • pT1b : taille de la tumeur catégorie 1 avec envahissement du corps ciliaire
    • pT1c : taille de la tumeur catégorie 1 sans envahissement du corps ciliaire mais avec extension extraoculaire ≤ 5 mm de plus grand diamètre
    • pT1d : taille de la tumeur catégorie 1 avec envahissement du corps ciliaire et extension extraoculaire ≤ 5 mm de plus grand diamètre
  • pT2 : taille de la tumeur catégorie 2
    • pT2a : taille de la tumeur catégorie 2 sans envahissement du corps ciliaire ou extension extrasclérale
    • pT2b : taille de la tumeur catégorie 2 avec envahissement du corps ciliaire
    • pT2c : taille de la tumeur catégorie 2 sans envahissement du corps ciliaire mais avec extension extraoculaire ≤ 5 mm de plus grand diamètre
    • pT2d : taille de la tumeur catégorie 2 avec envahissement du corps ciliaire et extension extraoculaire ≤ 5 mm de plus grand diamètre
  • pT3 : taille de la tumeur catégorie 3
    • pT3a : taille de la tumeur catégorie 3 sans envahissement du corps ciliaire ou extension extrasclérale
    • pT3b : taille de la tumeur catégorie 3 avec envahissement du corps ciliaire
    • pT3c : taille de la tumeur catégorie 3 sans envahissement du corps ciliaire mais avec extension extraoculaire ≤ 5 mm de plus grand diamètre
    • pT3d : taille de la tumeur catégorie 3 avec envahissement du corps ciliaire et extension extra oculaire ≤ 5 mm de plus grand diamètre
  • pT4 : taille de la tumeur catégorie 4 ou n'importe quelle tumeur avec extension extraoculaire > 5 mm
    • pT4a : taille de la tumeur catégorie 4 sans envahissement du corps ciliaire ou extension extrasclérale
    • pT4b : taille de la tumeur catégorie 4 avec envahissement du corps ciliaire
    • pT4c : taille de la tumeur catégorie 4 sans envahissement du corps ciliaire mais avec extension extraoculaire ≤ 5 mm de plus grand diamètre
    • pT4d : taille de la tumeur catégorie 4 avec envahissement du corps ciliaire et extension extraoculaire ≤ 5 mm de plus grand diamètre
    • pT4e : tumeur de toute taille avec une extension extraoculaire > 5 mm de plus grand diamètre
). Il faut également tenir compte de l'âge et de la présence de comorbidités associées. Le bilan peut être complété selon les cas par une angiographie à la fluorescéine et un OCT, surtout pour les tumeurs de petite taille tangentes entre le nævus suspect et le petit mélanome. Pour les tumeurs pigmentées, une échographie abdominale à la recherche de métastases hépatiques synchrones (rares) et, en cas d'atteinte du nerf optique, une IRM oculaire sont à faire pour détecter une éventuelle extériorisation extrasclérale.
Pour les tumeurs achromes, si l'aspect fait évoquer un possible hémangiome choroïdien, une angiographie au vert d'indocyanine est très utile.
Pour les masses pouvant faire évoquer une métastase choroïdienne, un bilan complet par scanner thoraco-abdomino-pelvien et TEP-scanner ainsi qu'un bilan gynécologique chez les femmes permettent d'éviter les erreurs de diagnostic.
Indications thérapeutiques en fonction de la taille
Tumeurs T1
Il s'agit de tumeurs dont le diamètre n'excède pas 12 mm et l'épaisseur n'excède pas 6 mm (classification TNM, 8 e édition).
Plusieurs traitements ont été proposés tenant compte de la localisation (envahissement du corps ciliaire T1 b, c, d ou extériorisation extrasclérale T1 c, d).
Traitement par irradiation
Brachythérapie ou disques radioactifs – ruthénium
A. Schalenbourg
Une brachythérapie avec plaque de ruthénium ( 106 Ru/ 106 Rh) peut être réalisée pour le mélanome de la choroïde et du corps ciliaire.
Propriétés physiques – Les plaques de ruthénium 106/rhodium 106 ont été mises au point par Lommatzsch en 1964 [ 189 , 190]. Leur emploi s'est essentiellement répandu en Europe [189-190-191-192]. Ils émettent des particules bêta (électrons) à haute énergie, provenant de la désintégration du ruthénium 106 en rhodium 106, puis en palladium 106. Contrairement aux rayons gamma émis par la majorité des autres radio-isotopes utilisés, comme le 125 Iode, leur pénétration dans les tissus est plus limitée, ainsi que leur irradiation latérale [ 189]. Les applicateurs sont disponibles en plusieurs formes et diamètres (fig. 13-137a
Fig. 13-137
Ruthénium – variétés des applicateurs et traitement par plaque de ruthénium. a. Variété des applicateurs de 106Ru/106Rh, proposés par le fabricant. Partie radioactive représentée par des traits obliques. b. Schéma d’une plaque épisclérale, la section démontrant la pellicule contenant le 106Ru/106Rh, enrobée d’un revêtement argent. c, d. Mélanome de la choroïde périphérique, nasale supérieure traitée par plaque de ruthénium (type CCA) chez une femme de 85 ans. Image ophtalmoscopique de la tumeur (H = 4,1 mm) avant le traitement (c) ; cicatrice tumorale atrophique (H = 1,6 mm), 1,5 an après le traitement (d).
Source : fig. a, b, Eckert & Ziegler BEBIG GmbH, Berlin, Allemagne.
).
Le calcul dosimétrique se fait à partir de l'épaisseur de la masse tumorale, mesurée avec l'ultrasonographie, en y rajoutant celle de la sclérotique, d'environ 1 mm. Environ 90 Gy (80-100) sont prescrits au sommet de la tumeur [ 191]. Le temps nécessaire pour délivrer la dose totale d'irradiation dépend de la demi-vie du radio-isotope, qui est d'un an pour le 106 Ru/ 106 Rh, et de sa charge résiduelle [189].
Indications – L'utilisation des applicateurs de ruthénium varie entre les différents centres. En l'absence d'études prospectives randomisées ou contrôlées, leur spectre d'indications dépend également de l'expérience clinique personnelle des spécialistes, ainsi que de l'accès à des traitements alternatifs, comme la protonthérapie, et de leur coût.
Les mélanomes de la choroïde qui se prêtent le mieux à un traitement par plaque de ruthénium sont ceux d'une épaisseur de moins de 5 mm, et nécessitant un applicateur de 20 mm de diamètre au maximum (fig. 13–137c, d
Fig. 13-137
Ruthénium – variétés des applicateurs et traitement par plaque de ruthénium. a. Variété des applicateurs de 106Ru/106Rh, proposés par le fabricant. Partie radioactive représentée par des traits obliques. b. Schéma d’une plaque épisclérale, la section démontrant la pellicule contenant le 106Ru/106Rh, enrobée d’un revêtement argent. c, d. Mélanome de la choroïde périphérique, nasale supérieure traitée par plaque de ruthénium (type CCA) chez une femme de 85 ans. Image ophtalmoscopique de la tumeur (H = 4,1 mm) avant le traitement (c) ; cicatrice tumorale atrophique (H = 1,6 mm), 1,5 an après le traitement (d).
Source : fig. a, b, Eckert & Ziegler BEBIG GmbH, Berlin, Allemagne.
) [191 , 192]. La brachythérapie est déconseillée pour les mélanomes juxtapapillaires, la plaque n'arrivant pas à y couvrir la base de la tumeur à cause de la gaine du nerf optique d'un diamètre de 5 à 6 mm, et comportant donc un risque élevé de récidive locale (fig. 13-138
Fig. 13-138
Récidive locale, en direction temporale (flèches blanches), d'un mélanome juxtapapillaire nasal chez un homme de 60 ans. Il avait été traité par plaque de ruthénium avec encoche (type COB) 6 ans au préalable et par TTT pour une première suspicion de récidive 3 ans plus tard, provoquant une cicatrice relativement plus blanchâtre (flèches noires) au sein de l'ancienne cicatrice nasale.
) [191-192-193].
Technique chirurgicale – Si possible, une anesthésie générale offre l'avantage d'avoir plus d'espace entre le globe et la paroi orbitaire. Suite à une péritomie conjonctivale et à la mise en place de fils de traction, une transillumination permet de marquer les marges de la tumeur et d'en vérifier le diamètre maximal. Ce dernier doit être inférieur à celui de la plaque, en assurant une marge de sécurité et en considérant son revêtement en argent, épais d'un peu moins de 1 mm (fig. 13-137b
Fig. 13-137
Ruthénium – variétés des applicateurs et traitement par plaque de ruthénium. a. Variété des applicateurs de 106Ru/106Rh, proposés par le fabricant. Partie radioactive représentée par des traits obliques. b. Schéma d’une plaque épisclérale, la section démontrant la pellicule contenant le 106Ru/106Rh, enrobée d’un revêtement argent. c, d. Mélanome de la choroïde périphérique, nasale supérieure traitée par plaque de ruthénium (type CCA) chez une femme de 85 ans. Image ophtalmoscopique de la tumeur (H = 4,1 mm) avant le traitement (c) ; cicatrice tumorale atrophique (H = 1,6 mm), 1,5 an après le traitement (d).
Source : fig. a, b, Eckert & Ziegler BEBIG GmbH, Berlin, Allemagne.
). Si un muscle droit ou oblique s'insère à la sclère correspondant à la base tumorale, il est désinséré après avoir été chargé sur deux fils de suture. Une plaque « fantôme » en matière plastique transparente est utilisée pour fixer les points de suture et contrôler son positionnement. Le fantôme est ensuite remplacé par la plaque et un éventuel muscle désinséré est refixé, par-dessus la plaque, à la sclère à l'aide d'anses (fig. 13-139
Fig. 13-139
Technique de fixation d'un applicateur de 106Ru/ 106Rh, type CCA. Le muscle droit interne, désinséré, est refixé par-dessus la plaque, à l'aide d'anses en Vicryl®, temporairement pendant l'irradiation.
). À l'ablation du disque, le muscle sera réinséré en position anatomique [ 189].
Résultats – Avec des centres qui ont des indications, dosimétries et durées de suivi différents, leurs données, souvent datant d'il y a plus de 10 ans, témoignent d'un contrôle local variant entre 64 et 98 % [], et d'un taux moyen de récidive locale autour de 10 % [191 , 193]. Cette dernière, dont la probabilité augmente avec la taille initiale de la tumeur, est la raison la plus fréquente d'une énucléation secondaire, plus que les complications radio-induites (fig. 13–140
Fig. 13-140
Rétinopathie radio-induite chez un homme de 63 ans, un an et demi après brachythérapie par plaque de ruthénium (type CCA) pour un mélanome de la choroïde temporale (H = 1,4 mm) dans un œil amblyope (AV < 0,05). a. Cicatrice tumorale entourée de microhémorragies et d’exsudats cotonneux. b, c. Images angiographiques fluorescéniques maculaire et panoramique indiquant les marges de l’ischémie rétinienne temporale (flèches). d. Image ophtalmoscopique un an après traitement par PRP sectorielle de la rétine atteinte, selon l’angiographie, afin d’éviter des complications néovasculaires.
) [ 190 , 192]. Celles-là détermineront, ensemble avec la localisation de la tumeur et le degré de décollement de rétine secondaire, l'acuité visuelle finale, elle aussi très variable [190-191-192].
Iode 125
L'irradiation par disque d'iode 125 est une irradiation qui émet un rayonnement gamma de faible énergie. De ce fait, son rayonnement est totalement arrêté par un métal lourd tel que l'or (fig. 13-141,
Fig. 13-141
Traitement par disque d'iode 125. a. La plaque en or est doublée de silicone dans lequel sont placé les grains d'iode 125. b. La plaque est ensuite fixée à la sclère en regard de la tumeur.
fig. 13-142,
Fig. 13-142
Mélanome choroïdien traité par disque d'iode 125. a, c. Avant traitement. b, d. Après 6 mois, nette régression de la masse.
fig. 13-143
Fig. 13-143
Complication du traitement d'un mélanome ciliochoroïdien par disque d'iode 125 : nécrose sclérale lentement évolutive dans l'aire du disque. a. En 2013. b. En 2020.
). L'iode 125 se présente sous forme de grains dont la demi-vie est de 2 mois. En incorporant les grains d'iode dans les disques en or, les tissus situés en arrière et sur les côtés du disque sont ainsi protégés totalement. Les problèmes de chute des cils, de sécheresse lacrymale liée à l'irradiation de la glande lacrymale sont totalement évités. Il existe cinq tailles de disques, de 12, 14, 16, 18 et 20 mm de diamètre, constitués d'une partie en or dans laquelle s'insère un container en silicone muni de gouttières dans lesquelles sont mis en place les grains d'iode (8, 13, 21 et 24 grains par disque respectivement). Le temps de pose est calculé pour obtenir 85 à 90 Gy au sommet de la tumeur [ 194] ; celui-ci varie en fonction de l'épaisseur de la tumeur, du diamètre du disque utilisé et de l'activité des grains d'iode [195]. Pour les tumeurs de moins de 5 mm d'épaisseur, il faut délivrer 85 à 90 Gy à 5 mm [ 196]. En raison de l'imprécision des prévisions dosimétriques en dessous de 5 mm, il est préférable d'utiliser un autre mode d'irradiation soit par un disque de ruthénium, soit par protons.
L'inconvénient de cette technique, outre l'imprécision dosimétrique, est la sur-irradiation de la base de la tumeur et la diffusion de l'irradiation au-delà des bords de la tumeur. Cela peut conduire à une rétinopathie radique et/ou une neuropathie radique avec des conséquences importantes sur la vision [ 197].
L'efficacité de l'irradiation pour les tumeurs T1 est excellente, avec un taux de récidive entre 3 et 4 % selon les séries.
Les patients qui présentent le plus de récidives locales sont ceux pour lesquels la tumeur est située en juxtapapillaire ou péripapillaire ou inter-papillomaculaire. Ces zones sont très difficiles d'accès avec un disque qu'il est très difficile de placer sous le pôle postérieur ou qui est bloqué par le nerf optique. Bien qu'il existe des disques présentant une encoche pour le nerf optique ( notched plaque ), leur positionnement est difficile [198]. Ces localisations postérieures sont beaucoup mieux traitées par irradiation par protons [199].
En France, cette technique est essentiellement utilisée pour les tumeurs T1 b, c et d, et situées dans le cadran temporal supérieur pour protéger la glande lacrymale. Le taux de récidive locale toutes tailles confondues est variable selon les études mais satisfaisant plus de 80 % de contrôle local. Pour les tumeurs T1, peu d'articles étudient spécifiquement les tumeurs T1 par disque d'iode 125, les résultats dépendant de la position de la tumeur par rapport au nerf optique et du recul de l'étude ; il semble que les résultats soient satisfaisants [ 200].
Les complications sont, comme souvent, assez corrélées à la position de la lésion, à la taille (diamètre basal et épaisseur), à la présence de complications préexistantes comme un décollement de la rétine important avant traitement [ 201 , 202].
Les complications pour cette taille de tumeurs sont essentiellement la cataracte, la rétinopathie radique, et la neuropathie radique pour les lésions ayant un large diamètre. Le risque de nécrose sclérale est plus faible, car la sclère pour 90 Gy à 5 mm reçoit environ un peu plus de 300 Gy, ce qui est généralement bien toléré.
Afin d'améliorer la tolérance et les complications visuelles après irradiation, des traitements additionnels sont proposés. La thermothérapie de la cicatrice n'a pas un intérêt majeur [ 203]. Les injections d'anti-VEGF, de corticoïdes, la chirurgie des complications peuvent être utiles dans certains cas [204].
Irradiation externe par protons
C'est probablement la meilleure option pour les tumeurs T1, à l'exception, comme nous l'avons vu plus haut, des tumeurs antérieures localisées dans le cadrant temporal supérieur (fig. 13-144
Fig. 13-144
Bilan avant protonthérapie. a. Photographie couleur du fond d'œil. b. Échographie.
). En effet, la balistique des protons permet une précision accrue de l'irradiation et une épargne des tissus adjacents. Pour les tumeurs localisées dans des zones difficiles d'accès avec des plaques, les protons sont probablement la meilleure option thérapeutique. Dans l'étude de Toutée et al., le taux de contrôle local sur les petites tumeurs est de 100 % avec les protons [ 199]. La conservation de l'acuité visuelle dépend de la localisation de la tumeur par rapport au nerf optique et à la macula. Pour des tumeurs localisées à plus de 3 mm de la macula et du nerf optique, une excellente acuité visuelle est conservée. Les lésions à moins de 3 mm de ces structures visuelles entraînent des séquelles visuelles plus ou moins importantes. La localisation au contact du nerf optique est la situation engendrant le plus d'impact sur la vision. La neuropathie radique peut se compliquer d'occlusions vasculaires sévères pouvant aboutir à un glaucome néovasculaire [ 205]. Ce dernier peut être évité par la réalisation précoce d'une photocoagulation panrétinienne au laser des zones ischémiques. Pour les lésions proches de la macula, une maculopathie radique va induire une chute de l'acuité visuelle avec le temps. De nouveaux protocoles sont en cours d'évaluation sur l'intérêt de l'utilisation des anti-VEGF ou des corticoïdes en injections intravitréennes.
Autres techniques
D'autres thérapeutiques pour les tumeurs de petite taille ont été développées, généralement dans le but d'épargner la vision. En effet, les techniques précédentes d'irradiation que ce soit par curiethérapie ou par irradiation externe, induisent une rétinopathie radique ou une neuropathie radique plus ou moins importante en fonction de la position de la tumeur.
Thermothérapie transpupillaire
Afin d'épargner la macula ou le nerf optique, des traitements par thermothérapie transpupillaire (TTT) ont été proposés. Une des premières grandes séries, publiée en 2002 par l'équipe de Philadelphie, porte sur 256 patients. Environ la moitié des patients avaient un diagnostic certain de mélanome (croissance documentée) et l'autre moitié avait des nævus suspects ou des petits mélanomes sans certitude. Le traitement appliqué a comporté trois séances de TTT. Le recul moyen était inférieur à 2 ans, avec un taux de récidive de 4 % à 1 an et 8 % à 2 ans [208]. En 2015, la même équipe a publié des résultats à plus long terme. Il s'agit de la même cohorte de patients avec quelques nouveaux cas. Quoi qu'il en soit, le taux de récidive est de 42 % à 10 ans. Le risque de rechute est plus important si la lésion cumule les facteurs de risque de croissance, avec jusqu'à 55 % de rechute [ 209]. Cela démontre plusieurs choses. Plus la lésion est probablement un mélanome, plus il y a de rechutes ; les rechutes sont souvent tardives car le mélanome est une tumeur à croissance lente ; les cicatrices de TTT sont parfois majeures, avec un risque de rechute en extériorisation extrasclérale. Sans surprise, les études comparant la brachythérapie et la TTT montrent beaucoup plus de rechutes chez les patients traités par TTT, sans pour autant apporter de bénéfices visuels [ 210]. On peut donc conclure sans trop de controverse que la TTT n'est pas un bon traitement pour le mélanome choroïdien.
Photothérapie dynamique (PDT)
Dans le même principe, des tentatives de traitement par PDT ont été proposées, au départ, avec la Visudyne® pleine fluence. Les premières publications montrent, toujours pour des petites lésions dont le diagnostic petit mélanome versus nævus n'est pas certain, une efficacité de la PDT avec préservation de la vision. Fabian et al. signalent 20 % d'échec à seulement 15 mois, ce qui est déjà nettement supérieur à ce qui est décrit dans les traitements par irradiation, quelle que soit la méthode [211]. Un taux d'échec de 30 % est également retrouvé par Turkoglu et al. dans les petites tumeurs achromes, ce qui est toujours nettement supérieur aux résultats obtenus avec l'irradiation [ 212].
Une nouvelle molécule a été étudiée pour remplacer la Visudyne®. Cette molécule, AU-011, a montré quelques résultats dans une étude préclinique chez le lapin. L'application clinique fait l'objet d'une étude multicentrique qui a fait l'objet de communication dans les congrès (dont celui de l'ISOO ou International Society of Ocular Oncology en 2018), mais qui ne montrera pas de résultat supérieur à la PDT classique. Dans les dernières communications en 2019, le taux de récidive était d'environ 30 % à 2 ans, ce qui est proche de la PDT standard et très nettement moins efficace que les techniques classiques d'irradiation.
Évolution des tumeurs T1 traitées
Dans une étude européenne multicentrique, le risque de métastase pour une tumeur T1 est faible mais non nul, estimé à 15 % à 10 ans. Cependant, lorsque l'on regarde cette étude, on note que les centres participants ont traité les patients de façons différentes (protons, plaque, iode, ruthénium) et que l'on retrouve 26 % de rechute locale [ 213]. Ces rechutes locales sont le fait des plaques difficiles à positionner sur une lésion du pôle postérieur. En effet, selon l'étude de Curie, le contrôle local après protons est de 100 % pour les T1 traités par protons [199].
Tumeurs T2, T3
Irradiation externe par protons
Cela concerne les tumeurs T2 (entre 6 et 9 mm d'épaisseur et inférieures à 18 mm de diamètre). Les tumeurs T2 situées dans le cadran temporal supérieur en avant ou à cheval sur l'équateur peuvent être traitées par protons, mais au prix d'une irradiation de la glande lacrymale pouvant induire un syndrome sec sévère [214]. Dans cette situation, il est préférable, quand cela est possible, de recourir à une irradiation par disque (iode 125 ou ruthénium) afin de protéger la glande lacrymale.
Pour les autres localisations, l'irradiation par protons est efficace [215]. Cependant, plus le volume de la tumeur est grand, plus le risque de complications est important. Dans l'étude de Papakostas et al., le risque d'énucléation secondaire est de 30 % en moyenne [ 216]. De même, le contrôle local sur les tumeurs de gros volume est moins bon (87 % de contrôle local). C'est pour cette raison que, pour certaines volumineuse tumeurs, après discussion avec le patient, une énucléation d'emblée peut être proposée.
Irradiation par stéréotaxie
Il s'agit d'une technique d'irradiation externe qui permet d'irradier des volumes de façon plus précise qu'une irradiation externe traditionnelle. Cette technique a été développée pour de nombreuses tumeurs solides, dont les tumeurs cérébrales et les mélanomes oculaires dans des pays ou des structures qui ne sont équipés ni d'accélérateur de protons, ni de plaques radioactives. Cette technique est une technique multifaisceaux, avec donc plusieurs faisceaux d'entrée, contrairement aux protons. La plupart des études montrent une efficacité de la radiothérapie stéréotaxique dans les mélanomes de la choroïde. Une seule étude compare l'irradiation par stéréotaxie et les protons dans le mélanome de l'uvée. Sikuade et al. ont traités 85 patients en stéréotaxie et 106 patients aux protons. Avec un recul relativement court, 3 ans en moyenne, l'étude montre que le contrôle local de la tumeur est similaire, mais que les complications et les pertes de vision sont plus importantes dans le groupe stéréotaxie [ 217]. Malgré les biais de cette étude, les résultats ne sont pas surprenants, car la technique de stéréotaxie est moins précise que les protons et multiplie les points d'entrée des rayons, ce qui augmente les complications.
De même, une étude comparant le traitement par irradiation stéréotaxique et disque d'iode 125 pour des lésions proches de la papille montre une toxicité nettement augmentée de l'irradiation stéréotaxique par rapport au disque d'iode 125 (respectivement pour le glaucome néovasculaire 47 % versus 8 %, la rétinopathie radique 89 % versus 59 %, la papillopathie radique 74 % versus 39 %) ; cela correspond aux distributions dosimétriques où l'irradiation stéréotaxique est moins économe de dose sur les tissus sains que le disque d'iode 125 [218].
De nombreuses techniques se sont également développées pour éviter les complications liées à l'irradiation de ces volumineuses tumeurs et éviter le recours à l'énucléation secondaire. Plus le volume tumoral est important, plus le risque de développer des complications augmente. La fréquence et le type de complications dépendent également de la situation de la tumeur.
Les complications les plus fréquentes sont une atrophie de l'iris, une cataracte, un décollement de rétine exsudatif, des exsudats secs, des occlusions vasculaires, une ischémie rétinienne plus ou moins extensive, une rétinopathie radique et une névrite radique (fig. 13-151,
Fig. 13-151
a-c. Mélanome choroïdien irradié par protons compliqué de maculopathie et de papillopathie radique bien visible sur l'OCT-A (c).
fig. 13-152
Fig. 13-152
Mélanome choroïdien T1 traité par faisceaux de protons. a, b. Avant traitement. c, d. Après traitement, apparition d'une neuropathie radique et d'une ischémie rétinienne.
