La chirurgie de la cataracte constitue un véritable challenge pour les yeux très fortement myopes : d’une part par la difficulté du geste opératoire et d'autre part par la difficulté du choix de l’implant. Le but de notre étude est de souligner l'importance de choisir une formule de calcul d'implant adaptée et l'intérêt de la mise en place d'un implant à zéro dioptre plutôt que de garder l'oeil aphaque.
Name
Intérêt d'un implant neutre dans la chirurgie de la cataracte chez le très fort myope : A propos de 10 yeux
Introduction
Patients et Methodes
Nous avons recueilli 10 yeux myopes très forts avec une longueur axiale moyenne de 32.58mm ayant subi une phacoémulsification avec mise en place d’un implant acrylique monofocal en chambre postérieure à zéro dioptre.
Nous avons choisi la formule SRK-T pour calculer la puissance dioptrique de l’implant avec comme objectif d'avoir un résultat réfractif post-opératoire légèrement myopique.
Deux patients ont bénéficié d'un implant neutre au niveau des deux yeux. Nous avons recueilli l'âge des patients, leur acuité visuelle avant et après chirurgie, la présence d'autres pathologies oculaires concomitantes, la réfraction pré-opératoire ainsi que l'équivalent sphérique cible et l'équivalent sphérique obtenu après chirurgie.
Résultats
L’âge moyen des patients était de 57 ans. L’acuité visuelle avec correction est passée en moyenne de compte les doigts à 5/10 étant donné que la majorité des patients avaient d'autres atteintes liées à leur myopie (amblyopie, staphylome et décollement de rétine opéré). La réfraction en pré-opératoire était de -19 dioptres à -29 dioptres, l’équivalent sphérique cible avant chirurgie était de -0.75 dioptres en moyenne et l’équivalent sphérique en post-opératoire était de -0.12 dioptres à -4.12 dioptres avec une moyenne de -2 dioptres.
Tous les yeux ont eu une erreur de la réfraction cible à type d’amétropie hypermétropique.
Aucune complication à type de rupture capsulaire ou de décollement rétinien n'a été noté.
Discussion
Les particularités anatomiques et fonctionnelles de l'oeil myope (cataracte plus dense à un plus jeune âge, fragilité zonulo-capsulo-cristallinienne, atrophie choroïdienne, déhiscence rétinienne et maculopathie) font de la chirurgie de la cataracte un véritable défi et rendent difficile l’appréciation de la longueur axiale et ainsi le choix de l’implant.
De ce fait, l'implant doit respecter certaines conditions lui permettant une bonne stabilité dans le sac zonulaire via des dimensions plus grandes ainsi qu'une configuration prévenant l’opacification capsulaire postérieure. De plus, il faut choisir des formules adaptées (SRK-T, Haigis et Holladay 2) pour mesurer la puissance dioptrique de l'implant tout en visant une réfraction postopératoire cible légèrement myopique. En effet, le résultat réfractif est souvent marqué par une amétropie hypermétropique non souhaitée même lorsque l’implant mis en place n’a aucune puissance dioptrique comme dans notre série.
Les intérêts de mettre en place un implant à zéro dioptre sont multiples : prévention du décollement postérieur aigu du vitré, limitation de l’opacification capsulaire postérieure par effet de bord de l’optique et sauvegarde de l’anatomie de l’œil en jouant un rôle de barrière physique entre le segment antérieur et le segment postérieur.
Conclusion
La décision de mettre en place un implant à zéro dioptre est un choix judicieux lorsqu’il s’impose chez des myopes très forts avec une longueur axiale supérieure à 31 mm. Il permet de respecter l’anatomie de l’œil tout en évitant certaines complications fréquentes chez le myope fort mais il n’empêche tout de même pas les erreurs de réfraction hypermétropiques souvent retrouvées chez des yeux de très grande longueur axiale.