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Collyre au tacrolimus dans les pathologies inflammatoires réfractaires de la surface oculaire (hors sécheresse) : premier retour d’expérience

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Orateurs :
Dr Guy DE SAINT SAUVEUR
Auteurs :
Dr Guy DE SAINT SAUVEUR
Jean-Baptiste Delmotte
Stéphanie Charles-Weber
Dr Elodie DA CUNHA PEREIRA
Dr Jeremie BENICHOU
Dr Mohamed MGARRECH 1
Dr Aurélien HAY
marc labetoulle 1
Dr Antoine ROUSSEAU
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Résumé

Introduction

Le tacrolimus est un inhibiteur de la calcineurine, 50 à 100 fois plus puissant que la ciclosporine A à concentration égale. L’efficacité du tacrolimus en topique oculaire a été rapportée dans plusieurs maladies inflammatoires de la surface oculaire, et en prophylaxie des rejets de greffe de cornée. Un collyre au tacrolimus est désormais disponible en France depuis juin 2019, grâce à une ATU nominative. Nous rapportons ici un premier retour d’expérience sur les effets de ce collyre chez des patients atteints de pathologies inflammatoires de la surface oculaire, réfractaires aux thérapies conventionnelles. 

Patients et Methodes

Dans cette étude rétrospective menée au CHU de Bicêtre-Paris Saclay, nous avons évalué la tolérance et l’efficacité d’un collyre à 1mg/ml de tacrolimus instillé deux fois par jour, chez des patients atteints de kératites herpétiques stromales (KHS) récidivantes, de formes très sévères de rosacée oculaire (RO) et de kératoconjonctivites atopiques (KCA). Les critères d’inclusion étaient une pathologie non contrôlée par un traitement conventionnel maximal, dont un collyre à la ciclosporine concentré à 2% (ou une intolérance à ce dernier). La tolérance au tacrolimus a été évaluée sur une échelle de 0 (très confortable) à 10 (intolérable). L’évaluation de l’efficacité était adaptée en fonction de l’indication.

Résultats

De février 2020 et décembre 2020, 15 yeux de 10 patients (5 hommes, 5 femmes, âge moyen 41±15 ans) ont été traités par collyre de tacrolimus pour une  KHS (5 yeux, 5 patients), une RO (4 yeux, 2 patients) ou une KCA (6 yeux, 3 patients). Trois patients (30%) ont arrêté le traitement avant le premier contrôle en raison d’une intolérance, à type de brûlures et hyperhémie conjonctivale (1 traité pour RO, 1 pour KCA et 1 pour KHS). Pour les patients ayant poursuivi le traitement, la tolérance était bonne, évaluée à 2,1±1,9. Pour le patient RO ayant poursuivi le traitement, le score d’Oxford (sur 15) est passé de 4 à 0 dans les 2 yeux dès le premier mois, puis est resté à 0 à 3 mois. Dans le groupe KCA, le score d’Oxford est passé de 6±2,3, à 2,2±3,3 après 3 mois de traitement, et le score OSDI de 31±4,2 à 20±7,1, sans que le traitement antihistaminique topique n'ait été modifié lors du passage sous tacrolimus. Dans le groupe KHS, le nombre de récidives est passé de 2,3±0,6 dans les 6 mois précédant l’inclusion à 0,3±0,6 au cours du suivi (5,0±1,7 mois), sans que le traitement prophylactique antiviral n'ait été modifié lors du passage sous tacrolimus.

Discussion

Les thérapeutiques disponibles pour traiter les pathologies inflammatoires réfractaires de la surface oculaire sont limitées. Le collyre à la ciclosporine à 2%, utilisé hors-AMM, n’est pas toujours efficace, ni bien toléré. Le tacrolimus est déjà autorisé au Japon en collyre 0,1% dans les KCA et il est régulièrement utilisé dans l’atteinte oculaire de la maladie du greffon contre l’hôte. Une étude rétrospective récente a par ailleurs  rapporté des résultats encourageants pour réduire la fréquence des KHS.

Conclusion

Conclusion

Ces premiers résultats confirment l’intérêt potentiel du tacrolimus dans les pathologies sévères et réfractaires de la surface oculaire, mais aussi une mauvaise tolérance chez certains patients. Un suivi de plus longue durée et surtout des études prospectives contrôlées seront nécessaires pour mieux cerner les bons candidats à cette thérapeutique ciblant les formes réfractaires des inflammations chroniques de la surface oculaire.