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Atteinte cornéenne sévère liée à la variole du singe (Human Monkeypox virus)

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Orateurs :
Dr Renan HOURY
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Résumé

Objectif

La variole du singe est une zoonose causée par un orthopoxvirus apparenté à la variole. Des manifestations oculaires telles que des conjonctivites sont observées dans près de 30% des cas chez les personnes non vaccinées et 7% chez les personnes vaccinées. Depuis le début de l'épidémie de 2022, des cas de blépharite, de conjonctivite avec pseudomembranes et ulcérations conjonctivales, et beaucoup plus rarement de kératite, ont été rapportés dans la littérature. 

Description de cas

Nous rapportons 2 cas d'atteinte cornéenne sévère secondaire à une infection par le virus Monkeypox.

Observation

Deux patients immunocompétents d'une trentaine d'années ont consulté pour une conjonctivite unilatérale associée à des ulcérations palpébrales et génitales. Le virus du monkeypox a été détecté par PCR sur des échantillons de larmes. Deux semaines après le début des symptômes, un infiltrat cornéen périphérique linéaire et arciforme fluo positif et migrant de façon centripète a été observé.

Dans le cas n°1, l'infiltrat était circonférentiel et associé à des ulcérations conjonctivales et des pseudomembranes. Les deux patients ont été traités avec de la trifluridine topique et des corticostéroïdes locaux. Le cas n°1 a également été traité par des perfusions de cidofovir et du tecovirimat oral car plus sévère. Après 29 jours, l'infiltrat était confluent au centre de la cornée. Une diminution de la douleur, de la taille de l'infiltrat et une PCR négative ont été rapportées 6 semaines après le début des symptômes. L'acuité visuelle corrigée était de 7/10. Dans le cas n°2, trois semaines après le début de l'atteinte cornéenne, des infiltrats sous-épithéliaux persistaient, avec une acuité visuelle préservée. Dans les deux cas, des précipités rétro cornéens pigmentés ont été observés.

Discussion

L'atteinte cornéenne du virus Monkeypox présente des similitudes avec l'atteinte d'autres orthopoxvirus comme la variole avant la vaccination, avec des signes oculaires dans 5 à 9 % des cas de variole, notamment conjonctivite, infiltrats et ulcères cornéens.

Le Tecovirimat (inhibiteur de VP37), le cidofovir et brincidofovir (prodrug oralede cidofovir) ont montré une efficacité sur des modèles animaux mais peu de données sont disponibles concernant le traitement de l'atteinte oculaire par le virus du Monkeypox. La trifluridine topique et a été utilisée pour le traitement préventif et curatif des lésions conjonctivales, cornéennes et palpébrales liées à la vaccine et à la variole. Les corticostéroïdes ont été efficaces pour réduire la douleur dans nos cas mais pourrait entraîner une rechute inflammatoire à l'arrêt du traitement. Chez nos patients, les antiviraux n’ont pas semblé modifier l’évolution de la kératite. 

Conclusion

En résumé, la kératite secondaire au Monkeypox est sévère et apparaît plus tard que les signes de conjonctivite. Le rôle des antiviraux reste à déterminer.