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Chapitre 47
Uvéites antérieures à Herpesviridae

L. Judice M. Relvas, F. Willermain

Introduction
Les Herpesviridae sont la cause de 3 % à 33 % des cas d'uvéites antérieures (UA), selon les études [1]. Huit virus du groupe herpès infectent l'homme : trois du groupe alpha, les virus herpès simplex 1 et 2 (HSV-1 et HSV-2) et le virus de la varicelle et du zona (VZV); trois du groupe bêta, le cytomégalovirus (CMV) et les virus herpès humain 6 et 7 (HHV-6 et HHV-7); deux du groupe gamma, le virus d'Epstein-Barr (EBV) et le HHV-8 . Tous, à l'exception des HHV-7 et HHV-8, ont été associé à des UA. Néanmoins, l'implication de l'EBV et de l'HHV-6 reste moins documentée et le tableau des UA à Herpesviridae est dominé par les infections à HSV-1, VZV et CMV [2].
Les Herpesviridae infectent largement la population humaine. En effet, des taux de prévalence d'immunoglobulines G (IgG) contre les virus HSV, VZV et CMV au-delà de 80 % sont fréquemment rapportées [3-4-5]. Ce succès des Herpesviridae est dû en grande partie à leur capacité de rentrer dans des phases de latence permettant la survie du génome viral en l'absence de réplication. Les Herpesviridae établissent ainsi un réservoir au sein des personnes infectées chez lesquelles des phases de réactivation mènent à des infections récurrentes leur permettant d'infecter d'autres individus et ainsi de se propager. Ces particularités biologiques expliquent les caractères récurrent et chronique des affections oculaires à Herpesviridae qui sont connues depuis longtemps pour HSV et VZV. Ce n'est que plus récemment que la latence virale du CMV est, comme pour l'HSV et le VZV, impliquée dans des maladies, notamment des UA chez l'hôte immunocompétent [6].
Pathologie
Infections oculaires à HSV et VZV
Il est décrit classiquement que l'HSV-1 se propage au contact de la salive ou d'autres sécrétions corporelles, au contraire de l'HSV-2 dont la transmission se fait essentiellement par contact sexuel ou par transmission maternelle lors de l'accouchement. Cette association de l'HSV-1 avec la sphère orofaciale et de l'HSV-2 avec la sphère génitale tend toutefois à être remise en question ces dernières années [ 7]. Bien que l'HSV-2 puisse aussi infecter la sphère orofaciale, il semble rarement impliqué dans des infections oculaires.
L'infection oculaire primaire est très souvent asymptomatique; rarement, elle peut se manifester par une blépharoconjonctivite unilatérale accompagnée d'une éruption vésiculaire palpébrale ou péripalpébrale et d'une kératite épithéliale. Les kératites stromales et les uvéites ne sont pas caractéristiques à ce stade.
Suite à cette infection primaire, le virus migre au travers des nerfs, par transport rétrograde, jusqu'aux ganglions sensitifs correspondant à la zone cutanée ou muqueuse en question (ganglion trigéminé en cas d'atteinte orofaciale), où il va commencer une phase de latence. À partir de là, et pour le reste de la vie du patient, le virus peut se réactiver, et aller, par transport antérograde (empruntant la branche maxillaire du nerf trijumeau puis le nerf ophtalmique), réinfecter l'œil. C'est durant ces phases de réactivation que les UA se développent.
Le VZV se transmet par voie respiratoire ou par contact avec des lésions vésiculaires. Il gagne ensuite le système lymphatique puis, par voie hématogène, la peau où se développe le rash caractéristique de la varicelle. Les UA sont relativement rares à ce stade. Le virus va ensuite établir une latence au niveau de neurones des ganglions sensitifs. De ces sites, le virus peut se réactiver et donner le rash vésiculaire douloureux, le long d'un dermatome, typique du zona. Le ganglion trigéminé est fréquemment affecté et l'atteinte de la branche ophtalmique du nerf trijumeau donne lieu au zona ophtalmique. La branche ophtalmique se divise en trois branches terminales, les nerfs lacrymal, frontal et nasociliaire. En cas d'atteinte du nerf nasociliaire qui innerve la peau de la pointe du nez ainsi que la sclère, la cornée et l'uvée, le risque de manifestations oculaires est élevé (signe de Hutchinson). Comme pour l'HSV, c'est à ce stade de récurrence que les UA se développent. Néanmoins, à la différence de l'HSV, il n'y a en général qu'une récurrence (zona) de VZV au cours d'une vie. Les facteurs de risque sont : l'âge, l'immunosuppression, les infections, le stress et le diabète.