). Les complications ischémiques sont regroupées sous le terme de rétinopathie radique et les complications exsudatives sous le terme de syndrome de la tumeur toxique ( toxic tumor syndrome ) [219] (fig. 13-153
Fig. 13-153
a. Petit mélanome traité par protons. b. Après protons, régression de la cicatrice avec importante exsudation touchant le pôle postérieur (syndrome de la tumeur toxique Syndrome de la tumeur toxique).
).
Différentes stratégies ont été développées pour lutter contre le syndrome de la tumeur toxique. Le premier a été chirurgical.
L'exorésection n'est réalisée que par très peu de chirurgiens, car elle est très longue, pourvoyeuse de complications et n'évite pas d'irradier le lit chirurgical. Cette technique s'applique mal aux volumineuses tumeurs, car la rétine est souvent envahie, ce qui rend impossible son extirpation totale. Cette technique a été remplacée par l'endorésection , avec deux concepts : l'endorésection en traitement adjuvant après les protons, ou l'endorésection comme traitement en tant que tel, qui est déconseillée. L'endorésection post-protons s'applique aux tumeurs à base étroite (inférieure à 16 mm) qui n'envahissent pas le corps ciliaire ou le nerf optique sans limite d'épaisseur (fig. 13-154,
Fig. 13-154
Protons et endorésection. a. Traitement de la tumeur par protons. b. Ablation de la cicatrice.
fig. 13-155,
Fig. 13-155
Volumineux mélanome (13 mm d'épaisseur). Avant (a) et après protonthérapie et endorésection (b). Aspect satisfaisant du pôle postérieur (c).
fig. 13-156
Fig. 13-156
Mélanome choroïdien traité par protons (a) puis endorésection de la cicatrice tumorale (b).
) Les tumeurs en bouchon de champagne en sont la meilleure indication. Effectuée en moyenne 1 mois après l'irradiation, l'exérèse de la tumeur nécrotique et la réapplication de la rétine permettent une réduction importante des complications (décollement de rétine exsudatif, glaucome néovasculaire et énucléation secondaires) [220 , 221].
D'autres traitements préventifs des complications post-radiques sont à mettre en œuvre après les rayons pour préserver le globe oculaire et, si possible, la vision. La section « Rétinopathie, maculopathie et papillopathie radiques » y est consacrée. En résumé, après l'irradiation, il faut réaliser des injections intravitréennes d'anti-VEGF dont le rythme n'est pas clairement établi à ce jour. En fonction de l'examen clinique, une angiographie et une panphotocoagulation des territoires ischémiés sont également utiles.
Traitement des cas particuliers
Tumeur extériorisée
Dans la grande majorité des cas, les mélanomes ont deux zones d'extériorisation extrasclérale : la zone sclérale en regard du corps ciliaire à environ 2 mm du limbe et via le nerf optique. Les extériorisations antérieures de petite taille ne contre-indiquent pas le traitement conservateur par disque radioactif ou protons. Les volumineuses extériorisations sont plutôt des découvertes tardives à la faveur de signes orbitaires ou d'une IRM de contrôle faite lors de la découverte d'un mélanome envahissant le nerf optique. Dans ces cas, seule une énucléation est possible. Cette énucléation est presque toujours réalisable par voie antérieure classique, car la masse extériorisée est souvent dure et encapsulée, et le serre-nœud va glisser facilement en arrière de la masse extériorisée. En revanche, il ne faut pas faire d'énucléation aux ciseaux. Lorsqu'une extériorisation postérieure est découverte lors de l'histologie du globe ou bien est déjà connue, une irradiation prophylactique de la cavité orbitaire est nécessaire pour éviter une rechute orbitaire.
Mélanome de l'enfant
Le mélanome de l'enfant est extrêmement rare, représentant moins de 1 % des mélanomes choroïdiens. Le diagnostic peut être tardif chez l'enfant de moins de 5 ans. Le traitement est identique au mélanome de l'adulte. Cependant, pour les tumeurs pouvant être irradiées, l'absence de coopération implique l'obligation de traiter par la pose d'un disque radioactif. Le traitement par protons ne peut se faire que chez un enfant en âge de coopérer. Le pronostic des mélanomes de l'enfant est meilleur que chez l'adulte pour des raisons mal connues, en excluant bien sûr les comorbidités des patients âgés [222].
Patients très âgés, atteints de démence sénile ou de maladie d'Alzheimer
L'indication du traitement (en général par disque d'iode) ou d'une énucléation pour les volumineuses tumeurs est à décider au cas par cas en concertation avec la famille. Le dialogue entre l'ophtalmologiste et la famille permet dans la très grande majorité des cas de trouver une solution raisonnable dans l'intérêt et le respect de la personne âgée. La famille doit comprendre qu'une grosse tumeur va évoluer plus vite, remplir le volume du globe et induire des douleurs qui vont impacter la qualité de vie de la personne.
Tumeurs T4
Les tumeurs classées T4 sont des tumeurs dont le diamètre est supérieur à 18 mm et l'épaisseur est supérieure à 15 mm. Pour ces volumineuses tumeurs, l'irradiation est toujours possible, mais déconseillée. En effet, l'irradiation par disque d'iode 125 n'est pas possible ; la taille maximale d'un disque est de 20 mm et l'irradiation du sommet n'est plus efficace à partir de 10 mm. Cela induit une augmentation des risques de nécrose sclérale et de récidive en bordure de champ et dans le champ d'irradiation. Par ailleurs, les complications post-radiques sont majeures, aboutissant à un œil non voyant et douloureux. De même, l'irradiation par protons, même si elle est toujours possible, conduit à des complications aboutissant au même résultat (risque de récidive, œil non voyant et douloureux). Si on met en balance le fait qu'en cas d'énucléation secondaire pour un œil non voyant et douloureux, l'équipement par prothèse sera moins esthétique, peu mobile et parfois la prothèse mal tolérée en raison d'une sécheresse importante, il vaut mieux convaincre le patient de la nécessité d'une énucléation d'emblée (fig. 13-157,
Fig. 13-157
a, b. Volumineux mélanome choroïdien avec extériorisation stade T4, indication à une énucléation.
fig. 13-158
Fig. 13-158
a, b. Forme avancée de mélanome choroïdien avec une très volumineuse extériorisation antérieure nécessitant une énucléation.
).
Une bonne information du patient, avec l'aide de photographies de patients équipés de prothèse, permet aux patients dans la plupart des cas d'accepter la chirurgie. Si l'acceptation initiale est difficile, les patients sont plus sereins après la chirurgie une fois équipés d'une bonne prothèse, soit en moyenne 3 mois après la chirurgie [223].
Complications du segment antérieur liées à l'irradiation
N. Bonnin, L. Desjardins
Effets de la radiothérapie sur les paupières
Bien que de plus en plus ciblés, les traitements par radiothérapie incluent parfois les paupières. S'agissant des zones cutanées les plus fines de l'organisme, les effets secondaires sont fréquents pour des doses modestes.
Phase aiguë
Un érythème et une desquamation peuvent être observés dès 10 Gy, voire des cloques au-delà de 40 Gy.
Phase chronique
Une madarose, un xérosis du bord libre (kératinisation), des télangiectasies et des ectropions cicatriciels ont été décrits, ainsi qu'une atrophie des glandes de Meibomius responsable d'un dysfonctionnement meibomien (fig. 13-159
Fig. 13-159
Photographies des paupières plusieurs années après protonthérapie pour mélanome conjonctival. a. Télangiectasies du bord libre et croûtes dans les cils ; on distingue les orifices des glandes de Meibomius dont le contenu est occlus par des sécrétions trop épaisses stigmatisant le dysfonctionnement meibomien. Madarose temporale (b) et télangiectasies palpébrales (c) dans le secteur irradié.
).
Prise en charge
La prise en charge est avant tout préventive, à savoir éviter l'irradiation des paupières chaque fois que possible. L'utilisation des écarteurs de paupières lors de l'irradiation permet de ne pas irradier la paupière quand la tumeur n'est pas trop volumineuse. Lorsque cela ne peut pas être évité, le patient doit en être informé.
À la phase aiguë, des dermocorticoïdes et des émollients peuvent être proposés.
À la phase chronique, le dysfonctionnement meibomien est traité par des substituts lacrymaux orientés sur le film lipidique, des soins de paupières avec des patchs chauds et des massages. Dans les cas les plus sévères, en l'absence de contre-indication, des cures de corticoïdes topiques ou de ciclosporine sont proposées.
Effets de la radiothérapie sur la glande lacrymale principale
Phase aiguë
Les complications oculaires aiguës ne sont pas fréquentes à ce niveau.
Phase chronique
Une atrophie de la glande lacrymale principale peut être observée pour des doses de 50 à 60 Gy [ 224 , 225].
Prise en charge
Conformément aux référentiels édités par le Réseau national de prise en charge du mélanome de la choroïde MELACHONAT [ 226], les tumeurs antérieures du quadrant supéro-externe sont préférentiellement traitées par disque d'iode 125 pour ne pas irradier la glande lacrymale, ce qui risque d'entraîner un syndrome sec majeur [227-228-229].
Si la curiethérapie n'est pas disponible, le patient doit préférentiellement être adressé à un autre centre ou énucléé. Dans le cas où une protonthérapie est réalisée, le patient doit être prévenu du risque de syndrome sec majeur par hyposécrétion et du risque d'énucléation secondaire.
Effets de la radiothérapie sur la conjonctive
Phase aiguë
Une conjonctivite, un chémosis voire une ulcération peuvent être observés 7 à 21 jours après une irradiation dès 5 Gy et de façon quasi constante dès 30 Gy (fig. 13-160
Fig. 13-160
Photographies du segment antérieur à J10 de protonthérapie pour mélanome conjonctival. a. Hyperhémie conjonctivale et discret chémosis. b. Après instillation de fluorescéine, il existe une ulcération.
) [ 225].
Phase chronique
Œil sec, hyperhémie conjonctivale et télangiectasies peuvent être observés de façon significative dès 35 Gy (fig. 13-161
Fig. 13-161
Photographies du segment antérieur de la même patiente qu'à la fig. 13-83 à 2 ans de protonthérapie pour mélanome conjonctival. a. Hyperhémie conjonctivale et inflammation chronique sur le site de la cicatrice de chirurgie qui est devenue rétractile. b. Après instillation de fluorescéine, il n'existe pas d'ulcération mais une rupture précoce du film lacrymal.
). L'œil sec résulte d'une part d'une altération des cellules conjonctivales à gobelets sécrétant les mucines de la partie protéique des larmes nécessaires à l'arrimage du film à la surface oculaire ; et d'autre part de la lésion des glandes lacrymales accessoires de Wolfring et Krause participant à la sécrétion de la couche aqueuse du film lacrymal. La conjonctive irradiée sera le siège d'une véritable métaplasie fibreuse avasculaire (fig. 13-162
Fig. 13-162
Photographies du segment antérieur plusieurs années après protonthérapie pour mélanome uvéal. a, b. Métaplasie conjonctivale sévère, avec de grandes plages de conjonctive avasculaire. On distingue une zone de nécrose sclérale sous-jacente (a) et l'anneau de Tantale sous-jacent (b).
).
Prise en charge
Les substituts lacrymaux peuvent préserver les cellules à gobelets et pallier leur perte ; l'usage de la vitamine A pommade peut prévenir la formation d'une cicatrice fibreuse avasculaire ; les corticoïdes locaux peuvent diminuer l'inflammation locale [225]. Chaque fois que cela est possible et s'agissant d'une pathologie chronique, les traitements sans conservateur doivent être préférés [ 230].
Effets de la radiothérapie sur la sclère
Des sclérites précoces ont été décrites et plus tardivement des cas de nécrose sclérale.
Phase aiguë
Une hyperhémie est fréquente 2 à 4 semaines après la radiothérapie et ne justifie d'aucun traitement particulier. Les sclérites sont rares. Passarin et al. [231] décrivent 4 patients qui tous avaient des antécédents d'inflammation oculaire qui ont développé une sclérite dans l'année qui a suivi l'irradiation par faisceau de protons, voire très précocement pour deux d'entre eux. Trois sur quatre ont guéri avec une antibiothérapie locale et des corticoïdes par voie générale, et le quatrième a eu besoin d'un traitement immunosuppresseur. Berry et al. [ 232] ont décrit 3 cas de nécrose sclérale précoce pour lesquels une origine infectieuse a été suspectée.
Phase chronique
Un amincissement voire une nécrose sclérale peuvent être observés à distance de l'irradiation au-delà de 20 à 30 Gy. La survenue d'une perforation, bien que rare, est décrite (fig. 13-163
Fig. 13-163
Photographie du segment antérieur plusieurs années après protonthérapie pour mélanome du corps ciliaire. a. 3 ans après protonthérapie, début de nécrose sclérale. b. 5 ans après protonthérapie. c. 8 ans après protonthérapie. Le mélanome, quant à lui, est devenu plan. La patiente perforera 9 ans après sa protonthérapie et sera énucléée.
). La nécrose sclérale est en règle plus fréquente après une pose de disque radioactif (dose importante à la sclère) qu'après une protonthérapie, mais peut se rencontrer quel que soit le type d'irradiation. Elle a été décrite en 2008 par Radin et al. [233], puis par Kaliki et al. en 2013 [234]. Elle serait due soit à des phénomènes de nécrose extensive de la tumeur, soit à une complication liée à la dose administrée à la sclère. Elle apparaît en moyenne 3 ans après l'irradiation. Pour Kaliki et al. [234], sur une série de 5057 patients dont 73 ont développé une nécrose sclérale, les facteurs de risque de nécrose sclérale après traitement par disque radioactif sont la localisation antérieure avec atteinte du corps ciliaire, l'épaisseur tumorale et la dose de radiations à la sclère.
Prise en charge
Il est important de bien différencier une nécrose sclérale (pas d'augmentation de la cicatrice en échographie) d'une rechute tumorale avec extériorisation extrasclérale de tumeur active.
Il faut éviter autant que possible le recours à la chirurgie dans les nécroses sclérales, car le potentiel de cicatrisation des tissus est quasi nul étant donné le caractère avasculaire de la zone irradiée, et la chirurgie peut malheureusement avoir un effet aggravant. Ainsi, les tentatives de recouvrement conjonctival ou les greffes sclérales sont classiquement vouées à l'échec. Seule l'oxygénothérapie hyperbare, décrite en 1995 [235], permettrait une cicatrisation de la sclère. Néanmoins, une technique de patch cornéen issu d'un donneur aurait donné des résultats satisfaisants dans 4 cas [236]. Quelle que soit la taille de la nécrose, si elle est bien recouverte par la conjonctive, aucun geste chirurgical n'est nécessaire.
Les cicatrisants topiques tels que l'acide hyaluronique et la vitamine A pommade pourront être utilisés ; dans les cas les plus sévères, les greffes de membrane amniotique ont une bonne indication. En cas de perforation, une énucléation peut être proposée, sachant que cette chirurgie est délicate sur un globe mou, avec un haut risque d'évidement du globe lors de la section du nerf optique.
Effets de la radiothérapie sur la cornée
Phases aiguë et chronique
Parmi la multitude des complications cornéennes, nous insisterons sur la survenue possible d'une hypoesthésie cornéenne responsable de kératite neurotrophique qui a été décrite aux deux phases [ 225]. C'est surtout l'irradiation de la glande lacrymale par le biais du syndrome sec qu'elle peut provoquer qui provoque des kératites. Il s'agit le plus souvent d'une kératite ponctuée dans l'aire d'ouverture de la fente palpébrale, mais des formes sévères peuvent se rencontrer.
La toxicité directe de l'irradiation sur la cornée est rarement observée quand l'irradiation ne concerne qu'une partie limitée de la cornée.
En revanche, dans le cas particulier du mélanome diffus de l'iris, il est nécessaire d'irradier tout le segment antérieur et, dans ce cas, une insuffisance limbique sévère est à craindre. La réalisation avant l'irradiation d'un prélèvement de cellules souches limbiques, qui sont conservées puis remises en place après l'irradiation, permet de garantir un statut cornéen satisfaisant [237].
Prise en charge
Les substituts lacrymaux non conservés ainsi que la vitamine A et, dans les cas sévères, une membrane amniotique sont employés pour traiter les complications cornéennes.
Effets de la radiothérapie sur l'iris
Uvéite antérieure
Phase aiguë
L'iris est un tissu résistant à l'irradiation [225]. Une iritis associée parfois à un Tyndall de chambre antérieure a été décrite après l'irradiation. Pour Lumbroso et al. [238], cette uvéite est retrouvée dans 28 % des cas.
Phase chronique
Des synéchies iridocristalliniennes et une atrophie irienne peuvent ensuite s'installer (fig. 13-164
Fig. 13-164
Photographie du segment antérieur plusieurs années après protonthérapie pour mélanome choroïdien maculaire. Atrophie irienne inférieure et synéchies iridocristalliniennes.
). Néanmoins, l'inflammation oculaire est le plus souvent modérée et disparaît avec un traitement corticoïde local. Ce traitement est d'ailleurs prescrit systématiquement dans le mois qui suit la protonthérapie.
Les facteurs de risque d'apparition de cette inflammation ont été étudiés ; ce sont l'épaisseur de la tumeur et l'irradiation d'un gros volume du globe oculaire.
Prise en charge
Le dépistage de l'iritis doit amener à réaliser une cycloplégie et à instiller des corticoïdes topiques.
Glaucome néovasculaire
La présence d'une tumeur choroïdienne provoque souvent un décollement de rétine avec ischémie relative de la rétine décollée. Le décollement de rétine se résorbe après l'irradiation en une durée variable, mais le tissu tumoral irradié cicatriciel et la rétine avoisinante restent souvent ischémiques. Ces phénomènes ischémiques peuvent être responsables d'une néovascularisation de l'iris, entrant parfois dans le cadre de ce que l'on appelle le syndrome de la tumeur toxique . Ce syndrome, fréquemment observé après protonthérapie en cas de masse initiale volumineuse, est dû à la sécrétion par la cicatrice de cytokines pro-inflammatoires et de VEGF. Les facteurs de risque de l'apparition d'un glaucome néovasculaire après irradiation d'un mélanome ont été décrits. Pour Riechardt et al. [ 239], le glaucome néovasculaire est présent chez 20,8 % des patients après un suivi moyen de 2 ans. Les facteurs de risque sont l'épaisseur tumorale, la dose au corps ciliaire, la longueur de nerf optique irradié et la présence d'un diabète.
Dans l'étude de l'Institut Curie en 2006 [ 240], le glaucome néovasculaire était la cause la plus fréquente d'énucléation secondaire, et les facteurs de risque étaient l'épaisseur tumorale (p < 0,0001, et le volume de cristallin recevant plus de 30 CGE ( cobalt fray equivalent ) (p = 0,0002).
La prise en charge des glaucomes néovasculaires peut comporter la photocoagulation rétinienne des territoires ischémiques, la panphotocoagulation rétinienne, la cryoapplication et les injections d'anti-VEGF . Les injections d'anti-VEGF sont efficaces pour freiner la néovascularisation irienne et baisser la pression oculaire. Dans l'étude de Mahdjoubi et al. [ 241], chez des patients ayant une rubéose irienne, la pression oculaire est inférieure à 21 mmHg chez 54 % des patients après injection. Néanmoins, il est toujours nécessaire de traiter les territoires ischémiques pour permettre une stabilisation du glaucome.
Si elle est techniquement réalisable, l'endorésection de la cicatrice est un moyen efficace pour prévenir la néovascularisation de l'iris et le glaucome néovasculaire en cas de masse tumorale à base étroite mais de forte épaisseur [ 242].
Effets de la radiothérapie sur le cristallin
Phase aiguë
Une myopie transitoire a été décrite dans les semaines suivant l'administration des rayons.
Phase chronique
Le cristallin est l'organe le plus radiosensible de l'organisme. Des doses minimes de rayonnements ont été décrites comme pouvant entraîner le développement d'une cataracte , le délai pouvant s'étendre entre quelques semaines et quelques années [225]. Les tumeurs antérieures (conjonctive, iris, corps ciliaire) sont pourvoyeuses de cataractes plus précoces. Il s'agit le plus souvent de cataractes sous-capsulaires (fig. 13-165
Fig. 13-165
Photographie du segment antérieur 1 an après protonthérapie pour mélanome choroïdien. Apparition d'une cataracte sous-capsulaire postérieure avec retentissement rapide sur l'acuité visuelle.
).
Pour Gragoudas et al. [ 243], 3 ans après l'irradiation, 42 % des patients ont développé des opacités au niveau de la capsule postérieure, et le risque augmente pour les tumeurs épaisses et lorsque la dose délivrée au cristallin est importante.
La dose délivrée au cristallin a été retrouvée comme facteur de risque également dans les études de Desjardins et al. [ 244] et d'Espensen et al. [ 245], et majorée en fonction de l'âge du patient.
La dose au cristallin est corrélée étroitement avec la taille de la tumeur (plus importante lorsque la taille de la tumeur augmente).
Dans l'étude de Seibel en 2016 [ 246], 71 patients (66,3 %) présentaient une cataracte 31 mois après protonthérapie dont 20 % ont eu besoin d'une chirurgie. Le risque de cataracte augmentait significativement lorsque la dose au cristallin dépassait 15 à 20 CGE.
Prise en charge
Le traitement est chirurgical. Il faut de préférence attendre un an au minimum après l'irradiation et s'assurer par un contrôle du fond d'œil et de l'échographie que la cicatrice est inactive. Il n'y a pas d'autre précaution particulière à prendre et l'intervention de cataracte n'augmente pas le risque de récidive ou de métastase.
Rétinopathie, maculopathie et papillopathie radiques
A. Matet, J. Villaret, D. Malaise, S. Tick
Introduction
La rétinopathie radique est une complication redoutable et irréversible de l'irradiation oculaire, liée à une souffrance des vaisseaux rétiniens induisant une rupture des barrières hématorétiniennes et une ischémie rétinienne. Sa survenue et sa sévérité dépendent du volume irradié, et son retentissement sur la vision dépend de la localisation de la tumeur, une maculopathie radique se développant très fréquemment après irradiation de tumeurs postérieures à l'équateur.
L'incidence de la rétinopathie radique est estimée entre 42 % et 85 % à 3 ans, et entre 60 % et 89 % à 5 ans, en fonction de la localisation de la tumeur et de la modalité d'irradiation. Elle survient en moyenne 19 mois après l'irradiation [247-248-249-250].
Physiopathologie
En raison de la radiosensibilité des cellules endothéliales vasculaires rétiniennes aux radiations ionisantes, l'irradiation entraîne des dommages endothéliaux focaux. Ces altérations stimulent les mécanismes réparateurs de migration et de division des cellules endothéliales environnantes, mais l'ADN de cellules ayant été lésé par l'irradiation, elles entrent en apoptose à chaque tentative de mitose, créant des défects dans le pavage endothélial qui augmentent progressivement au cours du temps. Cette mise en défaut de la continuité de l'endothélium entraîne des occlusions capillaires retardées par agrégation plaquettaire et activation de la coagulation, provoquant une ischémie rétinienne [250 , 251]. Une rupture de la barrière hématorétinienne interne s'y associe fréquemment, expliquant le développement de micro-anévrismes souvent diffusifs, de fuites capillaires, d'exsudats lipidiques et d'un œdème maculaire, signes retrouvés dans la rétinopathie et la maculopathie radiques. Une rupture de la barrière hématorétinienne externe due à une souffrance de l'épithélium pigmentaire est fréquente, mais souvent sous-diagnostiquée. Enfin, le stress oxydatif, l'inflammation [ 252], l'hypoxie locale et une déplétion péricytaire sont des facteurs associés qui contribuent à exacerber la perméabilisation des barrières et la souffrance rétinienne.
