La greffe de cellules souches hématopoïétiques est réalisée en routine lors du traitement de diverses hémopathies. Néanmoins, une conséquence redoutée est la maladie du greffon contre l’hôte. Les atteintes les plus fréquemment retrouvées sont cutanées, gastro-intestinales, hépatiques et oculaires. La principale atteinte ophtalmologique est la kérato-conjonctivite sèche, mais des atteintes plus graves peuvent survenir, allant jusqu’à l’ulcération et la perforation. L’objectif de cette étude est de décrire les caractéristiques cliniques et les traitements utilisés dans la prise en charge de la maladie du greffon contre de l’hôte dans un centre de prise en charge tertiaire spécialisé en ophtalmologie
Name
Manifestations oculaires de la maladie du greffon contre l’hôte : expérience d’un centre tertiaire
Introduction
Matériels et Méthodes
Il s’agit d’une étude rétrospective systématique de tous les patients pris en charge pour une maladie du greffon contre l’hôte à l’Hôpital Fondation A. De Rothschild. Les caractéristiques des patients, acuité visuelles, présentations cliniques et traitements utilisés ont été relevés.
Résultats
Entre 2010 et 2022, 145 patients ont été pris en charge dans le centre pour maladie du greffon contre l’hôte oculaire et ont tous été inclus avec une moyenne de suivi de 27 ± 35 mois (de 0 à 147). La moyenne d’âge était de 49 ± 15 ans avec un sexe ratio de 1-1. L’acuité visuelle initiale était de 0,29 ± 0,45 logMAR, 0,43 ± 0,59 logMAR à la pire présentation, mais 0,25 ± 0,49 logMAR lors de la dernière consultation. Sur les 145 patients, 130 (92%) ont présentés une kérato-conjonctivite sèche, 66 (47%) une blépharite, 34 (23%) une fibrose conjonctivale, 43 (30%) une kératite filamenteuse, 14 (10%) une néovascularisation, 34 (23%) une ulcération, 8 (5,6%) une perforation cornéenne, 3 (2%) ont été pris en charge pour une surinfection herpétique, et 6 (4%) une surinfection bactérienne. Concernant les traitements, 138 (98%) ont été bénéficiés de larmes artificielles, avec une moyenne à 7 ± 4 gouttes par jour, 89 (63%) de pommade vitamine A, 81 (55%) de ciclosporine topique (principalement dosée à 2% avec 49 patients, soit 34% du total), 3 (15%) par tacrolimus topique, 37 (24%) par corticoïdes topiques, et 42 (29%) par sérum autologue. 28 (20%) ont été traités par doxycycline par voie orale et 31 (22%) par cures d’azithromycine. 42 (31%) ont été adaptés en lentilles sclérales, 5 (4%) ont bénéficiés de lentilles pansements souples, et 58 patients (41%) ont reçus des bouchons méatiques. 17 (12%) patients ont été opérés pour greffe de membrane amniotique et 2 (1,4%) patients ont eu une kératoplastie transfixiante à chaud.
Discussion
Les patients pris en charge dans le centre ont principalement été référés depuis des centres de référence de la maladie de greffon contre l’hôte, expliquant relative importante des tableaux graves par rapport à la littérature, avec un recours fréquent à la ciclosporine, au sérum autologue, aux lentilles sclérales et au bouchons méatiques. Néanmoins, la plupart des patients peu symptomatiques ne sont pas référés, ou délégués à un ophtalmologue de ville. Le principal inconvénient de cette étude est son design rétrospectif, néanmoins le faible nombre de patients à permis un recueil exhaustif sur une période supérieure à 10 ans.
Conclusion
La maladie du greffon contre l’hôte oculaire est une pathologie qui peut être grave, avec de conséquences fonctionnelles et sur la qualité de vie importantes. Sa prise en charge nécessite un panel de thérapeutiques allant parfois jusqu’à une prise en charge chirurgicale. Les données que nous rapportons dans cette étude permettent d'identifier les situations à risque pour mieux anticiper les complications de la maladie du greffon contre l'hôte oculaire et améliorer sa prise en charge.