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Injections intravitréennes et développement durable

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Orateurs :
Dr Gabin MOMAL
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Résumé

Introduction

Le changement climatique en cours et à venir est un des principaux défis à relever pour l’Humanité.  A l’échelle mondiale, les services de santé génèrent des émissions de gaz à effet de serre (GES) considérables. La part croissante du matériel à usage unique a également pour conséquence l’augmentation de la consommation de ressources et l’augmentation des déchets. Le secteur de la santé est la 2ème source de déchets derrière l'industrie alimentaire. L’objectif de cette étude est de déterminer l’impact environnemental d’une injection intravitréenne (IVT) en France, afin d’attirer l’attention des équipes, des industriels, des décideurs, et de réfléchir à des opportunités et des applications pratiques de réduction d’impact (démarche d'écoconception des soins).

Matériels et Méthodes

Une analyse de cycle de vie hybride a été réalisée dans une structure publique (CHU de Lille) et une structure privée (Institut Ophtalmique de Somain) afin de déterminer les émissions relatives à la réalisation d’une IVT dans 11 catégories d’impacts environnementaux. Une IVT écoconçue a par ailleurs été modélisée en cherchant à optimiser les consommations de ressources et la création de déchets. Un audit des déchets portant sur 262 IVT a également été réalisé. L'agence Primum Non Nocere spécialisée dans le developpement durable en Santé nous a aidé dans les modélisations afin de garantir la robustesse des résultats. 

Résultats

En fonction du périmètre pris en compte, les émissions moyennes de gaz à effet de serre (GES) secondaires à la réalisation d’une IVT s’échelonnent de 1,92 à 169,1 kgeqCO2. 1,92 kgeqCO2 en intégrant les émissions relatives à l'utilisation des consommables et au fonctionnement de la salle d'injection; 16,81 kgeqCO2 en integrant le transport patient aller-retour depuis le domicile; et 169,1 kgeqCO2 en intégrant les émissions liées à la production des molécules. Une IVT génère en moyenne 434 grammes de déchets (s'échelonnant de 362g à 570g selon le protocole d'injection). La part du recyclage est parfois bien trop faible (moins de 1%), et la part des DASRI est parfois trop importante (jusqu'à 54% du poids des déchets). Les objets non utilisés du pack IVT sur mesure sont responsables de 9,28% des émissions de GES et 4,20% du poids des déchets de l’acte, en moyenne, au sein des sites d’études. Le transport cumulé des objets du pack IVT sur mesure est de 225150 kms soit 5,6 fois le tour de la Terre. La réalisation d’une IVT écoconçue permettrait de réduire de 37,75% l'impact environnemental de l’acte. 

Discussion

1300000 IVT sont réalisées chaque année, un chiffre en croissance constante depuis leur apparition. il s'agit donc d'un levier d'action important. Nous estimons qu'à l'echelle de la France les IVT sont responsables de l'émission de 2450 tonnes eqCO2 soit l'équivalent de 540 véhicules personnels qui roulent 18000 kms par an ou la captation carbone de 40000 arbres qui poussent pendant 10 ans, uniquement pour la partie consommables et utilisation de la salle. Les IVT écoconçues pourraient permettre de réduire de 1200 tonnes eqCO2 les émissions de GES. Le développement durable permettrait en plus de faire des économies puisqu'en supprimant le pack detersion et en changeant de solution de rinçage, 15000 euros par an pourraient être économisés dans un service comme le CHU de Lille. 

Conclusion

Notre étude quantifie les émissions environnementales relatives à la réalisation d’une IVT, et identifie des stratégies de réduction d’impact. Les ophtalmologistes peuvent donc réduire la quantité de matériel utilisé, les émissions et les déchets des IVT à leur échelle, en appliquant certains principes. A grande échelle ces stratégies pourraient avoir un impact significatif.