Facteurs de risque de rétinopathie radique
Plusieurs études ont montré que les facteurs de risques indépendants de rétinopathie ou de maculopathie radique sont, dans le cas du mélanome choroïdien, une grande épaisseur tumorale, un grand diamètre basal et une localisation de la tumeur à proximité des structures les plus radiosensibles de la rétine, la papille et la macula (distance < 2,5 mm, la taille de la marge de sécurité irradiée autour d'une tumeur) [ 247 , 249 , 253-254-255]. L'épaisseur importante prédispose également à un syndrome de la tumeur toxique , dont les manifestations cliniques sont une exsudation importante à début précoce, dès les premiers mois post-irradiation (exacerbation du décollement de rétine exsudatif inférieur souvent présent au diagnostic, placards d'exsudats lipidiques). Le syndrome de la tumeur toxique est souvent difficile à distinguer de certaines manifestations de la rétinopathie radique elle-même. De plus, il pourrait favoriser une rétinopathie ou une maculopathie plus précoce ou plus sévère [256]. La localisation tumorale en nasal serait un facteur protecteur contre une perte de vision sévère [257]. Certaines études ont montré que, lorsqu'une tumeur est périphérique ou équatoriale, le seul facteur de risque de rétinopathie devient l'épaisseur [ 258].
La localisation postérieure induit trois complications majeures de l'irradiation : maculopathie et papillopathie radiques en raison de l'irradiation directe de la macula et de la papille, et rétinopathie radique en raison de l'irradiation des gros troncs vasculaires qui induisent de façon retardée une ischémie rétinienne.
D'autres facteurs de risque sont liés à l'irradiation elle-même (dose totale délivrée, fractionnement et surface de rétine irradiée) [ 254] ou au patient (âge, diabète, troubles de coagulation, hypertension artérielle autres vasculopathies) [ 253 , 259]. La dose minimale à risque d'entraîner une rétinopathie radique a été estimée entre 20 et 35 Gy selon les auteurs [ 260 , 261].
Manifestations cliniques et imagerie multimodale
Rétinopathie radique
Une rétinopathie radique se développe de façon progressive et débute généralement quelques mois après l'irradiation (fig. 13-166a, b
Fig. 13-166
a. Mélanome choroïdien implanté à 2 mm en inféronasal du nerf optique. b. Quatre ans après l'irradiation, dont le fond d'œil présente une atrophie périlésionnelle témoignant de la marge de sécurité de 2,5 mm irradiée autour de la tumeur.
). Les signes cliniques initiaux sont la dilatation des capillaires rétiniens, les modifications vasculaires acquises (micro-anévrismes, télangiectasies), les hémorragies rétiniennes et un œdème maculaire (fig. 13-167,
Fig. 13-167
Mélanome choroïdien situé en moyenne périphérie temporale. Deux ans après la protonthérapie, la macula, qui a reçu moins de 50 % de la dose totale reçue par la tumeur, ne présente pas de signes de souffrance post-radique, mais un œdème maculaire est détecté par l'OCT, indiquant une maculopathie radique modérée.
fig. 13-168
Fig. 13-168
Mélanome choroïdien situé sous la macula.Deux ans après la protonthérapie, la macula présente une souffrance vasculaire marquée avec des séquelles vaso-occlusives artérielles et veineuses : arcade vasculaire inférieure déshabitée, hémorragies en flammèches, exsudats. L'OCT révèle une maculopathie sévère avec kystes dégénératifs et atrophie complète de la rétine externe.
). On peut également retrouver des exsudats (signe de chronicité) et des nodules cotonneux (témoignant d'une ischémie récente) [250].
En cas d'ischémie importante (fig. 13-169,
Fig. 13-169
Angiographies à la fluorescéine (55°). a. Un an après protonthérapie pour un petit mélanome choroïdien situé en temporal supérieur de la macula. La zone de non-perfusion est limitée au site tumoral irradié. b. Trois ans après la protonthérapie, avec une extension des zones de non-perfusion vers la macula et vers la périphérie, dépassant largement le site tumoral irradié, et témoignant du caractère progressif de la rétinopathie radique.
fig. 13-170
Fig. 13-170
Angiographie à la fluorescéine (30°) réalisée 2 ans après protonthérapie pour un mélanome choroïdien montrant une maculopathie radique avec élargissement franc de la zone avasculaire centrale et nombreuses télangiectasies capillaires.
), une néovascularisation prérétinienne est redoutée car elle peut mener à des complications hémorragiques intravitréennes ou sous-rétiniennes, des décollements de rétine tractionnels ou un glaucome néovasculaire (fig. 13-171
Fig. 13-171
Glaucome néovasculaire sévère consécutif à une rétinopathie radique. Les douleurs incoercibles et les difficultés de surveillance du fond d'œil (cataracte et/ou hémorragie intravitréenne fréquemment associées) peuvent conduire à une énucléation secondaire.
). Une rubéose irienne est fréquemment le signe précurseur de ces complications néovasculaires et doit faire réaliser une photocoagulation panrétinienne rapide. L'angiographie à la fluorescéine permet de diagnostiquer des zones de non-perfusion rétinienne, des complications néovasculaires, la présence d'une diffusion maculaire ou encore d'une diffusion papillaire, signe du développement d'une neuropathie radique. L'angiographie au vert d'indocyanine permet d'étudier de manière globale la vascularisation choroïdienne, et de rechercher des remaniements vasculaires rétiniens comme les macro-anévrismes veineux, ou des occlusions veineuses rétiniennes ou choroïdiennes.
Maculopathie radique
La maculopathie radique, qui résulte d'une rupture des barrières hématorétiniennes au niveau maculaire, peut se développer comme la rétinopathie quelques mois après l'irradiation. Elle se manifeste au fond d'œil par des micro-anévrismes, hémorragies et exsudats. Il peut exister quelques nodules cotonneux à la phase aiguë de développement de la maculopathie.
En OCT, il existe un œdème maculaire cystoïde (fig. 13-172,
Fig. 13-172
OCT d'une maculopathie radique légère présentant quelques kystes d'œdème maculaire sans déformation franche du profil fovéolaire.
fig. 13-173
Fig. 13-173
OCT d'une maculopathie radique modérée présentant un œdème maculaire cystoïde avec épaississement maculaire.
et voir fig. 13-167
Fig. 13-167
Mélanome choroïdien situé en moyenne périphérie temporale. Deux ans après la protonthérapie, la macula, qui a reçu moins de 50 % de la dose totale reçue par la tumeur, ne présente pas de signes de souffrance post-radique, mais un œdème maculaire est détecté par l'OCT, indiquant une maculopathie radique modérée.
), et parfois un décollement maculaire séreux associé. Dans les formes évoluées ou anciennes, il laisse place à une atrophie maculaire (fig. 13-174
Fig. 13-174
OCT d'une maculopathie radique sévère présentant une atrophie maculaire dépassée et des kystes dégénératifs. On note la présence du mélanome choroïdien sous la macula, qui a reçu 100 % de la dose d'irradiation délivrée.
et voir fig. 13-168
Fig. 13-168
Mélanome choroïdien situé sous la macula.Deux ans après la protonthérapie, la macula présente une souffrance vasculaire marquée avec des séquelles vaso-occlusives artérielles et veineuses : arcade vasculaire inférieure déshabitée, hémorragies en flammèches, exsudats. L'OCT révèle une maculopathie sévère avec kystes dégénératifs et atrophie complète de la rétine externe.
). En angiographie, il peut exister des micro-anévrismes diffusants ou non (voir fig. 13-170
Fig. 13-170
Angiographie à la fluorescéine (30°) réalisée 2 ans après protonthérapie pour un mélanome choroïdien montrant une maculopathie radique avec élargissement franc de la zone avasculaire centrale et nombreuses télangiectasies capillaires.
), parfois un remplissage des logettes d'œdème par le colorant, plus rarement de véritables néovaisseaux [262]. Différents degrés de sévérité possibles de la maculopathie radique sont représentés dans la fig. 13-175
Fig. 13-175
Degrés de désorganisation de la maille périfovéolaire après protonthérapie pour mélanome choroïdien. En angiographie à la fluorescéine (d-f) et en OCT-angiographie (g-i) : continue (a, d, g), interrompue (b, e, h), et déstructurée (c, f, i) avec disparition complète d'une partie du réseau vasculaire maculaire. On remarque de nombreuses télangiectasies, une déplétion capillaire, et une tortuosité des petits vaisseaux, proportionnelles à la sévérité.
Source : Léonidas Zografos, Lausanne.
.
Papillopathie radique
La papillopathie radique est une neuropathie optique antérieure consécutive à l'irradiation de la portion distale du nerf optique. Son mécanisme est probablement micro-ischémique, le tableau clinique étant d'ailleurs assez similaire à celui des formes sévères de neuropathie optique ischémique antérieure aiguë non artéritique. Il implique une souffrance de la microvascularisation de la tête du nerf optique, induisant une ischémie aiguë, puis une insuffisance vasculaire chronique, probablement associée à une inflammation de degré variable [ 263].
Cliniquement, la papillopathie radique se caractérise par une baisse visuelle rapide, progressive, indolore, et retardée après l'irradiation [264]. Elle survient typiquement entre 12 et 24 mois après protonthérapie ou curiethérapie pour un mélanome choroïdien, et ses principaux facteurs de risque sont la proximité de la tumeur du nerf optique et la dose d'irradiation reçue [ 247]. On observe un œdème papillaire et des hémorragies péripapillaires à la phase aiguë, puis une atrophie et une pâleur optique aux phases tardives [265] (fig. 13-176,
Fig. 13-176
Mélanome choroïdien localisé au contact de la papille, au diagnostic (a). b. 18 mois après l'irradiation, le patient présente une papillopathie radique débutante, associant œdème papillaire, hémorragies en flammèches péripapillaires, et nodules cotonneux. On note le développement concomitant d'une maculopathie radique, et l'aspect cicatriciel du mélanome traité. c. 3 ans après l'irradiation, le patient présente une papillopathie radique au stage tardif, associant atrophie optique et rétinienne avancées, et rétrécissement du calibre des troncs vasculaires faisant craindre une ischémie rétinienne massive, et devant faire réaliser une panphotocoagulation laser.
fig. 13-177,
Fig. 13-177
Patient ayant présenté une papillopathie radique 14 mois après protonthérapie d'un mélanome choroïdien juxtapapillaire, traité par panphotocoagulation laser en prévention du glaucome néovasculaire, en raison de l'ischémie des arcades vasculaires. Ce cas illustre qu'en vie réelle, rétinopathie, maculopathie et papillopathie sont souvent associées lorsque la tumeur est située à proximité du pôle postérieur.
fig. 13-178
Fig. 13-178
Angiographie à la fluorescéine 5 ans après protonthérapie pour mélanome choroïdien montrant une papillopathie radique avancée, avec néovascularisation prépapillaire et nombreuses zones de non-perfusion.
). Il n'existe pas à l'heure actuelle de thérapeutique efficace pour prévenir ou freiner durablement la progression d'une neuropathie optique radique.
Imagerie innovante
La rétinopathie radique est une vasculopathie multifactorielle encore mal comprise. L'avènement de nouveaux outils d'imagerie à haute résolution permet de mieux comprendre les mécanismes mis en jeu dans la survenue des complications vasculaires et d'isoler des marqueurs cliniques précis qui pourront être utilisés dans des études évaluant la réponse vasculaire à une thérapeutique préventive ou curative.
OCT-angiographie
Il s'agit d'une modalité d'imagerie intéressante car non invasive, et qui permet d'imager la plupart des lésions néovasculaires et les zones de franche non-perfusion. L'OCT-angiographie (OCT-A) reste encore limitée pour détecter des zones d'ischémie relative, ou si la rétine est très remaniée, comme c'est souvent le cas autour de la zone cicatricielle d'un mélanome traité. En cas de papillopathie radique, on observe une déplétion progressive de la maille capillaire péripapillaire (fig. 13-179
Fig. 13-179
OCT-angiographie chez un patient irradié 2 ans auparavant pour mélanome choroïdien présentant une papillopathie radique débutante. L'OCT-angiographie permet de détecter des défects dans le réseau capillaire péripapillaire.
). En grand champ, l'OCT-A renseigne sur la non-perfusion périphérique (fig. 13-180
Fig. 13-180
OCT-angiographie grand champ réalisé 2 ans après protonthérapie pour mélanome choroïdien. Ici, cette technique non invasive permet de détecter des zones de non-perfusion périphérique (rétinopathie radique), un élargissement franc de la zone avasculaire centrale (maculopathie radique), des néovaisseaux et boucles de reperfusion péripapillaires (papillopathie radique).
), mais les temps d'acquisition des machines actuelles sont encore longs. Dans la zone maculaire, l'OCT-A renseigne sur le degré d'altération de la maille capillaire périfovéolaire, que l'on peut décrire comme conservée, interrompue ou désorganisée (fig. 13-181
Fig. 13-181
OCT-angiographie centré sur la macula chez un patient présentant une maculopathie radique responsable de plusieurs zones de non-perfusion dans la maille capillaire périmaculaire.
et voir fig. 13-175
Fig. 13-175
Degrés de désorganisation de la maille périfovéolaire après protonthérapie pour mélanome choroïdien. En angiographie à la fluorescéine (d-f) et en OCT-angiographie (g-i) : continue (a, d, g), interrompue (b, e, h), et déstructurée (c, f, i) avec disparition complète d'une partie du réseau vasculaire maculaire. On remarque de nombreuses télangiectasies, une déplétion capillaire, et une tortuosité des petits vaisseaux, proportionnelles à la sévérité.
Source : Léonidas Zografos, Lausanne.
) [266 , 267]. Une classification de la maculopathie radique en OCT-A a été proposée [ 268]. L'OCT-A présente un potentiel en recherche clinique car il fournit des indicateurs objectifs corrélés à l'acuité visuelle, comme la densité vasculaire maculaire et l'élargissement de la zone avasculaire centrale.
Optique adaptative
Par sa capacité de grossissement optique s'affranchissant des aberrations optiques des milieux oculaires, l'optique adaptative permet une visualisation extrêmement précise et quasi histologique des vaisseaux rétiniens, indépendante du flux vasculaire. Cette technique permet, à l'aide de miroirs déformables, de corriger en temps réel les aberrations produites par un système optique. Cette technologie a d'abord été utilisée dans les télescopes astronomiques pour permettre la correction des aberrations atmosphériques sur les fronts d'ondes entrant dans les télescopes et conduisant à une perte significative de résolution [269].
L'optique adaptative permet la visualisation directe des photorécepteurs, des cellules de l'épithélium pigmentaire rétinien, de la lame criblée et des vaisseaux sanguins rétiniens, sans injection de produit de contraste. Dans le cas de la rétinopathie radique, l'optique adaptative permet d'observer un épaississement des parois vasculaires irradiées, entraînant une réduction de la lumière vasculaire et allant jusqu'à des occlusions vasculaires (fig. 13-182,
Fig. 13-182
OCT-angiographie montrant un ralentissement focal dû flux artériolaire (carré jaune)
fig. 13-183
Fig. 13-183
Optique adaptative de la zone identifiée par un carré jaune dans la fig. 13-182 , montrant un épaississement focal post-radique de la paroi vasculaire, et une diminution de la lumière intravasculaire sur le site du ralentissement du flux artériolaire.
).
Traitements de la rétinopathie et de la maculopathie radiques
Limitations des facteurs de risque
Plusieurs mesures sont mises en place lors de l'irradiation d'une tumeur oculaire afin de réduire les doses de rayonnement reçues par la rétine, et tout particulièrement la macula et le nerf optique. Dans le cas d'une protonthérapie pour mélanome uvéal, le positionnement de l'œil du patient et la direction du regard vers un point de fixation (associé à un eye tracker ) vont déterminer le site et l'angle d'entrée, ainsi que le trajet du faisceau dans l'œil. Ces paramètres sont optimisés afin que les zones fragiles soient le plus possible épargnées. La protonthérapie est associée à une marge de sécurité de 2,5 mm destinée à compenser d'éventuels mouvements ou défauts de fixation pendant l'irradiation. Selon les équipes, il est parfois possible de minimiser cette marge sur le versant postérieur des tumeurs afin de réduire les doses délivrées sur le pôle postérieur. Dans le cas de tumeurs rétro-équatoriales traitées par brachythérapie, comme c'est le cas par exemple dans de nombreux centres aux États-Unis, des disques radioactifs à encoche permettent également de limiter l'irradiation du pôle postérieur.
La prévention du syndrome de la tumeur toxique par endorésection de la cicatrice tumorale (voir chapitre spécifique) permet également de limiter les conséquences de l'irradiation sur la rétine. En effet, lorsque survient un syndrome de lyse tumorale intense, entraînant un décollement de rétine exsudatif pouvant persister plusieurs mois, la rétine devient ischémique et développera plus volontiers une rétinopathie radique ainsi que ses complications, notamment néovasculaires.
Photocoagulation panrétinienne laser
Il s'agit du premier traitement de référence dans la rétinopathie radique, permettant la régression de la rétinopathie et la prévention du glaucome néovasculaire. Le principe est le même que dans la rétinopathie diabétique ; il s'agit de détruire des zones de rétine ischémiques non fonctionnelles pour diminuer la concentration intraoculaire de VEGF ( vascular endothelial growth factor ) [270]. La photocoagulation réduit le risque de développer une néovascularisation ainsi que ses complications hémorragiques et néovasculaires d'environ 90 %, mais aucun bénéfice visuel n'a été prouvé.
De plus, lorsque la papille et donc les gros troncs vasculaires rétiniens ont été irradiés, une photocoagulation panré tinienne sur 360° systématique doit être effectuée dans les 6 à 12 mois après la protonthérapie, car une ischémie rétinienne complète peut survenir de façon rapide, entraînant inéluctablement un glaucome néovasculaire sévère (voir fig. 13-171,
Fig. 13-171
Glaucome néovasculaire sévère consécutif à une rétinopathie radique. Les douleurs incoercibles et les difficultés de surveillance du fond d'œil (cataracte et/ou hémorragie intravitréenne fréquemment associées) peuvent conduire à une énucléation secondaire.
fig. 13-177
Fig. 13-177
Patient ayant présenté une papillopathie radique 14 mois après protonthérapie d'un mélanome choroïdien juxtapapillaire, traité par panphotocoagulation laser en prévention du glaucome néovasculaire, en raison de l'ischémie des arcades vasculaires. Ce cas illustre qu'en vie réelle, rétinopathie, maculopathie et papillopathie sont souvent associées lorsque la tumeur est située à proximité du pôle postérieur.
).
Anti-VEGF intravitréens
Les traitements anti-VEGF sont déjà largement utilisés dans des pathologies dont le mécanisme associe hypoxie et ischémie rétiniennes, telles que l'œdème maculaire post-occlusion veineuse, ou l'œdème maculaire diabétique. Après irradiation, l'environnement local inflammatoire et ischémique stimule la production de cytokines et de facteurs de croissance, dont le VEGF. De plus, ces effets sont majorés dans le cas de tumeurs volumineuses par le syndrome de lyse tumorale (syndrome de la tumeur toxique) qui va exacerber le décollement de rétine exsudatif et augmenter l'inflammation intraoculaire.
Plusieurs études cliniques ont été menées avec différents schémas pour l'administration des anti-VEGF par voie intravitréenne. Les données de la littérature suggèrent un effet bénéfique d'un traitement par anti-VEGF sur le plan anatomique, pour réduire l'œdème maculaire, et visuel [ 271 , 272]. Néanmoins, l'expérience clinique montre que, lorsque la zone irradiée est trop proche de la macula et/ou du nerf optique, une baisse visuelle sévère et irréversible s'installe progressivement à partir de 12 à 18 mois après l'irradiation. Cette perte visuelle peut parfois être ralentie, mais malheureusement pas arrêtée par les anti-VEGF intravitréens.
Il n'existe pas de protocole consensuel de traitement par anti-VEGF intravitréen. Il a été suggéré qu'un traitement régulier par anti-VEGF à intervalle fixe de 2 mois, démarré dès le diagnostic de rétinopathie radique, voire dès l'irradiation, est supérieur en termes de maintien de l'acuité visuelle à un schéma de traitement irrégulier (photocoagulation panrétinienne) ou à une abstention thérapeutique [ 271 , 273 , 274].
Corticoïdes
Tout comme dans la maculopathie diabétique, les corticoïdes en injection intravitréenne font partie de l'arsenal thérapeutique permettant de réduire l'œdème maculaire dans la maculopathie radique. Les corticoïdes ont un effet angiostatique par stabilisation des barrières hématorétiniennes, un effet anti-inflammatoire au sein de la matrice extracellulaire et un effet anti-œdémateux par leur action sur les cellules de Müller [275].
La plus grande série de patients traités par corticoïdes a été rapportée par Seibel et al., avec 35 patients traités par triamcinolone, 5 patients traités par implant de dexaméthasone et 38 patients traités par bévacizumab [ 276]. Les résultats à court terme étaient similaires, avec respectivement 86 %, 80 % et 92 % de stabilisation ou d'amélioration de la vision à 1 mois.
Un traitement d'anti-VEGF/corticoïdes a également été proposé chez les patients non répondeurs aux anti-VEGF seuls [ 277].
Traitements préventifs
Lorsque l'on sait que jusqu'à 80 % des patients traités par radiothérapie pour un mélanome uvéal développeront une rétinopathie radique dans les 5 ans, il a paru légitime à de nombreuses équipes de mettre en place des traitements préventifs avant même l'apparition des signes cliniques d'hypoperfusion. La plus grande série de cas traités préventivement a été rapportée par l'équipe des Shields avec 1131 yeux traités par bévacizumab au retrait de la plaque de curiethérapie, puis tous les 4 mois pendant 2 ans [278]. Ils rapportent une meilleure acuité visuelle dans le groupe traité que dans le groupe contrôle à 12, 24, 36 et 48 mois, une diminution du taux de maculopathie radique à 24 et 36 mois, et une diminution de l'épaisseur maculaire centrale à 24 et 48 mois, sans majoration du risque de récurrence tumorale locale.
Le traitement préventif par anti-VEGF est également utile pour améliorer la réponse au syndrome de la tumeur toxique et résorber le décollement de rétine exsudatif souvent présent au diagnostic, et ainsi réduire l'incidence du glaucome néovasculaire retardé [279]. Une amélioration des paramètres morphologiques, notamment la vascularisation périfovéolaire, a été identifiée en OCT-A chez des patients traités préventivement [ 272 , 274].
Maladie métastatique et suivi adapté au risque
Traitement chirurgical des métastases hépatiques de mélanome uvéal
P. Mariani, T. Bouhadiba, V. Servois
Introduction
Après le traitement oculaire du mélanome uvéal, jusqu'à 50 % des patients développeront des métastases, qui surviennent dans 90 % des cas au niveau hépatique. Le pronostic de ces patients est sombre, puisque la survie globale médiane est de 10 mois à partir de la date de l'apparition des métastases [ 280]. La chimiothérapie ou les thérapies ciblées ont jusqu'à présent peu d'efficacité et l'avènement de l'immunothérapie n'a pas changé le pronostic, car les taux de réponse sont considérablement plus bas que pour les patients atteints de mélanome cutané métastatique [ 281]. Seuls des traitements administrés par voie intra-artérielle au niveau hépatique (chimio-embolisation, immuno-embolisation, foie isolé perfusé) ont montré des réponses thérapeutiques, avec un allongement de la survie globale à 14,6 mois [281]. C'est la raison pour laquelle, à l'Institut Curie, nous continuons à proposer, chez des patients sélectionnés, une résection chirurgicale de l'ensemble des métastases hépatiques, avec comme perspective d'améliorer leur survie, comme nous l'avions déjà montré historiquement [282].
Indication du traitement chirurgical
Le traitement chirurgical est proposé d'emblée non précédé par un traitement systémique. L'indication opératoire est posée pour une atteinte hépatique exclusive confirmée par un scanner thoraco-abdomino-pelvien qui permet d'éliminer une atteinte extra-hépatique. Le dossier du patient est présenté en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) en présence d'un radiologue, d'un oncologue et d'un chirurgien hépatique.
La cartographie des métastases hépatiques (MH) est évaluée par une IRM hépatique (avec séquence pondérée en diffusion), qui est à ce jour le meilleur examen de détection des MH de mélanome uvéal (MHMU). C'est sur cette IRM que la résécabilité de l'ensemble des métastases est évaluée par le chirurgien hépatique. Il faut savoir que l'IRM a une sensibilité de détection des lésions d'environ 70 %. Les petites lésions de moins de 5 mm, quand elles sont de siège sous-capsulaire, sont souvent sous-estimées [ 283].
