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Conjonctivites fibrosantes induites par les inhibiteurs des points de contrôle de l’immunité : à propos de 2 cas

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Orateurs :
Mr Nicolas RIDEAU
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Résumé

Objectif

Les inhibiteurs des points de contrôle de l’immunité (IPCI), comme les anti-PD1, les anti-PDL1 et les anti-CTLA4, sont des immunothérapies anticancéreuses dont les indications sont de plus en plus larges. Les patients recevant ces traitements peuvent développer des effets indésirables liés à l’activation du système immunitaire (immune-related adverse events ou irAEs) qui peuvent atteindre toutes les structures oculaires. Si la sécheresse oculaire est l’atteinte la plus fréquemment observée, les pathologies plus sévères de la surface oculaire (sclérite, ulcère de cornée…) sont beaucoup plus rares.

Description de cas

Nous rapportons ici deux cas de conjonctivite fibrosante survenus chez des patients sous IPCI.

Observation

1er cas : Une patiente de 57 ans, traitée par atézolizumab (anti-PDL1) dans le cadre d’un adénocarcinome parotidien, développait une conjonctivite fibrosante bilatérale dans le contexte d’un lichen plan avec une atteinte cutanée diffuse après 7 mois de traitement. L’examen retrouvait un comblement des culs-de-sac conjonctivaux, une fibrose de la conjonctive tarsale supérieure et inférieure ainsi qu’une kératoconjonctivite ponctuée diffuse. Un traitement combinant substituts lacrymaux, collyres à la ciclosporine, occlusion méatique et adaptation en lentilles sclérales permettait une nette amélioration clinique et une poursuite de l’atézolizumab.

2ème cas : Une patiente de 74 ans, traitée par pembrolizumab (anti-PD1) dans le cadre d’un adénocarcinome bronchique avec métastases cérébrales et atteinte par ailleurs d’un glaucome à angle ouvert, développait une conjonctivite fibrosante bilatérale après 10 mois de traitement sans atteinte cutanéo-muqueuse associée. L’examen clinique ophtalmologique retrouvait i) à droite : un comblement du cul-de-sac conjonctival inférieur, une fibrose conjonctivale tarsale supérieure et une kératite ponctuée inférieure ii) à gauche : un comblement du cul-de-sac conjonctival inférieur, une fibrose conjonctivale tarsale supérieure, une kératite ponctuée inférieure, un symblépharon et une insuffisance limbique supérieure. Le bilan étiologique exhaustif était négatif. Un traitement combinant substituts lacrymaux, collyres à la ciclosporine et retrait des collyres conservés était mis en place. L’apparition 3 mois plus tard d’un œdème maculaire cystoïde bilatéral, avec une acuité visuelle à 1,5/10 aux deux yeux, motivait l’arrêt définitif du pembrolizumab.

Discussion

Si des maladies bulleuses induites par les IPCI ont déjà été rapportées, il s’agit à notre connaissance des 2 seuls cas de conjonctivite fibrosante décrits dans le contexte d’un traitement par IPCI. Bien que l’imputabilité ne soit pas indiscutable, la chronologie, ainsi que les atteintes systémiques (cas 1) et oculaires (cas 2) associées sont suggestives d’un lien de causalité.

Conclusion

Des conjonctivites fibrosantes, isolées ou bien dans le contexte de maladie systémique, peuvent être induites par les IPCI. Ces atteintes potentiellement sévères de la surface oculaire doivent être dépistées précocement et faire l’objet d’un bilan et d’une prise en charge multidisciplinaire.