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Les mélanomes uvéaux associés à une mélanocytose oculaire présentent un risque métastatique accru

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Orateurs :
Denis Malaise
Auteurs :
Denis Malaise
Alexandre Matet 1
Livia Lumbroso Le Rouic
Laurence Desjardins 1
Sylvain Dureau
Gaelle Pierron
Sophie Gardrat
Christine Levy
Nathalie Cassoux 1
Tags :
Résumé

Introduction

Cette étude décrit les caractéristiques cliniques, génomiques et pronostiques des mélanomes uvéaux associés à une mélanocytose oculaire.

Patients et Methodes

Nous avons réalisé une étude rétrospective de tous les cas consécutifs de mélanomes uvéaux associés à une mélanocytose oculaire, traités à l’Institut Curie (Paris, France) de janvier 2001 à décembre 2016. Cette population a été comparée à un groupe contrôle de mélanomes uvéaux sans mélanocytose oculaire associée, sélectionnés parmi la base de données de l’Institut Curie et appariés (1 cas pour 3 contrôles) sur des facteurs pronostiques connus (taille tumorale, épaisseur, atteinte des corps ciliaires, extériorisation, …).

Deux groupes de risque métastatique selon l’analyse génomique de la tumeur ont été individualisés : faible risque (absence de monosomie du chromosome 3 et absence de gain de copie du bras long du chromosome 8) ou à risque (présence d’un ou des deux critères).

Résultats

65 patients sur 4937 (1,3%) traités pour un mélanome uvéal durant la période sélectionnée présentaient une mélanocytose oculaire. L’âge moyen au diagnostic était de 60,2 ans. Le suivi médian était de 6.2 ans (extrêmes : 0.3-15.2). Le plus grand diamètre tumoral moyen était de 13,4 mm et l’épaisseur moyenne était de 7,1 mm. Un traitement conservateur a été réalisé dans 70,8% (protonthérapie pour 87,0% d’entre eux). Une rechute tumorale locale a été observée dans 4 cas (6,2%), sans différence significative avec le groupe sans mélanocytose oculaire (p=0,22). Le taux de préservation oculaire après irradiation était identique dans les deux groupes.

47,7% des patients ont présenté des métastases (23,1% dans le groupe contrôle), initialement hépatiques dans 93,5% des cas. La probabilité de survie sans métastase à 2 ans et 5 ans était de 73,4% [intervalle de confiance (IC) 95% : 63,4-85,1] et de 55,1% (IC 95% : 43,2-70,2) alors qu’elle était, à 2 et 5 ans, de 88,4% (IC 95% : 84-93,1) et de 77,0% (IC 95% : 70,8-83,8) dans le groupe sans mélanocytose oculaire.

L’apparition de métastases était significativement liée au fait d’avoir un mélanome uvéal associé à une mélanocytose oculaire (hazard ratio : 2,5 ;  IC 95% : 1,58-3,96 ; p<0,001).

Par ailleurs, parmi les 19 patients pour lesquels des informations sur la génomique tumorale étaient disponibles, 89,5% présentaient une génomique à risque de métastase contre 60,4% dans le groupe sans mélanocytose oculaire (khi-2, p=0,02).

Discussion

La mélanocytose oculaire est un facteur de risque connu de survenue de mélanome uvéal. Cette étude démontre le risque 2,5 fois plus élevé de développer des métastases systémiques lorsqu’un mélanome uvéal survient dans un contexte de mélanocytose oculaire. Ces résultats ont été rendus indépendants des différents facteurs de risque métastatique cliniques connus grâce à l’appariement sur ces différents facteurs entre les deux groupes étudiés.

Une génomique tumorale à risque est plus fréquemment retrouvée parmi les mélanomes uvéaux associés à une mélanocytose oculaire. Le profil génomique de ces lésions pourrait expliquer le risque métastatique accru.

Conclusion

La présence d’une mélanocytose oculaire en cas de mélanome uvéal est un important facteur de risque de survenue de métastase systémique, qui justifie la réalisation d’un suivi hépatique intensif après traitement initial de la tumeur.