L'apport de la TEP-FDG pour augmenter la détection des MHMU n'a pas montré une meilleure efficacité [ 284]. Cela n'est pas seulement dû à la taille des lésions, mais également à la captation faible du FDG, y compris de certaines métastases supracentimétriques (fig. 13-184
Fig. 13-184
Comparaison IRM hépatique et TEP-FDG et aspect macroscopique d'une métastase réséquée. a. Coupe axiale pondérée en T2 – métastase de 10 mm du segment VI (flèche). b. Coupe axiale pondérée en diffusion – métastase de 10 mm du segment VI (flèche). c1-c3. La métastase ne présente pas de fixation significative en TEP-FDG. d. Aspect macroscopique de la métastase du segment VI réséquée.
).
La décision d'une résection hépatique s'appuiera aussi sur l'appréciation par les anesthésistes des comorbidités du patient et sur des facteurs pronostiques établis dans un nomogramme récemment publié [ 285]. Les facteurs les plus importants à prendre en compte sont le délai entre le MU et la survenue des MH, le nombre de métastases et la surface de la plus grande MH mesurée sur l'IRM préopératoire et le taux de LDH (qui, dans cette situation de patients oligométastatiques, sont le plus souvent normaux).
Lors de l'intervention chirurgicale, il est réalisé de manière systématique une échographie peropératoire afin de vérifier qu'il n'y a pas d'autres métastases en plus de celles décrites à l'IRM hépatique. Dans le cas de MH supplémentaires découvertes en peropératoire, la résection hépatique sera adaptée de façon à ce que l'ensemble des métastases soient réséquées. En cas de découverte d'une atteinte sous-capsulaire hépatique, celle-ci est coagulée si elle est limitée (environ 10 lésions), et elle n'est pas à notre avis une contre-indication à la résection hépatique.
La résection des métastases peut être associée à des destructions métastatiques par radiofréquence (RF) réalisée en peropératoire guidée par l'échographie, afin de limiter l'étendue des résections hépatiques. Nous avons ainsi montré dans une étude rétrospective publiée en 2016 que les médianes de survie globale et sans récidive des patients traités par chirurgie seule ou par chirurgie associée à de la RF étaient équivalentes [286] (fig. 13-185,
Fig. 13-185
Métastase du bord libre du segment V.
fig. 13-186,
Fig. 13-186
Métastases diffuses.
fig. 13-187,
Fig. 13-187
Métastase avec pigmentation hétérogène.
fig. 13-188
Fig. 13-188
Métastases punctiformes (inférieures à 5 mm) de type miliaire.
).
Résultats
Après résection hépatique R0 (c'est-à-dire une résection complète macroscopique de toutes les métastases et l'existence d'une marge microscopique confirmée par l'examen histologique), la survie médiane globale des patients est de 27 mois comparée à 11 mois chez les patients présentant une résection R1 ou R2 [ 282 , 287]. Les facteurs de bon pronostic pour les patients réséqués, établis en rétrospectif dans notre centre, sont, en analyse multivariée : un délai de plus de 24 mois entre le MU et la survenue des MH, un traitement chirurgical de type R0, le nombre de métastases réséquées (< 4) et l'absence de miliaire (atteinte sous-capsulaire avec lésions inférieures à 5 mm) décrite en peropératoire. Dans l'étude anglaise publiée en 2014, parmi 155 patients connus comme ayant des MH, 17 (11 %) ont eu un traitement chirurgical des MH à visée R0 avec, dans ce petit sous-groupe, une médiane de survie sans récidive de 27 mois versus 8 mois pour les autres patients traités médicalement ou ayant eu des soins palliatifs [288]. La médiane de récidive au niveau hépatique était de 13 mois, ce qui est un peu plus long que la médiane retrouvée par notre équipe qui était de 8 mois [279], mais cette équipe sélectionnait encore plus les patients en ne réalisant pas de résection si une atteinte sous-capsulaire était découverte [ 288].
Actuellement, très peu d'équipes proposent des résections hépatiques de MHMU. Les raisons sont multiples : 1) le mélanome uvéal est une pathologie rare et peu de centres associent des onco-ophtalmologistes et des chirurgiens hépatiques ; 2) la surveillance actuelle des patients adaptée au risque métastatique par IRM hépatique n'est pas réalisée par tous les centres, et certains patients surveillés uniquement par échographie hépatique ont très probablement un diagnostic plus tardif ; 3) à l'inverse des MH d'origine colorectale, ce traitement chirurgical est proposé seul, non encadré par un traitement systémique.
Surveillance postopératoire
La rechute au niveau hépatique est fréquente, avec une médiane de survenue de moins d'un an [286]. C'est la raison pour laquelle, en postopératoire, nous effectuons une surveillance centrée sur le foie par IRM hépatique tous les 4 mois durant les deux premières années, puis tous les 6 mois associée à un scanner thoraco-abdomino-pelvien par an. Lorsque les patients rechutent après le traitement chirurgical des MHMU, c'est le plus souvent uniquement au niveau hépatique. La gestion des récidives limitées au niveau hépatique, lorsque le délai de récidive métastatique est d'environ 1 an par rapport au traitement chirurgical initial, peut faire discuter un nouveau traitement local. Ce nouveau traitement local est de nouveau discuté en RCP, et peut faire appel à une nouvelle résection chirurgicale ou un traitement par radiofréquence (RF) percutanée guidée par imagerie.
Nous avons ainsi récemment publié une série de 14 patients qui, après un premier traitement chirurgical de MHMU, ont eu un deuxième traitement local comprenant de la RF seule (chez 10 patients) ou associée à une nouvelle résection chirurgicale (chez 4 patients). La survie de cette petite série de patients très sélectionnés était exceptionnellement longue, avec 70 % des patients en vie à 5 ans et 35 % des patients en vie à 10 ans. Soulignons que ces patients n'avaient reçu aucun traitement systémique entre les deux traitements locaux. Le traitement local doit donc à notre avis toujours être discuté, tout particulièrement chez des patients ayant des maladies lentement évolutives [ 289].
Traitements systémiques des formes métastatiques
S. Piperno-Neumann, P. Mariani, V. Servois, G. Pierron, L. Lumbroso-Le Rouic, A. Matet, M. Rodrigues, N. Cassoux
Risque métastatique et suivi personnalisé
Malgré l'efficacité des traitements de la tumeur primitive oculaire, le risque essentiel est la survenue de métastases chez 20 à 50 % des patients [290], touchant le foie dans 90 % des cas. Il n'existe pas de traitement adjuvant capable de prévenir les métastases, ni de traitement systémique de référence au stade métastatique. La moitié des patients décèdent dans l'année suivant la détection des métastases [291] ; seuls ceux pouvant bénéficier d'une chirurgie hépatique carcinologique (20 % des cas) ont une survie prolongée [ 292 , 293].
Peu d'études cliniques sont dédiées aux patients présentant un mélanome uvéal métastatique (MUM) : de 1980 à 2008, 80 publications ont été identifiées par Augsburger et al. [ 294] ; un tiers d'entre elles étaient des études prospectives de phases I et II ; aucune étude de phase III randomisée n'était rapportée. Plus récemment, une méta-analyse des essais cliniques dédiés aux patients atteints de MUM entre 1988 et 2015 a confirmé un pronostic sombre quel que soit le traitement, avec 3 mois de survie sans progression et 12 mois de survie globale [ 295].
Définition du risque
Il n'y a pas de consensus international définissant les patients à haut risque de métastase : facteurs cliniques (âge, diamètre tumoral, atteinte du corps ciliaire, extension extrasclérale), anatomopathologiques (cellules épithélioïdes, boucles vasculaires), anomalies cytogénétiques (monosomie 3, gain du chromosome 8 ou combinaison) et profil d'expression génique en deux classes (test commercialisé aux États-Unis sous le nom de DecisionDx®-UM par Castle Biosciences) sont utilisés selon les équipes pour définir une stratégie de surveillance personnalisée. Dans la classification de l'AJCC 8 e édition [ 296], les mélanomes de l'uvée sont classés de T1 à T4 selon le diamètre et l'épaisseur tumoraux, la présence d'une atteinte du corps ciliaire ou extraoculaire. Les stades IV correspondent à une extension ganglionnaire ou des métastases synchrones, situation rare (5 % des cas). Le risque de métastase et de décès est corrélé à la taille et au stade dans une étude rétrospective chez 7731 patients : le risque de décès à 10 ans atteint 8, 13, 27 et 43 % pour des tumeurs classées T1 à T4 respectivement [297].
Depuis l'identification d'anomalies génétiques corrélées au risque métastatique, des techniques de ponction à l'aiguille ont été développées par les ophtalmologistes. Ces ponctions, transvitréennes pour les tumeurs postérieures, transsclérales pour les tumeurs antérieures, sont possibles pour une lésion de plus de 5 mm d'épaisseur, et réalisées avant la radiothérapie.
Connaître au diagnostic les facteurs de pronostic permet d'identifier les patients à haut risque de métastase pour leur proposer un suivi hépatique adapté. De plus, la stratification des patients en fonction du risque de rechute aide à proposer des essais cliniques à des groupes de patients homogènes dans le but de réduire le risque de métastase, comme c'est le cas dans d'autres cancers. Alors que le risque métastatique à 5 ans est de 20 % dans une cohorte non sélectionnée de 2241 patients [298], le profil d'expression génique associe un risque de métastase à 5 ans de 1 % à la classe 1, et de 26 % à la classe 2 [ 299]. L'analyse des pertes ou gains de matériel chromosomique par technique d'hybridation génomique comparative chez 338 patients a montré un taux de survie sans métastase à 2 ans de 100 % en l'absence d'anomalie des chromosomes 3 et 8, 85 % en cas d'anomalie des chromosomes 3 ou 8, et 35 % en cas de monosomie 3 associée à un gain du chromosome 8 [ 300].
Surveillance des patients à haut risque
Après traitement de la tumeur oculaire, le suivi habituellement recommandé est une échographie hépatique semestrielle pour tous les patients, sans impact démontré sur la survie, ni le taux de chirurgie des métastases. En 2015, le consortium anglais NICE a publié des recommandations ( https://melanomafocus.org/), en faveur de la réalisation de biopsies de la tumeur oculaire précisant le pronostic génomique, et d'une surveillance personnalisée adaptée au risque après discussion en réunion multidisciplinaire [301]. Un suivi semestriel clinique et par imagerie hépatique (scanner ou IRM) prolongé au-delà de 5 ans est proposé aux patients à haut risque.
La détection de lésions millimétriques ou d'une miliaire hépatique, forme métastatique particulière dans le mélanome uvéal, est difficile malgré des techniques d'imagerie comme l'IRM de diffusion [ 302]. Dans une étude prospective de suivi intensif par IRM hépatique semestrielle pendant 3 ans chez 100 patients à haut risque, c'est-à-dire présentant une grosse tumeur ou dont l'analyse génomique révélait au moins une monosomie 3, 60 % des patients ont développé des métastases dans les 3 ans ; la survie sans métastase à 3 ans était de 24 %, et de 12 % en cas de monosomie 3, ou d'association monosomie 3 et gain du chromosome 8 respectivement [ 303]. Le diagnostic précoce de métastases hépatiques infracliniques par IRM a facilité la sélection des patients candidats à une chirurgie à visée curative, et la survie des patients dont la résection a été complète était meilleure (40 mois versus 14 mois). Ces résultats chez des patients très sélectionnés, sont superposables à ceux de l'étude de Marshall et al. [ 304].
En France, le réseau national MELACHONAT , labellisé en 2019 par l'Institut national du cancer (INCa ; cancers rares de l'adulte : organisation en centres experts) et coordonné par l'Institut Curie, a pour but de proposer au patient une prise en charge adaptée à chaque étape de son parcours de soins : diagnostic, pronostic génomique, traitement de la tumeur oculaire, suivi personnalisé, accès aux innovations thérapeutiques. Les patients à haut risque de rechute bénéficient d'un suivi intensif en oncologie médicale dans un centre expert du réseau, associé au suivi ophtalmologique habituel. Une imagerie hépatique semestrielle par IRM au mieux, sinon par scanner, est recommandée. Contrairement au mélanome cutané, la place du TEP-scanner au FDG n'est pas démontrée dans la prise en charge du mélanome uvéal, ni dans le suivi des patients à haut risque, ni dans la cartographie préopératoire des métastases hépatiques [ 305].
Biomarqueurs circulants
Les techniques récentes de biologie moléculaire rendent possible la détection d'un fragment d'ADN unique porteur d'une mutation parmi des milliers de fragments sauvages, notamment à partir de l'ADN tumoral circulant (ct DNA). Par une technique dérivée de la PCR ( polymerase chain reaction ), optimisée pour détecter les trois mutations activatrices des gènes GNAQ/11 présentes chez plus de 85 % des patients atteints de mélanome uvéal [306], du ct DNA a été détecté dans le sang de la majorité des patients atteints de MUM, et corrélé au volume tumoral métastatique mesuré par IRM [ 307]. Ce biomarqueur est en cours d'évaluation à différents stades de la maladie : au diagnostic pour la détection précoce de métastases infracliniques chez les patients à haut risque de métastase, au cours du suivi de l'efficacité d'un traitement systémique au stade métastatique, ou après chirurgie à visée R0 des métastases hépatiques.
Traitement adjuvant
En l'absence de molécule efficace en situation métastatique, peu d'essais cliniques ont été menés en situation adjuvante. Deux essais randomisés anciens, testant une immunothérapie par BCG [ 308] pour l'un, une chimiothérapie par dacarbazine [309] pour l'autre, ne montrent pas de bénéfice en survie. Des études plus récentes chez des patients à haut risque (tableau 13-4
Tableau 13-4
Essais cliniques récents en situation adjuvante.
Traitement à l'étude Description Statut/résultats Identifiant ClinicalTrials.gov
Cisplatine, sunitinib et tamoxifène Alkylant, inhibiteur du récepteur tyrosine kinase et hormonothérapie Phase II, 50 patients haut risque clinique Fin du recrutement Résultats non disponibles NCT00489944
Dacarbazine et IFNα2b Alkylant et immunomodulateurPhase II, 38 patients, M3 et/ou 8q Fin du recrutement NCT01100528
Sunitinib versus acide valproïque Inhibiteur du récepteur tyrosine kinase versus inhibiteur d'HDAC Phase II randomisée150 patients, classe 2 ou M3 + 8q En cours NCT02068586
Vorinostat Phase I, preuve de concept10 patients, classe 2 En cours NCT03022565
Crizotinib Inhibiteur c-MetPhase II, 34 patients, classe 2 Fin du recrutement NCT02223819
Fotémustine versus observation(FOTEADJ) Alkylant versus suivi intensifPhase III randomisée versus observation302 patients haut risque clinique et/ou M3 Fin du recrutement Eudra CT 2008-005691-27
Irradiation prophylactique hépatique Phase II, patients haut risque (classe 2 ou M3) Fermée pour défaut d'inclusion NCT02336763
Vaccination avec cellules dendritiques ImmunothérapiePhase III randomisée versus observation200 patients haut risque (M3) En cours NCT01983748
Vaccination avec cellules dendritiques transfectées(gp100 et/ou tyrosinase) Phase I/II30 patients HLA-A2, M3 Fermée pour défaut d'inclusion NCT00929019
) testent des inhibiteurs de tyrosine-kinase comme le sunitinib, de la voie Met comme le crizotinib, et des inhibiteurs de HDAC comme le vorinostat [ 310]. La fotémustine, alkylant à forte diffusion hépatique et demi-vie courte, a été testée dans une phase III randomisée (FOTEADJ, EudraCT 2008-005691-27) versus l'observation chez 302 patients à haut risque clinique et/ou génomique, sans démontrer d'amélioration de la survie sans rechute à 3 ans [ 311]. La caractérisation génétique systématique des tumeurs est hautement souhaitable dans la perspective des futurs essais adjuvants fondés sur la biologie du mélanome uvéal.
Traitements systémiques des formes métastatiques
Il n'y a pas de traitement standard en situation métastatique, chimiothérapie, thérapie ciblée et immunothérapie classique n'ayant pas démontré de bénéfice en survie. La participation des patients métastatiques aux essais cliniques est fortement encouragée, dès la première ligne (tableau 13-5
Tableau 13-5
Essais cliniques récents en situation métastatique.
Traitement à l'étude Description Statut/résultats Identifiant ClinicalTrials.gov
Sélumétinib-paclitaxel Inhibiteur de MEK 1/2Phase II, 123 patients En cours EudraCT 2014-004437-22
SélumétinibSchéma intermittent Inhibiteur de MEK 1/2Phase Ib, 28 patients En cours NCT02768766
Tramétinib + GSK2141795 Inhibiteur de MEK 1/2 ± inhibiteur d'AKTPhase II randomisée, 44 patients Fin du recrutement NCT01979523
Bimétinib + AEB071 Inhibiteur de MEK 1/2 + inhibiteur de PKCPhase Ib/II, 38 patients Recrutement stoppé par le promoteur NCT01801358
AEB071 Inhibiteur de PKCPhase Ib/II, 153 patients Fin du recrutement NCT01430416
AEB071 + BYL719 Inhibiteur de PKC + inhibiteur de PI3KPhase Ib, 30 patients Fin du recrutement NCT02273219
LXS196 + HDM201 Inhibiteur de PKC + inhibiteur de MDM2Phase Ib, 112 patients En cours NCT02601378
Cabozantinib Inhibiteur de MET versus dacarbazinePhase II randomisée, 47 patients Fin du recrutement NCT01835145
Glembatumumab Conjugué anticorps-médicamentPhase II, 37 patients Fin du recrutement NCT02363283
Pembrolizumab Inhibiteur de PD-1Phase II, 29 patients Fin du recrutement NCT02359851
Pembrolizumab + entinostat(PEMDAC) Inhibiteur de PD-1 et inhibiteur d'HDACPhase II, 29 patients En cours NCT02697630
IMCgp100-202 Redirecteur bispécifique anti-CD3 soluble des lymphocytes TPhase II randomisée, 327 patients HLA-A2 versus choix de l'investigateur En cours NCT03070392
Ipilimumab + nivolumab Inhibiteur d'anti-CTLA-4 + PD-1Phase II, 48 patients Fin du recrutement NCT02626962
Radio-embolisation Yttrium 90 et ipilimumab/nivolumab Traitement séquentiel : anti-CTLA-4, inhibiteur de PD-1 et radio-embolisationPhase I, 18 patients En cours NCT02913417
Immunothérapie adoptive T TILsPhase II, 59 patients En cours NCT03467516
FOCUS Perfusion hépatique percutanée isolée avec melphalan versus choix de l'investigateurPhase III randomisée, 240 patients En cours NCT02678572
). La dacarbazine, utilisée dans le traitement du mélanome cutané métastatique, est la chimiothérapie la plus prescrite dans le mélanome uvéal, avec moins de 20 % de réponses objectives. D'autres cytotoxiques, notamment témozolomide, tréosulfan, cisplatine et fotémustine, ont montré des résultats décevants.
Les patients atteints de MUM sont exclus des études d'immunothérapie ciblant le mélanome cutané. Il existe néanmoins quelques séries publiées, la majorité rétrospectives, testant les immunothérapies actives dans le mélanome cutané : l'ipilimumab, anticorps monoclonal anti-CTLA-4, donne 5 à 10 % de réponses objectives dans le MUM, et une survie de 12 mois dans plusieurs séries rétrospectives et une seule étude prospective chez 53 patients, naïfs ou prétraités [312]. Par analogie avec le mélanome cutané, et bien que l'effet biologique de l'inhibition de PD-1 dans le mélanome uvéal n'ait pas encore été décrit, des patients atteints de MUM ont reçu nivolumab ou pembrolizumab en monothérapie, avec des taux de réponses de 5 % rapportés dans des séries rétrospectives, sans bénéfice en survie sans progression, ni en survie globale [ 313 , 314]. Une étude française est en cours, colligeant une centaine de patients traités par anti PD-1 avec revue centralisée des réponses [ 315]. Il est probable que les patients répondeurs correspondent à ceux dont la tumeur présente une charge mutationnelle élevée [ 316]. Des essais associant ipilimumab et nivolumab (NCT02626962, NCT01585194) ont montré des résultats intéressants en phase II [317 , 318] ; l'association ipilimumab, nivolumab et radio-embolisation (NCT02913417) est en cours. Un essai associant pembrolizumab et lenvatinib (inhibiteur de tyrosine kinase) devrait démarrer fin 2021 en France.
Une phase II d'immunothérapie adoptive par transfert de lymphocytes T cytotoxiques chez 21 patients a montré des résultats intéressants : 7 des 21 patients évaluables ont obtenu une régression tumorale, dont 6 réponses partielles de durée limitée, au prix d'une toxicité importante [319].
Récemment, l'anticorps bispécifique IMCgp100, capable d'activer les lymphocytes T CD3 + du patient dans un contexte HLA-A2:01 contre les cellules tumorales exprimant l'antigène mélanocytaire gp100, a montré des résultats préliminaires encourageants en phase I et en phase II chez des patients lourdement prétraités [320 , 321]. La phase III randomisée [322] chez 378 patients en première ligne métastatique a démontré un gain en survie versus un traitement au choix de l'investigateur (chimio- ou immunothérapie), avec une survie à 1 an de 73 % versus 58 % ( hazard ratio [HR] : 0,51 ; intervalle de confiance [IC] 95 %, 0,37–0,71 ; P < 0,0001). Ce médicament commercialisé sous le nom de Tebentafusp® est en cours d'obtention d'une autorisation de mise sur le marché.
Les traitements ciblant BRAF ou KIT ne sont pas indiqués dans le mélanome uvéal, en l'absence des mutations correspondantes. Les mutations de GNAQ et GNA11 entraînent une activation constitutive de la voie RAS/MEK/ERK, justifiant l'étude du blocage des cibles d'aval, dont MEK et la protéine kinase C (PKC), en l'absence de cible directe identifiée. Le sélumétinib, inhibiteur de MEK 1/2, efficace in vitro sur des lignées mutées GNAQ , a montré des résultats prometteurs chez 101 patients atteints de MUM et randomisés en phase II contre chimiothérapie (dacarbazine ou temozolomide), avec une amélioration du taux de réponses (14 versus 0 %) et de la PFS (16 versus 7 semaines) [323]. La phase III SUMIT chez 129 patients en première ligne métastatique n'a pas confirmé ce résultat : la PFS était de 2,8 mois dans le bras sélumétinib et dacarbazine versus 1,8 mois dans le bras sélumétinib et placebo [324]. Une étude est en cours, testant la combinaison du sélumétinib avec le paclitaxel dans un schéma séquentiel (EudraCT 2014-004437-22). D'autres inhibiteurs de la voie MEK ont été testés : le tramétinib chez 16 patients en phase I avec une PFS de 1,8 mois [325], et le binimetinib (MEK 162) en association avec la sotrastaurine (inhibiteur de PKC) dans une phase Ib/II (NCT01801358). La sotrastaurine (AEB071) a fait l'objet d'une étude de phase I/II chez 153 patients métastatiques : avec seulement 2 réponses partielles et 50 % de patients stables [ 326], la molécule a été remplacée par un inhibiteur de deuxième génération (LXS196), actuellement testé en phase I en monothérapie et en association avec un inhibiteur de MDM2 (NCT02601378).
Des études de phase II ont testé des inhibiteurs de tyrosine kinase : imatinib du fait d'une expression de c-KIT dans des tumeurs primitives en immunohistochimie [ 327 , 328] ; sunitinib versus dacarbazine chez 74 patients non prétraités [329] ; bévacizumab en raison d'un effet antiprolifératif sur des modèles de tumeur primaire et de métastase de mélanome uvéal chez 35 patients [ 330] ; sorafénib chez 32 patients [331]. Aucune d'entre elles n'a obtenu de résultats probants en termes d'efficacité. Le cabozantinib, inhibiteur de VEGF et de MET, facteur de croissance hépatocytaire impliqué dans le phénomène métastatique, n'a pas donné de meilleurs résultats en phase II versus dacarbazine (NCT018355145).
Conclusion
Le mélanome uvéal est une tumeur rare nécessitant des stratégies thérapeutiques fondées sur une biologie radicalement différente de celle du mélanome cutané. Des programmes de recherche collaboratifs et des équipes multidisciplinaires dédiées au sein de réseaux d'experts [ 332] devraient permettre dans les années à venir d'améliorer le pronostic et la prise en charge des patients atteints de mélanome uvéal à tous les stades de leur maladie.
