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Abcès graves de cornée: aspects épidémiologiques, cliniques, thérapeutiques et évolutifs

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Orateurs :
Dr Khalil ERRAIS
Auteurs :
Dr Khalil ERRAIS
Dr Imene ZHIOUA BRAHAM
F Rmili
Dr Chtourou HABIBA
Marwa Anane
Mejdi Boukari
Dr Raja ZHIOUA GMAR
Tags :
Résumé

Introduction

L’abcès grave de la cornée est une pathologie de pronostic visuel réservée. Son diagnostic est clinique. Sa prise en charge doit être urgente afin d’éviter la survenue des complications. 

Patients et Methodes

Il s’agit d’une étude rétrospective sur une période de 7 ans qui a colligé tous les cas d'abcès graves de la cornée ayant nécessité une hospitalisation. Tous les patients ont eu un examen ophtalmologique complet et un grattage cornéen à la lampe à fente avec un examen bactériologique, mycosique et parasitologique (après une fenêtre thérapeutique éventuellement). Une antibiothérapie empirique de collyres fortifiés (vancomycine et ceftazidime) en attente du résultat bactériologique a été préscrite à tous les patients. Une antibiothérapie systémique a été indiquée en cas d’atteinte cornéenne profonde et/ou d’inflammation intraoculaire associant ofloxacine et imipenème. Le traitement antimicrobien a été adapté en fonction du résultat du prélèvement et de l'évolution. Nous avons recherché les facteurs favorisant l'abcès de cornée, ainsi que les facteurs associés à une acuité visuelle finale > 1,3 LogMar. 

Résultats

L'étude a colligé 51 yeux de 46 patients. L’âge moyen était de 49±21 ans (8 - 83 ans). Le sex ratio était de 0,88. Le délai diagnostic était de 7,4±6 jours. Les facteurs favorisant les plus fréquents étaient la greffe de cornée (49%), le traumatisme oculaire (24%) et les pathologies de surface oculaire (21%). L'acuité visuelle initiale était de 2,2±0.72 LogMar. Le prélèvement était positif dans 26 cas (50%) dont 16 cas de bactéries gram positif (61%), 3 cas de batéries gram négatif (12%), 5 cas d’Acanthamoeba spp (19%), 1 cas de Candida albicans (4%) et 1 cas d’Aspergillus fumigatus (4%). On a trouvé une corrélation statistiquement significative entre l’Acanthamoeba spp et le port de lentilles de contact (p<0,000001). Après résultat microbiologique, l’antibiothérapie par collyres fortifiés a été continuée dans 75% des cas, des collyres d’anti-amibiens ont été préscrits dans 8% des cas, des collyres anti-fongiques dans 6%, une antibiothérapie par voie générale dans 60% des cas et des anti-fongiques par voie générale dans 20% des cas. Une kératoplastie à chaud a été indiquée dans un seul cas de pré-perforation cornéenne.

L'évolution était favorable dans 27% des cas avec amélioration de l'acuité visuelle et diminution de l’opacification cornéenne. Des séquelles à type d'opacité cornéenne ont été trouvées dans 59% des cas. Une kératoplastie à but optique a été pratiquée dans 2 cas. L'acuité visuelle finale était de 2,28±0,98 Log Mar. Le recul moyen était de 153 jours. On a trouvé une corrélation statistiquement significative entre une acuité visuelle finale > 1,3 LogMar et le siège central de l’abcès (p=0,005). 

Discussion

Les facteurs de risque de l'abcès cornéen sont principalement le port de lentilles de contact dans les pays développés et les traumatismes oculaires dans les pays en voie de développement. Dans notre série, les facteurs de risque les plus importants étaient la greffe de cornée, la sécheresse oculaire et les traumatismes oculaires.

Conclusion

Les abcès cornéens sont des infections graves qui mettent en jeu le pronostic visuel. Leur prévention passe par une meilleure gestion des traumatismes oculaires, une meilleure éducation des porteurs de lentilles de contact et un traitement approprié des pathologies de surface oculaire.