Le rôle de l'immunité innée dans le contrôle de l'infection primaire à HSV et VZV est attesté par la sévérité des infections qui se développent chez les patients ayant des déficits génétiques de cette composante du système immunitaire, notamment dans la production d'interférons [8 , 9]. De la même manière, les patients atteints du sida développent aussi des primo-infections plus sévères, illustrant l'implication du système immunitaire adaptatif [8 , 10]. Une fois dans les ganglions sensitifs, le virus est à l'abri du système immunitaire, d'où il ne peut pas être éliminé. En revanche, le système immunitaire va participer à la régulation des cycles de latence et de réactivation [8].
L'immunité innée et l'immunité adaptative interviennent toutes deux dans le contrôle de l'infection primaire et dans celui des réactivations oculaires. Les manifestations cliniques sont donc le résultat d'un mélange des effets cytopathiques dus au virus lui-même et de la réaction inflammatoire de l'hôte. Dans le contexte particulier des UA, l'effet cytopathique du virus sur les cellules résidentes oculaires joue logiquement un rôle plus important dans les phases précoces de la maladie, tandis que les phases tardives sont plus le fait des réactions immunes [11].
Infections oculaires à CMV
Le CMV infecte de manière asymptomatique la majorité de la population mondiale. L'infection peut se produire chez le fœtus par voie transplacentaire, chez le nourrisson et dans la petite enfance par contact avec les liquides maternels (allaitement), ou par contact avec l'urine ou la salive d'autres enfants, dans l'adolescence ou à l'âge adulte lors de rapports sexuels ou par transfusion sanguine. La greffe d'organe est une autre source d'infection. Chez l'adolescent et le jeune adulte, l'infection entraîne un syndrome proche de la mononucléose. Les personnes infectées vont sécréter de manière intermittente, toute leur vie, des virus dans les liquides biologiques.
Le CMV est capable d'infecter de nombreux types cellulaires, dont certains vont permettre une infection chronique à bas bruit. Les progéniteurs hématopoïétiques et les cellules de la lignée myéloïde abritent du génome viral sans réplication active et servent de réservoir. Les épisodes de réactivation sont contrôlés par le système immunitaire et donc asymptomatiques chez l'hôte immunocompétent, au contraire de l'hôte immunocompromis, où l'infection à CMV entraîne des manifestations cliniques sévères. La physiopathologie des UA à CMV chez l'hôte immunocompétent est encore mal comprise. Il semble que l'uvée antérieure puisse être le siège de l'infection et servir de réservoir [11].
Infection oculaire à EBV
Comme le CMV, l'EBV est excrété de manière intermittente par une part importante de la population. La transmission se fait par contact avec de la salive infectée. Le pic d'incidence se trouve chez les adolescents et les jeunes adultes où l'infection donne le tableau classique de la mononucléose infectieuse . Chez les enfants, l'infection est plus volontiers asymptomatique. Le virus va établir sa latence principalement dans les lymphocytes B, d'où il ne peut pas être éliminé. L'EBV est connu pour son association avec plusieurs types de cancers tels que le lymphome de Burkitt, des carcinomes du nasopharynx et des lymphomes à cellules B [ 2].
Aspects cliniques
Uvéite antérieure à HSV
L'UA est généralement unilatérale, mais peut être bilatérale jusque dans 18 % des cas [12 , 13]. Les récidives sont fréquentes. Les symptômes comprennent une douleur oculaire aiguë, une hyperhémie conjonctivale, des larmoiements, une photophobie et une vision floue. Une atteinte cornéenne est souvent associée à l'uvéite, et est détaillée ailleurs (voir chapitre 22 ). Elle n'est cependant pas systématiquement retrouvée.