Tumeurs vasculaires de l'uvée
Hémangiome choroïdien circonscrit
L. Rosier
L'essentiel
  • L'hémangiome choroïdien circonscrit est une tumeur vasculaire bénigne, de couleur rouge orangé, localisée de préférence au pôle postérieur.
  • L'échographie et l'angiographie au vert d'indocyanine permettent de confirmer le diagnostic et la tomographie à cohérence optique (OCT) et l'OCT-EDI ( enhanced depth imaging ) permettent d'analyser les complications exsudatives.
  • L'OCT-angiographie doit faire partie de l'analyse multimodale.
  • Le traitement par photothérapie dynamique à la vertéporfine est le traitement de choix des hémangiomes choroïdiens symptomatiques, avec un fort taux de régression tumorale, de résorption du liquide sous-rétinien et peu de complications décrites.
  • La protonthérapie est réservée de première intention aux hémangiomes choroïdiens volumineux, aux hémangiomes avec un décollement de rétine important et en deuxième intention en cas de récidives multiples.
Introduction
L'hémangiome choroïdien circonscrit (HCC) est une tumeur vasculaire de la choroïde, de nature bénigne. Il s'agit d'une malformation vasculaire très rare dont l'incidence est inconnue, environ 15 fois moins fréquente que le mélanome choroïdien [1]. L'HCC est habituellement diagnostiqué lorsqu'il est responsable d'une baisse d'acuité visuelle.
La symptomatologie apparaît le plus souvent entre la quatrième et la sixième décennie [2].
L'acuité visuelle est affectée si l'hémangiome choroïdien est exsudatif, avec un décollement de rétine, un œdème maculaire cystoïde ou une dégénérescence rétinienne kystique, ou s'il est volumineux, localisé au niveau maculaire. Il devient alors nécessaire de le traiter ; sinon, il peut être simplement surveillé.
Diagnostic clinique
L'HCC circonscrit est souvent asymptomatique et découvert lors d'un examen du fond d'œil de routine. Les symptômes sont aspécifiques, avec une baisse d'acuité visuelle, des métamorphopsies, des phosphènes, des altérations campimétriques. Responsable d'un bombement de la rétine, il peut occasionner une hypermétropie expliquant le flou visuel.
Cliniquement, l'HCC se présente sous forme d'une voussure choroïdienne, ronde ou légèrement ovalaire, typiquement de couleur rouge orangé (fig. 13-189
Fig. 13-189
Rétinophotographie couleur. Hémangiome choroïdien circonscrit avec une voussure choroïdienne ovalaire de couleur orangée.
) ; sa couleur est d'ailleurs souvent celle de la choroïde avoisinante. Il peut être difficile de le voir sur une photographie couleur et l'élévation peut être plus visible à l'examen du fond d'œil. Il paraît translucide en rétro-illumination.
La base de l'hémangiome est parfois entourée d'un anneau choroïdien sombre et flou correspondant à une condensation de mélanocytes uvéaux comprimés par la tumeur.
D'importantes altérations de l'épithélium pigmentaire (atrophie, dépigmentation, hyperplasie, métaplasie de l'épithélium pigmentaire) sont parfois observées à la surface, en particulier après une longue période d'évolution symptomatique (fig. 13-190
Fig. 13-190
Hémangiome choroïdien circonscrit avec métaplasie de surface et épithéliopathie périlésionnelle et gravitationnelle. Rétinophotographie couleur (a) et autofluorescence (b).
) [3]. Un décollement séreux rétinien exsudatif accompagne presque toujours les lésions symptomatiques, le plus souvent périlésionnel ou localisé à son pôle inférieur. Le décollement séreux rétinien peut toutefois être bulleux (fig. 13-191
Fig. 13-191
Rétinophotographie couleur. Hémangiome choroïdien péripapillaire nasal supérieur avec décollement de rétine secondaire bulleux.
) voire total et conduire de façon exceptionnelle au glaucome néovasculaire [4]. On peut aussi observer un œdème maculaire cystoïde, une dégénérescence kystique intrarétinienne de surface, une fibrose sous-rétinienne et du pigment orange au niveau de la surface tumorale.
Il est généralement solitaire, unilatéral, localisé en rétro-équatorial, plus spécifiquement dans la partie temporale du nerf optique au pôle postérieur. Les dimensions tumorales sont en moyenne de 7 mm de plus grand diamètre et de 3 mm de plus grande hauteur tumorale [ 3 , 4].
Imagerie
Le diagnostic est issu d'une analyse multimodale de la clinique et des examens complémentaires. L'échographie oculaire, l'angiographie à la fluorescéine et surtout l'angiographie au vert d'indocyanine confortent le plus souvent l'impression clinique, et désormais l'OCT-angiographie (OCT-A) est à intégrer dans l'analyse. L'examen OCT fait état des complications associées.
Photographie grand champ
Nous soulignons l'importance de travailler avec des systèmes photographiques qui restituent la vraie couleur ; sinon, le risque d'erreur diagnostique entre l'hémangiome et le mélanome choroïdien est important, surtout lorsque nous évaluons les images du fond d'œil par voie numérique [3].
Échographie oculaire
En mode A, la réflectivité interne est très élevée, homogène, régulière sans atténuation.
En mode B, l'hémangiome choroïdien apparaît comme une masse choroïdienne biconvexe hyperéchogène dont les contours sont doux et indistincts, homogène avec une structure interne régulière, il n'y a pas d'excavation choroïdienne associée (fig. 13-192
Fig. 13-192
Échographie en mode B (20 Mhz) couplée au mode A. Masse choroïdienne biconvexe hyperéchogène dont les contours sont doux et indistincts, homogène avec une structure interne régulière. La hauteur tumorale est calculée depuis l'écho rétinien de l'apex de la lésion à l'écho postérieur correspondant à la convexité postérieure de la base tumorale.
). Il peut être associé à une fine membrane hyperéchogène le surplombant ou à sa périphérie immédiate, correspondant à un décollement exsudatif de la rétine (fig. 13-193
Fig. 13-193
Échographie en mode B couplée au mode A. Hyperéchogénicité de l'hémangiome choroïdien circonscrit et décollement exsudatif de la rétine.
).
De plus, l'échographie en mode B permet de mesurer le volume avec la plus grande hauteur et le plus grand diamètre [ 5].
Autofluorescence
L'hémangiome choroïdien est intrinsèquement iso-autofluorescent. Des zones hyper-autofluorescentes extrinsèques correspondent à du pigment orange de surface ou à du liquide sous-rétinien récent, alors que des plages hypo-autofluorescentes correspondent à des zones d'hyperplasie de l'épithélium pigmentaire, de métaplasie fibreuse ou d'atrophie (fig. 13-194
Fig. 13-194
Autofluorescence. Hypo-autofluorescence globale. L'hyper-autofluorescence correspond à du pigment orange de surface et du liquide sous-rétinien récent.
) [6].
Le liquide sous-rétinien en coulée inférieure peut donner des images d'épithéliopathie gravitationnelle bien visible en autofluorescence (voir fig. 13-190
Fig. 13-190
Hémangiome choroïdien circonscrit avec métaplasie de surface et épithéliopathie périlésionnelle et gravitationnelle. Rétinophotographie couleur (a) et autofluorescence (b).
).
Angiographie fluorescéinique
L'angiographie à la fluorescéine met en évidence une lésion hyperfluorescente dont le lacis vasculaire interne est visible dès les temps précoces, quelquefois avant la phase artérielle de l'examen. Ensuite, la fluorescence augmente, avec des phénomènes de diffusion et de remplissage au sein de la tumeur et de la rétine avoisinante (fig. 13-195a, b
Fig. 13-195
Angiographie à la fluorescéine (a, b) et au vert d'indocyanine (c). Hyperfluorescence précoce de la lésion angiomateuse, de larges vaisseaux intratumoraux avec quelques boucles vasculaires (flèches rouges) sont observées et aspect de wash-out tardif typique au vert d'indocyanine. Une couronne hypercyanescente autour de la tumeur (flèche bleue) est habituelle aux temps tardifs.
). L'anneau sombre péritumoral apparaît hypofluorescent.
Angiographie au vert d'indocyanine
L'angiographie au vert d'indocyanine met en évidence une hypercyanescence rapide et précoce avec une bonne visibilité des vaisseaux nourriciers de la tumeur. L'hypercyanescence augmente avec un maximum atteint entre 3 et 5 minutes après l'injection de colorant, et une hypocyanescence apparaît aux temps tardifs 20 à 30 minutes après l'injection intraveineuse du colorant, correspondant à l'évacuation du produite de contraste, phénomène de vidange ( wash-out ) (fig. 13-195c
Fig. 13-195
Angiographie à la fluorescéine (a, b) et au vert d'indocyanine (c). Hyperfluorescence précoce de la lésion angiomateuse, de larges vaisseaux intratumoraux avec quelques boucles vasculaires (flèches rouges) sont observées et aspect de wash-out tardif typique au vert d'indocyanine. Une couronne hypercyanescente autour de la tumeur (flèche bleue) est habituelle aux temps tardifs.
) [7]. De plus, une couronne autour de la tumeur avec une hypercyanescence en cocarde est habituelle aux temps tardifs.
L'angiographie au vert d'indocyanine en haute résolution ( using a high-resolution digital photography system ) est encore probablement la meilleure technique pour diagnostiquer l'hémangiome, puisqu'elle procure une bonne visualisation de la vascularisation choroïdienne anarchique. La vascularisation choroïdienne intrinsèque diffère entre l'hémangiome, le mélanome achromique et la métastase choroïdienne, ce qui explique les différences sémiologiques. Leur analyse est précieuse au diagnostic différentiel avec ces deux tumeurs malignes qui mettent le pronostic vital en jeu.
Tomographie à cohérence optique
SD-OCT-EDI
Le SD-OCT-EDI focalisé sur la choroïde permet de bien apprécier l'épaisseur des hémangiomes lorsqu'ils sont inférieurs à 1 mm [8]. Leur bord postérieur est alors détectable. La lésion intrachoroïdienne est d'ailleurs souvent visible dans son ensemble en raison de sa faible épaisseur et de sa faible à moyenne réflectivité sans ombre (fig. 13-196
Fig. 13-196
a, b. OCT-EDI. Hémangiome choroïdien exsudatif en sus-tumoral et périlésionnel. La lésion choroïdienne est visible dans son ensemble en raison de sa faible réflectivité et de son épaisseur modérée. On remarque un décollement séreux (flèche verte), des altérations de l'épithélium pigmentaire (flèche jaune) et des photorécepteurs (flèche bleu foncé). La choriocapillaire (flèche orange) est plus ou moins comprimée. Les vaisseaux superficiels de l'hémangiome (flèche violette) paraissent spongieux. Il existe une atténuation postérieure (flèche bleu clair).
). Il est important de préciser que l'OCT-EDI retrouve une épaisseur environ 50 % plus faible que l'échographie en mode B. Le tissu choroïdien tumoral se distingue de la choroïde normale du pourtour. La choriocapillaire est plus ou moins comprimée et altérée. On devine parfois une dilatation des vaisseaux choroïdiens tumoraux qui peuvent apparaître plus visibles après traitement. Ces vaisseaux tumoraux apparaissent s'étendre de la choriocapillaire à travers la couche de Sattler et Haller.
L'OCT-EDI permet de comparer le volume tumoral avant et après traitement (fig. 13-197
Fig. 13-197
OCT-EDI. Hémangiome choroïdien maculaire avant et après PDT. a. Deux mois post-PDT. b. Un an post-PDT. Diminution de volume, persistance de liquide sous-rétinien maculaire à 2 mois, vaisseaux intrinsèques dilatés plus visibles à un an.
).
SD-OCT
L'OCT permet surtout l'analyse de l'état de l'épithélium pigmentaire sus-jacent à l'hémangiome choroïdien et la mise en évidence d'une exsudation sous-rétinienne ou intrarétinienne associée (fig. 13-198,
Fig. 13-198
OCT-SD. Hémangiome exsudatif avec un décollement séreux (flèche verte), des altérations de l'épithélium pigmentaire (flèche orange) et des photorécepteurs (flèche bleue).
fig. 13-199
Fig. 13-199
OCT-SD. Hémangiome exsudatif avec un décollement séreux glissant vers la macula.
).
La présence de liquide sous-rétinien est à rechercher à la surface de l'hémangiome, mais aussi à son pourtour, ou selon une distribution gravitationnelle. On peut aussi observer un œdème rétinien d'aspect cystoïde ou, plus souvent, une dégénérescence kystique intrarétinienne de surface (fig. 13-200
Fig. 13-200
OCT-SD. Hémangiome choroïdien. Dégénérescence kystique de la surface tumorale.
).
L'OCT permet de surveiller la régression de l'œdème maculaire cystoïde et du décollement séreux sous-rétinien maculaire après traitement. Il permet de dépister du liquide récurrent non encore cliniquement visible et de traiter éventuellement avant la détérioration visuelle.
Il permet également de distinguer les formes aiguës des formes chroniques avec de l'atrophie ou non.
L'analyse de la rétine externe avec la ligne des photorécepteurs, la jonction segment externe-interne et l'intégrité de l'épithélium pigmentaire permettent d'évaluer le potentiel de récupération fonctionnelle après traitement [9].
OCT-angiographie (OCT-A)
L'OCT-A met en évidence une structure vasculaire anormale, avec de larges vaisseaux interconnectés, dilatés au sein de l'hémangiome, correspondant aux gros capillaires anarchiques et espacés intralésionnels (fig. 13-201
Fig. 13-201
a, b. SS-OCT-A. Hémangiome choroïdien avant traitement. Vaisseaux interconnectés qui apparaissent plus larges que les vaisseaux choroïdiens normaux, avec des boucles vasculaires et des zones sombres dans les espaces.
).
Les espaces intercapillaires (sans flux) apparaissent comme des zones sombres (hyposignal – dark areas ). L'hémangiome choroïdien est entouré par une arcade périphérique (hypersignal – rim ) avec des vaisseaux centripètes quelquefois en rayons de roue (fig. 13-202,
Fig. 13-202
SS-OCT-A. HCC avant traitement.De la choriocapillaire aux couches profondes, les vaisseaux intratumoraux sont dilatés, avec des boucles (flèches vertes) qui se raréfient ; les zones sombres (flèches rouges) augmentent ; l'arcade périphérique avec un anneau d'hypersignal (flèches bleues) est stable ; le diamètre de la tumeur augmente vers sa base.
fig. 13-203
Fig. 13-203
SS-OCTA. Hémangiome choroïdien 2 mois après PDT. Au niveau de la choriocapillaire, les vaisseaux avec boucles sont rares ; au niveau de la couche de Sattler et Haller, on retrouve les vaisseaux tumoraux dilatés avec des boucles. Les zones sombres diminuent vers la couche profonde de Haller et l'arcade périphérique est retrouvée dans les trois niveaux.
) [ 10 , 11].
Traitement
L'hémangiome choroïdien est une tumeur bénigne, traitée uniquement si elle est symptomatique en raison d'une exsudation ou d'une déformation maculaire. La préservation des structures fonctionnelles visuelles est alors primordiale.
Le traitement reste indiqué lorsque la fonction visuelle est effondrée, avec une lésion exsudative ancienne en prévention d'un décollement de rétine exsudatif massif et d'un glaucome néovasculaire.
Actuellement, les deux alternatives thérapeutiques intéressantes sont la photothérapie dynamique à la vertéporfine et la radiothérapie avec la protonthérapie.
Photothérapie dynamique (PDT)
Depuis la publication des deux premiers cas d'hémangiomes choroïdiens traités par photothérapie dynamique (PDT) à la vertéporfine [ 11], la PDT a montré son efficacité dans la littérature [12-13-14-15-16], et ce quel que soit le protocole.
La PDT a fait consensus malgré l'absence d'agrément dans cette indication (absence d'autorisation de mise sur le marché [AMM]). Elle présente l'intérêt de cibler parfaitement la lésion tumorale en épargnant relativement la choriocapillaire saine, la rétine et les vaisseaux rétiniens de surface, ce qui en fait le traitement de choix pour les hémangiomes choroïdiens maculaires [ 14].
Elle a l'avantage d'être peu invasive et facile à organiser.
Inspiré du protocole standard de la TAP study pour la dégénérescence maculaire, le traitement se déroule en deux étapes. Le patient reçoit d'abord la vertéporfine en perfusion intraveineuse lente (6 mg/m 2) pendant une durée de 10 minutes, puis après un intervalle de 5 minutes, l'exposition au laser diode (692 nm) s'organise à la dose de 50 J/cm 2 avec une intensité de 600 mW/cm 2 et une durée d'application du spot de 83 secondes.
Le photosensibilisant non toxique est activé par un rayonnement lumineux de 692 nm et va induire des réactions photochimiques médiées par l'oxygène tissulaire, responsable de dommages cellulaires endothéliaux, générant ainsi une occlusion vasculaire sélective des vaisseaux anormaux.
Le but principal de la PDT est l'assèchement du liquide sous-rétinien et intrarétinien et non pas la fonte tumorale. Dans certaines études, des patients ont bénéficié de plusieurs cures jusqu'à la complète résolution tumorale, avec la survenue d'une atrophie choroïdienne et d'une dégénérescence neurosensorielle rétinienne pour un grand nombre.
La PDT permet dans plus de 80 % des cas l'obtention d'une stabilisation ou d'une augmentation de l'acuité visuelle et, dans la majorité des cas, la résorption complète du liquide sous-rétinien et l'affaissement tumoral. Dans la série de Blasi et al. incluant 25 patients, on obtient ainsi une résorption rapide du liquide sous-rétinien et une diminution du volume tumoral. La meilleure acuité visuelle corrigée augmente de 2 lignes chez 76 % des patients et plus de 3 lignes chez 40 % des patients à 5 ans avec le plus souvent un seul traitement. L'amélioration visuelle est obtenue pour l'essentiel dans les trois premiers mois pour se maintenir par la suite. Aucune complication n'a été relatée [14].
L'ancienneté des symptômes et la profondeur de la baisse d'acuité visuelle initiale ont été identifiées comme facteurs prédictifs de l'absence de bénéfice fonctionnel du traitement de l'HCC par PDT [14 , 15]. Aussi le nombre de cessions de PDT est corrélé avec un mauvais résultat visuel [ 15].
La PDT d'un HCC non maculaire peut être efficace sur l'œdème maculaire cystoïde associée à une amélioration visuelle surprenante [ 17].
Dans une revue de la littérature récente, 90 % des patients ont une réduction du volume tumoral et une amélioration ou une stabilisation de l'acuité visuelle, mais presque un quart des patients ont plusieurs sessions de traitement [18]. La récidive sur le long terme n'est pas fréquente [14].
Peu de complications sont rapportées : prolifération de l'épithélium pigmentaire, atrophie de la choroïde, épanchement choroïdien transitoire, fibrose sous-rétinienne modérée.
Les complications avec ischémie choroïdienne et atrophie ont été rapportées après 3 ou plus de 3 cessions de PDT [ 2]. Dans tous les cas, il est préférable d'attendre 4 à 6 mois après la PDT pour obtenir la résolution du liquide sous-rétinien avant de renouveler un nouveau traitement.
De nombreux protocoles sont utilisés selon les investigateurs, avec des variables qui touchent la dose de vertéporfine, le temps de passage de la vertéporfine (bolus versus 10 minutes), la puissance du laser 50 ou 100 J/cm 2 , le nombre de spots de laser (1 ou plus), le nombre de cessions de traitement (1 à 5).
Selon certains auteurs, la double dose de vertéporfine permet d'obtenir une meilleure régression tumorale sans effet secondaire excepté pour les lésions en situation maculaire [19]. Quel que soit le temps de passage de la vertéporfine (bolus versus 10 minutes), on obtient une régression de l'hémangiome symptomatique, mais avec le bolus, des altérations de l'épithélium pigmentaire et de la rétine associées à une sensibilité rétinienne moindre sont décrites [20], mais l'énergie délivrée par le laser diode est de 100 J/cm 2 dans le groupe bolus contre 50 J/cm 2 dans le groupe PDT standard.
On peut travailler aussi en semi-fluence pour le spot maculaire mais dans la série de Blasi et al. [14], les meilleurs résultats sont obtenus avec le laser diode à la puissance de 100 J/cm 2 sans récidive ni complications à 5 ans.
Au total, la PDT a montré son efficacité dans la littérature, mais les résultats sont difficiles à comparer compte tenu des nombreux protocoles utilisés. Reste entier le problème des récidives qui peuvent à terme péjorer le résultat fonctionnel.
En raison du flux vasculaire rapide et du passage éphémère de la vertéporfine dans les gros vaisseaux de la lésion, il paraît intéressant de diminuer le temps entre le début de la perfusion et le traitement PDT ; en effet, il est probable que la vidange de la vertéporfine soit en partie réalisée après 10 minutes.
Selon notre expérience (étude non publiée), on peut diminuer de façon modérée le temps de perfusion (8 minutes au lieu de 10 minutes) et réaliser la PDT immédiatement après la fin de la perfusion. La PDT se fait en pleine fluence ; la durée d'exposition est de 83 secondes ; le nombre de spot dépend de la surface de la lésion, mais on n'hésite pas à juxtaposer et même chevaucher les spots pour couvrir entièrement la surface tumorale. Le but est de gagner en efficacité d'assèchement afin de renouveler le moins possible le traitement (voir cas cliniques 13-1 à 13-3). Depuis la mise en place de ce protocole, l'absence d'efficacité ou la récidive sont devenues exceptionnelles.
Protocole de photothérapie dynamique à la vertéporfine – protocole standard de la modifié
Vertéporfine :
  • dose : en perfusion intraveineuse lente (6 mg/m 2)
  • durée d'injection : 8 minutes
Laser diode :
  • délai : laser immédiat
  • énergie de 50 J/cm 2
  • intensité lumineuse de 600 mW/cm 2
  • durée d'application du spot de 83 secondes
  • un seul impact le plus souvent suffisant sans marge de sécurité ou impacts chevauchants couvrant la surface tumorale si nécessaire
  • respect du nerf optique
Récidive exsudative : PDT même protocole (avec respect d'un délai de 4 à 6 mois) et 2 cures au maximum
Suivi à 1 mois, à 3 mois, à 6 mois et tous les ans
Protonthérapie
C'est le traitement de choix en première intention des hémangiomes volumineux (> 3,5 mm d'épaisseur) ou très exsudatifs et en deuxième intention en cas de récidive après deux PDT. La protonthérapie délivre une dose précise de radiothérapie 20 cobalt gray équivalent au niveau d'un tissu cible. Cette dose de 20 grays représente une dose beaucoup plus faible que celle utilisée pour les mélanomes (60 grays). La dose délivrée est homogène et strictement limitée au volume tumoral, ce qui en fait une thérapeutique intéressante, puisque les hémangiomes sont pour la plupart proches de la papille et/ou de la macula.
Comme pour le mélanome choroïdien, une intervention chirurgicale est nécessaire pour placer des clips de tantale à la sclère afin de localiser la tumeur dans l'espace pendant la protonthérapie. Les distances entre les clips, la tumeur et les structures nobles de l'œil sont mesurées.
La deuxième étape consiste à recevoir la radiothérapie dans un cyclotron biomédical. La marge de sécurité autour de la lésion de 2 mm prévue pour le mélanome choroïdien n'est pas nécessaire.
La régression tumorale sans récidive après protonthérapie est la règle [21], associée à une disparition de l'exsudation sous- et intrarétinienne dès le quatrième mois post-thérapeutique.
La récupération fonctionnelle est rapidement obtenue, dépendante de l'acuité visuelle initiale et du délai entre les premiers symptômes et le traitement. Dans une série rétrospective de 71 patients, l'amélioration de l'acuité visuelle, la résolution du liquide sous-rétinien et la régression tumorale étaient observées respectivement dans 52 %, 100 % et 91,5 % des patients. De plus, 75 % des patients traités avant le délai de 6 mois ont une acuité visuelle améliorée de 2 lignes ou plus avec un suivi de 52 mois. L'ancienneté des symptômes et la profondeur de la baisse d'acuité visuelle initiale ont été identifiées comme facteurs prédictifs de l'absence de bénéfice fonctionnel [ 22].
