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Dépistage des troubles visuels à l'âge scolaire : Les données du projet pilote PlanVue®

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Orateurs :
Dr Denis GEORGELIN
Auteurs :
Dr Denis GEORGELIN
Fabienne Jonqua
Katarzyna Makowiecka
Sydney Wheeler
Christophe Baudouin
Dominique Bremond-Gignac 2
Dr Antoine LABBE
Tags :
Résumé

Introduction

En France, en dehors des recommandations de dépistage des troubles visuels réalisé par le médecin traitant, le pédiatre et la médecine scolaire, il n’existe pas de programme de dépistage systématique des troubles visuels à grande échelle chez les enfants d’âge verbal. Or, une anomalie de la fonction visuelle non corrigée chez un enfant peut être une source de handicap visuel irréversible en cas d’amblyopie, mais aussi de difficultés d’apprentissages, émotionnelles et sociales. Le projet pilote PlanVue®, qui s’est inspiré du programme américain ChildSight, coordonné par l’association Helen Keller International Europe, avait pour but de détecter et de prendre en charge les troubles visuels chez les enfants scolarisés dans les réseaux d’éducation prioritaire (REP) de la politique de la ville de Nanterre, France.

Le but de notre étude était d’évaluer rétrospectivement les données épidémiologiques issues du projet pilote PlanVue concernant la santé visuelle des enfants en âge scolaire en France.  

Patients et Methodes

Le projet pilote PlanVue® a été conçu pour détecter et prendre en charge les troubles visuels des enfants scolarisés dans les réseaux d’éducation prioritaire de Nanterre, France. Au cours de cette étude pilote, 515 enfants de 4 à 13 ans ont bénéficié à l’école, entre janvier et mars 2019, d’un examen de la fonction visuelle consistant en une évaluation globale du comportement visuel, une mesure de l’acuité visuelle de chaque œil, une évaluation de la réfraction objective par photoscreening, et la recherche d’un strabisme. En cas d’examen anormal, défini par une vision altérée ou selon un algorithme établi sur les anomalies retrouvées, les enfants étaient adressés à un ophtalmologiste, et équipés en lunettes si cela était nécessaire.

Résultats

Une altération de mesure de l’acuité visuelle a été retrouvée chez 20% des élèves. Sur les 515 enfants dépistés, 22% ont été orientés vers un ophtalmologiste. Parmi ces enfants, 13% présentaient une amblyopie, 73% présentaient une amétropie sphérique, 57% présentaient un astigmatisme et 2% présentaient un strabisme. Sur l’ensemble de la population dépistée, 12% des enfants nécessitaient une correction optique et n’en étaient pas pourvus.

Discussion

Dans ses recommandations de 2002, l’Agence Nationale d'Accréditation et d'Évaluation en Santé concluait qu’un programme national de dépistage systématique des enfants n’était actuellement pas recommandé, en plus de l’examen réalisé par la médecine scolaire à la 6ème année, pourtant trop peu réalisé. Il apparaît néanmoins capital de dépister de façon systématique les enfants d’âge scolaire étant donné la prévalence encore trop élevée des troubles réfractifs non corrigés et de l’amblyopie, estimée à 2,9% de la population Européenne. L’aide des professionnels paramédicaux, et en particulier des orthoptistes, est capitale dans la conception d’un programme de dépistage à grande échelle. 

Selon notre étude, 14% des enfants de 4 à 13 ans scolarisés en réseau d’éducation prioritaire avaient besoin de lunettes et 87% d’entre eux n’en portaient pas avant le dépistage. La France comptait en 2020 environ 12 millions d’enfants de moins de 15 ans et on peut donc estimer qu’environ 1,4 millions d’enfants dans le pays auraient besoin de lunettes sans le savoir, justifiant la nécessité d’un tel dépistage.

Conclusion

Cette étude confirme la prévalence élevée des troubles réfractifs non corrigés chez les enfants d’âge scolaire. Un programme de dépistage réalisé en milieu scolaire par des professionnels paramédicaux peut permettre de réduire considérablement la proportion de troubles visuels non corrigés et leurs conséquences.