Name
Evaluation in vitro de l’activité antibactérienne du collyre de fluorescéine 0,5%

Merci de vous identifier pour accéder à ce contenu.

Je me connecte  


Orateurs :
Thibaud Bouche
Auteurs :
Thibaud Bouche
Francois Guerin
Olivier Join Lambert
Jean-Claude Quintyn
Tags :
Résumé

Introduction

Face à un abcès de cornée (AC) sévère, il est consensuel de réaliser un prélèvement microbiologique afin d’identifier le germe responsable et d’adapter l’antibiothérapie locale. La fréquence des prélèvements d’AC positifs varie entre 21 et 81 % selon les études. Ainsi, augmenter le taux de résultats positifs représente un enjeu majeur dans l’amélioration de la prise en charge des AC. Plusieurs études ont démontré l’activité antibactérienne des anesthésiques locaux utilisés en ophtalmologie, avec un risque de négativer le prélèvement microbiologique. Cependant, aucune étude ne s’est intéressée à l’activité antibactérienne de la fluorescéine pourtant utilisée en pratique courante pour le diagnostic d’AC. 

Nous avons donc réaliser une étude dont l’objectif est d’évaluer in vitro l’activité antibactérienne de la fluorescéine 0,5% et des principaux collyres anesthésiques utilisés en pratiques courantes.

Patients et Methodes

Les principaux micro-organismes mis en évidence en cas d’AC ont été testés à partir d’isolats cliniques : Staphylococcus epidermidisStaphylococcus aureusPseudomonas aeruginosaStreptococcus pneumoniae, Moraxella lacunata, Moraxella catarrhalis, Serratia marcescens et Corynebacterium macginleyi. Les collyres suivants ont été testés : Fluorescéine 0,5% (Concentration solution (Cs) : 5000 mg/L), Oxybuprocaïne 0,4% (Cs : 4000 mg/L), Tétracaïne 1% (Cs : 10000 mg/L). La détermination de la concentration minimale inhibitrice (CMI) a été réalisée en microplaque de 96 puits par microdilution en milieu liquide, selon les recommandations de l’European Committee on Antimicrobial Susceptibility Testing (EUCAST). Pour une meilleure fiabilité, les tests ont été réalisés 3 fois.

Résultats

Nous avons mis en évidence qu’une activité antibactérienne de la fluorescéine était observée sur les Cocci à Gram négatif de type Moraxella (M. catarrhalis et M. lacunata). La CMI pour M. lacunata était de 625mg/L (dilution 1/8) et de 1250 mg/L (dilution 1/4) pour M. catarrhalis. Aucune activité antibactérienne n’a été mise en évidence pour les autres germes (CMI>2500mg/L). Nous n’avons pas observé d’activité antibactérienne de l’oxybuprocaïne en présence de P. aeruginosa et S. marcescens (CMI>2000mg/L). En revanche, une CMI a été mesurée pour tous les autres germes, allant de 250 mg/L pour M. catarrhalis jusqu’à 2000 mg/L pour S. aureus et S. epidermidis. Enfin, une CMI a été mesuré pour tous les germes en présence de tétracaïne. Ces CMI étaient systématiquement plus basses qu’avec l’oxybuprocaïne, allant de 312 mg/L pour C. macginleyi et M. catarrhalis jusqu’à 2500 mg/L pour P. aeruginosa.

Discussion

Il s’agit de la première étude qui évalue l’activité antibactérienne de la fluorescéine. A noter qu’en pratique clinique, il est très fréquent d’associer la fluorescéine à un anesthésiant local. Une analyse complémentaire a donc été réalisée en associant fluorescéine-oxybuprocaïne et fluorescéine-tétracaïne. Aucune interaction n’est détectée pour l’association fluorescéine-tétracaïne. En revanche, l’association fluorescéine-oxybuprocaïne semble avoir une activité synergique sur les cocci à Gram positif (Staphylocoques et Pneumocoques). 

Conclusion

Pour conclure, devant tout AC sévère, il convient de systématiquement bien rincer l’œil au sérum physiologique stérile avant de prélever, afin d’éliminer la fluorescéine et l’anesthésique local pour éviter de négativer le prélèvement microbiologique.