Les effets secondaires sont essentiellement les complications radiques [23], qui sont cependant moindres comparativement au traitement du mélanome choroïdien du fait des doses inférieures de radiations ionisantes utilisées.
Une maculopathie radique peut survenir tardivement et compromettre le résultat fonctionnel. Elle a été observée dans 8 % des cas avec un recul de 52 mois. Elle représente la principale complication avec la cataracte pour l'équipe de Levy-Gabriel et al. [20] (fig. 13-204
Fig. 13-204
Hémangiome choroïdien circonscrit avant et après protonthérapie. Patiente de 32 ans traitée en 2014 (20 Gy en 8 fractions). a. Prétraitement en 2015. b. Photographie en 2016. c. OCT maculaire en 2019.
Source : D. Malaise (Institut Curie).
).
Pour diminuer le risque de maculopathie radique, la dose de 20 Gy avec la protonthérapie peut être délivrée en 8 fractions au lieu de 4 (protocole en cours) avec d'excellents résultats anatomiques et fonctionnels, mais un suivi plus long sera nécessaire pour déterminer les séquelles à long terme [24].
Les inconvénients de la protonthérapie sont essentiellement la nécessité de faire une chirurgie, la nécessité de se rendre à un cyclotron biomédical et le coût financier.
La fig. 13-205
Fig. 13-205
Conduite à tenir devant un hémangiome choroïdien circonscrit. DR : décollement de rétine.
résume la conduite à tenir devant un HCC.
Conclusion
L'hémangiome choroïdien circonscrit est une tumeur vasculaire bénigne rare, le plus souvent asymptomatique. Le diagnostic est essentiellement clinique, confirmé par l'échographie et l'angiographie à la fluorescéine et à l'ICG. Le caractère exsudatif de certaines lésions rend le traitement obligatoire. Les deux alternatives thérapeutiques à considérer sont la photothérapie dynamique (PDT) et la protonthérapie.
La PDT est le traitement de choix des hémangiomes symptomatiques, avec un fort taux de régression tumorale, de résorption du liquide sous-rétinien et peu de complications décrites.
La radiothérapie est réservée de première intention aux hémangiomes volumineux et/ou avec un décollement de rétine important qui les rend inaccessibles à la PDT et en deuxième intention en cas de récidives multiples.
Cas clinique 13-1
  • Patiente de 37 ans, enceinte de 7 mois.
  • BAV depuis quelques semaines.
  • AV 6,3 – P4.
  • Lésion parapapillaire supérieure exsudative.
  • Diagnostic clinique, angiographique et échographique (H : 3,10 mm).
  • Hémangiome choroïdien avec décollement séreux rétinien maculaire.
  • Pas de traitement en raison de la grossesse.
  • Phénomène récurrent à chaque grossesse ; assèchement spontané après trois accouchements.
  • La dernière s'étant soldée par une fausse couche à 7 mois, l'exsudation a persisté.
  • PDT œil gauche passage 8 minutes – 2 impacts de 7,4 mm chevauchant à 1 mm du nerf optique – pleine fluence – une seule séance.
  • Assèchement objectivé à 3 semaines (fig. 13-206,
    Fig. 13-206
    a, b. Hémangiome choroïdien péripapillaire supérieur, de couleur rouge orangé. Épithéliopathie gravitationnelle bien visible en autofluorescence (b).
    fig. 13-207,
    Fig. 13-207
    Échographie en mode B couplée au mode A. Hyperéchogénicité biconvexe ; absence d'atténuation en mode A.
    fig. 13-208,
    Fig. 13-208
    OCT EDI, masse choroïdienne exsudative.
    fig. 13-209,
    Fig. 13-209
    SD-OCT, liquide sous-rétinien maculaire.
    fig. 13-210,
    Fig. 13-210
    OCT-A, vascularisation intrinsèque avec des vaisseaux dilatés interconnectés, avec des boucles.
    fig. 13-211,
    Fig. 13-211
    a, b. Photographies grand champ à 3 semaines de la PDT : assèchement de la lésion.
    fig. 13-212,
    Fig. 13-212
    a, b. Aspect échographique à 3 semaines de la PDT : affaissement de la lésion.
    fig. 13-213
    Fig. 13-213
    Aspect OCT EDI et OCT (a, b) à 3 semaines post-PDT. Diminution de volume da la lésion et assèchement de l'exsudation en particulier au niveau maculaire.
    ).
  • AV 8 – P3 à 1 mois.
Cas clinique 13-2
  • Patient de 66 ans.
  • BAV depuis 1 mois.
  • AV 6 – P3.
  • Lésion temporale inférieure de la macula.
  • Diagnostic clinique, angiographique et échographique (H : 2 mm).
  • Hémangiome choroïdien avec décollement de rétine et œdème maculaire secondaire.
  • PDT, passage 8 minutes, 1 spot de 7 mm pleine fluence.
  • Efficacité objectivée à 1 mois : AV 7 – P2 – lésion effondrée non exsudative – absence de complication (fig. 13-214,
    Fig. 13-214
    a, b. Lésion achromique située en temporal inférieur de la macula au pôle postérieur.
    fig. 13-215,
    Fig. 13-215
    a, b. Échographie en mode B couplé au mode A. Hyperéchogénicité homogène.
    fig. 13-216,
    Fig. 13-216
    a, b. Angiographie à la fluorescéine et au vert d'indocyanine. Vaisseaux tumoraux bien visibles dès les temps précoces.
    fig. 13-217,
    Fig. 13-217
    a, b. OCT-EDI : masse choroïdienne exsudative.
    fig. 13-218,
    Fig. 13-218
    OCT : œdème maculaire sectoriel et décollement séreux rétinien.
    fig. 13-219,
    Fig. 13-219
    a, b. 1 mois après la PDT : aspect sec au fond d'œil.
    fig. 13-220,
    Fig. 13-220
    a, b. Un mois après la PDT : lésion à peine détectable à l'échographie B.
    fig. 13-221,
    Fig. 13-221
    Un mois post-PDT : aspect effondré à l'OCT-EDI. Altérations de l'épithélium pigmentaire.
    fig. 13-222
    Fig. 13-222
    Disparition de l'œdème maculaire à l'OCT.Couche des photorécepteurs relativement respectée.
    ).
Cas clinique 13-3
  • Patient de 55 ans.
  • BAV depuis quelques années.
  • AV 8 – P2.
  • Diagnostic clinique, angiographique et échographique (H : 2,4 mm).
  • Hémangiome choroïdien maculaire avec décollement séreux rétinien maculaire.
  • PDT œil droit – passage 8 minutes – 1 impact – pleine fluence – une seule séance.
  • Revu 2 ans : AV 9 – P2.
  • Lésion sèche non exsudative.
  • Absence de complication (fig. 13-223,
    Fig. 13-223
    Hémangiome choroïdien circonscrit situé au pôle postérieur englobant la macula.
    fig. 13-224,
    Fig. 13-224
    a, b. Échographie B couplée au mode A : hyperéchogénicité homogène.
    fig. 13-225,
    Fig. 13-225
    OCT-EDI : masse choroïdienne visible dans son ensemble.
    fig. 13-226,
    Fig. 13-226
    SD-OCT : décollement séreux au sommet tumoral avec altération de l'épithélium pigmentaire, dépôts de lipofuscine et photorécepteurs hirsutes.
    fig. 13-227,
    Fig. 13-227
    a, b. OCT-EDI. Lésion sèche à 2 ans de la PDT ; vaisseaux dilatés au sein de l'hémangiome résiduel.
    fig. 13-228
    Fig. 13-228
    Échographie en mode B à 2 ans de la PDT : lésion non détectable.
    ).
Hémangiome choroïdien diffus
D. Malaise
Introduction
Un hémangiome choroïdien est une tumeur vasculaire bénigne de la choroïde dont il existe une forme circonscrite, décrite précédemment, et une forme diffuse, détaillée ici. L'hémangiome choroïdien diffus (HCD) se distingue de la forme circonscrite par une plus grande taille, des bords souvent mal délimités, un diagnostic posé chez l'enfant et une association très fréquente avec le syndrome de Sturge-Weber dont il est une des manifestations ophtalmologiques. Son diagnostic précoce est important afin de prendre en charge rapidement les complications exsudatives de l'HCD et l'hypertonie oculaire en cas de syndrome de Sturge-Weber.
Syndrome de Sturge-Weber
Il s'agit d'une anomalie congénitale non héréditaire rare (incidence estimée entre 1/20 000 et 50 000 naissances), associant de façon variable et non systématique des malformations vasculaires angiomateuses méningées, cutanées et oculaires. Certains auteurs nomment ce syndrome « angiomatose encéphalotrigéminée » [25]. Une anomalie du développement embryonnaire des cellules précurseurs de la crête neurale en serait responsable. Une mutation du gène GNAQ est fréquemment retrouvée. Il est intéressant de noter qu'une mutation du gène GNAQ peut également être retrouvée dans des phacomatoses pigmento-vasculaires, taches lie de vin, hémangiomes choroïdiens circonscrits, mélanocytoses oculaires, et qu'elle fait partie des lésions précurseurs au développement d'un mélanome uvéal [26-27-28-29].
Au niveau cutané, on retrouve un hémangiome plan localisé dans le territoire du nerf trijumeau, également appelé nævus flammeus ou tache lie de vin (fig. 13-229
Fig. 13-229
Hémangiome cutané plan chez un patient atteint d'un syndrome de Sturge-Weber.
). Lorsqu'il est associé à un syndrome de Sturge-Weber, l'hémangiome cutané est bilatéral dans 20 à 30 % des cas [27]. Cependant, seule une minorité (10 %) des hémangiomes cutanés faciaux sont associés à un syndrome de Sturge-Weber. L'atteinte méningée est caractérisée par un hémangiome leptoméningé ipsilatéral à l'atteinte cutanée. Les anomalies de retour vasculaire veineux provoquent des lésions corticales ischémiques ainsi qu'une atrophie et des calcifications corticales, responsables dans certains cas de convulsions chez l'enfant et d'importants retards de développement moteur ou cognitif. L'atteinte cérébrale peut également affecter le champ visuel. Au niveau ophtalmologique, on observe principalement un glaucome congénital ou juvénile, un HCD, des anomalies des vaisseaux conjonctivaux ou épiscléraux, une hétérochromie ainsi qu'une dilatation des vaisseaux rétiniens [30].
Le glaucome est l'atteinte ophtalmologique la plus fréquente en cas de syndrome de Sturge-Weber : il est présent dans 50 à 70 % des cas, ipsilatéral à l'atteinte cutanée. Plusieurs causes sont décrites [ 31]. Une malformation congénitale de l'angle iridocornéen provoque une augmentation de résistance à l'évacuation de l'humeur aqueuse et est responsable des formes congénitales de glaucome, associant ou non une mégalocornée ou une buphtalmie. La survenue parfois plus tardive (enfant et jeune adulte) d'un glaucome est probablement liée à l'augmentation progressive de la pression veineuse épisclérale au sein d'hémangiomes épiscléraux. Le traitement est médical ou chirurgical mais reste difficile et associé à un plus faible pronostic visuel que les autres causes de glaucome secondaire.
Manifestations cliniques
Un HCD est présent dans 30 à 50 % des syndromes de Sturge-Weber [27 , 32-33-34-35]. Il peut être asymptomatique ou provoquer une baisse de vision (hypermétropisation, amblyopie, déformation fovéolaire, glaucome ou complications exsudatives), un strabisme par perte de fixation ou un reflet pupillaire rouge. Outre le glaucome décrit ci-dessus, des télangiectasies conjonctivales (fig. 13-230
Fig. 13-230
Télangiectasies conjonctivales chez un patient atteinte d'un syndrome de Sturge-Weber.
) ou épisclérales peuvent être associées. Au fond d'œil, on observe une large masse choroïdienne diffuse rouge-orangé qui peut parfois entreprendre l'ensemble de la choroïde, ipsilatérale à la lésion cutanée (fig. 13-231
Fig. 13-231
a. Masse choroïdienne rougeâtre diffuse avec une zone supéro-temporale plus en relief, correspondant à un hémangiome choroïdien diffus. b. En angiographie à la fluorescéine, hyperfluorescence précoce et en mottes de la lésion. c. En angiographie au vert d'indocyanine aux temps précoces, la vascularisation tumorale est visible dans la zone la plus en relief. d. En angiographie au vert d'indocyanine aux temps tardifs, on observe un wash-out du colorant dans l'ensemble de la lésion. e. En échographie en mode B, la lésion choroïdienne est diffuse, régulière et hyperéchogène. f. OCT de la lésion. À ce stade prétraitement, l'acuité visuelle est de 3/10 e.
). L'aspect rouge du fond d'œil est mieux visible en comparaison avec l'œil controlatéral. Les vaisseaux rétiniens sont parfois tortueux et dilatés. L'hémangiome peut se compliquer d'une atrophie rétinienne, d'une métaplasie de l'épithélium pigmentaire, de remaniements fibreux, d'un décollement séreux rétinien localisé, d'une dégénérescence rétinienne kystique en regard ou, dans les cas les plus avancés, d'un décollement rétinien exsudatif total (fig. 13-232
Fig. 13-232
a. Décollement de rétine total et hémangiome choroïdien diffus de l'œil gauche chez une jeune patiente de 4 ans. b. Échographie en mode B de l'hémangiome, démontrant une lésion choroïdienne diffuse hyperéchogène. c. Chez la même patiente, IRM en séquence T1 démontrant à gauche une lésion choroïdienne hyperintense correspondant à l'hémangiome choroïdien diffus, associé à un décollement de rétine total. d. Chez la même patiente, angiome pial dans le territoire temporo-pariéto-occipital, ipsilatéral à la lésion oculaire.
) et d'un glaucome néovasculaire. Bien que l'HCD soit congénital, les complications exsudatives peuvent ne survenir qu'à l'adolescence.
En angiographie à la fluorescéine , on observe principalement une hyperfluorescence de la lésion avec diffusion du colorant aux temps tardifs. En angiographie au vert d'indocyanine , la vascularisation tumorale est visible dès les temps précoces, avec wash-out aux temps tardifs, non systématique cependant. En échographie en mode B, on retrouve un épaississement choroïdien diffus hyperéchogène dans la zone de l'hémangiome, parfois associé à un décollement de rétine.
À l'OCT, moins utile pour le diagnostic, l'HCD correspond à une zone d'épaississement diffus de la choroïde, où les vaisseaux choroïdiens apparaissent dilatés et irréguliers. On retrouve fréquemment une dégénérescence rétinienne cystoïde ou un schisis intrarétinien en regard de la lésion.
En IRM, l'HCD est hyperintense par rapport au vitré sur les séquences T1, se rehausse après injection d'agent de contraste (à la différence du décollement de rétine adjacent) et est iso-intense sur les séquences T2 [ 35].
En histologie, l'HCD présente les mêmes caractéristiques qu'un hémangiome choroïdien circonscrit, à la différence de sa taille plus importante et de ses limites plus floues. Dans la choroïde, on observe un engorgement vasculaire ainsi qu'une prolifération de vaisseaux de différents calibres.
Prise en charge
L'objectif du traitement de l'HCD est de provoquer une régression de l'hémangiome et de l'exsudation dont il est responsable, afin de préserver au mieux l'acuité visuelle et de limiter les complications sévères comme un décollement de rétine total ou un glaucome néovasculaire, pouvant justifier une énucléation du globe atteint. Cependant, le traitement de tous les HCD n'est pas systématique. Un HCD non exsudatif peut parfois être observé, avec si nécessaire correction optique de l'hypermétropie ou de l'amblyopie possiblement induite [27 , 28 , 35].
Le traitement conventionnel est une irradiation de la lésion par radiothérapie externe ou, pour certaines équipes, par curiethérapie. Un traitement par radiothérapie externe de la choroïde à faible dose (20 grays en 10 fractions avec épargne cristallinienne) s'est révélé efficace pour réduire l'épaisseur de l'hémangiome et provoquer un recollement de la rétine dans 96 % et 92 % des cas, respectivement (26 yeux, suivi moyen de 47 mois) [36] (fig. 13-233
Fig. 13-233
Il s'agit du même patient que celui de la fig. 13-231 . a. Trois ans après irradiation externe à faible dose, la lésion choroïdienne est encore un peu en relief en temporal de la macula. b. Treize après irradiation, la lésion est d'aspect presque plan au fond d'œil, sans exsudation, ni signe de maculopathie ou papillopathie radique. L'acuité visuelle est de 9/10 e. c. OCT maculaire 13 ans après irradiation. d. Échographie en mode B de la lésion 13 ans après irradiation.
). D'autres traitements sont également décrits, selon les équipes et les caractéristiques de l'HCD : photothérapie dynamique [37 , 38], protonthérapie, injections intravitréennes d'anti-VEGF [39] ou, plus rarement, traitement systémique par propranolol, qui reste cependant controversé [ 40 , 41]. La récupération visuelle reste incertaine et liée à la fois aux troubles visuels induits par l'HCD (localisation maculaire, durée de l'exsudation avant traitement) et aux autres manifestations ophtalmologiques du syndrome de Sturge-Weber (glaucome, atteinte du champ visuel d'origine cérébrale) [42].
Métastases uvéales
J.-P. Caujolle, C. Maschi, S. Nahon-Estève
Introduction
En dépit de l'augmentation de l'incidence et de la prévalence des cancers depuis les deux dernières décennies, les métastases uvéales restent des tumeurs rares dans la pratique clinique de l'ophtalmologiste. Il est probable qu'elles ne soient jamais détectées cliniquement, pour la plupart d'entre elles, en raison d'infiltrats tumoraux trop petits et asymptomatiques et/ou d'un développement dans les phases ultimes de la maladie tumorale. Cela se traduit, dans les faits, par un nombre relativement limité de publications sur le sujet, en comparaison avec le nombre de publications concernant le mélanome uvéal ou le rétinoblastome. On pourrait s'attendre, pourtant, à une augmentation substantielle du nombre de cas, eu égard aux progrès thérapeutiques récents qui prolongent la survie de ces patients, marqués par l'arrivée des thérapies ciblées et dernièrement des immunothérapies.
Pour autant, la connaissance de ces métastases de l'uvée a considérablement progressé, tant en termes de diagnostic avec l'avènement des nouvelles techniques de biologie moléculaire et de l'imagerie multimodale, qu'en termes de traitement, complexifié par l'apparition de ces thérapies innovantes. Toutefois, nous verrons que les principes de la prise en charge de telles tumeurs, en ophtalmologie, restent globalement inchangés. Ces patients nécessitent dans tous les cas une approche multidisciplinaire et centrée sur la conservation de leur vision et, de ce fait, sur leur qualité de vie.
Épidémiologie
Prévalence et incidence des métastases uvéales
Les cancers sont aujourd'hui une des premières causes de décès dans les pays développés et la première cause de mortalité en France depuis 2004 [ 1]. Parmi l'ensemble des tumeurs intraoculaires, les métastases uvéales sont décrites comme étant les plus fréquentes [ 2].
Une grande partie des données concernant la prévalence des métastases oculaires est fondée sur des données d'autopsie où le taux de détection microscopique est rapporté dans 12,6 % des cas [ 3 , 4]. Ces études anciennes ne prennent pas en compte la survie croissante des patients atteints de métastases, et l'incidence des métastases uvéales est probablement encore plus élevée que celle rapportée en raison d'un sous-diagnostic chez les patients présentant un état de santé général médiocre. Ainsi, la plupart des patients atteints de métastases uvéales ne sont jamais vus par un ophtalmologiste. Certains auteurs ont étudié l'intérêt d'un dépistage ophtalmique chez tous les patients atteints d'une maladie métastatique. En 2007, Barak et Fenton ont tous deux signalé une incidence de 2,17 % de métastases choroïdiennes après le dépistage ophtalmique de patients britanniques asymptomatiques atteints d'un cancer du sein métastatique ou du poumon [5 , 6]. Ainsi, le coût élevé d'un programme de dépistage ophtalmique ne pouvait pas être justifié par un taux de détection aussi bas.
En 2013, l'incidence estimée des métastases oculaires aux États-Unis était de 20 000 par an [7]. La prévalence des métastases varie entre 2 et 10 %, selon qu'il s'agit d'études menées à partir de l'examen histopathologique post mortem systématique des globes oculaires dans les cohortes de patients décédés d'un cancer, ou à partir d'un examen ophtalmologique complet dans des cohortes de patients atteints d'un cancer [ 2 , 3 , 8-9-10-11-12-13] (tableau 13-6
Tableau 13-6
Fréquence des métastases intraoculaires asymptomatiques dans une population avec cancer métastatique.
Type d'étude Auteurs Nombre de cas examinés Nombre de métastases (pourcentage) Remarques
Clinique Albert et al., 1967 [8] 213 5 (2,4 %) Examen clinique systématique de patients métastatiques
Mewis et Young, 1982 [9] 98 9 (9,2 %) Examen clinique systématique de patientes métastatiques pour cancer du sein
Wiegel et al., 1998 [11] 120 6 (5 %) Examen clinique systématique de patientes métastatiques pour cancer du sein
Kreusel et al., 2002 [12] 84 6 (7,1 %) Examen clinique systématique de patients métastatiques pour cancer pulmonaire
Barak et al., 2007 [5] 169 2 (1,2 %) Examen clinique systématique de patients métastatiques pour cancers pulmonaire et du sein
Su et al., 2008 [13] 8484 16 (0,2 %) Examen clinique de patients métastatiques symptomatiques atteints de cancer pulmonaire
Post mortem Bloch et Gartner, 1971 [3] 230 23 (10 %) Examen anatomopathologique après décès par carcinome métastatique
Nelson et al., 1983 [10] 376 15 (4 %) Examen anatomopathologique après décès par carcinome métastatique
Eliassi-Rad et al., 1996 [2] 302 (255)741 (510) 1 (0,4 %)7 (1,4 %) Examen anatomopathologique après décès par carcinome métastatique
). Ainsi, en pratique clinique courante, les métastases symptomatiques diagnostiquées et traitées restent beaucoup moins fréquentes que les mélanomes de l'uvée (191 mélanomes uvéaux versus 4 métastases choroïdiennes traités en 2018 au Centre Antoine Lacassagne à Nice, données non publiées).
Tumeurs primitives associées aux métastases choroïdiennes
Les métastases uvéales concernent la choroïde dans la grande majorité des cas (90 %) [14]. Les tumeurs primitives les plus fréquentes associées aux métastases choroïdiennes sont les cancers du sein dans environ 40 % des cas, suivis des cancers pulmonaires dans environ 30 % des cas [ 4 , 14]. Si l'on se réfère à la prévalence par sexe, le cancer du sein est à l'origine de 58 à 79 % des métastases choroïdiennes chez la femme et le cancer du poumon de 40 à 55 % des métastases choroïdiennes chez l'homme [ 4 , 14 , 15].
Il existe peu de données concernant les types histologiques de ces tumeurs entraînant des métastases uvéales. Si l'on se réfère aux données du programme Surveillance, Epidemiology, and End Results (SEER) entre 2012 et 2016, le carcinome invasif mammaire sans type particulier est le type histologique le plus fréquent dans les cancers du sein [16 , 17]. On peut donc vraisemblablement extrapoler qu'il s'agit de métastases uvéales de ce type histologique qui apparaissent en majorité chez la femme (72,5 % des tumeurs du sein entre 2012 et 2016 d'après le SEER) [16]. Concernant le cancer du poumon , les carcinomes non à petites cellules sont les plus représentés avec les adénocarcinomes (49,7 %) et des carcinomes épidermoïdes (22,7 %), suivis des carcinomes à petites cellules (12,6 %) [16]. Ces chiffres varient peu suivant le sexe ; néanmoins, il est à noter une modification de la répartition de ces types histologiques avec le temps que l'on peut imputer à la fois à une modification réelle de la répartition de ces tumeurs (par la modification de la composition des cigarettes notamment) et à une meilleure détermination histologique de ces tumeurs grâce au recours à l'immunohistochimie [18 , 19]. Contrairement aux carcinomes mammaires, il n'est donc pas possible de connaître la répartition des métastases uvéales suivant le type histologique de tumeur pulmonaire [ 14 , 20].
Plus rarement, les métastases uvéales proviennent des cancers du rein, du tractus gastro-intestinal, des mélanomes cutanés et d'autres tumeurs plus rares (tableau 13-7
Tableau 13-7
Caractéristiques cliniques fondées sur les 10 sites tumoraux primaires les plus courants (d'après [14, 15].