On retrouve des précipités rétrodescemétiques (PRD) de taille petite à moyenne, certains pouvant être pigmentés (fig. 47-1
Fig. 47-1
Uvéite antérieure (UA) à HSV.
Patiente de 17 ans, sans antécédents généraux, suivie dans le cadre d'une UA granulomateuse et hypertensive lors de la présentation. L'HSV a été démontré par PCR sur ponction de chambre intérieure (PCA). Un traitement à base d'aciclovir 800 mg (5×/j) a été administré, associé à un traitement local à base de prednisolone horaire puis en schéma dégressif, et à un collyre hypotenseur. L'image montre la présence de précipités rétrodescemétiques (PRD) granulomateux diffus plus importants en inférieur associés à un tyndall cellulaire et des synéchies iridocristaliniennes.
). Leur localisation est centrale, paracentrale ou diffuse, en regard de l'atteinte cornéenne s'il y en a une. Une élévation de la pression intraoculaire (PIO) est fréquemment retrouvée en raison de la trabéculite associée. En conséquence, la complication la plus sévère à craindre est la neuropathie optique glaucomateuse secondaire. L'atrophie irienne, survenant dans 25 % à 46 % des cas, est le plus souvent absente en début de maladie [14]. Celle-ci est généralement sectorielle, mais peut être spiralée ou diffuse dans 10 % des cas [ 15 , 16]. Des synéchies postérieures (25 % à 38 % des cas) et une vitrite (43 %) sont fréquentes [16]. En cas d'inflammation sévère, un hypopyon ou un hyphéma transitoire peuvent survenir. Une hémorragie focale du stroma de l'iris peut être observée dans les phases aiguës. La cataracte, comme dans toute inflammation, peut survenir au décours de la maladie.
Uvéite antérieure à VZV
Même si les chiffres varient d'une étude à l'autre, on peut considérer qu'une atteinte oculaire survient dans 50 % des cas de zona ophtalmique (d'autant plus si l'aile du nez est atteinte – signe de Hutchinson) [ 17]. L'UA à VZV apparaît le plus souvent dans les 15 jours après l'atteinte cutanée. Il est important de souligner que des UA à VZV peuvent survenir également, quoique moins fréquemment, en l'absence de lésions cutanées.
L'uvéite est caractérisée par une atteinte unilatérale, quasi toujours granulomateuse, hypertensive dans 40 % à 75 % des cas [12 , 13]. Une atteinte bilatérale reste exceptionnelle [ 18]. L'atteinte est souvent aiguë, mais des formes chroniques ne sont pas rares. Des exacerbations peuvent apparaître des mois après le rash cutané ou sans rash associé ( zoster sine herpete ). Des cicatrices cornéennes concomitantes (stromales ou endothéliales) peuvent être observées dans 25 % des cas [ 15 , 19]. Les synéchies postérieures sont présentes dans 40 % des cas [ 15]. L'atrophie irienne , survenant dans 25 % à 88 % des cas, est essentiellement sectorielle et/ou irrégulière, témoignant d'un phénomène plus chronique que dans l'UA a HSV [20] (fig. 47-2
Fig. 47-2
Uvéite antérieure (UA) à VZV.
Patient de 68 ans, sans antécédents généraux, suivi dans le cadre d'une UA à VZV démontrée par PCR sur PCA 2 ans auparavant. Le patient est en traitement d'entretien par valaciclovir 500 mg (1×/j) et n'a plus de traitement topique. La PIO est de 14 mmHg. a. L'image montre une série de PRD granulomateux principalement centraux et une atrophie irienne sectorielle avec déformation pupillaire. b. Les PRD peuvent être mis en évidence par OCT de cornée.
). Une vitrite accompagne l'inflammation intraoculaire dans 83 % des yeux [15]. Comme pour l'UA à HSV, la complication principale est la neuropathie glaucomateuse [14 , 20 , 21]. Les caractéristiques cliniques des UA à VZV et à HSV sont donc très proches.
