La rétinopathie diabétique est la principale cause de cécité chez les sujets de moins de 50 ans et touche plus de 140 millions de personnes dans le monde. La panphotocoagulation rétinienne (PPR) prévient la perte de vision en réduisant la présence de néovaisseaux, mais au détriment du champ visuel. Il s’agit du traitement de référence de la rétinopathie diabétique proliférante en France. La réglementation routière s’est durcie récemment avec une nécessité d’avoir un champ visuel binoculaire horizontal >120° avec aucun défaut dans les 20° centraux, pour la conduite de véhicules légers.
Ainsi le but de notre étude est d’étudier l’impact de la PPR sur les aptitudes à la conduite
Il s’agit d’une étude épidémiologique prospective monocentrique qui s’est déroulée du 15/03/2018 au 15/03/2019 au CHU de Caen.
Nous avons inclus tous les patients ayant bénéficié d’une PPR bilatérale, complète. Nous avons effectué un champ visuel STAT 30 mixte, un champ visuel binoculaire, une rétinophotographie non mydriatique, une tomographie par cohérence optique et une mesure de l’acuité visuelle.
Nous avons exclu tous les patients ayant une acuité visuelle binoculaire<5/10, les patients ayant des antécédent décollement de rétine et ceux ayant des examens non fiables ou irréalisable (troubles cognitifs, asthénie majeur…)
Notre étude a porté sur 14 patients, dont 6 femmes et 8 hommes. La moyenne d’âge est de 59,42 ans (43-78). Neuf patients ont une acuité visuelle de 10/10ème. La moitié de nos patients n’a aucune atteinte retrouvée au champ visuel. Quatre patients (29%) ont une atteinte mixte, 2 patients (14%) ont une atteinte centrale et enfin un patient (7%) a une atteinte périphérique. Deux patients conduisent alors qu’ils ne respectent pas les critères légaux à la conduite de type véhicule léger.
L’efficacité de la photocoagulation pan rétinienne a été démontrée par plusieurs études prospectives. Elle réduit de plus de 50% le risque de cécité chez les patients présentant une rétinopathie diabétique proliférante et permet la régression de la néovascularisation pré rétinienne et/ou pré papillaire dans 70 à 90% des cas. Il existe cependant quelques effets indésirables tels que le rétrécissement du champ visuel, une héméralopie, une dyschromatopsie, des brulures accidentelles par le laser, une photophobie, des céphalées, des phosphènes, une baisse d’acuité visuelle due à un éventuel œdème maculaire.
L’arrêté du 16/02/2017 stipule que l’acuité visuelle doit être minimum de 5/10 en binoculaire et qu’il existe une incompatibilité à la conduite si le champ visuel horizontal <120° et à 20° vers le haut et le bas. Aucun défaut ne doit être présent dans un rayon de 20° par rapport à l’axe centrale.
Subash et al. rapportent que 9% des patients après PPR n’ont plus d’aptitude à la conduite à 6 mois, mais avec des normes anglo saxonnes. Nous retrouvons dans notre étude une incompatibilité à la conduite pour 14% de nos patients après réalisation d’une PPR.
Notre étude montre que le traitement par PPR peut avoir une incidence sur les aptitudes à la conduite. Il est de notre devoir d’informer le patient de cette possibilité avant la réalisation de ce traitement et de vérifier si l’aptitude à la conduite demeure après.