Larynx (n = 6) ; carcinoïdes (intestin grêle, appendice, côlon, pancréas, testicule) (n = 6) ; vessie (n = 4) ; utérus (n = 4), léiomyome/léiomyosarcome (n = 3) ; mélanome choroïdien controlatéral (n = 3) ; glandes salivaires (n = 2) ; testicule (n = 2) ; os (sarcome d'Ewing) (n = 2) ; ovaire (n = 2) ; foie (n = 1) ; voies biliaires (n = 1) ; cuir chevelu (adénocarcinome) (n = 1) ; col utérin (n = 1) ; vésicule séminale (n = 1) ; myxofibrosarcome (n = 1) ; trachée (n = 1) et carcinome adénoïde kystique (n = 1) ; GI : gastro-intestinal.
Caractéristiques Site de la tumeur primitive
Sein (n = 457 patientes) Poumon (n = 325 patients) Tractus GI (n = 52 patients) Rein (n = 47 patients) Mélanome cutané (n = 28 patients) Prostate (n = 28 patients) Tumeur carcinoïde pulmonaire (n = 24 patients) Thyroïde (n = 15 patients) Pancréas (n = 9 patients) Autres⁎ (n = 42 patients) Inconnue (n = 179 patients) Total (n = 1206 patients)
Âge moyen, années (médiane avec intervalle) (n = 1111 patients) 57 (57, 21–94) 62 (63, 31–93) 61 (60, 32–88) 66 (66, 42–92) 59 (53, 33–89) 67 (68, 44–84) 61 (59, 26–83) 58 (64, 30–75) 66 (71, 43–75) 54 (57, 10–82) 61 (61, 25–88) 60 (61, 10–94)
Sexe (n = 1206 patients) (%) Homme 4 (1) 183 (56) 41 (79) 34 (72) 20 (71) 28 (100) 7 (28) 9 (60) 3 (33) 18 (43) 91 (51) 438 (36)
Femme 453 (99) 142 (44) 11 (21) 13 (28) 8 (19) 0 17 (72) 6 (40) 6 (67) 24 (57) 88 (49) 768 (64)
Latéralité (n = 1192 patients) (%) Unilatéral 340 (74) 278 (86) 44 (92) 39 (85) 23 (85) 25 (89) 19 (76) 14 (93) 7 (88) 32 (80) 159 (90) 980 (82)
Bilatéral 117 (26) 44 (14) 4 (8) 7 (15) 4 (15) 3 (11) 5 (24) 1 (7) 1 (12) 8 (20) 18 (10) 212 (18)
Localisation tumorale, n (%) (n = 1430 tumeurs) Iris 33 (6) 35 (9) 6 (11) 7 (12) 8 (23) 2 (6) 1 (3) 1 (6) 0 4 (8) 11 (6) 108 (8)
Corps ciliaire 11 (2) 7 (2) 1 (2) 5 (9) 2 (6) 0 0 0 0 4 (8) 1 (1) 31 (2)
Choroïde 542 (92) 327 (89) 46 (87) 45 (79) 25 (71) 29 (94) 29 (97) 15 (94) 9 (100) 40 (83) 184 (93) 1291 (90)
) [14]. Près de 16 % des métastases sont découvertes sans pouvoir identifier la tumeur primitive [14].
Autres localisations oculaires des métastases intraoculaires
Les métastases iriennes et des corps ciliaires représentent respectivement 2 % et 8 % des métastases uvéales retrouvées dans la littérature [ 14 , 15]. On retrouve d'ailleurs la même proportion concernant les mélanomes de l'uvée avec la même répartition [21]. Une atteinte isolée de la rétine, de la papille ou du vitré est exceptionnelle [ 14 , 15]. Dans les métastases de l'iris, l'origine du cancer du sein est moins fréquente que dans l'atteinte de la choroïde [14 , 15]. L'atteinte de l'iris est généralement unilatérale, avec une localisation synchrone de la choroïde dans un tiers des cas [ 22]. L'atteinte du corps ciliaire est rare et peut être secondaire à une localisation choroïdienne. Les métastases de la papille représentent moins de 5 % des métastases intraoculaires et sont en continuité avec une lésion choroïdienne juxtapapillaire dans environ 75 % des cas. Les 25 % restants sont des lésions isolées du nerf optique dans les parties pré- et rétrolaminaires [23]. Les cancers du sein et du poumon sont les causes les plus courantes de métastases du nerf optique et leur pronostic est mauvais ; la survie moyenne est d'environ un an [ 23]. Les métastases rétiniennes sont rares, et seuls quelques cas ont été décrits dans la littérature [ 24 , 25]. Les métastases vitréennes sont encore plus rares et peuvent survenir par ensemencement de la rétine à la suite d'une inflammation de la membrane limitante interne [ 26].
Chronologie de survenue des métastases uvéales par rapport à la découverte des tumeurs primitives
Bien que la plupart des patients aient un cancer systémique connu au moment du diagnostic de métastase uvéale, environ un tiers d'entre eux se présentent avec une métastase uvéale prévalente révélatrice [ 14 , 15]. Selon les études et les moyens employés, le site tumoral primitif est retrouvé dans 50 à 96 % des cas [ 14 , 15]. Ces résultats très disparates sont variables suivant qu'un bilan systémique seul à la recherche de la tumeur primitive est effectué ou couplé à une biopsie tumorale uvéale [14 , 15]. Du fait de la part importante des tumeurs mammaires et pulmonaires, un bilan minimal à la recherche de ces tumeurs semble le minimum requis en l'absence de biopsie tumorale uvéale (tableau 13-8
Tableau 13-8
Chronologie de la détection du cancer systémique fondé sur les 10 tumeurs primaires les plus courantes (d'après [14]).
Larynx (n = 6) ; carcinoïde (intestin grêle, appendice, côlon, pancréas, testicule) (n = 6) ; vessie (n = 4) ; mélanome choroïdien controlatéral (n = 3) ; utérus (n = 3), léiomyome/léiomyosarcome (n = 3) ; glandes salivaires (n = 2) ; testicule (n = 2) ; os (sarcome d'Ewing) (n = 2) ; le foie (n = 1) ; voies biliaires (n = 1) ; cuir chevelu (adénocarcinome) (n = 1) ; col utérin (n = 1) ; vésicule séminale (n = 1) ; ovaire (n = 1) ; myxofibrosarcome (n = 1) ; trachée (n = 1) et carcinome adénoïde kystique (n = 1) ; GI : gastro-intestinal.
Moment de la détection du cancer systémique par rapport au diagnostic oculaire (%) Site de la tumeur primitive
Sein (n = 416 patientes) Poumon (n = 295 patients) Tractus GI (n = 40 patients) Rein (n = 46 patients) Mélanome cutané (n = 27 patients) Prostate (n = 23 patients) Tumeur carcinoïde pulmonaire (n = 24 patients) Thyroïde (n = 15 patients) Pancréas (n = 8 patients) Autres⁎ (n = 40 patients) Inconnue (n = 177 patients) Total (n = 1111 patients)
Avant le diagnostic oculaire 392 (94) 155 (53) 34 (85) 44 (96) 26 (96) 21 (91) 16 (67) 14 (97) 5 (63) 35 (88) 0 742 (67)
Après le diagnostic oculaire 24 (6) 140 (47) 6 (15) 2 (4) 1 (4) 2 (9) 8 (33) 1 (7) 3 (37) 5 (12) 0 192 (17)
Tumeur primitive jamais découverte 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 177 (100) 177 (16)
).
Diagnostic
Circonstances de découverte
Deux situations types de circonstances de découverte peuvent se rencontrer. Dans 34 % des cas, il va s'agir de métastases inaugurales chez des patients qui ne présentent pas de néoplasie connue [27]. Dans ces cas-là, il faut savoir s'entourer d'un maximum d'examens complémentaires afin d'étayer notre diagnostic et s'attacher à retrouver la néoplasie primitive, sachant que celle-ci ne sera pas retrouvée dans un tiers des cas [27], posant un problème de conduite thérapeutique.
Dans le cancer du poumon, la métastase est souvent unique et révélatrice de la maladie [28]. Ainsi, devant une tumeur achrome, il est nécessaire de réaliser un scanner thoracique à la recherche d'une lésion pulmonaire primitive. Dans les autres cas, il s'agit de patients ayant une néoplasie connue plus ou moins récente, ou se trouvant déjà dans un contexte métastatique voire polymétastatique. Pour ces tumeurs, le diagnostic est en général plus aisé, bien que ne devant pas être posé sans discernement, et on s'efforcera d'analyser l'efficacité éventuelle des traitements en cours.
Signes fonctionnels
Les signes fonctionnels sont aspécifiques comme pour toutes les tumeurs oculaires. Toutefois, dans un nombre non négligeable de cas – de 7 à 14 % [15 , 27 , 29 , 30] selon les séries –, la métastase est asymptomatique et découverte à l'occasion d'un dépistage ou d'un examen de routine. Quand la lésion est symptomatique, c'est la baisse d'acuité visuelle qui est le signe d'appel le plus souvent retrouvé (dans 55 à 75 % des cas) [15 , 27 , 29]. Elle est liée soit à la localisation rétro-équatoriale de la métastase dans 75 à 80 % des cas [27 , 29] (voire à l'envahissement maculaire direct pour 12 à 40 % des cas [27 , 31]), soit au décollement de rétine exsudatif associé dans 55 à 73 % des cas [ 15 , 27]. La perception de photopsies, de phosphènes ou de métamorphopsies n'est retrouvée que dans 5 à 13 % des cas [ 15 , 27 , 30]. Des troubles du champ visuel sont rapportés dans 15,6 % des cas [ 15]. Enfin, des douleurs oculaires, sans inflammation ou glaucome, peuvent être décrites chez 5 à 15 % des patients [ 15 , 32].
Aspects cliniques
Typiquement, les métastases se présentent comme des masses sous-rétiniennes avec une configuration de surface le plus souvent en plateau (68 %) ou en dôme (32 %), mais rarement en champignon [ 27]. Elles sont d'une épaisseur moyenne de 3,2 mm et de couleur jaune pâle (fig. 13-234
Fig. 13-234
Aspect typique d'une métastase choroïdienne.Clichés en couleur montrant des métastases typiques de couleur jaune pâle (a, b). Il existe un décollement de rétine associé dans certains cas (c).
) dans 86 % des cas d'après Shields et al. [14]. Elles sont associées à un décollement sous-rétinien [ 27 , 32 , 33] ou à des remaniements pigmentés (fig. 13-235a, b
Fig. 13-235
Métastases associées à des remaniements pigmentés. Clichés couleurs montrant une métastase plane avec gros remaniements pigmentés (a) et une métastase en dôme saillant avec remaniements pigmentés de surface (b). Ces remaniements peuvent donner un aspect en peau de léopard (c).
) qui peuvent donner à la lésion un aspect en peau de léopard (fig. 13-235c
Fig. 13-235
Métastases associées à des remaniements pigmentés. Clichés couleurs montrant une métastase plane avec gros remaniements pigmentés (a) et une métastase en dôme saillant avec remaniements pigmentés de surface (b). Ces remaniements peuvent donner un aspect en peau de léopard (c).
) [27]. Selon la tumeur primitive, la couleur de la métastase [32] peut être plus orangée (8 %) (fig. 13-236a, b
Fig. 13-236
Coloration variable des métastases suivant le cancer primitif. Clichés couleurs montrant un aspect principalement orangé de métastases de tumeur neuro-endocrine (a, b). Cliché couleur grand champ (Optomap®, Optos PLC) d'une métastase choroïdienne d'un mélanome cutané dont le diagnostic a été effectué au décours de la pose de clip (c).
) [14] : carcinome rénal [31 , 34], tumeur carcinoïde [35] et certains carcinomes de la thyroïde [36-37-38]. D'autres seront marron, comme pour les métastases de mélanome (4 %) (fig. 13-236c
Fig. 13-236
Coloration variable des métastases suivant le cancer primitif. Clichés couleurs montrant un aspect principalement orangé de métastases de tumeur neuro-endocrine (a, b). Cliché couleur grand champ (Optomap®, Optos PLC) d'une métastase choroïdienne d'un mélanome cutané dont le diagnostic a été effectué au décours de la pose de clip (c).
) [14]. Pour ce dernier type de lésion, la croissance est plus rapide [39] que dans un mélanome uvéal primitif, et les lésions souvent multiples et bilatérales [39 , 40]. Ce sont des caractéristiques importantes à prendre en compte car la métastase uvéale peut être inaugurale à la découverte d'un mélanome primitif cutané [40].
Ces lésions siègent préférentiellement au pôle postérieur, comme signalé précédemment [27 , 29], et sont en général peu saillantes. Elles peuvent être bilatérales et multiples, et sont alors le plus souvent liées à un cancer du sein (fig. 13-237
Fig. 13-237
Métastases multiples unilatérales d'un cancer du sein. Clichés couleur grand champ (Optomap®, Optos PLC) (a) et conventionnel (b).
et 13-238
Fig. 13-238
Métastases multiples et bilatérales d'un cancer du sein. a, b. Clichés couleur conventionnel de métastases achromes multiples et bilatérales d'un cancer du sein chez une même patiente. Noter la variation de coloration suivant la taille de chaque lésion.
). Dans ce type de cancer, les lésions métastatiques uvéales sont multifocales dans 48 % des cas [ 30] et sont asymptomatiques chez 5 à 11 % des patients en fonction du nombre de sites de la maladie métastatique [ 11]. Des métastases unilatérales et uniques se voient plus fréquemment avec le cancer du poumon [27 , 30]. Pour ce type de tumeur (fig. 13-239
Fig. 13-239
Métastases de cancer pulmonaire.Métastases inaugurale (a) et métastases bilatérales et multiples (b) de cancer du poumon (Clarus 500®, Carl Zeiss Meditec).
), la métastase est inaugurale dans 44 % des cas et unilatérale dans 82 %. Elle est plus souvent accompagnée de douleurs oculaires (14 %) et s'associe plus fréquemment (85 % des cas) à un décollement exsudatif [20].
Examens paracliniques
Échographie
L'échographie, surtout dans les cas de métastase inaugurale, va nous apporter des arguments diagnostiques importants. On peut étudier la forme de la lésion et le décollement exsudatif associé. L'association du mode A et du mode B permet une analyse de l'échostructure interne de la tumeur : sa réflectivité, son homogénéité ou non, et l'atténuation des ultrasons [41 , 42]. L'utilisation des appareils d'écho-Doppler permet d'apprécier au mieux la vascularisation intratumorale [ 33 , 41].
La tumeur est en général plane, peu saillante, polylobée (fig. 13-240a
Fig. 13-240
Aspect échographique de métastases choroïdiennes. a. Métastase hyperéchogène, peu saillante, polylobée avec petit décollement exsudatif de surface. b. L'échogénicité des métastases est moyenne à haute (partie supérieure) en comparaison avec celle des mélanomes choroïdiens qui est plus basse (partie inférieure). c. En couplant le mode A au mode B, il devient aisé d'identifier une métastase (image supérieure) d'un mélanome uvéal (image inférieure) grâce à l'analyse de l'échogénicité. Pour les tumeurs de grande taille, il existe une réflectivité haute dans les deux cas, mais avec une atténuation quand on va vers la base observable dans le cas d'un mélanome choroïdien (flèches).
) ou en dôme, avec un ratio épaisseur/largeur bien inférieur à celui constaté dans les mélanomes [ 43 , 44]. Dans de rares cas (< 1 % à 2,7 %), elle peut prendre un aspect en bouton de col suite à la rupture de la membrane de Bruch [15 , 27 , 45]. La lésion est souvent accompagnée d'un décollement exsudatif périlésionnel ou inférieur à distance, avec des caractéristiques similaires à ce qui est observé dans les mélanomes primitifs. Sa structure interne est hétérogène, avec une réflectivité de moyenne à haute en mode A supérieure à celle des mélanomes primitifs (fig. 13-240b
Fig. 13-240
Aspect échographique de métastases choroïdiennes. a. Métastase hyperéchogène, peu saillante, polylobée avec petit décollement exsudatif de surface. b. L'échogénicité des métastases est moyenne à haute (partie supérieure) en comparaison avec celle des mélanomes choroïdiens qui est plus basse (partie inférieure). c. En couplant le mode A au mode B, il devient aisé d'identifier une métastase (image supérieure) d'un mélanome uvéal (image inférieure) grâce à l'analyse de l'échogénicité. Pour les tumeurs de grande taille, il existe une réflectivité haute dans les deux cas, mais avec une atténuation quand on va vers la base observable dans le cas d'un mélanome choroïdien (flèches).
). La réflectivité moyenne en mode A est de 76 % (de 60 à 90 %) pour des métastases et de 22 % (de 0 à 70 %) pour des mélanomes primitifs [ 44]. Il n'y a pas d'atténuation (fig. 13-240c
Fig. 13-240
Aspect échographique de métastases choroïdiennes. a. Métastase hyperéchogène, peu saillante, polylobée avec petit décollement exsudatif de surface. b. L'échogénicité des métastases est moyenne à haute (partie supérieure) en comparaison avec celle des mélanomes choroïdiens qui est plus basse (partie inférieure). c. En couplant le mode A au mode B, il devient aisé d'identifier une métastase (image supérieure) d'un mélanome uvéal (image inférieure) grâce à l'analyse de l'échogénicité. Pour les tumeurs de grande taille, il existe une réflectivité haute dans les deux cas, mais avec une atténuation quand on va vers la base observable dans le cas d'un mélanome choroïdien (flèches).
) comme pour les hémangiomes choroïdiens [ 43].
La surveillance échographique d'une suspicion de tumeur métastatique permet également de constater l'habituelle augmentation rapide de la taille lésionnelle. Toutefois, en raison d'une extension souvent initialement plane des bords de la métastase, le suivi photographique est plus fiable que l'échographie ; nous l'aborderons plus loin.
L'écho-Doppler avec la cartographie de flux ( color flow mapping ) vient compléter notre faisceau d'arguments diagnostiques (fig. 13-241
Fig. 13-241
Écho-doppler avec cartographie de flux de métastases choroïdiennes (cancer du sein). Il existe de très nombreux petits flux, de directions variables, sans arborescence.
Source : Dr O. Bergès.
) en montrant une hypervascularité lésionnelle, sans gros vaisseau dominant central, mais avec une hypervascularité localisée en périphérie (90 % des cas) ou mixte (10 %), et associée alors à de multiples vaisseaux à l'intérieur de la tumeur [ 46].
Angiographie (fluorescéine et infracyanine)
Cet examen n'apporte pas d'argument diagnostique formel, mais vient enrichir notre faisceau de présomption diagnostique. En angiofluorographie, le plus souvent, la métastase est hypofluorescente aux temps artériel et veineux précoces, puis, progressivement, elle devient hyperfluorescente aux temps tardifs. On peut parfois voir apparaître, à partir du temps veineux, et subsistant aux temps tardifs (fig. 13-242
Fig. 13-242
a-d. Séquence en angiofluorographie de métastases multiples unilatérales d'un cancer du poumon.
), de multiples petits points hyperfluorescents, comme des pin points , mais de plus petite taille et plutôt disposés en périphérie (fig. 13-243
Fig. 13-243
a, b. Angiographie à la fluorescéine et au vert d'infracyanine d'une métastase choroïdienne. On peut noter tous les pseudo-pin points situés en périphérie de l'angiofluorographie.
) [ 41]. Il n'y a pas d'image de double circulation en général. Une hyperfluorescence modérée et persistante peut accompagner le décollement exsudatif adjacent à la métastase et venir masquer ses contours.
L'angiographie au vert d'infracyanine montre une image d'hypofluorescence choroïdienne (fig. 13-244
Fig. 13-244
a-d. Angiographie grand champ à la fluorescéine et au vert d'infracyanine d'une métastase choroïdienne de cancer du sein (Optomap®, Optos PLC.).
Source : service du Pr Denis, Hôpital Nord, Marseille.
), généralement sans vascularisation intralésionnelle, s'associant à des patchs hyperfluorescents de surface [ 29].
Photographies
La prise de clichés couleurs du fond d'œil permet de documenter la taille des lésions et leur nombre. Elle permet, en cas de doute, de juger, plus rapidement qu'avec l'échographie, de la croissance tumorale qui est beaucoup plus rapide dans le cas des métastases que dans les mélanomes primitifs. Cela donne un argument diagnostique de poids lorsque la lésion est trop fine pour être biopsiée. En revanche, selon les appareils, la couleur restituée n'est pas la même que celle observée au fond d'œil [29].
OCT et OCT-A
L'utilisation de l' enhanced depth imaging OCT (EDI-OCT), du spectral domain OCT (SD-OCT), ou du swept-source OCT (SS-OCT), mieux que le time domain OCT (TD-OCT), permet d'apprécier, plus précisément que l'échographie, l'épaisseur des petites lésions, les caractéristiques tumorales et les modifications de la surface rétinienne [47-48-49-50-51-52].
La structure interne tumorale est mieux appréciée en SS-OCT qu'en EDI-OCT où le signal est atténué par le shadowing dans 86 % des cas [47]. Demirci et al. [48] ont décrit des métastases en majorité avec une réflectivité optique basse (71 %) et un shadowing sans différence en fonction de la tumeur primitive.
On va noter, le plus fréquemment, un amincissement hyper-réflectif [48 , 49 , 52], une disparition de la choriocapillaire normale en arrière de l'épithélium pigmentaire (EP), voire une destruction [51] du complexe EP-choriocapillaire. On peut également retrouver des photorécepteurs irréguliers, allongés ou shaggy (75 % des cas) et des décollements séreux rétiniens avec des points hyper-réflectifs (fig. 13-245
Fig. 13-245
Coupes OCT typiques de métastases choroïdiennes. a. Il existe une métastase peu saillante avec aspect de shaggy photorécepteurs (flèches jaunes), un décollement séreux rétinien (flèche blanche) et un aspect discrètement bosselé de la choroïde (lumpy bumpy). b. L'aspect en lumpy bumpy peut être beaucoup plus marqué.
) [ 48 , 52]. La surface antérieure de la lésion peut avoir un aspect bosselé (64 % des cas) appelé lumpy bumpy par les auteurs anglo-saxons (fig. 13-246
Fig. 13-246
Coupes OCT de métastases choroïdiennes d'épaisseur moyenne. L'aspect en lumpy bumpy est souvent évocateur de métastase. On semble percevoir sur ces images les nodules métastatiques au sein de la choriocapillaire (flèches jaunes, a et b). Un décollement séreux rétinien est souvent associé avec de nombreux points hyper-réflectifs au niveau de la couche des photorécepteurs (flèches blanches).
Source ; fig. a, service du Pr Denis, Hôpital Nord, Marseille.
) [ 47].
En OCT-angiographie (OCT-A), on peut retrouver l'absence de flux sanguin au niveau de la couche rétinienne externe [ 53].
Tomodensitométrie et imagerie par résonance magnétique
La tomodensitométrie (TDM) n'est d'aucun apport dans le cadre du diagnostic d'une métastase choroïdienne. L'imagerie par résonance magnétique (IRM) montre, dans tous les cas de métastases, une masse choroïdienne bien définie, iso-intense en T1 et hypo-intense en T2 (fig. 13-247
Fig. 13-247
IRM cérébro-orbitaire d'une métastase choroïdienne de l'œil droit. a. Acquisition en séquence T1 avec suppression du signal de la graisse (Fat Sat) où la métastase est iso-intense, surmontée d'un décollement de rétine exsudatif hyper-intense. b. Acquisition en séquence T2 où la métastase est hypo-intense et le décollement de rétine exsudatif n'est plus visible car d'intensité identique au vitré. c. Acquisition en séquence T1 Fat Sat après injection de gadolinium. Le rehaussement de la tumeur est classiquement modéré.
) [ 54]. Toutefois, dans la littérature, un cas de lésion avec un hypersignal en T1 et un hyposignal en T2, évoquant à tort un mélanome infiltrant, et se révélant après énucléation être une métastase d'adénocarcinome mucino-sécrétant, a été décrit [55].
