Bien que décrite dès le années 1940, la littérature sur la rétinite à CMV se concentre principalement sur les atteintes en lien avec le HIV. L’objectif de cet étude est de décrire les présentations cliniques, l’évolution et les marqueurs immunitaires des patients atteints de rétinite à CMV non liée au VIH
Name
La rétinite à CMV chez les patients HIV négatifs : présentations cliniques et marqueurs immunitaires
Introduction
Matériels et Méthodes
Série rétrospective de patients atteints de rétinite à CMV non liée au VIH vus entre 2000 et 2021. Les présentations cliniques initiales et l’évolution des patients sont rapportées. Nous avons également évalué les marqueurs immunitaires au cours de la rétinite à CMV (taux de leucocytes, de lymphocytes, CD4+ et CD8+ ainsi que d'immunoglobuline).
Résultats
Treize patients (19 yeux) ont été inclus dans l'étude (âge médian 64 ans, range 17-73 ans, 7 hommes). La maladie sous-jacente était une hémopathie maligne chez 7 patients, une greffe d'organe solide chez 3 patients, une maladie rhumatismale chez 2 patients (lupus et polyarthrite rhumatoïde) et un thymome chez un patient. Le délai médian entre l'apparition de la maladie sous-jacente et le diagnostic de rétinite était de 4,8 ans (intervalle de 4 mois à 40 ans).
Une lymphopénie a été observée chez 6 patients sur 13 (légère = 2, modérée = 3, sévère = 1). Un faible taux de CD4 était présent chez 8 patients sur 11 mais était inférieur à 100 cellules/mm3 chez 3 patients uniquement. Une hypogammaglobulinémie (<7G/L) a été détectée chez 7 patients sur 10.
L’atteinte était bilatérale chez 6 patients et une perte d’acuité visuelle sévère lors de la dernière visite était fréquente (5/19 yeux). Une récidive de la maladie a été observée chez 7 patients à un délai médian de 6 mois après le diagnostic initial.
Aucune différence dans les marqueurs immunitaires n'a été observée chez les patients avec ou sans récidive.
Discussion
La rétinite à CMV est une maladie rare qui peut toucher des patients souffrant de tout type d'immunodéficience sévère. Elle est associée à une morbidité visuelle élevée malgré un traitement adéquat. La lymphopénie et la diminution du taux de CD4 sont moins sévères que chez les patients VIH. Le dysfonctionnement des cellules B et l'hypogammaglobulinémie pourraient être impliqués dans la pathogenèse de la maladie.
Conclusion
La rétinite à CMV est une pathologie au pronostic sévère. Les déficiences immunitaires observées chez les patients HIV négatifs se distinguent de celles des patients HIV positifs. La pathophysiologie n’est que partiellement comprise mais une atteinte mixte du système immunitaire cellulaire et humoral pourrait être en cause.