Les traumatismes oculaires sont la cause de cécité chez environ un demi-million de personnes dans le monde. Ils sont souvent la principale cause de perte de vision, ou de malvoyance, unilatérale, et représenterait la 3eme indication d’hospitalisation en ophtalmologie.
Dans notre contexte marocain, le traumatisme oculaire serait un motif fréquent de consultations aux urgences, de sévérité et de pronostic variables.
Le but de notre travail est d’étudier l’épidémiologie de la survenue des traumatismes oculaires aux urgences, de mettre en évidence le risque potentiel couru par les travailleurs manuels, et d’insister sur le rôle de la prévention. En effet, l'impact du traumatisme oculaire, en termes de besoin de soins médicaux, de perte de revenu et de coût des services de réadaptation, rend le renforcement des mesures préventives très utile.
Il s’agit d’une étude descriptive transversale réalisée aux urgences ophtalmologiques de l’hôpital des spécialités du CHU Ibn Sina de Rabat incluant tous les patients s’étant présentés à la consultation du même médecin, et ce entre décembre 2016 et décembre 2018.
L’étude a concerné 880 patients, avec un âge moyen de 36,5ans et un délai moyen de consultations de 36 jours après le début de la symptomatologie. 31% de ces consultants sont référés d’une autre structure hospitalière.
353 personnes ont consulté suite à un traumatisme oculaire, soit 40% des consultations aux urgences. L’âge moyen était de 32ans, et le délai de consultations était de 2 jours après l’incident.
156 de ces personnes victimes de traumatismes sont des travailleurs manuels ayant reçu un projectile durant la réalisation de leur devoir professionnel. Ceci représente 17,7% de l’ensemble des consultations aux urgences et 44% des consultations pour motif de traumatisme. Tous les patients étaient de sexe masculin avec un âge moyen se situant aux alentours de 34ans et un délai de consultation inférieur à 2 jours après le traumatisme.
L’étude uni-variée montre que 86,5% de ces derniers avaient un corps étranger cornéen superficiel ; 11% s’étaient présentés avec un ulcère de cornée sans individualisation de corps étranger ; tandis que 2,5% de ces malades avaient une plaie de cornée, un corps étranger intra oculaire et un décollement de rétine post-traumatique.
L’étude multi-variée note une légère augmentation de la survenue des traumatismes durant l’automne (22%).
Les résultats de ce travail prouvent que les traumatismes oculaires professionnels représentent un problème de sante publique. Ces accidents, pourtant évitables, sont fréquents dans notre contexte et peuvent engendrer des lésions sévères, au pronostic réservé des fois.
Par conséquent, les lieux de travail présentant un risque élevé de lésions oculaires devraient renforcer leurs mesures de protection et des programmes de formation devraient être mis en place à la fois pour les travailleurs et les médecins du travail.
