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Manifestations oculaires de l’amylose à transthyrétine héréditaire : corrélations génotype / phénotype

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Orateurs :
Dr Antoine ROUSSEAU
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Résumé

Introduction

Les manifestations oculaires de l’amylose à transthyrétine héréditaire (ATTRh) comportent principalement les dépôts vitréens, les dépôts en chambre antérieure ± compliqués de glaucome secondaire, l’angiopathie rétinienne, les lymphangiectasies conjonctivales et la sécheresse oculaire. Parmi les nombreuses mutations amyloïdogènes rapportées (plus de 120), seulement certaines ont été associées à des manifestations oculaires. Notre objectif était d’analyser les corrélations entre génotype et phénotype oculaire de l’ATTRh

Matériels et Méthodes

Dans cette étude de cohorte rétrospective, nous avons inclus tous les patients ATTRh ayant bénéficié d’au moins un examen ophtalmologique standardisé au Centre de Référence français de l’ATTRh entre novembre 2011 et décembre 2020, dans le cadre d’un bilan systématique. Les données ophtalmologiques, la mutation amyloïdogène et les principales atteintes systémiques (neuropathie sensitivo-motrice, végétative et cardiopathie amyloïde) étaient relevées pour chaque visite.

Résultats

331 patients (156 femmes) âgés de 59,6 ± 15,2 ans, et porteurs de 27 mutations amyloïdogènes différentes étaient inclus. Près de la moitié des patients (47%) ont eu au moins 2 visites, avec un suivi de 42 ± 22 mois. Les mutations les plus représentées étaient Val30Met (N=217 ; 66%), suivie de Ser77Tyr (N=33 ; 10%), Val122Ile (N=10 ; 3%), et Thr49ALa (N=9 ; 3%).

Au cours du suivi, une sécheresse oculaire était présente chez 46% patients, et associée à 22 mutations différentes. Des dépôts vitréens étaient retrouvés chez 55 patients (17%) patients (85% de Val30Met) et associées à 8 mutations différentes. Un glaucome secondaire à des dépôts de segment antérieur était retrouvé 30 patients (9%), uniquement porteurs de la mutation Val30Met. Une angiopathie rétinienne était présente chez 29 patients, associée à 7 mutations différentes. Les lymphangiectasies conjonctivales étaient présentes chez 25 patients, (88% de Ser77Tyr), jamais chez des porteurs de la mutation Val30Met. Neuf mutations amyloïdogènes n’étaient pas associées au développement de manifestations intra-oculaires.  

Les atteintes oculaires survenaient en majorité chez des patients ayant des atteintes systémiques auxquelles elles étaient toutes significativement associées. Toutefois, les dépôts vitréens inauguraient la maladie chez 7 patients, porteurs de 4 mutations différentes.

Discussion

Il semble exister une corrélation nette entre génotype et phénotype oculaire dans l’ATTRh. Dans notre série, la sécheresse oculaire, les dépôts vitréens et l’angiopathie rétinienne étaient associées à plusieurs mutations, tandis que le glaucome amyloïde ne survenait que chez les patients Val30Met et que les lymphangiectasies conjonctivales étaient très majoritairement présentes chez les patients Ser77Tyr.

Conclusion

Nos résultats suggèrent que le dépistage et le suivi des atteintes oculaires de l’ATTRh gagnerait à être adapté à la mutation amyloïdogène.