Uvéite antérieure à CMV
La fréquence de l'UA à CMV diffère en fonction des continents. Elle est beaucoup plus importante en Asie qu'en Europe; le CMV a été identifié comme le virus responsable de 67 % des UA hypertensives à Singapour contre 2 % aux États-Unis [22].
Cette UA à CMV peut se présenter principalement par deux formes cliniques : une UA aiguë hypertensive, récurrente de type syndrome de Posner-Schlossman (SPS), ou une UA chronique de type syndrome de Fuchs (SF). Des formes mixtes existant également [ 6 , 23-24-25-26]. La forme aiguë se présente à un plus jeune âge (entre la 3 e et 5 e décennie) que la forme chronique (5 e à 7 e décennie) et, dans les deux, il existe une prédominance masculine [27]. L'uvéite à CMV peut être associée à une endothélite [28].
Uvéite antérieure aiguë à CMV – type syndrome de Posner-Schlossman (SPS)
L'UA à CMV aiguë se présente comme un SPS avec une inflammation récurrente et hypertensive. L'œil présente une légère hyperhémie conjonctivale, secondaire à l'augmentation de la PIO (qui atteint souvent 50 mmHg), ce qui provoque souvent une douleur intense [27]. On retrouve quelques PRD isolés, adoptant un aspect en « coin-shaped» pathognomonique de l'infection. Ceux-ci sont de tailles variables et se localisent souvent au centre de la cornée ou en périlimbique [ 29 , 30] (fig. 47-3
Fig. 47-3
Uvéite antérieure à CMV, forme aiguë (syndrome de Posner-Schlossman).
Patiente de 53 ans, sans antécédents généraux. La patiente présente des uvéites granulomateuses hypertensives récurrentes depuis 2007. Ce n'est qu'après la deuxième ponction de chambre antérieure (PCA) que la PCR a été positive pour le virus CMV. a. Image du segment antérieur en septembre 2009. On remarque un PRD paracentral très large avec, dispersés autour, plusieurs autres de plus petite taille. La PIO est de 34 mmHg, et il n'y a pas de synéchies. La patiente est traitée par un gel de ganciclovir 0,15 %, des gouttes de prednisolone à dose dégressive et un collyre hypotenseur, avec résolution de l'inflammation et normalisation de la PIO. La maladie est caractérisée par des alternances de quiescence et de récidive. b. Aspect du segment antérieur en janvier 2016. La patiente avait arrêté tous les traitements et se présente pour une gêne à l'œil droit. La PIO est de 25 mmHg. Il n'y a pas de synéchies. On note cette fois des PRD plus nombreux et dispersés au centre de la cornée. Il y a aussi un ou deux PRD périlimbiques (non visibles sur la photographie).
).
Une particularité intéressante est que le nombre de cellules endothéliales est significativement réduit dans les yeux positifs pour le CMV, ce qu'on ne retrouve que plus rarement dans les autres UA virales [31 , 32]. L'activité inflammatoire cellulaire est faible et le flare est minime. Les synéchies postérieures sont absentes. L'atrophie irienne peut être irrégulière ou diffuse, rarement sectorielle [24 , 26]. Il n'y a généralement pas de vitrite. Ces épisodes inflammatoires récurrents, quasi toujours hypertensifs, peuvent être responsables d'une perte progressive de la vision par neuropathie optique glaucomateuse [ 33].
Uvéite antérieure chronique à CMV – type syndrome de Fuchs (SF)
L'UA à CMV chronique se présente comme un SF. Les symptômes fréquents sont une gêne oculaire et un flou visuel. Une légère hyperhémie conjonctivale peut être présente associée à des PRD fins, diffus ou d'aspect stellaire dispersés uniformément sur toute la surface cornéenne. L'activité inflammatoire de la chambre antérieure est modérée, le flare est minime et les synéchies postérieures sont absentes. L'iris peut montrer une atrophie irrégulière ou diffuse, mais sans hétérochromie, même dans les cas avancés. La PIO peut être élevée, mais d'ampleur inférieure à l'atteinte aiguë [ 26]. Une vitrite est rarement présente, ce qui contraste avec le SF associé au virus de la rubéole.