Biopsies
La biopsie est utile dans les cas de lésion isolée chez un patient, pour lequel le diagnostic de métastase est évoqué par la clinique, mais chez qui un bilan d'extension complet n'a pas retrouvé de cancer primitif. Elle est même proposée dans le cadre du bilan initial par certains centres, soit pour confirmer le diagnostic de métastase, soit afin d'orienter vers le primitif et les éventuelles thérapies ciblées qui pourront être proposées grâce aux études immunohistochimiques [ 15 , 29] : thérapie anti-HER2, thérapie endocrine pour les cancers du sein [56 , 57], utilisation des inhibiteurs de l'EGFR-tyrosine kinase pour les cancers du poumon [ 58 , 59]. Mais les biopsies imposent des techniques biopsiques permettant l'obtention de suffisamment de matériel.
Les techniques utilisées peuvent être, en fonction de la localisation, des habitudes et des objectifs : une ponction transvitréenne ou transsclérale à l'aiguille fine [ 60 , 61], une biopsie transvitréenne au vitréotome [ 15 , 62-63-64] ou encore une biopsie transsclérale au moyen d'une pince spéciale [65].
Les patients doivent être prévenus du risque que la biopsie ne permette pas l'obtention d'un diagnostic, risque qui est inversement proportionnel à l'épaisseur de la lésion, notamment pour les ponctions à l'aiguille fine. Ce risque a été chiffré à 60 % pour les lésions d'épaisseur inférieure à 2 mm, à 10 % pour les lésions entre 2 et 4 mm, et 2 % pour les lésions supérieures à 4 mm par Cohen et al. [66]. Avec le vitréotome, Konstantinidis et al. [15] ont pu faire un diagnostic de métastase dans 100 % des cas, mais n'ont pas pu identifier le site dans 3 cas sur 27. Sen et al. [62] ont fait un diagnostic dans 92,8 % des cas et Seregard et al. [ 64] dans 95 % des cas, comme pour les biopsies à la pince décrites par Akgul et al. [65].
Les patients doivent également être informés du risque de complications inhérentes à ce geste, variable selon les techniques : dissémination de cellules malignes, hémorragie intravitréenne, décollement de rétine et endophtalmie [67].
Conduite diagnostique
La majorité des patients présentant une ou des métastases de la choroïde ont des antécédents d'autre néoplasie maligne [ 15 , 27]. Il faut toutefois garder à l'esprit que les patients souffrant déjà d'un cancer dans une autre localisation peuvent développer une seconde néoplasie primitive au niveau de la choroïde.
Pour les malades ayant une tumeur maligne primitive connue, le bilan dépend du site et de l'historique de la tumeur primitive, ainsi que de son caractère en rémission ou non. Les investigations sont au mieux conduites par un oncologiste. Elles explorent le cerveau, les poumons, l'abdomen et le pelvis, d'autres examens pouvant être réalisés en fonction de l'examen clinique [29].
Pour les patients chez qui l'on suspecte une métastase choroïdienne inaugurale, car n'ayant pas de néoplasie primitive connue, le bilan doit être plus complet : bilan sérologique avec recherche de marqueurs spécifiques, mammographie, TDM et/ou IRM, TEP-TDM corps entier [7]. Malgré cela, dans près de 10 % des cas, la tumeur primitive n'est pas identifiée [7 , 15 , 27]. Dans ces cas-là, deux options doivent être envisagées : soit la réalisation d'une biopsie, lorsque l'épaisseur le permet ; soit la mise sous surveillance rapprochée de la lésion. La biopsie, réalisée dans des services spécialisés, peut souvent permettre d'identifier le site de la néoplasie primitive. La surveillance, en montrant une croissance rapide sur quelques semaines (fig. 13-248
Fig. 13-248
a, b. Croissance d'une métastase choroïdienne inaugurale (cliché couleur conventionnel). En l'absence de tumeur primitive après bilan d'extension et doute persistant sur un éventuel mélanome uvéal achrome, la croissance rapide d'une tumeur choroïdienne d'un mois à l'autre permet d'identifier la nature métastatique de la tumeur.
), à la différence d'un mélanome achrome [7], confirme le diagnostic de métastase de la choroïde. Cela ne donne pas d'indication sur l'origine de la métastase, mais permet, par la confirmation diagnostique qu'elle apporte, la mise en place des méthodes thérapeutiques les plus adaptées à la situation afin de préserver la meilleure fonction visuelle possible.
La fig. 13-249
Fig. 13-249
Arbre décisionnel pour le diagnostic.RCP : réunion de concertation pluridisciplinaire.
présente un arbre décisionnel pour la conduite diagnostique.
Traitements
L'objectif principal, dans la prise en charge de métastases uvéales, est d'améliorer la qualité de vie des patients, en préservant si possible leur acuité visuelle afin de maintenir leur autonomie. Le traitement idéal se doit d'être accessible, rapidement efficace, peu invasif et porteur de peu de complication.
L'espérance de vie pouvant varier de quelques semaines à plusieurs années, le choix du traitement doit prendre en compte pour chaque patient son état général, la présentation clinique et l'histologie de la tumeur primitive.
Radiothérapie
Radiothérapie externe
Le traitement de référence, qui est aussi le plus étudié, demeure la radiothérapie externe. Il s'agit d'un traitement efficace et facilement accessible sur l'ensemble du territoire. Le schéma thérapeutique classique prévoit une dose de 30 grays (Gy) en 10 séances avec un champ d'irradiation couvrant l'ensemble de la choroïde postérieure. Des hypofractionnements (20 Gy en 5 fractions) sont possibles si l'état du patient le justifie ou si un traitement systémique doit être débuté rapidement [68 , 69].
Dans les différentes séries publiées, les modalités thérapeutiques varient énormément et il n'existe pas de série comparative avec d'autres traitements. Les résultats rapportés sont cependant en faveur d'une bonne efficacité, avec un contrôle tumoral de 66 %, 83 % voire 94,7 % des cas selon les cohortes, et jusqu'à 38 % de régression complète dans la série de Wiegel et al. [11]. L'effet de la radiothérapie est souvent décalé de 1 à 3 mois et dure en moyenne un an [2 , 3].
Une amélioration ou stabilisation de l'acuité visuelle est notée dans 57 à 82 % des cas suivant les séries. Des dégradations visuelles sont bien entendu possibles, liées à la persistance d'un décollement de rétine exsudatif ou à la localisation centrale des lésions choroïdiennes (fig. 13-250
Fig. 13-250
Aspect au fond d'œil après radiothérapie externe conventionnelle de métastases choroïdiennes. Suivant la localisation des métastases, l'acuité visuelle peut s'améliorer ou se stabiliser. a. Clarus 500®, Carl Zeiss Meditec. b, c. Optomap®, Optos PLC.
). Rudoler et al. rapportent comme facteurs de mauvais pronostic visuel une mauvaise acuité visuelle initiale, un âge inférieur à 55 ans et un diamètre tumoral supérieur à 15 mm [70 , 71].
Les complications radiques sont peu étudiées du fait de la courte espérance de vie des patients. Elles sont rapportées dans 12 à 17 % des cas [70 , 72]. Les complications les plus fréquentes sont la sécheresse oculaire, la rétinopathie et la neuropathie radique ainsi que la cataracte. Si possible, le champ d'irradiation doit s'attacher à préserver le cristallin, même si dans la plupart des cas, une cataracte gênante n'aura pas le temps de se développer [ 32]. L'allongement de la survie des patients métastatiques risque cependant de voir augmenter le pourcentage des complications post-radiques de la radiothérapie externe.
L'irradiation concomitante systématique de l'œil controlatéral est controversée. Il n'y a pas de preuve justifiant son utilité, et, en cas de récidive, cela interdirait une nouvelle radiothérapie externe [ 73].
La recherche préalable de métastases cérébrales par IRM est impérative afin de programmer une irradiation couplée des deux choroïdes et du cerveau ; la superposition des champs exposerait sinon à un fort risque de surdosage et de complications.
D'après D'Abbadie et al. [ 74], 63 % des patients présentant des métastases choroïdiennes nécessitent un traitement systémique. En cas de baisse d'acuité visuelle, la radiothérapie externe peut être réalisée en 5 à 10 jours avant le début de la chimiothérapie. Elle peut s'intégrer au décours de celle-ci ou lors d'une fenêtre thérapeutique en fonction des agents utilisés. Enfin, si des localisations secondaires menacent le pronostic vital, et que les métastases choroïdiennes sont de petite taille ou peu symptomatiques, l'indication de la radiothérapie peut être réévaluée après 6 cures de traitement systémique.
D'autres techniques de radiothérapies plus ciblées peuvent également être utilisées dans les métastases choroïdiennes, mais cela implique l'existence d'une lésion unique et une espérance de vie assez longue.
Brachythérapie
Shields [75] a rapporté une efficacité de 100 % qui persiste dans 94 % des cas à 11 mois chez 36 patients. La dose appliquée était de 69 Gy à l'apex. L'acuité visuelle était stable ou améliorée dans 58 % des cas. De même, Lim et al. [ 76] ont traité 5 patients avec une efficacité de 100 % et une acuité visuelle améliorée dans 60 % des cas pour un suivi de 10 mois.
La brachythérapie est indiquée en cas de lésion isolée, pour limiter les risques de rétinopathie radique, ou en cas de récidive alors que l'œil a déjà bénéficié d'une radiothérapie externe à dose complète. Elle impose, cependant, la prise en charge dans un centre spécialisé en onco-ophtalmologie et deux opérations chirurgicales (mise en place et retrait de la plaque) avec une hospitalisation de 3 jours.
Protonthérapie
L'utilisation des protons, dans la prise en charge des métastases choroïdiennes, est peu étudiée à cause du faible nombre de centre ayant accès à ce type d'irradiation ; cependant, ce nombre tend à augmenter.
Tsina et al. [77] puis Kamran et al. [78] ont décrit leurs résultats avec un protocole d'irradiation de 28 Gy puis de 20 Gy en 2 fractions sans pose de clips de repérage au préalable (fig. 13-251
Fig. 13-251
Réponse clinique après protonthérapie d'une métastase choroïdienne de cancer du rein. a, b. Évolution au fond d'œil d'une métastase choroïdienne unique de l'œil droit (b, 29 mois d'intervalle – Clarus 500®, Carl Zeiss Meditec). c. Cette évolution favorable est confirmée en échographie.
) ; 67 et 90 patients étaient inclus, traités principalement pour des carcinomes mammaires et pulmonaires. Une régression tumorale était observée dans 84 % et 100 % des cas avec une stabilité ou une amélioration de l'acuité visuelle dans 47 et 38 % des cas. Une récidive était notée dans 6 % des cas, contrôlée par une seconde protonthérapie chez tous les patients. Une seconde localisation en dehors du champ d'irradiation a été retrouvée dans 2 % des cas.
Les complications immédiates étaient considérées comme non sévères : sécheresse, larmoiement, cataracte, mais des cas de vasculopathies radiques responsables d'une baisse d'acuité visuelle sont rapportés dans 10 % des cas. Un patient a été énucléé pour un glaucome néovasculaire non contrôlé.
Les auteurs concluent que la protonthérapie est un traitement facile à mettre en place et rapide comparé à la radiothérapie externe. La précision du champ d'irradiation permet d'éviter l'irradiation des organes de proximité, ce qui est particulièrement appréciable chez des patients ayant déjà subi une irradiation cérébrale. La protonthérapie peut également trouver son indication dans le traitement de métastases de cancers primitifs connus pour leur radiorésistance tels que les mélanome, sarcome, tumeur rénale ou tumeur carcinoïde.
Gamma Knife®
Cho et al. [79] ont rapporté 7 cas de métastases choroïdiennes traitées par Gamma Knife® avec un suivi médian de 7,4 mois. Ils ont noté une amélioration des symptômes dans la plupart des cas (5/7 patients) et une amélioration radiographique dans l'ensemble des cas. Des métastases cérébrales concomitantes ont pu être traitées dans le même temps chez 4 patients.
Autres traitements locaux
Photothérapie dynamique
La photothérapie dynamique (PDT) associe l'injection intraveineuse lente d'un photosensibilisant, la vertéporfine, et son activation par un rayonnement lumineux de 692 nm. Cette procédure va induire des réactions photochimiques, médiées par l'oxygène tissulaire, responsables de dommages cellulaires endothéliaux, de thrombose et de diminution de la perméabilité vasculaire. Plusieurs spots sont souvent nécessaires pour couvrir la surface d'une métastase et les séances peuvent être répétées dans le temps.
Ghodasra et al. [80] ont traité 21 lésions de 10 patientes par 1 à 5 procédures de PDT. Après un suivi de 12 mois, 81 % des lésions étaient planes ; le décollement séreux rétinien (DSR) avait disparu dans 86 % des cas et une amélioration de l'acuité visuelle était notée dans 69 % des cas. De même, Kaliki et al. [ 81] ont traité 9 lésions de 8 patients et observent une amélioration de l'acuité visuelle chez 78 % des patients après 17 mois de suivi.
Il existe cependant des cas d'échec de la PDT. Hua et al. rapportent le cas d'un patient [82] traité par PDT pour une métastase choroïdienne d'un adénocarcinome pulmonaire, ayant refusé un traitement systémique de son cancer, et qui a présenté une croissance tumorale et une augmentation du DSR après le traitement. La série de Kaliki et al. [ 81] décrit également 2 patients non répondeurs à la PDT qui ont dû bénéficier d'une brachythérapie.
La PDT a aussi été utilisée pour des métastases de tumeurs carcinoïdes pulmonaires, de croissance lente, permettant une décroissance tumorale et une amélioration de l'acuité visuelle [ 83 , 84].
La PDT ne cible pas les cellules tumorales et expose au risque de récidive, notamment dans les zones périphériques des lésions qui sont moins vascularisées [85 , 86]. De plus, la pénétration du faisceau lumineux est limitée et ne permet pas le traitement d'une lésion trop épaisse [ 82]. La PDT n'est donc pas un traitement des métastases choroïdiennes, mais du fait de sa facilité de réalisation sur une journée sous anesthésie locale, elle peut améliorer l'acuité visuelle chez des patients bénéficiant d'un traitement général et pour qui l'organisation d'une radiothérapie serait trop lourde [ 86].
Thermothérapie transpupillaire
La thermothérapie transpupillaire (TTT) utilise un laser diode, afin d'appliquer des radiations infrarouges à la tumeur, à travers la pupille, ce qui induit une nécrose des cellules tumorales, la surface tumorale étant couverte par des spots confluents avec une marge de 1,5 mm autour de la lésion. La TTT nécessite donc une bonne mydriase, une lésion postérieure, pour que toute les marges soient accessibles au traitement, et une bonne clarté des milieux [ 87].
Il s'agit d'un traitement efficace et rapide pour des métastases choroïdiennes de petite taille et isolées [ 88 , 89]. Cependant, la TTT n'est pas accessible en cas de DSR supérieur à 3 mm et nécessite des traitements complémentaires tels que chimiothérapie systémique ou injections intravitréennes d'anti-VEGF ( vascular endothelial growth factor ) [89 , 90]. La TTT détruit cependant les fibres nerveuses et crée un scotome beaucoup plus large que la zone de traitement, notamment lorsque la lésion est proche de la macula et du nerf optique [ 87 , 88].
Anti-VEGF
De nombreux auteurs ont décrit l'utilisation d'anti-VEGF, que ce soit le bévacizumab, le ranibizumab ou l'aflibercept, dans des cas de métastases choroïdiennes. La revue de la littérature réalisée par Augustine et al. en 2014 [ 91] retrouve une amélioration de l'acuité visuelle dans 59 % des cas et une régression du liquide sous-rétinien et du volume tumoral dans 77 % des cas, quel que soit le primitif.
Les injections d'anti-VEGF représentent un traitement facile d'accès, rapide, sécuritaire et renouvelable à volonté en cas de récidive locale [92]. Elles participent donc à l'amélioration de la qualité de vie des patients sans perturber les autres temps thérapeutiques. Il n'existe en revanche pas de consensus quant aux doses à administrer, à leur fréquence et à leur nombre.
Fenicia et al. [93] supposent que l'action anti-angiogénique et anti-perméabilité des anti-VEGF bloque la croissance tumorale et que la biodisponibilité locale est meilleure comparée aux traitements systémiques. Il est cependant important de noter que la plupart des patients bénéficient d'un traitement par chimiothérapie ou thérapie ciblée concomitant et qu'une synergie d'action doit être envisagée.
Des cas de patients non répondeurs ont été rapportés, notamment en cas de large décollement de rétine limitant l'accès du produit à la tumeur [94]. Dans ces cas, un traitement conventionnel par radiothérapie doit être programmé lorsqu'il est possible.
Énucléation
Le recours à une énucléation, dans la prise en charge des métastases uvéales, doit au maximum être évité, son indication se limitant à des cas de glaucomes non contrôlés, douloureux, afin d'améliorer la qualité de vie du patient.
Traitement systémique
Avec l'avènement des thérapies ciblées , un nombre croissant de publication rapportent une certaine efficacité de traitements systémiques sur des métastases choroïdiennes dans le cancer du poumon [ 20], notamment, ou dans les cancers du sein hormonosensibles [95]. Il n'y a que peu de cas publiés pour les autres localisations primitives. L'immunothérapie peut également avoir des résultats intéressants (fig. 13-252
Fig. 13-252
a-c. Réponse clinique d'une métastase choroïdienne de tumeur mammaire après immunothérapie. Une métastase choroïdienne unique chez une patiente aux antécédents de carcinome mammaire a d'abord été découverte dans le cadre d'un bilan d'extension avant immunothérapie. La métastase augmente de taille avant initiation d'une immunothérapie dans le cadre d'un essai clinique. On observe une réponse clinique à l'immunothérapie à 1 mois de l'initiation du traitement avec l'apparition d'un aspect en peau de léopard en surface de la tumeur (Optomap®, Optos PLC).
).
Si l'optique d'un traitement systémique efficace est séduisante, celui-ci n'est cependant pas prêt de se substituer au traitement local. En effet, un traitement combiné apparaît plus efficace qu'un traitement systémique seul dans la série de Shah et al. [20]. Il faut noter que la plupart des cas où une régression des métastases choroïdiennes a été décrite au décours d'un traitement systémique n'ont qu'un délai de suivi très court et qu'il est probable que les cas de non-efficacité sont sous-rapportés. Des résistances secondaires aux thérapies ciblées peuvent apparaître [96 , 97] et certaines molécules ont une toxicité oculaire propre, comme les anti-MEK, responsables de DSR [ 98 , 99], ou les inhibiteurs des EGFR pourvoyeurs de blépharites [ 100].
La fig. 13-253
Fig. 13-253
Arbre décisionnel pour le traitement.ICG : indocyanine green (vert d'indocyanine) ; IVT : injections intravitréennes ; PDT : photothérapie dynamique ; VEGF : vascular endothelial growth factor.
présente un arbre décisionnel pour le traitement.
Conclusion
Si la découverte de métastases uvéales remet en question la guérison d'une maladie cancéreuse, il reste essentiel de proposer une prise en charge rapide et adaptée pour chaque patient. La stratégie diagnostique et thérapeutique peut se résumer de la manière suivante :
  • sur le plan diagnostique : en cas de découverte d'une métastase prévalente, un bilan clinique et paraclinique doit être effectué en s'attachant à rechercher une tumeur primitive, accessible à un prélèvement. Si cette recherche est négative, il faut alors envisager la réalisation d'une biopsie si les caractéristiques de la tumeur le permettent. Dans le cadre d'une maladie cancéreuse connue, la question est surtout de savoir s'il s'agit réellement d'une métastase et non pas d'une néoplasie primitive de l'uvée ;
  • sur le plan thérapeutique : la conduite est dictée par l'état général du patient, son espérance de vie, l'état de 1'œil controlatéral et le régime thérapeutique appliqué ou envisagé. En cas de conservation d'un bon état général du patient, on peut proposer la combinaison d'un traitement local et systémique, ou une surveillance locale rapprochée en cas de traitement systémique isolé, en accord avec l'oncologue médical du patient. Au contraire, si l'état général du patient est altéré, on doit s'attacher à conserver au mieux la qualité de vie du patient en préservant la vision et en limitant l'apparition de douleurs. La radiothérapie adjuvante garde ainsi une place essentielle dans les outils thérapeutiques dont dispose l'onco-ophtalmologiste.
Ostéome de la choroïde et calcifications choroïdiennes
N. Cassoux
Généralités
L'ostéome de la choroïde est une lésion bénigne survenant généralement chez les femmes jeunes de façon unilatérale dans 80 % des cas. Cette lésion de physiopathologie inconnue est liée à une ossification progressive de la choroïde. Elle a été décrite pour la première fois par deux auteurs, Gass et Williams en 1978 [ 1]. Quelques cas énucléés pour suspicion de mélanome achrome ont montré la présence d'ostéoblastes, d'ostéocytes et d'ostéoclastes organisés en travées avec des espaces larges, caverneux, tapissés de cellules endothéliales, ainsi que des capillaires. Le reste est composé d'un tissu fibrovasculaire et d'adipocytes. La physiopathologie est encore aujourd'hui un mystère. Cette lésion n'est pas associée à une maladie systémique ou hormonale [2].
Circonstances de découverte et clinique
La majorité des cas rapportés concernent des femmes jeunes en bonne santé entre 20 et 30 ans plutôt caucasiennes. La survenue plutôt tôt, chez un homme ou une personne non caucasienne ne remet pas pour autant le diagnostic en question. La lésion est le plus souvent localisée en péripapillaire et s'étend progressivement au cours des années vers l'aire maculaire. La lésion est jaune avec des migrations de pigment. Le diamètre peut être important et dépasser les 20 mm ; en revanche, l'épaisseur n'excède pas les 2,5 mm. Les bords sont bien découpés.
Cette lésion bénigne est de découverte fortuite, à la faveur d'un examen du fond d'œil ou à l'occasion d'une baisse de l'acuité visuelle liée à des complications maculaires. La lésion peut induire une atrophie progressive de l'épithélium pigmentaire et de la choriocapillaire au niveau de l'aire maculaire, un décollement exsudatif, et des néovaisseaux peuvent se produire au bord de l'ostéome [2].
Diagnostic
Le diagnostic est fait lors d'une échographie B qui montre une plaque hyperéchogène arrêtant complètement les ultrasons en arrière. La découverte d'un ostéome peut également se faire lors d'un scanner cérébral qui montre une plaque calcifiée au pôle postérieur. L'imagerie multimodale permet de faire le diagnostic et la recherche d'une éventuelle complication néovasculaire [3 , 4].
Diagnostic différentiel
Le diagnostic différentiel peut se discuter avec les autres tumeurs achromes du fond d'œil (métastases, hémangiome, mélanome achrome). Cependant, le diagnostic est aisément redressé en réalisant une échographie oculaire.
Les calcifications choroïdiennes peuvent également représenter un diagnostic différentiel car elles ont le même comportement échographique. Cependant, elles sont situées plutôt à l'équateur, sont de plus petite taille, et découvertes chez des patients plus âgés, associées parfois à une anomalie du métabolisme calcique ou le plus souvent idiopathiques [5].
Imagerie et traitement
L'imagerie multimodale des ostéomes est utile en cas de complication, en particulier néovasculaire [4]. La combinaison angiographie fluorescéinique, ICG et OCT permet de faire le diagnostic de néovaisseaux et de réaliser le suivi thérapeutique, qui doit reposer comme tout traitement des néovaisseaux sur une injection intraoculaire d'anti-VEGF, le laser ou la photothérapie dynamique (PDT) en fonction de la localisation maculaire ou extramaculaire du néovaisseau [ 3 , 6]. Certaines études semblent montrer que la PDT peut ralentir l'évolution d'un ostéome extramaculaire et que, dans certains cas, une décalcification spontanée peut se produire et ensuite la lésion ne semble plus progresser [7]. Ce type de lésion étant d'évolution très lente sur toute une vie, l'évaluation de traitement évitant l'extension de la lésion n'est pas simple (fig. 13-254,
Fig. 13-254
Ostéome typique. a. Au diagnostic. b. Après 10 ans d'évolution. c. Échographie B montrant la plaque calcifiée hyperéchogène.
fig. 13-255,
Fig. 13-255
a-c. Ostéome. b. Aspect en OCT (EDI-OCT). Atrophie de l'épithélium pigmentaire au-dessus de la plage de calcification. c. Angiographie à la fluorescéine et ICG montrant un décollement exsudatif gravitationnel.
Source : Dr E. Mercé.
fig. 13-256
Fig. 13-256
Calcifications choroïdiennes temporales supérieures achromes (a) avec une échographie B (b) caractéristique.
).
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