Name

État des lieux de la prise en charge du glaucome en France

La disparité de l’offre de soin en ophtalmologie en France, la multiplicité des prises en charge et l’accessibilité difficile à certains examens complémentaires rendent l’uniformisation des pratiques difficile. Un questionnaire a été conçu pour évaluer les pratiques cliniques des ophtalmologistes dans la prise en charge du glaucome en France en 2021.

Un autoquestionnaire de 15 questions a été envoyé par email aux ophtalmologistes français grâce au listing de la principale revue pratique d’ophtalmologie (« Réalités Ophtalmologiques ») et du principal syndicat d’ophtalmologie français (Syndicat National des Ophtalmologues de France).

459/471 réponses reçues ont été analysées. Le taux de réponse au niveau national pouvait être estimé à environ 8% (459/5850 ophtalmologistes exerçant en France au 1er /01/2020). La gonioscopie était réalisée à 64.7% avec un verre de Goldmann à 3 miroirs, à 51.4% avec un verre à 4 miroirs, 8.1% préféraient la remplacer par une imagerie du segment antérieur. Le champ visuel était interprété sans difficulté pour 87,8% des praticiens et 54.0% utilisaient un logiciel de progression. L’échographie en mode UBM (Ultrasound BioMicroscopy) était interprétée sans difficulté par 20.0% des praticiens. En cas de forte hypertonie oculaire avec une bulle de filtration plate en post opératoire précoce de trabéculectomie, 61.7% choisissaient en première intention le massage du globe oculaire,

52.9% la lyse d'un fil du volet scléral au laser Argon, 50.5% la révision de la bulle à l'aiguille,

24.8% l’instillation de collyres hypotonisants. En cas de forte hypertonie oculaire avec une bulle de filtration plate en post opératoire précoce de sclérectomie profonde non perforante, 53.2% choisissaient en première intention la goniopuncture, 34.4% la révision de la bulle à l'aiguille, 31.8% le massage du globe oculaire, 23.3% l’instillation de collyres hypotonisants. La place de la trabéculoplastie sélective au laser était dès le diagnostic pour

37.5% des répondeurs, en association avec une mono ou bithérapie pour 93.2%, après avoir essayé différentes associations de collyres pour 45.5%, en cas de dégradation du champ visuel malgré une pression intraoculaire normalisée pour 46.6%, en cas d'hypertonie après une chirurgie filtrante pour 19.2%. Concernant la prise en charge en première intention du glaucome primitif par fermeture de l’angle, 80.8% envisageaient une iridotomie périphérique, 18.7% une chirurgie de la cataracte.

Cette enquête est la seule étude française étudiant les pratiques cliniques des ophtalmologistes en vie réelle dans la prise en charge du glaucome sur le plan diagnostique et thérapeutique. La diversité des réponses concernant la prise en charge du glaucome doit attirer l’attention sur la nécessité d’un enseignement, d’une uniformisation des pratiques des ophtalmologistes souhaitant se spécialiser dans le glaucome et de mieux répartir l’offre de soins en fonction des régions.

Cette première étude caractérisant les pratiques des ophtalmologistes français en glaucome en fonction de la durée d’exercice et de l’orientation de leur pratique pourrait permettre de cibler la formation des ophtalmologistes et d’adapter l’offre de soin en fonction des régions.