Endothélite
Une endothélite à CMV peut accompagner l'UA chez 30 % des patients asiatiques ou européens, ou peut survenir de manière isolée [ 25 , 34]. Elle se caractérise par l'inflammation de l'endothélium cornéen induisant un œdème stromal localisé associé à des PRD [35]. Elle peut être focale ou diffuse, adoptant un aspect similaire à une kératopathie bulleuse. Une formation d'anneau immunitaire comparable à celle observée dans la kératite liée au HSV peut parfois être présente. La PIO peut être élevée [36].
Uvéite antérieure à EBV
Des UA volontiers bilatérales ont été décrites au cours de mononucléoses infectieuses. Le rôle de l'EBV dans le développement d'UA en dehors de ce contexte de primo-infection reste très controversé [37].
Différences cliniques entre les uvéites antérieures à HSV, VZV et CMV
Le tableau 47-1
Tableau 47-1
Différences cliniques entre les uvéites antérieures à HSV, VZV et CMV.
HSVVZVCMV aiguCMV chronique
Âge (ans)30–5050–7020–5040–70
SexeIdentiqueIdentiqueH > F H > F
Origine(s)ToutesToutesPrédominance asiatiquePrédominance asiatique
LatéralitéUnilatérale (bilatéralité possible)UnilatéraleUnilatéraleUnilatérale
Atteinte cutanée±±AucuneAucune
CornéeCicatrices 12–33 %
Atteinte cornéenne 57–61 %
Cicatrices 25 %
Atteinte cornéenne 58 %
Lésions 26 % Anneau immun possible
PRDGranulomateux ou non granulomateux
Petits à moyens
Granulomateux ou non granulomateux
Petits à moyens
Granulomateux, lésions « coin-shaped» isolées Fins, stellaires, diffus
Cellules en CAModéréesModéréesPeuModérées
Flare en CA ModéréModéréMinimeMinime
Forme pupillairePeut être irrégulière Peut être irrégulière NormaleNormale
Synéchies postérieures25–38 % 0–40 % AbsentesAbsentes
Atrophie irienneSectorielle 25–46 % Sectorielle ou circulaire 25–88 % En patch ou diffuse, rarement sectorielle 43 % Diffuse ou en patch 60 %
PIO élevée38–90 % 40–75 % 100 % 69 %
Vitrite43 % 83 % 0 % 9 %
Glaucome18–54 % 30–40 % 23 % 36 %
Cataracte27–30 % 27–30 % 23 % 75 %
Récidive15–65 % 13–51 % 100 % NA

± : l'atteinte cutanée n'est pas nécessairement présente.

CA : chambre antérieure; NA : non applicable; PIO : pression intraoculaire; PRD : précipités rétrodescemétiques.


résume les grandes caractéristiques cliniques des UA à HSV, VZV et CMV. Il souligne que les UA à HSV et VZV ont une présentation très proche. En l'absence de zona manifeste, seul l'âge peut permettre d'orienter le diagnostic, le VZV étant plus probable chez les patients de plus de 60 ans, l'HSV chez ceux de moins de 50 ans.
Les UA à CMV ont, en revanche, certains signes cliniques plus évocateurs. Dans sa forme aiguë, l'atteinte adopte une forme de SPS avec PRD centraux, ou périlimbiques en « coin-shaped» , tyndall peu important, absence de synéchies et de hyalite associés à une PIO très augmentée. Dans sa forme chronique, c'est l'aspect de Fuchs qui prime.
Il est également important de souligner que ces virus étant associés à des rétinites sévères, un fond d'œil soigneux doit être réalisé avant de poser un diagnostic d'UA.
