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Le syndrome du sinus silencieux: une cause rare d’énophtalmie

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Orateurs :
Dr William BOUCENNA
Auteurs :
Dr William BOUCENNA
Maxime Delbarre 1
Dr Marie MARECHAL
Dr Céline FRIANG
Dr Alexandra DE FARIA
François Audren
francoise froussart
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Résumé

But

Le syndrome du sinus silencieux est une entité clinique rare caractérisée par une enophtalmie et un hypoglobe secondaire à une atélectasie du sinus maxillaire. Même si la physiopathologie de ce désordre est controversée, de nombreux auteurs suggèrent que l’atélectasie est secondaire à une obstruction ostioméatale ce qui entraine une hypoventilation et une pression négative dans le sinus maxillaire. Ceci conduirait au processus inflammatoire chronique à l’origine de la déminéralisation du plancher de l’orbite et des manifestations ophtalmologiques retrouvées.

Observation

Nous rapportons le cas d’une patiente de 25 ans présentant un syndrome du sinus silencieux associé à un trouble oculomoteur ayant bénéficié d’une consultation d’ophtalmologie dans le cadre d’une visite médicale d’aptitude initiale du personnel navigant. 

Cas clinique

L’interrogatoire retrouve la notion d’un trouble visuel dans le regard vers le haut chez une patiente ne présentant pas d’antécédents particuliers mis à part une fracture des os propres du nez durant l’enfance. A l’inspection on note la présence d’une énophtalmie et un hypoglobe gauche. L’acuité visuelle est conservée à 10/10 Parinaud 2 (avec une correction de – 0,25 (-0,50 à 125°)). L’examen biomicroscopique des segments antérieurs ainsi que le fond d’œil dilaté sont normaux. Le bilan oculomoteur révèle une altération de la motilité oculaire avec une limitation de l’élévation de l’œil gauche asymptomatique. Le champ visuel binoculaire de fusion retrouve une zone de diplopie étendue en supérieur de 100° en horizontale sur 30° en vertical. L’IRM orbitaire et des sinus retrouve une sinusite maxillaire chronique associé à une rétraction inférieure du plancher orbitaire gauche. Le bilan clinique ORL n’a pas relevé de symptômes en rapport avec une atteinte sinusienne. Devant la présentation clinique et paraclinique le diagnostic de syndrome du sinus silencieux gauche associé à un trouble de la verticalité a été posé et la patiente a été déclarée inapte à la fonction de pilote. 

Discussion

L’origine de l’atteinte du sinus maxillaire dans le syndrome du sinus silencieux peux être secondaire à une hypoplasie ou à une atélectasie selon les auteurs. Lorsque l’atteinte du sinus maxillaire est secondaire à une atélectasie, le mécanisme physiopathologique est lui aussi controversé avec ceux qui soutiennent la théorie obstructive et d’autres la théorie mécanique. Selon la littérature, 28 % des patients atteint de ce syndrome présentent une diplopie. En raison de l’absence de signes fonctionnels de la sphère ORL, l’imagerie des sinus est nécessaire pour poser le diagnostic. Le traitement du syndrome du sinus silencieux est chirurgical afin de stopper l’évolution de l’énophtalmie et consiste à reventiler le sinus maxillaire associé souvent à une réparation du plancher orbitaire.

Conclusion

Des critères bien définis sont nécessaires pour poser le diagnostic de syndrome du sinus silencieux incluant l’énophtalmie et/ou l’hypoglobe en l’absence de maladie inflammatoire sinusienne cliniquement évidente. Les autres causes d’énophtalmies doivent être éliminées avant d’évoquer ce syndrome rare. L’originalité de ce cas est que le syndrome du sinus silencieux est très rarement associé à un trouble oculomoteur. Des études supplémentaires restent nécessaires afin de déterminer réellement l’étiologie et la physiopathologie de ce syndrome.