Le développement des techniques d’angiographie rétinienne grand champ a permis de décrire certaines caractéristiques sémiologiques telles que les vascularites souvent observées dans les uvéites intermédiaires.
Nous nous proposons dans ce travail d’étudier l’impact de la présence de vascularite sur le pronostic visuel des uvéites intermédiaires pédiatriques et son influence sur l’attitude thérapeutique des praticiens.
Nous avons mené une étude rétrospective incluant tous les enfants qui ont bénéficié d’une angiographie rétinienne grand champ dans le cadre de prise en charge d’une uvéite intermédiaire à la fondation ophtalmologique de Rothschild depuis 2010 et dont la durée de suivi est d’au moins 12 mois. Les données recueillies étaient celles de trois visites : une visite initiale (celle de la réalisation de l’angiographie), une visite intermédiaire et la dernière visite du suivi.
Nous avons inclus 64 yeux de 35 patients dans l’étude. L’âge moyen de nos patients était de 10,1 ans et 59,4% étaient de sexe masculin. Cinquante-cinq yeux de 32 patients présentaient des vascularites à l’angiographie (85,9%) et 44 présentaient une vascularite sur plus de 180° (68,8%). Nous n’avons pas retrouvé de différence significative en termes d’acuité visuelle lors de la visite initiale (p=0,07-0,12), intermédiaire (p=0,2-0,47) ou finale (p=0,52-0,84) entre les enfants ayant une vascularite et ceux qui n’en avaient pas d’une part, et entre les enfants ayant une vascularite > 180° et ceux ayant une vascularite <180° d’autre part. L’épaisseur rétinienne centrale était significativement plus importante chez les enfants qui avaient une vascularite>180°, et ce lors de la visite initiale (p=0,004). L’existence de vascularite n’était pas corrélée à l’activité clinique de l’uvéite (p=0,17). La présence de vascularite, notamment >180° était fortement associée à une escalade thérapeutique lors de la visite initiale (p<0,001) et au recours aux immunosuppresseurs durant le suivi (p=0,001). Le gain d’acuité visuelle entre la visite de base et la visite intermédiaire était plus important chez les patients présentant une vascularite >180° avec une moyenne de -0,8logMAR (p=0,03). A l’intérieur du groupe de vascularite, l’amélioration de l’acuité visuelle était plus importante lorsqu’une augmentation du traitement avait été adoptée après la visite initiale (p<0,001).
La vascularite est une entité angiographique fréquemment retrouvée dans les uvéites intermédiaires pédiatriques lorsqu’on réalise des clichés grand champ (85,9% dans notre étude). A l’instar de nombreuses études, nous trouvons qu’une diffusion étendue à plus de 180° semble influencer l’attitude thérapeutique des praticiens et nécessiter une escalade thérapeutique avec recours fréquent aux immunosuppresseurs. Cette attitude explique le meilleur gain d’acuité visuelle chez les enfants présentant une vascularite et qui ont bénéficié d’une augmentation du traitement par rapport à ceux qui n’ont pas de vascularite à l’angiographie ou chez qui nous avons maintenu le même traitement.
Les principales limites de notre étude sont le caractère rétrospectif et le faible effectif rendant délicate l’interprétation des résultats.
La présence de vascularite étendue est fréquente dans les uvéites intermédiaires pédiatriques. Un traitement plus agressif et l’utilisation des immunosuppresseurs sont souvent nécessaires pour améliorer le pronostic visuel.