Prise en charge
Méthodes diagnostiques
Ponction de chambre antérieure
Lorsqu'une UA virale est suspectée, l'analyse de l'humeur aqueuse (HA) après ponction de chambre antérieure (PCA) est actuellement la méthode diagnostique utilisée pour confirmer l'étiologie. En effet, d'une part, certaines uvéites non virales peuvent se présenter comme des UA virales, et d'autre part, il n'est pas simple de différencier les différents virus sur la seule base clinique. Les seuls cas où une PCA ne doit pas nécessairement être proposée sont ceux ou une UA caractéristique se présente au décours d'un zona ophtalmique classique. Lors d'une PCA, on recherche des traces du génome viral par réaction de polymérisation en chaîne (PCR) et une production intraoculaire d'anticorps dirigés contre le virus par l'analyse du coefficient de Goldmann-Witmer (cGW) [19 , 38 , 39].
Réaction de polymérisation en chaîne (PCR)
La PCR permet de détecter dans l'HA la présence de quantités minimales d'ADN viral, surtout dans les phases précoces de la maladie. La PCA doit donc être effectuée rapidement, lors du début de l'uvéite et du pic de PIO, de préférence avant le début du traitement, en particulier dans le cas du CMV [ 40]. Une PCR négative n'exclut pas une étiologie virale, les faux négatifs étant fréquents [ 19 , 41]. Dans un nombre non négligeable de cas, un résultat positif ne peut être obtenu qu'après des PCA répétées [42]. À l'inverse, la PCR peut donner un résultat faussement positif en détectant l'ADN des virus latents dans les leucocytes présents dans la chambre antérieure lors de l'inflammation.
Analyse du coefficient de Goldmann-Witmer (cGW)
Le cGW permet de détecter la production intraoculaire d'anticorps dirigés contre un virus. Il s'obtient en établissant le rapport des ratios d'IgG spécifiques de l'HA/sérum et d'IgG totales de l'HA/sérum. Contrairement à la PCR qui a tendance à être positive au début de la réactivation, l'analyse du cGW peut prendre jusqu'à 2 semaines pour que celui-ci devienne positif, mais il le reste pendant de plus longues périodes; cette analyse est donc plus utile lorsque les patients se présentent tardivement.
Ces deux tests diagnostiques sont complémentaires et il est recommandé, dans la mesure du possible, de les réaliser en parallèle pour augmenter la probabilité du diagnostic [39]. L'analyse du cGW n'étant pas accessible dans beaucoup de pays, le diagnostic d'UA virale repose alors uniquement sur la PCR [ 19 , 39 , 41].
Autres investigations
La microscopie spéculaire permet de quantifier une diminution du nombre de cellules endothéliales par rapport à l'œil controlatéral, fréquente dans une uvéite antérieure à CMV, l'importance de la perte de cellules endothéliales étant corrélée à la gravité de la maladie virale [20 , 32]. La tomographie par cohérence optique (OCT) cornéen peut démontrer un épaississement endothélial et des lésions endothéliales nodulaires hautement réflectives. La microscopie confocale peut permettre de mettre en évidence des « cellules en œil de hibou » (grandes cellules endothéliales contenant des noyaux avec une zone de réflexion élevée entourée d'un halo de faible réflexion) dans les atteintes endothéliales à CMV. Elle est aussi utile pour surveiller la réponse au traitement [ 43]. La sérologie virale a une valeur limitée, car la plupart des adultes sont séropositifs à la suite d'une exposition fréquente aux virus. Les sérologies négatives permettent en revanche d'éliminer l'étiologie virale.
Traitements
Traitement de l'uvéite antérieure à HSV et VZV
Antiviraux systémiques
Il est préférable d'utiliser le valaciclovir ou le famciclovir , la prise orale de ces molécules menant à des concentrations sériques plus prédictibles qu'avec l'aciclovir. Le traitement antiviral peut être ainsi fondé sur la prise orale de valaciclovir, à une dose de 500 mg ou 1 g 3 fois par jour pendant au moins 2 semaines, suivie de 500 mg par jour en traitement de fond qui doit être maintenu 3 à 12 mois, selon la clinique. L'aciclovir oral reste une possibilité. Il est administré au dosage de 400 à 800 mg 5 fois par jour pendant 2 semaines suivi d'un traitement de 400 mg 2 fois par jour [16].
