Le kératocône est une maladie non inflammatoire caractérisée par un amincissement et une ectasie de la cornée. Il est responsable d’une baisse de l'acuité visuelle du fait d’un astigmatisme irrégulier et de la survenue d’opacités cornéennes. Le crosslinking permet de ralentir, voire de stopper l’évolution d’un kératocône. Il utilise des ultraviolets, afin de créer des ponts entre les lamelles du collagène stromal, rigidifiant ainsi la cornée. Il est indiqué dans les kératocônes évolutifs.
Le but de notre travail est d’évaluer les résultats à long terme du crosslinking chez les patients atteints de kératocône.
Il s’agit d’une étude rétrospective sur 2 ans, incluant tous les patients atteints de kératocône évolutif documenté quel que soit le stade selon la classification de krumeich et ayant bénéficié d’un crosslinking cornéen suivant le protocole Epi-off (après désépithélialisation de la cornée, imprégnation de riboflavine isotonique pendant 20 minutes suivie de 10 minutes d’irradiation aux ultraviolets à une intensité de 9 mW/cm2).
Les paramètres étudiés sont : l’âge, le sexe, la latéralité du kératocône, le stade évolutif selon Krumeich, le délai de prise en charge, l’acuité visuelle, l’astigmatisme, la pachymétrie minimale, la kératométrie maximale, la kératométrie moyenne, la survenue de complications.
Nous avons recensé un total de 62 yeux provenant de 37 patients. L’âge moyen était de 17 +/- 7 ans avec une prédominance féminine de 56,8%. On note une stabilité de l’acuité visuelle après crosslinking. Le kératocône était bilatéral dans 83,8%. Trente deux virgule trois pourcents (32,3%) des yeux étaient classés au stade 2 de Krumeich. La pachymétrie minimale moyenne était mesurée à 445,5μm (en pré-opératoire), 425,5μm (à 6 mois), 426,3μm (à 1 an) et 429,3μm (à 2ans). La kératométrie maximale moyenne était de 55,6D (en préopératoire), 57D (à 6mois), 56,4D (à 1 an) et 54,8D (à 2ans). L’astigmatisme topographique moyen était de -5,8D (préopératoire), -5,1D (à 6 mois), -4,7D (à 1 an) et -4,3D (à 2 ans). Six pourcents (6%) des yeux ont présenté une complication post opératoire et ont bien évolué sous traitement médical.
Il découle de ces résultats que le crosslinking permet de réduire la progression du kératocône évolutif. Cependant, il faut prendre en compte les fluctuations topographiques afin de ne pas conclure à tort à une évolution de la maladie. La bonne réalisation du crosslinking du collagène cornéen, l’hygiène de vie et notamment le facteur mécanique des frottements oculaires restent à prendre en considération, un suivi médical rapproché permet d’éviter les complications infectieuses et l’amélioration de l’acuité visuelle par une correction optique adaptée.
En l’absence de traitement, le kératocône entraine une baisse profonde de l’acuité visuelle et évolue vers des complications graves telles que l’hydrops de cornée nécessitant le recours à une kératoplastie. Le crosslinking reste un moyen efficace et peu iatrogène pour la stabilisation des patients présentant un kératocône évolutif.