Il n'est pas rare qu'un traitement antiviral systémique associé à des gouttes de corticoïdes à faible dose puisse être utilisé pendant plusieurs années pour éviter les récidives. Un monitorage de la fonction rénale est nécessaire si le traitement est prolongé, car ces médicaments peuvent provoquer une insuffisance rénale aiguë.
Corticoïdes locaux
Les corticoïdes locaux doivent être associés au traitement antiviral pour aider à contrôler l'inflammation antérieure. Le choix de la molécule et de la fréquence d'instillation varie selon les centres, mais on retrouve toujours une dose d'attaque suivie, lorsque l'inflammation est résolue, d'une décroissance dont la durée dépend de la réponse clinique.
Agents mydriatiques
Comme pour toute inflammation antérieure, des collyres mydriatiques doivent être prescrits pour tenter de réduire la douleur et le risque de synéchies postérieures.
Agents antiglaucomateux
Les agents antiglaucomateux sont topiques afin de contrôler la PIO souvent très élevée. Une PIO sévère peut nécessiter la prescription d'inhibiteurs de l'anhydrase carbonique oraux et une chirurgie filtrante.
Traitement prophylactique en cas de chirurgie oculaire
Des récidives de zona et d'atteintes herpétiques antérieures ont été décrites après phacoémulsification du cristallin [ 44]. De la même manière, l'application de mitomycine C lors de trabéculectomies a aussi été associée à des récidives de kérato-uvéites herpétiques. Un traitement prophylactique par antiviral semble donc indiqué lorsqu'une chirurgie oculaire est programmée chez un patient ayant des antécédents d'UA à Herpesviridae [44].
Traitement de l'uvéite à CMV
Antiviraux
Le CMV n'étant pas sensible à l'aciclovir, les UA à CMV doivent être traitées par des médications à base de ganciclovir ou de valganciclovir (son promédicament). Plusieurs études ont démontré l'efficacité d'un traitement de valganciclovir par voie orale. On recommande un traitement d'attaque de 900 mg 2 fois par jour pendant 3 semaines suivi d'un traitement d'entretien de 450 mg 2 fois par jour pendant au moins 4 semaines [ 45]. Si cette voie systémique est adoptée, il est important de suivre la toxicité médullaire, rénale et hépatique. Certains auteurs sont favorables à l'administration de ganciclovir intravitréen, avec une injection de 2 mg/0,05–0,1 ml chaque semaine pendant 3 mois, avec ou sans valganciclovir oral d'appoint. L'efficacité de ces deux approches est bien établie.
L'apport d'un traitement topique est plus controversé. Néanmoins, il semble que l'utilisation de gel ou collyres, dont la concentration peut aller de 0,15 % à 2 %, puisse être efficace dans le traitement de l'UA et l'endothélite à CMV [ 46 , 47]. Malheureusement, le taux de récidive à l'arrêt du traitement, tant systémique que local, est élevé.
Corticoïdes locaux
L'inflammation intraoculaire est traitée par des corticoïdes locaux, en schéma dégressif dès que l'inflammation est contrôlée.
Agents mydriatiques
L'UA à CMV n'étant pas synéchiante, des agents mydriatiques ne sont généralement pas administrés.
Agents antiglaucomateux
Un traitement intense doit être appliqué afin de contrôler les effets néfastes de l'élévation fréquente et importante de la PIO, en évitant les analogues des prostaglandines qui ont été démontrés responsables du déclenchement d'uvéite a CMV [31 , 48].
Conclusion
Les virus HSV, VZV et CMV, de la famille des Herpesviridae , sont une cause importante d'uvéite antérieure (UA). Ils ont en commun de se présenter préférentiellement comme des UA unilatérales, granulomateuses et hypertensives. Devant ce tableau clinique, une uvéite à Herpesviridae doit toujours être considérée. Le diagnostic est établi par PCR et coefficient de Goldmann-Witmer après ponction de chambre antérieure. Le traitement est fondé sur l'administration d'antiviraux oraux, éventuellement locaux dans le cas du CMV, et il sera chronique dans bien des cas.
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